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| Nom de naissance | Alexandre Émile Jean Yersin |
|---|---|
| Naissance | Aubonne,Vaud,Suisse |
| Décès | (à 79 ans) Nha Trang,Annam,Indochine française |
| Sépulture | Nha Trang |
| Nationalité | Française Suisse |
| Formation | Université de Lausanne |
|---|---|
| Profession | Médecin Bactériologiste |
| Employeur | Institut Pasteur,Messageries maritimes etuniversité de médecine de Hanoï |
| Travaux | Co-découvreur de latoxine diphtérique avecÉmile Roux Découvreur du bacille de lapeste Explorateur de l'Indochine |
| Distinctions | Prix Leconte Grand officier de la Légion d'honneur |
| Membre de | Institut Pasteur Académie des sciences d'outre-mer |
| Influencé par | Kitasato Shibasaburō etLouis Pasteur |
|---|
Alexandre Yersin, né le près d'Aubonne ou deMorges, dans la région viticole de la Côte ducanton de Vaud (Suisse) et mort le àNha Trang (protectorat d'Annam, actuelViêt Nam), est unmédecin,bactériologiste etexplorateur franco-suisse. On doit surtout à Yersin la découverte en1894 dubacille de lapeste (Yersinia pestis) et la préparation du premier sérum anti-pesteux, ainsi que l'étude de latoxine diphtérique.
En1888, à 25 ans, Alexandre Yersin devient médecin à Paris avec sa thèse :Études sur le développement du tubercule expérimental, dont lebacille responsable portera le nom detype Yersin. En 1889, il prend la nationalité française. Disciple dePasteur, Yersin appliquait une rigoureuse démarche scientifique, « la méthode pasteurienne ». En1890, lassé des laboratoires, il devient médecin embarqué desMessageries maritimes et découvre ainsi l'Indochine française qu'il obtient la permission d'explorer et où il crée la ville deDalat avec l'aide du gouverneurPaul Doumer. En 1899, Yersin introduit l'hévéa dans la région deNha Trang. Il est fondateur en 1902 de l'École de médecine deHanoï (devenue depuisuniversité de médecine de Hanoï) dont il est le premier directeur. En 2014, Alexandre Yersin est nommé citoyen d'honneur du Vietnam à titre posthume[1].
Alexandre Yersin est le dernier d'une fratrie de trois enfants. Les Yersin sont membres del'Église évangélique libre du canton de Vaud. Sa mère a une ancêtre originaire desCévennes chassée par larévocation de l’édit de Nantes. Son père, qui se prénomme également Alexandre (1825-1863), intendant des poudres de laSuisse romande, à La Vaux, dans le vallon de l'Aubonne, mais également professeur de sciences naturelles aux collèges d'Aubonne et deMorges, meurt d'unehémorragie cérébrale peu avant sa naissance[2],[3]. Sa mère élève seule leurs trois enfants (Émilie, Franck et Alexandre) et s'installe à Morges, à la rue de Lausanne 11, où elle ouvre une institution pour jeunes filles[4]. En1882, Alexandre Yersin obtient samaturité gymnasiale ès lettres (examen sanctionnant la fin des études secondaires) au gymnase cantonal, et entame desétudes de médecine, en1883, à l'ancienneacadémie de Lausanne, où il porte les couleurs de la société d'étudiantsStella Valdensis. Il poursuit sa formation médicale àMarbourg enAllemagne. Puis, en1885, Yersin arrive enFrance, continue ses études à l'Hôtel-Dieu de Paris où il devient externe dans le laboratoire du professeur Cornil. Là, il fait une rencontre déterminante en la personne d'Émile Roux.
Ce dernier lui ouvre les portes de l'institut Pasteur et lui permet de participer aux séances devaccination contre larage. Avec lui, il découvre en1886 latoxinediphtérique. En1888, il passe son doctorat en soutenant unethèse sur latuberculose expérimentale où il décrit les lésions d'un lapin atteint de tuberculose, ce qui lui vaut la médaille de bronze de la faculté de médecine de Paris en 1889. Il suit àBerlin le cours debactériologie deRobert Koch. En1889, il devient le premier préparateur du cours demicrobiologie de l'institut Pasteur. Ce cours marque la très grande influence de larecherche française à l'étranger. Après de nombreuses formalités, il obtient la nationalité française cette même année.

Cette orientation vers l'enseignement déplait à Yersin qui est de tempérament ombrageux, solitaire et misanthrope. Dès1890, il éprouve le besoin de voyager après des mois de travail acharné sur latuberculose et ladiphtérie à l’institut Pasteur. Après de courts séjours en Normandie où il découvre la mer, il décide de partir dans les colonies françaises. En septembre1890, il rejoint l’Indochine française, où il devient médecin desMessageries maritimes. Épris de ce pays, il réussit en1891 à obtenir desMessageries maritimes la permission d’explorer l’Indochine. De là, prendront naissance trois expéditions à travers la jungle indochinoise, région peu connue, sauvage et réputée dangereuse. Durant l’année1891, Alexandre Yersin traverse fleuves et forêts tropicales et apprend à vivre dans ces lieux. Il s'établira et restera attaché à ce qui était à cette époque un petit village de pêcheur,Nha Trang. C'est au cours de cette première expédition qu'il découvre le site et l'excellent climat de ce qui deviendraĐà Lạt.
En1892, il s'engage comme médecin de santé coloniale en Indochine sur les conseils deCalmette. Il franchit tous les grades de médecin de2e classe jusqu’à celui de médecin principal de1re classe (cinq galons) le, avant d’être admis à la retraite en 1920, en qualité de médecin colonel. C’est sous le képi rouge à l’ancre de marine qu'il fait toute sa carrière en Indochine
Il part, cette fois officiellement mandaté, pour explorer leprotectorat d'Annam, il sillonne les reliefs de la région deNha Trang. Il se révèle excellent explorateur par la réalisation de cartes d’une grande précision et par de nombreuses observations (populations locales, ressources, économie, etc.). À la fin de cette mission, Yersin rentre enFrance pour faire part de ses découvertes, et donne quelques conférences.
Il repart rapidement et prend, le, le bateau deMarseille àSaïgon. Là-bas, une mission scientifique lui a été confiée par l’Instruction publique afin d’explorer les forêts et les rivières[5] de laCochinchine au sud de l'Annam ; ces explorations dangereuses lui vaudront d'élogieux compliments, dont ceux deLouis Pasteur lui-même. Après sept mois de voyage auprès des populations indigènes, Yersin rejointSaïgon. Cette dernière expédition n'est que partiellement réussie : il n’a pu explorer qu’une partie du territoire qu'il lui avait été demandé de cartographier. Yersin a cependant notablement contribué à la connaissance de la topographie du pays, mais également à l’anthropologie ; il a pris l’habitude de décrire très précisément les coutumes, mœurs et habitats des tribus rencontrées. Par exemple : « Quoique formant pour ainsi dire une seule et même famille, les Moïs (ethnies des hauts-plateaux) n’ont aucune espèce d’unité politique. Non seulement il n’y a pas de chef de tribu mais on peut même dire qu’il n’y a pas de chef de village. »
La rigueur avec laquelle Alexandre Yersin a exploré ces terres inconnues n’étonne pas, puisqu'il connaissait la rigueur des laboratoires ; on peut s'étonner, en revanche, de sa surprenante condition physique, conservée dans des conditions de vie et climats aussi difficiles. À sa mère, qui lui demande par lettre s'il n'a pas maigri, il répond : « Je continue à me bien porter et je pèse comme toujours entre 58 et 60 kilos ! »
En1894, Yersin met fin à sa carrière de grand explorateur et se lance dans l'élevage de chevaux et de bovins pour la production de ses sérums.
Quand une épidémie depeste originaire deMongolie atteint en1894 la côte sud de la Chine et notammentHong Kong, le gouvernement français ainsi que l’institut Pasteur mandatent Yersin pour y étudier les raisons de l’épidémie. Entre le 12 et le, Yersin voyage vers Hong Kong et emporte avec lui du matériel emprunté au laboratoire demicrobiologie de l’hôpital deSaïgon. À son arrivée, il apprend qu’une équipe de savants japonais menée parKitasato Shibasaburō envoyée par le gouvernement japonais, est également présente pour étudier la nature de cette maladie. Du 17 au, il est écarté des hôpitaux anglais, ces derniers, étant à cette époque germanophiles, donnent leur préférence aux Japonais (formés par les Allemands). Yersin décide alors de se faire construire une petite paillote dans laquelle il installe un laboratoire rudimentaire.
Avec quelques piastres distribuées à des matelots anglais ayant pour mission d'enterrer les cadavres, il a accès au dépôt mortuaire où il peut prélever quelques bubons et les ramener dans son laboratoire.
« Je fais rapidement une préparation et la mets sous le microscope. Au premier coup d'œil, je reconnais une véritable purée de microbes tous semblables. Ce sont de petits bâtonnets trapus, à extrémités arrondies et assez mal colorés au bleu deLöffler (...) Il y a beaucoup de chances pour que mon microbe soit celui de la peste, mais je n'ai pas encore le droit de l'affirmer. »
Il l'affirme quelques jours plus tard en adressant à Paris des souches de peste et la description précise et exacte du bacille, qui sera lue le à l'Académie des sciences, et publiée dans le numéro de septembre desAnnales de l'institut Pasteur. De son côté, Kitasato publie sa découverte d'un bacille pesteux (obtenu à partir du sang) dans leLancet du. Les deux bacilles sont différents, celui de Yersin est Gram-négatif et immobile, celui de Kitasato est Gram-positif et mobile. Une controverse de priorité s'est établie entre Kitasato et Yersin. Finalement, il est apparu que le bacille de Kitasato correspondait à une culture contaminée par unpneumocoque (dont la mobilité apparente aurait été due à desmouvements browniens), alors que celui de Yersin correspond àYersinia pestis[6],[7].
Bien qu’ayant réussi à isoler ce microbe responsable de millions de morts durant l’histoire, Yersin ne parviendra pas à résoudre le problème de la transmission de la maladie du rat à l’homme. Il envisagera le rôle de la mouche, mais il sera l'un des premiers à reconnaître, dès1898, la découverte d'un autre pasteurien,Paul-Louis Simond, démontrant le rôle de la puce du rat[6].
En octobre1894, Yersin cherche à créer un vaccin pour prévenir lapeste et un sérum pour la guérir. Il s’installe àNha Trang au sud de l'Annam, endroit qu’il avait déjà visité durant ses expéditions. Cet endroit était judicieux pour plusieurs raisons. Il offrait la possibilité d’être isolé tout en restant proche deSaïgon et donc en communication avec laChine et l’Inde, deux grands foyers de la peste. En1895, il crée l'institut Pasteur de Nha Trang et met en place un laboratoire et tous les équipements nécessaires à la préparation du vaccin contre la peste. L’année1896 voit une nouvelle grande épidémie de peste se déclarer àCanton, enChine. Yersin décide alors de s'y rendre pour tester son sérum antipesteux (sérum de cheval immunisé contre des cultures deYersinia pestis prélevé chez l'homme). De juin1897 à juin1898, Alexandre Yersin sillonne l’Inde en suivant les différentes épidémies de peste afin de perfectionner son sérum qui s’avère trop peu efficace.Paul-Louis Simond vient le relayer pour tenter de mieux faire. Car, comme l'a souligné Jean-Jacques Dreifuss, dans le journal24 Heures du jeudi, « Identifier le bacille ne signifie hélas pas encore trouver le traitement de la maladie[8]. »
Son laboratoire deNha Trang s’oriente donc vers les maladies infectieuses chez les animaux, et Yersin étudie activement une autre sorte de peste, la peste bovine, avec laquelle il obtient beaucoup plus de succès. Bien qu'échouant à isoler l’agent de cette seconde peste, il réussit à préparer de grandes quantités de sérum antipestique, à ne pas confondre avec le sérum antipesteux qui soigne la peste « humaine » ditebubonique. Un élevage étant nécessaire pour la création de ce sérum, Alexandre Yersin tente, avec peu de succès, de faire venir des vaches et des poules de Suisse afin d'améliorer le cheptel local par croisements. Tout ceci ayant un prix, Yersin se lance également dans la culture de l'hévéa et de la quinine pour trouver les financements nécessaires.

Ainsi, dès1898, Yersin s’intéresse à la culture[9] d'Hevea brasiliensis, autrement dit l'arbre à caoutchouc qu'il importe et acclimate avec l'aide d'Édouard Heckel[10]. Il réussit à l'introduire en1899 après plusieurs essais, et ses récoltes de latex sont achetées dès1903 par les frères Michelin. D'ailleurs, une forêt d'hévéas est proche de Nha Trang. Il fournira la firmeMichelin pour la première récolte dulatex. Yersin suit alors de très près les problèmes agronomiques des plantations d'hévéas et les problèmes techniques du caoutchouc produit, pour en tirer le profit maximal et ainsi financer ses recherches médicales[11]. Cet arbre est encore à l’heure actuelle l'une des ressources duViêt Nam. Yersin essaye d’autres cultures comme celle du cacao, du café, du manioc, dupalmier à huile, du cocotier ainsi que de plusieurs espèces tropicales aux vertus thérapeutiques. Ces différents essais rencontrent un succès mitigé et Yersin se tourne en1915 vers la plantation deCinchonas pour produire laquinine qui permet de traiter lepaludisme. Ces plantations lui permettent de subvenir à ses besoins en bétail et matériel, et de développer l’agriculture indochinoise. Sur les conseils de sa sœur Émilie, qui tenait un élevage modèle de poules àMorges sur les bords du Léman, Alexandre Yersin importe des poules européennes au Vietnam et tente de reproduire les expériences de sa sœur[12].
Durant cette période s'est développéeDalat, tout d'abord un centre de sanatoriums, la ville est devenue par la suite une station de villégiature d'altitude pour les riches Saïgonnais, d'où la multitude de superbes villas coloniales et autres bâtiments de styleArt déco. Yersin développe les cultures florales,maraîchères, decaféiers et d'hévéas dans les collines autour de Dalat, encore aujourd'hui grand centre de ces productions. Une avenue, une rue et même une université et deux lycées nommés « Yersin », devenuslycée Yersin international à Hanoï et lycée Yersin à Dalat[13] (créé en 1927, il prit le nom de Yersin en 1935 et fut inauguré en 1941) illustrent la reconnaissance qu'en ont les Vietnamiens.
Hubert Marneffe, qui dirigea l’Institut Pasteur de Saïgon pendant une dizaine d’années et fréquenta longtemps Yersin, a décrit celui-ci comme « secret jusqu’à l’outrance », ce que son premier biographe Bernard Noël confirme : « Yersin durant toute sa vie avait recherché l’effacement. Il s’était retranché dans une solitude jalouse[14] ».
L'historienne Jacqueline Brossollet (1926-1999) et le docteur Henri Hubert Mollaret (1923-2008), à qui la correspondance privée d’Alexandre Yersin a été offerte par sa petite-nièce, Mme Bastardot-Yersin, correspondance déposée depuis à l’Institut Pasteur, évoquent des rumeurs plus ou moins calomnieuses qui furent avancées pour expliquer sa discrétion concernant sa vie privée :
« Yersin aurait eu un fils d'une ravissante femme de la tribu Rhadé; ce fils n'aurait jamais vécu avec son père mais serait demeuré près de sa mère dans les montagnes; [...] Cette légende passait pour "vérité vraie" parmi le personnel annamite de l'Institut Pasteur de Nha Trang. »[15]
« Assurément sa vocation n’était pas matrimoniale. Fut-elle incertaine, voire ambigüe comme certains l’ont insinué ? Je ne le crois pas : si l’on a pu le soupçonner de pédophilie, c’est parce que sa timidité le faisait se sentir plus à l’aise parmi les enfants que parmi les adultes[16]. » Or, bien que ces deux biographes qualifiés et reconnus, répondentnon à cette question, un article paru dans la très éphémère revueL'Élu (revue dont le projet éditorial revendique la fierté d'être amoureux des garçons[17], et qui ne parut qu'à cinq reprises dans les années 2000) conclut au vu des réflexions présentées, que cela« paraît établir assez clairement l'amour de Yersin pour les petits garçons »[18]. En 2023, paraît cependant un article en quatre parties ([19],[20],[21],[22]) qui vient réfuter par une enquête approfondie cette conclusion qui ne se base sur aucune preuve factuelle. Aucun contemporain du Docteur Yersin, français ou vietnamien, adulte ou enfant, garçon ou fille, n'a jamais rapporté de gestes désobligeants de sa part. Bien au contraire, les témoins de son époque ne cessent d'en célébrer les mérites. Alexandre Yersin, naturellement timide et réservé (notamment avec les femmes ce que l'on interprétera abusivement comme de la misogynie), vivait de manière quasi-monastique et goûtait peu les plaisirs terrestres : sa nourriture était simple, il ne buvait pas d'alcool, il dédiait sa fortune à la science et au bien commun et, en dehors de ses travaux de recherche, il passait son temps souvent seul à s'occuper de ses plantes et de ses animaux. C'est vraisemblablement son dévouement pour les plus faibles et son absence de vices qui furent à l'origine de la vénération que les Vietnamiens lui vouent encore de nos jours.
Parallèlement à ses activités agricoles, Yersin reste présent dans le monde scientifique indochinois. En1902, le gouverneur général de l’Indochine française le charge de créer et de diriger l'École de médecine de Hanoï. Après deux années passées en tant que doyen de cette institution, Yersin désire être remplacé et retourne àNha Trang où il poursuit ses activités de recherche. En1904, son laboratoire reçoit le nom d’institut Pasteur de Nha Trang, et l’institut Pasteur deParis lui donne la responsabilité de l'institut Pasteur de Saïgon[23] fondé en1890 parAlbert Calmette. Yersin accepte cette responsabilité et délègue leDr Paul Brau pour l’institut deSaïgon, qui écrit en 1931Trois siècles de médecine coloniale française[24]. À cela, on peut ajouter le fait qu’il est élu membre correspondant non-résident[25] pour la section de médecine et de chirurgie de l’Académie des sciences. Il exercera la charge de directeur des instituts Pasteur d’Indochine jusqu’en1924, année où il devient, à titre honorifique, inspecteur général des établissements de l’institut Pasteur d’Indochine. En 1933, à la suite des décès successifs d'Albert Calmette en octobre et d'Emile Roux en novembre, tous deux fidèles pasteuriens et amis de Yersin, le conseil d’administration de l’institut Pasteur crée le conseil scientifique de l’institut Pasteur et prend pour membre, entre autres, Alexandre Yersin. De plus, il est nommé directeur honoraire de l’institut Pasteur deParis où il viendra chaque année pour présider l’assemblée générale.
C’est grâce à son statut de médecin du corps de santé colonial, qu’il put, à la fois découvrir le bacille de la peste, créer le deuxièmeinstitut Pasteur en Indochine, explorer la chaîne annamitique, être à l’origine de la ville deDalat, ouvrir l’École de médecine de Hanoï, introduire la culture de l’hévéa, duquinquina. Les touristes ne connaissent généralement de ses explorations que la découverte du site sur lequel fut fondée la ville deDalat, dominée par leLang Bian[26].
Il est fait grand officier de la Légion d'honneur en1939[27].
Alexandre Yersin est surtout connu comme découvreur du bacille de lapeste et comme principal acteur du gigantesque développement qu’a connu l’Indochine française.
Alexandre Yersin décède le d'unemyocardite, à l'âge de 79 ans, dans sa maison deNha Trang. Le cercueil est suivi par une foule immense qui tient à rendre hommage à cet homme qui respectait les personnes âgées, soignait gratuitement les plus démunis et adorait les enfants[28].Il avait, en effet, toujours une friandise pour eux ou les aidait volontiers à construire des cerfs-volants[réf. souhaitée]. Son corps est inhumé sur une petite colline de laquelle il pouvait contempler la montagne où il avait réussi à faire pousser l’arbre à quinine.


Alexandre Yersin reste relativement peu connu enSuisse et enFrance, son pays d’adoption, comparativement auViêt Nam où il a acquis une plus grande notoriété.
En Suisse, on trouve à son nom une rue àAubonne (avec plaque sur sa maison), ainsi qu'àMorges. Des bâtiments portent aussi son nom, un auditoire aucentre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) àLausanne et une plaque sur legymnase de la Cité àLausanne. Unamphithéâtre ducentre hospitalier universitaire vaudois, affilié à la faculté de biologie et de médecine de l'université de Lausanne, porte également son nom.
En France, une rue lui est dédiée àLille ainsi qu'àBordeaux dans le quartier de la Benauge, àAvignon, àPoitiers, àDole, àLoos ou encore une impasse auxSables-d'Olonne (ancienne impasseClaude-Bernard deChâteau-d'Olonne). On trouve aussi des places, laplace du Docteur-Yersin àParis dans le13e arrondissement[29] et la place Alexandre-Yersin àMontpellier. Unamphithéâtre de l'Institut de médecine tropicale du service de santé des armées àMarseille, situé à l'entrée du parc duPharo, portait son nom. À Paris encore, une maison de santé (Paris,13e), une résidence universitaire[30] et une résidence en autonomie gérée par lesPetits Frères des pauvres, portent son nom[31].
En, un navire écologique[32] leYersin[33] construit àConcarneau a été inauguré àMonaco par le princeAlbert II. L’armateur étant François Fiat, fondateur de la chaîne de supermarchésLeader Price. Ce bateau est parti de Monaco le pour une campagne d’étude océanographique de trois années autour du monde. (expédition scientifique parrainée par laFondation Prince-Albert-II). C'est un navire propre classécleanship et qui a pour vocation d'être un navire de recherches et d'explorations. Le projet contribue à la mémoire de l'éminent scientifique. Navire à propulsion électrique ne rejetant rien à la mer car il recycle ses eaux usées. La devise du bateau est une des devises favorites de Yersin :Ce n'est pas une vie que de ne pas bouger.
En 1985, Henri Mollaret et Jacqueline Brossolet publientAlexandre Yersin ou le vainqueur de la peste[34].
En 1996, une biographie romancée sort chez Albin Michel :Docteur Nam, la fabuleuse histoire de l'homme qui soigna la peste, par Élisabeth du Closel (prix Santé en 1997, traduite en vietnamien).
En 2012, un roman lui est consacré,Peste et Choléra dePatrick Deville, auxéditions du Seuil (Prix du roman Fnac etPrix Femina)[35].
Des timbres-poste présentant le portrait d'Alexandre Yersin ont été édités successivement en Indochine en 1943 (6 et 15 centimes), en Suisse en 1971 (10 centimes), en France en 1987 (ce timbre français surtaxé - 2,20 + 0,50 francs - lui est consacré dans la sériePersonnages célèbres, aux côtés deCharles Richet,Eugène Jamot,Jean Rostand,Bernard Halpern etJacques Monod), puis en 2013 (0,63 et 0,95 euro, avec un portrait au premier plan et la mention « France Vietnam » en sous-titre), et au Vietnam en 1994 (400 dongs).
Au Viêt Nam, comme le prouve ce témoignage de M. Dang Anh Trai, dernier survivant à avoir travaillé avec le docteur Yersin, dans le24 Heures du samedi et dimanche 7- : « On le considérait comme un Bouddha vivant[36], un Bodhisattva qui a sauvé le monde et les humains, plaçant son portrait au premier rang à côté des Bouddhas. »
On peut également remarquer que le Vietnam, à l’histoire pour le moins mouvementée et où presque toutes les rues de l'Indochine ont été rebaptisées avec des noms vietnamiens, conserve encore auXXIe siècle des rues aux noms français, ceux dePasteur,Calmette et Yersin. En effet, les Vietnamiens considèrent que ces hommes ont vraiment été bénéfiques pour leur pays. De plus, Alexandre Yersin possède, à côté de sa tombe, un petitpagodon toujours orné de fleurs et d’encens, ce qui représente un honneur sans précédent pour un étranger. En était présentée une statue de granite de 4,6 m de hauteur (piédestal de 0,6 m compris) d’Alexandre Yersin, devant être installée dans le parc Yersin de Nha Trang, en témoignage de la reconnaissance de la population de laprovince de Khánh Hòa[37]. Yersin y est vénéré.
Un musée lui est consacré dans l'enceinte de l'institut Pasteur de Nha Trang[38].
Alexandre Yersin a donné son nom aux lycées français deĐà Lạt et deHanoï. Le consulat général de France àHong Kong a également baptisé sa bourse d'excellence Alexandre Yersin.
AuVietnam, il est surnomméOng Nam[39] ouMonsieur Nam. En fait,Ong Nam veut dire « Monsieur Cinq » en rapport avec ses cinq galons de médecin-colonel[40] du Service de Santé Colonial dans lequel il s'était engagé en 1892 pour assurer son avenir et sur les instances de Calmette, lui-même médecin militaire. Il sera admis à la retraite en 1920 après 28 ans de service.

Par ailleurs :
En 2013, pour la célébration de la naissance et du décès du savant humaniste, l'association caritative le Liseron de France crée le prix Alexandre-Yersin. Ce prix s'inscrit dans le cadre de l'année croisée France-Viêt Nam, sur la base d'un concours de nouvelles, il récompense les étudiants vietnamiens francophones de moins de 23 ans[42].
Dans une des lettres à sa mère il écrit :« Tu me demandes si je prends goût à la pratique médicale. Oui et non. J'ai beaucoup de plaisir à soigner ceux qui viennent me demander conseil, mais je ne voudrais pas faire de la médecine un métier, c'est-à-dire que je ne pourrais jamais demander à un malade de me payer pour des soins. »
Plus tard dans une autre lettre, alors qu'il soigne gratuitement des Annamites, il écrit encore :« Je ne fais pas payer ces gens, lamédecine c'est mon pastorat. Demander de l'argent pour soigner un de ces malades, c'est un peu lui dire la bourse ou la vie[44]. »
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