Comme ses prédécesseurs, après un bref interrègne, Ancus est élu (en 640av. J.-C.) par le peuple romain, une élection ratifiée par leSénat. Son règne nous est présenté principalement par les historiensTite-Live etDenys d'Halicarnasse.
Plutarque nous enseigne que leshistoriographes latins s'accordaient pour considérer qu'Ancus Marcius était le fils de Pompilia, l'unique fille deNuma Pompilius, le deuxième roi de Rome. Pour le reste, les avis divergeaient. La majeure part des historiographes considéraient que la mère de Pompilia était Tatia, la fille de Titus Tatius. Ancus Marcius est donc l'arrière-petit-fils de Titus Tatius. Certains considéraient que la mère de Pompilia était la fille de Lucrèce.
Il est le petit-fils de Numa Marcus et deNuma Pompilius et premierpontife romain, donc lui aussi unSabin. Ancus Marcius, appartenant à lagens Marcia, est donc le petit-fils deNuma Pompilius.
Dès le début de son règne, Ancus charge legrand pontife de mettre par écrit les révélations desCommentaires de Numa, il agrandit le temple deJupiter Férétrien et instaure le collège desfétiaux. Surtout, Ancus restaure les pratiques religieuses négligées pendant le règne de son prédécesseur, le belliqueuxTullus Hostilius. En effet, selon la tradition et selon lui-même,Tullus, superstitieux et négligeant le rituel, avait été foudroyé pendant un sacrifice mal exécuté.Denys d'Halicarnasse rapporte cependant un autre récit auquel, dit-il, il n'accorde aucune foi, et selon lequel Ancus Marcius aurait en fait profité d'une tempête pour assassiner le roiTullus Hostilius en incendiant sa maison.
Ancus agrandit la Ville : il crée le premier pont en bois sur leTibre, lepont Sublicius et annexe leJanicule. Il étend l'influence de Rome vers la mer en créant à l'embouchure duTibre le port d'Ostie et en construisant dessalines, ainsi qu'un camp militaire. La construction d'Ostie est d'ailleurs le point le plus contesté du récit traditionnel. Aucune découverte archéologique n'est venue corroborer cette thèse et tous les éléments mis au jour montrent que la construction du port est beaucoup plus tardive. Il dirige aussi la construction dufossé des Quirites et de diverses autres fortifications (sur l'Aventin et leJanicule, entre autres). Son règne est également marqué par l'apparition de problèmes sociaux : la prison duTullianum est creusée en pleine ville, au flanc duCapitole, pour les délinquants.
Lebonus Ancus est présenté comme un roi pacifique, mais, d'aprèsTite-Live, « les circonstances convenaient mieux à un Tullus Hostilius qu'à un Numa »[1], et Ancus est souvent amené à faire la guerre contre ses voisins. Les Latins sont vaincus (guerres contrePolitorium,Médullia, puisTellènes etFicana) et déportés en grand nombre autour du montAventin qui est intégré à la Ville[2]. On fait aussi allusion à des batailles contreFidènes (oùTarquin est cité comme lieutenant d'Ancus) etVéies.La fonction guerrière d'Ancus Marcius est aussi marquée par le fait que sa première préoccupation était la protection de cette cité : c'est pour empêcher les voisins de Rome de s'installer sur le Janicule qu'il l'annexe et le fortifie. De plus, Tite-Live précise qu'Ancus Marcius a fait creuser le fossé des Quirites afin de protéger Rome.
L'ambitieuxLucumon se place dans l'entourage d'Ancus Marcius : il devient l'ami du roi et est nommé tuteur de ses deux fils[3]. Par d'habiles manœuvres politiques, il parvient à se faire élire comme successeur d'Ancus Marcius en616av. J.-C. et devient le premier roiétrusque deRome sous le nom deTarquin l'Ancien[3].
↑Eutrope :Abrégé de l'histoire romaine (tr : Maurice Rat) : « V. - Après lui, Ancus Marcius, petit-fils de Numa par une fille de ce prince, prit le pouvoir. Il combattit avec ardeur contre les Latins, ajouta à la capitale le mont Aventin et le mont Janicule, bâtit sur la mer la cité d'Ostie, à seize milles de la ville de Rome. Dans la vingt-quatrième année de son règne, il succomba à une maladie. »
Tite-Live,Histoire romaine. De la fondation de Rome à l'invasion gauloise. Livres I à V. Garnier-Flammarion. Traduction d'Annette Flobert.(ISBN2-08-070840-6)
Thierry Camous,Le Roi et le fleuve. Ancus Marcius Rex aux origines de la puissance romaine, Collection Études anciennes, Les Belles-Lettres, Paris, 2004.(ISBN2-251-32656-1)