« Apôtre » est issu dugrec ancienἀπόστολος /apóstolos qui désigne couramment un « envoyé » chargé d'une mission, voire l'accomplissement de celle-ci ou les lettres la décrivant[1]. Dans laBible grecque desSeptante, ce mot est appliqué à des personnes (1 R 14,6) ; il traduit l’hébreushaliah, « envoyé plénipotentiaire »[2].
LeNouveau Testament emploie plusieurs fois le mot « apôtre ». Il s’applique à plusieurs catégories de personnes bien distinctes :
les témoins de laRésurrection deJésus, envoyés pour annoncer cet événement ;
deux fois dans lesévangiles (Mt 10,2 et Lc 6,13) : le groupe des Douze choisis par Jésus, d'abord pour les envoyer (Mt 10, 5-42), enfin « pour être avec lui » et pour signifier symboliquement le peuple de la fin des temps (Mt 19, 28).
Paul, qui ne fait pas partie desdouze Apôtres, est surnommé l'« Apôtre » sans autre précision, ou encore l'« Apôtre des nations ».
Dans la langue française courante, le mot désigne un des douzedisciples deJésus-Christ[2]. Il s'applique aussi aux personnes qui enseignent et répandent une religion à la manière des apôtres de Jésus[2]. Par extension, il qualifie aussi les propagateurs d'une doctrine, d'une opinion, d'une cause[2].
L’identification des « apôtres » au groupe de douze « disciples » choisis par Jésus « pour être avec lui » est peut-être une création relativement tardive, comme le montre l'existence d'apôtres au sens large, extérieurs à ce groupe. Les seuls passages desÉvangiles deLuc etMatthieu évoquant explicitement lesDouze Apôtres sont Mt 10,2 et Lc 6,13 ; ainsi que Ap 21,14, et Ac 1,26. Il vaut mieux donc parler à leur sujet deGroupe des Douze : le nombre 12 est en effet essentiel pour comprendre le rôle de ces disciples constituant autour de Jésus un cercle restreint à la forte signification symbolique.
Les Douze sont institués par Jésus pour être un signe particulier pourIsraël : ils représentent le peuple nouveau tel qu'il sera rassemblé par Dieu à la fin des temps (Mt 19,28) ; le nombre douze évoquant les douze tribus d'Israël, mais aussi la totalité et l'intégrité du peuple. Il renvoie donc au fait que Jésus a reçu pour mission de rassembler la totalité du peuple et de le mener à son accomplissement.
Après la trahison et la mort deJudas, le groupe des Onze qui subsistent demeure après laRésurrection. Ils décident de tirer un disciple au sort,Matthias, pour « devenir avec nous témoin de la Résurrection ». Ils sont, avec d'autres disciples, les bénéficiaires du don de l'Esprit à laPentecôte (Ac 2). Pierre et Jean sont considérés, avec Jacques « frère du Seigneur » qui semble tenir dans l'Église de Jérusalem la place centrale, comme des « colonnes de l'Église » (cf.Ga 2,9).
Après la mort du dernier membre des Douze, ce groupe n'est plus renouvelé. Lescatholiques et lesorthodoxes considèrent lesévêques comme les successeurs des Apôtres, et accordent une importance particulière au fait que les évêques se situent dans lasuccession apostolique, c'est-à-dire que la tradition à laquelle ils se rattachent remonte aux Apôtres.
LesÉvangiles deMatthieu,Marc,Jean etLuc racontent la vocation de ces douze disciples de Jésus de Nazareth choisis et en donnent différentes listes.
Le premier sens du mot « apôtre », ou du moins celui qui est le plus anciennement attesté dans leNouveau Testament, désigne le témoin de laRésurrection de Jésus. C'est le titre que Paul s'attribue dans l'Épître aux Galates, rédigée au tournant desannées 40/50. Dans l'Épître aux Romains, il se dit « mis à part pour annoncer l'Évangile de Dieu », « pour conduire à l'obéissance de la foi tous les peuples païens » : il situe ainsi sa mission comme fondamentale dans l'Église, aux côtés des autres témoins de la Résurrection que sont les Douze et quelques membres de la famille de Jésus (tels que Jacques, « frère du Seigneur »), apôtres eux aussi.
Après les temps proprement apostoliques marquant la première période de l'histoire du christianisme, le terme « apôtre » s'applique aux missionnaires qui annoncent l'Évangile (évangélisent) un peuple ou un pays, souvent en dehors de leur lieu d'origine, et fondent ainsi une chrétienté locale.
Il fait partie de la tradition islamique de croire que Jésus (appeléÎsâ) avait des apôtres autour de lui. La tradition enseigne qu'ils étaient cependantmusulmans, dans le sens qu'ils étaient soumis à Dieu (Allah). Dans leCoran, les apôtres sont appeléshawâriyyoûn (arabe :الْحَوَارِيُّونَ,disciples) et sont mentionnés à plusieurs reprises :
« Et je (Jésus) confirme ce qu'il y a dans laThorah révélée avant moi, et je vous rends licite une partie de ce qui était interdit. Et j'ai certes apporté un signe de votre Seigneur. Craignez Dieu donc, et obéissez-moi. Dieu est mon Seigneur et votre Seigneur. Adorez-Le donc : voilà le chemin droit." Puis, quandJésus ressentit de l’incrédulité de leur part, il dit : « Qui sont mes alliés dans la voie de Dieu ? » Les apôtres dirent : « Nous sommes les alliés de Dieu. Nous croyons en Dieu. Et sois témoin que nous Lui sommes soumis (lit. musulman). Seigneur ! Nous avons cru à ce que Tu as fait descendre et suivi le messager. Inscris-nous donc parmi ceux qui témoignent. » Et ils [les autres] se mirent à comploter. Dieu a fait échouer leur complot. Et c'est Dieu qui sait le mieux leur machination ! »
« ô vous qui avez cru ! Soyez les alliés d’Allah, à l’instar de ce queJésus fils deMarie a dit aux apôtres : « Qui sont mes alliés (pour la cause) d’Allah ? » - Les apôtres dirent : « Nous sommes les alliés d’Allah ». Un groupe desEnfants d'Israël crut, tandis qu’un groupe nia. Nous aidâmes donc ceux qui crurent contre leur ennemi, et ils triomphèrent. »
Les musulmans pensent que les disciples de Jésus étaient desenfants d'Israël conformément au fait qu'il leur fut envoyé afin de leur rappeler d'observer les commandements de Dieu. LeCoran ne mentionne pas leurs noms ni même leur nombre ou encore des détails concernant leur vie. Cependant, certains exégètes musulmans sont plus ou moins d'accord avec la plupart des apôtres figurant dans leNouveau Testament comme Pierre, Philippe, Thomas, Barthélemy, Matthieu, André, Jacques, Jude, Jean et Simon[4], mais gardent beaucoup de réserve. Les exégètes tracent un parallèle entre les disciples de Jésus et lescompagnons deMahomet[4].
Îsâ offre de la nourriture miraculeuse à ses disciples.
Al-Ma'ida (La Table servie), nom usuel de la cinquièmesourate duCoran, raconte l'histoire où Jésus demande aux apôtres de jeûner trente jours[5]. À l'issue du jeûne, ces derniers demandent à Jésus de faire descendre du ciel une table servie pour que tous, riches et pauvres, puissent rompre le dernier jour de jeûne en cérémonie et afin d'être sûrs qu'Allah accepte leur jeûne et pouvoir être témoins de l'évènement[6].
« (Rappelle-toi le moment) où les Apôtres dirent : « Jésus fils deMarie, se peut-il que ton Seigneur fasse descendre sur nous du ciel une table servie ? ». Il leur dit : « Craignez plutôtDieu, si vous êtes croyants. ». Ils dirent : « Nous voulons en manger, rassurer ainsi nos cœurs, savoir que tu nous as réellement dit la vérité et en être parmi les témoins. ». « Dieu, notre Seigneur, dit Jésus, fils de Marie, fais descendre du ciel sur nous une table servie (autre trad. une table garnie d'aliments) qui soit une fête pour nous, pour le premier d’entre nous, comme pour le dernier, ainsi qu’un signe de Ta part. Nourris-nous : Tu es le meilleur des nourrisseurs. » « Oui, dit Dieu, Je la ferai descendre sur vous. Mais ensuite, quiconque d’entre vous refuse de croire, Je le châtierai d’un châtiment dont Je ne châtierai personne d’autre dans l’univers. » »
Jésus accepta d'invoquer Dieu pour cela mais les mit en garde de ne pas tomber dans l'incroyance après leur requête, auquel cas ils seraient châtiés plus durement que les autres. Ils insistèrent, Jésus invoqua donc Dieu et une table descendit peu à peu sous leurs yeux d'entre deux nuages. Jésus prononça ensuite : « Au nom de Dieu (bismillah), le meilleur des nourrisseurs » et la table se transforma en une véritable nappe portant sept poissons, sept pains, du vinaigre, des grenades et d'autres fruits. Ils refusèrent d'en manger les premiers et demandèrent à ce que ce soit Jésus qui commence. Celui-ci s'en étonna et demanda en conséquence que les pauvres, les besogneux, les malades et les infirmes, tous du nombre de 1 300, mangent en priorité. Ceux-ci furent guéris de leur infirmité et les disciples furent ravis de ne pas en avoir mangé[5].
Seulement, la table descendit une fois par jour et bien que le nombre de personnes à y manger grandisse, la nourriture fut toujours suffisante jusqu'à ce qu'Allah ordonne que seuls les pauvres aient le droit d'y manger. De nombreuses personnes en furent privées et les faux dévots protestèrent[7]. La table ne descendit plus et les protestataires furent changés en sangliers[5].
Une traditionchiite raconte queNarjis, descendante d'un disciple de l'apôtrePierre (Bitris) et esclavebyzantine, aurait épousé le onzième imamHasan al-Askari dont ils auraient euMuhammad al-Mahdi comme fils. Celui-ci ne serait d'ailleurs jamais mort mais « occulté » jusqu'aux derniers jours. Il reviendra alors sous les traits duMahdi tant attendu par lesmusulmans.
Les noms en italique ne sont pas cités directement dans leCoran mais il leur fait allusion. On retrouve cependant leurs noms dans des récits (hadîth) de latradition islamique pour la plupart.