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![]() Le général Alphonse Georges. | ||
Naissance | Montluçon,France | |
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Décès | (à 75 ans) Paris,France | |
Origine | Français | |
Allégeance | ![]() | |
Arme | Infanterie | |
Grade | Général d'armée | |
Années de service | 1895 –1945 | |
Conflits | Première Guerre mondiale Seconde Guerre mondiale | |
Distinctions | Médaille militaire Grand-croix de la Légion d'honneur Croix de guerre 1914-1918 Croix de guerre des Théâtres d'opérations extérieurs | |
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Alphonse-Joseph Georges, né le àMontluçon et mort le àParis, est ungénéral français,grand-croix de la Légion d'honneur etmédaillé militaire, ayant combattu lors des deux guerres mondiales.
Après avoir servi les grands généraux de son temps telsLyautey,Joffre,Foch,Degoutte etPétain, le général Georges exerce à son tour un grand commandement en 1939-1940. En septembre 1939, il devient adjoint du généralGamelin pour le front du Nord-Est puis, en décembre, commandant en chef du front du Nord-Est.
Alphonse Georges est né le àMontluçon. Originaire d’un milieu modeste — son père est contremaître dans une verrerie —, il obtient des résultats hors normes durant toute sa scolarité àSaint-Amand-Montrond et àBourges. Attiré par l’armée, il prépare le concours d’entrée àSaint-Cyr aulycée Lakanal deSceaux, puis intègre l’École spéciale militaire en 1895.
Sorti troisième de Saint-Cyr en 1897 (sur 578 élèves),promotion de Tananarive[Note 1], il choisit l’infanterie, en particulier le1er régiment de tirailleurs àAlger, un des régiments les plus réputés de l’armée. En Afrique du Nord, le jeune officier apprend son métier, participe à plusieurs colonnes qui visent à pacifier le Sahara et se fait rapidement remarquer par ses chefs. Il se marie en 1902 avec une jeune fille de la bourgeoisie locale, et prépare à partir de 1903 le concours de l’École supérieure de guerre qu’il réussit brillamment. Après celle-ci, le commandant en second de l’école, le généralToutée, devenu entre-temps chef de cabinet du ministre de la Guerre, le fait affecter en au poste d’aide de camp dePicquart,ministre de la Guerre dans legouvernement Clemenceau. Deux ans plus tard, le capitaine Georges retourne en Algérie commander la15e compagnie du2e régiment de tirailleurs stationnée à Alger. Alors qu’il n’a pris le commandement de sa compagnie que depuis quelques mois, il est désigné pour participer à une « opération de police » sur les confins algéro-marocains. Au cours d’un accrochage sérieux avec des rebelles, il mène sa compagnie au feu victorieusement sous les yeux du généralLyautey qui tient immédiatement à connaître ce capitaine intrépide.
De retour àAlger, il mène la vie classique des officiers de garnison lorsque, en1912, on lui confie un dossier jusque-là inextricable : l’incorporation des « Indigènes ». Georges en vient à bout en quelques mois, alors qu’aucun de ceux qui avaient étudié ce dossier précédemment n’était parvenu jusqu’alors à trouver de solution.Joffre, mis au courant, fait affecter le capitaine Georges au1er bureau de l’état-major de l’armée à Paris. Sous les ordres du généralde Castelnau, il va désormais préparer la mobilisation de millions d’hommes, comme prévu auplan XVII.
En, à l'entrée en guerre de la France, lechef de bataillon Georges sert à l’état-major de laIIe Armée dugénéral de Castelnau puis obtient enfin, début septembre, de pouvoir prendre un commandement dans la troupe. Il ne restera cependant que quelques jours à la tête de son bataillon du122e régiment d’infanterie, car il est grièvement blessé le. Après plusieurs semaines de soins puis de convalescence, Georges souhaite retrouver un commandement, mais Joffre ne l’entend pas ainsi : il n’est pas question qu’il retourne au front, il est trop précieux comme officier d’état-major et se retrouve à l’état-major de l'armée (EMA).
En, il obtient de pouvoir rejoindre l’armée d’Orient au poste de sous-chef d’état-major mais ne s’entend pas avec le généralSarrail. Il rentre en France en, mais deux mois plus tard,Charles Jonnart, l’ancien gouverneur-général de l’Algérie qui se souvient du jeune officier prometteur qu’il a connu jadis, demande que ce soit, non pas un officier général, mais le lieutenant-colonel Georges, qui assume la tâche de conseiller militaire dans la difficile mission qu’on vient de lui confier : déposer le roi de GrèceConstantinIer, favorable aux Allemands. Le plan militaire échafaudé par Georges est une complète réussite ; le monarque doit quitter le pays.
De retour en France, Georges devient ensuite un des plus proches collaborateurs du maréchalFoch jusqu’en 1921, notamment comme chef du bureau des théâtres d’opérations extérieures. À ce titre, il prend une part déterminante à l’organisation del’offensive que mène le maréchalFranchet d'Esperey à partir de Salonique en.
Colonel depuis, il prend le commandement du64e régiment de tirailleurs àSpire en Allemagne en janvier 1922 sous les ordres dugénéral Mordacq, mais se voit appelé un an plus tard par le généralDegoutte à prendre la direction du « secrétariat des Affaires techniques », lors de l’occupation de la Ruhr. Ayant réussi à faire redémarrer l’activité économique, il termine son temps de commandement, puis est nommé général en.
Après avoir suivi les cours duCentre des hautes études militaires (CHEM), il devient chef d’état-major du généralDegoutte, commandant désigné de l’armée des Alpes en cas de guerre. Cependant, sa réputation est faite dans toute l’armée et lemaréchal Pétain l’appelle à ses côtés pour le seconder lors de laguerre du Rif. C’est Georges qui conçoit et met en œuvre l’essentiel du plan qui permettra de venir à bout des rebelles.
Promugénéral de division, 18 mois seulement après avoir été nommégénéral de brigade, il prend le commandement de la division d’Alger en. Toutefois, il ne va rester à la tête de sa division qu’un peu plus d’un an, le nouveau ministre de la GuerreAndré Maginot voulant qu’il devienne son chef de cabinet. Après 15 mois à l’hôtel de Brienne, de à, legénéral de corps d’armée Georges retourne en Afrique du Nord prendre le commandement du prestigieux19e corps d’armée.
En, il est promugénéral d'armée et entre auConseil supérieur de la guerre (CSG). À 58 ans, et compte tenu des limites d’âge en vigueur, il peut encore rester en activité de 7 à 10 ans. Presque tous ses collègues généraux le voient devenirinspecteur général de l’armée, c’est-à-diregénéralissime en cas de guerre.
À l’automne 1934, il est désigné pour accueillir le roiAlexandreIer de Yougoslavie, avec qui il a noué une solide amitié durant la Première Guerre mondiale, et qui doit débarquer à Marseille le. Après l'arrivée de la délégation yougoslave quai des Belges (aujourd'huiquai de la Fraternité), sur le Vieux port, le convoi s'engage surla Canebière où se masse une foule importante et les services de sécurité sont débordés. Le terroriste bulgareVlado Tchernozemski se précipite vers laDelage décapotable où se trouve le roi et fait feu. Le roi est tué, le ministreLouis Barthou, blessé, succombera plus tard à ses blessures. Le général Georges, atteint par deux balles en tentant de s'interposer, est lui grièvement blessé au thorax et aux avant-bras[1]. Rétabli deux mois plus tard, il conservera néanmoins une douleur permanente à la main gauche, sur laquelle il portera désormais toujours un gant de laine, et une fatigue chronique liée aux difficultés à dormir à cause de cette douleur, lui qui, gros dormeur, était connu pour sa faculté de s'endormir quand il le souhaitait[1].
C’est finalement le généralGamelin qui est nommé en remplacement du généralWeygand, atteint par la limite d’âge, en. Georges devient inspecteur des troupes d’Afrique du Nord, mais ne possède pas d’autres responsabilités concrètes. CertesGamelin lui confie certaines missions comme rédiger les nouveaux règlements d’emploi des grandes unités, ou diriger les grandes manœuvres, mais en fait il cherche à l’écarter des circuits de prise de décision.
Lors de toutes les conférences que le général Georges prononce à cette époque, il ne manque jamais une occasion d’exprimer sa préoccupation devant l’état de l’armée, le manque d’entraînement des réserves, la motorisation très insuffisante, les carences de l’aviation, le déficit de production d’armements modernes, et surtout l'inquiétant réarmement allemand. Dès 1935 il s'émeut du risque de certains nouveaux modes d'attaque de l'ennemi, en particulier par des divisions de blindés. Il préconise d'étendre les fortifications de laLigne Maginot au nord face à la Belgique et de doter l'armée française de grandes divisions blindées. Ces recommandations agacent le ministre de la GuerreÉdouard Daladier.
À la mobilisation, il devient adjoint du généralGamelin pour le front du Nord-Est puis, seulement en décembre, commandant en chef du front du Nord-Est. Pourtant ce titre ne doit pas faire illusion : Georges voit en fait ses prérogatives réduites, carGamelin scinde leGrand quartier général des forces terrestres françaises (GQG), et lui retire des moyens, donne des ordres directement à ses collaborateurs dont certains parmi les plus proches lui sont retirés, et réfute ses avis et analyses. Alphonse Georges ne peut donc exercer pleinement son commandement. Surtout, il est obligé d’appliquer un plan qu’il désapprouve, en particulier l'envoi en Belgique et en Hollande de la puissante7e armée.
L’attaque allemande du démontre l’incapacité de l’armée française à opérer des mouvements stratégiques. Le front est rompu sur la Meuse le. Georges, depuis le GQG, voit ce qu’il faudrait faire mais ses ordres arrivent souvent trop tard. L’ennemi progresse à une vitesse jamais imaginée, même dans le pire des scénarios. Le stress le gagne. Après le limogeage deGamelin le, remplacé parWeygand, Georges retrouve tous ses moyens et entreprend d’organiser de nouvelles lignes de défense mais sans illusion, les Allemands ayant désormais, après la destruction des armées du Nord, trois fois plus de divisions que les Alliés.
Après l’armistice du 22 juin 1940, le général Georges organise pendant quelques semaines la nouvellearmée de Vichy qui ne doit plus compter que 100 000 hommes en métropole, puis, atteint par la limite d’âge enaoût 1940 (65 ans), il est placé dans la deuxième section du cadre des officiers généraux.
En 1943,Churchill, qui tient Alphonse Georges en haute estime, organise son évasion de France afin qu’il puisse travailler de concert avec les généraux de Gaulle etGiraud en Algérie. Il quitteChambéry le 12 mai, rentre dans la clandestinité et aidé par l'ORA rejoint la Lozère[2]. Le 20 mai, unLockheed Hudson britannique se pose sur lecausse Méjean, en Lozère et l'amène à Alger[2].
À partir du, Georges participe activement auComité français de la Libération nationale jusqu'en novembre, mais ne parvient pas à imposer son point de vue face aux Gaullistes. Georges se retire alors définitivement de toute activité politique ou militaire.
À laLibération, il apporte son témoignage, notamment au procès dumaréchal Pétain, à l’instruction qui vise le généralWeygand et à laCommission d'enquête parlementaire sur les évènements survenus en France de 1933 à 1945[2], en 1948 déposant à quatre reprises et de manière très précise devant cette commission[2]. Il témoigne aussi au procès dugénéral Laure, ancien chef de laXVIIIe armée et chef du cabinet militaire du maréchal Pétain à l'acquittement duquel il contribue[2].
Il fait partie duComité d'honneur pour la libération du maréchal Pétain. S'il désapprouve l'action du maréchal après 1942, il est plus nuancé sur sa période avant et juge injuste la façon dont il est traité[2].
Sur de Gaulle son opinion évolue. Selon Max Schiavon, il reconnaît le« grand homme politique et le stratège, mais le trouve toujours sans morale, arriviste et intriguant »[2].
Il est sollicité par Churchill, qu'il reçoit, pour l'élaboration des mémoires de l'ancien dirigeant britannique[2].
En octobre 1950, legénéral de Lattre de Tassigny, alors inspecteur général des armées et qui avait été son subordonné, le convie comme invité d'honneur à une revue militaire àConstance, dans lazone d'occupation française en Allemagne[2].
Le général Georges connaît des problèmes de santé, avec une opération de la prostate en 1949 et deux infarctus en 1950. Sa santé décline sérieusement en janvier 1951 et il est hospitalisé un mois et demi auVal-de-Grâce pour une crise d'urémie et des problèmes cardiaques. Il y est de nouveau hospitalisé pour un cancer de la prostate en avril mais ses problèmes cardiaques empêchent une opération immédiate. Il y meurt le d'unehémorragie cérébrale[2].
Le général de Gaulle viendra s'incliner devant sa dépouille[2]. Ses obsèques se déroulent dans l'église Notre-Dame du Val-de-Grâce, célébrées en présence des plus hautes autorités militaires, mais pas de membres du gouvernement qui se font seulement représenter. Alphonse Georges est ensuite inhumé aucimetière de Saint-Cloud. Churchill, redevenu Premier ministre, se rendra sur sa tombe lors d'une visite officielle en France en octobre 1951.
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