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L'Allemagne de l'Ouest (enallemand :Westdeutschland) est le nom d'usage donné à laRépublique fédérale d'Allemagne, souvent abrégée enRFA (en allemand :Bundesrepublik Deutschland ouBRD, parfois traduit à tort par « République fédérale allemande[2] »), lorsque l’État couvrait la partie occidentale de l'Allemagne, entre 1949 et 1990. La capitale politique de la République fédérale avait été installée àBonn[3], sur les bords duRhin, tandis que le secteurBerlin-Ouest de l'ancienne capitale duReich bénéficiait d’un statut politique spécial mais pouvaitde facto être considéré comme faisant partie de l’Allemagne de l’Ouest, notamment à propos de la circulation des personnes[note 1].
La dénomination « Allemagne de l’Ouest » permettait de la distinguer de laRépublique démocratique allemande, abrégée en « RDA » (enallemand :Deutsche Demokratische Republik ouDDR), appelée de façon informelle « Allemagne de l'Est ».
L'actuelleAllemagne issue de laréunification de 1990 estde jure le résultat de l’absorption des territoires de l'Allemagne de l'Est par l'Allemagne de l'Ouest[4]. Elle repose donc sur la mêmeconstitution que laRFA d'avant 1990, porte le même nom et adopte les mêmesemblèmes dans la continuité. Seuls la superficie totale, le nombre deLänder de la République fédérale et le nom d'usage (désormais simplement « Allemagne ») ont changé.
1945-1948 : l'Allemagne occupée, répartie entre les vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale.Depuis le 16 avril 1948 : La RFA enbleu, la Sarre enviolet (sous protectorat français),Berlin-Ouest enjaune orangé et la RDA enrouge
En, à la suite du blocage par les Soviétiques desproduits agricoles de leur zone vers les zones de l'Ouest, les Anglais et les Américains fusionnent leurs zones respectives pour constituer laBizone[6], où ils instaurent une nouvelle monnaie, leDeutsche Mark en juin 1948[7]. Les Soviétiques réagissent aussi en mettant en place l'Ostmark (qui devient la monnaie de l'Allemagne de l'Est). En août 1948, la France donne son accord pour fusionner son territoire à la Bizone : c'est la création de laTrizone[8]. La RFA est créée par l'adoption de laLoi fondamentale le 23 mai 1949.
Staline, inquiet de la possible reconstitution d'une Allemagne hostile (et désirant y étendre son influence), organise en leblocus de Berlin. Les Occidentaux répondent par unpont aérien de très grande ampleur et ininterrompu en direction deBerlin, notamment par l'aéroport de Tempelhof. Les Soviétiques doivent finalement mettre fin au blocus de Berlin en, après 11 mois.
Après la fin du blocus de Berlin, les Occidentaux créent la République fédérale d'Allemagne (RFA) à partir de laTrizone (zones d'occupationaméricaine,britannique etfrançaise), sur la base de la Loi fondamentale du adoptée le précédent par leConseil parlementaire réuni àBonn[9].
Il s'agit d'une nouvelleConstitution pour l'Allemagne de l'Ouest, initialement destinée à jeter les bases du droit en RFA, et à disparaitre ou à servir de base lorsqueles deux Allemagne seront réunies. Finalement, la Loi fondamentale est conservée (mais modifiée) après1990, et devient la Constitution de toute l'Allemagne.
À la suite de l'adoption de la Loi fondamentale, leConseil parlementaire est invité à désigner le« siège provisoire des organes fédéraux » pour ne pas parler decapitale, ce terme étant réservé à Berlin. Alors qu'une majorité de représentants semble favorable à la nomination deFrancfort-sur-le-Main à ce poste, c'est finalement Bonn qui est retenue lors du vote du 1949[10]. Cette décision est confirmée le par leBundestag, qui réaffirme l'objectif de rapatrier à Berlin les institutions fédérales dès que des élections libres auront eu lieu en« zone d'occupation soviétique ».
L'article 23 de Loi fondamentale fait duGrand-Berlin unLand fédéral. Néanmoins, la Constitution n'y fut appliquée unilatéralement que partiellement àBerlin-Ouest, où les premières élections législatives eurent lieu le. Ce même article donnait également la possibilité aux Länder allemands n'ayant pas pu participer à l'élaboration de ladite Loi fondamentale, de pouvoir y adhérer ultérieurement à titre individuel. Cette disposition visait particulièrement leszones sous occupation soviétique qui furent privées d'élections libres, et constituèrent de leur côté laRépublique démocratique allemande (RDA), le.
La reconstruction et le développement de l'Allemagne de l'Ouest furent supervisés par les alliés occidentaux au sein d'uneHaute commission alliée.
Redressement économique et politique de rapprochement avec la France
Le, la révision du statut d'occupation permet à l'Allemagne d'établir de nouveau des relations diplomatiques et de créer ainsi unOffice des Affaires étrangères (équivalent à un ministère).
Le,Konrad Adenauer, ancien maire deCologne et résistant aunazisme, est élu premier chancelier fédéral de l'Allemagne de l'Ouest. Tout en redressant économiquement le pays (grâce notamment auplanMarshall), il poursuit une politique portant essentiellement sur le regain de la souveraineté allemande. S'éloignant des Soviétiques, il recherche par ailleurs la protection militaire desÉtats-Unis et intègre la République fédérale d'Allemagne dans le bloc de l'Ouest. Parallèlement, il désire aussi se rapprocher de laFrance dont le chef du gouvernement, à partir de1958, estCharles de Gaulle. Une amitié unit les deux hommes, ce qui facilite le rapprochement franco-allemand. De Gaulle comme Adenauer avaient comme objectif de mettre fin à l'hostilité qui divisait les deux pays depuis1870 et de permettre, à travers une entente franco-allemande, l'édification d'une Europe unie. Malgré certaines divergences politiques (de Gaulle, au contraire d'Adenauer, voulait se séparer des États-Unis afin de mettre en œuvre latroisième voie), les deux hommes d'État signent letraité de l'Élysée, au palais de l'Élysée, le, qui scelle la réconciliation entre les deux pays.
Sur le plan militaire, Adenauer réorganise l'armée ouest-allemande fondée en 1955, laBundeswehr, qui devient, en termes numériques, la plus importante composante des forces armées de l'OTAN en Europe. La RFA retrouve de plus sa souveraineté le, dans le cadre de laconvention avec les Trois puissances[11] (dite aussiconvention de Bonn) qui signe la fin de son occupation par les Alliés. Malgré ces succès diplomatiques, militaires et économiques, Adenauer est obligé de démissionner en octobre1963 sous les pressions de son propre camp.
Willy Brandt (assis à droite, au centre) en conférence de presse le à l'occasion de la coalitionSPD-FDP.
Devenu un membre important de l'OTAN après son adhésion en1955, cet État et la RDA (membre, de son côté, dupacte de Varsovie) furent l'un des points de cristallisation de la confrontationEst/Ouest, appelée « guerre froide ». L'Allemagne de l'Ouest, membre du bloc de l'Ouest et alliée aux États-Unis, s'opposait à l'Allemagne de l'Est, soumise, elle, à l'influence de l'empire soviétique et membre dubloc de l'Est. Cette confrontation et ces désaccords idéologiques s'inscrivaient plus généralement dans la lutte d'influence qui divisait depuis 1945 les États-Unis et l'Union soviétique.
Toutefois, sous le gouvernement du chancelier ouest-allemandWilly Brandt, la RFA organise une politique de rapprochement avec la RDA au début des années 1970. C'est l'Ostpolitik mise en place par Willy Brandt, qui aboutit à plusieurs accords amicaux entre les deux Allemagne et entre la RFA et laPologne ( :traité de Varsovie). L'Allemagne de l'Ouest et la RDA se reconnaissent mutuellement en1972 en signant letraité fondamental en décembre de la même année (Grundlagenvertrag, entré en vigueur en), tout en devenant membres de l'ONU peu après.
Grâce notamment au soutien duplanMarshall, destiné à aider à la reconstruction de l'Europe après laSeconde Guerre mondiale, la croissance économique de l'Allemagne de l'Ouest, appeléeWirtschaftswunder (le « miracle économique »), fit qu'elle devînt rapidement la troisième puissance économique mondiale, après lesÉtats-Unis et leJapon. De plus, la RFA, bien qu'au niveau de l'accroissement démographique assez faible, fut l'objet et le bénéficiaire d'une forte immigration en provenance de la RDA, les Allemands de l'Est fuyant la dureté du régime socialiste de la RDA et partant s'établir à l'ouest (plus de trois millions d'immigrants entre 1953 et 1961). La construction dumur de Berlin, en août1961, et donc l'interdiction des Allemands de l'Est d'émigrer à l'ouest, entrava ce mouvement migratoire, mais la RFA favorisa ensuite l'installation d'immigrants turcs, puis, après la chute dubloc de l'Est, russes, polonais, ukrainiens et tchèques, attirés par la prospérité économique de l'État.
Leipzig, 16 octobre 1989, lors d'une manifestation du lundi.
Début1989, la perspective d'une réunification de l'Allemagne paraît encore lointaine, le secrétaire général du comité central duSED (parti socialiste unifié d'Allemagne, alors au pouvoir enRDA),Erich Honecker, promettant que le mur de Berlin allait encore vivre « mille ans » de plus. Mais, contre toute attente, les mouvements de protestation se multiplient à travers toute la RDA, les manifestants réclamant pacifiquement mais avec insistance lalibéralisation du régime et la mise en place d'élections libres. Lesmanifestations du lundi(Montagsdemonstrationen), débutées en àLeipzig, prennent de l'ampleur, et devant cet état de fait et les pressions exercées par le vent de contestations qui soufflefin 1989 sur toute la RDA, Honecker doit démissionner dans l'année même. Mais les manifestants est-allemands se mettent à réclamer un rattachement à l'Allemagne de l'Ouest. Le, lemur de Berlin tombe, laissant les frontières entreBerlin-Ouest etBerlin-Est ouvertes. De très nombreux citoyens est-allemands se rendent alors en RFA. En 1990, le régime se libéralise enfin, et des élections libres confirment la victoire des partis ligués contre le SED.
Le, laréunification allemande est effectuée et incorpore la « République démocratique allemande » à la « République fédérale d'Allemagne » en utilisant les dispositions del'article 23 de la Loi fondamentale citées plus haut. Le pays résultant de cette réunification est alors simplement appelé dans le langage courant « Allemagne » (le nom officiel de l'État restant « République fédérale d'Allemagne »).
Lestatut deBerlin-Ouest faisait quant à lui l'objet d'un traitement particulier.
L'Allemagne de l'Ouest était dirigée par unprésident fédéral (Bundespräsident), qui était le chef d’État. Le chef du gouvernement portait le titre dechancelier fédéral (Bundeskanzler).
Pendant une vingtaine années, la RFA a suivi ladoctrine Hallstein : elle revendiquait le droit d'être la seule à représenter l'Allemagne et rompait toute relation diplomatique avec les pays qui reconnaissaient la RDA. Cette doctrine fut finalement abandonnée en octobre1969, au profit de laOstpolitik du chancelierWilly Brandt, qui préconisait une politique de rapprochement et de détente avec l'Union soviétique et ses alliés dupacte de Varsovie.
Jusqu'aux années 1970, les homosexuels font l'objet de persécutions par les autorités ouest-allemandes. Ils seront 50 000 à être condamnés pour homosexualité sur la base d'une loi instaurée sous le régime nazi mais conservée par la RFA[12].