Antonio Moro, ouAnthonis Mor (né vers 1520 àUtrecht, mort entre 1576 et 1578 àAnvers auxPays-Bas espagnols), est un peintrenéerlandais. On le connaît sous divers noms : son prénom est tantôt Anthonis, Antoon, Antonis, Anthony, Anthonius ou Antonio, son nom est tantôt Mor, More ou Moro, et il est également identifié par son titre acquis au cours de sa vie :Van Dashorst.
Mor se forme auprès deJan van Scorel. Il fait probablement son premier portrait àStockholm, en 1538.
Il semble qu'il ait peint le groupe deschevaliers de Saint-Jean àUtrecht vers 1541. Une peinture de deux pèlerins à Berlin est datée de 1544, comme le portrait d'une femme exposé aupalais des beaux-arts de Lille. Ces œuvres sont probablement ses premières œuvres, même si leur authenticité n'est pas attestée.
En 1547, il est reçu dans la vénérableGuilde de Saint-Luc d'Anvers. L'année suivante, en 1548, il se trouve déjà àAugsbourg et assiste à ladiète entreCharles Quint et les Allemands. Il y rencontre LeTitien, qui le pousse vers le genre du portrait officiel[3], et attire l'attention ducardinal de Granvelle, alors évêque d'Arras et conseiller de l'empereurCharles Quint. Le cardinal devient son mécène régulier et l'introduit à l'Empereur.
Deux portraits sont particulièrement remarquables de ce début de sa carrière comme protégé de Granvelle : le portrait du cardinal lui-même et celui duduc d'Albe. À ces tableaux, on peut ajouter son fameux portraitLe Nain du cardinal de Granvelle (auLouvre), peint un peu plus tardivement (vers 1560) et qui a probablement lancé la mode des peintures de nains en Espagne.
Il arrive à Rome en 1550-1551, où il copie quelques œuvres duTitien, notammentDanaé. Il travailla ensuite comme portraitiste, en Espagne, au Portugal (1552), à Londres (1553) et aux Pays-Bas[4].
Dans le cadre du projet de mariage dePhilippe II d'Espagne et de la reineMarie d’Angleterre, il peint en 1553 le portrait de Philippe en armure, puis il se rend en Angleterre pour y peindre la reineMarie en 1554. Ces portraits furent ainsi présentés ensuite aux futurs époux. Le portrait de la reine, âgée de 37 ans, est particulièrement remarquable.
Par cette occasion, Moro se lie avecSimon Renard, ambassadeur de l'empereur responsable de ce mariage, qu'il peindra en 1553, ainsi que sa femme, en 1557.
À la fin de 1554, il retourne en Hollande, où il peint le portrait deGuillaume le Taciturne, prince d'Orange, et cette même année, il exécute son autoportrait (aumusée des Offices). C'est vers cette époque qu'il se marie, mais nous ne connaissons que peu de choses de sa femme, en dehors de son nom, Metgen, et de son portrait.
Il a alors des biens très importants et est connu commeMoro van Dashorst quand il s'installe àUtrecht. Il refuse dès lors de quitter les Pays-Bas, malgré les demandes répétées de Philippe II. Il était peut-être inquiet de la politique répressive de plus en plus marquée contre laRéforme en Flandres.
En 1574, il fit le portrait d'Hubert Goltzius, peintre, graveur et humaniste, dont il était l'ami, pour le remercier de lui avoir offert un exemplaire de son traitéCaesar Augustus. Contrairement à ses portraits d'apparat, celui-ci, réalisé sur le vif, est plein d'humanité.
Autoportrait (1558) -Huile sur bois, 113 × 84 cm,musée des Offices, Florence. Il le signe "ANT. MORUS PHILIPPI HISP. REG. PICTOR SUA IPSE DEPICTUS MANU"[13].
Portrait de Lady Gresham (Anne Femely) (1560-1565) - Huile sur bois, 88 × 75,5 cm,Rijksmuseum, Amsterdam
Portrait de Metgen, femme de l'artiste (connu aussi comme lePortrait d'une femme mariée) (c. 1560-1565)- Huile sur panneau, 100 × 80 cm,musée du Prado, Madrid, inv. 2114.
Cinq œuvres d'Antonio Moro sont exposées en France, deux auLouvre (leNain du cardinalGranvelle et son chien et lePortrait d'homme désignant une pendule), deux à Besançon(Simon Renard et sa femme) et une à Chantilly (Jésus Christ ressuscité entouré de Saint Pierre et de Saint Paul) :
↑SilviaMeloni,« Biographies », dans Mina Gregori,Le Musée des Offices et le Palais Pitti, Paris, Editions Place des Victoires,(ISBN2-84459-006-3),p. 658