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Le, Alfons Mucha naît àEibenschütz, dans le sud de laMoravie, alors dans l'empire d'Autriche. Il est le deuxième enfant d'Ondrej Mucha,huissier de justice. Son aptitude au chant lui permet de poursuivre son éducation dans la capitale morave,Brno où il obtient une place dans une chorale de l'église Saint-Pierre. Très peu de ses dessins de jeunesse ont été conservés. Parmi ceux-ci, se trouveUkřižování (La Crucifixion), dessiné à l'âge de huit ans. À l'occasion d'un voyage, il rencontre le dernier représentant de la peinture sacrale baroque, le vieux maîtreUmlauf, dont les fresques que l'on pouvait voir dans l'église d'Usti et surtout dans l'église Saint-Ignace de Prague ont profondément marqué Mucha.
En 1875, il revient dans sa ville natale où son père lui trouve un emploi de greffier au tribunal mais, trois ans plus tard, Alfons Mucha pose sa candidature pour entrer à l'Académie des beaux-arts de Prague. Sa demande est rejetée avec la recommandation :« Choisissez une autre profession où vous serez plus utile. » Après avoir réalisé quelques travaux décoratifs enMoravie (essentiellement des décors de théâtre), il émigre en 1879 àVienne afin de travailler pour la plus grande entreprise de décors de théâtre de la ville, Kautsky-Brioschi-Burghardt, tout en continuant sa formation artistique au cours de laquelle il est l'élève deHans Makart. Il se rend àMikulov où il gagne sa vie comme portraitiste.
Il y rencontre le comte Khuen Belasi, plus gros propriétaire de la région, qui lui passe une commande pour la décoration de son château à Emmahof[1]. En 1881 le Ringtheater, le meilleur client de son employeur, brûle dans unincendie où près de500 personnes trouvent la mort. Mucha, en sa qualité de plus jeune employé, est congédié. Il revient en Moravie et réalise des décorations et des portraits en indépendant. Mucha travaille alors pour Egon Khuen-Belasi, frère du comte Karl, à la décoration duchâteau de Gandegg(it) situé dans lesDolomites[1]. En 1885, parrainé et financé par E. Khuen-Belasi, il commence ses études à l'Académie de Munich ; il compte parmi ses professeurs von Herterich et Lofftzen.
Accompagné deKarel Vítězslav Mašek, son ami de l'École des beaux-arts de Munich[2], Mucha se rend ensuite àParis en 1887 pour continuer ses études au sein de l'Académie Colarossi et de l'Académie Julian. Il y rencontrePaul Sérusier. En parallèle, il produit une revue, réalise des affiches publicitaires et illustre des catalogues, des calendriers et des livres commeMémoires d'un Éléphant blanc deJudith Gautier paru en 1894[3].« Pour un graphiste habile, il n'était pas trop difficile à s'employer dans un Paris à l'activité commerciale stimulée par une nouvelleExposition Universelle — celle de 1889 »[4]. En 1888, il quitte l'Académie Julian et devient étudiant à l'Académie Colarossi, dans leQuartier Latin. L'année suivante, le parrainage du comte prend fin. Il quitte l'Académie Colarossi et cherche du travail comme illustrateur. Les qualités techniques et artistiques de Mucha finissent par être reconnues et il est embauché par la première grande maison d'édition parisienneArmand Colin[5].
Il commence à illustrer un magazine de théâtre, dans lequel paraît son premier dessin deSarah Bernhardt en Cléopâtre. Peu après son arrivée à Paris, conseillé par son camarade de l'Académie Colarossi,Wladyslaw Slewinski, Mucha s'installe de 1890 à 1893 au-dessus d'un petit restaurant (on disait « unecrèmerie ») situérue de la Grande-Chaumière[6], à côté de l'académie. Avec Slewinski, Mucha décore la façade de ce petit restaurant alors tenu par une certaine Charlotte Caron. Cette décoration subsista plusieurs années, mais est aujourd'hui disparue[5].
Seul artiste disponible chez son imprimeur quandSarah Bernhardt le sollicite le pour réaliser l'affiche publicitaire deGismonda, la pièce qu'elle doit jouer auThéâtre de la Renaissance, Mucha relève le défi et dès le matin du, Paris se couvre de grandes affiches qui ont un si vif succès que des amateurs n'hésitent pas à les découper[7]. Après cette réussite, Sarah Bernhardt l'engage pour un contrat de six ans[7]. Son style délié lui vaut une certaine notoriété. Il réalise notammentLorenzaccio,La Dame aux camélias (1896),Hamlet etMédée(1898).
Durant les années 1890, l'artiste fréquente les milieux symbolistes et participe à l'ébullition idéaliste qui anime la Capitale. Ami deSérusier et de Verkade, il côtoie aussi son voisinPaul Gauguin etAugust Strindberg. Mucha est également témoin actif des expériences d'hypnose du colonelAlbert de Rochas qui met sous suggestion musicale Lina de Ferkel, modèle du peintre. Ces séances ont lieu dans l'atelier de Mucha avec l'artiste au piano ou à l'orgue.Les frères Lumière immortalisent certaines de ces séances, photographies qui illustrent l'ouvrage du colonel paru en 1900 avec une couverture de Mucha :Les Sentiments, la musique et le geste. Tous ces aspects de la vie du peintre, étudiés récemment, ont permis d'enrichir la vision d'une oeuvre plus profonde et spirituelle que ce que l'historiographie laissait penser jusque là[8].
En 1896, il participe à l'Exposition du Cirque deReims et réalise l'affiche duSalon des Cent qui se tient à Paris. Cette année-là, il devient l'amant de Berthe de Lalande — dont il réalisa un beau portrait au pastel, dédicacé à Paris le[9]. Le couple figure sur des photographies « prises chez M. Bourrelier des éditions Armand Colin àVerrières-le-Buisson ». Mucha représente sa compagne dans une aquarelle qui servit de couverture et d'illustration pour la revueLe Monde moderne en, publié par laMaison Quantin. Après son mariage le, il n'en parla pas à son fils et effaça tout document la concernant, mais l'aida financièrement secrètement jusqu'à sa mort[réf. souhaitée]. Mucha s'associe par ailleurs au peintrePaul Boutigny, qui fonde en le magazineCocorico. Il produit également des illustrations pourLe Petit Français illustré[10].
En 1900, il reçoit la médaille d'argent à l'exposition universelle ; il est également nommé chevalier de la Légion d'honneur. L'année suivante, Mucha conçoit labijouterie Fouquet au 6 de larue Royale (la boutique fut démontée en 1923 et est aujourd'hui présentée reconstituée aumusée Carnavalet).
En 1902 est publiée une collection de 72 de ses dessins ornementaux, intituléeLes Documents décoratifs.
Couverture desDocuments Décoratifs (1901).
Motif dans lesDocuments Décoratifs (1901).
Motif dans lesDocuments Décoratifs (1901).
Idées de vaisselles desDocuments Décoratifs (1901).
Dès ses débuts à Paris, Mucha photographie ses modèles. Il se constitue ainsi un important catalogue qu'il utilise ensuite pour réaliser ses illustrations. Ce travail sur photo explique la ressemblance de certains de ses dessins bien qu'ils aient été réalisés à plusieurs années d'intervalle. Son catalogue photographique constitue par ailleurs un intéressant témoignage sur les femmes de son époque[11].
Par économie, plutôt que de faire appel à des modèles professionnels Mucha préfère faire appel à ses camarades.Paul Gauguin etFrantišek Kupka[12] ou à ses voisines l'écrivaine féministeMarie-Louise Gagneur et sa fille la sculptriceMarguerite Syamour qui pose notamment pour la "Primevère".
Après son mariage avec Maruska Chytilova, Mucha se rend auxÉtats-Unis de 1906 à 1910. Il y travaille aux académies deNew York,Chicago etPhiladelphie. Accueilli à bras ouverts, il ne trouve pas la réception espérée à sa peinture, considérée comme trop proche du modèle. Mucha n'enjolive pas ou peu, et les merveilleux drapés qui faisaient son succès au cours de sa période parisienne n'ont plus d'impact une fois retranscrits à l'huile sur la toile. Il se tourne à nouveau vers l'affiche et l'illustration pour reconstituer ses fonds dépensés rapidement pour financer son installation aux États-Unis, mais aussi consacrés à « aider » financièrement certains « amis » dans le besoin. Il réalise aussi la décoration du théâtre germanique de New York (disparu). C'est sur sa proposition que le Comité des Slaves fut créé à New York.
L'idée qui le taraude depuis des années de réaliser vingt toiles monumentales pour illustrer l'histoire et l'essor des Slaves, depuis les festivités de la Saint-Guy à Rujana jusqu'à la libération du peuple slave, prend peu à peu corps. Après une période de négociations et de présentation du projet, l'homme d'affaires fortuné américain Charles R. Crane met à sa disposition les fonds nécessaires à leur exécution et Mucha, à son retour enBohême, réalise en dix ans ce qu'il considérait comme son œuvre majeure,L'Épopée slave.
En 1938, Mucha contracte une pneumonie, sa santé se détériore.
Le, les troupes allemandes font leur entrée dans Prague. En tant que personnalité tchèque, dévoué à sa nation et défenseur de l'identité slave, il est rapidement arrêté et interrogé par laGestapo qui s'intéresse également à lui du fait de son appartenance à lafranc-maçonnerie. Relâché pour cause de santé fragile, il meurt des suites de sa pneumonie quelque temps après àPrague, le. L'Église catholique lui ayant refusé une sépulture en terre chrétienne du fait de son appartenance à la franc-maçonnerie, son corps est jeté à la fosse commune[13]. Une plaque commémorative lui est dédiée aucimetière des Grands Hommes de Prague.
Son fils,Jiří Mucha, un auteur qui a beaucoup écrit sur son père, a souvent attiré l'attention sur son travail[14].
Série de lithographies en couleurs intituléeLes Heures du jour (1899) :Éveil du matin, Éclat du jour, Rêverie du soir etRepos de la nuit (39 × 107,7 cm) ;
Série de lithographies en couleurs intituléeLes Pierres précieuses (1900) :La Topaze, Le Rubis, L'Améthyste etL'Émeraude (30 × 67,2 cm) ;
Illustration deClio d'Anatole France, Calmann-Levy, 1900 ;
Mucha 1860-1939 peintures illustrations - affiches arts décoratifs (Paris, éditions des Musées Nationaux, coll. « Les dossiers d'Orsay »), catalogue de l'exposition présentée auGrand Palais à Paris du au, puis à l'Institut Mathildenhole à Prague).
Victor Arwas, Paul Greenhalgh, Dominique Morel etMarc Restellini [archive],L'Art nouveau, la révolution décorative, Éd. Pinacothèque de Paris/Skira ; catalogue de l'exposition à laPinacothèque de Paris, 2013.
Sam Staggs,L'esprit de Mucha - Un hommage à l'artiste dans une vieille maison de Prague, (Architectural Digest n°10/mars 1989, pp. 106 à 111 et 132, photographies de Derry Moore).