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Enforesterie, l'aménagement forestier est la planification rationnelle de la gestion d'unmassif forestier ou idéalement de parcelles homogènes ou cohérentes (dite « unité de gestion » pour leFSC) du point de vuebiogéographique.
L'aménagement est un outil stratégique qui n'a pas de modèle universel et qui doit être périodiquement mis à jour. Il est appliqué au cas par cas, selon le contexte et l'histoire du massif. L'aménagiste pose des hypothèses, fait des paris ou des simplifications pour ses choix techniques et de gestion, par exemple à propos du choix des essences, du taux de reconstitution, d'une gestion pied à pied, en bouquet ou en coupe rase, du diamètre ou de l'âge de fructification « efficace », du taux et nombre maximum d’arbres abattables par hectare, des saisons de chantiers de coupe, de la surface maximale des coupes, du nombre desemenciers à conserver par unité de surface, de la stratégie dedébardage, de la quantité de bois mort, degros-bois outrès gros bois et d'espaces à protéger de l'exploitation, etc.
Depuis le début des années 2000, le Québec prépare, sous l'égide du Ministère des ressources naturelles de la faune et des parcs (MRNFP), des« plans généraux d'aménagement forestier »[1] mis en consultation[2] et qui doivent être mis en œuvre de[3]. L'article 3 deloi sur les Forêts du gouvernement du Québec définit ainsi l'aménagement forestier :« L'aménagement forestier comprend l'abattage et la récolte de bois, l'implantation, l'amélioration, l'entretien et la fermeture d'infrastructures, l'exécution de traitements sylvicoles y compris le reboisement et l'usage du feu, la répression desépidémies d'insectes, desmaladies cryptogamiques et de la végétation concurrente de même que toute autre activité ayant un effet sur la productivité d'une aire forestière. »
Le terme d'aménagement forestier désigne un document d'aménagement, rédigé par l'Office national des forêts, valable 10 à 25 ans, obligatoire pour laforêt publique, dès qu'elle relève juridiquement du régime forestier (forêts domaniales, forêts communales, forêts des collectivités).
Il peut y avoir des exceptions, sur des terrains appartenant au ministère de la défense ou pour des massifs où l'on ne souhaite pas de production sylvicole, alors généralement couverts par un« plan de gestion » visant à restaurer, protéger et gérer labiodiversité, comme dans lesparcs nationaux par exemple. Lecode forestier attribue à ce document la valeur d'unegarantie de gestion durable (Selon ce même code« La gestion durable des forêts garantit leur diversité biologique, leur productivité, leur capacité de régénération, leur vitalité et leur capacité à satisfaire, actuellement et pour l'avenir, les fonctions économique, écologique et sociale pertinentes, aux niveaux local, national et international, sans causer de préjudices à d'autres écosystèmes »[4].
En forêt privée, on parle deplan simple de gestion (PSG), bien que le principe en soit très proche.
Les forêts privées de plus de 20 ha d'un seul tenant (ou d'un ensemble de parcelles forestières d'une surface totale égale ou supérieure à 20 hectares appartenant à un même propriétaire)[5] doivent être dotées d'un « plan simple de gestion », approuvé par leCentre régional de la propriété forestière. Le plan simple de gestion n'a pas besoin d'être aussi précis que l'aménagement d'une forêt publique.
L'aménagement forestier comprend[6] :
L'aménagement forestier vise de plus en plus lamultifonctionnalité durable de la forêt, avec :
…tout en permettant l'accueil du public et des loisirs compatibles avec une production durable…
De plus en plus souvent depuis les années1990, il vise une démarche de contractualisation avec les populations riveraines des concessions ou propriétés forestières. L'aménagement forestier peut, s'il est transparent, documenté et appuyé par des preuvescrédibles, contribuer à répondre à la demande sociale degestion durable des forêts. Il est d'ailleurs obligatoire et accompagné de critères précis (qualitatifs et quantitatifs) pour l'obtention d'écolabels tels que lePEFC ou le FSC.

Il s'appuie sur une analyse (si possible avec uninventaire) :
De manière à définir et hiérarchiser des enjeux (économiques,écologiques, sociaux) et des objectifs à plus ou moins long terme, il s'appuie sur :
Il détermine enfin :
Le réseau desroutes forestières, pistes,layons et chemins forestiers est abordé par l'aménagiste, avec des choix difficiles de moyen et long terme, car ce réseau est coûteux et doit être entretenu, et il influera différemment selon sa conception sur lafragmentation écologique de la forêt, le taux de couverture (et donc la surface laissée aux arbres et autres espèces), la circulation de l'eau, lesmicroclimats, lanaturalité du milieu, la qualité physico-chimique des milieux adjacents, la pénétrabilité des cœurs d'habitats, et donc sur les capacités de résistance etrésilience du milieu, face aux dérèglements climatiques notamment.
Le modèle de gestion (proche de la nature, en bouquet ou en pied à pied, avec ou sansrégénération naturelle ou au contraire en plantationséquiennes etcoupes rases, et le type dedébardage choisi appelleront différentes infrastructures de cheminements. Des cheminements provisoires sont localement possibles (ponts amovibles, etc.). Des matériaux nouveaux tels quegéotextiles, mais surtoutgéogrille[8] permettent de faire des routes plus légères et plus stables sur des sols à faible portance (tout en ouvrant à l'exploitation des milieux fragiles (zones humides,sableuses,vaseuses,limoneusse, para tourbeuses, sub-pergélisols...), qui étaient souvent les derniers refuges de labiodiversité patrimoniale).
Construction et entretien du réseau routier :Les routes forestières sont construites pour l’évacuation des grumes exploitées. L’étape de planification est très importante car elle doit permettre de trouver un équilibre entre la proximité de la ressource, des distances de débardage acceptables. Une fois finie l'exploitation ces routes sont fermées pour laisser la place à la régénération naturelle.