Pour les articles homonymes, voirAlsace (homonymie).
| Alsace grand cru | |
Un vignoble classé alsace grand cru : leZinnkoepflé àSoultzmatt. | |
| Désignation(s) | Alsace grand cru |
|---|---|
| Appellation(s) principale(s) | 51 appellations |
| Type d'appellation(s) | AOC /AOP |
| Reconnue depuis | 1975 pour l'appellation, 1983 pour 25 crus, 1992 pour les 25 suivants et 2007 pour le dernier |
| Pays | |
| Région parente | vignoble d'Alsace |
| Localisation | Haut-Rhin etBas-Rhin |
| Climat | tempérécontinental |
| Sol | granite,gneiss,schiste,grès oucalcaire |
| Superficie plantée | 643 hectares (en 2024)[1] |
| Nombre de domaines viticoles | 1 049 viticulteurs, 421 caves particulières, 18coopératives et 51négociants |
| Cépages dominants | gewurztraminer Rs[N 1],riesling B,pinot gris G,sylvaner B[N 2] etpinot noir N |
| Vins produits | 99 %blancs et 1 %rouges |
| Production | 25 825 hl (en 2024)[1] |
| Pieds à l'hectare | minimum 4 500 pieds à l'ha (5 000 ou 5 500 dans quelques cas)[2] |
| Rendement moyen à l'hectare | 40 hl/ha (en 2024)[1] |
| modifier | |
Unalsace grand cru[N 3], ougrand cru d'Alsace, est unvin blanc ourouge (depuis 2022) français d'appellation d'origine contrôlée produit sur certaines parcelles duvignoble d'Alsace.
Ce nom générique regroupe cinquante-et-une appellations sur quarante-septcommunes. Ces crus sont tous parmi les meilleures expositions du vignoble, avec des contraintes de production plus rigoureuses que pour l'appellationalsace, et un cahier des charges unique, partagé par les 51 appellations, et dont la dernière version date de juillet 2025[2].
EnAlsace, la notion de cru est très ancienne. ÀMarlenheim, en 613, le futur roiDagobert donnait des vignes sur leSteinklotz à l’abbaye de Haslach[N 4].
ÀRouffach, en 762, Heddo, l’évêque de Strasbourg, fondait l’abbaye d’Ettenheim et constituait sa mense avec les vignes duVorbourg.
ÀBennwihr, en 777, lesmissi dominici de passage en Alsace notaient dans leur rapport à Charlemagne la qualité des vins deBeno Villare (le « domaine de Beno ») dont les vignes s’étalaient sur leMarckrain.
ÀSigolsheim, une charte de 783 notifiait que le vignoble de Sigoltesberg (leMambourg actuel) était la propriété conjointe des seigneurs et des monastères du voisinage.
ÀKintzheim auIXe siècle, les abbés bénédictins d’Ebersmunster possédaient des vignes auPraelatenberg (montagne des Prélats). Ce lieu-dit est attesté dès 823.
ÀDahlenheim etScharrachbergheim, une charte cite pour la première fois le vignoble de l’Engelberg en 884[N 5].
ÀWintzenheim, auIXe siècle, une donation de l’abbaye deMurbach mentionna leHengst pour la première fois. Les seigneurs duHaut-Landsberg et le bailli deKaysersberg s’en partagèrent les droits féodaux jusqu’à laRévolution française.
Les quarante-trois autreslieux-dits d’Alsace ont tous, entre l’an mil et laRenaissance, été la propriété ou lefief de la noblesse ou du clergé. Lescartulaires etchartriers alsaciens ont servi de base historique à la délimitation des lieux-dits des grands crus d’Alsace.
Le statut de l'Alsace est à part parmi les vignobles français. Après sa rétrocession à laFrance par letraité de Versailles en 1919, les lois allemandes appliquées de 1871 à 1918 (période dite duReichsland) sont maintenues commedroit local, ce qui va retarder la création desappellations du vignoble d'Alsace[3]. Après l'ordonnance de 1945 définissant l'appellation d'origine des vins d'Alsace, ce n'est qu'en 1962[4] qu'est obtenue par décret l'appellation d'origine contrôléealsace, mais aucune mention de cru (comme appellation spécifique ou comme dénomination géographique) ne s'y trouve alors.
La situation commence à changer par le décret du, qui crée l'appellation « Alsace Grand Cru », une appellation qui doit d'abord respecter la règlementation de l'appellationalsace, en rajoutant des contraintes sur l'encépagement (limité auriesling,gewürztraminer,pinot gris etmuscat), le niveau de sucre dans lemoût (min. 187 g/l pour gewürz & pinot gris ; 170 g/l pour riesling & muscat) etd'alcool dans le vin (respectivement 11° et 10°) et lerendement (70 hl/ha) ; le nom d'un seul lieu-dit peut accompagner le nom de la nouvelle appellation, leSchlossberg (àKaysersberg etKientzheim)[5]. La démarche fait rapidement des adeptes : ainsi, le, ce sont vingt-quatre autreslieux-dits qui sont sélectionnés comme grands crus d'Alsace, devenant desdénominations géographiques de la nouvelle appellation[6]. L'INAO accepte d'augmenter le nombre de grands crus : le décret du[7] en rajoute vingt-cinq (autres modifications :min. 153 g/l de sucre pour riesling & muscat ; 12° d'alcool pour gewürz & pinot gris).
Ces textes sont modifiés dès mars 1984 (autorisation des mentionsvendanges tardives etsélection de grains nobles pour les moûts d'au minimum 220/243 et 256/279 g/l)[8], puis notamment en juillet 1993 (rajout deRouffach dans la liste des communes)[9], en janvier 2001 (réduction du rendement de 70 à55 hectolitres par hectare ; densité de 4 500 pieds/ha ; détail des trois muscats ; possibilité d'individualiser chaque dénomination)[10], en mars 2005 (l'Altenberg de Bergheim passe à 5 500 pieds/ha et peut produire unassemblage de plusieurscépages ; autorisation dusylvaner dans lezotzenberg ; le sucre dans le moût passe à 193 g/l pour pinot gris & gewürz et 168 pour les autres ; l'alcool passe à 12,5° et 11°)[11], en janvier 2007 (leKaefferkopf devient le cinquante-et-unièmelieu-dit, y autorisant l'assemblage)[12], en octobre 2011 (lesdénominations deviennent chacune une appellation)[13], en juin 2016 (conditions plus strictes pour les vendanges tardives et sélection de grains nobles)[14], en mai 2022 (rajout duvin rouge sur trois grands crus et dusylvaner, rendements à 50 hl/ha en blanc)[15], en juillet 2024 (Gimbrett désormaiscommune associée àBerstett)[16] et en juillet 2025 (autorisation desbouteilles de300,150, 100, 50 et37,5 cl)[2].
Décret du 20 novembre 1975 :
Décret du 23 novembre 1983 :
Décret du 17 décembre 1992 :
Décret du 12 janvier 2007 :
| Image externe | |
| Carte de l'aire de production des grands crus d'Alsace | |
Les alsaces grands crus sont produits enFrance, dans lacollectivité européenne d'Alsace, au sein de la régionGrand Est, sur le territoire de 47 communes (14 dans leBas-Rhin et 33 dans leHaut-Rhin), deMarlenheim au nord, à hauteur deStrasbourg, jusqu'àThann, au sud :
Tous situés entre 200 et 430 mètres d'altitude, les grands crus sont généralement exposés vers le sud ou le sud-est avec des déclinaisons de sud-ouest à est-sud-est ; leur superficie variant entre3,23 hectares pour leKanzlerberg deBergheim et80,28 hectares pour leSchlossberg deKientzheim.
Les grands crus se trouvent sur plusieurs coteaux des collines sous-vosgiennes, ces dernières correspondant à une série de failles formant la transition entre lesVosgescristallines et laplaine du Rhinsédimentaire sous forme d'unescarpement.
En conséquence, le haut des pentes est généralement constitué des roches anciennes,plutoniques etmétamorphiques telles que dugranite, dugneiss, duschiste ou de l'ardoise.
Le bas des coteaux est lui généralement formé decouches degrès, decalcaires ou demarne recouvertes par desarènes granitiques ou dulœss.
Le climat estcontinental avec des printemps doux, des étés chauds, secs et ensoleillés, de longs automnes et des hivers froids. À l'ouest, lemassif des Vosges protège un peu le coteau du vent et de la pluie : les vents d'ouest dominants perdent une partie de leur humidité sur le versant occidental et parviennent enAlsace sous forme defoehn, plus secs et chauds. Lesprécipitations sont donc moindres et les températures un peu plus hautes (moyenne annuelle plus haute de1,5 °C) que ce qui serait attendu à cette latitude.
Lastation météorologique deStrasbourg-Entzheim (sur l'aéroport de Strasbourg, à 150 mètres d'altitude :48° 32′ 58″ N, 7° 38′ 25″ E)[17] se trouve à l'extrémité nord de l'aire d'appellation, mais au bord duRhin (alors que le vignoble est plus haut, sur le piedmont vosgien).
| Mois | jan. | fév. | mars | avril | mai | juin | jui. | août | sep. | oct. | nov. | déc. | année |
|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
| Température minimale moyenne (°C) | −0,2 | 0 | 2,6 | 5,7 | 10,1 | 13,4 | 14,9 | 14,5 | 10,7 | 7,2 | 3,3 | 0,8 | 6,9 |
| Température moyenne (°C) | 2,5 | 3,6 | 7,4 | 11,3 | 15,5 | 18,9 | 20,6 | 20,3 | 16,1 | 11,5 | 6,3 | 3,3 | 11,4 |
| Température maximale moyenne (°C) | 5,2 | 7,3 | 12,1 | 17 | 20,9 | 24,4 | 26,4 | 26,1 | 21,6 | 15,8 | 9,4 | 5,9 | 16 |
| Nombre de jours avec gel | 15,3 | 13,7 | 8,4 | 2,1 | 0 | 0 | 0 | 0 | 0 | 1,4 | 5,8 | 12,8 | 59,5 |
| Ensoleillement (h) | 55,5 | 85,8 | 146,4 | 186,9 | 209,1 | 226,4 | 239,7 | 224,2 | 173,5 | 100,4 | 55,2 | 44,2 | 1 747,3 |
| Précipitations (mm) | 35,4 | 34,1 | 38,6 | 41,8 | 77,2 | 68,5 | 71,9 | 61,3 | 54,6 | 59,5 | 47,6 | 45,2 | 635,7 |
| Diagramme climatique | |||||||||||
| J | F | M | A | M | J | J | A | S | O | N | D |
5,2 −0,2 35,4 | 7,3 0 34,1 | 12,1 2,6 38,6 | 17 5,7 41,8 | 20,9 10,1 77,2 | 24,4 13,4 68,5 | 26,4 14,9 71,9 | 26,1 14,5 61,3 | 21,6 10,7 54,6 | 15,8 7,2 59,5 | 9,4 3,3 47,6 | 5,9 0,8 45,2 |
| Moyennes :• Temp.maxi etmini°C• Précipitationmm | |||||||||||
La station météo deColmar (sur le site de l'INRA à 202 mètres d'altitude :48° 03′ 47″ N, 7° 19′ 48″ E)[19] se trouve en bordure de l'aire d'appellation, mais en plaine.
| Mois | jan. | fév. | mars | avril | mai | juin | jui. | août | sep. | oct. | nov. | déc. | année |
|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
| Température minimale moyenne (°C) | −0,6 | −0,4 | 2,3 | 5,5 | 9,8 | 13 | 14,1 | 13,7 | 9,9 | 6,3 | 2,5 | 0,3 | 6,4 |
| Température moyenne (°C) | 2,5 | 3,6 | 7,3 | 11,2 | 15,3 | 18,7 | 20,3 | 20 | 15,9 | 11,3 | 6,1 | 3,3 | 11,3 |
| Température maximale moyenne (°C) | 5,6 | 7,5 | 12,3 | 16,9 | 20,8 | 24,5 | 26,6 | 26,3 | 21,9 | 16,3 | 9,8 | 6,2 | 16,2 |
| Nombre de jours avec gel | 16,8 | 14,7 | 9 | 2,2 | 0,1 | 0 | 0 | 0 | 0,1 | 2,1 | 8 | 14,7 | 67,7 |
| Ensoleillement (h) | 60,2 | 88,2 | 138,6 | 174,9 | 213 | 210,6 | 254 | 239,7 | 161,6 | 102,7 | 52,9 | 45 | 1 741,4 |
| Précipitations (mm) | 33 | 29,3 | 31,6 | 37,2 | 64,5 | 60,6 | 60,1 | 57 | 46,3 | 55 | 41,5 | 41,9 | 558 |
| Diagramme climatique | |||||||||||
| J | F | M | A | M | J | J | A | S | O | N | D |
5,6 −0,6 33 | 7,5 −0,4 29,3 | 12,3 2,3 31,6 | 16,9 5,5 37,2 | 20,8 9,8 64,5 | 24,5 13 60,6 | 26,6 14,1 60,1 | 26,3 13,7 57 | 21,9 9,9 46,3 | 16,3 6,3 55 | 9,8 2,5 41,5 | 6,2 0,3 41,9 |
| Moyennes :• Temp.maxi etmini°C• Précipitationmm | |||||||||||
Cette liste est établie dans l'ordre géographique, du nord au sud en suivant laroute des vins d'Alsace.
Les coordonnées de cet article : |

Dans leBas-Rhin :
Dans leHaut-Rhin :
Lescépages admis pour les AOC alsaces grands crus sont au nombre de sept pour l'ensemble des grands crus, alors que l'appellationalsace en admet treize (depuis l'été 2025, se rajoutent dix « variétés d'intérêt à fin d'adaptation »). Ce sont leriesling B[N 1], legewurztraminer Rs, lepinot gris G, lemuscat blanc à petits grains B, lemuscat rose à petits grains Rs, lemuscat ottonel B, et lepinot noir N (depuis 2022, autorisé sur leHengst deWintzenheim, leKirchberg deBarr, ainsi que leVorbourg deRouffach etWesthalten). Les six premiers cépages sont considérés comme des cépages nobles, dont le riesling, le gewurztraminer et le pinot gris sont les plus utilisés.
Par ailleurs, le cahier des charges autorise également lesylvaner B (en monocépage) depuis la récolte 2005 uniquement pour lezotzenberg deMittelbergheim[N 6] et le chasselas B pour l'altenberg deBergheim comme cépage accessoire.
Leriesling B donne de meilleurs résultats sur les terrainsgranitiques. C'est uncépage audébourrement et à la maturation tardives, nécessitant des coteaux bien exposés au Soleil, et dont lesvendanges peuvent avoir lieu vers la mi-octobre. Par contre il résiste bien aux gelées d'hiver.
Legewurztraminer Rs (signifie « traminer aromatique » enallemand) est uncépage rose, aux baies orange ou tirant vers le violet. Ce proche parent dusavagnin B et dusavagnin rose Rs (appelé enAlsaceklevener de Heiligenstein) est plutôt vigoureux, produit de gros rendements et donne de meilleurs résultats sur des solsmarneux oucalcaires que sur des solsgranitiques ouschisteux.
Lepinot gris G (anciennement appelé « tokay d'Alsace » localement et toujours appeléGrauburgunder (« bourguignon gris ») enAllemagne, « malvoisie » enValais oupinot grigio enItalie) est uncépage fragile et de maturité assez précoce. Il est issu d’une mutation dupinot noir et est donc d’origine bourguignonne, où il est appelé « pinot beurot ». Il donne de meilleurs résultats sur des sols composés de cailloutiscalcaires, à condition qu'ils soient bien drainés grâce à une exposition en coteau.
Lesmuscats sont rarement cultivés, que ce soit sur l'ensemble duvignoble d'Alsace ou sur les parcelles classées comme grands crus. Lemuscat blanc à petits grains B, appelé aussi « muscat d'Alsace », est originaire deGrèce ; il est cultivé enAlsace depuis au moins le début duXVIe siècle. Il est plutôt précoce. Lemuscat ottonel B est plus récent, découvert auXIXe siècle dans lavallée de la Loire avant d'arriver en Alsace au milieu du siècle. L'ottonel est unhybride duchasselas, il est donc encore plus précoce que l'autre muscat. Lemuscat rose à petits grains Rs est également autorisé.
Lepinot noir N est un cépage capricieux, craignant nombre de maladies. Il débourre précocement, ce qui fait qu'il est sensible aux gelées printanières, notamment en plaine ou en bas des coteaux.
Un alsace grand cru doit êtremonocépage, mais l'assemblage est autorisé dans quelques cas :
La densité de plantation est au minimum de 4 500 pieds par hectare (5 000 pour les rouges duKirchberg de Barr ; 5 500 sur l'Altenberg de Bergheim, ainsi que pour les rouges de l'Hengst et duVorbourg) ; l'écartement entre les rangs de vignes ne doit pas dépasser les deux mètres ; l'écartement entre les pieds sur le rang doit être compris entre 0,75 et 1,5 mètre ; les vignes sont conduites enhautain pour les protéger du gel, avec lefeuillage palissé enespalier.
La hauteur de feuillage palissé ne peut être inférieure à 0,675 fois l'écartement entre les rangs ; lataille de la vigne doit se faire en Guyot simple ou double avec un maximum de 18 yeux francs (14 pour les vins rouges). L'irrigation est interdite. La charge maximale moyenne à la parcelle est fixée à 8 500 kilogrammes de raisins par hectare (7 000 kg/ha pour les vins rouges)[2].
Les conditions de production sont plus drastiques que pour l'appellationalsace, lerendement a été limité par lecahier des charges de l'appellation à un maximum à70 hectolitres par hectare en 1975, avant d'être réduit en 2001 à 55 hl/ha, puis en 2022 à 50 hl/ha (40 hl/ha pour lerouge et lessélections de grains nobles). Chaque année, ce rendement maximum peut être modifié à la hausse ou à la baisse par unarrêté duministère de l'Agriculture, dans la limite des rendements butoirs de l'appellation, fixés à 60 hl/ha depuis 2007 (48 pour le rouge et pour les sélections de grains nobles)[2].
Les raisins vendangés doivent avec une richesse minimale en sucre de 195 grammes par litre demoût pour lesgewurztraminer etpinot gris, et de170 g/l pour les autres cépages (riesling, etc.). Ils doivent être récoltés manuellement à partir de vignes âgées d'au moins trois ans[2].
Comme les autres vins d’Alsace, les grands crus peuvent être récoltés envendanges tardives ou aprèssélection de grains nobles : dans ces cas, les gewürz et pinot gris doivent avoir respectivement un minimum de 270 et306 g/l, les riesling et muscats 244 et276 g/l de sucre dans le moût[2]. Cette spécialité alsacienne, inaugurée en 1984, permet aux alsaces grands crus de prendre encore plus de puissance.
Le rendement réel de l'ensemble des grands crus alsaciens en 2024 est de40,1 hectolitres par hectare[N 7]. Il a été de 50,9 hl/ha pour l'année 2009[N 8] et de 55 hl/ha pour 2005[N 9]. Bien que ce soit très en dessous des rendements moyens duvignoble d'Alsace, il s'agit d'un rendement dans la moyenne française des AOC.
La production déclarée en 2024 a été d'un total de25 825 hectolitres (unhectolitre =100 litres = 133 bouteilles de75 cl), dont25 493 hl devin blanc et332 hl derouge[1]. La production de vin rouge est autorisée sur trois grands crus : l'Hengst, leKirchberg de Barr et leVorbourg.
Les raisins récoltés doivent présenter untitre alcoométrique volumique naturel moyen minimum de 12,5 % vol. pour les cépagespinot gris G etgewurztraminer Rs et de 11 % vol. pour les autres cépages tels que leriesling B[N 1] et les muscats. Les vins issus d'un assemblage présentent un titre alcoométrique volumique naturel moyen minimum de 12 % vol.
Ne peut être considéré à bonne maturité tout lot unitaire de vendanges présentant une richesse en sucre inférieure à 193 grammes par litre demoût pour les cépagespinot gris G etgewurztraminer Rs et à 168 grammes par litre de moût pour les autres cépages. Lorsqu'une autorisation d'enrichissement est accordée, l'augmentation du titre alcoométrique volumique naturel moyen minimum ne peut dépasser 1,5 % vol.
Sur l'avis du syndicat des producteurs de chaque cru, le comité régional d'experts des vins d'Alsace peut proposer annuellement au comité national des vins et eaux-de-vie de l'Institut national de l'origine et de la qualité, pour chaque appellation et pour chaque cépage, un titre alcoométrique naturel moyen minimum supérieur et une richesse en sucre des lots unitaires supérieure à ceux susvisés, ainsi qu'un taux d'enrichissement maximum inférieur au taux susvisé.

Lesvendanges tardives désignent des vins faits à partir de raisins dont la récolte a été retardée pour les obtenir en surmaturité, d'où des vins riches en sucre et en alcool, aux goûts plus puissants, et souventmoelleux. Selon la législation, lemoût doit avoir au moins 243 grammes de sucre par litre si c'est dugewurztraminer ou dupinot gris (soit 14,4% vol. d'alcool potentiel), ou au moins 220 grammes de sucre par litre si c'est duriesling ou unmuscat (soit 13,1% vol. d'alcool potentiel) ; aucunechaptalisation n'est permise.
Quant à unesélection de grains nobles, il s'agit d'un vin fait à partir de raisins récoltés par tris sélectifs successifs des grains atteints depourriture noble (le champignonBotrytis cinerea), ce qui donne des vins encore plus concentrés, plus sucrés,liquoreux. Selon la législation, lemoût doit avoir au moins 279 grammes de sucre par litre si c'est du gewurztraminer ou du pinot gris (soit 16,6% vol. d'alcool potentiel), ou au moins 256 grammes de sucre par litre si c'est du riesling ou un muscat (soit 15,2% vol. d'alcool potentiel). Là-aussi aucunechaptalisation n'est permise[21],[22].
À l'arrivée au chai, le raisin estfoulé et pressé pour séparer lemoût dumarc de raisin. Lespressoirs pneumatiques remplacent progressivement les pressoirs horizontaux à plateau. Le moût est mis en cuve enstabulation pour le dépôt desbourbes. Le soutirage du jus clair est le débourbage. Les bourbes peuvent être filtrées pour donner aussi un bon vin.
Lafermentation alcoolique débute sous l'action delevures indigènes ou de levures sélectionnées introduites lors dulevurage. Cette opération transforme le sucre du raisin en éthanol. La maîtrise de la température de fermentation par un système de réfrigération permet d'exprimer le potentiel aromatique du produit.
La fermentation achevée, le vin est soutiré afin d'éliminer leslies. Lafermentation malolactique n'est généralement pas réalisée, bloquée par un sulfitage du vin. Ce dernier peut être stocké en cuve pour le préparer à l'embouteillage ou élevé enbarrique oufoudres de bois de chêne. Le vin est soutiré, filtré et stabilisé avant le conditionnement exclusivement enbouteilles[23],[24].
Dans le cas de la vinification durouge, la coloration du moût nécessite une macération du grain de raisin dans le jus ; en effet, lepinot noir est un cépage rouge à jus blanc. Seule la pellicule comporte lesanthocyanes colorantes. Dans le cas du vin rouge, la macération dure le temps de la fermentation alcoolique. Outre la couleur, elle permet de solubiliser les tanins. Le pressurage intervient à ce moment-là pour séparer le vin du marc de raisin. Le vin subit alors lafermentation malolactique. Elle transforme l'acide malique à deuxgroupes carboxyle, enacide lactique qui n'en comporte qu'un. L'opération conduit à une désacidification naturelle du vin ; elle arrondit le vin, le rend plus souple et moins âpre.
Les grand crus, comme tous les vins alsaciens, sont mis enbouteille obligatoirement en Alsace et traditionnellement dans desflûtes, c'est-à-dire des bouteilles du type « vin du Rhin » de75 centilitres, règlementées par des décrets[25].
Depuis juillet 2025, sont autorisées d'autres formats de bouteilles, tous élancés (rappelant la flûte) : de 300 (l'équivalent dujéroboam), 150 (lemagnum), 100 (le litre-flûte), 50 (le demi-litre) et37,5 cl (la demi-bouteille, ou « fillette »)[2].
L'étiquette doit absolument comporter le nom complet de l'appellation, soit « alsace grand cru » suivi de la mention dulieu-dit, ainsi que dumillésime : par exemple « alsace grand cru Kessler 2024 ». On peut y rajouter l'indication ducépage, ainsi que les mentionsvendanges tardives etsélection de grains nobles.
D'une façon générale, les alsaces grands crus sont plus aromatiques, plus concentrés et plus long en bouche que les autresvins d'Alsace. Ilsse gardent davantage, vieillissant avec avantage de deux jusqu'à dix ans. Lesvendanges tardives renforcent la concentration desarômes, les rendant encore plus puissants ; lessélections de grains nobles donnent des vins encore plus sucrés et alcoolisés, mais avec moins d'arômes fruités. Ils doivent être servi frais, mais pas glacés : l'idéal selon laCIVA est entre 8 et10 °C.
Le gewürztraminer a unerobedorée soutenue, devenantambrée avec l'âge, avec unnez et unebouche aufruité très marqué (sont généralement évoqués larose, lelitchi et labergamote) avec parfois des notes épicées (sont alors évoqués lagirofle et lepoivre). Un gewürztraminer fera merveille enapéritif ; on peut aussi l'associer avec tous les plats parfumés et relevés, notamment les plats exotiques (y compris pimentés ; il s'associe bien avec legingembre), le poulet au curry, ou avec lepâté de foie de volaille, lefoie gras de canard, latarte à l'oignon, lepoisson fumé, les fromages corsés (dumunster par exemple) et les desserts.
Un pinot gris a une robe jaune dorée, avec un nez et une bouche au fruité marqué, évoquant l'abricot, le miel et les fruits confits, avec des notes du sous-bois (champignon) s'affirmant avec l'âge. Il se mariera bien avec lefoie gras, lapoularde, l'oie rôtie, le gratin delangoustines[26], les plats asiatiquessucrés-salés, ducomté ou dubeaufort.
Un riesling a une robe claire s'accentuant avec l'âge, avec un nez sur l'agrume ou floral, ainsi qu'une bouche plusvive, parfois minéral[27]. Il s'alliera avec les poissons (grillés, en sauce, ou crusmarinés), lescrustacés, les plats de lacuisine alsacienne, les viandes blanches (lecoq au riesling notamment), les fromagesde chèvre oude brebis.
Unvin rouge fait à partir depinot noir est le plus souvent un vin à la robe sombre, avec un nez et une bouche boisés (à cause de l'élevage en fût ou en foudre), un peu tannique. Ils sont à servir plutôt frais, entre 10 et14 ; ils s'accordent avec lacuisine alsacienne, notamment avec les plats de viande nécessitant unvin rouge.
Cartes :
Livres :
Vignobles français (AOC) | |
|---|---|
| VinsAOC | |
| Eaux-de-vie (AOC) | |
| Vins de liqueurs (AOC) | |