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| Antoine Gruyer | ||
Le général de brigade baron Antoine Gruyer. Gravure duXIXe siècle. | ||
| Naissance | Saint-Germain | |
|---|---|---|
| Décès | (à 48 ans) Strasbourg | |
| Origine | ||
| Arme | Infanterie | |
| Grade | Général de brigade | |
| Années de service | 1792 –1815 | |
| Commandement | Haute-Saône | |
| Distinctions | Baron de l'Empire Commandeur de la Légion d'honneur Chevalier de Saint-Louis | |
| Autres fonctions | Aide de camp duprince Borghèse Député de laHaute-Saône | |
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Antoine,baron Gruyer est ungénéral d’Empire et homme politique français, né le àSaint-Germain et mort àStrasbourg le.
Antoine Gruyer est le fils de Henry Gruyer, maréchal-ferrant et propriétaire, et de Thérèse Chotard. Alors qu'il termine ses études àBesançon, la Révolution éclate et il s'engage alors à 18 ans, en1792, au6e bataillon de volontaires de la Haute-Saône dont il est élu capitaine le1er août[1]. Il fait lescampagnes de la Révolution française, est blessé àFleurus, et sert aux armées deSambre-et-Meuse en 1794 et d'Italie en 1797, où il est promu chef de bataillon en 1800[1]. En 1803, il est envoyé au camp de Saint-Omer[1].

À l'avènement de l'Empire, Gruyer est faitchevalier de la Légion d'honneur[2]. Pendant lacampagne d'Autriche de 1805, Gruyer appartient au4e corps d'armée du maréchalSoult, et il participe à labataille d'Austerlitz où il est grièvement blessé[1]. En, il est promu chef de bataillon des chasseurs à pied de laGarde impériale et prend part auxcampagnes de Prusse et de Pologne, avant d'être nommécolonel et aide de camp duprince Borghèse en 1808[1]. De1808 à1813 il est àTurin, car Borghèse est gouverneur général duPiémont et l'envoie à deux reprises en mission auprès du pape àSavone. En 1813, il rejoint l'armée impériale.
Le, le colonel Gruyer est faitgénéral de brigade, puisbaron de l'Empire le[1]. Le, il a deux chevaux tués sous lui en s'emparant du village d'Interbroch près deTœplitz ; il occupe encore ce poste quand la retraite des4e,7e et11e corps de laGrande Armée, le place dans une situation critique. L'ennemi, fort de 40 000 hommes, vient se placer entre lui et les trois corps français ; Gruyer ordonne la retraite et quoique mitraillé par l'artillerie adverse, il refuse de se rendre et marche en carré, s'arrêtant de cent pas en cent pas afin de repousser six mille cavaliers qui le harcèlent. Cerné de toutes parts, ses quatre mille hommes n'ont plus de munitions et sont sur le point de se rendre lorsque le général, qui a eu trois chevaux tués sous lui, saisit un drapeau et ramène par une allocution le courage de sa troupe, qui parvient à se faire un passage. Pendant cette affaire, Gruyer perd 1 800 hommes et soixante-trois officiers tués, blessés ou faits prisonniers. Blessé àLeipzig, il se rend àLure pour y entamer sa guérison.
En1814, Gruyer, à peine convalescent, se bat àMontmirail, àChâteau-Thierry, àChampaubert et àMontereau. Le, chargé d'attaquerMéry-sur-Seine, il entre dans la ville où il doit affronter les Prussiens du général York. Ses soldats manquent de faire prisonnier le maréchalBlücher et parviennent à repousser leurs adversaires[3]. La brigade Gruyer prend pied sur la rive droite du fleuve et disperse les troupes russes du général Scherbatow, mais la résistance des coalisés se fait plus importante : une balle fracture le bras droit de Gruyer qui doit regagner la rive gauche avec ses hommes[3],[4].
Ses deux régiments, le2e léger et le24e de ligne, se retranchent alors et stoppent la contre-attaque prussienne[4]. L'Empereur, qui arrive à Méry-sur-Seine, fait demander le général Gruyer et lui dit :« Général, vous appréciez les circonstances, elles sont difficiles et méritent bien les beaux efforts que vous venez de faire ici, et vous êtes déjà récompensé par la bonne besogne que vous avez faite. » Le baronLarrey reçoit de l'Empereur l'ordre de panser Gruyer que trente grenadiers transportent jusqu'àParis.
Après l'abdication de Napoléon et le retour des Bourbons, il est nommé commandant du département de laHaute-Saône en juillet1814. Il occupe ce poste lorsque le maréchalNey, chargé de s'opposer à la progression deNapoléonIer, arriva àLons-le-Saunier le.
Gruyer exécute l'ordre du maréchal Ney qui lui enjoint de proclamer le retour de l'Empereur et l'applique avec efficacité. Il est élu député de la Haute-Saône pendant lesCent-Jours mais ne siége pas, préférant rejoindre l'armée[2].
Sous laSeconde Restauration, pensant être compris dans le décret de proscription pour s'être rallié à Napoléon avant le, il se rend à Paris en espérant que son ami, lecomte de Chabrol, pourra plaider sa cause. Mais il apprend, le, que sa femme (et nièce, qu'il a épousée en mars1815 avec dispenses papale et royale) a accouché d'un enfant mort. Il revient donc à Lure dans sa demeure du couvent des Capucins (désormais centre culturel François Mitterrand) où il est arrêté, le, et emmené en secret àStrasbourg. Il est condamné à mort le, mais sa peine est commuée en vingt ans de réclusion dans la citadelle de la ville, où sa femme partage sa captivité[2].
Le général est rendu à la liberté le, grâce à l'intervention duduc d'Angoulême et meurt quatre ans plus tard[2]. Son fils Gilbert (né en prison durant l'hiver 1816) fit carrière commetrésorier-payeur général et receveur général des finances àDigne et àMontpellier (où, en 1871, il aida le jeuneScheurer-Kestner), puis fut envoyé parGambetta établir une cartoucherie àSète. Le fils de Gilbert, Raoul Gruyer (né à Digne en 1847), receveur des postes à Paris, fut fusillé comme communard le. Gilbert adopta un neveu de sa femme, Alfred Hervé, conseiller à laCour des comptes et gendre ducomte Murat, chef de la tige desbarons Hervé-Gruyer .
Il obtint un sabre d'honneur de l'armée d'Italie pour "s'être particulièrement distingué". Il fut nommé baron en juin 1815. Dans son village natal deSaint-Germain, une rue (désormais piétonne) a été nommée en son nom, la rue du Baron Gruyer.