Juriste de formation, spécialisé enéconomie politique et finances publiques[2], Antonio Salazar entra dans la vie politique en tant que ministre des Finances avec le soutien du présidentÓscar Carmona, après lecoup d'État du 28 mai 1926. Les militaires du régime se considéraient comme les gardiens de la nation à la suite de l'instablePremière République, mais ils ignoraient les solutions pour redresser le pays. En un an, Salazar équilibra le budget et stabilisa lamonnaie portugaise. Il produisit le premier de nombreux excédents budgétaires et lorsqu'il devint Premier ministre en 1932, il promut l'administration civile au sein du régime à un moment où la politique des autres nations du monde devenait de plus en plus militarisée. L'objectif de Salazar était la dépolitisation de la société, plutôt qu'une mobilisation de la population. Cependant, le Portugal resta largement sous-développé, sa population relativement pauvre et d'un faible niveau d'instruction par rapport au reste de l'Europe.
Opposé aucommunisme, ausocialisme, ausyndicalisme et aulibéralisme, le régime de Salazar était de natureconservateur,corporatiste etnationaliste. Il était égalementcapitaliste dans une certaine mesure, bien que de manière très conditionnée jusqu'au début de la phase finale de son règne, dans les années 1960. Salazar prit ses distances avec le fascisme et le nazisme, qu'il décrivit comme un « césarisme païen » ne reconnaissant pas de limites juridiques, religieuses et morales. Tout au long de sa vie, Salazar évita la rhétorique populiste. Il était généralement opposé au concept de partis politiques quand, en 1930, il créa l'Union nationale. Il décrivit et promut le parti comme un « non-parti » et annonça que l'Union nationale serait l'antithèse d'un parti politique. Salazar promouvait également lecatholicisme, mais soutenait que le rôle de l'Église était social et non politique, et par conséquent négocia leConcordat de 1940 qui maintenait l'Église à distance. La devise du régime de Salazar étaitDeus, Pátria e Família (« Dieu, Patrie et Famille »), bien qu'il n'ait jamais transformé le Portugal en unÉtat confessionnel.
L’Estado Novo permit à Salazar d'exercer un grand pouvoir politique. Il utilisa la censure et la police secrètePIDE pour réprimer l'opposition. Un des opposants,Humberto Delgado, qui contesta ouvertement le régime de Salazar lors de l'élection présidentielle de 1958, fut d'abord exilé puis assassiné par la police secrète. Salazar soutintFrancisco Franco pendant laguerre civile espagnole et joua un rôle clé dans le maintien de laneutralité du Portugal pendant laSeconde Guerre mondiale, tout en fournissant de l'aide et de l'assistance auxAlliés.
Les évaluations de son régime varient, ses partisans louant certains de ses résultats et ses critiques dénonçant d'autres résultats ainsi que ses méthodes. Cependant, il y a un consensus général sur le fait que Salazar fut l'une des figures les plus influentes de l'histoire du Portugal. Au cours des dernières décennies, de nouvelles sources et méthodes ont été employées par les historiens portugais pour tenter d'éclaircir le bilan de sa dictature, qui dura trente-six ans.
Salazar est le quatrième et dernier enfant d'une modeste famille rurale, conservatrice[3] etcatholique, originaire de laBeira Alta. Son père, Antonio de Oliveira (1839-1932), est l'intendant d'un domaine terrien. Sa mère, Maria do Resgate Salazar (1845–1926), exploite la petite auberge familiale. Il a trois sœurs aînées.
Alors que l'ambition des parents est d'orienter leur fils vers le commerce, le curé de la paroisse préconise les cours du séminaire religieux deViseu[4] où il entre en 1900[5] à l'âge de 11 ans.
En 1905, il complète le cycle préparatoire. Il entreprend alors les études théologiques dominées par lescourants thomistes en vigueur. Il conclut le cours en 1908 en étant major de sa promotion[5] et reçoit lesordres mineurs. Il part ensuite suivre les cours du collège Barreiros pendant trois ans.
À l'automne 1910, l'intégration de Salazar à l'université de Coimbra coïncide avec la chute définitive de lamonarchie. À cette époque, l'université compte moins de505 étudiants et y étudier revient à accéder à l'élite des futurs dirigeants du Portugal. Les étudiants se connaissent tous et maintiennent un réseau amical pour le reste de la vie. Le temps que Salazar passe àCoimbra sera une escalade jusqu'au sommet de la hiérarchie académique[5].
Au départ, Salazar s'inscrit en Lettres puis change rapidement pour le Droit. Il ne tarde pas non plus à adhérer auCentro Académico de Democracia Cristã(pt) (CADC), un mouvement étudiant fondé dix ans auparavant pour défendre les principes politiques et sociaux du PapeLéon XIII[5]. Le plus souvent de façon anonyme, il s'illustre, dès ses années d'étudiant, par des articles utilisant ses connaissances en droit administratif pour pourfendre la politique menée par les gouvernants républicains[2]. Ces derniers défendent une ligne dure de la séparation de l'Église et de l’État, consacrée en 1910.
Pour Salazar, le CADC deviendra l'estrade de ses premières déclarations publiques abordant les affaires politiques, dans le détail. Salazar y rencontre la majeure partie de ses amis de faculté dont le plus intime[6] estManuel Cerejeira, un prêtre duMinho qui, après Coimbra, atteindra rapidement le sommet de la hiérarchie de l'Église portugaise, devenant, en1929,cardinal-patriarche deLisbonne. Tout au long de leur carrière respective, les deux hommes maintiendront une correspondance régulière mais distante[6].
En 1912, Cerejeira fonde le journalO Imparcial(pt), qui vise à attaquer l'anticléricalisme régnant à l'université. Salazar y contribue régulièrement en signant ses articles du pseudonyme Alves da Silva, en y abordant des questions de réforme éducative, de droit des religions et de vie universitaire. Ses premiers articles dévoilent une maîtrise du droit administratif, en particulier du droit administratif des biens, qui lui vaudra plus tard le surnom de « Maurice Hauriou portugais »[5].
En, dans un article intitulé « Tristezas não Pagam Dívidas » — « Les peines ne paient pas les dettes » — , Salazar plus politique met en perspective les principes deLéon XIII, les idéaux qui animent le CADC et la réalité d'un Portugal gouverné par les républicains[5] :
« Contemplée à la lumière de ces principes élevés, la situation présente de notre pays ne permet pas un souffle d'espoir ni ne rallume dans nos âmes patriotes les frissons impétueux qui, dans la trajectoire olympique de notre espèce, traça d'éloquents tableaux d'épopées. (…) Le Portugal est actuellement un cataclysme en marche. Nous réveillerons-nous ? Nous sauverons-nous ? Voici la grande, l'impressionnante inconnue, dont les responsabilités incombent — toutes ! — à des caciques désorientés, qui veulent dépecer les plus vigoureux piliers de l'âme portugaise et la pousser ensuite dans le fossé où se décomposent les nations détériorées et moribondes[7]. »
Le, Salazar prend la parole lors de la session d'ouverture des activités du CADC pour l'année universitaire en cours. Il recourt à son plan rhétorique favori, allant du bas vers le haut, en se concentrant successivement sur l'individu, puis la famille, pour finir sur le pays[5]. L'Homme est la base de la société et les changements sociaux doivent seulement s'accomplir par l'éducation. Mais ces changement ne doivent pas être conduits au détriment des familles, la première et la plus importante source d'éducation de l'individu[5].
La famille est, pour Salazar,« la cellule sociale dont la stabilité et la fermeté sont les conditions essentielles du progrès »[8]. Comme démocrates chrétiens, les membres du CADC doivent suivre ces devoirs et non s'esquiver, sans tomber dans le piège traditionnel qui les attendait : une vie parasitaire passée à servir l'État, travaillant peu et ne créant rien. Le travail, dit-il, est plus qu'une simple création de richesse : une école de vertu.
Partant de ces prémisses, Salazar aborde alors le rôle du chrétien dans la politique portugaise. Le Portugal, dit-il, pourrait être une République, mais n'est pas une démocratie. La réaction populaire contre les privilèges est allée trop loin et de nouveaux privilèges et formes d'exclusions se sont créés. Dans de telles circonstances, il ne peut y avoir de liberté, d'égalité ni de fraternité — des principes engendrés, défend-il, par les enseignements chrétiens[5] :
« Nous, bien entendu mes chers Messieurs, bien que nous nous appelions démocrates-chrétiens, nous ne reconnaissons pas pour autant une démocratie qui ne soit pas fondée sur le Christianisme, car hors du Christianisme, nous ne comprenons pas ce qu'est ou pourrait être la liberté, l'égalité et la fraternité humaine[8]. »
La conclusion est simple : les catholiques ne doivent pas se limiter à désirer être « tolérés » par la classe politique ; ils devraient plutôt revendiquer une place au centre de la politique et la conquérir par leur travail. C'était aux autres d'apprendre à être tolérants et comprendre que la religion n'est pas l'ennemie du progrès, mais un ingrédient essentiel de moralité, d'ordre et civilisation[5] :
« Le christianisme sous sa forme parfaite et complète ne s'oppose pas aux libertés publiques ou aux institutions modernes. Et si entre démocratie et Église, il existe un malentendu très grave, c'est à nous, démocrates-chrétiens, qu'il revient précisément de le réparer[8]. »
Il obtient sa licence de droit en 1914 et devient enseignant à la faculté alors qu'il prépare undoctorat ensciences économiques sur« Le taux de l'or : sa nature et ses causes (1891-1915) »[9] (1916). Il devient ensuite titulaire de lachaire d'économie politique et de finances publiques de la faculté de droit de Coimbra[4].
En 1919, il est accusé de participer à un complot royaliste ; cette accusation l'amène à s'engager en politique contre la république ouvertement anticléricale de l'époque[10]. Il écrit des articles remarqués sur la situation financière du Portugal et entre en politique à l'époque du mouvement révolutionnaire du, fondant un nouveau parti, leCentre catholique(pt), qui rassemble républicains et monarchistes[4]. À l'université, il côtoieManuel Gonçalves Cerejeira, le futur cardinal-patriarche deLisbonne[11]. Ses opinions et ses liens avec le mouvement de la Jeunesse catholique lui permettent d'être élu, en 1921, pour un bref mandat dedéputécatholique du Centre académique de démocratie-chrétienne (CADC) auParlement. Après avoir assisté à sa première session, il décide de ne plus y siéger. Influencé par les idées deCharles Maurras[12],[13], il prône déjà un État fort, tout en préconisant une transformation de l'État « par l'intérieur »[14]. Il devient progressivement le chef de son groupe, obtenant également le soutien de l'Église portugaise, mais aussi de l'Union du commerce et de l'industrie[15]. Malgré une ascension rapide dans la hiérarchie de l'université de Coimbra, l'ambition politique de Salazar doit marquer le pas jusqu'aucoup d'état de 1926 dans la mesure où ses prédilections politiques catholiques ne sont pas dans les bonnes grâces de laPremière République portugaise. Cette année-là, l'Armée fait tomber un régime devenu moribond, cherchant ensuite à constituer une équipe de spécialistes civils destinée à remettre en état les finances et la vie économique du pays et à aider à remodeler de nouvelles institutions politiques. En 1928, à l'âge de39 ans, Salazar devient le « dictateur des finances » du pays, assumant le ministère des Finances ; quatre ans plus tard, il est nomméprésident du Conseil des ministres, charge qu'il occupe pendant les trente-six années suivantes[5].
En1926, unrégime militaire dirigé parMendes Cabeçadas, puis par le généralGomes da Costa, met fin aurégime parlementaire. C'est le début de laDeuxième République portugaise ou « dictature nationale ». LePortugal vit alors unecrise économique et militaire. Si les militaires mettent fin à la république, ils ne viennent pas à bout de la grave crise que connaît le pays. En1928, Mendes Cabeçadas nomme, sur les conseils deCunha Leal(pt), Salazar au poste deministre des Finances. Salazar démissionne au bout de quatre jours, estimant ne pas avoir les moyens d'agir comme il le souhaite. Il réclame les pleins pouvoirs afin d'assainir la situation financière du pays au bord de labanqueroute. Le gouvernement va être obligé de demander l'aide de laSociété des Nations pour s'en sortir. L'orgueil national est touché. Le nom de Salazar s'impose encore une fois. Le,Óscar Carmona le nomme à nouveau aux Finances[16]. Salazar a alors le pouvoir d'imposer ses conditions : aucunescudo ne doit être dépensé sans son accord[17].
En un an, il procède à un redressement financier spectaculaire : rétablissement de l'équilibre budgétaire et stabilisation de la monnaie[18]. Même si Salazar n'est pas encore chef du gouvernement, il sait utiliser les crises politiques afin de consolider son pouvoir[19]. En1930, il cumule les portefeuilles des Finances et des Colonies.
Salazar met en place l'Estado novo (l'État nouveau), unrégime autoritaire,conservateur,nationaliste et s'inspirant ducatholicisme social. L’État nouveau estanti-communiste mais ne prétend pas développer la puissance de l'État en un régimefasciste. Dans la doctrine de Salazar, l’État a vocation à protéger et servir d'arbitre à une économie organisée sur le principe ducorporatisme[21]. En outre, reconnu pour son mode de vie simple et ascétique, Salazar n'introduit pas deculte de la personnalité, contrairement aux autresdictatures contemporaines. Le régime a pour devise officielle : « Dieu, Patrie, et Famille », détourné plus tard par dérision péjorative en « triple F » pourFado,Fátima etFootball[22],[23]. Le régime est difficile à catégoriser, à tel point que Salazar s'en amuse en le surnommant une« dictature des docteurs ». En pratique, en effet, Salazar est le chef d'un groupe d'universitaires, à l'origine originaires de la faculté de droit de Coimbra, qui dirigent l’État nouveau : ceux que l'historien Jorges Pais de Sousa, suivi par l'historien du droit Oscar Ferreira, a surnommés les« cathédocrates »[24],[25]
Salazar assoit la direction du pays sur une réunion des pouvoirs[26], avec unparti unique, l'Union nationale, l'Église catholique romaine et lescorporations pour prendre le contrôle de la société portugaise et s'assurer le soutien de riches propriétaires, d'industriels et de banquiers.
En économie, Salazar impose, surtout à partir de 1933, un régimecorporatiste, inspiré desencycliques pontificales. Le corporatisme portugais se distingue du système italien en laissant une véritable autonomie aux corps de métiers et à l'Église catholique, ce qui lui vaut d'être plébiscité en France par l'extrême droite et la partie de la droite tentée par la solution corporatiste. C'est particulièrement net pour les questions agricoles. Bien des aspects de larévolution nationale dumaréchal Pétain trouveront leur origine dans lesalazarisme[27].
Lessyndicats et lapresse indépendante sont interdits ainsi que toute opposition politique, dissidence ou autre institution hostile. Ainsi leParti communiste portugais (PCP) et son chefAlvaro Cunhal devront-ils opérer clandestinement ou à partir de l'étranger.
L'armée et la police politique surveillent le pays, en ayant notamment recours à des indicateurs, lesbufos, fondus dans la population:
En 1933, aidé par le capitaineAgostinho Lourenço, il met en place, unepolice politique, la PVDE (Polícia de Vigilância e Defesa do Estado(pt) ou Police de Surveillance et de Défense de l'État), qui devient en1945 laPIDE (Police Internationale et de Défense de l'État) puis, après sa mort, la DGS (Direção-Geral de Segurança(pt) ou Direction Générale de Sécurité). Son rôle est de surveiller la population, de chasser les opposants au régime enmétropole et dans les colonies et d'appliquer lacensure[28]. Selon certaines sources, la PVDE est mise en place avec l'appui de laGestapo et de la police fasciste italienne[29], mais selon le Professeur Douglas Wheeler, la PVDE a été établie sous l’influence duMI5 anglais, par le capitaine Agostinho Lourenço, un anglophile qui, après la Seconde Guerre mondiale, est devenu président d'Interpol. Selon Douglas Wheeler, l'influence de la Gestapo dans la création de PVDE est impossible par ordre chronologique : la Gestapo fut créée en et Agostinho Lourenço a commencé à travailler à la création de la PVDE en 1932[30].
Les prisonniers politiques sont incarcérés dans des centres de rétention. Latorture y est couramment pratiquée[31], comme laprison de Caxias[31], près de Lisbonne, ou celle deTarrafal, dans les îles duCap-Vert[32].
La personnalité de Salazar tranche avec celles des autres dictateurs de cette époque. Il mène une vie de moine, ascétique et modeste, travaillant dans sa petite maison du centre de Lisbonne, protégée par deux sentinelles seulement[réf. nécessaire].
António de Oliveira Salazar en 1940.Affiche de propagande représentant Salazar comme le roiAlphonseIer. La devise dit "Tout pour la nation, rien contre la nation".
Durant laSeconde Guerre mondiale, il parvient à stabiliser les finances grâce à une politique monétaire restrictive au prix d'un déficit en denrées alimentaires et d'une importanteinflation. Il réussit à maintenir une neutralité apparente (pour préserver l'alliance avec leRoyaume-Uni). En effet, Salazar considère que la politique étrangère, lorsqu’elle intervient sur lecontinent européen, a rarement pour but de défendre les intérêts vitaux de la nation portugaise[33]. Il reste méfiant envers l'Allemagne hitlérienne (ainsi qu'envers les puissances de l’Axe) qui, dans une carte duLebensraum, prévoit l'annexion du Portugal (en raison notamment de l'intérêt du pays et de ses colonies). Quelques jours avant la fin de laguerre d'Espagne, le, le Portugal et l'Espagne avaient signé lePacte Ibérique, un traité de non-agression qui marquait le début d'une nouvelle ère dans les relations entre les deux pays. Les rencontres entreFranco et Salazar jouaient un grand rôle dans cette nouvelle donne politique. Un amendement fut signé le, juste après la défaite française, face à l'Allemagne[34]. D'après l'ambassadeur britannique àMadrid,Samuel Hoare, le pacte aurait eu une influence décisive dans le maintien de l'Espagne dans la neutralité en dehors de l'Europe hitlérienne[35]. Pendant cette guerre, Lisbonne accueille l'exposition du monde portugais, du 23 mai au 2 juin 1940[36].
Salazar donne des instructions explicites à ses ambassadeurs pour qu'ils limitent l'octroi de visas aux personnes cherchant à fuir laFrance, lorsque celle-ci estenvahie par l'Allemagne. Pendant l'été 1940,Aristides de Sousa Mendes, consul portugais àBordeaux, passe outre aux consignes de Salazar (la fameuse « circulaire 14 ») et concède des visas, sauvant ainsi de nombreuxjuifs de laShoah[37]. Le nombre de visas délivrés par Sousa Mendes ne peut être estimé avec exactitude, mais selon l'historien Avraham Milgram, dans une étude publiée par leShoah Resource Center, International School for Holocaust Studies, en 1999, les chiffres habituellement annoncés sont exagérés[38]. Plus tard, une documentation sur Sousa Mendes a été rendue publique où il apparaîtrait qu'il ne fut jamais destitué et qu'il continua à recevoir son salaire de consul jusqu'à sa mort en 1954[39],[40]. Bien qu'après l'éviction de Mendes, une période de flottement ait entraîné l'annulation de quelques centaines de visas et la fermeture de la frontière, dès 1942 les réfugiés entrés illégalement ne furent plus refoulés, et en 1943 on décida de rapatrier lesJuifs portugais vivant en France[41]. Finalement, entre 40 000 et 100 000 Juifs se réfugient au Portugal pendant la guerre[42],[43].
Durant la guerre, Salazar maintint également des relations commerciales avec les forces de l'Axe, ce qui bénéficia à l'industrie portugaise. Il fournit quelquesmétaux rares (tungstène etétain) au régimenazi et laissa quelques centaines de militants fascistes portugais s'engager dans laDivisión Azul,alors que les militaires portugais combattaient lesJaponais aux côtés des soldatsnéerlandais auTimor[réf. nécessaire].
Fidèle à l'alliance traditionnelle du Portugal et de laGrande-Bretagne, il permit, en, auxAlliés d'installer une base militaire auxAçores pour surveiller l'Atlantique et lutter contre lesU-Boots. Le, lors de l'annonce de la mort d'Hitler, il fut l'un des seuls chefs d'État occidentaux – avec l'IrlandaisÉamon de Valera – à envoyer un télégramme de condoléances àBerlin, et fit mettre les drapeaux en berne : une demi-journée de deuil national est décrétée, comme pour tout chef d'État entretenant des relations diplomatiques avec le Portugal.
António de Oliveira Salazar.
En 1949, le Portugal intégra l'OTAN en raison du fort anti-communisme de Salazar et du rôle géostratégique des colonies portugaises.
Défenseur d'une politiquecolonialiste et partisan dulusotropicalisme, Salazar souhaite maintenir l'unité territoriale du« Portugal continental, insulaire et ultra-marin »,« du Minho au Timor », alors que les nations européennesdécolonisent progressivement l'Afrique.
Lesguerres coloniales, qui durent de 1961 à larévolution des Œillets, en 1974, coûtent la vie à 16 278 soldats coloniaux et 26 000 soldats indépendantistes[44],[45],[46],[47],[48]. Du côté civil, le bilan est estimé à 50 000 morts au Mozambique, 50 000 en Angola, 5 000 en Guinée et 5 000 colons blancs tués, soit un total de 110 000 morts civils[49],[50].
L'élection présidentielle de 1958(pt), à laquelle l’opposition présente comme candidat legénéral Humberto Delgado, marque le début d’une crise politique interne. Salazar introduit quelques réformes plus symboliques qu'efficaces. Les méthodes du gouvernement ne changent pas. En 1961, un paquebot de croisière, leSanta Maria(pt), est dérouté par un opposant,Henrique Galvão, qui trouve refuge auBrésil. En 1965, des agents de laPIDE enlèvent et tuent enEspagne le général Delgado, devenu le symbole de l’opposition anti-salazariste, et sa secrétaire, près deBadajoz.
Il est contraint de renoncer au pouvoir en 1968, après avoir été victime d'unaccident vasculaire cérébral. Il est remplacé parMarcelo Caetano. Étant nommé « président du Conseil à vie », personne ne l'informe de son éviction. Salazar meurt le.
Son successeur, Marcelo Caetano, reste au pouvoir jusqu'en 1974 dans un pays affaibli. Il est renversé lors de larévolution des Œillets.
Le, un sondage réalisé au Portugal par laBBC et publié par laRTP place Antonio de Oliveira Salazar comme la personnalité la plus importante de l'histoire lusitanienne avec 41 % des voix[51]. Ce sondage a été confirmé depuis par plusieurs autres études similaires plaçant même Salazar devantVasco de Gama.
↑La confiance qu'il a en lui est illustrée par ses propos :Je sais très bien ce que je veux et où je vais […] que le pays observe, fasse des remarques, réclame, discute, mais qu'il obéisse quand viendra mon tour de commanderdansO salazarismo de Jacques Georgel,p. 56.
↑Maria Inácia Rezola, "The Franco--Salazar Meetings: Foreign policy and Iberian relations during the Dictatorships (1942-1963)"E-Journal of Portuguese History (2008) 6#2 pp 1-11.online
↑Samuel Hoare, Samuel . 'Ambassador on Special Mission'. UK, Collins; First Edition. 1946, p.58
↑ÂngelaCampos, « "We are still ashamed of our own History". Interviewing ex-combatants of the portuguese colonial war (1961-1974) »,Lusotopie. Recherches politiques internationales sur les espaces issus de l'histoire et de la colonisation portugaises,no XV(2),,p. 107–126(lire en ligne)
↑PAIGC, Jornal Nô Pintcha, 29 November 1980: In a statement in the party newspaper Nô Pintcha (In the Vanguard), a spokesman for the PAIGC revealed that many of the ex-Portuguese indigenous African soldiers that were executed after cessation of hostilities were buried in unmarked collective graves in the woods ofCumerá,Portogole, andMansabá.
Eduardo Coelho, António Macieira,Salazar, o fim e a morte : história de uma mistificação ; inclui os textos inéditos do Prof. Eduardo CoelhoSalazar e o seu médico eSalazar visto pelo seu médico (1re éd.), Lisboa: Publ. Dom Quixote, 1995,(ISBN972-20-1272-X).
Jean-Claude Rolinat,Salazar le regretté… Les Bouquins de Synthèse nationale, 2012, 164 pages.