Élu député entre 1976 et 1983 puis à partir de 1985, il devient en 1988 président du groupe parlementaire socialiste à l'Assemblée de la République. En 1992, il défaitJorge Sampaio et se fait désigner secrétaire général du PS.
Ce bon bilan, tempéré par l'échec des référendums sur l'interruption volontaire de grossesse et la régionalisation, lui permet d'obtenir un second mandat auxélections législatives d'octobre 1999 avec une majorité moindre qu'attendue. Cette deuxième phase du pouvoir montre un Premier ministre affaibli dans un pays en proie aux difficultés économiques.
La lourde défaite aux élections locales de l'amène à démissionner de toutes ses fonctions et se retirer de la vie politique, à l'issue desélections de mars 2002 perdues par le PS.
Après avoir reçu en 1965 le prix national des lycées, António Manuel de Oliveira Guterres s'inscrit à l'Institut supérieur technique (IST). Durant son cursus, il milite à la Jeunesse universitaire catholique (JUC) etévite de s'engager dans l'opposition à l'État nouveau.[réf. nécessaire]
Il obtient unelicence degénie électronique en 1971 et commence alors à travailler comme professeur assistant à l'IST, enseignant la théorie des systèmes et les signaux de télécommunications.
Porté à la présidence de la commission parlementaire de l'Économie et des Finances en 1977, il est réélu député lors duscrutin intercalaire du 2 décembre 1979. À la suite des élections locales qui se tiennent deux semaines plus tard, il devient président de l'assemblée municipale deFundão, au nord deCastelo Branco. Il conserve son mandat parlementaire auxélections du 5 octobre 1980. À cette occasion, il est tête de liste duFront républicain et socialiste (FRS) dans sa circonscription.
Lors duscrutin du 6 octobre 1991, le PS subit sa troisième déroute consécutive. Jamais depuis larévolution des Œillets le parti n'avait enchainé trois échecs électoraux. António Guterres obtient que le parti annule sa convention stratégique et convoque, pour, un congrès extraordinaire, annonçant du même coup sa candidature au poste de secrétaire général[6].
Au vote des militants, il obtient plus de 60 % des délégués et peut donc se faire élire par 1 122 voix contre 190 au social-libéral Álvaro Beleza le[7]. Il devientde facto lechef de l'opposition. Sept mois plus tard, il devient vice-président de l'Internationale socialiste (IS). Il obtient un important succès à l'occasion des élections locales de, qui voient les socialistes s'imposer au niveau national et remporter près de 60 % des voix àLisbonne avecJorge Sampaio et àPorto avecFernando Gomes[8].
Le, il lance officiellement les « États généraux pour une Nouvelle majorité » destinés à faire l'inventaire des dix ans de pouvoir du Premier ministre libéralAníbal Cavaco Silva, approuver le projet socialiste et se donner plus de crédibilité alors qu'il est mal perçu par son électorat et moins apprécié que le chef du gouvernement sortant[9]. À la clôture des États généraux, le, il présente un contrat de législature de 125 pages élaboré par vingt-cinq personnalités issues du PS, de la société civile et ayant appartenu aux autrespartis politiques du pays[10].
Auxélections législatives du1er octobre 1995, leParti socialiste remporte plus de 2 583 000 voix, ce qui lui accorde 43,76 % des suffrages exprimés et 112 députés sur 230 à l'Assemblée de la République. Il s'agit alors du meilleur score du parti depuis 1975. Réagissant à ce résultat, le secrétaire général du PS affirme vouloir placer le dialogue au centre de son action, et de faire particulièrement attention aux abus de pouvoir et au clientélisme[11].
António Guterres prend officiellement ses fonctions dePremier ministre le]. Il met ainsi fin à dix années de pouvoir duParti social-démocrate et devient le premier socialiste autre queMário Soares à exercer la direction de l'exécutif. Songouvernement, présenté en début de mois, comprend des proches, comme le ministre de la Présidence et ministre de la DéfenseAntónio Vitorino, des cadres du PS, tel le ministre des Affaires étrangèresJaime Gama, et des centristes indépendants, à l'instar du ministre des FinancesAntónio Sousa Franco(pt)[12].
Lors d'un sommet organisé àLisbonne en, lePortugal, leBrésil, l'Angola, leCap-Vert, leMozambique, laGuinée-Bissau etSao Tomé-et-Principe signent l'accord actant la création de laCommunauté des pays de langue portugaise (CPLP), vieux projet de la diplomatie portugaise. À cette occasion, le Premier ministre affirme que la communauté renforcera l'identité, le poids des pays lusophones sur la scène internationale et annonce qu'il proposera « une réforme de l'Organisation des Nations unies pour avancer vers plus de démocratie et d'efficacité de la communauté internationale, qui doit intensifier ses efforts pour veiller aux droits humains et à la paix »[14].
Au début du mois de, il parvient à un « pacte de régime » avec leParti social-démocrate qui lui permet de faire voter le budget de l'État, non sans avoir durement attaqué le bilan des dernières années de pouvoir de Cavaco Silva, marquées par la récession, et vanté les succès obtenus par son gouvernement en seulement deux années de pouvoir[15]. Environ trois semaines plus tard, le, António Guterres fait face à sa première grande crise politique avec la démission de son numéro deux et Vice-Premier ministre officieuxAntónio Vitorino, à la suite d'allégations defraude fiscale commise en 1989[16].
Il procède alors à unimportant remaniement ministériel qui promeut ses proches au sein du PS. Ainsi le ministre adjointJorge Coelho cumule son poste avec le ministère de l'Intérieur ; son secrétaire d'État adjointJoaquim Pina Moura devient ministre de l'Économie ; le secrétaire d'ÉtatJosé Sócrates est nommé ministre adjoint du Premier ministre avec autorité sur la jeunesse, les sports et la toxicomanie ; tandis que le ministre de la Sécurité socialeEduardo Ferro Rodrigues prend la tête d'un grand ministère du Travail et de la Solidarité[17]. À cette occasion, il reconnaît que ces changements étaient prévus mais après les municipales du suivant[18]. Ce scrutin marque une nouvelle victoire du PS,João Soares conservantLisbonne etFernando Gomes étant réélu àPorto.
Opposant à titre personnel à la libéralisation de l'interruption volontaire de grossesse (IVG) au nom de ses valeurs[19], il accepte en la tenue d'un référendum sur le sujet, une semaine après le vote par le Parlement d'une loi allant dans ce sens et proposée par une partie du PS[20]. Du fait de ce positionnement, ni le PS ni le gouvernement ne mènent campagne pour le référendum, le premier de l'histoire démocratique, convoqué le, ce qui suscite de violentes critiques de la part des Jeunesses socialistes (JS)[21]. Du fait d'une abstention de 68 %, le résultat négatif à 51,9 % n'est pas contraignant pour l'Assemblée de la République mais le groupe socialiste décide de ne pas pousser plus avant le débat parlementaire, ce résultat provoquant des reproches sévères deManuel Alegre, opposant interne de Guterres au Parti socialiste[22].
À peine cinq mois plus tard, le, il connaît son premier échec électoral depuis son arrivée au pouvoir avec le rejet par référendum du projet de décentralisation administrative qui devait aboutir à la création de huit Régions, en plus des Régions autonomes desAçores et deMadère. À l'annonce du résultat – 63,9 % de votes négatifs – il déclare que « la responsabilité du Parti socialiste est totalement et entièrement assumée par moi » ; malgré cet échec du parti au pouvoir, le président du PPD/PSDMarcelo Rebelo de Sousa exprime sa volonté que le gouvernement aille au terme de son mandat « car le pays a avant tout besoin de stabilité »[23].
À seulement quatre mois des législatives se tiennent lesélections européennes du 13 juin 1999. Il choisit l'ancien chef de l'ÉtatMário Soares, fondateur et premier secrétaire général du parti, pour mener la liste socialiste[24]. Obtenant seulement 40 % de participation, le PS obtient 43 % des suffrages et 12 députés sur 25 auParlement européen, une victoire que Guterres qualifie « d'historique »[25].
Populaire et jouissant d'un grand prestige grâce à l'amélioration de la situation économique, l'instauration du revenu minimum garanti et l'impact de l'exposition universelle de Lisbonne en 1998, il mène la campagne desélections législatives du 10 octobre 1999 avec l'objectif de remporter la majorité absolue des sièges à l'Assemblée de la République[26]. Le jour du scrutin, le Parti socialiste arrive encore largement en tête en recueillant plus de 2 385 000 voix, ce qui correspond à 44,06 % des voix et 115 sièges sur 230 au Parlement, soit un siège de moins que la majorité absolue. Deux jours après ce scrutin, lePortugal obtient d'être le pays organisateur duChampionnat d'Europe de football 2004[27].
Il forme sonsecond gouvernement le suivant, organisé autour de quatre personnes-clés : le ministre d'État et ministre des Affaires étrangèresJaime Gama, coordinateur de la politique extérieure et numéro deux de l'exécutif ; le ministre de la Présidence et ministre de l'Équipement socialJorge Coelho, coordinateur de la politique intérieure ; le ministre de l'Économie et ministre des FinancesJoaquim Pina Moura, coordinateur de la politique économique ; le ministre du Travail et de la SolidaritéEduardo Ferro Rodrigues, coordinateur de la politique sociale[28]. Lors de la présentation de son programme aux députés dix jours plus tard, il appelle à une grande réforme du système politique, qui limiterait les dépenses électorales, assurerait un meilleur contrôle du financement des partis et changerait le mode de scrutin, passant de la proportionnel à l'uninominal[29].
Ce second mandat, marqué par la présidence de l'Union européenne pendant le premier semestre de 2000, voit également un retournement défavorable de laconjoncture économique[30]. En, il voit deux ministres, dont son ami et fidèle en politiqueArmando Vara, démissionner pour des soupçons de corruption, une affaire qui révèle en outre les conflits internes auParti socialiste[31]. Après la chute d'un pont àCastelo de Paiva qui cause plusieurs dizaines de mort,Jorge Coelho doit quitter immédiatement le gouvernement tandis que l'exécutif fait l'objet de nombreuses critiques car le mauvais état des infrastructures dans cette partie du pays était connue et avait même donné lieu à une manifestation deux mois plus tôt[32].
Les élections régionales du donnent à chaque grand parti une Région autonome. Le PS conserve en effet le pouvoir auxAçores avec un score de 49 % des suffrages et 30 élus sur 52, tandis qu'àMadère le PPD/PSD remporte 55,9 % des voix, soit 41 sièges sur 61. Par ailleurs, lors de l'élection présidentielle du 14 janvier 2001, leprésident de la RépubliqueJorge Sampaio est réélu dès le premier tour face à quatre candidats, dont trois de gauche, avec un score de 55 % des voix dans un contexte de forte abstention.
Ces succès électoraux ne se reproduisent cependant pas lors des élections locales du. Au cours de ce scrutin effectivement, les sociaux-démocrates reprennent les mairies deLisbonne etPorto aux socialistes et se placent en tête au niveau national, une première depuis les élections législatives de 1991. Affirmant vouloir assumer le résultat, éviter un « bourbier politique » et clarifier la situation, António Guterres annonce sa démission le soir même du scrutin, quelques instants avant l'annonce officielle de la défaite du PS dans la capitale portugaise[33].
Il dépose officiellement sa démission le lendemain du scrutin et le, il renonce à diriger leParti socialiste lors d'une réunion extraordinaire de ses instances dirigeantes[34].
António Guterres en visite aucamp Choucha, en Tunisie, à la suite de la crise des réfugiés libyens en mars 2011.
En 2004, à l'occasion du congrès extraordinaire du PS organisé après la démission de Ferro Rodrigues, ce dernier appelle à son ancien Premier ministre à être candidat à l'élection présidentielle de janvier 2006, lançant au nouveau secrétaire généralJosé Sócrates :« Nous avons servi ensemble le pays dans les gouvernements d'António Guterres. J'espère que d'ici un an nous serons aussi ensemble dans un grand combat pour une grande victoire aux présidentielles »[36].
Sa candidature à l'élection présidentielle de janvier 2016 est de nouveau évoquée en. À l'occasion de la présentation de la biographie deJorge Coelho, il déclare « Je ne suis pas candidat, mais il y a une probabilité, même infime, que cela arrive », expliquant se refuser à faire « des promesses pour l'éternité » ; cette intervention est favorablement accueillie par le parti, son ancien ministre de l'AgricultureLuís Capoulas Santos parlant même de « candidat difficilement battable »[39].
Son mandat à la tête du UNHCR prend fin le, ses fonctions étant reprises par le diplomate italienFilippo Grandi. Pour la présidentielle organisée trois semaines plus tard, le PS n'investit officiellement aucun candidat.
Guterres avec l'AméricainJohn Kerry, en novembre 2016.
Le, le nouveau Premier ministre portugaisAntónio Costa indique que son gouvernement compte proposer la candidature de Guterres au poste desecrétaire général de l'ONU alors que le mandat deBan Ki-Moon se termine à la fin de l'année[40]. Après avoir réussi la séquence des auditions des candidats, il est en tête du premier vote indicatif duConseil de sécurité des Nations unies le avec 12 votes d'encouragement et 3 suffrages« sans opinion »[41]. Il continue de s'imposer avec une douzaine de votes favorables, lors des scrutins tenus en puis en[42],[43]. Enfin, lors du vote décisif du, il obtient 13 votes favorables, ce qui lui assure d'être élu[44].Il annonce quelques semaines plus tard qu'il s'entoure deAmina J. Mohammed, ministre nigériane, appelée à devenir la vice-secrétaire générale, Maria Luiza Ribeiro Viotti, diplomate brésilienne qui dirigera son cabinet, et de Kyung-wha Kang, diplomate de Corée du Sud, nommée au poste de conseiller spécial sur la politique[45].
Le, Antonio Guterres est le premier secrétaire général de l'ONU à participer à l'Assemblée plénière duCongrès juif mondial où il déclare :« la forme moderne de l’antisémitisme est de nier l’existence de l’État d’Israël. »[46].
Par décision du conseil de sécurité le (résolution 2580), il est reconduit pour un second mandat de cinq ans qui débute le[47].
Il est particulièrement investi sur le sujet du climat[48]. Il souhaite également deux sièges permanents pour des pays africains au conseil de sécurité de l'ONU avant 2026[49].
Le, le ministre israélien des Affaires étrangèresIsraël Katz annonce qu'il l'a déclaré « persona non grata », lui reprochant de ne pas avoir nommément condamné larépublique islamique d'Iran pour avoir lancé la veille 200 missiles sur le territoire d'Israël[50].
Le, il épouse àLisbonne Luísa Amélia Guimarães e Melo, née en 1946. Deux enfants naissent de cette union : Pedro en 1977 et Mariana en 1985. Sa femme meurt d'uncancer le àLondres[51],[52].
Il se remarie trois ans plus tard, le avec Catarina de Almeida Vaz Pinto, qui a onze ans de moins que lui. Elle est adjointe au maire deLisbonne, chargée de la culture et des relations internationales[53].
↑Julia Hamlaoui, « Pourquoi Israël déclare Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU « persona non grata » sur son territoire »,L'Humanité,(lire en ligne, consulté le).