L'altruisme est la préoccupation pour lebien-être d'autrui, indépendamment des bénéfices personnels ou de la réciprocité.
Le mot « altruisme » a été popularisé (et peut-être inventé) par le philosophe françaisAuguste Comte en tant qu'antonyme de l'égoïsme. Il l'a dérivé de l'italienaltrui, lui-même issu du latinalteri, signifiant « les autres » ou « quelqu'un d'autre »[1].
L'altruisme constitue une valeur morale importante dans de nombreusescultures etreligions. Il peut s'étendre au-delà des soins aux humains pour inclure les autres êtressentients et lesgénérations futures[2].
L'altruisme, tel qu'observé dans les populations d'organismes, désigne une action effectuée par un individu à ses propres dépens (par exemple, en termes de plaisir, de qualité de vie, de temps, ou de probabilité de survie ou de reproduction) qui profite, directement ou indirectement, à un autre individu, sans attente de réciprocité ou de compensation pour cette action[3].
Enéthique, le terme « altruisme » peut désigner une doctrine affirmant que les individus ont une obligation morale de bénéficier aux autres. Dans ce sens, il est généralement opposé à l'égoïsme, qui soutient que les individus ont une obligation morale de se servir eux-mêmes en priorité[4].
L'altruisme efficace est un mouvement social et philosophique qui utilise une approche analytique pour maximiser l'impact positif des actions altruistes[5].
Le mot altruisme apparaît pour la première fois sous la plume d'Auguste Comte[6] dans son ouvrageCatéchisme positiviste (1852). Il désigne une attitude d'attachement, de bonté, voire de vénération enversautrui, qui résulte d'un sentiment d'amourinstinctif ou réfléchi pour l'autre. Faisant de l'altruisme le principe de sa religion, Auguste Comte considère que l'existence innée des instincts altruistes est« la principale découverte de la science moderne »[6].
Lapsychanalyste argentineRaquel Capurro, égalementphilosophe de formation, décrit précisément dans quelles conditionsAuguste Comte a élaboré la « religion » positiviste[7] : Comte tombe très amoureux deClotilde de Vaux en 1845, c'est alors qu'elle attrape latuberculose, et meurt un an plus tard. Auguste Comte a du mal à faire sondeuil : se recueillant dans l'égliseSaint-Paul près de l'appartement de Clotilde de Vaux, ce deuil participe à l'invention de la « religion de l'humanité », qu'il qualifie defétichisme : l'ethnologie était à la mode à cette époque, et on découvrait ces pratiques dans lescultesafricains. La couverture de sonSystème de politique positive, publié en 1851 et dédié à« sainte Clothilde », comprend les slogans« Ordre et progrès »,« Vivre pour autrui »[6].
Pourtant opposé au mysticisme politique d'Auguste Comte, le philosophe évolutionnisteHerbert Spencer reprend à son compte le terme d'altruisme[6].
Bien qu'un comportement altruiste semblea priori être contradictoire par rapport à des principes énoncés au sujet de lasélection naturelle, un comportement qui tient compte d'autrui peut être sélectionné et l'on constate des comportements altruistes dans la nature (voirsélection de parentèle). Un examen plus fin par lasociobiologie des mécanismes à l'œuvre, des niveaux de sélection génétique, et d'expression des individus montre que, s'il y a un égoïsme, il serait davantage au niveau des gènes eux-mêmes[8].
L'« altruisme de clocher » a été évoqué parDarwin pour expliquer en termes évolutionnistes le comportement social chez l'homme : ce comportement associe l'altruisme, où des personnes agissent à leurs dépens pour les membres de leur groupe, avec une attitude hostile à l'égard des autres groupes. Par exemple, un soldat qui se bat contre un ennemi au péril de sa vie pour protéger son pays, des supporters de football qui favorisent la« confiance intragroupe » et l'« agression défensive » envers les autres groupes. Des recherches montrent que ce comportement est corrélé au taux d'ocytocine cérébral[9].
L'altruisme pourrait avoir une composante génétique, la présence d'unallèle du gèneCOMT semblant être associé avec un comportement plus altruiste[10].
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Pour l'égoïste ou l'amoral, l'altruisme est le fait de se soumettre à une idée[11],[12]. Ainsi, dans cette définition, lepatriote est un altruiste[13]. Pour le défenseur de l'égoïsme,Max Stirner, l'altruisme procède de l'Idée. L'altruiste serait donc quelqu'un de trèsmoral, d'idéaliste et de désintéressé, donc unesclave. Lelibéralisme, sévèrement pourfendu dansL'Unique et sa propriété, conduirait à l'altruisme, même si une personne croit servir son intérêt personnel[14]. En critiquant lelibéralisme, Stirner rejette lesocialisme et lecapitalisme. Cessystèmes économiques etpolitiques favorisent l'altruisme et donc l'esclavage de laPensée. Pour Stirner, l'amour et lasociabilité procèdent de l'égoïsme, alors que l'altruisme est undevoir. À aucun moment, Max Stirner n'emploie le mot « altruisme » pour définir le contraire de l'égoïsme, mais le mot « idéalisme ». James L. Walker, un des adeptes deStirner, dans son ouvrageThe philosophy of Egoism, associera idéalisme à altruisme.Thrasymaque, dansLa République dePlaton, suppose que l'altruisme n'est pas naturel et que nous sommes tous prompts à l'injustice.
↑C'est "l'égoïste inconscient" de Max Stirner ou le "décadent" de Friedrich Nietzsche dansAinsi parlait Zarathoustra.
↑James L.Walker explique dans son ouvrageLa philosophie egoiste que l'altruisme est synonyme d'idéalisme. Il est un adepte de Max Stirner et reprend explicitement ses idées.
↑"Un bon patriote, par exemple, porte son offrande sur l'autel de la patrie, et que la patrie soit une pure idée, cela ne fait pas de doute, car il n'y a ni patrie ni patriotisme pour les animaux, auxquels l'esprit est interdit, ou pour les enfants encore sans esprit. Celui qui ne se montre pas bon patriote décèle son égoïsme vis-à-vis de la patrie." (L'Unique et sa propriété, p. 37)
↑"Comment se fait-il donc que l'égoïsme de ceux qui confessent et qui consultent en tout temps leur intérêt personnel succombe fatalement devant un intérêt sacerdotal ou pédagogique ? Leur personne leur semble à eux-mêmes trop mince, trop insignifiante (ce qu'elle est donc, en effet) pour oser prétendre à tout et pouvoir se réaliser entièrement." (L'Unique et sa propriété, p. 71-72)
Marc Augé,Le sens des autres, actualité de l'anthropologie, Paris, Fayard, 1994,(ISBN978-2213591827), 199 p.
Christine Clavien,Je t'aide... moi non plus ; biologique, comportemental ou psychologique : l'altruisme dans tous ses états,Vuibert, 2010,(ISBN978-2311000498), 192 p.
Christine Clavien,Trois sortes d'altruisme et le rapport à la morale,in Collectif sous la direction d'Alberto Massala et Jérome Ravat,La morale humaine et la science,Éditions Matériologiques,p. 141-168
Matthieu Ricard,Plaidoyer pour l'altruisme : La force de la bienveillance, Éditions Nil, 2013
Charles Darwin,La Filiation de l’Homme et la sélection liée au sexe, trad. sous la direction de P. Tort, coord. par M. Prum. Précédé dePatrick Tort, « L’anthropologie inattendue de Charles Darwin ». Paris, Champion Classiques, 2013