Pour les articles homonymes, voirBoccage.
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| Conjoint | Pierre-Joseph Fiquet du Boccage(à partir de) |
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Anne-Marie Le Page, diteFiquet du Boccage, née àRouen le et morte àParis le, est uneécrivaine,poète,épistolière etdramaturgefrançaise. Elle est connue pour sa carrière littéraire hors norme pour son époque, car elle s'illustre dans de grandsgenres littéraires alors réservés aux hommes et rencontre un grand succès.
Anne-Marie du Boccage est issue d’une famille de la haute bourgeoisierouennaise. Elle a rédigé deslettres, despoèmes et despièces de théâtre.
Elle épouse, en1727,Pierre-Joseph Fiquet du Boccage, unreceveur des tailles également amateur de belles-lettres. Le couple fréquente tous les amateurs de lettres de Rouen :Le Cornier de Cideville, l’abbé du Resnel, le futur avocat de l’affaire CalasÉlie de Beaumont,Jeanne-Marie Leprince de Beaumont, l’abbé Yart…
Après son établissement àParis en1733, le couple Du Boccage se constitue peu à peu unsalon. Anne-Marie du Boccage entre en relation avec les gens célèbres.
En juillet1746, elle reçoit, récompense exceptionnelle pour une femme, le premier prix que décerne l’Académie de Rouen.
Elle fait envoyer son poème àVoltaire qui lui répond le en l’appelant la« Sapho de Normandie ». Le Cornier de Cideville, qui est le correspondant normand de Voltaire, la recommande àFontenelle qui ne tarde pas à devenir un de ses habitués du dimanche. Membre de l’Académie française et de l’Académie des sciences, Fontenelle lui permet de se lier à l’académicienMarivaux et de faire la connaissance d’un autre académicien, l’abbé Trublet et des savants membres de l’Académie des Sciences tels qu’Francesco Algarotti etAlexis Claude Clairaut.
En février1748, elle fait paraître une traduction en six chants duParadis perdu deJohn Milton dédié à l’Académie de Rouen. Voltaire et Fontenelle font son éloge et l’abbé deBernis publie des vers en son honneur. Ce poème lui vaut l’intérêt du public et une gloire immédiate. De la fin desannées 1740 jusqu’auxannées 1760, on ne compte plus les poèmes publiés à sa gloire dans leMercure de France.
Encouragée par le succès duParadis terrestre, elle se risque à affronter la scène théâtrale, avecLes Amazones, tragédie en vers, audace jugée impardonnable chez une femme par certains. En dépit d’un public« extrêmement prévenu contre elle », Anne-Marie du Boccage s’obstine, tombe malade à la veille de la première mais connaît le succès le à laComédie-Française.Charles Collé rapporte qu’il y a un monde fou,« comme à une première représentation de Voltaire ou deCrébillon dans le fort même de l’hiver », même s’il juge nécessaire d’attribuer sa pièce à du Resnel ou à Linant.
Lesmisogynes se déchaînent à qui mieux mieux pour la blâmer de s’être risquée à s’aventurer sur la chasse gardée des hommes au théâtre. Ainsi l’abbéRaynal :« Sans l’indulgence qu’on a pour son sexe, la première représentation n’aurait pas été achevée. » ouBaculard d’Arnaud :« On peut nommer cette pièceles Menstrues de Melpomène. (…) Qu’elle se contente de régner au lit, et qu’elle nous laisse le théâtre ! »Les Amazones ont néanmoins connu onze représentations, un succès pour une époque où nombre de pièces tombaient souvent dès la première représentation. À son époque, Fontenelle a demandé à être le censeur de la pièce pour l’approuver publiquement en ces termes :« J’ai lu cette pièce où l’on voit avec beaucoup de plaisir, lesAmazones guerrières si bien représentées par une autre illustre Amazone duParnasse. » Aujourd’hui, cette œuvre bénéficie d’un regain d’intérêt et a fait l’objet d’étudesféministes[1].
Anne-Marie du Boccage se lance ensuite dans le genre de l’épopée avecLa Colombiade, poème en dix chants qui causa une vive sensation dans le monde littéraire. Voltaire,Fréron, leMercure de France, leJournal des savans et leJournal de Trévoux en ont fait de grands éloges. Le poème a été réédité trois fois àParis et traduit enanglais, enespagnol, enallemand et enitalien.
De tous ses ouvrages, sesLettres sur l'Angleterre, la Hollande et l'Italie ont également obtenu beaucoup de compliments. LesLettres sur l'Italie, qu'elle publie en 1755, sont une version retravaillée de véritables lettre envoyées par Anne-Marie du Boccage à sa sœur lors de son voyage en Italie. Elles constituent le premierrécit féminin de voyage en Italie[2].
Anne-Marie du Boccage a également su accumuler les honneurs littéraires comme aucune autre femme de lettres de son temps. Après l’Académie de Rouen en1756, celle deLyon lui ouvre ses portes le. Entre-temps, elle fait un voyage triomphal enItalie avec son mari. Non seulement elle est reçue par le pape, mais elle est la deuxième Française aprèsÉmilie du Châtelet, à être admise aux deux prestigieusesAcadémies des Arcades de Rome et deBologne. À Naples, elle rencontre la physicienne et traductriceMariangela Ardinghelli[3]. Son ami Algarotti l’a également fait recevoir à l’Académie de Padoue,de Florence et de Cortone. Elle est fêtée de ville en ville par toutes les personnalités de premier plan comme une femme hors du commun. Elle devient également l'amie intime de l'écrivainCharles-Albert Demoustier.
Anne-Marie du Boccage a affiché un certainféminisme, n’hésitant pas à prendre la plume pour soutenir d’autres femmes,auteures oupeintres, mais elle s’est attaquée aux grands genres réservés en principe aux hommes tels que latragédie et l’épopée.

Depuisdata BNF on peut visualiser dansGallica Les Amazones ; L'Opéra , ode ; Le Recueil des œuvres de Madame du Boccage ; La Paradis terrestre, poème imité deMilton
La tragédieLes Amazones a été traduite en italien dès l'époque d'Anne-Marie du Boccage par Luisa Bergalli. La pièce a été adaptée librement par Goldoni dansLa Dalmatienne[4].
En France, une rue deRouen et une rue deNantes portent le nom d'Anne-Marie du Boccage.
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