Levalencien central ouapitxat (mot à l'étymologie incertaine[1]) est unevariété devalencien parlée dans les comarques duCamp de Morvedre, l'Horta, leCamp de Túria etLa Ribera Alta, ainsi que, partiellement, dans les villes deGandia etOnda notamment.
Les origines de l'apitxat sont anciennes. Résultat de l'influence de l'aragonais et ducastillan avec lesquels le valencien de la capitale était en contact intense, on observe, dès leXVe siècle l'apparition de traits caractéristiques de l'apitxat, comme une tendance à l’assourdissement de certainesaffriquées etfricativessonores : [z] > [s] et [d͡ʒ] > [t͡ʃ][2]. Le phénomène se consolide tout au long des deux siècles suivants, sans parvenir encore à s'imposer totalement dans la capitale. Il se produit simultanément avec une simplification analogue survenue en castillan[3],[4].
Le nom deapitxat fait référence au trait le plus caractéristique de ce dialecte, le distinguant du valencien général, l'assourdissement desfricatives etaffriquées, et l'affrication de /ʃ/, soit un appauvrissement du système phonique, l'inventaire consonantique du valencien passant de 23 à 19 phonèmes dans les zones de parler central[5]. Il est considéré comme « non recommandable » dans le standard oral par l’Académie valencienne de la langue[6].
La préposition « a » avant les mots commençant par une voyelle tend à devenir « ad », de façon analogue au passage de « a » à « amb » encatalan central.
Une autre particularité de la zone apitxat est le renforcementvocalique desocclusives finales (par l'ajout d'une voyellecentrale brève) et, fréquemment, unegémination de celles-ci. Ainsi : « nit » > ['nittĕ], « crec » > ['krekkĕ],prop > ['proppĕ].
Le valencien central connaît lebêtacisme (disparition de /v/ au profit de /b/), mais ce trait se rencontre également dans une bonne partie duvalencien septentrional, par contamination de l'expansion du phénomène enCatalogne[7].
L'apitxat est remarquable par son maintien encore de nos jours, et avec une vitalité certaine, de l'usage du passé simple, bien que ce paradigme se rencontre également, de façon plus limitée, dans certains zones méridionales de laCommunauté valencienne (Camp d'Elx) et dans lesBaléares àIbiza etMajorque.
On observe également, ainsi que dans des zones mériodionales voisines, une grande quantité de constructions verbales analogiques (veem > veguem, veent > vegent, vivint > vixquent…).
Comme les autres variantes du valencien, il conserve certaines formes de pluriels, considérés archaïques par le catalan standard, qui maintiennent le "n" latin original, commehòmens oujóvens, et connaît la tendance à ladiphtongaison en "au" du "o" initial atone lorsqu'il constitue unesyllabe :aulor (pourolor),aubrir (pourobrir).
Le lexique apitxat est caractérisé par la présence extrêmement accrue d'éléments empruntés au castillan[8].
Il conserve néanmoins certains termes anciens qui sont considérés comme desarchaïsmes dans d'autres zones du domaine linguistique, souvent impropres notamment en Catalogne. Parmi ceux-ci on peut citer l'usage delo, forme pleine de l'article et du pronom moderneel, souvent présenté comme un hispanisme incorrect mais dont ce caractère est contesté par certains auteurs qui soutiennent qu'il s'agit du maintien de la forme ancienne.
L'apitxat est une sous-modalité du groupe valencien ; il est donc rattaché au bloccatalan occidental.
La plupart des auteurs considèrent que ce dialecte a développé une série de traits linguistiques influencés par le systèmephonétique etphonologiquecastillano-aragonais, très présent depuis la fondation duRoyaume de Valence, en particulier dans la zone dela capitale. La modalité apitxat a fait son apparition autour desXVe et XVIe siècles[5]. Irradiée par l'important foyer démographique que constitue la zone de l'Horta, ce dialecte tend à s'étendre[9].
L'apitxat est souvent présenté comme un dialecte corrompu et contaminé de castillan. Plusieurs éminents linguistes valenciens, commeCarles Salvador ouLluís Fullana, ou encore l'Académie valencienne de la langue rejettent sa prononciation au profit de celle, plus riche, des variantes parlées dans d'autres zones. Selon Sanchis Guarner, « cet appauvrissement de la prosodie valencienne […] a été la cause principale de la confusion orthographique […], et encore aujourd'hui il rend beaucoup plus difficile l'apprentissage de l'orthographe aux Valenciens de la zone centrale du pays »[10].
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