Unambassadeur ou uneambassadrice est une personne représentante d'unÉtat auprès d'un autre, ou parfois auprès d'uneorganisation internationale. Il est le rang le plus haut au sein de la hiérarchiediplomatique. On l'emploie aussi au sens figuré, pour qualifier toute personne chargée d'un message ou d'une mission quelconque.
L'ambassadeur, en tant que chef de poste d'unemission diplomatique, est le subordonné d'ungouvernement. Il tient son pouvoir de lui et ne l'exerce qu'en son nom et sur sa demande expresse, sauf pour des affaires courantes qui ne nécessitent pas un message ministériel, s'appuyant ainsi notamment, en ce qui concerne les ambassadeurs de France, sur le décret du[1].
Ses missions sont multiples : il se doit de protéger les ressortissants de son pays, de négocier avec le gouvernement local et de défendre les intérêts de son pays.
Il se tient au courant de l'évolution et de la situation du pays dans lequel il a été nommé pour en informer son propre gouvernement. Il est en outre responsable de l'unité et de la cohérence de la représentation de son pays, généralement sous l'autorité du ministre des Affaires étrangères dont il dépend. En revanche, il représente le gouvernement complet et chacun des ministres, jouant ainsi un rôle d'intermédiaire entre les services de sa mission et les départements dont ils relèvent.
L'ambassadeur est aussi chargé de promouvoir des relations amicales et de développer les relations économiques, culturelles, scientifiques et militaires entre les deux pays.
En cas de relations diplomatiques dégradées, souvent l'ambassadeur est rappelé par son pays en signe de protestation. La rupture diplomatique supprime l'ambassade.
En tant quehaut fonctionnaire, il est chargé de faire « fonctionner » l'administration, à savoir coordonner et animer l'action des services civils qui composent lamission diplomatique dont il est le chef.
Un ambassadeur a droit auprédicat d'Excellence (Son Excellence étant abrégé en S.E.). En revanche, les ambassadeurs français n'ont en principe pas droit au prédicat d’Excellence dans leur pays d'origine, ni de la part des citoyens français, où qu'ils se trouvent, qui leur donnent simplement duMonsieur l'Ambassadeur. Les ambassadeurs américains, quant à eux, sont appelésHonorable par leurs concitoyens etExcellence par les étrangers.
La dignité : l'ambassadeur de carrière (diplomate de carrière) le devient à la fin de sa carrière, juste après le poste dePremier conseiller. Cet ambassadeur est généralement indépendant du changement de chef d'État ou de gouvernement.
La fonction : l'ambassadeur est nommé par le pouvoir de son pays afin de le représenter auprès du gouvernement de sa résidence. Il n'en possède le titre que pendant la durée de sa mission.
Aux États-Unis, exception occidentale, chaque ambassadeur est proposé par leprésident auSénat, qui doit ratifier cette proposition à la majorité des deux-tiers ; la plupart du temps, il ne s'agit que d'une formalité, mais pour certaines nominations, dans des postes sensibles, cela génère parfois des débats serrés.
Il arrive que les ambassadeurs ne soient pas desdiplomates de carrière mais des personnalités que leprésident souhaite remercier par un poste en raison de leurs dons financiers à sa campagne présidentielle. On parle alors d'ambassadeurs « politiques »[2]. Ainsi,Joseph Kennedy, financier de la campagne deFranklin Roosevelt, fut nommé ambassadeur à Londres en 1938-1940 ; la fille duprésident Kennedy,Caroline Kennedy, estambassadrice au Japon de 2013 à 2017, puis en Australie depuis le mois de juillet 2022 ; en France,Felix Rohatyn, ancien élève dulycée Janson-de-Sailly en 1934-1938 et ancien président de laBanque Lazard, parfaitement francophone, est nommé ambassadeur à Paris entre 1997 et 2000. La plus emblématique de tous les ambassadeurs des États-Unis à Paris futPamela Harriman, ex-belle-fille deWinston Churchill et femme d'Averell Harriman, ancien ambassadeur des États-Unis à Moscou etgouverneur de New York.
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EnFrance, la nomination des ambassadeurs, et, plus généralement, des agents diplomatiques et consulaires, est régie par un décret de 1969[3], qui définit aussi le rang du personnel diplomatique, l'avancement, les détachements et les affectations. En particulier, l'emploi de chef demission diplomatique est réservé en priorité aux ambassadeurs de France et aux ministres plénipotentiaires, voire exceptionnellement à des conseillers de première classe ; toutefois, depuis 2023, ces corps ont été mis en extinction et remplacés par celui d'administrateur de l'État. Les ambassadeurs sont nommés par leprésident de la République, enConseil des ministres, sur proposition duministère des Affaires étrangères. Cette nomination peut donc revêtir un caractère politique, selon le pays concerné : ainsi,Bernard Vernier-Palliez, ancien PDG de laRégie Renault, entreprise industrielle nationalisée en 1945, fut nommé ambassadeur àWashington en 1981-1984, pour expliquer aux Américains l'avantage des nationalisations. Généralement, ils sont choisis et affectés en fonction de leur expérience et de leur grade dans la hiérarchie diplomatique.
Une fois désigné, l'ambassadeur doit recevoir l'agrément du pays où il se rend. À son arrivée, il transmet auchef de l'État accompagné du ministre des Affaires étrangères du pays d'accueil, leslettres de créance lui conférant alors l'immunité et les privilèges liés à son rang, en vertu des conventions internationales régies par laConvention de Vienne sur les relations diplomatiques.
Durée : la fonction des ambassadeurs français impose généralement de déménager très régulièrement, tous les 3 ou 4 ans en général.
Un ambassadeur français peut être élevé à la dignité d'« ambassadeur de France », conféréeintuitu personae, titre qu'il conserve alors à vie[4].
En activité, un ambassadeur est appelé « Monsieur l'ambassadeur » ou « Madame l'ambassadeur », « Madame l'ambassadrice » étant plutôt réservé à la femme de l'ambassadeur[5].
L'ambassadeur de France est désigné par leprédicat« Son Excellence Monsieur l'Ambassadeur » dans les comptes-rendus[6], raccourci par l'acronyme« SEMA » notamment sur lesgilets pare-balles dans les pays en guerre[7].
Les pays membres duCommonwealth n'échangent pas entre eux des ambassadeurs mais deshauts-commissaires ; les ambassades sont alors désignées sous le nom dehaut-commissariat. L'ambassadeur est le représentant du chef de l'État auprès du chef d'un autre État. À l'origine, les membres du Commonwealth avaient en partage le souverain britannique comme chef de l'État et ne pouvaient donc s'échanger un ambassadeur. Ce n'est plus le cas aujourd'hui puisque la majorité des pays membres de cette organisation sont des républiques ayant leur propre chef de l'État, mais la tradition est demeurée. Par exemple, leRoyaume-Uni a un haut-commissariat auNigeria (et non une ambassade), larépublique de Singapour a un haut-commissariat enAustralie, et ainsi de suite. Les représentants des pays du Commonwealth dans les pays non-membres sont toutefois des ambassadeurs ; ainsi, le Royaume-Uni a bien une ambassade enFrance.
LeSaint-Siège n'envoie pas d'ambassadeurs à l'étranger mais desnonces apostoliques. Ceux-ci possèdent cependant le même rang que les ambassadeurs dans la hiérarchie diplomatique. Actuellement tous les nonces sont desarchevêques[réf. nécessaire].
Depuis la plus hauteAntiquité, les États avaient l'habitude d'envoyer des ambassadesad hoc dans les autres pays pour des missions spécifiques[14] : ainsi,Caton l'Ancien fut envoyé parRome en ambassade àCarthage, d'où il revient pour mettre en garde leSénat devant la renaissance de la puissance punique.
Seules lescités italiennes, auMoyen Âge, entretenaient des ambassades permanentes; à cause de l'intensité de leurs relations et du besoin de résoudre des conflits permanents, armés ou non, qui les opposaient. Pour faciliter leur mission, les ambassadeurs de ces cités bénéficiaient d'une immunité vis-à-vis des États où ils étaient en poste et ne les quittaient qu'en cas de guerre entre les deux cités.
On assiste toutefois pour certains pays, comme en Angleterre, à une spécialisation de certains ambassadeurs envoyés en mission[15].
La présence des femmes dans la diplomatie est ancienne mais a longtemps été officieuse (aristocrates,salonnières, épouses d'ambassadeurs, par exemplePauline von Metternich sous leSecond Empire, qui tente de renforcer les relations franco-autrichiennes). D'autres, par leur engagementpacifiste etféministe, essaient aussi de peser dans les relations internationales (Bertha von Suttner, prix Nobel de la paix 1905)[16].
Les carrières diplomatiques s'ouvrent peu à peu aux femmes après laPremière Guerre mondiale, innovation cependant ralentie par une résistance masculine qui considère ces professions comme relevant de son pré carré. En 1918, l'Autriche permet aux femmes d'intégrer laKonsularakademie et, en 1928, la France de passer le concours duQuai d'Orsay. Dans ce second cas, les lauréates (dont la première estSuzanne Borel en 1930, devenue attachée d'ambassade puis secrétaire d'ambassade de deuxième classe en 1933) n'ont pas encore accès aux mêmes carrières que les hommes ; en 1944, après l'obtention dudroit de vote, toutes les carrières leur sont autorisées, mais unplafond de verre subsiste. Grâce au rôle joué par l'orientalisteFreya Stark et la fonctionnaireMary McGeachy pendant laSeconde Guerre mondiale, leForeign Office britannique ouvre ses carrières aux femmes en 1946 mais ne supprime l'interdiction aux femmes diplomates de se marier qu'en 1972. En Irlande, c'est aussi après le conflit que les femmes peuvent intégrer la diplomatie, en 1962 en Espagne et en 1963 en Italie. L'Union européenne intègre au tournant du siècle une dimension de genre dans ses politiques et, en 2009,Catherine Ashton accède à la tête de la diplomatie européenne. Les ambassadrices restent toutefois minoritaires (11 % au Royaume-Uni dans les années 1990, 25 % en France en 2019)[16],[17]. Pour sa part, la Suède compte le plus fort taux de femmes ambassadrices au monde (48 % en 2020) et 52 % des directeurs de son ministère des Affaires étrangères, chiffres à mettre en relation avec la « diplomatie féministe » mise en place par la ministreMargot Wallström à partir de 2014[18].
Les jeunes régimes socialistes et républicains ont été pionniers dans la nomination de diplomates femmes : en 1918, la suffragiste hongroiseRosika Schwimmer est nommée « envoyée extraordinaire et ministre chargée de mission » en Suisse. En 1922, l'URSS envoieAlexandra Kollontaï comme attachée auprès de la mission commerciale d'Oslo, dont elle devient rapidement responsable. En 1924, elle est nommée « chargée d'affaires » et, immédiatement après, « ministre plénipotentiaire », d'abord en Norvège même[19], puis au Mexique et enfin en Suède. En1943, lorsque la légation soviétique à Stockholm est élevée au rang d'ambassade, elle aussi est enfin officiellement promue « ambassadrice »[20].
Après avoir été la seule femme de la délégation bulgare auxnégociations de paix de Neuilly-sur-Seine en 1919,Nadejda Stancioff est nommée « première secrétaire » de la légation bulgare aux États-Unis en 1921. Cependant, elle quitte le service diplomatique en 1923 pour protester contre le meurtre du Premier ministreAlexandre Stamboliyski[21].
L'Académie française maintient au moins jusqu'en que le titre d'un métier ou d'une fonction ne doit pas êtreféminisé[29], ayant pour conséquence qu'une femme nommée pour représenter un pays auprès d'un autre pays prenne le titre d'« ambassadeur ». Toutefois en, elle revient sur sa position et indique qu'« il n’existe aucun obstacle de principe à la féminisation des noms de métiers et de professions »[30].
↑Mari Agop Firkatian,Diplomats and Dreamers: The Stancioff Family in Bulgarian History, Lanham, University Press of America, 2008, p. 224–234(ISBN978-0-7618-4069-5).
Dominique Decherf,Couleurs : mémoires d'un ambassadeur de France en Afrique, Saint-Malo, Pascal Galodé Editions,, 332 p.(ISBN978-2-35593-209-0)
Bernard Bajolet,Le soleil ne se lève plus à l'Est : Mémoires d'Orient d'un ambassadeur peu diplomate, Paris/61-Lonrai,Plon,, 464 p.(ISBN978-2-259-26341-2)
Claude Martin,La diplomatie n'est pas un dîner de gala, La Tour-d'Aigues/impr. en Europe, Nouvelles éditions de l'Aube,, 946 p.(ISBN978-2-8159-2762-8)
Yves Aubin de la Messuzière,Profession diplomate : Un ambassadeur dans la tourmente, Paris,Plon,, 350 p.(ISBN978-2-259-25992-7)
Rapport d'information de M. Adrien Gouteyron, rapporteur spécial des crédits des affaires étrangères pour le Sénat : les cadres supérieurs du Quai d'Orsay : une réforme à engager d'urgence.