Agencement du système d'anneaux et de lunes de Neptune. Les lignes pleines indiquent les anneaux ; les lignes pointillées indiquent les orbites des lunes.
Lesanneaux deNeptune se composent principalement de cinq anneaux dont la présence fut découverte comme « arcs » en 1984 par deux équipes, française et américaine. Ils furent finalement photographiés en 1989 par la sondeVoyager 2.
Là où ils sont le plus denses, ils sont comparables aux parties les moins denses desanneaux principaux de Saturne, comme l'anneau C et ladivision de Cassini. La majeure partie du système d'anneaux neptunien est assezraréfiée[Quoi ?], ténue et poussiéreuse, ressemblant davantage auxanneaux de Jupiter. Les anneaux de Neptune sont nommés d'après lesastronomes qui ont contribué à d'importants travaux sur la planète :Galle,Le Verrier,Lassell,Arago, etAdams. Neptune a également un anneau ténu sans nom qui coïncide avec l'orbite de la lune neptunienneGalatée. Trois lunes orbitent entre les autres anneaux :Naïade,Thalassa etDespina.
Les anneaux de Neptune sont faits de matière extrêmementsombre, vraisemblablement descomposés organiques transformés sous l'effet derayonnement, et semblable à celle se trouvant dans lesanneaux d'Uranus. La proportion depoussière dans les anneaux (entre 20 % et 70 %) est forte, alors que leurépaisseur optique est faible.
Anneaux de Neptune pris par le télescope spatialJames-Webb.
La première référence à des anneaux autour de Neptune remonte à 1846, lorsqueWilliam Lassell, le découvreur deTriton (le plus grand satellite de Neptune), crut avoir vu un anneau autour de la planète. Toutefois, la découverte qu'il revendiquait ne fut jamais confirmée, et il est probable qu'il s'agissait là d'unartéfact. La première détection fiable d'un anneau fut réalisée en 1968 paroccultation stellaire, bien que ce résultat passa inaperçu jusqu'en 1977, au moment où les anneaux d'Uranus furent découverts. Peu de temps après la découverte de ces derniers, une équipe de l'Université de Villanova dirigée parHarold J. Reitsema se mit à chercher des anneaux autour de Neptune. Le, ils purent détecter une nette réduction de la luminosité d'une étoile au cours d'une occultation ; cependant la manière dont l'étoile s'estompait n'évoquait pas un anneau. Par la suite, après le survol deVoyager, on établit que l'occultation était due à la petite lune neptunienneLarissa, un événement très peu commun. Dans lesannées 1980, les occultations importantes furent bien plus rares pour Neptune que pour Uranus, qui se trouvait près de laVoie lactée à l'époque et était donc en mouvement devant un champ d'étoiles plus dense. L'occultation suivante de Neptune, le permit d'exclure la présence d'un anneau continu autour de Neptune.
Les premiers éléments tangibles sur la présence d'anneaux datent de 1984[1], où ils sont observés comme un anneau incomplet, des« arcs », au cours d'une occultation observée simultanément de l'Observatoire de La Silla (ESO) par Jean Manfroid (Institut d'Astrophysique de Liège), Reinold Haefner (U. deMunich) etPatrice Bouchet (ESO) à la demande d'André Brahic et de son équipe de l'Observatoire de Paris, et du Cerro Tololo Interamerican Observatory par l'équipe deWilliam Hubbard[2],[3],[4].
Voyager 2 permit d'établir définitivement l'existence des anneaux neptuniens au cours de son survol de la planète en 1989[1]. La sonde confirma que les occultations régulières observées jusqu'alors étaient bien causées par les arcs de l'anneau Adams (voir infra). Après le survol deVoyager, les anneaux les plus clairs (Adams et Le Verrier) furent mis en images grâce autélescope spatialHubble et aux télescopes au sol, à la suite des progrès accomplis en résolution optique et en technique de captage de la lumière.
Ils sont visibles, légèrement au-delà du niveau dufond diffus cosmologique, dans leslongueurs d'onde absorbant le spectre duméthane, et pour lesquelles la luminosité de Neptune est nettement réduite. Les anneaux les plus ténus sont, quant à eux, bien en deçà du seuil de visibilité.
Les anneaux de Neptune contiennent une grande quantité de poussières dont la taille est de l'ordre du micromètre : la fraction de poussière selon la tranche considérée varie de 20 % à 70 %. À cet égard, ils sont semblables aux anneaux de Jupiter, dont la part de poussière est de 50 % à 100 %, et sont très différents des anneaux de Saturne et Uranus, qui contiennent peu de poussière (moins de 0,1 %). Les particules dans les anneaux de Neptune sont faites d'un matériau sombre, probablement un mélange de glace et de composés organiques transformés par le rayonnement. Les anneaux sont généralement rougeâtres ; leuralbédo géométrique (0,05) et leuralbédo de Bond (0,01 à 0,02) sont semblables à ceux des particules des anneaux d'Uranus ainsi qu'à ceux deslunes intérieures de Neptune ; visuellement, ils sont fins (transparents), leurépaisseur optique ne dépasse pas 0,1. Considérés dans leur ensemble, les anneaux de Neptune ressemblent à ceux de Jupiter, les deux systèmes se composent d'annelets de poussières ténus et étroits, et de larges anneaux de poussières encore plus ténus.
Les anneaux de Neptune, comme ceux d'Uranus, sont considérés comme relativement jeunes ; leur âge est sans doute nettement inférieur à celui dusystème solaire. D'autre part, comme pour Uranus, les anneaux de Neptune se sont probablement formés à la suite de la fragmentation d'anciennes lunes intérieures lors de collisions. Il résulte de ces collisions la formation de ceintures de petites lunes, qui sont autant de sources de poussière pour les anneaux. À cet égard, les anneaux de Neptune sont semblables aux bandes de poussières ténues queVoyager 2 put observer entre les anneaux principaux d'Uranus.
Les arcs, qui sont les parties les plus brillantes de l'anneau Adams, furent les premiers éléments du système d'anneaux de Neptune à être découverts. Les arcs sont des régions distinctes au sein de l'anneau, où le cortège de matière est plus dense et forme des blocs sur l'anneau. L'anneau Adams contient cinq arcs courts, qui occupent une gamme de longitudes assez restreinte, sur 52°. En 1986, ils étaient situés respectivement à :
Les arcs sont des structures assez stables. Ils furent détectés par des observations au sol lors d'occultations stellaires dans lesannées 1980, parVoyager 2 en 1989 et par le télescope spatial Hubble et des télescopes au sol, de 1997 à 2005. Toutefois, on put observer certains changements. La luminosité de l'ensemble des arcs a diminué depuis 1986. L'arc Courage a fait un bond en avant de 8°, pour se situer à 294° delongitude (sans doute passant d'une position stable de résonance co-rotationnelle à la suivante), tandis que l'arc Liberté avait presque disparu en 2003. Les arcs Fraternité et Égalité (1 et 2) ont montré des variations irrégulières de luminosité. Leur dynamique observée est probablement liée à l'échange de poussière entre eux. Courage, arc très ténu qui fut découvert lors du survol de la planète parVoyager, est apparu d'une luminosité flamboyante en 1998, bien différente de l'aspect obscur habituel qu'on lui connaît de nouveau. Les observations en lumière visible montrent que la quantité totale de matière dans les arcs est restée à peu près constante, bien que ceux-ci soient maintenant plus sombres dans les longueurs d'onde infrarouges qui avaient déjà été observées auparavant.
L'existence surprenante des arcs de l'anneau Adams n'a toujours pas reçu d'explication satisfaisante. La dynamique orbitale élémentaire permet de supposer qu'ils devraient se dissiper jusqu'à former un anneau uniforme en quelques années. Plusieurs théories furent proposées afin de rendre compte de cette tendance des arcs à perdurer. Celle ayant fait le plus d'écho soutient que c'estGalatée qui maintient les arcs dans leurs limites parrésonance co-rotationnelle d'inclinaisonterme exact ? (RCI) de rapport 42:43. La résonance crée84 sites stables le long de l’anneau, chacun occupant 4° de section d'orbite, les arcs occupant les sites adjacents. Néanmoins, les mesures dumoyen mouvement des anneaux (c.-à-d. de lavitesse angulaire moyenne sur l'orbite) grâce au télescope Hubble et à l'Observatoire W. M. Keck en 1998 permirent de conclure que les anneaux ne sont pas en RIC avec Galatée.
L'anneau Adams est un entrelac en forme de tresse, constituée de 3 anneaux séparés par une étrange répulsion. Photo NASA
Un modèle ultérieur suggéra que le confinement des arcs était la conséquence d'unerésonance co-rotationnelle d'excentricitéterme exact ? (RCE). Le modèle prend en compte la masse finie de l'anneau Adams, ce qui est requis pour rapprocher la résonance de l'anneau. Cette théorie motiva une estimation de la masse de l'anneau Adams —environ 0,2 % de la masse de Galatée.
Une troisième théorie proposée en 1986 suppose qu'une lune supplémentaire est en orbite à l'intérieur de l'anneau, les arcs étant pris au piège dans lespoints de Lagrange stables de celle-ci. Cependant, les observations deVoyager 2 apportent des contraintes importantes sur la taille et la masse d'éventuelles lunes inconnues, ce qui fragilise une telle théorie.
D'autres théories plus complexes supposent qu'un certain nombre de petites lunes sont prises au piège dans des résonances co-rotationnelles avec Galatée, et assurent ainsi le confinement des arcs tout en leur apportant des poussières.
Les anneaux ont été scrutés en détail au cours du survol de la sondeVoyager 2 en. Ils ont été étudiés par imagerie optique, et avec des observations d'occultations dans l'ultraviolet et la lumière visible.Voyager 2 a observé les anneaux sous plusieurs angles par rapport au Soleil, produisant des images de la lumière diffusée de face, traversant les anneaux et comme diffractée, ou les éclairant selon un angle intermédiaire. L'analyse de ces images permit de déduire la fonction de phase des particules de l'anneau (c.-à-d. laréflectivité de l'anneau selon l'angle entre l'observateur et leSoleil), ainsi que les albédosgéométrique etde Bond des particules de l'anneau. L'analyse des images deVoyager a également conduit à la découverte de sixlunes intérieures de Neptune, dontGalatée, leberger de l'anneau Adams.
Les objets dont le nom est en italique sont ceux qui auraient eu des anneaux dans le passé (−) ou devraient en avoir dans le futur (+), mais n'en ont pas aujourd'hui. Les objets dont le nom est barré sont ceux autour desquels l'existence d'anneaux a été suspectée ou envisagée, mais est aujourd'hui exclue.