Ahmôsis, général desmercenaireslibyens (berbères), et d’originelibyenne lui-même, s'est couvert de gloire, dans l'expédition contre lesKouchites organisée par le pharaonPsammétique II. Après l'expédition désastreuse que son prédécesseur et chef, le nouveau pharaonApriès, envoie àCyrène, pour limiter l'expansion grecque en Cyrénaïque, Amasis estmandaté par le pouvoir en place pour tenter d'apaiser les nombreux mécontentements ; mais la foule, au lieu de se calmer, convainc Ahmôsis de renverser Apriès, et de lui succéder comme monarque, ce qu'il fait vers -570.
Parallèlement, c'est à cette époque queNabuchodonosor II, roi deBabylone, menace tout le Proche-Orient, au cours de nombreuses campagnes, qui l'ont opposé, entre autrescibles, à Apriès ; ayant déjà attaqué en vain l'Égypte par deux fois, en -601, et sous le règne de ce dernier en -582, il reçoit plus tard ce pharaon déchu à sa cour, et le place à la tête d'une puissante armée pour essayer de (re)conquérir l'Égypte. Mais, à la bataille finale, en -567, Ahmôsis II écrase Apriès, et celui-ci est fait prisonnier.
Babylone ayant cependant conquis toute laJudée (de là date l'exil des Juifs à Babylone), Amasis mène alors une politique étrangère radicalement opposée au roi babylonien. À la mort deNabuchodonosor II, il mène une campagne au Proche-Orient, et va même envahirChypre, qu'Apriès avait attaquée la dernière année de son règne (-570) pour se replier en cas d'échec au Liban. C'est donc la première et seule fois, avant les Ptolémée(s), que Chypre se voit administrée par un pharaon égyptien.
Son long règne est propice à une intense activité architecturale. Dans ledelta du Nil, outre àSaïs et son grand temple de la déesseNeith, dont Ahmôsis II se déclare le fils, dans sa titulature, il fait bâtir un temple àAthribis, et accorde àNaucratis un statut particulier, l'autorisant à fonder et à construire des temples[3]. Il intervient également àMemphis, et procède à l'enterrement d'unApis, en l'an 23 de son règne, auSérapéum de Saqqarah. Il fait reconstruire le sanctuaire d'Osiris, enAbydos, et édifie une chapelle dans l'enceinte d'Amon-Rê deKarnak, conjointement avec sa filleNitocris, qu'il fait adopter parÂnkhnesnéferibrê commedivine adoratrice d'Amon. Au sud de la première cataracte, des traces de son intervention sur l'île dePhilæ suggèrent que, dès l'époque saïte, ce lieu sacré avait déjà reçu des monuments dédiés à la grande déesseIsis[4]. Il est également réputé avoir fondé, ou en tout cas agrandi, le temple oraculaire de l'Amon, de l'oasis deSiwa, sanctuaire dont la célébrité ira grandissante par la suite.
Ahmôsis II entretient de bons rapports avec les Grecs. Allié àCyrène, àCrésus deLydie, àPolycrate deSamos, il envoie des offrandes àDelphes, et finance la reconstruction du temple d'Apollon, détruit par un incendie en -548, noue de nombreux contacts avec les cités grecques, et accueille de nouveaux contingents ioniens et cariens[5]. Ayant obligéChypre à se soumettre à l’Égypte, il dispose aussi d'une flotte commerciale considérable. Son actionphilhellène ne se limite pas à des actions militaires ou commerciales, car il est réputé avoir invité à sa cour de grands penseurs, philosophes ou mathématiciens grecs, telsThalès etPythagore.
S'opposant à l'hégémonie perse, il va jusqu'à s'allier à son mortel ennemi,Babylone, pour les contrer. Cette alliance est officialisée dans un traité entre Babylone, Pharaon (c'est-à-dire lui-même), etCrésus le roi deLydie. Malgré ses efforts et son réseau d’alliances, même avec l’ancien rival babylonien, il ne peut contenir l’expansion perse et, peu à peu, tous ses appuis disparaissent, à commencer par Crésus, battu parCyrus, roi des Perses, et finalement Babylone.
Pour alimenter cette subtile politique d'alliances, Amasis fait lever des impôts, notamment en prélevant une part des revenus du clergé, ce qui lui attire une certaine animosité, et la défiance d'une partie importante de la société égyptienne.
Quelques mois avant sa mort, a lieu une bataille perdue par l'Égypte contre les Perses, en -526, et l'année suivante sera porté le coup fatal et final perse essuyé par son successeur.
Personnage haut en couleur d'origine plébéienne, il fut un souverain novateur et réformateur. Il conçut un grand nombre de lois régissant le droit privé, auxquelles on continua de se référer des siècles plus tard.
On sait, parHérodote, que la tombe d'Amasis était située dans l'enceinte du grand temple deNeith, àSaïs, où l'auteur grec l'aurait vue[6]. Elle aurait été violée par lesPerses, à la suite de la victoire deCambyse sur le fils d'Ahmôsis II,Psammétique III, victoire qui ouvre la première occupation du pays par l'empire achéménide.
De son viatique funéraire, seuls quelques débris d'ouchebtis à son nom sont apparus sur les marchés des antiquités, ou ont été trouvés lors de fouilles sporadiques qui ont eu lieu sur le site deSaïs. L'une de ces statuettes funéraires fragmentaires est exposée auMusée Petrie, àLondres.
Le sarcophage du roi n'a jamais été retrouvé jusqu'à ce jour.
↑Bible,2R 25,26, extrait où niÉléphantine ni Ahmôsis ne sont nommément désignés, et qui peut donc concerner surtout l'époque de ce pharaon, comme de tout autre de ses proches prédécesseurs ou/et successeurs sur leur trône, mais correspond bien aucontexte ici évoqué, même non précisémentdaté...