Andrzej Witold Wajda naît d'une mère institutrice et d'un père officier, Jakub Wajda, capitaine d'un régiment d'infanterie de l'armée polonaise. Son père sera l'un des 22 000 officiers polonais assassinés en 1940 lors dumassacre de Katyń, commis par lesSoviétiques et maquillé en crime de guerre allemand après laSeconde Guerre mondiale. Le jeune Andrzej s'engage deux ans plus tard, à16 ans, dans la résistance au sein de l'armée de l'intérieur polonaise, l'Armia Krajowa.
En1955, Wajda réalise son premier long-métragePokolenie (Une fille a parlé) où il rompt déjà avec le ton partisan des productions duréalisme socialiste prôné à l'époque par le parti communiste. Ce récit sur les jeunes de Varsovie pendant l'occupation est considéré comme le point de départ de la grande vague de films de « l'École polonaise de cinéma ». Deux films suivants de Wajda poursuivent le même sujet en mettant en avant la destinée de ceux que l'on appellera "génération des Colombs" :Kanał (Ils aimaient la vie) qui reçoit le Prix spécial du Jury au Festival de Cannes en 1957 etPopiół i Diament (Cendres et Diamant ) sorti en 1958. Ses succès lui donnent une position forte dans le cinéma polonais et en 1972, Wajda devient le président de l'Union des cinéastes polonais.
Proche des idées libérales deSolidarność, il se lie d'amitié avecLech Wałęsa qui le nommera en 1988 au comité des citoyens auprès du syndicat[3]. Il siégera ensuite au premier sénat élu librement en 1989[4].
Wajda a souvent été ennuyé par la censure pour sa critique du stalinisme et pour l'évocation d'une Pologne en crise, aspirant à la liberté et à la démocratie ; sujets qu'il traite notamment dans son diptyque,Człowiek z marmuru (L'Homme de marbre, 1977) etCzłowiek z żelaza (L'Homme de fer, 1981) inspiré par la naissance de Solidarność et couronné par la Palme d'or à Cannes en 1981.
Son dernier film,Les Fleurs bleues (Powidoki, 2016) est une biographie deWładysław Strzemiński, un peintre d'avant-garde en lutte contre le pouvoir stalinien.
En tout, quatre films de Wajda ont été nommés pour l’Oscar du meilleur film en langue étrangère :La Terre de la grande promesse (1975),Les Demoiselles de Wilko (1979),L'Homme de fer (1981) etKatyń (2007)[7].
Wajda était un grand passionné de la culture japonaise et, en 1994, il crée à Cracovie un centre de civilisation japonaise,Manggha. En 2002, il ouvre sa propre école de cinéma et d'écriture de scénarios,Szkoła Wajdy.
Le chantre de l'histoire polonaise, à laquelle il s'est attaché à donner une dimension universelle, s'est éteint le et a exprimé le souhait d'être enterré à Cracovie au cimetière de Salwator.
Wajda incarne le renouveau ducinéma de son pays à partir desannées 1950[9]. Considéré comme le plus grand cinéaste polonais à son époque[3], il réalise plusieurs fresques aux accents épiques et au ton romantique, bien loin de l'exercice de propagande propre auréalisme socialiste.
Par la beauté onirique et la crudité des images,Pokolenie (Une fille a parlé) évoque le cinéma deLuis Buñuel[10]. Le réalisateur cherche à s'éloigner de la promotion du mode de vie communiste sur lequel il jette un regard lucide et acéré. Sa vision du cinéma et de l'art, qui ne recule pas devant la représentation de la violence, côtoie les grands thèmes de l'histoire nationale dans laquelle il puise son inspiration[11]. Jouant d'un certain symbolisme et traitant des mutations de la société polonaise d'après 1945, ses films sont généralement axés sur le conflit opposant aspirations individuelles et engagement politique[3].
Andrzej Wajda apparaît également en tant qu'intervenant dans plusieurs films documentaires, notammentNous filmons le peuple ![12] écrit et réalisé par Ania Szczepańska[13].