En 2018, le Conseil permanent de l'OEA a adopté une résolution établissant la « Semaine interaméricaine des peuples autochtones » qui a lieu autour du 9 août pour coïncider avec la commémoration de laJournée internationale des populations autochtones[7].
En anglais, la formule« redskins » est considérée offensante, et en françaispeaux-rouges l'est tout autant[11],[12]. Le terme d'amérindien tend à l'emporter sur celui d'indien[13].
Retracer le passé des populations amérindiennes est un véritable défi pour les historiens[14]. En effet, leur culture repose sur latransmission orale. Contrairement auxMayas ou auxAztèques, les peuples d’Amérique du Nord n’utilisent aucun système d’écriture à l’époque précolombienne et demeurent par conséquent dans laprotohistoire. Il existe cependant de nombreux sites avec despétroglyphes ou leswiigwaasabak(en) (dessins sur des feuilles debouleaux) qui témoignent d'une riche illustration. Influencés par lesEuropéens, certains peuples développent toutefois un système d’écrituresyllabaire (Cherokees,Pieds-Noirs,Innus,Cris,Inuits) ou alphabétique pour une trentaine de peuples (Cheyennes,Micmacs,Navajos).
Pour autant, écrire une histoire des Amérindiens n’est pas totalement impossible[15]. Il faut pour cela croiser les sourcesarchéologiques et artistiques. L’étude des scènes et des calendriers peints sur les peaux d’animaux ou celle des pétroglyphes du Sud-Ouest américain ou du Nord desGrands Lacs est souvent utilisée par les spécialistes[16].
L’histoire des peuples amérindiens peut également être en partie reconstituée grâce aux récits des Européens ayant établi les premiers contacts[17].Missionnaires, explorateurs, officiers,coureurs des bois donnent des informations intéressantes sur les indigènes. Par exemple, lemémorialiste de l’expédition dePánfilo de Narváez,Álvar Núñez Cabeza de Vaca a consigné ses observationsethnographiques sur les peuples indigènes dugolfe du Mexique, publiées en 1555 sous le titre deNaufragios (Naufrages)[18]. Ces témoignages sont toutefois d’une nature bien particulière ; ce sont ceux des conquérants qui redoutent lesautochtones, les méprisent ou les décrivent comme des sauvages. Certains écrits de captifs, faits prisonniers des Amérindiens à la suite de raids, présentent des informations intéressantes sur les différents peuples d’Amérique du Nord. Réduits enesclavage, ces prisonniers vivent au sein des natifs, et ont parfois livré des descriptions précieuses pour lesanthropologues.
Il est généralement admis que l’arrivée des premiers Hommes sur le continent américain remonte à ladernière ère glaciaire et se réalise par une seule grande vague migratoire il y a moins de 23 000 ans. À cette époque, ledétroit de Béring est pris par les glaces et forme un passage terrestre entre l’Asie et l’Amérique emprunté des populations asiatiquesnomades. Il est également possible que certains Hommes aient longé les côtes en bateau[19],[20].
Depuis les années 1990, plusieurs théories alternatives sont proposées qui tentent de remettre en cause le consensus actuel sur l’origine uniquement asiatique des premiers occupants de l’Amérique. L'une d'elles, soutenue par les paléontologuesDennis Stanford et Bruce Bradley, et les généticiens Douglas Wallace et Stephen Oppenheimer, forme l'hypothèse d'une migration européenne dans l'Atlantique Nord auPaléolithique supérieur reposant pour partie sur des similarités d'ordre technique et typologique, et notamment sur la découverte d'outils en silex de laCulture Clovis d'apparence similaire à ceux duSolutréen en Europe de l'Ouest[25],[26]. Cependant, l'interprétation des marqueurs génétiques des anciennes populations amérindiennes apparait incompatible avec cette hypothèse[27],[28], qui reste par conséquent marginale et controversée dans la communauté scientifique[29].
Les restes de l'homme de Kennewick, découverts dans l'État de Washington en1996, auraient environ 9 000 ans et, selon les premiers chercheurs, ne présentaient pas les traits morphologiques des Amérindiens actuels[30]. Mais une analyse ADN publiée conjointement par l'université de Copenhague et l'université de médecine de Stanford ont prouvé que les principaux marqueurs génétiques étaient amérindiens[31]. À la suite de cette découverte, l'homme de Kennewick a reçu en 2016 une sépulture amérindienne[32].
Il y a environ 11 500 ans, le climat de l'Amérique du Nord devint plus chaud et plus sec[33], ce qui eut pour conséquence une évolution du milieu naturel : lamégafaune disparut et la végétation s'adapta aux nouvelles conditions. À la faveur d’un réchauffement climatique et d’influencesméso-américaines, les populations amérindiennes se sont sédentarisées. Cette période archaïque se caractérise par la diversification des sources de nourriture : chasse d'un gibier plus petit (cervidés), pêche dans les cours d'eau, cueillette de baies, noix, graines ettubercules. Surtout, les premières formes d’agriculture et decommerce se développent dans certaines régions : à l’est duMississippi, letournesol est cultivé vers 3000av. J.-C.[33] À l'époque précolombienne, l'ensemble des Amérindiens consommait 1 000 espèces végétales et 1 500 espèces animales différentes[34].
Les Amérindiens dépendent des conditions climatiques et desressources naturelles, même s’ils ont su s’adapter aux contraintes. Chaque peuple a ainsi développé une activité de prédilection, avec sonsavoir-faire propre.
Unpow-wow.Croquis de la cérémonie de l’Okipa chez lesMandans parGeorge Catlin.Un site sacré pour les Amérindiens :Shiprock (Nouveau-Mexique).UneMedicine Wheel dans leWyoming.
En premier lieu, les Amérindiens sontanimistes et conçoivent le monde comme un « Grand Tout » dans lequel les éléments naturels et surnaturels coexistent[37]. La frontière entre le monde visible et le monde des esprits n’existe pas et les croyances s’expriment dans tous les moments de la vie quotidienne.
Les Amérindiens honorent un Dieu créateur et unique appelé « LeGrand Esprit » dont le nom varie en fonction des langues : « Wacondah » ou « capitaine du ciel » pour lesApaches[38], « Gitche Manitou » chez lesAlgonquins. Il existe aussi une multitude de dieux secondaires, « Esprits auxiliaires » (par exemple : les esprits du vent, du feu, du tonnerre, ou wakantanka, le dieu de la chasse) ou encore « ancêtres »[39]. Le monde compte également des créatures maléfiques comme lewendigo. Mais contrairement auxAztèques ou auxIncas, les Indiens d'Amérique du Nord n'assimilèrent pas les explorateurs européens à des dieux[40]. Même s'il existe des récits traditionnels faisant mention de migrations de leurs ancêtres, la plupart des Amérindiens pensent qu'ils sont apparus en Amérique. Dans beaucoup de mythes, les Amérindiens auraient émergé de la mer, d'un lac ou d'une cavité[41].
Ensuite, les Amérindiens partagent desrites communs qui ont comme principale caractéristique d’être cycliques[39]. Avant les prières ou les grandes cérémonies (départ à la chasse, à la guerre, passage à l'âge adulte), les Amérindiens doivent se purifier : ils utilisent pour cela lahutte à sudation ou les bains rituels. Les moyens d’entrer entranse ou d’avoir des visions sont multiples : fumer ou brûler des plantes (tabac,sauge, écorce debouleau)[39],jeûnes ou prise dedrogues comme lepeyotl. Il existe bien d’autres rituels destinés à se concilier les esprits tels que les offrandes à laTerre-Mère pour faire pousser lemaïs ou bien à l’esprit de l’animal tué à la chasse[42].
Ladanse tient également une place prépondérante au moment des grands rassemblements (lespow-wow). LaDanse des Esprits (enanglais :Ghost Dance) réunit les participants qui répètent des couplets au son des tambours. Leurs incantations peuvent mener à la transe. LaDanse du Soleil (Sun Dance) dans les Grandes Plaines a pour but de vénérer l’astre diurne, pendant la période dusolstice d’été. Elle est accompagnée de mutilations corporelles volontaires destinées à montrer son courage et à entrer en transe[43]. LesCherokees pratiquent quant à eux laDanse de la pluie pour que leurs récoltes soient bonnes. Les Amérindiens fréquentent des sites qu'ils considèrent comme sacrés :Bear Butte (Dakota du Sud),Devils Tower (Wyoming),Shiprock (Nouveau-Mexique) ouEnchanted Rock (Texas).
Les pratiques religieuses ne sont pas le monopole d’unclergé à proprement parler : lechaman est chargé d’entrer en contact avec les esprits et d’interpréter les signes surnaturels par l'observation de la nature, par lerêve et la transe. La sagesse de l’ « homme-médecine » lui permet de guérir les malades[44] : il était capable de réduire la douleur par les plantes ou l’hypnose[45].
Enfin, sur un plansymbolique, les Amérindiens représentent des formes et des silhouettes depuis des milliers d’années sur différents supports : sur les parois et les rochers (pétroglyphes), sur le sable (peintures navajos), les peaux d’animaux (Indiens des Plaines), les objets de la vie quotidienne, jusque sur leurs corps (peintures rituelles). Ces symboles forment un langageésotérique. Lecercle est l’un des plus fréquents : on le retrouve dans les danses rituelles, la forme et la disposition destipis ou deswigwams[39], dans le soleil et dans lesmedicine wheels (« roues médecine »). Il symbolise l'unité et l'équilibre du monde, son renouveau sous forme de cycle[46].
Chaque animal et élément sacré doit être représenté sous forme detotem qui peut prendre des formes diverses (mât sculpté,sac médecine, partie du corps d’un animal)[47]. Chaqueclan a le sien : latortue pour lesIroquois ; l’ours pour lesMohawks, lecalumet pour lesCayugas. Ces groupes totémiques sont toutefois bien distincts des tribus[réf. nécessaire].
Les Amérindiens croient en une existence après la mort[48]. Cependant, les rites mortuaires sont très différents d'un peuple à l'autre : dans le Sud-Ouest, les Hopis enterrent les défunts[49]. Dans les Grandes Plaines, les parents se coupent les cheveux ou s'automutilent[50]. Sur les côtes du Nord-Ouest, les morts sont placés dans des cabanes mortuaires[51]. Dans les plaines du nord, les corps sont disposés sur des arbres ou des échafaudages pour qu'ils se décomposent à l'air libre[52].
Pour les Amérindiens des États-Unis, la Terre est leur mère. Tout ce qui est dans la nature, êtres vivants ou non, participe au lien sacré de la vie. Chacun à sa manière remplit sa mission. L’Homme n’a pas tissé la toile de la terre : il en est simplement le fil. Chaque élément naturel, chaque animal est digne de respect[Note 1].[réf. nécessaire]
L’organisation sociale varie selon les peuples. En schématisant, on peut distinguer deux groupes : des sociétés égalitaires et animistes d'une part, et des sociétés hiérarchisées et déistes d'autre part[53]. Dans le Nord-Ouest, les Amérindiens ont développé unestratification sociale importante, tandis qu’elle est quasi inexistante chez lesNavajos, pour lesquels la famille est la base de la société. Chez les peuples sédentaires les travaux dans les champs ou la chasse des grands animaux nécessitent une certaine organisation sociale[réf. nécessaire].
Les femmes tiennent une place importante dans la vie sociale. Elles préparent le bison ou les récoltes et elles s’occupent des enfants. Une mère peut avoir suffisamment d’influence pour dissuader son fils de partir à laguerre. Chez lesNavajos et les Iroquois, le mode de filiation estmatrilinéaire[réf. nécessaire].
Depuis la dislocations des royaumes amérindiens du Mississippi et du Sud-Ouest, il n'existe plus d'État centralisé en Amérique du Nord[34]. Les Amérindiens, se répartissant en nations, parfois subdivisées enclans, ont des caractéristiques communes : leurs membres élisent et déposent leur souverains; ils sont solidaires et défendent leurs intérêts mutuels. Ils sont enterrés au même endroit[54]. Le souverain, parfois appelésachem, est responsable du bien commun. Il est choisi pour ses capacités et sa sagesse, même si certaines nations connaissent la transmission héréditaire du pouvoir[55]. Les Amérindiens de l’époque précolombienne n’ont pas de lois écrites mais disposent de normes orales (Gayanashagowa des Iroquois).
Tous ces conflits sont des guerres de territoire, d’honneur, de pillage ou de vengeance. Le courage et la bravoure sont des principes fondamentaux chez les Amérindiens. Le combattant valeureux tient ainsi une place importante au sein de son peuple. Les traités d’alliance sont discutés autour du feu du grand conseil. La paix est annoncée par lecalumet, la guerre par la hache. Les cérémonies qui précèdent la bataille consistent en des danses de guerriers en armes et des rites de purification[57]. Avant l’attaque, les Amérindiens lancent leur cri de guerre qui doit effrayer l’ennemi et souder le groupe. Après la guerre, les plus courageux reçoivent des distinctions honorifiques : collier de griffes d'ours, coiffe de plume[58].
En général, les femmes et les enfants sont épargnés lors des attaques. Certains prisonniers sont adoptés (chez les Iroquois), d’autres sont torturés[59] ou frappés à coups de bâton. Certains guerriers mangent les organes des vaincus[60] ou gardent des trophées (doigts ouscalp). Avant l’arrivée des Européens, les Amérindiens disposent des armes telles que la hache,tomahawk, flèches et arc, massue, couteau…
L’art amérindien est avant tout pictural et décoratif : des signes (idéogrammes) oupictogrammes sur leurs tentes, leurs boucliers, leurs poteries, leurs masques… et aussi en peintures corporelles. Les œuvres sont le plus souvent très colorées[réf. nécessaire].
L’expression corporelle, la danse et la musique sont des formes artistiques qui accompagnent les rites et les cérémonies religieuses. Une fois encore, les manifestations sont très variées :Gourd Dance (Indiens des Plaines du Sud),Ghost Dance,Peyote song (Apaches),waila music (Tohono O'odham)…[réf. nécessaire]
L’artisanat dépend du milieu naturel et du mode de vie : les sédentaires fabriquent des objets destinés à garder les récoltes. Les peuples du Sud-Ouest sont réputés pour leur céramique, leur vannerie ainsi que pour leurs tissages géométriques et colorés. LesIndiens des Plaines décorent leurs armes et leurs costumes, peignent sur les peaux debison, portent des bijoux et des parures raffinés. Les habitants du Nord-Ouest sculptent d’immenses mâts totémiques et des masques dans le bois dethuya. Les peuples du Nord travaillent l’os et la corne[réf. nécessaire].
Iroquoises au travailpilant des grains et des fruits secs (gravure de 1664).
L’agriculture amérindienne est traditionnelle et essentiellementvivrière, même si certains produits peuvent faire l’objet d’un commerce[Note 2].
Ignorant les techniques de lamétallurgie, ils ne disposent pas d’outils enfer et travaillent la terre au moyen d’instruments agraires simples, en bois et en pierre :houe,plantoir, etc. Lesomoplates debisons servent à fabriquer des sortes debêches. En général, les travaux agricoles reviennent aux femmes, ainsi que la préparation des repas[réf. nécessaire].
Les productions agricoles varient en fonction du climat ; cependant, les principales plantes cultivées, que les Amérindiens surnommaient les « trois sœurs », étaient lacourge, lemaïs et leharicot. Selon les aires culturelles, on peut trouver dutabac, dutournesol ou ducoton. Les peuples sédentaires savent mettre en œuvre des procédés pour améliorer lesrendements :irrigation dans le Sud-Ouest,engrais et associations culturales dans le Nord-Est,brûlis…[réf. nécessaire]
Les Amérindiens ne connaissent qu’un seul animal domestique avant l’arrivée des Européens : lechien. Il est un compagnon de chasse et de garde. Certains peuples pratiquent également l’élevage de ladinde.[réf. nécessaire]
Les principales aires culturelles de l'Amérique du Nord.
Les spécialistes distinguent habituellement huit aires culturelles principales pour l’Amérique du Nord[Note 3]. Ce découpage permet d’étudier les différences entre les peuples, sans pour autant rendre compte de toute leur diversité. Ces aires sont établies en fonction du milieu naturel, qui conditionne en partie le mode de vie des populations, et de la famille linguistique. Il existe trois cents à cinq cents langues amérindiennes regroupée en cinquante familles linguistiques en Amérique du Nord[64]. Beaucoup d'Amérindiens connaissaient deux ou trois langues, ce qui facilitait les contacts entre populations[34].
Dans l’actuel État de l’Alaska, le milieu est défavorable à l’agriculture. Dans le Nord de cette région, l’hiver est particulièrement long et rigoureux, le sol est gelé une bonne partie de l’année. Latoundra cède la place à lataïga plus au sud, qui donne aux Amérindiens des ressources en bois et en gibier.Ces derniers ont appris à utiliser au mieux les ressources naturelles : en l’absence de récoltes, ils sont nomades et se tournent vers lapêche, la chasse et la cueillette pour survivre. Ils poursuivent lecaribou dans les forêts, équipés de raquettes et de luges (lestoboggans) qui leur permettent de progresser facilement dans la neige. Ils remontent les cours d’eau au moyen decanoë en écorce debouleau. Ils récoltent dusirop d'érable. Leurs armes sont rudimentaires : arc, flèches, massue et lance. LesCris et lesTchipewyans se livrent à des guerres fréquentes pour le contrôle des territoires de pêche et de chasse. Ils font des esclaves qui sont troqués contre des matières premières, comme lesilex ou lecuivre. Ils habitent dans deswigwams ou des abris semi enterrés, en particulier pendant l’hiver. Chez certains peuples, les personnes âgées étaient abandonnées dans la nature sans nourriture[65]. La majorité des peuples de la zone subarctique appartiennent soit à la famille deslangues athapascanes, soit à celle deslangues algonquiennes.
Dans le Nord-Ouest (État deWashington,Oregon), le climat et les ressources de la mer et des fleuves offrent un milieu propice au développement des Amérindiens. Les communautés y vivent de la pêche auxcétacés et aux phoques ; des nasses et des barrages permettent de capturer dessaumons, destruites et desmorues. Les tribusMakahs,Haïdas,Nootkas ramassent également des coquillages et partent dans les montagnes de l’intérieur pour chasser la chèvre, l’ours et le wapiti[réf. nécessaire].
L’abondance desthuyas est exploitée pour bien des aspects de la vie matérielle : il sert à la construction de barques monoxyles décorées. Le travail du bois (masques), lavannerie et le tissage remplacent aisément la poterie. Les peuples de cette région connaissent une organisation sociale hiérarchisée, à la différence des autres Amérindiens : il existe des groupes qui se distinguent par leur rang (une noblesse, une plèbe et des esclaves) ; le principal dignitaire est un roi héréditaire qui possède la plus belle maison, la plus richement décorée. Les villages sont constitués de grandes maisons decèdre et de thuya dans lesquelles peuvent loger plusieurs familles. Desmâts totémiques sont dressés devant l’entrée. La culture de ces peuples présente plusieurs caractéristiques originales comme la danse rituelle duchinook, destinée à faire fondre la neige au printemps. La tradition dupotlatch montre aussi la richesse et la puissance du donataire (sacrifices d’esclaves)[66].
Les forêts du Nord-Est couvrent un important territoire allant des Grands Lacs à l’Ohio et de la côte atlantique auMississippi. Les Amérindiens de cette région partagent en partie le mode de vie des peuples subarctiques, mais ils pourchassent un autre gibier (ours, élan, cerf) et pratiquent l'agriculture.Leur habitat est divers : lesAlgonquins, lesMicmacs ou lesAbénaquis vivent dans deswigwams. Plus au sud, les Amérindiens vivent dans de vastes maisons (maison longue amérindienne oulong houses en anglais) qui pouvaient accueillir entre dix et vingt familles. Les tribus sédentaires du Sud de laNouvelle-Angleterre construisent des villages protégés par une palissade en bois[67]. Les habitations sont constituées d’une structure en bois recouverte detorchis ou d’écorces. Les habitants du Nord-Est pratiquent l’agriculture sur les terres qu’ilsdéfrichent mais n’abandonnent pas la chasse et la cueillette pour compléter leur alimentation. La récolte dumaïs donne lieu à des cérémonies. Les autres activités sont le commerce ainsi que la pêche sur les cours d'eau et les lacs, pratiquée grâce à des canoës et despirogues. Certaines états sont fédérés : laligue des Cinq-Nations est sans doute formée dès leXVIe siècle. Enfin, les principales familles de langues sont l'iroquois, lesioux et l'algonquien, qui se déclinent en une multitude de dialectes. Certains historiens pensent que la région occupée par les Iroquois a dépassé sacapacité porteuse dès leXVe et le XVIe siècle, ce qui amena des rivalités entre états[64].
Les Indiens des Plaines sont les groupes indigènes auxquels on pense d’abord lorsque l’on évoque laconquête de l'Ouest. Il s’agit ici de reconstituer leur mode de vie avant l’arrivée de l’homme blanc et du cheval. Dans lesGrandes Plaines, les Amérindiens chassent lebison depuis des centaines d’années et vivent en semi-nomades. Le bison leur fournit de la viande, de la peau pour lestipis, l’habillement et les sacs, de la toison pour les vêtements et des tendons pour le fil[réf. nécessaire].
Leur habitat est adapté au milieu et au mode de vie nomade : il est en principe léger (wigwam,tipi), décoré de peintures, de trophées de chasse ou encore descalps. Les Indiens des Plaines se peignent le visage et des parties du corps de signes multicolores. La veste de guerre est sortie au moment des grandes batailles. Pour les cérémonies, les Indiens des Plaines se costument avec de véritables déguisements qui imitent les animaux. Ils aiment se parer de bijoux tels que des colliers, des anneaux et des bracelets en métal ou en coquillage. Une dent d’ours accrochée autour du cou est un signe de courage ou fait office d’amulette. Les guerriers les plus valeureux portent des couronnes faites de plumes d’aigle[réf. nécessaire].
Les Indiens des Plaines ont des dialectes très différents, si bien qu’ils ne peuvent se comprendre sans l’intermédiaire d’interprètes. Le langage des signes pallie ces barrières linguistiques et les signaux de fumée permettent de communiquer sur de grandes distances. LesPieds-Noirs parlent unelangue algonquienne ; lesSarsis unelangue athapascane ; les Sioux, lelakota[réf. nécessaire].
Les espaces situés au sud de l’Ohio et autour dugolfe du Mexique bénéficient d’un milieu favorable à l’agriculture et d’une faune abondante. De nombreuses états se sont développées ici, parmi lesquelles lesCinq nations civilisées qui sont considérées comme les héritières des culturesmississippiennes. Elles récoltent essentiellement lemaïs, lacourge et le haricot. Leclimat subtropical permet de faire pousser lapatate douce, labanane et lacanne à sucre ; les Amérindiens cultivent également des plantes médicinales et du tabac. Ils consomment les produits de la chasse et de la pêche[64]. Ils connaissent les techniques de lapoterie et de lacéramique, qui servent à confectionner des objets pour la vie quotidienne ou pour les cultes mortuaires. L’habitat est très divers : les maisons adoptent un plan rectangulaire et sont crépies deglaise en été ; en hiver, des huttes coniques à demi enfouies servent d’abri. Ces sociétés sont hiérarchisées (aristocrates, prêtres) et certains villages comptent plusieurs centaines d'habitants[64]. Dans les régions les plus méridionales, les Amérindiens vivent presque nus dans des huttes légères couvertes de palmes. Pour se concilier les forces de la nature, les peuples cultivateurs pratiquent lepuskita (cérémonie du maïs vert). Enfin, les langues du Sud-Est se répartissent en cinq grandes familles :langues iroquoiennes (cherokee…),langues caddoanes (caddo…),langues siouanes,langues muskogéennes (creek,mikasuki…) ; quant à la langue desNatchez, elle constitue unelangue isolée.[réf. nécessaire]
Taos, Nouveau-Mexique. Exemple de constructionadobe despueblos.
Dans le Sud-Ouest, on trouve des peuples sédentaires influencés par leurs voisins et par les civilisations qui les ont précédés (Anasazis). Ainsi lesPueblos, lesHopis, lesZuñis ou encore lesPapagos pratiquent l’irrigation pour le maïs, tissent lecoton, font des poteries, tressent des paniers, exploitent lecactus pour son eau, son jus, sa pulpe et son sirop, aux propriétés hallucinogènes. Comme leurs ancêtres, ils construisent des villages de pierres ou enadobe. Ils vivent sous la menace permanente des attaques desApaches ou desComanches.[réf. nécessaire]
LeGrand Bassin est marqué par l’aridité et se trouve relativement isolé par des chaînes de hautes montagnes (montagnes Rocheuses à l’est etSierra Nevada à l’ouest). Les tribus qui vivent ici avant l’arrivée desEspagnols sont peu nombreuses, dispersées et doivent s’adapter aux contraintes naturelles fortes. Elles pratiquent la chasse et cultivent des lopins irrigués. Elles tressent l’armoise d’Amérique et leyucca pour confectionner des nattes, des pagnes et des sandales. Leurs techniques de vannerie sont très anciennes. Elles utilisent lesaule du désert pour l’armature de leurs maisons, qui sont généralement des huttes coniques rudimentaires. La suerie (aussi appelée cabane à suer, étuve, hutte ou loge de sudation[68]) sert à purifier le corps des hommes avant les cérémonies[69]. LesHavasupais bâtissent des villages au fond duGrand Canyon. LesShoshones, lesUtes et lesPaïutes pratiquent la chasse sur le plateau dès l’automne venu. Ils poursuivent le bison, le wapiti et la chèvre des montagnes. La chasse leur permet d’obtenir des peaux delapins pour fabriquer des manteaux afin de passer l’hiver.[réf. nécessaire]
L’actuelle côte de la Californie se trouve isolée du reste du continent par l’imposante chaîne de laSierra Nevada. Avant l’arrivée des colons européens, elle est peuplée d’environ 250 nations (Chumash,Maidu,Miwok,Modoc,Ohlone,Tongva…) qui appartiennent en majorité aux langues athapascanes et se partagent de petits territoires. Ces groupes vivent enautarcie dans des huttes fabriquées avec du bois deséquoia au nord, dans des constructions enadobe au sud. Leur artisanat produit des objets en vannerie, décorés de plumes et de coquillages (chapeaux, sandales, pagnes). Ils vivent de la chasse, de la pêche et surtout de la cueillette[34]. Certaines populations élèvent ladinde pour sa viande.
Les Amérindiens sont d'abord décrits, dans le cadre de l'interprétation du mythe de la « Frontière » (mythe associant espritpionnier etinnovation qui est devenu ungimmick incontournable enpolitique), comme des obstacles à laconquête de l'Ouest euro-américaine. Cette interprétation historique est remise en cause depuis par d'autres courants historiographiques comme l'américanisme qui dénonce depuis lesannées 1950 les interprétations mythiques deFrederick Jackson Turner, comme le courantrévisionniste à la fin desannées 1980 qui valorise ledécentrement du regard (New Western History,New Indian History avec notamment l'ethnohistorienBruce Trigger) ou comme le courant de l’histoire continentale qui reconsidère l’histoire coloniale de l’Amérique du Nord à partir du Centre et non plus des côtes[70].
Premiers contacts : la colonisation européenne et ses conséquences
Dans le Sud-Ouest des États-Unis actuels, les Espagnols étendent leurs colonies deNouvelle-Espagne depuis leMexique. À partir de la fin duXVIe siècle[64], ils s’établissent sur les territoires des IndiensPueblos qu’ils réduisent en esclavage par le système de l’encomienda. Les frèresfranciscains évangélisent les peuples habitant les zones correspondant aujourd’hui à laCalifornie, auNouveau-Mexique et auTexas grâce à un réseau demissions. Ils n'hésitent pas à recourir au travail forcé, à la torture et aux exécutions pour les Amérindiens qui persistent à pratiquer leurs rites traditionnels[64]. L’armée espagnole doit faire face à plusieurs révoltes auXVIIe siècle : en 1680, larévolte Pueblo dirigée parPopé provoque l'évacuation temporaire de la région par les Espagnols. Dès 1784, une politique d'extermination desApaches est mise en place : il s'agit de massacrer tout Apache âgé de plus de7 ans[74]. Après 1821, la région passe sous la souveraineté mexicaine.
À l’issue de l'expédition d'Hernando de Soto (1539-1542), les Espagnols avaient étendu leur influence sur les régions du Sud-Est. Les Amérindiens sont massacrés, réduits en esclavage avant d'être déportés dans lesCaraïbes[64].
Enfin, lesRusses cherchent à satisfaire la demande desChinois en fourrures venues des côtes du Nord-Ouest : ils contraignent les indigènes à chasser laloutre de mer[33].
Les Européens introduisent des maladies nouvelles chez les Amérindiens (variole,grippe) qui font des ravages. On estime que, dans les régions les plus touchées par les épidémies, la population a pu se réduire de 90 % avant 1650[77].
Les Amérindiens échangent avec les Blancs de nouveaux produits, qui modifient leurs modes de vie et tend vers l'uniformisation des cultures :alcool, armes, blé, objets en métal, nouvelles plantes et animaux. La diffusion ducheval vers les Grandes Plaines s'intensifie après larévolte des Pueblos en 1680 dans le Sud-Ouest[78]. Dans la zone correspondant au Texas actuel, le cheval renforce lenomadisme de plusieurs nations[79] et contribue à modifier leur répartition géographique. LesNavajos se mettent à élever les moutons, introduits par les Espagnols[34]. Lescinq nations civilisées (Cherokees,Chicachas,Chactas,Creeks,Séminoles) étaient considérées comme ayant été « civilisées » par la société blanche pour avoir adopté beaucoup de coutumes occidentales (dont la possession deplantations, de maisons à l'européenne et d'esclaves noirs[80]) et avoir de bonnes relations avec leurs voisins. L'arrivée des Blancs modifia également les rapports politiques en exacerbant les rivalités et les relations sociales. Les Amérindiens tentèrent de s'unir contre l'invasion en formant des ligues et des alliances : les plus célèbres sont celles desIroquois, desHurons et desCreeks qui réunirent quelque cinquante cités disposant chacune d’un chef et d’un conseil. Les états se réunissent en conseils (chez lesCheyennes, le conseil des quarante chefs). En période de guerre, les états se regroupent en confédérations, mais ces alliances sont la plupart du temps éphémères.[réf. nécessaire]
L’Amérique du Nord est vue comme une terre à évangéliser : lachristianisation est en partie acceptée par une partie des Amérindiens lorsqu’ils peuvent l’assimiler à leurs cultes traditionnels, il arrive alors que les deux cultures cohabitent dans une bonne intelligence[81] sous l'impulsion de missionnaires plus libéraux. Si la plupart du temps les Européens méprisaient les Amérindiens, certains Européens s’unissent toutefois à des Amérindiennes comme certainscoureurs de bois français. Également, la princessealgonquinePocahontas épouse l’AnglaisJohn Rolfe en1613. Dans le regard des Européens, l’Indien est au mieux unbon sauvage qu’il faut civiliser, au pire un diable à convertir, à réduire en esclavage, ou à massacrer : en1763, le commandement anglais dePennsylvanie fournit aux Indiens des vêtements infestés des germes de la variole[82].
L'arrivée des Européens provoqua d'importantes migrations ou encore des guerres entre nations pour le contrôle du commerce. Par exemple, lesSioux ont quitté les forêts de l’Ouest duWisconsin et du Centre duMinnesota pour migrer vers l’ouest et le sud à partir du milieu duXVIIe siècle[83].
Enfin, l'invasion européenne puis américaine engendra une profonde crise morale, qui se manifesta par des suicides et une augmentation de la criminalité[77].
La cause principale de ces conflits est la volonté expansionniste desTreize Colonies britanniques puis du gouvernement américain, qui se traduit par laguerre américano-mexicaine, laconquête de l'Ouest par des colons recherchant des terres et de l’or, ce qui renforce l’animosité entre les deux peuples. Ces conflits ont fait l’objet de représailles, de massacres et de pillages de la part des deux camps. Parmi les guerres indiennes les plus connues, on peut citer lesguerres séminoles enFloride (entre 1817 et 1858) et laguerre des Black Hills (1876-1877) contre lesSioux[réf. nécessaire].
Pile decrânes de bisons destinés à devenir dufertilisant dans les années 1870.
AuXIXe siècle, les Amérindiens sont parqués dans desréserves et leur principal gibier, les troupeaux de bisons, exterminés pour leur fourrure sous les incitations du gouvernement fédéral. Ainsi même si la qualification degénocide du traitement de ces populations suscite le débat[85], dans la mesure où il n’y a pas de volonté gouvernementale claire d’exterminer les Amérindiens, ces derniers sont affamés (prime au massacre debisons), spoliés de leurs terres par la violence et la fourberie (non-respect des accords signés, vente,allotissements), déplacés (oudéportés), privés de leur liberté de culte ainsi que du droit de parler leurs langues[réf. nécessaire], et enjoints à s'assimiler au mode de vie des nouveaux arrivants.
La construction dupremier chemin de fer transcontinental et l’arrivée des colons par les pistes de l’Ouest dévaste le territoire desIndiens des Plaines. Cette politique est fréquemment nomméeethnocide, terme désignant l’extermination d’une culture. De nombreux Indiens se laissent mourir de désespoir : ce fut le cas desCreeks. Au total, ce sont tous les aspects de laconquête de l'Ouest qui provoquent le déclin de la population et de la culture indigène. L'historienHoward Zinn écrit :« le coût en vies humaines [de l'expansion territoriale vers l'Ouest] ne peut être estimé avec précision. Quant aux souffrances, elles sont purement et simplement incommensurables »[86]. La recherche historique actuelle tend à montrer que les Amérindiens eurent un impact sur leurenvironnement par ladéforestation, l'écobuage et la mise en pâture de grands territoires[87]. Certains spécialistes pensent que la Grande Prairie où se nourrissaient les bisons est une création des Amérindiens par brûlage de la forêt[88]. L’historien Dan Flores, de l'université du Montana, démontre que les Amérindiens ont joué un rôle décisif dans l’extermination des bisons par la surchasse[89].
LeBureau des affaires indiennes (en anglais : « Bureau of Indian Affairs », abrégé en BIA) est ouvert en 1824. En1830, l’Indian Removal Act inaugure la politique dedéplacement des populations indiennes toujours plus vers l’ouest : le président de l’époque,Andrew Jackson, fait voter une loi déportant les Amérindiens de l’Est duMississippi à l’ouest de ce fleuve, principalement enOklahoma[90], afin d’exploiter l’or découvert sur leurs territoires, dans l’Ohio, et installer lesimmigrés venus d’Europe. Cette loi est déclarée anticonstitutionnelle par laCour suprême et entraîne des guerres avec lesCherokees jusqu’en 1838. Jusqu’en 1850, cent mille Amérindiens sont déportés. L’épisode le plus célèbre reste celui de laPiste des larmes en 1838-1839. Ce nom vient des larmes de compassion versées par les Américains qui voyaient passer lesCherokees devant eux. Cette déportation forcée fit au moins quatre mille victimes, à cause du froid, des maladies et de l’épuisement.[réf. nécessaire]
Dans leTerritoire indien, lescinq nations civilisées s’établissent dans des villes et apportent avec eux leurs esclaves noirs. Ils sont surveillés et encadrés par une série de forts construits par le gouvernement fédéral à proximité des réserves. Les terres sont attribuées aux tribus qui les gèrent librement. Les Cherokees relancent leur journal, fondé en1828, alors que les Creeks rédigent uneconstitution originale. Tous fondent des écoles de village et développent l’enseignement secondaire. Ils réorganisent leurs églises dans lesquels les pasteurs prêchent en langue indigène[91]. Certains Indiens réussissent à entreprendre des études dans lesuniversités américaines[92]. Mais l'école est avant tout un instrument d'assimilation : dansles pensionnats, les enfants amérindiens perdent leurs repères traditionnels en étant coupés de leur famille. Ils sont contraints d'apprendre l’anglais et de porter l'uniforme scolaire[33].
En1887, leDawes Act[Note 4] permet la mise en vente des terres des tribus à des particuliers[90]. Amendé en1891 et1906, il resta en application jusqu'en1934.[réf. nécessaire]. Le peu de terres restant en possession des Indiens n'est pas soumis à l'impôt foncier.
Lerapport Meriam(en), publié en1928, fait état d’une situation dramatique pour les Amérindiens (pauvreté, exclusion). En1934, sous le premier mandat du présidentFranklin Delano Roosevelt, l’Indian Reorganization Act[Note 5], donne une plus large autonomie politique et économique aux Indiens. Il met fin à la privatisation des terres amérindiennes, renforce l'autonomie des nations amérindiennes et les engage à se doter d'une constitution écrite[95]. Cependant, ces constitutions, de même que les décisions prises par les amérindiens, sont soumises à l'autorisation du BIA[96]. À la même époque, l’Indian Arts and Craftboard est fondé afin de promouvoir l’artisanat amérindien. L'anthropologueJohn Collier est à l'origine de l'expressionIndian New Deal en référence au programme de Roosevelt pour sortir les États-Unis de la crise[95]. En 1944 est institué leNational Congress of American Indians (NCAI)[Note 6], destiné à unir les tribus pour présenter des revendications communes au BIA et maintenir la spécificité culturelle amérindienne[97]. Toutes ces dispositions leur permettent de récupérer un million d’hectares[98]. Les Amérindiens jouent un rôle important pendant laSeconde Guerre mondiale : ils étaient 250 000 dans l'Armée américaine[99]. DesNavajos servant dans les services de transmissions américains ont élaboréun code basé sur leur langue afin d’assurer la confidentialité des messages radio.
Entre 1949 et 1953, laTermination Policy (Loi de Terminaison[96]) cherche à favoriser l’installation des Amérindiens en ville et achever leurassimilation, sans concertation avec les intéressés ou leurs représentants. La loi de 1953 précise qu'elle vise à « conférer aux Indiens les mêmes privilèges et les mêmes responsabilités qu’aux autres citoyens, de mettre fin à leur statut de pupilles du gouvernement[95] », sans tenir compte de la revendication de maintien de souveraineté des peuples concernés. Mais elle est rapidement abandonnée devant ses échecs. En 1961 est fondé leNational Indian Youth Council (NIYC). En 1962, lacommission des revendications indiennes (Indian Claims commission) doit verser près de quatre millions de dollars aux descendants desCreeks spoliés en 1814[100]. En 1968 est institué un Conseil national qui coordonne les aides financières. C’est la même année que naît l’American Indian Movement, une organisation plus radicale que les précédentes[97]. LeRed Power (« pouvoir rouge ») s’organise et cherche à se faire entendre en organisant des manifestations : en1969, des Amérindiens occupent l'île d'Alcatraz àSan Francisco auquel ils assimilent les réserves du pays ; en1972, ils prennent leBureau des affaires indiennes ; en1973, ils investissent celui deWounded Knee et rappellent que de les Amérindiens ont été spolies de nombre de leurs terres. En 1975, l’Indian Self-Determination and Education Act(en) réaffirme la souveraineté du conseil tribal. En 1977 est institué un Secrétaire aux Affaires indiennes, qui fut longtemps unBlackfoot, Forrest Gerard. En1978, des Amérindiens entament une grande marche qui relie San Francisco à la capitale fédérale : ils dénoncent les atteintes à l’environnement ainsi que le matérialisme, et refusent l’assimilation[101]. La même année, l’American Indian Religious Freedom Act(en) complète les droits obtenus en offrant la garantie de la liberté de culte pour les Amérindiens. En 1988, l’Indian Gaming Regulatory Act(en) permet aux nations amérindiennes d'ouvrir des casinos.[réf. nécessaire]
Proportion d’Amérindiens (y compris les Hawaïens autochtones) dans chaque État des États-Unis, à Washington, D.C. et à Porto Rico au recensement américain de 2020[102].
Proportion d’Amérindiens par État au recensement américain de 2020.
Environ 8,75 millions de personnes qui s’identifient au moins partiellement comme Amérindiens ou Autochtones de l’Alaska vivent aux États-Unis ()[103].
En premier lieu, les Amérindiens connaissent une renaissance démographique au cours duXXe siècle. En1900, on pouvait compter 237 196 Amérindiens aux États-Unis[90]. D’après les différents recensements[99], ils sont 800 000 en 1970, 1,4 million en 1980 et 2,8 millions[104] en 2004, soit un peu plus de 1 % de la population totale. En2004, dans deux États du Sud-Ouest (Nouveau-Mexique etArizona), les Amérindiens représentent une part significative de la population, puisqu’elle dépasse les 5 % du total[105]. Moins d’un tiers des Amérindiens vit actuellement dans des réserves[101],[106], qui sont pour la plupart concentrées à l’ouest du fleuveMississippi. Beaucoup résident dans les grandes villes : on peut recenser plus de 85 000 Indiens àNew York[107]. Les deux tribus les plus importantes en nombre sont lesCherokees (729 513) et lesNavajos (298 197)[108].
En 1980, les Amérindiens obtiennent l'autorisation d'ouvrir et de gérer descasinos[110]. En 2004, ils avaient ouvert350 établissements de jeu dans le pays qui rapportent12 milliards d’euros par an[105],[111]. Cette activité, appelée « Nouveau bison », a permis à beaucoup de tribus de s’enrichir et de se développer. Ainsi, lesArapahos se sont lancés dans l’industrie desjeux de hasard et ont monté l’Arapaho Casino, dans l’État duWyoming. Entre 1990 et 2000, le revenu moyen par habitant des Amérindiens a progressé de 27 %[112]. Les Amérindiens restent organisés en tribus qui ont chacune un chef et/ou un conseil tribal et qui peuvent organiser desréférendums ou faire valoir leurs droits devant la justice fédérale. Certaines, comme les Cherokees, disposent d’uneconstitution qui affirme des droits. Les tribus reçoivent une aide fédérale proportionnelle au nombre de leurs membres. En vertu des traités signés auXIXe siècle, certaines d’entre elles reçoivent un dédommagement pour avoir été spoliées de leurs terres : c’est le cas desSéminoles noirs deFloride qui ont reçu56 millions de dollars au début duXXIe siècle[105].
Legouvernement des États-Unis qui est en litige, parfois depuis les années 1960, avec des nations amérindiennes concernant l'exploitation des ressources de leurs réserves, a payé entre 2010 et 2014 et réglé à 80 tribus une somme de 2,61 milliards de dollars américains pour y mettre fin. L'administration Obama a accéléré le processus à la suite de demandes des avocats de ces tribus en 2009[113].
Aujourd’hui, les réserves indiennes disposent de journaux (leNavajo Times par exemple) qui rendent publiques les décisions du conseil tribal. Si les conditions de vie se sont globalement améliorées, les communautés souffrent toujours de nombreux problèmes :SIDA, violence, alcoolisme, pauvreté, isolement sont des fléaux qui touchent particulièrement les Amérindiens.
Statistiques comparées de divers indicateurs socio-économiques : la condition indienne contemporaine en 1999[114]
Les chiffres du tableau ci-dessus montrent que l’assimilation de la population amérindienne auMelting pot national, bien qu’en progrès, est encore limitée en 1999. De plus il existe encore d’importantes disparités entre les tribus. Par exemple, les taux de pauvreté des Navajos et des Sioux atteignent respectivement 37 et 38,9 % alors qu’il est d’environ 18 % pour d’autres tribus.[réf. nécessaire]
Plusieurs Américains d’origine amérindienne participent aux opérations dans la guerre d’Irak. LesCherokees ont même dansé unpow-wow, preuve que les Amérindiens assument de plus en plus leurs traditions ancestrales[105]. Il existe en 2004 trente stations de radios amérindiennes aux États-Unis[105]. Pour reconstruire leur identité, les tribus organisent des chasses au bison, des ateliers de tissage ou de poteries ou des cours de langue. Dans l’État duMinnesota, lesChippewas cultivent de façon traditionnelle leriz sauvage qu’ils appellentmanoomin[116]. Ce renouveau culturel séduit en particulier les jeunes générations.[réf. nécessaire]
Représentations des natifs américains dans le sport
Aux États-Unis et au Canada, une controverse existe depuis vingt ans au sujet des surnoms faisant directement référence aux amérindiens et leur culture. Les communautés natives américaines demandant des changements de surnom, nom ou toute référence, qu'elles considèrent être insultant[117]. Les critiques y voient la perpétuation des stéréotypes à travers le sport professionnel, universitaire mais aussi au niveau locale via les lycées « (High School) ». L'utilisation des mascottes amérindiennes, surnoms pour les équipes sportives ou toute représentation de la culture amérindienne est assimilé à de l'appropriation culturelle.[réf. nécessaire]
LesRedskins de Washington enNFL ou encoreIndians de Cleveland enMLB sont les cas les plus médiatiques[118]. En, lesIndians de Cleveland de laMLB, annonce l'abandon de l’utilisation de l'image de leur mascotte, baptiséeChief Wahoo : considérée comme une caricature raciste d'un chef amérindien[119]. En NFL,Daniel Snyder (propriétaire de la franchise de Washington) réfutait le caractère offensant du nom de la franchise, en soulignant les traditions et que selon des sondages auprès des communautés natives, le nom des Redskins n’était pas perçu comme péjoratif[120]. Daniel Snyder déclara en 2013 dans la presse, qu'il ne changerait « jamais » le surnom de l'équipe[121].En 2020, sous la pression d'importants sponsors dontFedEx ou encoreNike, et un contexte demouvements et manifestations en faveur des minorités, la franchise accepte de changer de nom[122].
En 2005, enNCAA, à la suite d'un rapport propre à la NCAA, plusieurs universités américaines abandonnent les surnoms ou références à la culture amérindienne et ainsi éviter des sanctions. Ce fut le cas de l'Université d'État de l'Arkansas troquant le surnom des « Indians » parRed Wolves pour toutes les équipes sportives à partir de 2008[123].
Les lois fédérales des États-Unis offrent certains droits aux minorités indiennes, aux individus et aux communautés. Ces droits sont gérés par lebureau des affaires indiennes[124]. Le statut des Amérindiens aux États-Unis est complexe, marqué par des luttes pour la reconnaissance, des droits juridiques limités et des efforts de revitalisation culturelle[125].
Dans lesannées 1960, sous l’influence duRed Power movement(en) et des mouvements écologistes, on a redécouvert l’héritage et la civilisation des amérindiens. Ainsi enCalifornie, leNative American Day(en) (Journée des Amérindiens, le quatrième lundi de septembre[126]) est l’occasion de rendre hommage aux Indiens de l’État, les enseignants sont invités à parler de la culture indienne dans les écoles. Depuis2004, les cours d’histoire indienne sont obligatoires dans les écoles élémentaires duMaine[105].
Journée des peuples autochtones,Berkeley aux célébrations duColumbus Day (octobre 2012).
Reconstituer l’histoire des peuples amérindiens est relativement difficile pour les périodes les plus reculées[127]. Sans écriture, les Amérindiens ont peu transformé leur milieu et laissé peu de traces anciennes. Néanmoins, la culture amérindienne a influencé les toponymes : plusieurs États fédérés (Ohio,Michigan,Idaho,Massachusetts, etc.) et plusieurs villes (Seattle par exemple) portent un nom d’origine indienne. De nombreux cours d'eau (Mississippi,Missouri) et éléments de géographie physique ont été puisés dans la langue des Amérindiens. Les Amérindiens ont également appris aux Européens la culture de plantes qui connurent ensuite un grand succès :tomate,pomme de terre,maïs ettabac. Enfin certains mots anglais rappellent leurs origines indiennes (Anorak,Mocassin,Canoë,Toboggan, etc.).
Dès leXIXe siècle, les Américains blancs se sont intéressés aux cultures amérindiennes : les anthropologues tels queLewis Henry Morgan,Alfred Louis Kroeber,James R. Walker ouRobert Harry Lowie ont étudié leurs coutumes et leur vie quotidienne. Mais c’est surtout depuis quelques années que les États-Unis réhabilitent l’héritage amérindien : àNew York, leNational Museum of the American Indian (musée national des Indiens d’Amérique) abrite environ un million d’objets des origines à aujourd’hui. Une autre partie des collections se trouve àWashington dans un bâtiment dessiné par Douglas J. Cardinal et ouvert en2004. Il s’agit d’une institution qui avait été créée à la suite d’une loi votée par leCongrès en1989. Le cinéma hollywoodien, qui a tourné plus de 4 000 films sur les Amérindiens (depuis le mythe du bon sauvage[128] ou de l'Indien rusé assoiffé de sang des débuts[Note 7] à l'Indien alcoolique dansMémoires de nos pères)[129], a contribué au changement de regard des Américains sur les premiers peuples, avec des films commeLa Flèche brisée,Little Big Man,Danse avec les loups,Phoenix Arizona ouAtanarjuat. Mais certains spécialistes écornent l’image romantique de l’Indien respectueux de la nature : plusieurs scientifiques montrent que des tribus ont contribué au recul de la forêt et participé à l’extinction du bison en profitant du commerce des peaux avec les Blancs[130]. En outre, les dernières découvertes archéologiques remettent en cause l’origine unique du peuplement des Amériques par les populations venues d’Asie, ce qui a des conséquences sur certaines revendications indiennes notamment nationalistes.[réf. nécessaire]
Néanmoins, ces critiques anti-indiennes sont en premier lieu liées au contexte des États-Unis d'Amérique[131], où la conscience nationale est basée sur les valeurschrétiennesprotestantes : lalaïcité américaine ne concernait d'abord que les chrétiens, descendants des colons qui s'installèrent sur les territoires des Indiens, et qui en furent chassés, ou qui les abandonnèrent face à la pression coloniale européenne ; cette laïcité américaine était une toléranceentre les différentes sectes chrétiennes reconnues, et considérait les cultures amérindiennes comme païennes, et donc, à abattre absolument, soit par la conversion et une propagande anti-indienne élaborée idéologiquement par la dévalorisation systématique de leurs croyances en faisant de quelques exactions commises par des Indiens, ou ripostes armées d'Indiens face aux attaques coloniales,une règle générale « prouvant » la « sauvagerie » des Indiens, sans distinction aucune, ni volonté de comprendre les sagesses amérindiennes (ainsi dévalorisées d'office par la pensée coloniale chrétienne cherchant à annihiler tout « paganisme » en Amérique du Nord), ou soit par la menace physique (création de famines, de propagations de maladies, de corruption par l'alcool, d'expulsions de territoire, etc.) ou l'extermination (massacre, par le7e régiment de cavalerie, de 153Sioux, hommes, femmes et enfants, àWounded Knee, le, par exemple)[132].
De plus, la culture des chrétiens blancs était idéologiquement endogame et refusait systématiquement qu'un Indien païen (comme un Noir) puisse s'unir à une Blanche,même si cet Indien se convertissait au christianisme protestant (attitude dont le reliquat est leKu Klux Klan, proche dunazisme dans son idéologie, et toujours autorisé aux États-Unis). En 1881,Helen Hunt Jackson rappelait ainsi dans son ouvrageA Century of Dishonor les mauvais traitements infligés aux Indiens par les colons charriant les « promesses non tenues, des traités déchirés et des os blanchis. »[133].
↑Un célèbre et mythique discours de 1854 duchef Seattle est fréquemment cité au sujet des rapports des amérindiens à la nature. Cependant il n’existe aucune certitude sur la teneur de ces propos, qui étaient la réponse de ce chef amérindien au gouverneurIsaac Stevens lors de la négociation qui conduisirent les tribusDuwamish etSuquamish à céder leurs terres. Des textes circulent aujourd’hui, souvent présentés comme des transcriptions des paroles de Seattle, mais il ne s’agit que de versions bien ultérieures, se basant sur des sources approximatives et peu fiables. La version du discours la plus fréquemment reproduite semble avoir été imaginée en 1971 par le scénariste américain Ted Perry, et comporte d’ailleurs plusieurs inexactitudes et anachronismes. Toutes ces versions ne doivent pas être considérées comme des sources utilisables d’un point de vue historique.
↑par exemple, les Pueblos échangeaient avec les Apaches du maïs et du coton contre de la viande[réf. nécessaire].
↑Cette classification est retenue dans Anne Garrait-Bourrier, Monique Vénuat,Les Indiens aux États-Unis, 2002 (voir la bibliographie en fin d'article.
↑Également connu sous le nom deGeneral Allotment Act.
↑Également connu sous le nom de loi Wheeler-Howard.
↑Site officiel duNational Congress of American Indians :(en) « NCAI ».
↑abcdef etg(en) « The American Indian and Alaska Native Population: 2010 »[PDF], surcensus.gov, US Census Bureau,(consulté le). Les totaux par groupe tribal d'Amérindiens et d'autochtones de l'Alaska surestiment la population totale d'Amérindiens et d'autochtones de l'Alaska. Ceci est dû au fait que les groupes tribaux d'Amérindiens et d'autochtones de l'Alaska sont des totaux du nombre de réponses d'Amérindiens et d'autochtones de l'Alaska plutôt que du nombre de répondants Amérindiens ou autochtones de l'Alaska. Les répondants qui déclarent plusieurs groupes d'Amérindiens ou d'autochtones de l'Alaska sont comptés plusieurs fois. Par exemple, un répondant ayant déclaré "Cherokee et Navajo" sera inclus dans le nombre de Cherokee ainsi que dans le nombre de Navajo.
↑John A. Gallucci, « Décrire les « Sauvages » : réflexion sur les manières de désigner les autochtones dans le latin des Relations - Describing the “Savages”: a study of how aboriginals were designated in the Latin of the Relations »,Tangence,no 99,,p. 16(lire en ligne[PDF]).
↑par exemple chez les Apaches (on leur arrachait les ongles ou la langue) : lire R. Thévenin, P. Coze,Mœurs et histoire des Indiens d’Amérique du Nord, 2004,p. 83.
↑G. Havard, C. Vidal,Histoire de l’Amérique française, 2003,p. 95-96.
↑Cette colonie française, très étendue, est un très vaste territoire qui correspond approximativement à la réunion de plusieursÉtats des États-Unis actuels, dugolfe du Mexique auCanada.
↑On les désigne sous le termepanis : Philippe Jacquin, Daniel Royot,Go West ! Histoire de l'Ouest américain d'hier à aujourd'hui, Paris, Flammarion, 2002(ISBN2-08-211809-6), page 52.
↑Frank Browning, John Gerassi,Histoire criminelle des États-Unis, Nouveau Monde,,p. 242.
↑PourNoam Chomsky, la qualification degénocide ne fait aucun doute :« Ici, aux États-Unis, nous avons commis un génocide. Un pur génocide. Et pas seulement aux États-Unis mais partout sur le continent » dansComprendre le pouvoir : Tome II, Aden, 2006,p. 58.
↑EtHoward Zinn ajoute :« la plupart des manuels d'histoire destinés aux enfants passent d'ailleurs rapidement sur tout cela » dansUne histoire populaire des États-Unis. De 1492 à nos jours, Agone, 2002,p. 149.
Livre militant de Jean Raspail, illustré de photos par son épouse Aliette Raspail, à la suite de leur voyage de six mois à travers les États-Unis durant lesannées 1970 à la recherche des vestiges des civilisations tribales Nord-américaines. Très concret et nombreuses références.
L'auteur dresse un portrait émouvant et kaléidoscopique de la résilience, de l'adaptabilité et de la place des Indiens dans le monde d'aujourd'hui.
Andrés Reséndez(en) et Bruno Boudard (Traduction),L'Autre esclavage : La véritable histoire de l'asservissement des Indiens aux Amériques, Albin Michel,, 544 p.(ISBN978-2226451118).