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Angevin

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Pour l’article homonyme, voirAngevin (cheval).

Angevin
Angevin
PaysFrance
RégionMaine-et-Loire,Mayenne,Sarthe,
partie orientale de laLoire-Atlantique
et plus généralement ancienne province d'Anjou
TypologieSVO
Classification par famille
Codes de langue
Glottologange1244
Carte
Image illustrative de l’article Angevin
Carte de répartition de l'angevin et de ses dialectes dans l’actuel département deMaine-et-Loire et l'ancienne province d'Anjou.
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L'angevin est undialecte faisant partie de la famille deslangues d'oïl, branche deslangues romanes et anciennement parlé dans l'ancienne province d'Anjou. Quasiment disparu, il se perpétue via lesrimiaux, des poèmes rédigés en angevin, ainsi que dans certaines expressions quotidiennes.

Classification et répartition géographique

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Carte illustrant la répartition géographique des langues d'oïl selon Marie-Rose Simoni Aurembou.
Carte deslangues d'oïl selon Marie-Rose Simoni-Aurembou.

Classifications

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L'angevin est un dialecte français particulier qui a évolué à partir du latin puis duroman du nord de laGaule. Ce faisant, il partage de nombreux traits communs à d'autres dialectes de l'Ouest de la France[1], que l'on qualifie parfois dedialectes occidentaux : en premier lieu lesparlers de Touraine, du Maine (parler sarthois, parlermayennais), ainsi que legallo de Bretagne[2] et certains parlers deNormandie méridionale.

En revanche, les dialectes du centre-ouest (est de laSarthe et de l'Indre-et-Loire) sont classifiés dans les dialectes du français central avec l'orléanais.

Répartitions

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Il est utilisé principalement dans ledépartement deMaine-et-Loire, le sud de laSarthe, laMayenne angevine, l'ouest de l'Indre-et-Loire et autour deChâteaubriant (Loire-Atlantique). À noter qu'un certain nombre de termes ont pénétré l'anglais via l'anglo-normand, au moment de la domination angevine sur la Grande-Bretagne.

Ce qu'on pourrait également appeler le « patois angevin » ne présente pas de réelle unité, mais revêt au contraire une grande diversité, selon le « pays », voire le village où il est parlé. Par conséquent, on constatera des faits phonétiques légèrement différents en comparant un point à un autre, ainsi que l'emploi d'un vocabulaire et d'expressions spécifiques. Plusieurs zones peuvent être distinguées : lesMauges, leCraonnais, leBaugeois et leSaumurois.

Les langues de l'Ouest selon plusieurs auteurs :

Caractéristiques phonétiques

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Consonantismes

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Rien à signaler de particulier par rapport aufrançais standard, l'Anjou se trouvant au sud de laligne Joret.

Pourtant, il existe quelques spécificités, dont certaines sont considérées comme des archaïsmes en français, par exemple : absence de la consonne/f/ dans certains mots comme « neuf » (/nø/).

D'autres sont communes à certains dialectes : l'association ‹ cl › ([kl]) est mouillé (quiar pour « clair »), lel sepalatalise quand il est placé derrière une consonne (bié = « blé » ;biance pour « blanc »)

Vocalismes

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Traits communs

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L'angevin partage avec les parlers du grand ouest français un certain nombre de traits phonétiques essentiels :

  • traitement du [e] long et [i] bref latins : ils ont donné unediphtongue [ei] dans le plusancien français, mais alors qu'elle évoluait vers [wa] dans les dialectes du français central et oriental, à l'ouest la diphtongue s'est monophtonguée en [e] ou [ɛ]
Exemples
OuestFrançais
mé, té, sémoi, toi, soi
fé, drét, véturefoi, droit, voiture
neir, pesson, vésinnoir, poisson, voisin
  • traitement du [o] long et du [u] bref latin : ils ont donné une diphtongue [ou] dans le plus ancien français, mais alors qu'elle évoluait vers [ø] (graphiée -eu- ou -œu-) dans les dialectes centraux et orientaux, à l'ouest elle s'est simplifiée en [u] (notée -ou-)
Exemples
OuestFrançais
couequeue
nounœud
goulegueule

Les produits du suffixe latin-ore(m) offrent de nombreux exemples de cette évolution particulière à l'ouest (à l'exclusion cependant de la Normandie orientale) :pêchoux (pêcheur),chassoux (chasseur),battoux (batteur),prioux (prieur). Ceux du suffixe-ōsus donnent des adjectifs en-oux :heuroux (heureux),chançoux (chanceux), etc.

  • traitement du suffixe latin-oriu : alors qu'en français, il a évolué en-oir, dans les parlers de l'ouest, il devient-eu. Exemples :pre(n)sseu (pressoir),raseu (rasoir),mireu (miroir),moucheu (mouchoir), etc.

Traits plus spécifiques

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  • le [a] est long à la fin des mots : [a:], où il remplace parfois le-aie / -ais. Exemples :chênâ, pour chênaie, haie.
  • le [a] se transforme parfois en [o] (ormouère = armoire) ou en [ɛ] (chaircutier = charcutier).
  • le [ɛ] devient la plupart du temps [e] (méson = maison).
  • le digramme -oi- note le [we] comme en ancien français, dont il est issu
  • ouverture de [ɛr] en [ar]. Exemples :aubarge (auberge),harbe (herbe)[3], etc. cf. anglaismarvel (merveille), etc.

Exception

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Un trait vocalique particulier n'est pas commun à toute l'aire dialectale angevine : la non-labialisation de [e] derrière labiale. L'isoglosse de cette évolution propre à l'ouest, coupe les départements de Maine-et-Loire et de la Sarthe en deux.

Exemples
ancien françaisOuestFrançais
pelepêlepoêle
aveneavèneavoine
feinfeinfoin

Conjugaison

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L'angevin n'a pas de différence fondamentale avec la conjugaison française. Cependant, la grammaire angevine se gouverne plus par l'usage que par les conventions grammaticales[4].Ainsi, plusieurs conjugaisons sont totalement irrégulières. Le plus souvent, le pronomnous disparaît, remplacé par leje ou j', le verbe reste tout de même conjugué.

ÊtèrÊtre
je seisJe suis
t’esTu es
il/elle estIl/elle est
je sommesNous sommes
vous êtesVous êtes
il sontIls sont
AvouèrAvoir
j’aiJ'ai
t'asTu as
il/elle aIl/elle a
j'avonsNous avons
vous avezVous avez
il ontIls ont

Lexique

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Le lexique angevin est riche de plus de 20 000 mots, tels qu'il a été étudié dans leGlossaire étymologique et historique des parlers et patois de l'Anjou par Verrier et Onillon en 1908.La plupart de ces mots proviennent simplement du vieux français, et sont proches du français actuel en adaptant la prononciation. Cependant, certains mots du lexique angevin divergent totalement du français actuel[5].

Adverbes

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  • à c't'heure là : maintenant (commun à d'autres dialectes)
  • an’huit ouanhui : aujourd'hui (commun à d'autres dialectes), dans huit jours
  • vanqué : peut-être

Verbes

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  • abernaudir : se couvrir (commun au normand, etc.)
  • banner : pleurer
  • barrer : fermer la porte à clé (commun au poitevin, normand, etc.), son contraire estdébarrer
  • crouiller la porte : fermer la porte
  • entribarder : embarrasser, emmêler
  • mouillasser : pleuvoir, s'il s'agit d'une pluie fine, plutôt de crachin
  • pigner : pleurnicher, râler
  • pouille ton fàite : mettre ses vêtements

Adjectifs

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  • branné : mal étalé
  • ébanné : détendu (ex : les manches du pull sont ébannées)
  • gueuroué : gelé
  • queurci : carbonisé
  • regriché : hérissé
  • trempé-guené : mouillé, trempé

Autres termes

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  • amain : convenance, aise (désamain est son contraire)
  • an àché : ver de terre
  • an beurouette : une brouette
  • an gorin : un cochon
  • an marcou : un chat
  • an quéniacerie : une garderie d'enfants
  • an queniau : un gamin
  • ane carré : une cour
  • ane fillette : demi-bouteille de vin, très en usage dans les cafés de la région, parce que représentant une part pour 2 personnes
  • ane loche : unelimace ou, au sens péjoratif, une femme qui se laisse aller
  • bernaze : saoul(e)
  • bien rendu : bien arrivé
  • boyette : petite fenêtre
  • crayon de bois : crayon à papier
  • entarnous : entre-nous
  • gitté : jeter
  • la goule enfarinée : en montrant une confiance naïve d'obtenir à coup sûr ce qu'on est venu chercher ou un avantage.
  • la marienne : la sieste
  • le rond des cabinets : couronne de bois poli qui servait à adapter le diamètre de l'orifice à la taille des fesses enfantines
  • le tantôt : l'après-midi
  • l'oei : la matinée
  • malcommode : n'est pas pratique, se dit aussi parfois pour une personne de mauvaise humeur
  • nau : noël
  • pierre à sucre : morceau de sucre
  • ramasse-bourrier : Pelle à ordure (patois angevin et nantais)
  • topette ! : au revoir
  • un bottereau : un beignet
  • une r'nâpée : une averse
  • une seille : un seau

Phrases

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  1. D’où que t’as été t'fourré ? t’es tout guené, regarde më ça ! va don changer tes hardes avant d’attraper quieque chose.
    Où es-tu allé? T'es tout trempé, regarde ça! Va te changer avant d'attraper quelque chose.
  2. Il me semble ben qu’il va faire beau an’huit, le soleil s’est couché të rouge d’hier ou soir.
    Il me semble bien qu'il va faire beau aujourd'hui, le soleil s'est couché tout rouge hier soir.
  3. Regardez më ça quielles belles fleurs ! ça vous fait terjou ben an beau parterre d'vant an logi.
    Regardez, quelles belles fleurs ! ça fait toujours bien dans un beau parterre devant la maison.
  4. L'temp s'abernodit va y avoièr ane r'napée ! Pouille ton fàite, tu vo éte tout guené.
    Le temps se couvre, il va y avoir une averse ! Couvre-toi, tu vas être trempé.
  5. Je craillai ti voièr le gâs mile dans l'milieu d'la carré, c n'es point lui mais le gâs r'née.
    Je croyais voir (le gars) Émile au milieu de la cour, ce n'était que (le gars) René.
  6. Il est dur de la comprenoire.
    Il ne comprend rien.

Littérature

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Rimiaux

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La littérature angevine se présente sous la forme derimiaux, des poèmes ou des contes rimés. Parmi les auteurs de rimiaux se trouventAndré Bruel,Émile Joulain,Marc Leclerc,Yvon Péan,Philippe Pistel et l'éditeur angevinAndré Bruel.

Écrivains et poètes du parler angevin

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  • Pierre Anjou (pseudonyme de R. Cailler)
  • André Bruel
  • Antoine Charles (pseudonyme de André Allory)
  • Jules Bellard (dit l'Pèr' Jules)
  • Charles Duloir (pseudonyme de Maurice Murzeau)
  • Emile Joulain (dit L'Gars Mile)
  • Henri Jubeau (dit Fourchafoin)
  • Félix Landreau
  • Marc Leclerc
  • Marie Bondu (dit Mamée Marie)
  • Yvon Péan (dit Guérin Defontaine)
  • Louis Robineau

L'angevin dans la littérature française

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Honoré de Balzac emploie le parler angevin dansEugénie Grandet et il en donne la signification :

« — D'ailleurs, ces jeunes gens de Paris, tu verras que ça ne mange point de pain.
— Ça mangera donc de lafrippe, ditNanon. En Anjou, lafrippe, mot du lexique populaire, exprime l'accompagnement du pain, depuis le beurre étendu sur la tartine, frippe vulgaire, jusqu'aux confitures d'alleberge, la plus distinguée des frippes ; et tous ceux qui, dans leur enfance, ont léché la frippe et laissé le pain, comprendront la portée de cette locution »

— Balzac 1843,p. 253

Sources

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Références

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  1. Bonneteau 2010,p. 169.
  2. Jacques Allières,La formation de la langue française, coll. Que sais-je ?, éditions PUF, 1982,pp. 125 - 126.
  3. Bonneteau 2010,p. 170.
  4. Jeanneau et Durand 1982,p. 17.
  5. Bonneteau 2010,p. 174.

Bibliographie

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Compléments

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Articles connexes

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Liens externes

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