
L'alt-right oualt-droite ou ladroite alternative américaine[N 1] (en anglais « alt-right », abréviation d'alternative right) est un terme désignant une partie de l'extrême droite américaine qui rejette leconservatisme classique[1] et milite pour lesuprémacisme blanc, contre leféminisme et lemulticulturalisme[2] et qui relève également dusexisme, de l'antisémitisme, duconspirationnisme, de l'opposition à l'immigration et à l'intégration des immigrés[3],[4].
Le terme a fait l'objet de beaucoup de couverture médiatique et de polémiques pendant et après lacampagne présidentielle américaine de 2016, lorsque plusieurs médias et chercheurs ont associé la montée deDonald Trump à l'alt-right[5],[1],[3].
L'alt-droite est également présentée comme un « courantréactionnaire » duParti républicain[6]. Plusieurs journalistes et chercheurs soulignent que l'alt-right est davantage un mélange d'extrêmes droites, une mouvance, plutôt qu'une idéologie unifiée[7].
Lesalt-righters se caractérisent par une promotion de la « liberté d'expression absolue »[8], autorisant selon eux une rhétorique identitaire faisant appel à lahaine des autres[9],[10] et par la remise en cause du « politiquement correct »[11],[12].
C'est le suprémacisteRichard Spencer qui a notamment revendiqué le terme en 2010 pour désigner un mouvement centré sur le nationalisme blanc. Pour l'agence de presse américaine Associated Press, il s'agit d'une expression destinée à revaloriser une nouvelle forme deracisme, desuprémacisme blanc[13] et denéonazisme[14],[15],[16].
Outre le suprémacisme blanc, l’alt-right puise ses références dans d’autres mouvements comme leTea Party américain et les courants de l’extrême droite française[17]. Il s’appuie sur des militants très actifs sur des forums internet commeReddit,4chan ou8chan[18].
Le mouvement est à l'origine de lamanifestation « Unite the Right » de 2017 àCharlottesville, lors de laquelle unattentat perpétré par un sympathisantnéonazi cause la mort de la contre-manifestante Heather D. Heyer et en blesse dix-neuf autres[18].
L'alt-right a été décrite commenationaliste[19],[20],[1],suprémaciste[13],[21],antisémite[22],[19],[13],[21],islamophobe[23],[24],[20]et plus généralementraciste,xénophobe[21] et anti-immigration[25],[24],[23] ; souvent liée aunéonazisme[15],[19],[26],isolationniste,protectionniste etanti-mondialisation[26],[23],réactionnaire[20],anti-féministe[23],masculiniste etmachiste[27],homophobe[28] et anti-LGBT[12],[24],[23],grossophobe[29], parfoisantidémocrate[23],complotiste[26],incel[30] et anti-médias conventionnels[31], plus généralementpopuliste[32],[33]. Comme la droite américaine conservatrice classique, l'alt-right est généralement opposée aucontrôle des armes à feu[23].
L'alt-right est accusée notamment par leGuardian de réhabiliter l'idéologie de la mouvancenéonazie sous couvert denationalisme blanc[34].
Elle est également parfois décrite commenéoconservatrice[7]. Cependant, ses membres affichent majoritairement une postureanti-interventionniste,isolationniste en politique étrangère voire une sympathie pour des régimes « anti-impérialistes » comme le régime baasiste syrien[35],[36]. Une autre partie de l'alt-right soutient lesTalibans lors de laguerre d'Afghanistan de 2001-2021[37],[38].
Selon le spécialiste de l’extrême droite Jérôme Jamin, l'alt-right est un phénomène spécifique aux États-Unis, où seulement deux grands partis accèdent au pouvoir ; ainsi, tous ceux pour qui leParti républicain n'est pas assez dur sur l'immigration et l'Islam sont classés dans l'alt-right. L'alt-right n'est donc pas un parti mais une mouvance d'opinions qui essaie d'influer sur le parti conservateur américain[39].
L'alt-right a ses racines sur plusieurs forums internet d'échanges d'images non modérés ou modérés localement tels que4chan et 8chan, où des membres anonymes créent et utilisent notamment desmèmes internet pour promouvoir leur idéologie[13],[7]. La plateformeYouTube est aussi l'un de ses lieux d'expressions récurrents avec des figures telles queBlaire White, commentatrice politique parfois associée au mouvement bien que celle-ci ne se soit jamais présentée officiellement comme une sympathisante de celui-ci[40]. Lesalt-righters s'y retrouvent pour partager un sentiment d'unité, discuter ou débattre entre eux, et se coordonner pour lancer des opérations grâce à Internet. Plusieurs médias ont souligné que lesalt-righters étaient particulièrement actifs en ligne, notamment commetrolls etcyberactivistes[41].
Sur Internet, lesalt-righters provoquent leurs opposants politiques aussi bienprogressistes,libéraux, radicaux de gauche et d'extrême gauche queconservateurs de droite, avec des posts de forum, postsFacebook, messages,tweets et autres publications sur réseau social, à contenu plus ou moins explicitement d'extrême droite,antisémitisme,antiféministe et des autres idéologies citées ci-dessus[5],[21]. Ils sont souvent sujets aucomplotisme, notamment lorsqu'il va de pair avec l'antisémitisme :Richard Spencer dénonce ainsi régulièrement ce qu'il appelle « le pouvoir juif et l'influence juive »[33]. Il est parfois difficile de discerner à quel point ces « trolls » sont sérieux, ou s'ils cherchent avant tout à être provocateurs[32],[31], ce qui fournit une bonne illustration de laloi de Poe. Les sites notoirement utilisés par l'alt-right et l’extrême droite américaine sontAlternative Right et les forums du média d'extrême droiteBreibart.
Peu de temps après lamanifestation « Unite the Right » à Charlottesville en 2017, lejournaliste-citoyenEliot Higgins annonce avoir détecté une opération massive lancée sur Internet par destrolls d'extrême droite, destinée à faire croire que des internautesantifascistes américains soutiendraient l'usage de la violence contre les femmes d’extrême droite[42]. Cette opération consisterait en une diffusion massive detweets comportant desmèmes et des messages basés notamment sur des photos de femmes battues et des appels à la violence[43]. Higgins pense avoir repéré les préparatifs de cette opération sur le forum4Chan. Le message originel posté sur ce forum anonyme donnait pour consignes de chercher des images de violences faites aux femmes, d’y ajouter le logo de groupes antifascistes et des slogans appelant à laviolence, puis de les poster surTwitter avec deshashtags habituellement utilisés par les antifascistes tels que #PunchANazi (frappez unnazi)[43]. Certains montages ont été directement diffusés par des trolls d'extrême droite et des figures de l'alt-right, d’autres l'ont été par des faux comptes Twitter d'antifascistes dédiés à la désinformation et créés en grand nombre.
SelonLe Monde, « la violence des militants antifascistes est un thème récurrent dans les discussions de l’alt-right, qui se plaît à désigner ses opposants par le terme « alt-left ». Les déclarations de Donald Trump en réaction au drame de Charlottesville, qui a mis sur le même plan les contre-manifestants antiracistes et les suprémacistes blancs, vont dans ce sens »[44].
L'alt-right cible notamment un public de jeunes hommes désabusés et vulnérables, « transformant leurs peurs et leur haine de soi en extrémisme au vitriol » selonThe Outline[45].
Lesalt-righters se regroupent autour d'un certain nombre de personnalités charismatiques, très en vue sur les réseaux sociaux : les youtubeurs Papacito et Baptiste Marchais en France, le psychologue clinicienJordan Peterson en Amérique du Nord. Lesalt-righters, aux quatre coins du monde, partagent également un certain nombre de codes culturels américanisés : le personnagePepe the Frog, représentant de façon humoristique l'alt-righter moyen. Ou encore l'idée de « prendre la redpill », qui vient du filmMatrix, pour ceux qui viennent tout juste de rejoindre l'alt-right.
Lacontroverse du Gamergate est devenu un composant culturel notable de l'alt-right lors de l'élection présidentielle américaine de 2016 avec lequel il partage de nombreux points communs d'un point de vue idéologique et au niveau des méthodes[46],[47],[48],[49].
L'alt-right se plaît souvent à désigner la gauche radicale et l'extrême gauche américaines sous le terme d'« alt-left », expression que Donald Trump lui-même a reprise à son compte[50],[51].
| Idéologie | |
|---|---|
| Personnes liées | |
| Sites web | |
| Organisations | |
| Théorie conspirationniste | |
| Événements | |
| Opposants | |
| Civilisations amérindiennes | ||
|---|---|---|
| Histoire coloniale | ||
| XIXe siècle |
| |
| XXe siècle |
| |
| XXIe siècle | ||
| Chronologie | ||
| Histoire desgroupes raciaux | ||
| Histoire thématique | ||
| Histoires des villes | ||