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| Sépulture | Cimitero di Ventotene(d) |
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| Conjoint | Ursula Hirschmann(de à) |
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Altiero Spinelli, né le àRome (Latium) et mort le dans la même ville, est unhomme politiqueitalien, partisan dufédéralisme européen.Journaliste, jeunemilitantcommuniste etanti-fasciste, il est condamné en1927, sous le régime deBenito Mussolini, à 16 ans de prison. Il est déporté sur l'île deVentotene où il rédige un manifeste pour l'Europe unie. Il est parfois cité parmi lesPères fondateurs de l'Union européenne en raison de son influence sur l'intégration européenne après-guerre.
Fondateur duMouvement fédéraliste européen en1943, puis cofondateur de l'Union des fédéralistes européens, il est plus tard membre de laCommission européenne, puis du premierParlement européen élu au suffrage universel direct en1979.
Altiero Spinelli est l'un des promoteurs d'unprojet de traité sur l'Union européenne adopté par leParlement européen en1984. Ce projet de relance de la construction européenne par des mesures politiques dans une dynamique fédéraliste est modifié par la Commission européenne, présidée alors parJacques Delors. La Commission prônait, une fois de plus dans l'histoire de la construction européenne, une relance par des mesures économiques. Ces tergiversations donnent naissance à l'Acte unique européen.
Il est le père de la journaliste et écrivaineBarbara Spinelli[1].
Altiero Spinelli naît àRome le[2]. Son père, Carlo Spinelli, travaille dans le commerce du chocolat tandis que sa mère, Maria Ricci, est institutrice dans une école primaire[3]. Son père,socialiste convaincu, l'initie à la politique[2],[3]. Sa mère sera décrite par Spinelli comme une socialiste « de deuxième génération », moins passionnée que son mari[4],[3]. Du fait de l’anticléricalisme de son père, il reçoit une éducation non-religieuse[3].
Après qu'il eut défendu son père qu'il entendait insulter par un camarade de classe arborant les insignesfascistes, Carlo Spinelli l'initie au socialisme[5]. Cependant, le pacifisme des socialistes, qui selon lui se bornent à dénoncer l'inaction de l’État dans la prévention des violences politiques, et leur manque d'organisation face aux abus de pouvoirs des fascistes le mène à s'intéresser au mouvementcommuniste[5].
Il rejoint leParti communiste italien (PCI) en1924[2],[6]. À cette date, deux ans après lamarche sur Rome, lesFascistes n'avaient pas encore tous les pouvoirs mais se trouvaient en position dominante, forçant ainsi les opposants à la clandestinité[6]. Cette période marque aussi la rencontre de Battistina Pizzardo, dite « Tina », qui contribuera au développement de sa pensée politique en« [le libérant] de sa volonté de domination »[5].
Benito Mussolini réduira davantage les libertés civiles en1924[6]. Il devient alorsjournaliste contestataire. Le, il est arrêté dans unecrèmerie du quartier dePorta Venezia àMilan[6]. Il passera dix ans en prison suivis de six ans d'isolement[2].
Il restera 10 ans emprisonné àLucques,Viterbe etCivitavecchia[6]. Devant être libéré en1937, sa libération sera repoussée[7] et il sera isolé (leconfino, c'est-à-dire dans des endroits isolés) àPonza au puis à partir de sur l'île deVentotene dans legolfe de Gaète avec 800 autres dissidents hostiles au régime fasciste[6].
Un des prisonniers que côtoyait Altiero Spinelli était unsuisse, nommé Hoffmann, incarcéré pour avoir lutté contre lefascisme. Ce dernier avait pu obtenir, avec l'aide du Consul suisse, que des livres lui soient prêtés[7]. En dépit du fait qu'il lui était interdit de les prêter, ce dernier désobéit et Spinelli put se familiariser avec ladoctrinemarxiste[7]. Ces lectures l'éloignèrent finalement de la penséecommuniste et marxiste[7]. Spinelli, correspondant avec deux autres militants, Vodopivec et Mauro Scoccimarro (situés dans d'autres cellules), reçut le conseil suivant :« quand les abîmes du doute et de l’incertitude s’ouvraient […], ils fermaient les yeux parce que le Parti leur demandait de croire »[8]. Spinelli rejette cela et écrivit :« si moi aussi j'avais été communiste pour un besoin de croire, j’aurais peut-être réussi à obliger mon esprit à obéir […]. Mais dans le pacte secret que j’avais conclu avec le Parti, il n’y avait pas écrit la renonciation à l’autonomie et à la liberté absolue de ma pensée »[9],[7].
À cette opposition doctrinale vient s'ajouter une opposition politique lorsque lePCI, alors dirigé parLuigi Longo etPietro Secchia, subit l'influencesoviétique et adopte « des positions totalitaires et antihumaines »[7]. L'expulsion du PCI se concrétise en1937, peu de temps après son arrivée àPonza[7].
En, Altiero Spinelli etErnesto Rossi rédigent un« Manifeste pour une Europe libre et unie », aujourd'hui connu sous le nom de « Manifeste de Ventotene »[2]. Pour garder le secret et faute de papier, il est écrit sur du papier à cigarettes qui sera caché dans le faux fond d'une boîte en fer.
Le Manifeste met en cause l’État national et le considère comme étant la cause de laSeconde Guerre mondiale. Il indique que la priorité stratégique pour les progressistes doit être la lutte pour lafédération européenne plutôt que la transformation de l’État national.
Le Manifeste circulera clandestinement dans laRésistance italienne et sera adopté comme programme duMouvement fédéraliste européen (MFE) que Spinelli fonda les 27- àMilan après sa libération. Le Manifeste a plus tard été publié dans plusieurs langues.


En1944, Altiero Spinelli fait partie des délégués de différents mouvements nationaux de résistance qui se réunissent chez le pasteur et théologien néerlandaisWillem Visser 't Hooft àGenève pour rédiger puis adopter laDéclaration des résistances européennes. Parallèlement, Spinelli reste engagé en politique et adhère auParti d'action mi-1944 où il participe au secrétariat et dirige plusieurs publications. Il y reste jusqu'à1946.
Altiero Spinelli participe aux efforts en vue de lancer la construction européenne dans l'après-guerre. Il participe notamment auCongrès de La Haye et à la création de l'Union des fédéralistes européens en1946, à laquelle leMFE adhère comme section italienne.
En1951, il conseilleAlcide De Gasperi lors de la négociation du traité deCommunauté européenne de défense dont l'article 38 prévoit que l'assemblée parlementaire fera une proposition de Communauté politique. En1962, il devient secrétaire général du MFE.
Au sein du mouvement fédéraliste il prône une orientation à gauche du mouvement, qui s'oppose à l'époque notamment augaullisme au pouvoir enFrance. EnItalie, il devient conseiller dePietro Nenni et député de1976 à1983. En1970, Spinelli devient membre de laCommission européenne chargé de la politique industrielle et de la recherche. Il occupera cette fonction jusqu'en1976.
Membre de l'Assemblée parlementaire européenne (1976-1979), il est élu apparentécommuniste du premierParlement européen désigné ausuffrage universel en1979, il fonde leClub du Crocodile, un groupe d'eurodéputés se réunissant dans le restaurantstrasbourgeois du même nom. Ce groupe agit, conformément au slogan « Nous avons voté qui va gouverner ? », afin que le Parlement fasse une proposition de type constitutionnel pour relancer la construction européenne. Spinelli devient rapporteur de la Commission institutionnelle qui propose unprojet de traité d'Union européenne adopté le par le Parlement européen. Spinelli est réélu en1984.
Décédé le, Altiero Spinelli est enterré sur l'île deVentotene en présence de nombreuses personnalités dontJacques Delors, alors président de laCommission européenne. L'Institut Spinelli y organise chaque année un séminaire de formation.
Aujourd'hui, l'une des ailes du bâtiment principal, lebâtiment Altiero-Spinelli (ASP), duParlement européen (Espace Léopold) àBruxelles porte son nom, l'autre aile portant celui dePaul-Henri Spaak.
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