Movatterモバイル変換


[0]ホーム

URL:


Aller au contenu
Wikipédial'encyclopédie libre
Rechercher

Alfred Nakache

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Page d’aide sur l’homonymie

Pour les articles homonymes, voirNakache.

Page d’aide sur l’homonymie

Ne doit pas être confondu avecAlfred Naccache.

Alfred Nakache
Image illustrative de l’article Alfred Nakache
Alfred Nakache, en septembre 1941 à Toulouse, lors des championnats de France de natation.
Informations
NagesNage libre,papillon
Période activeAnnées1930 et1940
NationalitéFrançaise
Naissance
Constantine,Algérie
Décès (à 67 ans)
Cerbère
ClubJN Constantinoise
Racing club de France
CN Paris
Dauphins du TOEC
EntraîneurAlban Minville
Palmarès
Médailles obtenues
Ch. d'Europe grand bassin010
Championnat de France211
modifier 

Alfred Nakache, né le àConstantine[1],[2] et mort le àCerbère (Pyrénées-Orientales), est unnageur et joueur dewater-polofrançais[3]. Surnommé « Artem » (le poisson), il est aussi connu sous le surnom de « nageur d'Auschwitz », où il a été déporté durant laSeconde Guerre mondiale.

Biographie

[modifier |modifier le code]

Un champion d'avant-guerre, de Constantine à Toulouse

[modifier |modifier le code]

Alfred Nakache est le cadet des onze enfants d'une famille juive deConstantine. Souffrant d'unephobie de l'eau, il parvient à la surmonter[4]. Il remporte, en 1931, la Coupe de Noël de Constantine[5], il est alors licencié à la Jeunesse nautique (JN) constantinoise, et ce, jusqu’en1934[5]. Après des premières compétitions locales où il ignore même qu'il faut suivre les lignes d'eau, il progresse très vite. En1933, il participe à ses premiers championnats de France[4] et déménage àParis[6] à la fin de l'été[5].

Aux championnats de France1934, il termine2e du 100 mètresnage libre derrièreJean Taris[5] et est sélectionné en équipe de France[4] pour une rencontre junior contre lesPays-Bas[5]. Il ne peut participer aux championnats d'Europe suivants parce qu'il n'est pas éligible en tant que Français né hors du « sol français » et pas encore licencié dans un club en France[5]. Néanmoins, il participe à l'équipe du Tour de France nautique[5].

Il est licencié auRacing Club de France de1934 à1936 et inscrit en1934 aulycée Janson-de-Sailly[7].

Il participe aux rencontres préparatoires desJeux olympiques d'été de 1936[8] puis bat, la même année, le record d’Europe du relais 4 × 200 m enmin 22 s 06 avecJean Taris,René Cavalero et Diener[8]. AuxJeux olympiques, dans un contexte particulier pour cet athlète juif[8], il termine4e au relais 4 × 200 m nage libre[4] avecJean Taris,René Cavalero etChristian Talli, devant l'Allemagne[9].

Il est licencié auclub nautique deParis de1937 à1938, quittant son premier club parisien à cause, semble-t-il, d'injures racistes et antisémites[7]. Il effectue durant cette période sonservice militaire à labase aérienne 117 Paris[7]. Il réussit, en1939, l'examen pour devenir professeur d'éducation physique[7]. Il intègre par la suite l'École normale d'éducation physique, futurInstitut national du sport, de l'expertise et de la performance[10], comme son épouse Paule (née Elbaze), également juive[9], avec qui il s'est marié le[7].

LorsquePhilippe Pétain abolit ledécret Crémieux, Alfred Nakache, en tant quejuif d'Algérie, est déchu de sa nationalité française[10],[4],[6]. Professeurs et juifs, son épouse et lui doivent partir pour pouvoir continuer à travailler et s'installent avec leur fille àToulouse, enzone libre[4]. Il est alors licencié auxDauphins du TOEC de Toulouse sous la direction d'Alban Minville[11]. Durant cette période, il se rapproche des réseaux de résistance juifs comme l'Armée juive, en aidant notamment à la préparation physique des recrues[12].Jean Borotra, commissaire aux Sports du régime de Vichy, l’emmène dans une tournée enAfrique du Nord, où il est plusieurs fois choisi pour la levée des couleurs[13].

En1942, il gagne cinq titres de champion de France au 200 m brasse, relais 4 × 200 m nage libre et aux 100 m, 200 m, 400 m nage libre[14].

Le « nageur d'Auschwitz »

[modifier |modifier le code]

D'abord en vue pendant l'Occupation pour ses records où il devient rapidement l'un des nageurs les plus titrés du pays[15], il est progressivement dénoncé par la pressecollaborationniste[16] parantisémitisme. Il est finalement interdit de bassin lors des championnats de France de Toulouse en 1943, ce qui entraîne unboycott de ses camarades du TOEC[4].

Arrêté par laGestapo[17] le[18] à la suite d'une dénonciation[19], il est retenu captif à laprison Saint-Michel de Toulouse[10] puis aucamp de Drancy[4], duquel il est déporté, avec sa femme Paule Nakache (née Elbaze), née le 12 octobre 1915 à Constantine[20] et leur fille de deux ans Annie, née le 12 août 1941 à Constantine[20], au complexe concentrationnaire d'Auschwitz depuis lagare de Bobigny par leconvoi n° 66 du[20],[10]. Séparés physiquement[6] dès leur arrivée le[18], il ignore qu'elles sont assassinées et n'apprendra que plus tard la mort de sa fille dès son arrivée dans les camps, tandis qu'il n'eut jamais d'information concernant son épouse[10], ce qui laisse émettre l'hypothèse qu'elle aurait été gazée avec leur fille.

Un officier affecte Alfred Nakache à l'infirmerie, ce qui lui sauvera probablement la vie[18]. Alfred détourne alors des aliments pour les malades[18]. Il y rencontreNoah Klieger qui, rescapé lui aussi, deviendra un célèbre journaliste sportif enIsraël[18]. Aidé par une constitution physique exceptionnelle, il résiste aux mauvais traitements, y compris à l’humiliation imposée par les gardiens qui l’obligent à aller chercher avec les dents un poignard qu’ils ont jeté au fond de la piscine (en fait, un bassin de rétention d’eau prévu pour les incendies). Sa résistance consiste à défier ses bourreaux en improvisant à leur insu des séances de baignade dans la piscine en compagnie de quelques camarades. Enjanvier 1945, le camp est évacué dans le cadre desmarches de la mort, sous la menace de l’avancée de l’Armée rouge. Alfred Nakache participe à l'une d'elles, au cours de laquelle les survivants des camps d’extermination sont menés dans des camps d’internement. Il se retrouve ainsi àBuchenwald, que l'armée américaine libère enavril 1945[21].

Le retour du champion rescapé

[modifier |modifier le code]

À son retour de déportation, il témoigne :« Je sors de la tombe. Il faut avoir vécu la vie de ces camps pour s'imaginer ce que c'était. Quand on fera le compte des rescapés et des manquants, on aura du mal à en croire les chiffres. De 85 kilos, je suis tombé à 61, et je ne dois la vie qu'à ma volonté d'en sortir, de ne pas manger d'immondices ou de cadavres malgré la faim. Je pèse actuellement 70 kilos ».

Il conserve alors le faible espoir de revoir sa femme et sa fille :

La tombe d'Alfred Nakache aucimetière Le Py de Sète.

« Aucune nouvelle depuis que nous avons été séparés sur le quai de la gare. Je conserve un faible espoir, un espoir tout de même. Mais toutes les femmes, les enfants et tous les inaptes ont été passés au four crématoire[22] ».

Le croyant mort avant que la presse n'annonce son retour, la ville de Toulouse avait donné son nom au bassin d'hiver de lapiscine de l'île du Ramier[18]. Le, il retourne àToulouse et devient professeur d’éducation physique à la Faculté de droit. Il reprend l'entraînement, et du poids[4].

Il retrouve le haut du classement (champion de France et prenant part au record du monde 3 × 100 m 3 nages, avecGeorges Vallerey etAlex Jany, le[18]) et participe auxJeux olympiques d'été de 1948 àLondres, devenant, en plus d'être le meilleur nageur à l'épreuve de 200 m brasse papillon, également membre de l’équipe de France dewater-polo[4]. Il obtient là une nouvelle sélection douze ans après ses premiers Jeux olympiques[18].

En 1946, il apprend la confirmation de la mort de son épouse et de sa fille[18]. En 1948, il s'unit à Marie, une jeune Sétoise[18]. Il est alors très proche de la famille d'Alex Jany et il participe, dans les années 1950, à l'entraînement deJean Boiteux.

Après une fin de carrière àLa Réunion, il meurt le[6] à la suite d'un malaise alors qu’il nageait dans le port deCerbère, effectuant son kilomètre quotidien de natation[4]. Il est inhumé aucimetière Le Py àSète. Sur sa tombe apparaissent les noms de sa première épouse et de sa fille disparues[4].

Dans les arts et la culture populaire

[modifier |modifier le code]
Vue aérienne de l'île du Ramier àToulouse. Au milieu à gauche, lapiscine municipale baptisée du nom du nageur Alfred Nakache.

Homonyme

[modifier |modifier le code]

De nombreux bassins français portent son nom, dont la principalepiscine municipale de Toulouse (ex-piscine d'hiver du parc municipal des sports[10]), baptisée ainsi parRaymond Badiou alors qu'il était déporté en 1944[6], ainsi que la piscine de Gentilly àNancy[23], la piscine du quartier du millénaire àMontpellier[24] et celle de Belleville à Paris[25] (en double hommage au champion et aux nombreux déportés de ce quartier juif).

Filmographie

[modifier |modifier le code]

Cinéma

[modifier |modifier le code]

En 2024, la cinéaste d'animationFlorence Miailhe s'inspire de son histoire pour réaliser le court métragePapillon, dont la première a lieu à laBerlinale[26].

Télévision

[modifier |modifier le code]
Série
[modifier |modifier le code]

En 2016, l'épisode en deux minutesAlfred Nakache deChampions de France lui est consacré.

En 2025, Vincent Gonon et Xavier Sayanoff réalisentAlfred Nakache, un champion français où il est joué par Adam Mahhou.

Théâtre

[modifier |modifier le code]

En 2022,Amir interprète au théâtre son personnage dans la pièceSélectionné[27].

Littérature

[modifier |modifier le code]

Renaud Leblond publie en 2022 son histoire dans le roman "le nageur d'Auschwitz" aux éditions de l'Archipel. Prix Sport Scriptum 2022, Prix Antoine Blondin 2023 et Prix Entre Lignes 2024.

Pierre Assouline publie une biographie de lui en 2023, intituléeLe nageur[28].

Honneur

[modifier |modifier le code]

L’État d’Israël lui décerne à titre posthume, en1993, leTrophée du Grand exemple, au Musée du sport juif international.

Le meeting international Alfred-Nakache (ou Vittel Cup) a été créé en son honneur et en est à sa12e édition en2005.

Lors du week-end du 17 au 19 mai 2019, il fait son entrée à l'International Swimming Hall of Fame deFort Lauderdale enFloride[29],[18].

Palmarès

[modifier |modifier le code]

Records

[modifier |modifier le code]

Championnats de France

[modifier |modifier le code]
Grand bassin
Discipline \ Année19331934193519361937193819391940194119421943194419451946194719481949195019511952
100 m nage libre6e[5]2e[4]titre[6],[5]titretitretitre--titretitre[14]----------
200 m nage libre----titretitre--titretitre[14]----------
200 m papillon-----titre--titretitre[14]---titre------
400 m nage libre---------titre[14]----------
Relais 4 × 200 m nage libre6 titres entre 1936 et 1952[30]

Championnats internationaux

[modifier |modifier le code]

Jeux olympiques

[modifier |modifier le code]

Distinctions honorifiques

[modifier |modifier le code]
  • Médaille de courage de la fondation Carnegie, pour sauvetage d'une femme tombée avec son véhicule dans le canal àSète (juillet 1954)[31],[32].

Famille

[modifier |modifier le code]

Il est le grand oncle deYonathan Arfi, Président duCrif. En effet, la grand-mère de Yonathan Arfi, Edith Nakache, était une des petites soeurs d'Alfred Nakache[33],[34].

Notes et références

[modifier |modifier le code]
  1. Gilles Lévy,L'Auvergne des années noires, Editions de Borée,, 431 p.(ISBN 978-2-84494-028-5,lire en ligne),p. 54.
  2. Marc-Christian Bosseno,Télévision française : la saison 2010 — Une analyse des programmes du1er septembre 2009 au 31 août 2010, Paris, L'Harmattan,(ISBN 978-2-296-54678-3,BNF 42535562,lire en ligne),p. 396.
  3. « Alfred Nakache, une vie à contre-courant »,Le Monde,‎(lire en ligne, consulté le)
  4. abcdefghijklmno etp« Alfred Nakache : le triomphe de la vie »,Les légendes de la natation, surnatationpourtous.com(consulté le)
  5. abcdefgh etiMunoz 2008,p. 43
  6. abcde etf« Qui était Alfred Nakache ? »,Un nom, une histoire, surtoulouse.fr(consulté le)
  7. abcd eteMunoz 2008,p. 48
  8. abc etdMunoz 2008,p. 44
  9. ab etcMunoz 2008,p. 47
  10. abcdef etgGuillaume Gros, « Alfred Nakache, le nageur d’Auschwitz par Denis Baud »,Critiques de livres, surarkheia-revue.org(consulté le)
  11. abc etdMunoz 2008,p. 53
  12. Munoz 2008,p. 52
  13. Julian Jackson,La France sous l’Occupation, 1940-1944, Paris, Flammarion, 2004, (1re édition : 2001),(ISBN 978-2-0813-0809-1),p. 418.
  14. abcd eteMunoz 2008,p. 58
  15. Munoz 2008,p. 54
  16. « Un Juif qui sait nager »,Je suis partout,‎, P.2(lire en ligne)
  17. Il habite avec sa famille au 7, rue Saint Cyprien à Toulouse, Voir, Klarsfeld, 2012,
  18. abcdefghij etkAlexandre Pedro, « Alfred Nakache, une vie à contre-courant », surlemonde.fr,(consulté le).
  19. Paris-Presse, 29 avril 1945,p. 2 : "Oui, qui a dénoncé Nakache ? Question que l'on s'est souvent posée. Des noms ont été prononcés et, au premier rang ceux deCartonnet et du père d'un nageur de classe. Aucune preuve jusqu'ici. Il faudra que je sache, dit Nakache, mais je ne ferai rien avant d'être absolument sûr. Je sais trop ce que c'est pour courir le risque de faire emprisonner un innocent. Ce qui est certain, c'est que c'est Gibel qui a donné mon adresse à la Gestapo et est ainsi responsable de la déportation de ma femme et de ma petite"
  20. ab etcVoir, Klarsfeld, 2012.
  21. « Alfred Nakache, le nageur d’Auschwitz, La Croix, 25/11/2011 »(consulté le)
  22. Paris-Presse, 28 avril 1945, p.2 :"Je sors de la tombe, nous dit Nakache"
  23. « Piscine Olympique Alfred Nakache NANCY - GENTILLY », surgrandnancy.eu(consulté le)
  24. « Piscine Alfred Nakache », surmontpellier-agglo.com(consulté le)
  25. « Piscine Alfred Nakache », surpiscine.equipement.paris.fr(consulté le)
  26. (en) « Papillon | Butterfly | Schmetterling »(consulté le)
  27. i24news, 12 mai 2022
  28. [1]
  29. « Toulouse : le nageur Alfred Nakache va entrer au panthéon mondial de la natation, aux États-Unis / Actu Toulouse », suractu.fr,(consulté le).
  30. Laurence Munoz,Usages corporels et pratiques sportives aquatiques duXVIIIe au XXe siècle, tome II(lire en ligne)
  31. « Le nageur Nakache sauve une automobiliste tombée dans le canal »,Franc-Tireur,‎(lire en ligne)
  32. « Le champion de natation Nakache tire du canal une conductrice enfermée dans sa voiture »,Le Parisien libéré,‎
  33. « Crif/Vel d'Hiv - Le discours de Yonathan Arfi à la cérémonie nationale d'hommage », surCrif - Conseil Représentatif des Institutions Juives de France,(consulté le)
  34. « Alfred Nakache, le "nageur d'Auschwitz", un destin hors du commun », surmidilibre.fr(consulté le)

Annexes

[modifier |modifier le code]

Bibliographie

[modifier |modifier le code]

Documentaire

[modifier |modifier le code]
  • Christian Meunier,Alfred Nakache, le nageur d’Auschwitz, 2001.

Articles connexes

[modifier |modifier le code]

Liens externes

[modifier |modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

v ·m
Cadre juridique
Rafles
Camps
Assassinats et déportation
Responsables allemands de la mise en œuvre
Responsables français de la mise en œuvre
Spoliation
 v ·m Victimes notables
Victimes notables
A – B
C – F
G – J
K – L
M – R
S – Z
 v ·m Survivants notables
Survivants notables
A – B
C – E
F – H
I – K
L
M – O
P – R
S
T – Z
Documentation
Lieux de mémoire
Justes parmi les nations
Ce document provient de « https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Alfred_Nakache&oldid=230730537 ».
Catégories :
Catégories cachées :

[8]ページ先頭

©2009-2025 Movatter.jp