Naissance | |
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Décès | (à 36 ans) New York ![]() |
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Formation | Université de l'Iowa (Master of Fine Arts)(jusqu'en) ![]() |
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Conjoint | Carl Andre(jusqu'en) ![]() |
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Genres artistiques | |
Distinctions |
Ana Mendieta, née le àLa Havane et morte le àNew York, est uneperformeuse,sculptrice,peintre,photographe etartiste vidéoaméricano-cubaine.
Son œuvre se situe à la croisée duland art et dubody art. Elle est surtout connue pour son travail « earth-body ». Explorant la binarité du genre, son œuvre s'inscrit dans une visionessentialiste du corps et des rapports entre les sexes[1].
Sa mort après une chute par la fenêtre de son appartement situé au34e étage est sujette à controverses.
Ana Mendieta naît le àLa Havane, dans une famillecubaine éminente[2]. À 12 ans, elle et sa sœur de 14 ans Raquelin sont envoyées par leurs parents dans le cadre du programme gouvernemental américain qui retire les enfants du régime cubain, deux ans après le coup d'état deFidel Castro contre le gouvernement autoritaire du présidentFulgencio Batista, et les transfère auxÉtats-Unis. À travers l'opération Peter Pan, un programme collaboratif géré par le gouvernement américain et desassociations caritatives catholiques, Ana et sa sœur passent leurs premières semaines dans uncamp de réfugiés de l'Iowa, avant de passer par plusieursinstitutions etfamilles d'accueil[3].
En 1966, elles sont rejointes par leur mère et leur petit frère ; leur père les rejoint en 1979 après avoir passé 18 ans en prison à Cuba à cause de son implication dans ledébarquement de la baie des Cochons.
À la fin desannées 1960, elle étudie à l'université d'Iowa où elle obtient une licence (BA) et un master (MA) enpeinture ainsi qu'un master (MFA) enintermedia après avoir suivi les cours d'Hans Breder (en)[4].
Au cours de sa carrière, elle voyage et expose dans de nombreux pays, notamment à Cuba,Mexico, enItalie et auxÉtats-Unis.
Ana Mendieta meurt le àNew York après une chute par la fenêtre de son appartement situé au34e étage au 300, Mercer Street àGreenwich Village[5],[6] où elle vit avec son mari, le sculpteur minimalisteCarl Andre, avec qui elle est mariée depuis huit mois.
Juste avant sa mort, les voisins ont entendu le couple se disputer violemment[7]. Ils n'étaient pas témoins oculaires des événements qui entraînèrent la mort de Mendieta[8]. Dans un enregistrement de l'appel d'Andre aux secours on l'entend dire :
« Ma femme est une artiste, et je suis un artiste, et nous avons eu une dispute à propos du fait que je sois plus, euh, exposé au public qu'elle. Et elle est allée dans la chambre, et je l'ai suivie et elle est passée par la fenêtre[9]. »
En 1988, Andre est accusé de meurtre puis acquitté. Après trois ans de procédures judiciaires, son avocat décrit la mort de Mendieta comme un possible accident ou unsuicide. Le juge déclare que« la culpabilité n'a pas été prouvée, au-delà d'un doute raisonnable[10],[8]. »
L'acquittement provoque un tollé parmi les féministes du milieu de l'art et reste toujours controversé. En 2010, un colloque intitulé « Where is Ana Mendieta » se tient à l'université de New York pour célébrer le25e anniversaire de sa mort[11]. En, le groupe de protestation féministeNo Wave Performance Task manifeste devant la rétrospective deCarl Andre à laDia Art Foundation[12]. Il dépose des piles de sang animal et de boyaux devant l’établissement, tout en distribuant des survêtements transparents où il est écrit« J'aimerais qu'Ana Mendieta soit toujours en vie ». En, leNo Wave Performance Task et un groupe de poètes féministes originaires deNew York se rendent àBeacon pour protester contre la rétrospective d'Andre à laDia:Beacon. Dans la galerie principale, elles hurlent, fabriquent des « siluetas » sur le sol du musée avec de la neige, teintée avec du paprika, des sprinkles et du faux sang[13].
Le travail d'Ana Mendieta, généralement autobiographique, s'inscrit essentiellement dans le champ de laperformance et aborde les thèmes du féminisme, de la violence, de la mort et de l'appartenance.
Ses œuvres politiques sont généralement associées auxquatre éléments de la nature et empreintes d'une forte dimension spirituelle[15].
Le travail d'Ana Mendieta est également marqué par la religion et les rites. L'artiste s'intéresse notamment à lasanteria, une religion dont la relation à la femme, la nature ou la sexualité diffère du patriarcat qui marque la doctrine catholique[16].
Elle se tourne vers laperformance en 1972 et réalise la plupart de ses interventions, œuvres, performances et films entre 1972 et 1978. Ses performances comptent encore aujourd'hui parmi les plus radicales de ce mouvement artistique. La représentation des abus sexuels et l'utilisation de sang animal imprègnent un grand nombre de ses œuvres.
En 1972, ses premières performances,Feathers on a Woman etDeath of a Chicken, mettent en scène un corps de femme recouvert de plumes blanches ou de sang d'un poulet, fraîchement égorgé entre les mains de la performeuse.
Ces actions reflètent le lien entre le sacrifice animal et le sacrifice des femmes et met au centre la question de l'animalité, la virginité et la création. L'animalité et la virginité sont des thèmes récurrents dans son œuvre et reflètent une volonté de s'approprier et déconstruire la mythologie, notamment le mythe deLeda violée par un cygne[17] ou l'enlèvement d'Europe parZeus, et soulève la question du rapport érotique entre hommes et femmes, l'humiliation et la réification des femmes.
Dans la sérieBody on Glass (1972), Ana Mendieta colle son visage à une vitre et témoigne d'une volonté de le traverser, le verre symbolisant le mur invisible sur lequel les espérances féminines se heurtent.
Réalisée en 1973,Untitled (Self Portrait with Blood - Autoportrait en sang) est une photographie en couleur montrant une vue rapprochée du visage d'une jeune femme ruisselant de sang. Elle fait partie d'un groupe d'images qui documentent une performance dans laquelle l'artiste a posé pour l’appareil photographique avec du sang coulant sur son visage, son cou et ses vêtements de coton blanc. Sur ce cliché, la tête est inclinée vers l'arrière mettant en avant ses narines ensanglantées. Ses yeux entrouverts regardent directement le spectateur. Le sang recouvre son front et coule le long de son nez, dans ses lèvres et sur les côtés de son visage, coagulant dans ses longs cheveux noirs. Mendieta a photographié ses performances et ses happenings à l'aide de diapositives 35 mm. Cette œuvre, conservée àLondres à laTate Modern, est dans la lignée de celles que Mendieta a créé les années précédentes commeUntitled (Variations esthétiques du visage) où elle pose face à l’objectif, déformant son visage par le maquillage, les perruques et des collants déchirés enfilés sur sa tête.
La sérieSiluetas, réalisée entre 1973 et 1980, met en scène des empreintes de son corps, visibles en creux dans la terre et le sable ou réalisées par un assemblage de divers éléments naturels. Ana Mendieta a utilisé son propre corps, pour marquer sa silhouette sur la terre, l'herbe, le sable, la boue, la neige ou la glace[18]. Les formations rocheuses naturelles, la végétation, les matériaux et les débris terreux, le feu, l'eau et la poudre à canon sont devenus ses supports lorsqu'elle s'est tournée vers la production d’œuvres en plein air[19]. Ces empreintes sont destinées à être éphémères, lanature pouvant reprendre son droit, et sont parfois asexuées. Cette série est imprégnée d'un double mouvement : celui du marquage du corps dans la nature, grâce aux empreintes laissées, mais aussi l'effacement de ce même corps, par leur caractère temporaire. Cette période est extrêmement prolifique : environ 200 pièces individuelles de la sérieSiluetas sont documentées dans des films et des photographies[18]. La série a été, pour l'essentiel, réalisée dans les environs d'Iowa City (où elle a vécu) et près d'Oaxaca, auMexique (où elle s'est rendue durant l'été)[19]. LesSiluetas ont été le début d'une forme d'art nouvelle et puissante dont elle a été la pionnière, en mêlant terrassement,féminisme,performance,art conceptuel,photographies etfilms[20].
Ana Mendieta a souvent utilisé son corps nu pour explorer et se connecter à la terre, comme on peut le voir dans son œuvreImagen de Yagul, issue de la sérieSiluetas Works in Mexico 1973-1977. Sur la photographie de cette performance, on voit Ana Mendieta allongée nue dans une tombepréhispanique — probablement d'originezapotèque — sur le site mésoaméricain deYagul. Elle est recouverte de fleurs blanches et d’herbe arrangées par Hans Breder[21]. Celui-ci prend une série de photographies à partir de laquelle Mendieta a imprimé une seule image emblématique. Cette œuvre révèle son désir de fusionner ou de ne faire qu’un avec la terre. La réalisation de l'œuvre dans une tombe préhispanique fait référence à laculture mexicaine et vient renforcer les liens avec un passé ancestral — avec lequel Mendieta ressentait une étroite affinité — et avec les histoires et les systèmes de croyances des civilisations que Mendieta estimaient être plus en phase avec les ressources naturelles[22]. LesSiluetas ont rendu tangible la croyance de Mendieta en la terre comme déesse, enracinée dans laSanteria afro-cubaine[23].
En 2017, 23 films sont restaurés et présentés auBerkeley Art Museum and Pacific Film Archive en Californie[25] et en 2018 àBerlin, auMartin-Gropius-Bau[26].
En 2018, une rétrospective de l’œuvre filmée d'Ana Mendieta est présentée auJeu de Paume àParis[27].
« Through my earth/body sculptures I become one with the earth[…] I become an extension of nature and nature becomes an extension of my body. This obsessive act of reasserting my ties with the earth is really the reactivation of primeval beliefs[…] [in] an omnipresent female force, the after image of being encompasses within the womb, is a manifestation of my thirst for being. »
— Anna Mendieta, déclaration inédite, citée par John Perreault
« Mes sculptures terre/corps constituent un moyen pour ne faire qu'un avec la terre[…] Ainsi, je deviens une extension de la nature et la nature devient une extension de mon corps. Cet acte obsessionnel de réaffirmer mes liens avec la terre est réellement la réactivation des croyances primordiales. […] une force féminine omniprésente, l'image […] d'être englobée dans l'utérus, est une manifestation de ma soif d'être. »
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