Partisan de l'indépendance de son pays, il déclenche latroisième guerre anglo-afghane, émancipant l’Afghanistan de la tutelle britannique sur son économie et sa politique étrangère. Bénéficiant alors d'une liberté d'action à l’abri de l'influence britannique, le jeune dirigeant lance son pays dans de grandes réformes politiques et sociales, afin de moderniser des institutions obsolètes et rattraper le retard de l'État afghan sur l'Occident (laïcisation, émancipation de la femme, éducation...). Ses réformes radicales qui visent à une modernisation sur le modèle occidental rencontrent une opposition de plus en plus forte au cœur du pays. Les conservateurssaqqawistes, commandés par le nationaliste islamiste tadjikHabibullah Kalakhani, se soulèvent. En janvier 1929, Amanullah abdique et fuit vers lesIndes britanniques alors que la guerre civile s'intensifie. Durant son isolement de l'Afghanistan, de nombreuxmouvements révolutionnaires tentent de prendre le pouvoir pour le restaurer sur le trône. Après 31 ans d'exil, il meurt en1960 àZurich.
Troisième fils de l’émirHabibullah Khan et de son épouse la reine principaleUlya Hazrat, le jeune Amanullah est formé à l’école militaire deKaboul. Il est influencé dès son jeune âge par le mouvement des nationalistes-constitutionnalistes mené parMahmoud Tarzi (appelé aussi Mahmoud Beg Tarzi) le fondateur du seul journal du pays, leSeraj-ul-Akbar. Amanullah Khan reçoit de son père le titre prestigieux d’Ayn-ul-Dawla c'est-à-dire « l’œil de l’État ». Le jeune prince n’hésite pas à s’entourer de réformistes et indépendantistes issus de différentes classes sociales afghanes.
Le, l’émir Habibullah est assassiné alors qu'il se trouve en déplacement à Kalagosh deLaghman pour la chasse royale. Aussitôt son frèreNasrullah Khan s’autoproclame émir àJalalabad avec le soutien des deux fils aînés du défunt. Pendant ce temps à Kaboul, le troisième fils, Amanullah qui gère les affaires de l’État en absence de son père, refuse de reconnaître son oncle comme le nouveau dirigeant du pays ; il riposte avec le soutien des nationalistes-constitutionnalistes, des oulémas modérés et de l’armée. Face à l’avancée de l'armée d’Amanullah, les soldats de l’oncle déposent les armes. Acclamé comme émir par les notables du pays, Amanullah proclame l’indépendance nationale et son règne débute par la troisièmeguerre anglo-afghane ou guerre d’indépendance.
Il se marie une première fois avecGul-Pari, qui meurt en mettant au monde leur filsHedayatullah Khan. En secondes noces, il épouseSoraya Tarzi, la fille deMahmoud Tarzi, son futur mentor et ministre des Affaires étrangères, et d’Asma Rasmiya Tarzi. Ensemble, ils contribuent fortement à l’émancipation de la femme afghane[1]. Conscient du grand retard de son pays sur l'Occident, Amanullah Khan mène l'Afghanistan vers une décennie de développement, basée sur le modèle européen. En 1922, il fait appel à la France pour organiser la recherche archéologique au sein de son pays donnant naissance à laDélégation archéologique française en Afghanistan[2]. Il porte une grande importance à l'éducation, et crée trois lycées en langue étrangère, en particulier le lycée Esteqlal en 1923 (« Esteqlal » signifie indépendance). Le pays se dote d'une armée de l'air et d'une banque nationale. Il fait publier un décret interdisant le mariage des jeunes filles contre leur consentement et fixant un âge minimal. Mais il veut aller trop vite et tente d’abolir le port du voile pour les femmes, d’interdire la polygamie, et de forcer les Afghans de Kaboul à porter des vêtements européens.
En1927 et1928, il entreprend un voyage officiel à travers l’Europe afin d’observer les progrès et l’industrialisation de ces pays et d'en tirer parti pour ses futures réformes. En 1928, il lance une série de réformes lors de laLoya Jirga (la grande Assemblée des notables), qui doit moderniser la société afghane, mais qui marque le début de la crise. Les ennemis de l’État, les intégristes incitent à la rébellion parmi lestribus pachtounes. En, l'armée de l'émir est confrontée au soulèvement desShinwaris dans l’Est du pays, alors qu'un certain « Bacha e Saqao » (le fils du porteur d’eau) commence à menacer Kaboul par le Nord. Le, pour éviter un bain de sang, le roi Amanullah décide d’abdiquer en faveur de son frère aîné,Inayatullah. Mais à peine trois jours plus tard, Kaboul est prise et le fils du porteur d'eau s’autoproclame émir sous le nom d'Habibullah Kalakhani. ÀKandahar, Amanullah revient sur son abdication, avec le soutien des tribus restées fidèles, et se lance à la reconquête deKaboul. Malgré son avancée jusqu’à Ghazni, il décide de seretirer définitivement au mois de. Il prend le chemin de l’exil via l’Inde britannique avant de s’installer définitivement àRome (enItalie).
En 1960, il meurt à Zurich, en Suisse, tandis que sa veuve, la reine Soraya meurt à son tour en 1968. Ils sont inhumés àJalalabad dans le mausolée de son père Habibullah Khan.
Ses enfants et petits-enfants vivent aujourd’hui entreRome,Genève etIstanbul.
Une de ses nièces par alliance, Zeynep Tarzi, a épouséOsman Ertuğrul Efendi, chef de la dynastie ottomane entre1994 et2009.
Leon Poullada,Reform and rebellion in Afghanistan : 1919-1929. King Amanullah's failure to modernize a tribal society, Cornell University Press, 1973, 318 p.