Essentiellementautodidacte et tenté par l'aventure, André Malraux gagne l’Indochine à 22 ans avec son épouseClara Malraux. Il tente de dérober des statues dans un temple avant d’être arrêté et emprisonné en 1923-1924 pour vol et recel d'antiquités sacréeskhmères. Suite à cette expérience, il retourne en Indochine pour fonder un journalanticolonialiste. Revenu en France, il transpose cette aventure dans son romanLa Voie royale publié en 1930, et gagne la célébrité dans la francophonie avec la parution en 1933 deLa Condition humaine, unroman d'aventures et d'engagement qui s'inspire des soubresauts révolutionnaires de laChine et obtient leprix Goncourt.
Militant antifasciste, André Malraux combat en 1936-1937 aux côtés desrépublicains espagnols. Son engagement le conduit à écrire son romanL'Espoir, publié en, et à en tourner une adaptation filméeEspoir, sierra de Teruel en 1938. Il rejoint laRésistance en et participe aux combats lors de laLibération de la France. Après la guerre, il s’attache à la personne dugénéral de Gaulle, joue un rôle politique auRPF, et devient, après le retour au pouvoir du général de Gaulle, ministre d'État,ministre de la Culture de 1959 à 1969.
Il écrit alors de nombreux ouvrages sur l'art commeLe Musée imaginaire ouLes Voix du silence (1951) et prononce desoraisons funèbres mémorables comme lors du transfert des cendres deJean Moulin auPanthéon le ou lors des funérailles deLe Corbusier le dans la cour du Louvre, ou deGeorges Braque. En 1996, pour le vingtième anniversaire de sa mort survenue le, ce sont les cendres de Malraux qui sont à leur tour transférées au Panthéon.
Georges André Malraux, ditAndré Malraux, naît le au53 rue Damrémont dans le18e arrondissement de Paris, dans une famille originaire deDunkerque[1] ; il est le fils aîné de Fernand-Georges Malraux (1875-1930), d'abord employé de commerce, puis directeur de l'agence parisienne d'une banque américaine, et de Berthe Félicie Lamy (1877-1932), fille d'épiciers vivant àBondy, à l'est dudépartement de la Seine. Il a un frère cadet, Raymond Fernand Malraux (1902-1903), mort à trois mois. En 1905, alors qu'il a trois ans et demi, ses parents se séparent. Son père aura d'un second mariage, avec Marie-Louise Godard (1879-1946), deux autres fils :Roland Malraux (1912-1945) etClaude Malraux (1920-1944).
À la séparation de ses parents, André Malraux est élevé par sa mère, sa grand-mère maternelle Adrienne Lamy (née Romagna) et sa tante maternelle Marie Lamy, qui tiennent une épicerie auno 16 de la rue de la Gare à Bondy. Il a huit ans lorsque son grand-père paternel, Émile-Alphonse ditAlphonse Malraux, commerçant flamand[2], fabricant defutailles, vendeur d'alcool, maître-tonnelier et enfin armateur[3],[4], gérant une flotte de dix navires[3],[4] et nommé expert maritime par la mairie de Dunkerque[3],[4], meurt en 1909 à 77 ans en« vieuxviking » (selon l'expression de Malraux lui-même)[5], après avoir subi plusieurs revers de fortune[3],[4]. Contrairement à ce qu'André laissa souvent entendre, il semble que la mort de son grand-père ne soit pas due à un suicide[6] ; cependant, le, son père Fernand-Georges Malraux, lui, se suicide[7] et aura pour dernières paroles, souvent répétées par André Malraux :« Et qui sait ce que nous trouverons après la mort ?[2] »
En 1918, après avoir été refusé aulycée Condorcet à Paris, il abandonne ses études secondaires et n'obtiendra jamais son baccalauréat, ce qui ne l'éloignera pas pour autant de lalittérature[8],[9]. Il cultive déjà, parmi beaucoup d'autres, trois admirations profondes :Victor Hugo,Michelet etMichel-Ange.
Il travaille en 1919 pour le libraire-éditeurRené-Louis Doyon, qui pratique lecommerce des livres rares ; c'est ainsi qu'il fait la connaissance deMax Jacob, amateur d'occultisme, dont il fait le sujet de son premier article[10]. Il fréquente les milieux artistiques de la capitale, étudie partout les œuvres d'art anciennes et modernes et suit très librement des cours aumusée Guimet et à l'École du Louvre.René-Louis Doyon fonde en 1920 sa revueLa Connaissance et ouvre ses colonnes à Malraux, qui publie ses premiers textes dès1920 : petits essais de théorie littéraire, comptes rendus critiques et premières proses. Les œuvres de cette époque appartiennent au genrefarfelu — c'est Malraux qui ressuscite le terme — proses poétiques influencées par l'expressionnisme allemand et la poésie cubiste d'Apollinaire ou de Max Jacob. C'est aussi l'époque où il joue auPère Ubu et litAlfred Jarry. Il s'en souviendra après 1948, en adhérant auCollège de 'Pataphysique. Il entame également une collaboration à la revueAction dans laquelle il publie des articles surLautréamont etAndré Salmon, éditant aussi des textes peu connus du poèteJules Laforgue. Il n'a que dix-huit ans lorsqu'il publie son premier livre,Lunes en papier, dédié à Max Jacob[11].
Il fait la connaissance de sa future épouse,Clara Goldschmidt, au cours d'un dîner organisé par Florent Fels. Ils séjournent ensemble enItalie, àFlorence etVenise et rentrent d'urgence, n'ayant plus d'argent. Le couple se marie le[14] et part en voyage de noces àPrague, puis àVienne et passe les fêtes de fin d'année àMagdebourg, ville d'origine de la famille de Clara Goldschmidt. Début 1922, le couple va àBerlin, puis enTunisie et enSicile. Malraux compte gérer l'argent et les actions de son épouse (« Je ne vais tout de même pas travailler » dit-il à Clara Goldschmidt. En 1936, lorsque leurcouple se délitera, il lui lancera« Je ne vous ai épousée que pour votre argent »[15]). Ledivorce d'André et de Clara Goldschmidt sera prononcé le.[16]
Max Jacob le présente au marchand de tableauxDaniel-Henry Kahnweiler (1884-1979), qui l'engage comme éditeur à la galerie Simon.
En 1922, il réussit à faire ajourner son servicemilitaire, alléguant ses tics et, selonOlivier Todd, quelques maux imaginaires[18]. Malraux est réformé en 1929, ce qui ne l'empêche pas de risquer sa vie dans les combats de laguerre civile espagnole et dans ceux de laRésistance.
À 22 ans, poussé par son goût de l'aventure, son érudition et son amour de l'art, Malraux décide de partir avec sonépouseClara Malraux et son ami d'enfance Louis Chevasson enIndochine, pour y voler des statues et les revendre, après s'être renseigné sur les prix et les débouchés auprès dePaul Cassirer etDaniel-Henry Kahnweiler[19] et avoir pris contact avant son départ avec de riches collectionneurs américains etallemands qui pourraient être intéressés par un « lot de statues khmères ». Pour obtenir une missionarchéologique gratuite, il prétend faussement qu'il suit des cours à l'École des langues orientales, fait miroiter la promesse d'un don financier important à l'École française d'Extrême-Orient (EFEO), s'engage à laisser la direction des fouilles à cette école et à ne prétendre à aucun droit de propriété personnelle sur les œuvres d'art découvertes, devant uniquement faire des moulages de statues pour lemusée Guimet[20]. La mission lui est accordée par une commission duministère des Colonies en[21]. Il part deMarseille pourHanoï où il rencontre Léonard Auroussea, directeur par intérim de l'EFEO (qui émet des réserves, la région des fouilles étant insoumise[22]) puis il s'établit àSiem Reap à proximité du complexe archéologique d'Angkor le[23].
À la mi-décembre, Malraux et son compagnon Louis Chevasson découpent à la scie, au temple deBanteay Srei, une tonne de pierres sculptées et quatre grands morceaux de bas-reliefs[24],[25] qu'ils emballent et emportent pour les revendre à un collectionneur. La valeur marchande totale du larcin atteint environ un million de francs[26]. Alertées des projets de l'expédition, les autorités coloniales, qui voient d’un mauvais œil ce jeune intellectuel aux sympathies surréalistes et anarchistes, le font surveiller discrètement[26]. Après une intervention du conservateur du Musée du Cambodge etethnologueGeorge Groslier pour empêcher ce vol, ils sont arrêtés à leur arrivée àPhnom Penh le et assignés à résidence à l'hôtel Manolis, dont ils ne pourront plus payer la note au bout de quatre mois[27]. La nouvelle met du temps à filtrer en France[26].
André Malraux est condamné, le, à trois ans deprison ferme et cinq ans d'interdiction de séjour et son ami Louis à un an et demi[28],[26]. Clara Malraux, qui est censée n'avoir fait que suivre son mari, n'a pas été inculpée[29]. Elle repart pour Paris en et mobilise en faveur de son mari les intellectuels de l'époque commeMarcel Arland,Charles Du Bos,Louis Aragon,André Breton,François Mauriac,André Gide,Jean Paulhan etMax Jacob, qui signent une pétition réclamant un statut privilégié pour« ceux qui contribuent à augmenter le patrimoine intellectuel de notre pays [sic] »[30]. En appel, le, la peine de Malraux est réduite à un an et huit mois avec sursis, sans interdiction de séjour ; celle de son ami à huit mois, également avec sursis[31].
Cette affaire lui vaut quelques ennemis, dont le rédacteur en chef du journalL'Impartial deSaïgon, le journaliste eurasienHenry Chavigny de Lachevrotière (avec qui il engagea une vive polémique dans la presse[32]), et surtout le gouverneur de laCochinchine, Cognacq[33]. De retour en France, Malraux se pourvoit en cassation dans l'espoir d'obtenir la restitution des bas-reliefs[27]. L'arrêt d'appel sera annulé par la Cour de cassation en 1925 et un nouvel arrêt sera rendu le[34].
Cette affaire connaît un épilogue inattendu : alors qu'il était promis à la destruction, le temple deBanteay Srei, bénéficiant de la médiatisation du procès, est classé et restauré par l’École française d'Extrême-Orient[20] sous la responsabilité d'Henri Marchal, le « conservateur d'Angkor »[35].
Malraux rentre enFrance en sur le paquebotChantilly desMessageries maritimes avec son ami Chevasson. Il demeure quelque temps à Paris auno 39boulevard Edgar-Quinet. C'est là qu'il fait ses débuts à laNRF et rencontrePablo Picasso. Il décide cependant de regagner l'Indochine, dans l'intention d'y combattre les injustices du système colonial avec l'avocat progressistePaul Monin, qui a déjà commencé ce combat sur place.[36]
En, Malraux et Monin fondentL'Indochine, journal qui dénonce le système colonial et les injustices dont sont victimes lesAnnamites. Un jeune journaliste eurasien,Eugène Dejean de La Bâtie, accepte d'en être le gérant. Malgré les obstacles, le journal connaît une large diffusion mais disparaît bientôt en raison d'une série de pressions de l'administration coloniale, pour renaître avec des moyens de fortune en novembre, sous le titre deL'Indochine enchaînée[37]. Ce journal suivra, entre autres, l'affaire de l'assassinat du résident Bardez, un collecteur d'impôts battu à mort par une foule au Cambodge, symbole des abus du système colonial[38].
Malraux se brouille avec Monin qui tente de l'entraîner en Chine pour participer à la révolution chinoise[39]. Le témoignage de Paul Morand[40], qui a rencontré Malraux le à Saigon[41] (et non à Hong Kong comme on l'a longtemps cru), a entretenu la légende selon laquelle Malraux avait été un acteur de la révolution chinoise en tant que chargé de la propagande duGuomindang sous Borodine[33]. Si Malraux ne s'est jamais engagé concrètement dans la révolution chinoise, son ami Paul Monin a pris, lui, tous les risques et, sans devenir le « lieutenant » de Borodine, a réellement effectué de courtes missions pour le Guomindang[42].
Dès l'automne 1925, Malraux songe avant tout à sa carrière littéraire. Il saitL'Indochine enchaînée condamné à brève échéance. Au début de 1926, il revient en France avec Clara Malraux[33]. L'Indochine s'éloigne de ses préoccupations[43], mais il ne l'oublie cependant pas totalement puisqu'en 1931, il signe dans la revueEurope la pétition contre la brutalité de la répression des troubles enAnnam-Tonkin[44]. En fait, sur la question de l'Indochine, Malraux était plus modéré que Monin[45]. En 1935, encore, dans la préface d'un livre d'Andrée Viollis[46], il reconnaîtra« les nécessités d'une colonisation », tout en distinguant entre ces nécessités de la colonisation et« les sottises qui se réclament d'elle »[47].
En 1926, le couple emménage auno 122boulevard Murat à Paris. Malraux se remet à l'édition des livres de luxe et devient le directeur des éditionsÀ la sphère qui publient des œuvres deFrançois Mauriac,Albert Samain,André Gide etJean Giraudoux, ainsi quePascal Pia, qui s'adonne avec un certain succès aux faux littéraires avecAnnées de Bruxelles, présenté comme le journal intime de Baudelaire[48]. En, il publieLa Tentation de l'Occident, chez Grasset, dialogue épistolaire entre un Français et un Chinois[49].
En 1927, il est alité pendant un trimestre entier à la suite d'une crise derhumatisme articulaire aigu. Il entre au comité de lecture desÉditions Gallimard et, la même année, y devient directeur artistique, chargé des éditions et des expositions d'art[50]. Dans les salons de la maison Gallimard, il organise des expositions d'art extrême-oriental et d'art contemporain[51]. Il publieÉcrit pour un ours en peluche dans la revue600,Le Voyage aux îles Fortunées dans la revueCommerce, et un important essai,D'une jeunesse européenne.
En 1928, il publie chez GrassetLes Conquérants, roman qui met en scène, dans la Chine de 1925, des affrontements entre nationalistes duKuomintang et communistes[52]. Ce roman connaît alors un grand succès. Chez Gallimard, il publieRoyaume farfelu. À cette époque, Malraux affirme avoir joué un rôle important au Kuomintang comme vice-commissaire à la propagande[51],[53]. Durant toute cette période, il effectue de très nombreux voyages, enEurope centrale et orientale, visitant aussi l'Afrique du Nord, leProche-Orient, l'Arabie et laPerse. En 1930, tout en continuant d'écrire, il visite leJapon, lesIndes et revient par lesÉtats-Unis[51]. La même année, il publieLa Voie royale,roman d'aventures largement inspiré par son expédition archéologique auCambodge[54]. Il éditeCalligrammes deGuillaume Apollinaire.
André Malraux, au moment du prix Goncourt en 1933.
Au début de 1931, la Galerie dela Nouvelle Revue française, nouvellement créée parGaston Gallimard, organise une exposition des œuvres d'art greco-bouddhique (art duGandhara) que Malraux a rapportées d'Orient[55], où il a voyagé deux fois avec Clara Malraux, en 1929 et en 1930. Malraux prétend que les œuvres exposées proviennent duPamir et qu'il les y a trouvées lui-même. Il se montre avare d'explications face aux universitaires et auxjournalistes.
Gaston Poulain, chroniqueur àComœdia, publie un entretien de Malraux qui incite au scepticisme sur l'authenticité des objets exposés[56]. La galerie de la NRF, dont Malraux est actionnaire, a pour objet le commerce des objets d'art et les opérations immobilières, mobilières et financières. Une grande partie de son stock, où sont représentés l'art gothico-bouddhique, l'art gréco-bouddhique, l'art indo-hellénistique ainsi que l'art desnomades de l'Asie centrale, est alimentée par les voyages de Malraux et Clara Malraux en Asie[57], qui se poursuivront en 1931 :Ispahan,Afghanistan, Inde,Birmanie,Malaisie,Singapour,Hong Kong,Chine etJapon[58].
Malraux fait sortir les objets d'art de leur pays d'origine en contournant la douane, le cas échéant en corrompant le douanier[59]. Pour écouler les pièces, la galerie utilise un procédé qui, à l'époque, n'est pas illégal : on place en salle de ventes une petite quantité d'objets dont on possède de nombreux analogues, on fait monter le prix des objets mis en vente et on les achète au prix élevé qu'ils ont atteint, ce prix servant ensuite d'argument pour surévaluer toutes les pièces semblables[60]. Le commerce d'œuvres d'art semble avoir mis Malraux très à l'aise financièrement[61].
Le, la mère de Malraux meurt[62]. AvecJosette Clotis, qu'il a rencontrée dans les couloirs deLa Nouvelle Revue française cette même année, il entretient une longue liaison et a deux fils nés hors mariage, Pierre-Gauthier (1940-1961) et Vincent Malraux (1943-1961). Ils meurent à 17 et20 ans dans un accident de voiture, le[63].
Dès 1933, au moment oùAdolf Hitler prend le pouvoir, il milite contre lefascisme et lenazisme. Il prononce un discours lors de la première réunion de l'Association des écrivains et artistes révolutionnaires (AEAR), présidée parAndré Gide. Il participera à plusieurs activités de cette association, sans savoir qu'elle est noyautée par des agents de Moscou, notammentWilli Münzenberg[62] : nombre d'intellectuels français se rapprochent alors du parti communiste dans une commune opposition au nazisme[51]. Au mois d'août, il rencontreTrotski àSaint-Palais-sur-Mer[66]. Il a avecLouise de Vilmorin une courte liaison, qu'il rompt quand il apprend que sa maîtresse entretient parallèlement une relation avec le journaliste allemandFriedrich Sieburg[67].
En, il se rend en Allemagne avec André Gide, tous deux envoyés par leParti communiste français pour remettre une pétition réclamant la libération deDimitrov, accusé de complicité dans l'incendie duReichstag[68], mais les deux écrivains ne sont reçus ni par Hitler, ni parGoebbels[69].
L'Africain, hebdomadaire illustré,.
En mars, Malraux se lance dans une nouvelle aventure : il va avec le capitaineÉdouard Corniglion-Molinier reconnaître en avion le site deMarib, auYémen, capitale légendaire duroyaume de Saba, celui de lareine de Saba. Malraux ne se laisse pas dissuader par l'archéologue historienHenri Munier, qui lui explique que la reine de Saba n'a aucune consistance historique[70]. Le, survolant les environs de Sanaa (Yémen), les deux explorateurs aperçoivent« une plage de galets colossaux » et pensent que c'est la ville de la reine de Saba. Corniglion-Molinier télégraphie en ce sens àL'Intransigeant. Au retour, ils sont invités et reçus àAddis-Abeba par l'empereurHailé SélassiéIer, qui prétend descendre de Salomon et de la reine de Saba[71]. Malraux et Corniglion-Molinier auraient survolé une oasis, quelques ruines et des groupes de maisons habitées : Asahil Rymen, Kharib et Duraib[72].
Malraux et Maxime Gorki en URSS en 1934,Marianne, 15 avril 1936.
De juin à septembre, André et Clara Malraux sont enURSS avec Ehrenbourg et sa femme[75]. Malraux donne des entretiens à laPravda et rencontreBoris Pasternak. Il semble n'avoir vu Staline que de loin, lors d'un défilé sportif, même s'il évoqua plus tard« le Staline que j'ai connu »[76]. En août, il assiste au Congrès des écrivains soviétiques, oùGorki l'étonne par son adhésion caricaturale aux doctrines officielles en matière de littérature[77]. Malraux prononce un discours :L'art est une conquête[78], où il rend hommage à l'émancipation du prolétariat en URSS mais exprime la crainte que les principes du réalisme socialiste n'étouffent la création littéraire[79].
En[80], il publie chez GallimardLe Temps du mépris, nouvelle inspirée de récits que lui ont faitsManès Sperber,Bernard Groethuysen etWilli Bredel, un communiste allemand que les Allemands ont libéré après un an de camp[81]. Il écrit la préface du livre de la journalisteAndrée Viollis,Indochine SOS, et commence saPsychologie de l'Art.
En, il est, avec André Gide, le participant français le plus en vue duCongrès international des écrivains pour la défense de la culture, aupalais de la Mutualité à Paris[82]. Dans l'esprit de son organisateur discret,Willi Münzenberg, ce congrès doit être une manifestation à la gloire de l'URSS[83], mais certains écrivains parviennent à protester contre l'emprisonnement des opposants à Staline[84]. Selon des rapports des écrivains Victor Kine etJohannes Becher au Comité central du parti communiste d'URSS, Malraux aurait aidé efficacement les Soviétiques à limiter l'action des protestataires[85].
En, il refait un court séjour en URSS. Il s'entretient avecEisenstein[86], qu'il a déjà rencontré à Paris en 1932, et qui envisage de travailler à une adaptation cinématographique deLa Condition humaine[87]. Malraux et Eisenstein font quelques projets, mais Eisenstein finit par renoncer, carLa Condition humaine lui semble trop antistalinienne[88]. Malraux a également une rencontre assez décevante avecGorki[89], qui mourra peu après. Lors de son séjour il découvreSchwambrania deLev Kassil. Rapporté en France ce livre sera publié en 1937 parGaston Gallimard sous le titreLe Voyage imaginaire en 1937[90],[91]. Il participe de nouveau au Congrès international des écrivains pour la défense de la culture, qui se tient àLondres, et y prononce une allocution.
Quand laguerre civile éclate en Espagne, le,Pierre Cot, ministre français de l'Air, et son chef de cabinet,Jean Moulin, se mettent en liaison avec Malraux et lui demandent d'aller se renseigner sur place[92]. Le, Malraux s'envole sur un avion ministériel français à destination de Madrid[93] pour mettre en oeuvre ses idées progressistes. Il recrute des pilotes, dans le cadre d'une organisation discrète par laquelle les ministères français vendent indirectement au gouvernement espagnol des avions destinés officiellement à l'armée de l'air française[94]. Promettant des avions et des pilotes, Malraux est bien accueilli par les républicains espagnols, et le ministère espagnol de l'Aviation l'homologue au grade de lieutenant-colonel[95]. Il monte de toutes pièces l'escadrille internationaleEspaña avec une vingtaine dePotez 540 et en prend le commandement commecolonel jusqu'en 1937.
« Malraux parlera de l'Espagne »,L'Humanité,.
Bien que n'ayant jamais manié une arme ni piloté un avion[96], il participe à soixante-cinq missions aériennes, et prend part, en août, aux combats contre les troupesfranquistes en particulier àTolède,Madrid,Guadalajara etTeruel[97]. Il est deux fois blessé. Il laisse le rôle de chef opérationnel à Abel Guidez, qui lui a été proposé par le cabinet dePierre Cot[98]. Il participe au bombardement àMedellin, lors de lacampagne du Tage. Le, son escadrille inflige des dégâts au champ d'aviation clandestin franquiste d'Olmedo[99]. En, il participe à une mission surMalaga.
Bien que Malraux ne pilote pas et tire mal, ses hommes prisent son courage et sont impressionnés par son savoir, même s'ils ne comprennent pas toujours ses propos[100]. En revanche, les appréciations de ses supérieurs militaires dont on a connaissance ne lui sont pas favorables. Antonio Camacho Benitez, chef de l'aviation gouvernementale, écrit dans un rapport :« Après l'attitude et l'action de monsieur Malraux, il conviendrait de prendre trois mesures : le réduire à la discipline, l'expulser ou le fusiller »[101].
Malraux,L'Espoir, dansLe Populaire,.
Malraux part en février 1937 pour faire aux États-Unis et au Canada une tournée de conférences destinées à récolter des fonds en faveur des républicains espagnols[102]. Dans sa propagande, il lui arrive de se livrer à des inventions, comme de prétendre que des membres de son escadrille ont été torturés par les franquistes[103]. Pendant toute la durée de son engagement en faveur de l'Espagne républicaine, Malraux évite, malgré lesprocès de Moscou, qui inquiètent alors partout les progressistes[104], de se montrer trop critique envers les communistes et l'URSS, qu'il considère comme seuls capables de faire régner la discipline nécessaire au salut de la république[105]. Cette attitude diplomatique de Malraux envers les staliniens (qui n'a pas empêché le communisteAndré Marty de proposer sa liquidation en[106]), l'entraîne dans une aigre polémique de presse avec Trotski[107].
En, il participe à un congrès d'écrivains organisé par le gouvernement espagnol[108]. Dans la revueVerve, il publie d'abord le premier texte de laPsychologie de l'Art, puisPsychologie des Renaissances etDe la représentation en Orient et en Occident. Il séjourne avec Josette Clotis dans les Pyrénées[109], où, s'inspirant de ses combats en Espagne, il écrit le romanL'Espoir, qui est publié en[110]. Le roman fait l'objet de lectures et de discussions passionnées. Malraux passe l'hiver 1937-1938 à Paris, résidant à l’hôtel Madison auno 143boulevard Saint-Germain ; Josette Clotis demeure à deux pas, à l'hôtel Royal-Condé[111]. Malraux se détache de plus en plus de son épouse, qui, elle, s'accroche et refuse le divorce[112].
À la déclaration de guerre, Malraux, qui avait été ajourné en 1922 et réformé en 1929, s'engage àProvins ; il est accepté comme simple soldat de deuxième classe dans leschars d'assaut, et incorporé le comme dragon au41e dépôt de cavalerie motorisée, près deProvins[117], où il reste jusqu'au. Il reçoit une instruction d'élève sous-officier et espère devenir « tankeur »[118], mais les évènements ne lui en laissent pas le temps. Il décrira ainsi sa guerre[119] :
« Nos chars de Provins étaient hors d'état de nous porter hors du polygone d'entraînement. En mai, nous avons fait mouvement à pied, avec des antichars. Nous avons un peu tiraillé. J'ai été très légèrement blessé le. Et le 16, nous étions faits prisonniers comme des fantassins, à mi-distance à peu près de Provins et deSens, où on nous dirigea… »
Fin septembre, son demi-frèreRoland l'avertit que, selon les radios (neutres) suisse et suédoise, les Allemands recherchent certains écrivains, notamment Malraux,pour les libérer[réf. souhaitée]. Vu ses engagements politiques, Malraux estime avoir peu de chances d'être libéré[120] et, avec l'aide de Roland qui lui fournit vêtements, chaussures et argent, il s'évade de la ferme, déguisé en charpentier, en compagnie du poèteJean Grosjean, de Jean Beuret et de l'abbé Magnet, le futur aumônier duVercors, qui lui offre l'hospitalité chez lui, dans laDrôme, enzone libre.
Cette évasion est facilitée par la discipline très souple que les officiers allemands appliquaient aux prisonniers de guerre français[121].Le même jour[réf. souhaitée], Josette Clotis a mis au monde leur premier fils, nommé Pierre en hommage àPierre Drieu la Rochelle[122], mais qu'on appellera Gauthier (1940-1961). Malraux, encore marié, ne peut reconnaître l'enfant. Pour que celui-ci porte le nom de Malraux, son frère Roland le reconnaît[122].
Après son évasion, Malraux écrit àde Gaulle pour lui proposer de combattre dans l'aviation française libre ; mais le résistant chargé de transmettre ce courrier est arrêté par la police et avale la lettre : ne recevant aucune réponse, Malraux croit qu'il a été écarté en raison de sa participation à la guerre d'Espagne[123].Se méfiant de l'influence des communistes[réf. souhaitée], il refuse de s'engager dans les rangs de laRésistance intérieure malgré les pressions deMarcel-François Astier etClaude Bourdet. Il croit que les Anglais finiront par être vainqueurs[124], mais les résistants français, qui manquent d'argent, d'armes et de matériel, lui font l'effet de« jouer au[x] petit[s] soldat[s] »[125].
Peu à peu, laRésistance, qui possède maintenant des armes et de l'argent, semble plus sérieuse à Malraux[132].Début septembre[réf. souhaitée], il a ses premiers contacts avec elle, en l'occurrence avecHarry Peulevé, chef du réseau britanniqueAuthor duSOE.Il aide au recrutement de son demi-frèreRoland dans le réseau.[réf. souhaitée] À l'automne 1943, toutefois, des efforts dePierre Kaan et deSerge Ravanel pour faire entrer Malraux dans la Résistance active restent sans résultats[133].
Début 1944,Roland lui fait rencontrerGeorge Hiller, chef du réseauFootman, autre réseau duSOE.
Fin, ses deux demi-frères,Roland etClaude, agents duSOE, ayant été arrêtés par les Allemands[134], André passe à la Résistance[135] : il quitte discrètementSaint-Chamant et gagne la vallée de laDordogne, auchâteau de Castelnaud près deLimeuil, puis au château de la Vitrolle. Il se fait appeler « colonel Berger »[136].George Hiller le met en rapport avec les groupes Vény duLot. Grâce àJacques Poirier et à George Hiller, il circule dans plusieurs départements (Corrèze,Lot,Dordogne etTarn), y rencontre des chefs de la Résistance, et leur fait part de sa « mission », en ayant assez d'habileté pour laisser croire à chacun des groupes se réclamant d'une des hiérarchies en présence qu'il appartient à une autre. Il parle volontiers de son « PC interallié ». Il n'est en fait qu'un membre du réseau Nestor-DIGGER du SOE, commandé parJacques Poirier (alias « Jack ») et implanté en Dordogne. Durant tout son engagement dans le Sud-Ouest, son rôle sera en fait celui d'un témoin et d'un compagnon prestigieux, très peu celui d'un acteur et encore moins celui d'un commandant d'unité[137]. Jacques Poirier, contrairement à beaucoup d'autres chefs de la Résistance, admirait Malraux, mais le trouvait plus utile par ce qu'il disait que par ce qu'il faisait[138].
Un peu auparavant, le, l'attaque d'un wagon de laBanque de France dans la gare deNeuvic avait mis des masses financières immenses dans les mains des résistants. Des sommes importantes sont comptabilisées comme ayant été versées pour la libération de Malraux, ce qui, comme l'a notéGuy Penaud, pose un problème, puisque Malraux n'a été libéré qu'après le départ des troupes allemandes. Dans les premiers jours qui suivent sa libération, Malraux dit à une de ses proches :« Si vous avez des embêtements financiers… n'hésitez pas. Momentanément, je suis riche[143]. »
Le « colonel Berger » sur le front d'Alsace, fin 1944.
En 1944, séjournant à Paris, il rencontreErnest Hemingway. Les deux écrivains auraient échangé des propos peu amènes, si on en croit Hemingway, qui raconta d'ailleurs la scène à plusieurs reprises en y embellissant chaque fois son propre rôle[144]. Malraux, qui prétend faussement disposer d'un stock de munitions et savoir que les Britanniques vont parachuter 10 000 hommes en Dordogne, trouve des officiers pour avaliser sa propre nomination au grade de colonel et à la tête de labrigade Alsace-Lorraine, nouvellement créée, qui réunit d'anciens maquisardsalsaciens etlorrains réfugiés dans le Sud-Ouest[145]. Le, il rencontre le généralde Lattre de Tassigny àDijon, à l'hôtel de la Cloche[146].
À la tête de la brigade[147], Malraux participe dans lesVosges et enAlsace à la campagne de lapremière armée française, notamment à la prise deDannemarie[148] et deColmar[149], ainsi qu'à la défense deStrasbourg[150]. À l'aise dans la stratégie mondiale, il l'est moins sur le terrain militaire, où il délègue toute compétence à ses adjoints, le lieutenant-colonelPierre-Élie Jacquot et le commandant Brandstetter[151]. Le, Josette Clotis, mère des deux fils de Malraux, meurt accidentellement[148]. Le, la brigade est dissoute[152].
Entre le 23 et le, dans son uniforme de colonel, Malraux assiste au congrès du Mouvement de Libération nationale. Là, il contribue par un discours[153] à faire écarter la fusion du mouvement avec le Front national, que contrôlait le Parti communiste[154]. Il est probable qu'une des raisons de l'admiration que lui vouera plus tard le général de Gaulle, dont la rencontre avec Malraux n'aura lieu qu'en juillet[155] ou en août de la même année, est sa gratitude envers l'écrivain en raison du rôle qu'il joua en cette circonstance.
Après la Libération, Malraux se voit octroyer diverses distinctions britannique et françaises (compagnon duDistinguished Service Order, croix de la Libération, médaille de la Résistance, croix de guerre).
Il s'installe au deuxième et troisième étages duno 19 bisavenue Robert-Schuman àBoulogne-Billancourt, une villa construite par l'architecte Léon Courrèges, avecMadeleine Malraux, pianiste renommée et veuve de son demi-frèreRoland mort sur leCap Arcona, ainsi qu'avec son neveu Alain Malraux, fils de Madeleine et de Roland, et ses deux fils Vincent et Gauthier qu’il a eus avec Josette Clotis. Les trois enfants sont élevés comme des frères dans cette famille reconstituée. Clara Malraux et leur fille Florence s'installent auno 17rue Berthollet à Paris.
Raymond Aron rapporte dans sesMémoires que Malraux avait changé de façon stupéfiante en 1944 sur la question ducommunisme. Dès 1945, il s’attache à la personne dugénéral de Gaulle, dans le gouvernement duquel il estministre de l'Information, de à[156]. Il prend Raymond Aron pour chef de cabinet[157]. Il suit de Gaulle dans l'aventure duRPF, où il exerce les fonctions d'organisateur de lapropagande[158] de 1947 à 1953. En 1953, de Gaulle, après avoir constaté la déliquescence électorale du RPF, décide de le mettre en veilleuse et Malraux cesse d'y être actif[159].
Pendant la traversée du désert de de Gaulle (1953-1958), Malraux se tient à l'écart de la politique[159]. En 1948, il épouse Madeleine Malraux[160] et adopte le fils de celle-ci, son neveu Alain en 1961, après la mort de ses propres fils, Gauthier et Vincent[161]. Malgré leur séparation vingt ans plus tard, le couple ne divorcera pas. Avec Madeleine, il voyageen Grèce, en Égypte et en Iran[réf. souhaitée]. Il collabore à la réalisation de l'ouvrageMalraux par lui-même de Gaëtan Picon[162] et part l'été àLucerne avec sa nouvelle épouse. En, les époux Malraux sont invités à New York pour l'inauguration des nouvelles galeries duMetropolitan Museum of Art[163]. Ils passent leurs vacances en Italie, où ils visitent laToscane et l'Ombrie. L'année suivante, ils vont en Égypte. En 1956, ils voyagent avec Alain Malraux, àRome et enSicile.
Avec d'autres écrivains (Sartre, Martin du Gard, Mauriac), Malraux adresse une lettre contre la torture enAlgérie au président de la RépubliqueRené Coty en[164].
Ministre dans le gouvernement de Gaulle (1958-1959)
Le, Charles de Gaulle, revenu au pouvoir, nomme Malraux ministre délégué à la présidence du Conseil et le charge de l'Information. À cette mission s'ajoutent, en[165], l'expansion et le rayonnement de la Culture française[166]. Dans une note non datée, Malraux explique à l'intention de son successeur au ministère de l'Information que ce ministère, tel qu'il l'a organisé, est un appareil destiné à lutter par la radio contre les journaux« ennemis » ; à cette fin, il est nécessaire qu'une« épuration politique » écarte de la radio tous les techniciens communistes et tous les journalistes qui se sont montrés hostiles à de Gaulle en mai-[167].
Le, venant dePerse, Malraux arrive àLa Nouvelle-Delhi[168]. Son intention est de faire en Inde une« good will visit » (ou visite de courtoisie) destinée à nouer entre la France et l'Inde des liens culturels propres à faciliter l'action diplomatique ou politique[169]. Il est reçu parNehru, qu'il interroge sur la spiritualité indienne mais qui répond qu'il doit, par priorité, s'occuper des problèmes matériels[170].
À l’été 1958, il reconnaît l’usage de latorture en Algérie et affirme que le président va y mettre un terme. Le général de Gaulle, alors dernierprésident du Conseil de laIVe République, demande àGeorges Pompidou, son proche conseiller àMatignon, de le remplacer parJacques Soustelle et de lui trouver« autre chose ». Embarrassé par la situation, Georges Pompidou affirme devant Malraux que le général a choisi de lui confier un ministère de la Culture, en remplacement du secrétariat d’État des Beaux-arts, car il serait le« seul capable de donner le ton et la grandeur qui s'imposent » pour donner« au génie français du panache, du rayonnement ». Le général de Gaulle accepte cette idée d'unministère des Affaires culturelles : André Malraux prend ses fonctions le[171],[172].
Ministre d'État chargé des Affaires culturelles (1959-1969)
De Gaulle, n'étant pas grand adepte de l'art contemporain, aurait bénéficié de l'aide de Malraux qui lui servait de « maître à penser dans ce domaine-là », selonPierre Lefranc[176].
Ministre, il mêle politique de prestige et œuvre sociale. Sans être ungaulliste de gauche déclaré, il ne renie nullement son passé de gauche, évoquant labataille de Fleurus et l'épopée des soldats de l'An II,« ces ombres immenses qui firent danser l'Europe au son de la liberté » : par contraste avec un si grand héritage, il reproche àFrançois Mitterrand le de n'avoir« même pas [été] en Espagne[177] ». Renouant avec l'esprit duFront populaire, il fait de laculture une affaire administrée par l’État. S'il n'est pas à l'origine desMaisons des jeunes et de la culture (issues de la République des Jeunes, créée à la Libération), il est bien, en revanche, le créateur desMaisons de la Culture, organisations gérées par le ministère du même nom le. Il rattache également, le, leCentre national de la cinématographie auministère de la Culture[178].
En 1960, il prononce àFort-Lamy et àBrazzaville, un discours à l'occasion de l'Indépendance des Colonies d'Afrique noire, affirmant :« L'ère coloniale est aujourd'hui révolue »[179]. Au ministère des Affaires étrangères, on voit Malraux d'un assez mauvais œil. On estime qu'il empiète sur le domaine des Affaires étrangères[180] et on craint que, dans ses voyages à l'étranger, il ne fasse des promesses qui, pour motifs financiers ou autres, se révéleraient irréalisables. De Gaulle semble avoir laissé les mains libres à Malraux pour faire de belles promesses, tout en comptant sur les fonctionnaires pour refuser les dépenses excessives[181].
Le, Malraux prononce à Paris un discours pour la sauvegarde des monuments deNubie, en réponse à l'appel de l'UNESCO[182]. En, il se fâche avec sa fille Florence parce qu'elle a signé leManifeste des 121, favorable à l'insoumission des jeunes appelés pour l'Algérie[183]. Cette brouille durera jusqu'en 1968. Le, ses deux fils meurent dans un accident de la route[184]. Ce troisième et double deuil marque une rupture définitive avec le bonheur que la vie de famille lui a apporté pendant dix sept ans dans sa résidence duparc des Princes[185].
Le, alors qu'il est absent de son domicile deBoulogne-Billancourt, il y est la cible d'un attentat de l'OAS commandité parAndré Canal.Delphine Renard, cinq ans, la fille des propriétaires qui habitent le rez-de-chaussée, est grièvement défigurée[185]. Il quitte les lieux pour s'installer jusqu'en 1969 au pavillon deLa Lanterne àVersailles, mis à sa disposition par le gouvernement et protégé par la gendarmerie.
En 1965, Malraux inquiète ceux qui le connaissent. Souvent sous l'emprise de l'alcool[191], les phases de mégalomanie alternant, selon Olivier Todd, avec les phases de dépression[192], il est parfois épuisé, titubant et bredouillant en présence de ses collaborateurs, ce qui amène de Gaulle à lui conseiller un repos sous forme de voyage[193]. Le, Malraux embarque surLe Cambodge en compagnie d'Albert Beuret, pour se rendre en Extrême-Orient[194]. Arrivé en Chine, il est invité officiellement le par les autorités chinoises, qui donnent ainsi suite à une lettre de de Gaulle[195].
Après un délai dont la longueur incite l'ambassade de France à demander une nouvelle intervention à de Gaulle[196],Mao Zedong reçoit Malraux le[197]. Au retour, Malraux laisse entendre qu'il a proposé à Pékin une politique relative à la guerre du Viêt Nam, ce que le gouvernement chinois etAlain Peyrefitte démentiront. Le journalLe Monde note« le vague » des déclarations de Malraux,« qui contraste avec leur solennité »[198]. Malraux brodera beaucoup sur son entretien avec Mao dans sesAntimémoires (1967) et renchérira en 1972[199].
Pendant ce dernier voyage en Orient, Malraux fait une nouvelle visite en Inde. Comme en 1958, il s'intéresse à la spiritualité de l'Inde et non à son état économique et social[200].
Le, il prononce une oraison funèbre à l'enterrement de l'architecteLe Corbusier. Ce dernier ayant construit en Inde la ville nouvelle deChandigarh, Malraux demande à l'ambassadeur de l'Inde en France d'être présent aux funérailles[201].
Au printemps 1966, Madeleine et André Malraux, après quelques ruptures et retours, se séparent définitivement[203], sans divorcer[204]. Il écrit sesAntimémoires, qui paraissent en et sont très bien accueillis par la critique et le public. Il y trace un portrait de Mao en sublime héros de l'histoire, à travers une version très mythifiée de leur entretien. Il devient ainsi, selon les termes d'Olivier Todd, la caution« de droite » ou« gaullienne » de la« maolâtrie » qui transporte alors bon nombre d'intellectuels français[205]. Il envoie un exemplaire du livre à sa fille Florence, ce qui amène leur réconciliation[206].
En 1969, le général de Gaulle abandonne le pouvoir et Malraux, qui ne tenait son poste de ministre que de de Gaulle, quitte la politique[211]. À aucun moment il n'aura cessé d'être fidèle au général, même pendant les évènements deMai 68, véritable « crise de civilisation »[212], selon lui, qui l'inquiète par le« nihilisme »[213] des étudiants. Ainsi l'a-t-on vu en tête de la manifestation de ceux qui réclamaient la restauration de l’ordre à l’Arc de Triomphe le[214]. Il est l'une des rares personnes que le général consent à recevoir après avoir démissionné.
En 1970, il préface lesPoèmes de Louise de Vilmorin et rédigeLes Chênes qu'on abat, à la suite du décès du général de Gaulle. En 1971, il devient le premier président de l’Institut Charles-de-Gaulle.
Renouant avec les engagements de sa jeunesse, il prend parti pour l'indépendance duBangladesh en 1971. Peut-être pris au piège de propos qu'il a tenus sur l'inutilité d'un appui purement verbal, Malraux, âgé de70 ans, annonce son intention d'aller se battre dans l'armée indienne, qui soutient les indépendantistes.Indira Gandhi, qu'il rencontre à l'ambassade de l'Inde en France, lui fait comprendre qu'on apprécie son appui moral mais que sa présence physique dans l'armée indienne n'est pas vraiment nécessaire[218].
En,Richard Nixon, qui comptese rendre en Chine, invite Malraux àWashington[218]. Nixon croit en effet que Malraux a« connu Mao Tsé-toung et Zhou Enlai en Chine en 1930 » et qu'il« a gardé avec eux des contacts intermittents au cours des années »[219]. Les conseillers de Nixon ont des avis divergents sur la prestation de Malraux. Leonard Garment trouve Malraux« fascinant parce qu'il a une histoire fascinante ». John Scali, lui, déclare ne pas être impressionné par les« rêveries » de Malraux, embrouillées, contradictoires, truffées d'oublis ou d'illogismes ; Malraux est pour Scali« un vieil homme prétentieux tissant des idées obsolètes dans un cadre spécial pour le monde tel qu'il aurait voulu qu'il soit ».Henry Kissinger, dans ses souvenirs publiés en 1979, déplorera que les connaissances de Malraux sur la Chine fussent très en retard et ses prédictions à court terme« outrageusement fausses », mais reconnaîtra que son intuition lui permettait de voir parfois clair à long terme, comme sur l'inévitable rapprochement entre la Chine et les États-Unis[220].
En, à l'initiative de son médecin-neuropsychiatreLouis Bertagna[191] qui le traite depuis 1966, Malraux est hospitalisé à laSalpêtrière pour alcoolisme et dépression nerveuse[222]. De ce séjour à l'hôpital, qui dure vingt-neuf jours, il tirera le livreLazare[223].
Il part avec Sophie de Vilmorin auBangladesh, puis témoigne, en, en faveur deJean Kay, qui passe en justice pour le détournement duvol 711[224].
L'ancienne tombe d'André Malraux au cimetière de Verrières-le-Buisson (Essonne).
Le, il est hospitalisé à l'hôpital Henri-Mondor deCréteil pour une congestion pulmonaire. Il meurt à l'hôpital le. Il est inhumé le lendemain au cimetière deVerrières-le-Buisson[227] et non pas dans le parc du château de Vilmorin, comme il l'aurait souhaité, aux côtés de Louise de Vilmorin. Un hommage national lui est rendu le 27 dans laCour carrée dupalais du Louvre.
Malraux ne s’est jamais cru lié par un dogme et, à travers ses mutations, il est resté fidèle à son besoin de dépassement, en excluant tout recours aux utopies consolatrices. Agnostique, il a mis dans l’art — et notamment dans l'idée d'un « musée imaginaire » qui arracherait les œuvres d’art à leurs fonctions traditionnelles pour les repenser dans leurs relations et leurs métamorphoses —la seule grandeur à la portée de l’homme et ses seules chances d’éternité[réf. nécessaire]. C’est pourquoi fraternité et humanisme sont au cœur de sa vie et de son œuvre :
« L’humanisme, ce n’est pas dire : “Ce que j’ai fait, aucun animal ne l’aurait fait”, c’est dire : “Nous avons refusé ce que voulait en nous la bête, et nous voulons retrouver l’homme partout où nous avons trouvé ce qui l’écrase”. »
Le portrait d'André Malraux, placé sous les fenêtres du bureau duministre de la Culture pour son cinquantenaire en 2009.
Dès 1926, il exprime dansLa Tentation de l'Occident une idée à laquelle il reviendra souvent :« Dieu a été détruit. L'homme ne trouve que la mort[229]. »
On lui a souvent attribué — à tort — la phrase :« Le siècle prochain sera religieux ou ne sera pas » ; « spirituel » y est parfois substitué à « religieux ». Il a cependant plusieurs fois démenti l'avoir prononcée, même siAndré Frossard a affirmé l'avoir entendue de sa bouche sous la forme un peu différente :« LeXXIe siècle sera mystique ou ne sera pas ». L'universitaire américain Brian Thompson s'est penché à plusieurs reprises sur cette question ; il affirme avoir entendu cette phrase de la bouche même de Malraux lors d'un entretien à Verrières-le-Buisson en 1972, ce qu'il soutient encore en 2007 lors d'un colloque international sur Malraux[230]. La phrase litigieuse pourrait être la restitution non littérale de ce propos authentique :
« Je pense que la tâche du prochain siècle, en face de la plus terrible menace qu'ait connue l'humanité, va être d'y réintégrer les dieux »[231].
Ou peut-être de celui-ci, qui daterait de 1946 :
« Le problème capital de la fin du siècle sera le problème religieux, sous une forme aussi différente de celle que nous connaissons que le christianisme le fut des religions antiques »[232].
Dans cette perspective de « réintégration des dieux », André Malraux donna une large part à la civilisation indienne ainsi qu'à sa religion, l'hindouisme. DansAntimémoires, il place l'Inde comme un de ses phares personnels les plus inspirants :
« [Face à l'Inde] Je venais de retrouver l'une des plus profondes et des plus complexes rencontres de ma jeunesse. Plus que celle de l'Amérique préhispanique, parce que l'Angleterre n'a détruit ni les prêtres ni les guerriers de l'Inde, et que l'on y construit encore des temples aux anciens dieux. Plus que celle de l'Islam et du Japon, parce que l'Inde est moins occidentalisée, parce qu'elle déploie plus largement les ailes nocturnes de l'homme ; plus que celle de l'Afrique par son élaboration, par sa continuité. Loin de nous dans le rêve et dans le temps, l'Inde appartient à l'Ancien Orient de notre âme. »
Dans un entretien avec Karthy Sishupal, une étudiante indienne qui lui a consacré une thèse, on trouve la phrase suivante[235] :« L'Inde est tout de même le seul pays qui ait fait une révolution pour des raisons morales. Il n'y a qu'un seulGandhi. »
Malraux a été un grandmythomane.Clara Malraux, comme Olivier Todd le rappelle, prétendait que Malraux était en permanence un escroc génial.Paul Nothomb affirmait que Malraux n'était jamais dupe de ses propres fabulations[236].
Dans plusieurs textes, d'ailleurs, Malraux se plaît à relativiser la valeur de la véracité. Par exemple, à propos du faux en bibliophilie (qu'il pratiqua), il fait dire à un personnage en qui il semble bien mettre de lui :« La mystification est éminemment créatrice »[237]. DansLa Voie royale, l'auteur dit en son propre nom :« Tout aventurier est né d'un mythomane »[238]. Olivier Todd estime essentielle à la compréhension de Malraux une idée exprimée dansLa Condition humaine :« Ce n'était ni vrai ni faux, c'était vécu »[239]. Pendant la Seconde Guerre mondiale, Malraux aurait dit :« Je fabule, mais le monde commence à ressembler à mes fables »[240].
« La mythomanie de Malraux me glace, moins parce qu'elle est mythomanie que parce qu'elle est gravité calculée, et quelquefois spéculation payante parce qu’il a tiré sur elle bien d'autres traites que des traites littéraires : songeons à l'incroyable bluff chinois, auquel même Trotsky se laisse prendre, et qui lui permet de traiter avec le Russe de pair à compagnon ! (chez Chateaubriand, même quand il raconte sa fausse visite à Washington, la mythomanie reste toujours bon enfant et cligne de l’œil au lecteur, mais, hélas ! Malraux lorsqu'il fabule ne s'amuse que bien rarement). Quand je réagis contre mon irritation, je m'accuse de mesquinerie biographique, et je me dis qu'en somme Malraux n'a fait qu'étoffer sa vie desaddenda qui lui semblaient dus, qui la prolongeaient organiquement, et dont seul le cadre trop étriqué d'une existence individuelle au vingtième siècle l'élaguait. »
Fonctions gouvernementales et la politique culturelle de Malraux
En 1958, Malraux a pris en charge le premierministère des Affaires culturelles, qui regroupait les arts et les lettres, l'architecture, les archives et le cinéma. Il donne une impulsion nouvelle à la restauration et à la protection des monuments et des sites : restauration duchâteau de Versailles, ou encore campagne de ravalement des grands monuments deParis et des quartiers anciens (loi Malraux du). Il crée l'Inventaire général des richesses artistiques de la France, stimule l'activité théâtrale et poursuit ladécentralisation avec les centres dramatiques de province et la réforme duConservatoire ; il multiplie les expositions et les points d'exposition ; il étend aux écrivains la sécurité sociale. Il entreprend, sans en voir la réalisation, la réforme de l'enseignement de l'architecture et de la musique. On lui doit la création de laCaisse nationale des lettres en, et celle du Centre national d'art contemporain en 1967[241].
Lapolitique culturelle de Malraux favorise surtout lesarts qui ont le plus d’effet sur les masses : arts vivants,musées,cinéma (il crée le labelArt et Essai),musique… La culture de Malraux en matière d’art et sa fraternité à l’égard de plusieursartistes de premier plan (Matisse,Braque,Picasso,Giacometti) distinguent particulièrement l'œuvre du ministre : commandes du plafond de l’Odéon àAndré Masson en 1963, du plafond de l’opéra de Paris àMarc Chagall en 1962, envoi deLa Joconde deVinci aux États-Unis en 1963 ; Malraux n’a de cesse de faire rayonner laculture française dans le monde. On lui doit notamment le système d'avance sur recettes, mis en place par un décret de juin 1959, qui reste de nos jours un moteur important de la création cinématographique en France. À la même période, il fondait laBiennale de Paris, manifestation d'art dont le but était la valorisation de la jeune créativité française et internationale et le renforcement de la présence artistique française dans le monde.
L'administration étatique de l’art inaugurée par Malraux, cette volonté de produire du culturel en y mettant les moyens budgétaires. Cette politique est marquée par le rôle initiateur de l'État, la volonté de démocratiser la culture consacrée, l'élargissement de l'État-providence aux questions culturelles. Leministère des Affaires culturelles, créé pour conserver Malraux au gouvernement, sera pérennisé après son départ en 1969.
1920 :Des origines de la poésie cubiste, article dansLa Connaissance, puis dansAction et des articles sur :Lautréamont etAndré Salmon.
1921 :Lunes en papier, édité par la galerie Simon (Kahnweiler) Paris, gravures sur bois deFernand Léger. Ainsi que des textes brefs :Les Hérissons apprivoisés –Journal d'un pompier du jeu de massacre.
1922 :Des lapins pneumatiques dans un jardin français, texte farfelu. Écrit dansDés des articles sur :Gide,Gobineau,Max Jacob, et préface le catalogue de l'expositionGalanis.
1924 :Écrit pour une idole à trompe textes farfelus donnés en revues et repris dans lesŒuvres complètes, vol.1, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade.
1925 :L'Indochine, journal qu'il réalise avecPaul Monin, 29 éditoriaux ; puis après interruption devient :L'Indochine enchaînée, 25 éditoriaux, dernière parution le.
1925 :L'Expédition d'Ispahan, en août sous le pseudonyme de Maurice Saint-Rose.
1927 :Écrit pour un ours en peluche (in-900) –Le voyage aux îles Fortunées (Commerce) –D'une jeunesse européenne dans le livre collectif intitulé : « Écrits », chez Gallimard.
1939 :Laclos, étude publiée dans :Tableau de la littérature française.
1941 :Le Règne du Malin, texte inachevé, publication posthume.
1943-1948 :La Lutte avec l'ange, première partie, 1943, Éditions du Haut-Pays à Lausanne (laGestapo aurait brûlé la suite du manuscrit) ; ce volume sera ensuite retitréLes Noyers de l'Altenburg, 1948, Gallimard, Paris.
1946 :Le Démon de l'Absolu, consacré à T. E. Lawrence, ditLawrence d'Arabie, dont il publiera un extrait sous le titreN'était-ce donc que cela ?
1948 :La Création artistique. Écrit des articles dansLe Rassemblement. Parution deThe Case for de Gaulle, qui donne un dialogue entreJames Burnham et Malraux.
1949 :Liberté de l'esprit, revue duRPF qu'il crée et à laquelle il collabore, la direction est confiée àClaude Mauriac.
1950-1978 :Saturne et de nombreux articles dans :Carrefour,Le Rassemblement,La Liberté de l'esprit,le destin, l'Art et Goya.
1951 :Les Voix du silence, qui est une nouvelle version deLa Psychologie de l'art.
1952 :La Statuaire premier tome duMusée imaginaire de la sculpture mondiale, chez Gallimard. Préface de nombreux ouvrages dont :Qu'une larme dans l'OcéandeManès Sperber.
1953 : lettres préface àChimères ou Réalités.
1954 :Des bas-reliefs aux grottes sacrées et Le Monde chrétien chez Gallimard.
1957 :La Métamorphose des dieux, deviendra le premier volume (Le Surnaturel) de la trilogie qui reprend ce titre (voir plus bas).
1960 : préface des Liaisons dangereuses de Ch. De Laclos imprimé par Arts Graphiques Schüler, à Bienne. Choderlos De Laclos. Éditions Rencontre Lausanne.
1964 :Entre ici…, lors du transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon (repris dansOraisons funèbres).
1967 :Antimémoires, (première partie duMiroir des Limbes). En 1972 :Antimémoires. Nouvelle édition revue et augmentée.
1976 :La Corde et les Souris (seconde partie duMiroir des Limbes).
1976 :Le Miroir des limbes (constitué des volumes suivants : I.Antimémoires, II.La Corde et les Souris,et Oraisons funèbres), publié en octobre dans la Pléiade.
LesŒuvres complètes d'André Malraux sont disponibles en six volumes dans la collection « Bibliothèque de la Pléiade » (éditions Gallimard) : les deux premiers tomes sont consacrés aux œuvres de fiction ; le tome III auMiroir des limbes ; les tomes IV et V rassemblent lesÉcrits sur l'art ; le tome VI, intituléEssais, rassemble des textes sur la littérature (articles, préfaces), des discours et articles à caractère politique,Le Triangle noir,L'Homme précaire et la littérature ainsi que les deux Carnets posthumes (d'URSS et du Front populaire). Cet ensemble comporte des chronologies détaillées, un appareil critique, des index, de nombreux inédits, ainsi que, pour les volumes IV et V, les illustrations des éditions originales. Dans la même collection unAlbum Malraux (iconographie choisie et commentée parJean Lescure, 517 illustrations) a été publié en 1986.
Trois cent quatre-vingts dessins d'André Malraux sont publiés par Madeleine Malraux en 1986 sous le titreAndré Malraux : Messages, Signes et Dyables - Dessins 1946-1966. Deux cents dessins et croquis seront repris par cette dernière et son fils Alain dans un nouveau livre,L'Univers farfelu d'André Malraux, paru le aux Éditions du Chêne, sous la direction de Marie-Josèphe Guers. Un certain nombre d'entre eux illustrent l'agendaPléiade 2017.
Claude Pillet,Dix mille textes pour André Malraux, cdrom joint au livreLe Sens ou la mort, essai surLe Miroir des limbes d'André Malraux, Berne - Berlin - New York, Éd. Peter Lang, 2010.
↑Thomas Olszanski, militant syndicaliste dans Polonia, des Polonais en France de 1830 à nos jours, Cité nationale de l'immigration, 2010.(ISBN978-2-919040-05-6).
↑Claude Malraux, second du réseau Salesman dePhilippe Liewer, est arrêté à Rouen fin février ; il sera déporté et exécuté en captivité. Le, Roland Malraux, second du réseau Author d'Harry Peulevé, est arrêté àBrive. Voir le récit de l'arrestation de Roland :Arrestation du 21 mars ; il sera déportéNeuengamme, en Allemagne et mourra le lors du naufrage ducap Arcona.
↑Grégory Guibert,L'action d'André Malraux à la tête de laBrigade Alsace-Lorraine : un commandement charismatique et spirituel, Mémoire de Master d'histoire du vingtième siècle deSciences Po (dir :Jean-Pierre Azéma),Paris, 2002, 209 p.
↑Membre du comité directeur de ce congrès, Malraux y intervient à deux reprises, le mercredi 24 et le jeudi.
↑« Malraux a été un homme politique qui a joué un rôle très important en. Il rentre du front pour le congrès du Mouvement de Libération nationale. Il y avait, à l'époque, deux grands mouvements politico-résistants : le Front National, communiste, et le MLN, socialisant mais infiltré par les communistes. Le congrès du MLN s'ouvre avec une proposition de fusion organique MLN-Front National. Au sein du MLN, il y avait des agents communistes qui étaient, bien entendu, partisans de cette fusion. Les débats entre adversaires et partisans de la fusion ont été très houleux. Finalement a été adoptée la « motion Baumel-Malraux » qui rejetait la fusion avec le Front National, essentiellement grâce au talent oratoire de Malraux. Il est évident que si Malraux n'avait pas convaincu son auditoire, la fusion aurait eu lieu et la France aurait, sans doute, basculé dans le communisme. » (Henri Amouroux, à l'Académie des Sciences morales et politiques, après une communication d'Olivier Todd lors de la séance du.)
↑Alexandre Duval-Stalla,André Malraux et Charles de Gaulle : une histoire, deux légendes ; Paris, Gallimard, collection L'Infini, 2008,p. 19.
↑Voir ces deux textes, qui évoquent et commentent cette dernière phrase (extraite de la réédition en mars 1955 de deux entretiens parus initialement en 1945 et 1946) comme source éventuelle de la phrase apocryphe :Frédéric Lenoir, « Malraux et le religieux »,Le Monde des religions,(lire en ligne, consulté le). Ainsi que :Antoine Arjakovsky, « LeXXIe siècle sera spirituel ou ne sera pas », surciret-transdisciplinarity.org(consulté le), introduction.
↑Henri Tincq, « Dieu était « mort », il est « de retour »… On est en pleine confusion »,Slate,(lire en ligne, consulté le).
↑Interview d'André Malraux par Pierre Desgraupes, Le Point, 10 novembre 1975, réf. :André Malraux, « Citations », surdicocitations.lemonde.fr,(consulté le), citation apocryphe. Voir aussi :Charles-Louis Foulon,André Malraux et le rayonnement culturel de la France,Éditions Complexe,, 443 p.(ISBN978-2-8048-0005-5,lire en ligne),p. 437.
Comité d'histoire du ministère de la Culture et des institutions culturelles,Le ministère des Affaires culturelles et la mission culturelle de la collectivité. Rapport rédigé en 1968 par Antoine Bernard, conseiller d'État, directeur du cabinet d'André Malraux de 1965 à 1969 et publié de nouveau à l'occasion des journées d'étude sur « le ministère Malraux », 1989, 115 p.
Collectif,De Gaulle-Malraux, actes du colloque de l'Institut Charles de Gaulle du 13 au, Paris, Plon, 1987.
Pierre Bockel,L'Enfant du rire, Grasset, 1973 (en particulier le chapitre VI : « André Malraux ou l'agnostique comblé de grâce ». Pierre Bockel fut l'aumônier catholique de labrigade Alsace-Lorraine).
Jean Lacouture,Malraux, une vie dans le siècle, Paris, Éditions du Seuil,.
André Chamson,La Reconquête 1944-1945, Plon, 1975 (le commandant Chamson a combattu aux côtés de Malraux dans la brigade Alsace-Lorraine).
Recueil de photographies d'André Malraux, de son enfance jusqu'à l'âge adulte, par de nombreux photographes professionnels, lors de sa vie personnelle, politique et artistique.
Clara Malraux
Dominique Bona,Clara Malraux, nous avons été deux, Grasset et Fasquelle, Paris, 2010. 469 p.
Raphaël Aubert,Malraux etPicasso, Une relation manquée, Paris/Gollion, Infolio, 2013.
Raphaël Aubert,Malraux ou la lutte avec l'ange. Art, histoire et religion, Genève,Labor et Fides, 2001.
Yves Beigbeder,André Malraux et l'Inde, thèse (université de Paris-IV), 1983 (« Beigbeder est un des rares spécialistes de Malraux qui, tout en l'admirant, ne verse pas dans la surenchère hagiographique. » Olivier Todd,André Malraux, une vie, Gallimard, 2001,p. 659).
Anissa Benzakour-Chami,André Malraux, une passion, EDDIF, 2001, 433 p.
Marc Fumaroli,L’État culturel, Paris, De Fallois, 1991 (l'ouvrage ne porte que partiellement sur Malraux).
Henri Godard,L'Autre face de la littérature. Essai sur André Malraux et la littérature, Gallimard, coll. « L'Infini », 1990.
Henri Godard etJean-Louis Jeannelle (dir.),Modernité duMiroir des limbes: un autre Malraux, Paris, Éditions Classiques Garnier, coll. « Série Recherches sur André Malraux », 2011.
Geoffrey T. Harris,De l'Indochine au RPF, une continuité politique. Les romans d'André Malraux, Éditions Paratexte, Toronto, 1990, 223 p.(ISBN0-920615-24-4).
Robert Grossmann,Le choix de Malraux, l'Alsace une seconde patrie, Éd. La Nuée Bleue, 1997.
Jean-Louis Jeannelle,Malraux, mémoire et métamorphoses, Paris, Gallimard, coll. « Hors série Connaissance », 2006.
Jean-Louis Jeannelle,Résistance du roman : genèse de « Non » d’André Malraux, Paris, CNRS Éditions, 2013.
Jean-Louis Jeannelle,Cinémalraux: essai sur l'œuvre d'André Malraux au cinéma, Paris, Hermann, 2015.
Jean-Louis Jeannelle,Films sans images : une histoire des scénarios non réalisés de « La Condition humaine », Paris, Éditions du Seuil, coll. « Poétique », 2015.
Claude Pillet,Le sens ou la mort, essai surLe Miroir des limbes d'André Malraux, Berne - Berlin - New York, éd.Peter Lang, 2010, accompagné d'une bibliographie complète sur CD-rom (Dix mille textes pour André Malraux).
Claude Pillet,L'Ange au miroir. Etudes sur les Mémoires de Malraux, Bulle, Sedetiam, 2023.
Philippe Poirrier,Art et pouvoir de 1848 à nos jours, Cndp, 2006.
Marie-Ange Rauch, « Le conquérant de la rue de Valois », dansRevue des Deux Mondes, numéro spécial : les mille et un visages de Malraux, Paris.
François de Saint-Cheron,L'Esthétique de Malraux, Sedes, 1996.
François de Saint-Cheron,Les Romans de Malraux, Hatier, 1996.
François de Saint-Cheron,Malraux, Ministère des Affaires étrangères-Adpf, 1996.
François de Saint-Cheron,Malraux et les poètes, Hermann, 2016.
François de Saint-Chéron,Malraux devant le Christ, Paris, Desclée de Brouwer, 2024 (prix spécial du jury du Prix André Malraux).
Michaël de Saint-Cheron,André Malraux et les juifs Histoire d'une fidélité, Paris, DDB, 2008.
Michaël de Saint-Cheron,André Malraux, ministre de la fraternité culturelle, précédé deConversations avec André Malraux, Paris, Kimé, 2009.
Catharine Savage Brosman,Malraux, Sartre, and Aragon as Political Novelists, University of Florida Press, 1964.
Günther Schmigalle,André Malraux und der spanische Bürgerkrieg. Zur Genese, Funktion und Bedeutung von L'Espoir (1937), Bonn, Bouvier, 1980 (Studien zur Literatur- und Sozialgeschichte Spaniens und Lateinamerikas, 4).
Françoise Theillou,Malraux à Boulogne, la maison du Musée imaginaire, 1945-1962, Paris éditions Bartillat, 2009.
Solange Thierryet al.,André Malraux et la modernité - catalogue de l'exposition du centenaire de sa naissanceMusée de la vie romantique, Paris, 2001.
Robert S. Thornberry,André Malraux et l'Espagne, Genève, Droz, 1977 (Histoire des idées et critique littéraire, 166).
Philippe Urfalino,L'invention de la politique culturelle, Paris, Hachette, 2004.
Jean-Pierre Zarader,Malraux ou la pensée de l'art, Paris, Vinci, 1996, rééd. Ellipses, 1998.
Jean-Pierre Zarader,Le Vocabulaire de Malraux, Paris, Ellipses, 2001.
Jean-Pierre Zarader,André Malraux Les Écrits sur l'art, Paris, Éd. du Cerf, 2013.
Jean-Pierre Zarader,Malraux Dictionaire de l'imaginaire, Paris, Klincksieck, 2017.
Europe,André Malraux, novembre-.
Roman 20-50, numéro spécialAndré Malraux. Les Noyers de l'Altenburg. La Condition humaine,no 19,.
Présence d'André Malraux. Revue dirigée parHenri Godard de 2001 à 2006, par Nathalie Lemière-Delage de 2007 à 2010 et par Evelyne Lantonnet à partir de 2011.
Présence d'André Malraux sur la Toile. Revue électronique liée au Séminaire Malraux qui se tient enSorbonne. Revue du siteAndré Malraux animé par Claude Pillet et actif depuis 2009.
Revue André Malraux Review. Revue fondée par Walter G. Langlois et publiée depuis 1969 aux États-Unis. Un volume annuel est publié à l'université d'Oklahoma par Michel Lentelme.
La Revue des lettres modernes, sérieAndré Malraux. Le vol. 13 (Malraux et la question des genres littéraires) a été publié en 2009 par Jean-Claude Larrat.
André Malraux - Audition du, commission des libertés de l'Assemblée nationale, CD audio, sous la direction deJean-Louis Debré, Frémeaux & Associés, Assemblée nationale.