Alors que les toutes premières animations japonaises connues datent de1917[4] et qu'un bon nombre dedessins animés originaux sont produits durant les décennies suivantes, la caractéristique et le styleanime se développent durant lesannées 1960 (notamment grâce aux travaux d'Osamu Tezuka) et se popularisent hors des frontières du Japon durant lesannées 1970 et1980.
L'animé, comme lemanga, jouissent d'une grande audience au Japon et sont facilement reconnaissables dans le monde entier. Les distributeurs peuvent diffuser un animé par le biais de chaînes télévisées, parvidéo, au cinéma ou encore enstreaming.
Au Japon, le premier terme utilisé pour désigner les œuvres d'animation estsenga eiga (film dessiné)[5],[6], considéré comme un genre particulier du cinéma, et non un art distinct[7]. Avec la popularisation dumanga, le termemanga eiga(漫画映画?) (film de manga) apparaît dans lesannées 1920 pour désigner une œuvre d'animation scénarisée, tandis quesenga eiga devient un terme technique désignant l'aspect graphique.Dōga eiga (film d'animation) est un des synonymes demanga eiga, apparu en 1937[5]. Le premier spécialiste japonais à distinguer clairement cinéma et animation estTaihei Imamura dans lesannées 1940[8].
Après laSeconde Guerre mondiale, l'apparition de séries télévisées à bas coût (Astro Boy (1963) étant la première) introduit un nouveau terme,terebi manga (manga télévisé), usité jusque dans lesannées 1980, en opposition àmanga eiga désignant alors plutôt le cinéma d'animation[9].
Le termeanimēshon, écrit enkatakana, apparaît également après-guerre, dérivé du motanglaisanimation sous l'occupation américaine ou, selon une autre théorie, dufrançais dessin animé[10]. Son diminutifanime se diffuse dans lesannées 1960 et1970, supplantant définitivementmanga eiga etterebi manga dans la décennie 1980[11],[9]. Le terme reflète essentiellement la profonde modification de la production d'animation après-guerre portée par le studioToei Animation, avec deux grands axes : les longues séries télévisées commerciales à bas coût dontAstro Boy reste l'archétype, et les longs-métrages d'animation sur le modèle deDisney[12]. Les changements relèvent aussi de l'appropriation de techniques d'animation modernes permettant une production massive, rapide et peu onéreuse, comme la généralisation ducelluloïd et l'animation limitée[13]. Ainsi, l’anime se définit aussi comme un marqueur temporel pour les spécialistes, délimitant l'avant et l'aprèsAstro Boy dans l'animation japonaise[12],[14].
Au Japon,anime signifie animation au sens large, y compris étrangère, et couvre tous les supports (films, séries télévisées,OVA). En Occident, le termeanime désigne spécifiquement l'animation japonaise[15],[5],[16]. Les réalisateursIsao Takahata etHayao Miyazaki préfèrent toutefois définir leurs longs métrages d'animation comme desmanga eiga[17], en opposition aux animes télévisés de moins bonne facture[18].
Hayao Miyazaki, fondateur du studio Ghibli.Il est également le réalisateur des nombreux films à succès de ce studio.
Les animes sont très populaires auJapon : en 2001,Le Voyage de Chihiro a battu le record de popularité dans ce pays, devançant lefilmTitanic[19],[20]. De ce jour, le record a été battu par le filmDemon Slayer: Le Train De L'infini.
Très souvent, ils sont en rapport avec un manga : soit l’anime est basé sur un manga à succès, soit un manga est créé à partir d’un anime populaire. Parfois, les deux sont créés en même temps. D’autres séries, commeMedabots, ou plus récemmentTokyo Demon Campus, s’inspirent dejeux vidéo. Enfin, beaucoup d’animes s’inspirent également devisual novels à succès ; on peut ainsi citerClannad,Fate/stay night,Ef: A Fairy Tale of the Two etPhantom of Inferno, qui se sont vus adaptés en anime à la suite de leur succès commercial.
Elles sont diffusées à la télévision. Si la durée standard d'un épisode est généralement de 24 minutes environ, le nombre d'épisodes total est variable selon les époques.
Dans lesannées 1960, plusieurs séries d’animes comptent 52 épisodes, commeSpeed Racer, et jusqu'à 193 épisodes pourAstro Boy.
Ce sont des animes produits directement pour la vente en vidéo (physique, aujourd'hui également numérique). Leur qualité technique est souvent meilleure que celle des séries, car les délais sont moins contraignants et le budget plus élevé (pour un public plus ciblé). Ce format permet également la production de programmes à public plus restreint (par exemple pour adultes, avec leHentaï).
Bien qu'aujourd'hui considérée comme désuète au Japon, l'abréviation « OAV » continue parfois d'être utilisée à l'étranger (cf.Original video animation).
Ces productions sont similaires aux OVA, mais spécifiquement destinées à être principalement diffusées surInternet, par exemple à travers une plateforme payante par abonnement. Ces productions peuvent parfois bénéficier par la suite d'une diffusion vidéo physique (a contrario des OVA dont le support physique est le mode de diffusion premier, ou parfois complété par une diffusion numérique).
Au fil du temps, certains termes (associés aussi au monde du cinéma, mais plus particulièrement issus de mots anglais) se sont introduits dans le jargon des amateurs d'anime :
Filler : hors-série/hors du contexte du manga original ;
Fleuve : un anime fleuve est un anime avec un épisode par semaine contrairement aux anime sortant par saisons.
Préquelle : épisode produit après mais concernant une histoire préalable (par ex.Cube Zero est sorti aprèsCube etCube 2) ;
Fansub : fait de traduire et de sous-titrer illégalement un épisode sorti au Japon mais pas encore dans son pays. Le fansub est populaire auprès des fans car il permet d'éviter d'attendre l'adaptation des épisodes et de visionner ces derniers en version originale. En effet, nombreux sont ceux qui préfèrent les voix japonaises ;
Simulcast : Similaire aufansub, lesimulcast se différencie par une plateforme légale et un partenariat avec la société d'édition.
Version Kai : Recoupage des épisodes sous forme de films d'1 à 2 heures pour être plus fidèle à l'histoire originale en virant les hors séries, les génériques et les temps de pauses.
Semi-hors série : Filler qui fait quand même avancer l'histoire.
Avec la fin de la guerre, l'industrie cesse d'être anti-américaine et devient le deuxième producteur mondial après lesÉtats-Unis[21].
Dans lesannées 1950 apparaît la Tōei Dōga ouToei Animation, le plus gros studio d'animation du Japon. Dans la même décennie, l'industrie japonaise se spécialise pour les deux marchés que sont l'export et le marché local[21].
Il fallut attendre 1963 pour qu'apparaisseAstro Boy, une série animée adaptée du manga d’Osamu Tezuka :Astro, le petit robot. C'est la première grande série animée dotée de personnages récurrents au sein d’une histoire suivie. Ou bien encoreLe Roi Léo (1965), première série animée japonaise en couleur[22].Tetsujin 28-gō se rendit également célèbre auJapon.
Récemment les animes visent aussi une certaine réalité, notamment ceux ayant pour thème principal le sport, du premier en 1984 (Jeanne et Serge) jusqu'à aujourd'hui (Haikyū,Yuri on Ice et autres). C'est l'un des types d'animes se rapprochant le plus de la réalité par certains aspects, par exemple par les noms des techniques et les sports représentés. On retrouve les aspects japonais primordiaux tels que le respect de la hiérarchie, de la discipline et le sens de l'effort. Tout cela est contrebalancé par des clins d'œil comiques dans les moments sérieux. Avec le temps, ils ont pris de l'ampleur et sont devenus de plus en plus connus jusqu'à inciter des nouvelles vocations.
Exemple de conception de personnage d'anime genré.
Les films d'animation japonais peuvent avoir des caractéristiques particulières sur le public ciblé, sur les techniques de production parfois à bas coût ainsi que sur les questions de genre et de violence. L'industrie japonaise de l'animation cible un public adulte là où en Occident l'industrie de l'animation cible un public enfantin[21]. L'industrie japonaise de l'animation bénéficie de technique de production à bas coût, tel que le faible nombre d'images par seconde, ou des plans fixes sur des personnages, qui permettent de réduire le nombre d'images à produire[21]. Ces bas coûts lui ont permis d'être compétitive pour l'animation d'histoires occidentales. Mais d'autres films d'animations japonais se basent sur des concepts culturels différents[23],[21]. Sur la question du genre, les films d'animation japonais comptent autant d'héroïnes féminines que de héros masculins, toutefois, ceux-ci sont très genrés[21]. Sur la question de la violence, les films d'animation japonais ont, en France, eu la réputation de ne pas être adaptés aux émissions pour la jeunesse, en raison de leur caractère violent[21]. Cette question a été défendue par des ministres commeSégolène Royal. En langue japonaise, les personnages parlent d'une manière qui laissent transparaître leur archétype, leYakuwarigo.
Du début desannées 1980 jusqu’auxannées 1990, les maisons de productions franco-américainesSaban etDiC ont eu tendance à supprimer les crédits des auteurs des séries importées ou coproduites.
Le terme japanimation regroupe simplement la totalité de l’animation japonaise. Ce terme fut créé du fait de la spécificité de la production locale par rapport à celle du reste du monde. En effet, là où l’animation occidentale est souvent considérée comme destinée aux enfants (en dehors d’œuvres d’auteurs indépendants ou de quelques comédies satiriques commeLes Simpson ouDaria, pour citer les plus connues), l’animation japonaise bénéficie dans ses sujets d’un traitement proche du cinéma en prises de vue réelle, abordant quasiment tous les genres, y compris la pornographie (hentai).
Au début desannées 1980, s'inspirant de ce style graphique de film d'animation, des Français produisirent diverses séries avec succès en s’entourant d’équipes japonaises. Ainsi,Jean Chalopin créa des séries commeUlysse 31 en 1981, puisLes Mystérieuses Cités d’or en 1982, etInspecteur Gadget également en 1982. En fait, de très nombreuses séries japonaises sortirent après 1980, mais le genre fut alors noyé dans le flot de l’animation enfantine, les télévisions opérant une sélection drastique dans la production japonaise.
Avec l’arrivée des chaînes privées, à la suite de la déréglementation de 1986 et la privatisation deTF1 en 1987, la jeunesse devient un enjeu de sensibilisation, et de véritables unités d’émissions jeunesse sont mises sur pied comme le célèbreClub Dorothée d’AB Productions sur TF1. Ces unités jeunesse trouvent dans la production japonaise un flot important de séries, qui plus est, à bas prix. Par ailleurs, la concurrence nouvelle et exacerbée entraîne une recherche de l’émotion et du dynamisme qui trouvera un cadre idéal dans la japanimation, et amènera petit à petit à certaines dérives.
En 1988, alors que la chaîneLa Cinq importeOlive et Tom, TF1 réplique le[24] avecLes Chevaliers du Zodiaque, série qui deviendra le symbole de l’époque, précédée le par la sérieDragon Ball. Celle-ci ne connaîtra vraiment le succès que plus tard, dans son second volet,Dragon Ball Z (1990), qui déclenchera une nouvelle vague d’inconditionnels, grands consommateurs de produits dérivés.Cherry Miel, une série contemporaine deGoldorak, a dû attendre quinze ans avant sa diffusion française.
Ces séries ont souvent été décriées pour leur violence. En fait, elles n’étaient pas destinées au public auquel elles ont été présentées (entraînant d’ailleurs une censure, rendant certains épisodes incompréhensibles). En effet, auJapon, il y a une très grande segmentation du manga : les combats deKen le Survivant n’ont rien à voir avec la candeur ou l’humour deJuliette je t'aime,Lamu,Dr Slump,Le Collège fou, fou, fou ouUne vie nouvelle. Autres séries phares :Nicky Larson,Ranma ½ etSailor Moon, qui auront un impact similaire àDragon Ball Z.
Logo français du film d'animation Le Tombeau des lucioles.
Le mot « anime » entre dans l’édition 2014 du dictionnaireLe Petit Larousse[25] et les mots « anime » et « animé » dans l'édition 2021 duPetit Robert[26].
Aujourd'hui, peu de chaînes diffusent des animes ; on peut noter la chaîneJ-One etGame One qui diffusent activement en J+1[27] plus de 60 animes au, les spectateurs d'animes francophones, qui souhaitent regarder plus que ce que propose la télévision, se tournent vers des sites internet de diffusion en ligne (VOD) commeNetflix,Crunchyroll,ADN ouWakanim qui proposent un catalogue bien plus fourni que la télévision[28].
Boutique spécialisée dans les animes japonais, située à Juzijie (Chine).
La diffusion d'anime japonais en Chine débute avecAstro, le petit robot dans les années 1980, mais ne se développe réellement que dans les années 2000 avec desanime pour enfants :Doraemon,Ikkyû-san,Détective Conan,Crayon Shin-chan ou encoreChibi Maruko-chan[29]. Depuis 2006, la diffusion de dessins animés d’origine étrangère aux heures de grande écoute est interdite, ce qui a favorisé le développement d'un marché parallèle, ainsi que de la vente en ligne[29].
Ces listes gagneraient à être rédigées sous la forme de paragraphes synthétiques, plus agréables à la lecture, les listes pouvant être aussi introduites par une partie rédigée et sourcée, de façon à bien resituer les différents items. D'autre part,Wikipédia n'a pas pour rôle de constituer une base de données et privilégie uncontenu encyclopédique plutôt que la recherche de l'exhaustivité.
LesSeiyū sont les comédien(ne)s spécialisé(e)s dans le doublage des animes. Ils sont, au Japon, considérés comme de véritables stars et sont très populaires, considéré comme de véritables artistes en apportant sa propre interprétation du personnage[30].
Les musiques d’anime, appeléesanison (pouranime song), sont souvent éditées en CD séparés, singles et albums, à destination des fans des séries. Certaines musiques sont parvenues en tête du classementOricon (l’équivalent du Top 50), tel queHare hare yukai,ending deSuzumiya Haruhi no yūutsu. Les artistes font aussi parfois des CD regroupant toutes lesanison qu’ils ont pu faire.
La plupart des musiques d’anime sont tirées d'un titre ou d'un album d'un groupe deJpop ouJrock du moment, sollicité au départ par les studios d'animation : les morceaux présentés sont souvent plus courts, voire légèrement modifiés, par rapport aux morceaux originaux (citons par exemple le titreTough Boy de TOMCAT, générique de début de l’animeHokuto no Ken saison 2. Le succès, pour ces groupes, dépend de celui de la série, mais est généralement au rendez-vous au moins à court terme, bénéficiant ainsi d'une publicité inespérée. Les animes utilisent donc souvent des gens de talent et, parfois, en découvrent, commeAsian Kung-Fu Generation (révélé parFullmetal Alchemist) ouOrange Range.
Parmi les principaux compositeurs de ces musiques, on peut citer :
↑Adrien Gombeaud (sous la direction d'),Dictionnaire du cinéma asiatique, Nouveau monde (éditions),, 640 p.(ISBN978-2-84736-359-3), Anime page23-26 (par Jasper Sharp)
↑Alice Develey et Claire Conruyt, « «Télétravailler», «sexto», «R.I.P.»... Les nouveaux mots du Petit Robert 2021 »,Le Figaro,(lire en ligne, consulté le).
↑J+1 : L'épisode est diffusé un jour après la diffusion au Japon en VOST.
Xavier Kawa-Topor et Ilan Nguyên,« Modernité de l'animation japonaise. Nouvelles images, nouvelles chimères », dans Ludovic Graillat,De Tron à Matrix: Réflexions sur un cinéma d'un genre nouveau, Cinémathèque de Toulouse, CRDP Midi-Pyrénées,(ISBN9782865650460)
Brigitte Koyama-Richard,L'Animation japonaise : du rouleau peint aux Pokémon, Flammarion,, 245 p.(ISBN978-2-08-122787-3)
Marie Pruvost-Delaspre,« III. Pour une histoire homonymique et toponymique de l’animé », dans Nathalie Bittinger (dir.),Les cinémas d’Asie : Nouveaux regards, Presses universitaires de Strasbourg,(ISBN9791034404704,lire en ligne),p. 43-52