Pour les articles homonymes, voirGrosser.
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| Père | Paul Grosser(d) |
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| Conjoint | Anne-Marie Jourcin(d) |
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| Distinctions | Liste détaillée Prix Broquette-Gonin de littérature() Médaille Goethe() Prix de la paix des libraires allemands() Médaille Goethe de la ville de Francfort() Médaille Theodor-Heuss(d)() Schärfste Klinge(d)() Prix de l'orateur Cicéron(d)() Prix Schiller de la ville de Mannheim() Commandeur des Arts et des Lettres() Grand prix de l'Académie des sciences morales et politiques() Prix humaniste(d)() Grand commandeur de l'ordre du Mérite de la République fédérale d'Allemagne() Médaille Wilhelm-Leuschner() Prix Abraham-Geiger(d)() Grand-croix de l'ordre national du Mérite() Prix Theodor-Wolff() Prix Henri Nannen() Eugen Kogon Award() Grand-croix de la Légion d'honneur() Steiger Award(en) Docteur honoris causa de l'université européenne des humanités |
Alfred Grosser, né le àFrancfort-sur-le-Main et mort le àParis, est unpolitologue,sociologue ethistorien franco-allemand.
Alfred Grosser est le fils de Paul Grosser (né le àBerlin, et mort le àSaint-Germain-en-Laye). Social-démocrate etfranc-maçon d'origine juive, il est médecin et a fondé un centre hospitalier pour enfants à Francfort. Sa mère,Lily Rosenthal, est issue d'une famille aisée[1]. Les Grosser se réfugient en France en 1933, après que Paul est interdit d'exercer à l'université du fait des lois raciales. Il meurt l'année suivante[2].
La famille Grosser obtient la nationalité française en 1937. Installée àSaint-Germain-en-Laye, elle s'enfuit àSaint-Raphaël dans leVar, avant l'arrivée des troupes allemandes. La sœur d'Alfred meurt en 1941 des suites de l'exode[2]. Non scolarisé du fait d'une absence de lycée dans la ville, Grosser passe lebaccalauréat en candidat libre àNice en 1942, où il est reçu[2].
Il s'inscrit au Centre d’études littéraires de Nice, dépendant de la faculté de lettres de l'université d'Aix-Marseille. Il soutient son mémoire de diplôme d'études supérieures de langue et littérature allemande en 1945. Il souhaite se présenter à l'agrégation en 1946, mais ne dispose de la nationalité française que depuis neuf ans, et ne peut s'y présenter. Il prépare le concours de l'École normale supérieure aulycée Condorcet mais échoue[2].
Il est reçu à l'agrégation d'allemand en 1947[2]. Il commence une thèse sous la direction d’Edmond Vermeil[3], mais rompt avec lagermanistique pour se tourner vers lascience politique à partir de 1955.
Marié le avec Anne-Marie Jourcin, il a quatre enfants : Jean,Pierre (également historien), Marc et Paul[1].
Alfred Grosser est recruté comme enseignant à l'Institut d'études politiques de Paris parJacques Chapsal, initialement pour y enseigner trois ans, en 1956. Il y reste finalement jusqu'à son départ à la retraite, en 1992, où il a été professeur, puisprofesseur émérite[4].
Il est directeur de recherches à laFondation nationale des sciences politiques, de 1956 à 1992, et fait ainsi partie des« quatre mousquetaires », à savoir les quatre premiers directeurs de recherche de la FNSP, aux côtés deRené Rémond,Jean-Baptiste Duroselle etJean Touchard[4].
En 1966, il prend la direction du Cycle supérieur d'études politiques, ancêtre de l'école de la recherche. Il conserve ce poste jusqu'en 1986. Il joue un rôle important pendantMai 68, où il est chargé par la direction de discuter avec les étudiants et les chercheurs acquis au mouvement[4] ; il est élu représentant des professeurs et maîtres de conférence pour négocier avec les élèves, aux côtés d'Hélène Carrère d'Encausse,Jacques Fournier,Georges Lavau etPierre Viot[5].
Le 9, alors qu'il donne une conférence à Sciences Po dans l'amphithéâtre Leroy Beaulieu, le directeur de l'établissementAlain Lancelot arrive en courant dans la salle de cours et annonce que lemur de Berlin est tombé, provoquant l'émotion d'Alfred Grosser devant ses élèves[3],[6].
Il enseigne également à l'université Johns-Hopkins (1955-1969), à l'HEC Paris (1961-1966 puis 1986-1988), à l'université Stanford (1964-1965), à l'École polytechnique (1965-1995), à l'université Keiō deTokyo (1992), ainsi qu'àSingapour[3] (1994).
Ses travaux et son enseignement ont contribué à laréconciliation et la coopération franco-allemande[3].
Alfred Grosser a eu des activités journalistiques variées : chroniqueur politique auMonde de 1965 à 1994, il occupe la même fonction très régulièrement àLa Croix et àOuest-France'[3].
Il est membre duConseil du développement culturel de 1971 à 1973.
Il a soutenuPierre Mendès France en 1954-1955. Il n'a par la suite pas d'engagement partisan mais se considère comme un intellectuel de gauche[3].
En, questionné sur le débat sur l'identité nationale lancé par le ministreÉric Besson, il le juge « parfaitement démagogique »[7].
Le, il fait partie des signataires d'une tribune de chercheurs et d'universitaires annonçant avoir votéEmmanuel Macron au premier tour de l'élection présidentielle française de 2017 et appelant à voter pour lui au second, en raison notamment de son projet pour l'enseignement supérieur et la recherche[8].
Il estathée convaincu et « en dialogue » ; dans son livre de 2011,La joie et la mort. Bilan d'une vie, il dit prendre pour modèle Albert-Élie Luce dans ses derniers moments, Albert-Élie Luce étant un des personnages centraux deJean Barois, roman deRoger Martin du Gard publié en 1913.
Alfred Grosser décède àParis à l’âge de 99 ans, 90 ans jour pour jour après son père[3],[9].