Tracé du cours d'eau et de ses principaux affluents.[2]
L'Amazone (enespagnol :Río Amazonas, enportugais :Rio Solimões en amont deManaus etRio Amazonas après larencontre des Eaux[3]) est un fleuve d'Amérique du Sud. C'est le plus puissantfleuve du monde : son débit moyen estimé à l'estuaire — de 209 000 m3/s pour la période 1973-1990[4] — est de loin le plus élevé de tous les fleuves de la planète et il équivaut au volume cumulé des six fleuves qui le suivent immédiatement dans l'ordre des débits. À elle seule[b], l'Amazone représente d'ailleurs environ un cinquième du débit fluvial du monde entier[5].
Son réseau hydrographique compte plus de 1 000 cours d'eau. L'Amazone est à l'origine de 18 % du volume total d'eau douce déversée dans les océans du monde. Ses deux principaux affluents, lerio Madeira et lerio Negro font eux-mêmes partie des10 plus importants cours d'eau du monde par leurs débits (32 000 et 29 300 m3/s)[12], et le troisième lerío Caquetá (18 600 m3/s) rivalise avec leMississippi.
Dans son cours inférieur, la largeur du lit habituel de l'Amazone (qui, même hors des périodes de crue, atteint une moyenne de 10 km et plus en aval deManaus[13]) est telle que l'on ne voit la rive opposée que par temps clair, ce qui, étant donné le niveau de l'hygrométrie des régions traversées, est relativement rare. C'est probablement pourquoi les populations autochtones de ces rives ont surnommé l'Amazoneel río mar (« le fleuve mer ») et mêmeel río océano (« le fleuve océan »). On en trouve témoignage dans le poème épiqueLos Reinos Dorados (« Les Royaumes d'Or ») (2007), deHomero Carvalho Oliva (né en 1957), qualifié d'« épopée postmoderne bolivienne » par Christina Ramalho professeure à l'université fédérale de Sergipe au Brésil, en lien avec les mythes indigènes (surtoutGuaranis) de la « Mère de l'Eau » et de la « Terre sans Mal »[14].
La démesure de l'Amazone s'apprécie aussi en constatant qu'aucun pont ni barrage ne le franchit sur des milliers de kilomètres (la traversée se fait en bac ou ferry), et qu'il faut remonter très haut sur ses deux formateurs lesrío Marañón etrío Ucayali pour trouver de tels aménagements. Tout s'y oppose : la largeur du fleuve, sa profondeur, sa puissance, la multitude d'îles et de bras fluviaux, les berges inondées plusieurs mois par an et remodelées à chaque crue. La technique d'aujourd'hui ne permet pas de s'affranchir de telles difficultés. C'est pourquoi les actuels projets de barrages ne concernent que les affluents (rio Madeira,rio Xingu)[15]. S'ils se concrétisent, ils prendront néanmoins place parmi les plus grandes réalisations hydrauliques au monde.
Avant la conquête de l’Amérique du Sud, leRío de las Amazonas n’avait pas de nom général ; à la place les différentes tribus indigènes avaient des noms qui désignaient chacune des sections qu’ils occupaient, telsParanaguaza,Guyerma,Solimões et d’autres.
Vicente Yáñez Pinzón, qui fut le premier explorateur du fleuve, l’appela le fleuveRío Santa Maria de la Mar Dulce, du fait de l’absence desalinité en mer au niveau de sonembouchure. Ce fut rapidement abrégé enMar Dulce, puis enfin pour quelques années, après 1502, il fut connu sous le nomRío Grande.
Les compagnons de Pinzón appelèrent le fleuveEl Río Marañón. Le motMarañón a, pour certains, des origines indigènes. Cette idée fut développée pour la première fois dans une lettre dePierre Martyr d'Anghiera adressée àLope Hurtado de Mendoza en 1513. Cependant, ce mot peut aussi dériver de l’espagnolmaraña — qui signifie un enchevêtrement, une pagaïe — il représenterait ainsi les difficultés rencontrées par les premiers explorateurs lors de la navigation non seulement de l’embouchure du fleuve mais aussi des multiples canaux et des rives découpées qui forment l’actuel État brésilien duMaranhão.
Selon l'explication traditionnelle mais peut-être légendaire, c'estFrancisco de Orellana qui lui donna le nom d'Amazone pour la simple raison que pendant son voyage sur le fleuve, il fut attaqué le par une tribu de femmes guerrières, établissant une analogie avec lesAmazones[16]. Cettehydronymie est cependant controversée. Il est possible que Francisco de Orellana ait imité un terme indigène, à cause de sonassonance, puisqu'une des étymologies d'Amazone fait remonter ce terme àamassona qui signifie dans leslangues tupi « destructeur de bateau », en référence auxmascarets qui créent des vagues dévastatrices en amont pendant les grandes marées de printemps[17].
Le nomrío Marañón a toutefois été conservé au Pérou pour désigner la partie du fleuve située en amont du confluent durío Ucayali.
Avant lasurrection desAndes et l'érosion d'anciennes montagnes situées à l'embouchure actuelle, l'écoulement de l'Amazone se faisait d'est en ouest (la partie occidentale était prolongée en aval jusqu'à la mer des Caraïbes)[18],[19].
Pendant l’année1500,Vicente Yáñez Pinzón, aux commandes d’une expédition espagnole, devient le premier Européen à explorer le fleuve, parcourant seulement son embouchure qu’il découvre en remarquant de l’eau douce en pleine mer.
C'est depuis sa source que l’Amazone a été réellement explorée. La première descente complète de l’Amazone par les Européens depuis lesAndes jusqu’à la mer est due àFrancisco de Orellana en1541-1542[21],[22],[23]. Cette descente eut lieu par hasard car Orellana, qui avait été envoyé en reconnaissance parGonzalo Pizarro pour rechercher des vivres, dut naviguer durant neuf jours avant d'en trouver et, ne pouvant revenir en arrière en raison du courant, décida de continuer la descente jusqu’à l’Atlantique. Le nom Amazone provient d’une bataille qui eut lieu contre la tribu desTapuyas durant laquelle les femmes de la tribu se battaient aux côtés des hommes, selon la coutume des Tapuyas. D'après le récit détaillé que fait de l'expédition le moineGaspar de Carvajal, ces femmes avaient leur propre royaume et vivaient séparées des hommes à la façon desAmazones d’Asie et d’Afrique de la mythologie, décrites notamment parHérodote etDiodore.
De juin à septembre 1743, l’explorateur scientifique françaisCharles-Marie de La Condamine (1701-1774) descend la totalité du fleuve Amazone qu'il décrit dans saRelation abrégée d’un voyage fait dans l’intérieur de l’Amérique méridionale, depuis la côte de la mer du Sud, jusqu’aux côtes du Brésil et de la Guyane, en descendant la rivière des Amazones, et dont il dresse une carte très détaillée.
Débit moyen mensuel (en m3/s) Station hydrologique : Óbidos (données calculées sur 69 ans)
Débit moyen mensuel (en m3/s) Station hydrologique : (estimation des débits moyens mensuels de l'Amazone à l'embouchure en prenant en compte ses 4 derniers affluents) (données calculées sur 69 ans)
Vue satellitaire d'une portion du fleuve en crue, près des villes d'Óbidos et d'Oriximiná, à mi-chemin entre Manaus et le delta. Le reflet métallique du soleil sur l’eau boueuse montre les zones inondées.
En fait, la source la plus lointaine de l’Amazone dans lesAndespéruviennes n'a été fermement établie que récemment. C’est un ruisseau qui jaillit à 5 170 m[31] d'une falaise située dans larégion d'Arequipa sur un sommet de 5 507 m d’altitude, leNevado Mismi, approximativement à 160 km à l'ouest dulac Titicaca et environ à 650 km au sud-est deLima. Cette montagne fut suggérée pour la première fois comme la véritable source en1971 par une expédition américaine dirigée par Moren McIntyre[30], mais ne fut pas confirmée avant décembre2000 par Andrew Pietowski[30], et encore en2001[32],[33],[34].
Le ruisseau s’écoule depuis le Nevado Mismi jusqu’à la rivièreApurímac. L’Apurímac prend successivement le nom deEne puis deTambo et forme l'Ucayali après avoir rejoint lerío Urubamba qui vient deCuzco. L'Ucayali se joint auMarañón après un long parcours vers le nord. Le fleuve prend alors le nom d'Amazonas au Pérou et en Colombie, puis celui derio Solimões en entrant au Brésil au niveau deTabatinga, et à nouveau celui d'Amazone à la hauteur deManaus, après avoir été rejoint par lerio Negro.
La longueur précise totale des fleuves est toujours sujette à controverse : en effet elle est complexe à établir sur le terrain et elle est dépendante des paramètres et du mode de calcul choisis, eux-mêmes difficiles à standardiser car s'appliquant à des situations hétérogènes. De plus des enjeux de fierté locale, scientifique, nationale ou même continentale s'attachent à la question de savoir qui est le découvreur de "la" source, quel lieu et quel pays la "détiennent", et quel fleuve détient le "record du monde" de longueur ou de puissance. Alors que, à l'évidence, puisque par nature un système fluvial est une arborescence descendante, toutes les sources de tous ses affluents sont à la source du flux d'eau douce qui s'embouche à la mer et s'y déverse, et que bien sûr toutes les sources contribuent à son cours. Ces controverses et ces enjeux montrent à l'envi l'importance des rôles économique et écologique majeurs, voire vitaux, que jouent les fleuves du monde, mais aussi la fascination qu'ils exercent et leur importance symbolique dans l'imaginaire collectif... La meilleure preuve en est la quête, devenue mythique — et encore d'actualité de nos jours — dessources du Nil et de celles de l'Amazone. C'est d'ailleurs pour toutes ces raisons qu'il existe pour la plupart des fleuves du monde des mesures différentes de leur longueur[a].
Laforêt amazonienne débute à l’est desAndes. Elle est d’une grande importance écologique, étant capable d’absorber de gigantesques quantités dedioxyde de carbone. La conservation de la forêt amazonienne est un des plus grands problèmes écologiques de ces dernières années.
La forêt tropicale est issue du climat extrêmement humide du bassin amazonien. L’Amazone et ses milliers d’affluents s’écoulent lentement à travers le paysage par une pente si faible que c’est en réalité la poussée de l’eau en amont qui pousse le flux vers la mer. La ville deManaus, à 1 000 km de l’Atlantique, est située seulement à 44 m au-dessus du niveau de la mer.
Labiodiversité de la forêt amazonienne est très importante : la région abrite plus de 2,5 millions d’espèces d’insectes, des dizaines de milliers deplantes, et quelque 2 000 espèces d'oiseaux et demammifères. Une espèce d’oiseaux sur cinq est représentée dans la forêt amazonienne.
La diversité de la flore dans le bassin amazonien est la plus forte du monde. Certains experts estiment qu’un kilomètre carré peut contenir jusqu’à 90 000 tonnes de matière végétale vivante.
L’eau drainée en aval d’Óbidos ne représente que 10 % environ de l’eau totale débitée par l’Amazone ; une très petite part de ces 10 % provient du versant septentrional de la vallée. La zone de drainage du bassin amazonien au-dessus d’Óbidos est d’environ cinq millions dekm2, et, en dessous, d’un million dekm2 soit 20 % (bassin durio Tocantins non compris).
Dans les plus petites sections droites du fleuve, la rive nord consiste en une série d’abruptes collines à sommet plat, elles s’étendent depuis lerio Xingu jusqu’àMonte Alegre. Ces collines alignées et abruptement découpées contrastent avec le fleuve.
Monte Alegre atteint une altitude de plusieurs dizaines de mètres. Sur la rive sud, au-dessus du rio Xingu, un alignement quasi ininterrompu de basses falaises s’étend jusqu’àSantarém en formant de légères courbes avant de tourner vers le sud-ouest et de se fondre avec les falaises qui forment les terrasses de la vallée durio Tapajós.
La largeur de l’embouchure du fleuve est souvent mesurée de Cabo do Norte jusqu’à Punto Patijoca, ce qui fait une distance de 330 km ; mais ceci inclut l’embouchure durio Pará (60 km de large) qui doit être déduite, car il s'agit de l'estuaire duTocantins. Cela inclut également la façade atlantique deMarajó, une île mesurant à peu près la taille de la Suisse et qui se trouve entre l’embouchure de l’Amazone et lePará-Tocantins. Cette île est séparée du continent à l'ouest par les « furos », chenaux qui relient les deux systèmes fluviaux, mais il arrive qu'aucun courant n'y soit perceptible. C'est pourquoi leTocantins est le plus souvent considéré comme indépendant du système amazonien, surtout par lesBrésiliens, car il est le plus grand fleuve qui coule entièrement en territoire national.
Cette analyse est parfois discutée. Quelques études indiquent que l'apport de l'Amazone aurio Pará par les « furos » serait loin d'être négligeable, et constituerait le tiers de l'eau douce qui passe au sud de l'île deMarajó. Cela n'implique pas que lerio Tocantins soit un affluent de l'Amazone, mais qu'il s'agit seulement d'un autre fleuve qui partage la même embouchure[35],[37].
Toutefois, un certain nombre d'indices concordants semblent indiquer qu'une profonde rivière souterraine, — ou peut-être plutôt unaquifère[38] —, nomméeHamza, encore hypothétique en 2011[38],[5],[39], coulerait sous l'Amazone et parallèlement à elle, drainant le même bassin versant qu'elle à une profondeur de 4 000 m[40]. L'Hamza se déverserait dans les profondeurs de l'océan Atlantique et serait probablement co-responsable avec l'Amazone elle-même des poches à faible salinité observées dans la zone d'embouchure, mais déjà loin au large des côtes[41]. Ainsi, selon un communiqué publié par le Département de géophysique à l’Observatoire national du Brésil,« il est probable que cette rivière, ou fleuve souterrain d'eau douce [l'Hamza] est aussi responsable du faible niveau de salinité des eaux de mer dans la région autour de l’embouchure de l’Amazone »[5],[40].
En tout cas, quels que soient le qualificatif que l'on donnera finalement à l'important système hydrologique souterrain de l'Hamza et la description que l'on en fera, et malgré la lenteur relative de son flux (de 10 à 100 m par an[40]), il semble bien que (outre le rio Tocantins) l'Amazone ne soit pas à elle seule responsable de cet adoucissement considérable et inhabituel de l'eau marine que l'on observe dans l'océan après son embouchure.
Longeant les côtes, un peu au nord de Cabo do Norte, et sur 160 km le long de la marge de laGuyane, il existe une ceinture d’îles quasi submergées ainsi que des bas-fonds et des bancs de sable. Ici un phénomène de marée appelémascaret (vague déferlante), ouPororoca, se produit, là où la profondeur n’excède pas 7 mètres. La vague déferlante débute par un simple rouleau, grossissant constamment, et progressant à une vitesse de plus de60km/h, et une hauteur de 1,5 à 4 mètres. Le mascaret est la raison pour laquelle l’Amazone ne possède pas de véritabledelta : l’océan emporte rapidement le vaste volume de vase drainée par l’Amazone, ce qui rend impossible la formation d’un delta.
Cette liste comporte seulement les affluents du flux principal (ceux qui se jettent dans leMarañón, lerio Solimões, ou l'Amazone), elle ne mentionne pas les sous-affluents dont beaucoup sont considérables en comparaison des standards européens.
La rencontre des affluents avec le flux principal est complexe et constitue une autre particularité de ce fleuve. La puissance du « fleuve-mer » crée un barrage qui contrarie les affluents dont beaucoup sont eux-mêmes d'immenses cours d'eau. Et ce d'autant plus que la pente est nulle ou presque. Ce phénomène aboutit à la création de deux sortes de confluents bien différenciés, ce qui est très visible sur les vues aériennes :
Les affluents aux « eaux blanches », chargés d'alluvions, créent de véritables deltas parfois étalés sur de vastes surfaces le long de la rive du fleuve. C'est notamment le cas duCaquetá ou Japurá et duMadeira. La prise en compte ou non des bras secondaires (qui écoulent quand même des volumes importants) contribue à une incertitude de plusieurs centaines de kilomètres pour la longueur totale de ces affluents.
Dans tous les cas, cet effet de barrage (voire de refoulement lors des crues) perturbe fortement l'écoulement des eaux et ne permet pas des jaugeages directs fiables sur le cours inférieur des affluents. C'est pourquoi ces jaugeages sont faits largement en amont et extrapolés pour établir les débits à l'embouchure, ou même sont calculés indirectement par le bilan hydrique, avec une marge d'erreur. C'est ainsi que la mesure du débit duNegro àManaus n'est pas fiable car trop proche de l'Amazone. Les débits indiqués pour cet affluent (de 28 000 à 31 000 m3/s) sont donc établis indirectement.
Les eaux de l’Amazone abritent unefaune riche et variée. Avec l’Orénoque, le fleuve est l’un des principaux habitats duboto, également connu sous le nom de dauphin de l’Amazone. C’est la plus grande espèce de dauphin d’eau douce pouvant atteindre 2,6 m.
Également présents en grand nombre, les célèbrespiranhas, poissons carnivores qui se regroupent en de larges bancs et qui peuvent s’attaquer au bétail et même à l’homme. Bien que beaucoup d’experts pensent que leur réputation de férocité soit injustifiée, un banc de piranhas est apparemment responsable de la mort de 300 personnes qui chavirèrent près d’Óbidos en 1981.
L’anaconda géant vit également dans les eaux troubles du bassin amazonien. C’est l’une des plus grandes espèces de serpent. L’anaconda passe le plus clair de son temps dans l’eau, avec seulement ses narines dépassant à la surface. Quelques attaques de pêcheurs par des anacondas ont été rapportées.
Le bassin de l'Amazone contient environ le quart de toutes les espèces animales répertoriées sur la planète et bien d'autres encore qui restent à identifier.
L'Amazone regroupe divers types de biotope possédant plusieurs qualités d'eau qui influent sur les biotopes. On distingue habituellement trois types de cours d'eau, leseaux noires (agua preta), les eaux blanches (agua blanca), les eaux claires (agua clara).
C'est une eau marron foncé, couleurthé bien concentré, qu'elle doit à l’énorme quantité de matière végétale en décomposition qui la charge dematières humiques.
Malgré cette couleur, l’eau n’est pas trouble mais limpide, et la visibilité y est importante. SonpH est faible, compris entre 3,5 et 5. Ces eaux sont exemptes de carbonates et leur dureté totale est quasi inexistante. Les végétaux y sont très rares, la pénétration de la lumière dans l’eau étant fortement atténuée par la coloration de celle-ci et son acidité est également incompatible avec leur développement. Le fond desrios est sablonneux, d’un sable clair et fin et jonché de feuilles et de branches tombées dans l’eau.
Contrairement au nom qu’elle porte, l'eau de ces cours d'eau estocre-jaune. Son aspect trouble et sa couleur lui sont donnés par la grosse quantité d’argile en suspension qu’elle contient. Son pH est compris entre 6,2 et 7,2 et sa dureté totale inférieure à 1°.
Dans ce type de biotope, la visibilité dans l’eau est quasiment nulle et la pénétration de la lumière dans celle-ci est encore moins forte que dans les eaux noires. Par contre, le fond des rios, constitué d’argile, est jonché des mêmes matières que dans l’eau noire, à savoir feuilles et branchages.
Les cours d'eau limpides et translucides sont appelés cours d'eau claire. Ils prennent de temps en temps une couleur verdâtre quand elle est chargée enphytoplancton. La visibilité y est exceptionnelle. Son pH est compris entre 4,5 et 7,5. Son taux de carbonates est aussi très bas ainsi que sa dureté totale.
L’extrême clarté de l’eau permet la pénétration de la lumière jusqu’à une profondeur substantielle, ce qui permet la fonctionchlorophyllienne, condition indispensable au développement de plantes ou d’algues. Le fond des rios est constitué de sable clair et fin et jonché de feuilles et de branches.
Ainsi, chez certains mammifères terrestres, la morphologie a évolué afin de réduire les inconvénients de ces inondations : queues préhensiles chez letamandua, l'opossum, lekinkajou et leporc-épic ; transformation en animal amphibie chez lecabiai.
À la suite de l'obligation pour les animaux aquatiques de se nourrir en grande partie des aliments terrestres, certains poissons ont acquis des molaires leur permettant de consommer des fruits. D'autres ont subi une transformation stomacale augmentant la capacité de stockage des graisses.
D'autres animaux se sont peu à peu équipés d'organes sensoriels leur permettant de percevoir le monde sans besoin de la vue. En effet, la visibilité dans l'eau est très réduite en raison de la présence importante de sédiments.
Ces adaptations diverses ont permis à ces espèces, non seulement de survivre, mais aussi, grâce à la richesse des plaines alluviales de l'Amazonie, d'atteindre des poids et dimensions imposants. C'est là que, entre autres, on trouve les tortues fluviales, les loutres, les rongeurs, les serpents et les aigles les plus grands du monde.
Durant les350 années qui suivirent la première exploration européenne de l’Amazone parVicente Yáñez Pinzón etFrancisco de Orellana, les populations amérindiennes d'Amazonie subirent le choc des épidémies. On estime qu'entre 50 et 95 % de la population ont disparu par les effets conjugués de la variole, de la coqueluche, de la grippe, etc. À cela il faut ajouter les « courses » des marchands d'esclaves raflant des villages entiers, les guerres inter-tribales encouragées par les rivalités entre les grandes nations européennes (essentiellement les Espagnols et les Portugais), ainsi que les regroupements forcés de populations liés aux exigences de l'évangélisation (cela a multiplié le pouvoir destructeur des épidémies). On sait aujourd'hui que les grandes cultures des rives de l'Amazone, succinctement décrites par les premiers explorateurs (notamment le moineGaspar de Carvajal), avec leurs petites villes, leur culture matérielle raffinée, leurs temples, leurs chefs (ressemblant sous certains aspects à de vrais rois), furent balayées en quelques décennies. La rareté des textes de l'époque ont jeté dans l'oubli ces cultures précolombiennes d'Amazonie que l'on est aujourd'hui en train de redécouvrir. Il est donc difficile d'estimer la démographie de l'Amazonie avant le contact avec les Européens, mais il est fort probable qu'elle fut bien plus importante que ce que l'on a avancé jusqu'àrécemment[Quand ?].
Quelques comptoirs ont été établis par lePortugal sur les rives de l’Amazone et de ses affluents dans le but de commercer avec les Amérindiens et de les évangéliser. En1850, la population totale dans le bassin brésilien de l’Amazone était d’environ 350 000 habitants, dont les deux tiers étaient des Européens ou des esclaves, on comptait alors 25 000 esclaves.
La principale ville commerciale, Pará, maintenantBelém (ou Belém du Pará), regroupait entre 10 000 et 12 000 habitants, esclaves compris. La ville de Manáos, maintenantManaus, située à l’embouchure du Rio Negro, en comptait entre 1 000 et 1 500. Les autres villages, jusqu’àTabatinga /Leticia sur la frontière entre leBrésil, laColombie et lePérou, étaient relativement modestes.
Le, l’empereurPierre II du Brésil autorisa la navigation desvapeurs sur l’Amazone, et délégua àIrineu Evangelista de Sousa, appelé aussiBarão de Mauá, la tâche de mettre cela en œuvre. Il fonda la « Compania de Navigacao e Commercio do Amazonas » àRio de Janeiro en1852 ; dans les années qui suivirent il débuta les opérations avec trois petits vapeurs, le « Monarch », le « Marajo » et le « Rio Negro ».
Manaus.
Au départ, la navigation se limitait au fleuve principal. En1857, le gouvernement obligea la compagnie à effectuer un service mensuel entre Pará et Manáos avec des vapeurs d’une capacité de 200 tonnes, une deuxième ligne, effectuant six liaisons par an entre Manáos etTabatinga, et une troisième reliant deux fois par mois Pará etCametá. Ce fut un premier pas vers l’ouverture du vaste espace intérieur.
Le succès rencontré par cette entreprise attira l’attention sur les opportunités d’exploitation économique de l’Amazone, bientôt une deuxième compagnie fut créée et entreprit son commerce sur lerio Madeira, le fleuvePurus et lerio Negro ; une troisième établit une liaison entre Pará et Manáos ; et enfin une quatrième trouva bénéfique de faire naviguer les plus petits vapeurs. Durant cette même période, la Compagnie de l’Amazone agrandit sa flotte, et de petits promoteurs privés se lancèrent avec leur navire à vapeur sur l’Amazone et ses affluents.
Le, le gouvernement brésilien, sous pression constante du pouvoir maritime et des pays encerclant le bassin amazonien supérieur, décréta l’ouverture de l’Amazone à tous les pavillons, tout en la limitant par des points définis :Tabatinga sur l’Amazone,Cametá sur le Tocantins,Santarém sur lerio Tapajós,Borba sur le Madeira, et Manáos sur le rio Negro. Le décret prit effet le.
Manaus, la plus grande ville de l'Amazone, depuis une vue satellitaire de la NASA, bordée par les eaux troubles de l'Amazone et les eaux sombres du Negro.
Manáos (Manaus), Pará et Iquitos sont maintenant des villes commerciales certes prospères mais minées par les inégalités sociales, la délinquance et le trafic de drogue. Les premiers échanges commerciaux entre l’étranger et Manáos débutèrent en1874. Le commerce local fut ensuite mené par le successeur britannique de la Compagnie de l’Amazone : « the Amazon Steam Navigation Company » (la Compagnie de navigation à vapeur de l’Amazone) ainsi que par les multiples petites compagnies de vapeurs engagées dans le commerce du caoutchouc. Les principales exportations de la vallée étaient lecaoutchouc, lecacao, lesnoix brésiliennes et quelques autres produits d’importance mineure.
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Ladéforestation de la forêt amazonienne est sans doute à l'origine de la grave sécheresse de2005 qui a entraîné une baisse spectaculaire du niveau de l'Amazone, d'une amplitude jamais vue auparavant[42].
Le fleuve n'est traversé par aucun pont. Ce n'est pas que sa largeur rende impossible la construction d'un tel ouvrage d'art, mais comme le fleuve traverse des régions ayant peu de routes, la plupart du temps lesferries suffisent[43].
↑ab etcEntre l'Amazone et le Nil, la question de déterminer avec précision lequel est le plus long fleuve du monde est sujette à débat depuis plus d'un siècle. Le point de vue actuellement majoritaire est de considérer que l'Amazone est le plus important en volume et que le Nil est le plus long. Néanmoins les mesures varient entre 6 259 km et 7 025 km pour l'Amazone et entre 6 499 km et 6 895 km pour le Nil. Par exemple :
Les différences proviennent des méthodes de mesures, du suivi plus ou moins détaillé des méandres, des différentes définitions de la source et de l'estuaire de chaque cours d'eau, de la branche mère qu'on lui choisit et des différentes manières de déterminer, à chaque confluent, lequel est l'affluent et lequel le cours principal (voir la section « Critères de discrimination affluent/cours d'eau principal » de l'article consacré au concept d'« affluent »). Pour l'Amazone, les principales différences de mesure résident dans la prise en compte ou non du bras situé au sud de l'île deMarajó dans l'embouchure que l'Amazone partage avec lerio Tocantins, ainsi que dans le choix de la branche mère : celle du Marañon, ou celle de l'Ucayali. Dans les deux cas, la branche mère la plus longue n'est pas la plus puissante. Pour le Nil, la plus longue est : Nil -Nil Blanc -Kagera, et la plus puissante (mais très irrégulière) : Nil -Nil Bleu. Pour l'Amazone, la plus longue : Amazone - Río Ucayali - Río Apurímac, et la plus puissante : Amazone - Río Marañon. En 2007, une équipe brésilienne a prétendu avoir découvert une nouvelle source pour l'Amazone qui tendrait à prouver que l'Amazone est le plus long[10],[11].
↑Bien que le masculin soit très usité, le genre du nom propre du fleuve « Amazone » devrait être féminin, comme il l'était initialement en espagnol et en portugais :Amazonas, féminin pluriel devenu masculin singulier par abréviation de la locution originelle. Le choix a été fait dans cet article de privilégier la forme féminine.
↑Pierre-Jacques Charliat,Le temps des grands voiliers, tome III deHistoire Universelle des Explorations publiée sous la direction de L.-H. Parias, Paris, Nouvelle Librairie de France, 1957,p. 59
↑Nouvelles annales des voyages, volume 43, 1829,p. 129
↑a etbJacques Callède, Gérard Cochonneau, Fabrício Vieira Alves, Jean-Loup Guyot,Valdemar Santos Guimarães et Eurides De Oliveira, « Les apports en eau de l'Amazone à l'océan Atlantique »,Revue des sciences de l'eau, vol. 23 n° 3,(lire en ligne, consulté le).
↑ab etc« Au Brésil, découverte d'un fleuve souterrain sous l'Amazone : baptisé "Hamza", il coule sous l'Amazone, à 4 000 mètres de profondeur, et comme lui, d'ouest en est »,Journal Le Monde,(lire en ligne, consulté le).