Son interprétation d'Anthony, vieil homme perdant peu à peu la mémoire et le contrôle de sa vie, dansThe Father (2020), lui vaut l'Oscar du meilleur acteur et un secondBAFTA. Le film est régulièrement cité comme « l'un des meilleurs du siècle »[2].
Hopkins est connu pour être un acteur caméléon, capable de se fondre dans différents personnages ; il est réputé pour ses interprétations de nombreuses figures historiques et littéraires controversées, ainsi que pour ses rôles deméchant au cinéma ou à la télévision.
« J'étais nul à l'école, un vrai raté, un imbécile. J'étais antisocial et je ne m'intéressais pas aux autres… Je ne savais pas ce que je faisais là-bas. C'est pour cela que je suis devenu acteur[N 1],[3]. »
Hopkins fait ses premiers pas sur scène auPalace Theatre deSwansea en 1960 pour la production interneHave a Cigarette. En 1965, après cinq années derépertoire, il est repéré parLaurence Olivier qui l'invite à le rejoindre auRoyal National Theatre[5]. Il en devient la doublure et le remplace notamment lorsque Olivier doit subir uneappendicectomie pendant la production deThe Dance of Death d'August Strindberg en 1967. Dans ses mémoires,Confessions of an Actor, Olivier écrit :« un jeune acteur de la compagnie exceptionnellement prometteur nommé Anthony Hopkins m'a remplacé et a interprété le rôle d'Edgar comme un chat tenant une souris entre les dents[N 2] ». Malgré son succès critique au National, Hopkins est fatigué de répéter les mêmes rôles et se languit d'apparaître au cinéma. Il fait ses débuts à l'écran dans l'adaptation télévisuelle de la pièceLa Puce à l'oreille (A Flea in Her Ear) en 1967. L'année suivante il décroche le rôle deRichard Cœur de Lion dansLe Lion en hiver (The Lion in Winter) aux côtés dePeter O'Toole,Katharine Hepburn etTimothy Dalton.
L'année suivante, en raison de la notoriété respectable qu'il s'est construite, Anthony Hopkins est fait commandeur de l'ordre de l'Empire britannique, ce qui lui donne le droit d'utiliser leslettres post-nominales « CBE » et de porter le ruban de l'ordre pour les cérémonies officielles[3].
Isabella Rossellini et Anthony Hopkins à Berlin sur le tournage deL'Innocent (1993).
En 1991 arrive la consécration. Hopkins interprète letueur en sériecannibale, leDrHannibal Lecter, dans la fidèle adaptation cinématographique du roman deThomas Harris,Le Silence des agneaux (The Silence of the Lambs). Avec un total de seize minutes à l'écran sur un film de deux heures, Hopkins remporte plusieurs récompenses, dont leBAFTA Award et l'Oscar du meilleur acteur, un record pour l'Academy of Motion Picture Arts and Sciences qui décerne les Oscars[4],[7],[8],[9],[10]. Le film est un succès public et critique, beaucoup de commentateurs célébrant la qualité de l'adaptation et les interprétations des acteurs. Le film remporte les « cinq Oscars majeurs » au cours de la64e cérémonie des Oscars de 1992 – meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur acteur, meilleure actrice et meilleur scénario[11] – ce qui n'était pas arrivé depuis 1975. Le film rapporte plus de 270 millions de dollars au box office mondial pour un budget de 22 millions, avec plus de trois millions d'entrées en France[12]. À la suite du film, Hopkins devient l'un des acteurs britanniques les plus recherchés du cinéma[3].
La même année, il participe à la restauration du filmSpartacus (1960) deStanley Kubrick. Il double les scènes coupées de la version de 1967 – la bande son est perdue par la suite – deLaurence Olivier (mort en 1989), et notamment dans une scène en particulier oùCrassus (Olivier) tente de séduire son esclave Antoninus, interprété parTony Curtis, qui double son propre personnage[3].
En 1993, Hopkins estanobli, nommé au rang deKnight Bachelor par la reineÉlisabeth II au cours de la promotion du Nouvel an (The Queen's New Year's Honours) en reconnaissance de son travail au service ducinéma britannique[14]. Cette nomination lui vaut le titre de « Sir Anthony Hopkins », appellation qu'il est autorisé à conserver même après avoir éténaturalisé américain en 2000[3].
En 2003, il tient le rôle principal du drameLa Couleur du mensonge (The Human Stain) deRobert Benton d'après leroman dePhilip Roth[21]. L'acteur tient le rôle d'un professeur qui va voir un écrivain, joué parGary Sinise, pour lui raconter sa débâcle après avoir tenu des propos racistes envers deux étudiants, lui causant notamment la perte de son poste[21].
En 2011, Anthony Hopkins retrouve un nouveau rôle inquiétant dans le film d'horreurLe Rite dusuèdoisMikael Håfström[33]. Le film s'inspire du livreThe Rite: The Making of a Modern Exorcist du journaliste Matt Baglio, chronique de la rencontre de ce dernier avec un prêtre chargé de devenir unexorciste[33]. L'acteurColin O'Donoghue joue un personnage librement inspiré de ce dernier, tandis qu'Hopkins joue un exorciste, le père Lucas[33]. Quelques mois plus tard, on retrouve l'acteur dans le filmThor deKenneth Branagh, quatrième film de l'univers cinématographique Marvel[34]. L'acteur y tient le rôle du dieu nordiqueOdin, père deThor et père adoptif deLoki, respectivement joués parChris Hemsworth etTom Hiddleston[34],[35]. Le film prenant une tournureshakespearienne en mettant en avant la relation père et fils, l'acteur fait un parallèle avec la relation qu'il a eue avec son propre père :
« Je suis très intéressé par cette relation entre pères et fils […] La relation entre mon père et moi était froide. C'était un personnage au sang chaud mais avec moi, il était froid. Quand j'étais jeune, il exprimait sa déception parce que j'étais mauvais à l'école […]. Il ne voulait pas faire de mal, mais je sentais que je ne pourrais jamais répondre à ses attentes […] [Odin] C'est un homme sévère. C'est un homme avec un but. Je joue le dieu qui bannit son fils du royaume d'Asgard parce qu'il a merdé. C'est un jeune homme impétueux et capricieux […] mais je décide qu'il n'est pas vraiment prêt à gouverner le futur royaume, alors je le bannis. Je suis dur et ma femme se plaint et je dis : « C'est pourquoi je suis roi. ». Il est impitoyable, à prendre ou à laisser. Les femmes sont beaucoup plus indulgentes ; les hommes ne sont pas si indulgents. Je sais que dans ma vie, mon karma est : « Si vous n'aimez pas ça, difficile, passez à autre chose. » Et je passe à autre chose. Je suis un peu comme Odin moi-même[N 3],[34],[35],[36]. »
« Celui d'un superbe maître absolu et pas seulement du suspense. Innovateur quant à la forme et dans l'utilisation de la caméra mais également dans ses rapports avec les acteurs. Il n'aimait pas les adeptes de la méthodeActors Studio et se targuait, avec raison, que sa caméra disait la stricte vérité. À l'instar d'Orson Welles, il a brisé toutes les règles et pris des risques comme seuls les génies ont le courage de le faire[41]. »
QuandIndieWire lui demande parmi les réalisateurs avec lesquels il a travaillé, quels sont ceux qui pourraient avoir un certain lien avec Hitchcock :
« Jonathan Demme. Jonathan Demme est un monteur très pointu pour ses films. SurLe Silence des agneaux, il m'a donné ce qu'il voulait voir […] Je savais qu'il se passait quelque chose d'important. Je pense qu'Oliver Stone est pareil, même si Oliver Stone fait des films beaucoup plus compliqués[N 4],[42]. »
Grâce notamment à la réussite de séries commeTrue Detective ouHouse of Cards, la télévision devient plus attractives pour les acteurs populaires du grand écran au cours des années 2010[54],[55]. Ainsi, au milieu de cette décennie, il n'est plus surprenant de voir un acteur comme Hopkins être au générique d'une série, comme c'est le cas en 2014 lorsque celui-ci est annoncé pour participer aupilote du futur projetWestworld, produit parJ.J Abrams pour la chaîneHBO[56]. Dans cette adaptation du filmMondwest de 1973, écrit et réalisé par l'écrivainMichael Crichton, l'acteur tient ici son premier rôle régulier à la télévision, à savoir celui de l'inventeur de plusieursparcs d'attraction peuplés d'androïdes, celui représentant l'Ouest américain étant celui mis en scène dans la série[57]. L'aventure de ce projet ambitieux qui espère atteindre les cinq saisons, débute en, avec à son bord d'autres noms bien connus, commeEvan Rachel Wood,Ed Harris,Jeffrey Wright,Thandiwe Newton ou encoreJames Marsden[57],[58]. Lapremière saison reçoit de très bonnes critiques et son rôle est remarqué[59],[60],[61]. L'acteur reprend son rôle duDr Robert Ford en 2018 pour les besoins de ladeuxième saison de la série, qui sera sa dernière[62]. Quant à la série, elle est abruptement annulée en, au bout de quatre saisons[63].
S'il se fait ensuite plus rare, deux rôles sont remarqués. L'acteur est dans un premier temps annoncé en dans l'adaptation cinématographique de la pièceThe Pope, créée la même année parAnthony McCarten qui écrit également le scénario du film[77],[78]. Dans cette réalisation sortie en 2019 qui marque ses retrouvailles avec le BrésilienFernando Meirelles, Anthony Hopkins a une fois de plus la lourde tâche d'interpréter une figure historique, à savoir le papeBenoît XVI[77],[78]. Il y est opposé à son compatriote britanniqueJonathan Pryce, qui joue le cardinalJorge Mario Bergoglio, qui deviendra le futur pape François[77],[78]. En effet, l'intrigue tourne autour de l'invitation donnée par Benoît XVI à son futur successeur, ce premier lui annonçant son souhait de démissionner, ce qui engendre de profondes discussions entre les deux hommes sur leurs visions du monde[78],[79]. Sa prestation lui vaut d'être nommé dans la catégorie du meilleur acteur dans un second rôle dans plusieurs cérémonies, dont auxOscars, auxGolden Globes ou encore auxBAFA[80],[81]. Il apparait également dansNow Is Everything(en) deValentina De Amicis etRiccardo Federico Spinotti[82].
Puis, en 2021, il tient le premier rôle du filmThe Father du FrançaisFlorian Zeller qui adapte à l'écran sapropre pièce de théatre[83]. Dans ce quasi-huis clos labyrinthique, l'acteur, qui a dépassé les 80 ans, incarne un homme déboussolé, n'arrivant plus à mettre en ordre sa mémoire[83]. Pour le choix de l'acteur, Zeller qui réalise ici son premier film déclare :« Mon rêve s’est tout de suite cristallisé sur Anthony Hopkins. Au-delà de l’admiration que je lui porte, il allait y avoir quelque chose de déstabilisant à voir celui qui a beaucoup joué des personnages dans le contrôle… perdre peu à peu ce contrôle. Soit exactement l’expérience que je souhaitais proposer aux spectateurs : perdre étape par étape quelqu’un qui nous est familier. »[83]. Le film croule sous les récompenses, de même qu'Hopkins qui otient notamment l'Oscar du meilleur acteur[83],[84]. Il déclarera queThe Father aura été "la meilleure chose qui me soit arrivée dans ma vie professionnelle"[85].
En avril 2021,Stephen Colbert déclare dans son émission duLate Show consacrée àThe Father que la performance d'Anthony Hopkins dans ce film est "probablement la plus grande performance de tous les temps"[86].
La même année, il joue dansElyse(en), première réalisation de sa femme Stella Hopkins[87].
En 2022, il apparait dans un rôle secondaire dans le drameArmageddon Time deJames Gray,récit initiatique porté parBanks Repeta et inspiré par l'enfance du réalisateur[91]. Hopkins tient le rôle du grand-père du personnage, les parents de ce dernier étant incarnés parJeremy Strong etAnne Hathaway[91]. Il retrouve également Florian Zeller dans le filmThe Son, une nouvelle fois adapté d'une de ses propres pièces[92]. Contrairement à leur précédente collaboration, l'acteur tient ici un petit rôle, celui du père d'Hugh Jackman, écrit spécialement pour lui[92].
Hopkins réside àMalibu, dans lecomté de Los Angeles, depuis 1998 ; il y avait déjà habité en 1974 avant de revenir àLondres dans les années 1980. Il décide cependant de retourner aux États-Unis après son succès aucinéma américain depuis le début des années 1990[97]. Il est naturalisé américain le, tout en conservant sa nationalité britannique[98],[99].
Il a une fille de son premier mariage,Abigail Hopkins (née en 1968), devenue actrice et chanteuse.
Anthony Hopkins est très engagé dans le caritatif. Il devient notamment président duNational Trust's Snowdonia Appeal qui lève des fonds pour la préservation duparc national de Snowdonia, et auquel il a donné en 1998 un million delivres (environ 1 160 000 €)[100],[101]. En 1995, il avait déjà écrit et publiéAnthony Hopkins' Snowdonia[102].
Il a arrêté de fumer en utilisant la méthode d'Allen Carr[103]. En 2008, il se lance dans un programme de perte de poids et, en 2010, perd80 livres[104] (36 kg).
En 2025, sa maison de Pacific Palisade est détruite lors des incendies qui ravagent alors la Californie[105].
Laurence Olivier (ici en 1972) a repéré Hopkins auRoyal Court Theatre en 1965, et lui propose de travailler avec lui.
Note : sauf mention contraire, les informations ci-dessous sont issues de sectionStage Appearances de la biographie d'Anthony Hopkins surFilm Reference[106].
Sauf indication contraire, les informations mentionnées dans cette section peuvent être confirmées par les bases de données cinématographiques présentes dans la section« Liens externes ».
And The Waltz Goes On est une valse composée par Hopkins durant sa jeunesse. Cette valse a été jouée pour la première fois en 2011 parAndré Rieu et son orchestre à Vienne, en présence de Hopkins.
↑Citation originale :« I was lousy in school: a real screw-up, a moron. I was antisocial and didn’t bother with the other kids… I didn’t know what I was doing there. That’s why I became an actor. »
↑Citation originale :« A new young actor in the company of exceptional promise named Anthony Hopkins was understudying me and walked away with the part of Edgar like a cat with a mouse between its teeth. »
↑Citation originale :I’m very interested in that relationship between fathers and sons […] My father’s relationship with me was cold. He was a hot-blood character but to me, cold. When I was young, he expressed his disappointment because I was bad in school[...] He didn’t mean any harm, but I felt I could never meet up to his expectations […] [Odin] He’s a stern man. He’s a man with purpose. I play the god who banishes his son from the kingdom of Asgard because he screwed up. He’s a hot-headed, temperamental young man […] but I decide he’s not really ready to rule the future kingdom, so I banish him. I’m harsh and my wife complains and I say, ‘That is why I’m king.’ He’s ruthless, take-it-or-leave-it. Women are much more forgiving; men are not so forgiving. I know in my life, my karma is, ‘If you don’t like it, tough, move on.’ And I move on. I’m a little like Odin myself.’
↑Citation originale :Jonathan Demme. Jonathan Demme is a very sharp editor of his movies. On “The Silence of the Lambs,” he gave me what he wanted to see[...]I knew there was something major occurring. I think Oliver Stone is the same, although Oliver Stone makes much more complicated films.’
↑Citation originale :« A census taker once tried to test me. I ate his liver with some fava beans and a nice chianti. »
↑Le titre indiqué est celui utilisé au Québec lorsqu'il est différent du titre utilisé en France. Entre parenthèses, le titre français ou original.