Alexandria est une ville de l'État deVirginie auxÉtats-Unis. En 2020 sa population s’élevait à 159 467 habitants. Elle est située sur la rive ouest du fleuvePotomac au sud deWashington.
Comme le reste de la Virginie du nord, et leMaryland du sud, la ville a été largement modelée par sa proximité avec la capitale fédérale (elle fit d'ailleurs partie dudistrict de Columbia dès sa création en1791, avant d'être rétrocédée par leCongrès à l'État de Virginie en1846). De par sa proximité avec la capitale fédérale et lePentagone, elle est principalement peuplée de fonctionnaires et d’employés des entreprises en contrat avec le gouvernement fédéral. Ces entreprises sont localement appelées« Beltways Bandits » (qui pourrait se traduire en français par les « bandits du périphérique »), allusion à la« Capital Beltway » qui est le nom du boulevard périphérique de Washington. L'un des plus grands employeurs d'Alexandria est ledépartement de la Défense américain.
Alexandria accueille aussi de nombreuses associations caritatives et bénévoles, telles que le siège américain de l'Armée du salut.
Le centre historique d'Alexandria est appelé« Old Town » (la vieille ville). C'est le lieu de prédilection destouristes et de ceux qui apprécient la vie nocturne. Comme leOld Town, une grande partie des quartiers d'Alexandria forme unebanlieue aisée.
Market Square (la place du marché) dans leOld Town fut le plus grandmarché aux esclaves des États-Unis en son temps. Aujourd'hui on y trouve une grande fontaine et on y tient un marché (de produits fermiers)hebdomadaire.
Le climat de la région est caractérisé par des étés chauds et humides, et des hivers généralement doux à frais. Selon laclassification de Köppen, Alexandria bénéficie d'unclimat subtropical humide, en abrégé Cfa[1].
Carte du Comté d’Alexandria (1878), englobant l'actuelComté d'Arlington et la ville. Cette carte indique les noms des propriétaires de l’époque. Les limites de la ville coïncident à peu près avec celles d’Old Town.
Le premier village européen s’est constitué en 1695 dans ce qui n’était encore que laColonie de Virginie de l’Empire britannique. Les strictsquotas de 1730 sur le tabac(en) de Virginie imposés par la métropole imposaient que toute la production de tabac de la colonie devait être enregistrée dans les entrepôts britanniques les plus proches pour inspection avant sa mise en vente : le site désigné pour l’un des entrepôts du cours supérieur duPotomac était la confluence avec le ruisseau deHunting Creek[2] ; mais la rivière n'étant pas assez profonde à cet endroit pour permettre aux chalands d'accoster, les autorités lui préférèrent une estacade située à 1 km en amont.
En 1745, au terme d’un procès de dix années opposant les colons àLord Fairfax sur la délimitation de la concession deNorthern Neck (où leConseil privé de Londres avait reconnu les droits de Lord Fairfax à étendre ses terres), quelques gros propriétaires du comté de Fairfax se regroupèrent au sein de l’Ohio Company de Virginie. Dans leur projet d’étendre le commerce vers l’intérieur du continent, ils recherchèrent un entrepôt voisin du terminal fluvial du Potomac, et naturellement la régie de tabac deHunting Creek se trouva former un port de commerce idéal. Cependant, les planteurs de tabac locaux désiraient qu’une nouvelle colonie s’établissent àHunting Creek, pour ne plus dépendre du même entrepôt que les champs de tabac plus à l’aval[3].
Vers 1746, un capitaine, Philip Alexander (1704–1753), colonisa les terres au sud de l’actuelleDuke Street d’Alexandria : ces champs d'une superficie de200ha, étaient délimités par les ruisseaux deHunting Creek et deHooff’s Run, et lePotomac. Lors de l’ouverture de la session législative 1748–49 du conseil de Virginie, les planteurs de tabac de Northern Neck exigèrent du parlement de Virginie l’extension du comté pour fonder une nouvelle ville au bord du fleuve. Afin d’éviter l’expropriation, Alexander et son cousin John Alexander (1711–1763) firent donation d’une partie de leurs terres plus près du fleuve et le, les représentants approuvèrent la création de la ville[4]. Les lots de terrain furent vendus aux enchères par le géomètre du comté les 13 et. Les planteurs, majoritairement écossais, appelèrent d’abord leur villeBelhaven, en hommage à leur compatrioteJohn Hamilton(en), seigneur de Belhaven et Stenton, mais ce nom ne fut jamais approuvé par les représentants de l’État et il tomba en désuétude dès le milieu des années 1750[5]. La ville, baptiséeAlexandria, ne fut enregistrée comme ville desÉtats-Unis qu'en 1779.
La maison Carlyle, classée au patrimoine fédéral américain, servit de quartier général au général britanniqueEdward Braddock dans la conquête de la vallée de l'Ohio.
Au mois de, des commissaires députés par les États de Virginie et du Maryland se réunirent à Alexandria pour débattre des relations commerciales entre leurs deux états. Ces pourparlers, qui se conclurent àMount Vernon, aboutirent à la proclamation de la liberté de commerce et de navigation sur tout le Potomac. Cet accord s'étendit à d'autres états à la convention d'Annapolis (1786), qui prélude à laConvention de Philadelphie de 1787.
En 1791,George Washington décida d’inclure Alexandria dans le nouveaudistrict de Columbia : c’est ainsi qu’une partie d'Alexandria (le quartier d’Old Town), comme la totalité ducomté d'Arlington, qui se trouvait à l’origine en Virginie, fut cédée pour former ledistrict de Columbia, avant d'être rétrocédé à la Virginie par le gouvernement fédéral en 1846. La cité d'Alexandria a dû être pour cette raison ré-immatriculée en 1852.
Navire négrier embarquant des esclaves sur le quai d’Alexandria (1836). Avec la rétrocession de ce port actif dans lecommerce triangulaire, la Virginie bascula définitivement dans le camp esclavagiste de laConfédération.
Entre 1828 et 1836[7], Alexandria organisa l'un des principaux marchés aux esclaves des États-Unis,Franklin and Armfield Office(en) : dès les années 1830, plus de 1 000 esclaves partaient chaque année d’Alexandria pour être revendus sur les marchés deNatchez et deLa Nouvelle-Orléans[8]. Racheté par Price, Birch & Co., l’enclos aux esclaves d’Alexandria devint une prison au cours de laguerre de Sécession[9].
La compétition croissante avec le port deGeorgetown et l’expansion de la rive nord du Potomac sous l’impulsion duChesapeake and Ohio Canal, enfin la propagation desidées abolitionnistes à Washington, suscitèrent une hostilité croissante entre les planteurs d’Alexandria et les citoyens du district de Columbia. Au terme d’un référendum, le Congrès vota le retour de la ville à l'État de Virginie le[10]. Finalement la ville d’Alexandria prit son indépendance d’avec le comté d’Alexandria en 1870, et le reste du comté prit le nom decomté d'Arlington en 1920.
Les premiers affrontements entre Nordistes et Sudistes au cours de laguerre de Sécession eurent lieu à Alexandria : un mois à peine après labataille de Fort Sumter, le, l'armée nordiste s'empara de la ville après un débarquement depuis le Potomac à l'entrée deKing Street. À une centaine de mètres du point de débarquement, le commandant du11e régiment de volontaires d'infanterie de New York, le colonel Elmer E. Ellsworth partit à l'assaut avec un faible détachement pour se saisir du granddrapeau confédéré qui flottait sur les toits de l'auberge deMarshall House, et que l'on voyait même de la Maison-Blanche. En descendant du toit, Ellsworth fut tué par le propriétaire de l'auberge, le capitaine James W. Jackson, sur quoi l'un des hommes d'Ellsworth abattit Jackson immédiatement[11]. La mort d'Ellsworth en fit un martyr de la cause abolitionniste, cependant que l'incident portait l'émoi de l'opinion nordiste à son paroxysme[11].
Tant que l'esclavage n'était pas aboli, les esclaves en fuite restaient, légalement parlant, propriété de leurs anciens maîtres : aussi les inculpa-t-on de contrebande comme prétexte pour les retenir dans le Nord. Ces contrebandiers servirent de troupes auxiliaires. Les esclaves enfuis furent recrutés comme garnison d'Alexandria, et la ville resta sous occupation militaire jusqu’à la fin de la guerre. L'une des enceintes fortifiées de l'armée de l'Union,Fort Ward(en), se trouve aujourd'hui à la limite de la commune d'Alexandria[12]. Avec la création de l'État deVirginie-Occidentale en 1863, Alexandria devint le siège d'un gouvernement provisoire, dit« Alexandria Government. »
Suffisamment en arrière du front, les villes d'Alexandria et de Washington offraient non seulement une relative liberté, mais aussi du travail. Au cours de la guerre, l'armée d'occupation nordiste avait fait d'Alexandria un gigantesque dépôt militaire et un hôpital[13]. Selon une statistique, la population d'Alexandria avait atteint 18 000 habitants à l'automne 1863, soit une augmentation de 10 000 habitants en l'espace de 16 mois[13].
Selon l'American Community Survey, pour la période 2011-2015, 67,43 % de la population âgée de plus de 5 ans déclare parler l'anglais à la maison, 13,41 % déclare parler l'espagnol, 6,67 % une langue africaine, 2,39 % l'arabe, 0,89 % lefrançais, 0,81 % letagalog, 0,73 % unelangue chinoise, 0,71 % lecoréen, 0,70 % lecréole haïtien, 0,57 % lepersan et 5,68 % une autre langue[14].
↑H. McIlwaine,Journals of the House of Burgesses of Virginia, 1742–1747, 1748–1749 – Virginia. General Assembly. House of Burgesses, Virginia State Library, Heritage Books, Inc.,, 427 p.(ISBN978-0-7884-0199-2)