Les premiers anthropologues s’appuient sur des documents de seconde main comme les récits de voyages d'explorateurs ou de missionnaires ou encore les rapports des administrations coloniales. Cette division du travail entre celui qui collecte les informations et celui qui les interprète reste la norme dans les pays d’Europe jusqu'en 1914[2]. La figure de l’« anthropologue en chambre » (armchair anthroplogist) dontJames George Frazer peut faire figure d’archétype est alors dominante[3]. Les voyages d’exploration à visée scientifique formalisent progressivement la tâche que remplissaient spontanément mais de manière aléatoire les explorateurs, en fixant des objectifs de collecte d’information sur les populations rencontrées : l’expédition Baudin (1801) vers les Terres Australes compte ainsi dans ses rangsFrançois Péron qui voyage en qualité d’« anthropologiste ». Les visées géopolitiques de l’expédition Lewis et Clark, soutenue parThomas Jefferson, s’accompagnent également d’un plan d’étude des tribus amérindiennes qui se trouveraient sur son parcours.
L'anthropologie et l'ethnologie sont nées auXVIIIe siècle. L'anthropologie est l'étude de l'homme et des groupes humains. L'ethnologie étudie l'ensemble des caractères de chaqueethnie afin d'établir des lignes générales de structure des sociétés et de leur évolution. Historiquement, ces deux termes ont désigné des concepts différents : l'anthropologie était unescience de la nature et l'ethnologie concernait le classement culturel puis « l'analyse comparée des mœurs et des institutions des sociétés traditionnelles ». SelonMarcel Mauss, il est possible de distinguer dans le métier d'anthropologue une phaseethnographique[4] qui observe et collecte les faits, une phase ethnologique qui les analyse, et une phase anthropologique[5] qui compare, synthétise et théorise[6]. Mais pour certains anthropologues contemporains, ce découpage en diverses phases n'est pas applicable dans la pratique : « toute ethnographie est déjà ethnologie, toute observation déjà interprétation »[7].
L'ethnologie reste cependant implicitement associée à l'étude d'un peuple déterminé, en général d'une société traditionnelle, et au travail sur le terrain[8], tandis que l'anthropologie étudie les faits anthropologiques, c'est-à-dire propres à l'humanité. Historiquement en France, jusque dans les années 1950, l'ethnologie s'occupait des sociétés primitives et on parlait d'anthropologie physique. L'ethnologie s'est ensuite subdivisée en anthropologie physique ou anthropobiologie et enanthropologie culturelle,économique,politique et sociale.
Dans le monde anglophone, c'est le mot anthropologie qui a été choisi pour l'étude des peuples primitifs, l'ethnologie étudiant leur histoire[9].
Depuis les années 1950, les expressions anglaises « social anthropology » (en particulierbritannique) et « cultural anthropology » (en particulieraméricaine) ont été assimilées par les chercheurs et tout le monde utilise le terme « anthropologie »[10].
L'anthropologie se distingue de lasociologie qui étudie lessociétés humaines, la naissance desgroupes sociaux ainsi que leurorganisation, les différents types de relations que ces groupes entretiennent entre eux et leurs influences sur les comportements individuels.
LephilosopheAuguste Comte, qui avait l'ambition de faire de la physique sociale, appelée sociologie à partir de 1839, la science de la réalité sociale, est considéré comme l'un de ses fondateurs. Il la définissait ainsi :« étude positive de l'ensemble des lois fondamentales propres aux phénomènes sociaux »[11]. Parmi les fondateurs de la sociologie se trouventAlexis de Tocqueville, homme politique ethistorien,Frédéric Le Play,ingénieur et homme politique, et lesociologueÉmile Durkheim qui a publié en 1895les Règles de la méthode sociologique, conduisant à l'étude scientifique des divers faits sociaux[12].
L'anthropologie sociale et culturelle étudie principalement lesrites et lescroyances, les structures de parenté et les mariages, ainsi que lesinstitutions[13],[8] d'un groupe. Ces institutions sont conçues comme le fondement des structures sociales.
Plus généralement, l'anthropologie culturelle cherche à « penser et comprendre l'unité de l'homme à travers la diversité des cultures »[7]. L'anthropologie culturelle connaît ses premiers développements avec l'anthropologue américain d'origine allemande,Franz Boas[14],[15] et lesdiffusionnistes qui veulent réagir contre l'évolutionnisme. Une fois débarrassé des courants historiques (racialisme,diffusionnisme,structuralisme,évolutionnisme,fonctionnalisme, etc.), le débat continue entreanthropologie sociale etanthropologie culturelle : même s'il s'est apaisé depuis les années 1980, la première est essentiellement européenne (écoles française et britannique) et la seconde américaine. Ces deux courants ne se sont jamais séparés, la distinction ne pouvant être qu'artificielle entre « une sociologie des peuples sans écriture d’un côté, une science de la culture privilégiant l’étude de l’art, du folklore, de la religion, du langage, de l’autre ». L'anthropologue françaisClaude Lévi-Strauss a relativisé cette distinction en pointant le fait que l'être humain est autant un animal social qu'unHomo faber (être culturel). Ainsi la différence entre les deux domaines ne serait qu'une question de point de vue. Il est nécessaire de distinguer la société de la culture, l'anthropologie est alors soit sociale soit culturelle selon que l'on prend la première ou la seconde comme concept central[16]. Finalement, « l'anthropologie sociale et culturelle prédomine en Europe, mais elle reste en concurrence aux États-Unis avec des approchesnaturalistes »[13].
En France, les travaux deClaude Lévi-Strauss, travaux qu'il appelastructuralistes, ont exercé une grande influence et donné de nouvelles bases à l'anthropologie. Lévi-Strauss, en appliquant le concept de structure aux phénomènes humains tels que laparenté, le mode de pensée et lemythe, a contribué fortement à institutionnaliser le structuralisme.
l'anthropologie linguistique, ouethnolinguistique, qui est une discipline étudiant le langage des peuples ainsi que les relations entre le langage, la culture et la société ;
l'anthropologie économique qui est l'analyse théorique comparée de différents systèmes économiques ;
l'anthropologie politique qui étudie les institutions et le fonctionnement du pouvoir politique dans les sociétés ;
l'anthropologie religieuse qui est l'étude des croyances collectives et des rites dans un groupe social.
Aux États-Unis, l'anthropologie est également axée sur la pluridisciplinarité et divise traditionnellement l’anthropologie en quatre approches :
l'anthropologie biologique (également appeléeanthropobiologie oubioanthropologie) qui étudie les modes de transmission, les causes et les effets des variations biologiques et de leur évolution chez les groupes humains ;
l'ethnologie ouanthropologie sociale et culturelle étudie la variabilité sociale et culturelle des sociétés humaines en examinant leur organisation traditionnelle (parenté, politique, économie, rapport entre les sexes, religion[17], écologie, santé[18], droit) et leur réalité contemporaine (migrations, exils, mondialisation[19]). Les disciples de Franz Boas, les anthropologuesAbram Kardiner,Ralph Linton,Ruth Benedict etMargaret Mead, ont fait de l'anthropologie culturelle américaine une véritable école[20] et ont démontré l'importance de la culture sur la formation de la personnalité ;
l'archéologie, qui étudie les sociétés humaines passées à travers lesvestiges matériels qu’elles ont laissés derrière elles ;
L'anthropologie américaine attache beaucoup d'importance aux aspectsculturels deslangues et des modes de pensée et d'action. Il y a eu un Institut d'Anthropologie àWashington DC pour aider les autorités fédérales dans leurs relations avec les pays étrangers et les contacts transculturels.
Constituée dans les années 1850, l'étude de l’Homme débute sous l'angle de l'anthropométrie[21]. Elle s’inscrit dans un mouvement plus général qui, ramenant l’Homme au sein de la nature, lui fait perdre la position privilégiée qu’il occupait au sein de laCréation dans lathéologie chrétienne.
Georges-Louis Leclerc de Buffon définit dans sonTraité des variations de l'espèce humaine (1749) l'« Anthropologie » comme l'équivalent de l’«Histoire naturelle de l'Homme ».Denis Diderot propose en 1751 une définition plus étroite en faisant de l’anthropologie un équivalent de l’anatomie[22]. Ces visées restrictives sont contestées parEmmanuel Kant dans son ouvragel'anthropologie d'un point de vue pragmatique publié en 1798, où le philosophe désigne plutôt ainsi la connaissance que l'Homme a de lui-même comme« habitant de la terre qui est inscrit par sa sensibilité et sa raison dans des relations empiriquement nécessaires avec les êtres du monde »[23]. Si le périmètre de l’anthropologie et sa position vis-à-vis de disciplines voisines demeurent flous au cours duXIXe siècle, elle reste considérée comme une discipline des sciences naturelles. Se confondant, en France plus particulièrement, avec ce qui est aujourd’hui désigné comme l’anthropologie physique, elle épouse le paradigme naturaliste qui « proclame que le statut d’un groupe humain, comme l’ordre du monde qui le fait tel, est programmé de l’intérieur de la matière vivante »[24]. La préoccupation principale des anthropologues, le plus souvent issus de lamédecine ou de labiologie, est d’étudier l’origine et l’évolution de l’homme, d’établir des classifications de l’espèce humaine sur la base du concept derace, en s’appuyant sur les méthodes de l’anatomie comparée.
Sur le plan institutionnel, l’anthropologie se développe d’abord en dehors du cadre universitaire, au sein de sociétés savantes, fruits d’initiatives privées. EnFrance, l’éphémèreSociété des observateurs de l'homme, présidée parLouis-François Jauffret, se fixe pour tâche l’étude de « l'homme sous ses aspects physique, moral et intellectuel », projetant d’établir une classification des races sur des bases anatomiques. La Société ethnologique de Paris, fondée en 1838 parWilliam Frederic Edwards, circonscrit principalement ses débats à la querelle sur l’origine de l’espèce humaine opposantmonogénisme etpolygénisme. Elle disparaît en 1848. En 1855,Jean Louis Armand de Quatrefages de Bréau occupe la chaire d’anthropologie qui remplace la chaire d’anatomie humaine auMuséum national d'histoire naturelle.Paul Broca, considéré par ses contemporains comme le père de l’anthropologie physique en France, contribue à affermir ces premiers ancrages académiques. De formation médicale, il fonde laSociété d'anthropologie de Paris en[25] puis l'École d'Anthropologie de Paris, inaugurée en, d’orientationpolygéniste.
AuRoyaume-Uni, laLondon Ethnological Society naît en 1843, sur le modèle de la société créée par Edwards[26] ; une fraction polygéniste et anti-darwinienne, menée par James Hunt, opère une scission pour créer l'Anthropological Society of London en 1863[27]. Les deux sociétés se fondent finalement dans leRoyal Anthropological Institute en 1871. EnAllemagne,Rudolf Virchow etAdolf Bastian, tous deux médecins, créent en 1869 laSociété berlinoise d'anthropologie, d'ethnologie et de préhistoire (Berliner Gesellschaft für Anthropologie, Ethnologie und Urgerschichte).
D'un point de vue large, on peut considérer queHérodote fait déjà de l'anthropologie dans sesHistoires. Le Père de l'histoire, au fil de son enquête donne de précieuses informations sur les peuples rencontrés de près ou de loin par les Perses et s'interroge sur ceux-ci tout en restant assez objectif. Ainsi, il décrit leur aspect physique, leur façon de se vêtir, de faire la guerre, leur mode de vie ou encore leurs croyances et coutumes. C'est notamment le cas des LivresI,II,III,V etVI dans lesquels Hérodote parle desPerses,Mèdes et autres peuples d'Asie Centrale et du Moyen-Orient, puis desÉgyptiens etNubiens,Libyens etScythes dans le livreIV et enfinThraces etGrecs dans les LivresV etVI.
Autonomisation de l’anthropologie sociale et culturelle
La scission entre anthropologie etsociologie a fait l'objet de débats depuis ses débuts : il s'agissait alors d'une différence focale, l'anthropologie ayant pour sujet d'étude « l'homme et ses interactions sociales au sein des cultures simples et primitives » (Antonia Newport). L'effondrement de l'idée même de « culture simple et primitive » a conduit l'anthropologie à se redéfinir, sans qu'aucune définition n'ait jusqu'à maintenant pu servir de consensus. Selon la sociologue L.B.B. Claw, qui retrace l'histoire de l'anthropologie, les contours de la discipline se dessinent en réalité « non par une différence de sujet, mais par une spécificité d'écoles, celles qui s'inscrivent soit dans l'héritage maussien, soit dans la tradition structuraliste ». Elle affirme qu'il n'existe aucune différence fondamentale entre la méthode et les sujets traités par le sociologueÉmile Durkheim à la fin de sa vie (notammentles Formes élémentaires de la vie religieuse), et ceux traités par son neveu, l'anthropologueMarcel Mauss, allant jusqu'à émettre l'hypothèse selon laquelle « l'anthropologie comme discipline autonome en France a bien pu naître de la seule volonté de son fondateur de se libérer d'un oncle jugé autoritaire et dogmatique ». Plus que des sujets, Durkheim et Mauss partagent une conception du savoir très proche, à mille lieues de la neutralité axiologique wéberienne. On sait que pour Durkheim, la sociologie « ne mériterait pas une heure de peine si elle n'avait qu'un intérêt spéculatif » (2e préface àLa Division du travail social). Aussi tire-t-il des enseignements normatifs de ses découvertes sociologiques : si les sociétés industrielles tiennent en raison de la solidarité organique qui leur est typique, il faut encourager les institutions qui l'entretiennent, comme, à ses yeux, les corporations professionnelles. De la même manière, dans sonEssai sur le don, son neveu tire des « conclusions de morale et de politique » de sa découverte anthropologique fondamentale : si le don - la triple obligation de donner, recevoir et rendre - constitue le liant sans lequel toute société se délite, il faut encourager les institutions qui l'entretiennent, comme, à ses yeux, les coopératives de consommation[28].
Ce qui est désigné comme l’anthropologie sociale au Royaume-Uni, l’anthropologie culturelle aux États-Unis ou encore l’ethnologie en France s’autonomise progressivement de la tutelle de l’anthropologie physique au tournant desXIXe et XXe siècles. Premier titulaire d’une chaire d’anthropologie à l’université d'Oxford en 1895[29],Edward Tylor est l'un des principaux initiateurs de ce processus, notamment avec son ouvragePrimitive Culture. Il est également l’auteur du premier manuel de la discipline, intituléAnthropology (1881), qui laisse encore une grande place à l’anthropologie physique et à l’exposé des classifications raciales[30]. En 1906, un de ses disciples,James Frazer, définit l’anthropologie sociale comme la branche de la sociologie qui s'intéresse à l’étude des « peuples primitifs ». La même année, cette distinction est reprise à Oxford lors de la création d’un diplôme d’anthropologie[31].
En France, le groupe de chercheurs regroupés autour deDurkheim et deL'Année sociologique joue un rôle important dans ce processus d’autonomisation. En 1901,Marcel Mauss obtient ainsi la chaire des « religions des peuples sans civilisation » de la5e section de l’École pratique des hautes études[32]. En 1925, Mauss participe également aux côtés dePaul Rivet à la fondation de l’Institut d'ethnologie de l’université de Paris. L’emploi du terme « ethnologie » ne doit cependant pas tromper sur la conception que s’en fait Rivet. Pour lui, elle reste une branche des sciences naturelles et doit permettre de regrouper dans une même institution l’ensemble des disciplines qui concourent à ce qu'il désigne comme la Science de l’Homme : l'anthropologie, restreinte à la seule anthropologie physique, lalinguistique, l’archéologie et lapréhistoire[33].
Certains commentateurs ont soutenu que l'anthropologie, née dans un contextecolonial, avait été solidaire desEmpires à ses débuts[34],[35], et que ses concepts fondamentaux sont déterminés, éventuellement sur un mode inconscient, par cette situation politique initiale (voir, par exemple, Gough, Pels et Salemink, mais cf. Lewis 2004)[36]. Ainsi les travaux ethnographiques et anthropologiques sont souvent anhistoriques, et décrivent les groupes humainscomme si ces groupes étaient « hors du temps » dans un « présent ethnographique » (Johannes Fabian,Le Temps et les Autres, 1983[37]).
Dans le cadre de leur quête d'objectivité scientifique, les anthropologues actuels préconisent généralement lerelativisme culturel, principe qui s'impose à toutes les sous-disciplines de l'anthropologie[38]. Selon ce principe, les cultures ne doivent pas être jugées en fonction des valeurs ou des points de vue de l'observateur extérieur, mais examinées sans passion selon leurs propres termes. Il ne devrait y avoir aucune notion, en bonne anthropologie, d'une culture meilleure ou pire qu'une autre culture[39],[40].
Lesmusées jouent un rôle majeur dans la structuration de la discipline. Au cours duXIXe siècle, les artefacts des cultures non occidentales, auparavant disséminés dans les collections descabinets de curiosités de l’aristocratie européenne, sont progressivement regroupés et exposés dans des sections spécifiques des musées, avant de jouir de lieux d’exposition propres. En 1856 est ainsi créé un département d’ethnologie au sein du Musée des Antiquités de Berlin dont les collections sont transférées en 1873 dans le musée royal d'ethnologie(Königliches Museum für VölkerKunde) sous la direction d’Adolf Bastian. Le premier musée d’anthropologie, lePeabody Museum of Archeology and Ethnology de l’université Harvard l'avait précédé en 1866[41] tandis qu'en France lemusée d'Ethnographie du Trocadéro ouvre ses portes en 1878. Ce type d’institution se généralise dans les dernières décennies duXIXe siècle à l’ensemble des pays occidentaux[42], notamment sous l’effet des conquêtes coloniales. Il devient un lieu d’affirmation et de promotion de la politique impériale[43].
Sur le plan scientifique, l’exposition muséale constitue l’aboutissement du travail de collecte d’objets et d’informations, réalisée le plus souvent par le biais du réseau colonial. Mais le musée est aussi un laboratoire où l’anthropologue traite et interprète les données et un lieu d’enseignement où se transmet la culture professionnelle naissante.
L'histoire de l'anthropologie peut se diviser en quatre grandes époques marquant les principales conceptions de cette discipline. De 1850 à 1920, leracialisme catalogue les types humains et les groupes sociaux[21] (il atteindra ses limites puis sera abandonné autour de 1890), et l'évolutionnisme s'intéresse au développement supposé d'un état « sauvage » vers lacivilisation. L'adjectif « primitif » est ainsi utilisé des années 1860 aux années 1950 avant de s'incliner devant la complexité de toutes les sociétés humaines[44].Lewis Henry Morgan (1818-1881),Edward Tylor (1832-1917) etJames George Frazer (1854-1941) sont des anthropologues évolutionnistes connus.
De 1880 à 1940, lediffusionnisme s'oriente vers l'évolution des différentes civilisations et la façon dont elles se sont diffusées dans le monde, du point de vue culturel.Leculturalisme originaire desÉtats-Unis s'oppose au racialisme et à l'évolutionnisme en essayant d'adopter une démarche objective étudiant directement les cultures vivantes[45].Franz Boas (1858-1942) en est l'un des représentants importants.
De 1920 à 1950, lefonctionnalisme, sous l'influence d'Émile Durkheim, commence à étudier l'humanité dans son ensemble en se préoccupant des « besoins universels des sociétés humaines et des différentes manières de les satisfaire »[45].
Anthropologie dynamique, développée à l'Université deManchester (Royaume-Uni) et àLa Sorbonne à partir des années 1950, elle correspond à l'étude du changement dans les sociétés modernes (notamment, l'influence ducolonialisme).
L'anthropologie féministe s'est constituée en réaction aux biaisandrocentriques qui affectent la production des connaissances, les pratiques de recrutement et les résultats de la recherche en anthropologie[51]. Elle a traversé deux grandes phases historiques, « l'anthropologie des femmes » dans les années 1970, et « l'anthropologie du genre » dès les années 1980. L'anthropologie des femmes a voulu réhabiliter les femmes en tant qu'actrices culturelles distinctes, autrefois effacées du fait de l'attention quasi exclusive que les anthropologues masculins portaient aux hommes ; elle a critiqué le primat accordé aux vies masculines, considérées traditionnellement comme représentatives de la vie sociale dans son ensemble. Alors que l'anthropologie des femmes s'est intéressée surtout aux différences entre hommes et femmes, l'anthropologie dugenre, qui s'est constituée à partir des années 1980, explore davantage les différences séparant les femmes entre elles, par le recours notamment aux catégories de l'ethnicité et de laclasse, mais aussi à celles de l'âge, de la profession, du pouvoir, etc[51]. Si le sexe est un ensemble de significations et de relations liées ausexe biologique, le genre est, théoriquement, une construction psychologique, sa définition varie selon les cultures[51].
↑SylvieFortin et JosianeLe Gall, « Néonatalité et constitution des savoirs en contexte migratoire : familles et services de santé. Enjeux théoriques, perspectives anthropologiques. »,Enfances, Familles, Générations,no 6,(ISSN1708-6310,DOIhttps://doi.org/10.7202/016481ar,lire en ligne, consulté le)
↑Victor Karady, « Durkheim et les débuts de l’ethnologie universitaire »,Actes de la recherche en sciences sociales. Vol. 74, septembre 1988. Recherches sur la recherche,p. 27.
Bulletins et Mémoires de la Société d'Anthropologie de Paris (304 numéros en ligne en 2012 avec Persée, soit 7027 contributions, 1864-2009), fondée en 1859 pour rendre compte de l'activité scientifique de « l'histoire naturelle de l'homme », compris comme l'étude de l'origine et de la diversité de l'espèce humaine. Pluridisciplinaires, les bulletins traitent de l'anthropologie ; du biologique au culturel. Depuis 2000, les bulletins sont diffusés sur le site revues.org (avec une barrière mobile de 3 ans).
Francis Affergan,La pluralité des mondes, 1997, Albin Michel, Paris
Francis Affergan,Construire le savoir anthropologique, 1999, PUF, Paris