Née en 1872[3], fille unique du généralrusseMikhaïl Domontovitch, issue de l'aristocratie[3], Alexandra Domontovitch reçoit une éducation soignée et polyglotte. Ses origines partiellementcaréliennes lui permettent d'acquérir une bonne connaissance de la culture et de la languefinnoises, ce qui oriente sa carrière à partir de 1939.
Après avoir refusé, à l'âge de17 ans, un mariage arrangé, elle épouse à l'âge de20 ans un jeune officier dont elle est éprise, Vladimir Kollontaï[3], avec lequel elle a un enfant[3] et prend son nom en 1893. En1896, lassée de la vie de couple, elle rompt avec son milieu d'origine et part étudier l'économie politique à l'université de Zurich, où elle devient progressivementmarxiste. Appréciant les voyages, elle parcourt l'Europe, notamment la France, l'Allemagne et l'Italie. Elle se lie avecLénine etGueorgui Plekhanov, en exil en Suisse, ainsi qu'avec d'autres figures révolutionnaires, à l'instar deRosa Luxemburg en Allemagne ouPaul Lafargue en France[3].
Alexandra Kollontaï adhère aumarxisme et auPOSDR en 1898. En 1903 se produit la scission entrebolcheviks etmencheviks : rejetant dans un premier temps l'organisation militarisée[4] des bolcheviks, elle rejoint les mencheviks. Elle revient un temps en Russie pour participer à larévolution de 1905.
En 1908, elle est obligée de s'exiler en Allemagne et se rend ensuite dans toute l'Europe occidentale, faisant connaissance avec les plus importantes figures du socialisme international, commeKarl Kautsky,Clara Zetkin,Rosa Luxemburg etKarl Liebknecht. En 1911, elle entame une relation d'amour avec un compagnon d'exil,Alexandre Chliapnikov. Ils formaient un couple atypique : elle était une intellectuelle menchevique, d'origine noble, treize ans plus âgée que son amant ; lui était un métallurgiste autodidacte venu de la province russe et un leader bolchevique d'une certaine importance. La liaison se termine en 1916, mais deviendra bientôt une amitié profonde fondée sur une correspondance générale d'idéaux politiques, qui se poursuivra jusqu'au commencement des années 1930, désormais en pleinstalinisme[5].
En1914, elle s'oppose à laPremière Guerre mondiale, et pour cette raison rejoint les bolcheviks, en 1915. Elle déclarait ainsi en 1912 :« Le prolétariat russe, aux côtés de celui du monde entier, proteste contre toutes les guerres. C’est un fait bien connu que le prolétariat ne connaît aucune frontière nationale. Il ne reconnaît que deux "nations" dans le monde civilisé : les exploiteurs et les exploités[6]. »
Elle se réfugie quelque temps enEurope du Nord puis auxÉtats-Unis. Elle participe à larévolution de 1917 et devientcommissaire du peuple à l’Assistance publique (qui correspond aux actuels ministères de la santé) dans le gouvernement dessoviets, de à, ce qui fait d'elle la première femme du monde moderne à avoir participé à un gouvernement. Pendant la période révolutionnaire, elle épouse en secondes noces le marin bolcheviquePavel Dybenko, dix-sept ans plus jeune qu'elle, tout en conservant le nom de famille du premier mariage[7].
En 1919, elle crée leJenotdel (département du parti chargé des affaires féminines) avecInès Armand, ainsi que la revueLa Communiste qui en est l'organe.
Alexandra Kollontaï est rapidement en désaccord avec la politique du parti bolchevik, d'abord avec l'étatisation de la production au lieu de lacollectivisation, puis avec la réduction des libertés politiques, les conditions dutraité de Brest-Litovsk et la répression contre les autres révolutionnaires[réf. nécessaire]. En 1918, elle fait partie de la tendance « communiste de gauche », qui publie la revueKommunist. Elle se rallie en janvier1921 à une fraction du parti, « l'Opposition ouvrière » conduite parAlexandre Chliapnikov et parSergheï Medvedev, qui réclame plus de démocratie, l'autonomie des syndicats et lecontrôle ouvrier sur la production industrielle. Toutefois, au cours duXe Congrès duParti communiste, qui a lieu en, le droit de fraction est supprimé et l'Opposition ouvrière est dissoute. Les principaux représentants du courant ne cessent pourtant pas leur activité politique. Au mois de juillet, Alexandra Kollontaï prend la parole, au nom des autres, devant le3e Congrès de l'Internationale Communiste (Komintern) et attaque durement laNouvelle politique économique (NEP) soutenue par Lénine, accusée de démoraliser la classe ouvrière en galvanisant parallèlement les paysans et la petite bourgeoisie, et de conduire à la restauration du capitalisme.Trotski rétorque en la comparant même à « une Amazone », etKarl Radek corrige bruyamment : « Comme une Walkyrie ! »[8].
À la table de travail avecMarcel Body dans la légation soviétique àOslo (1923).
Alexandra Kollontaï devientchargée d'affaires et peu aprèsministre plénipotentiaire de l'Union soviétique en Norvège en1924 — elle y était attachée commerciale depuis 1922, mais ce n'était pas encore une légation à proprement parler[11] — ce qui revient à un exil de fait et lui interdit toute action dans la vie politique soviétique. Cela fait néanmoins d'elle l'une des premières femmes diplomates (les premières étant l'ArménienneDiana Abgar, la HongroiseRosika Schwimmer[note 2] et la BulgareNadejda Stancioff[note 3]). Elle n'est pas formellement inquiétée, mais les journaux de l'époque l'attaquent avec virulence en mettant l'accent sur sa vie sentimentale sulfureuse, n'hésitant pas à la surnommer : « la scandaleuse » ou « l'immorale ». Alors qu'elle effectue un voyage auxÉtats-Unis en qualité de représentante du Parti, les journaux soviétiques titrent :« La Kollontaïnette part pour l’étranger ; si ça pouvait être pour toujours ! »[12] Cet éloignement lui permet cependant d'échapper aux purges staliniennes (et à la potence), qui frapperont notamment ses anciens camarades de l'Opposition ouvrière et son propre ex-mari, Pavel Dybenko, au cours des années 1930.
Après des missions diplomatiques saluées — en tant que ministre et « représentante commerciale » — auMexique (1926-1927) et à nouveau enNorvège (1927-1930), Alexandra Kollontaï est envoyée en 1930 — encore en tant que « ministre plénipotentiaire » — enSuède, où elle demeure après le déclenchement de laSeconde Guerre mondiale, entre1940 et en1944. En 1936, elle rencontre àStockholmMarcel Body, qu'elle avait connu à Paris avant 1914 et lui transmet l'annonce de contacts secrets entreHitler etStaline, parce que ce dernier craint plus que tout une guerre avec le Reich, information qu'elle autorise Body à transmettre àLéon Blum, qui refusa d'y croire. En passant cette information, Alexandra Kollontaï prenait un risque énorme pour elle-même et sa famille. De retour àMoscou, elle est longuement interrogée par le chef duNKVD,Iejov, sur ses relations avec Body mais écarte ses soupçons[13]. Elle rencontre en le ministre de Belgique à Stockholm, le prince Réginald de Croÿ, et lui déclare :« L'intérêt évident des puissances européennes est de s'opposer à l'impérialisme allemand. Il est évident que le danger allemand est plus grand qu'on a cru »[14]. Elle mène les négociations pour les deux armistices entre l'URSS et laFinlande, en 1940, après laGuerre d'Hiver, et en 1944. En1943, lorsque la légation soviétique à Stockholm est élevée au rang d'ambassade, elle aussi est enfin officiellement promueambassadrice[15]. En août 1942, elle est victime d'un AVC qui la rend paralysée du côté gauche et aphasique pendant plusieurs mois ; elle ne se déplacera plus qu'en chaise roulante[16]. En 1944, elle négocie également, avec le diplomate roumainNeagu Djuvara, les termes de l'armistice avec la Roumanie[17]. En 1945, doyenne du corps diplomatique, personnalité en vue de la capitale suédoise, elle donne une réception de départ où se rend le Tout-Stockholm. Des hommes et femmes politiques scandinaves, dont le président finlandais et ancien ambassadeur à Moscou,Juho Kusti Paasikivi, proposeront sa candidature pour leprix Nobel de la paix, en 1946 et 1947[18].
Cependant, elle ne manque pas de dureté lorsqu'elle expose et défend les positions du gouvernement stalinien de son pays, dont elle est l'interprète scrupuleuse. À propos des prisonniers de guerre russes de la Seconde Guerre mondiale, considérés par principe comme des déserteurs par le gouvernement soviétique ou, au mieux, comme « des couards et des paniqueurs » et ainsi devenus « victimes de deux dictatures »[19],Nicolas Werth rapporte[20] :
« L'URSS ne reconnaît pas l'existence de prisonniers de guerre soviétiques », déclara en décembre 1941 Aleksandra Kollontaï, la plus célèbre égérie bolchevique féministe, ambassadrice de l'URSS à Stockholm, alors que laCroix-Rouge internationale proposait sa médiation auprès des autorités allemandes pour tenter d'alléger le sort des captifs soviétiques. Elle ajoutait : « Ceux qui se rendent aux Allemands sont des déserteurs[21]. »
LesGrandes purges des années 1930 ayant particulièrement renouvelé l'appareil diplomatique soviétique (auxquelles elle échappe avec certains anciens bolcheviks comme l'ambassadeur à LondresIvan Maïski), elle regrette, après laSeconde Guerre mondiale, l'équipe deMaxime Litvinov et sa pratique de la diplomatie :« Si, depuis la fin de la guerre, [...] nous avions mené une politique extérieure plus souple, « raisonnable », sans les efforts acharnés et maladroits des « juristes » pour compliquer les questions, nous aurions pu freiner [...] le processus d’hostilité et de réaction. L’objet de la diplomatie est précisément d’obtenir le maximum d’avantages pour son pays dans des circonstances défavorables. Depuis la fin 1945, notre diplomatie a suivi un autre chemin. L’ignorance de la psychologie des leaders des autres pays [...] voilà ce qui a suscité des difficultés inutiles là où elles auraient pu être évitées »[22].
Comme ses collègues Litvinov et Maïski, elle échappa aux Purges grâce à ses succès diplomatiques, où elle sut montrer son savoir-faire : Staline jugeait nécessaire de garder ce type de personnalités pour atténuer des tensions trop vives avec les Occidentaux.
Elle a animé des séminaires sur l'histoire des relations internationales et celle de la politique extérieure soviétique à l'Institut de préparation des travailleurs diplomatiques et consulaires, créé parMaxime Litvinov en[22].
Alexandra Kollontaï renonce[Information douteuse] en mars 1945 à ses fonctions et termine sa vie àMoscou, où elle décède en 1952[23]. Elle est enterrée aucimetière de Novodevitchi lors d'une cérémonie où est louée sa carrière de diplomate, occultant son rôle dans la révolution et le parti communiste[23].
Comme beaucoup de socialistes ou de communistes, Alexandra Kollontaï condamne leféminisme de son époque, le considérant comme « bourgeois », puisqu'il détourne lalutte des classes en affirmant qu'il n'y a pas qu'une domination économique, mais aussi une domination des sexes. Mais elle travaille cependant à l'émancipation des femmes dans le combat communiste ; elle déclare ainsi :« Ladictature du prolétariat ne peut être réalisée et maintenue qu’avec la participation énergique et active des travailleuses[24]. ».
Lors de la conférence qui a lieu deux ans plus tard à Bâle, elle est qualifiée de« Jaurès en jupons »[25]. Elle est membre honoraire de la British Society for the Study of Sex Psychology[25]. Elle est membre en 1921-1922 du secrétariat international de l'Internationale communiste des femmes,en tant que secrétaire générale[réf. nécessaire].
L'action d'Alexandra Kollontaï, en tant quecommissaire du peuple, et de ses consœurs leur permet le droit au divorce par consentement mutuel, l'accès à l'éducation, un salaire égal à celui des hommes, des congés de maternité et l'égalité de reconnaissance entre enfants légitimes et naturels. Le droit à l'avortement est obtenu en 1920[26] — il sera limité en 1936 parStaline, puis rétabli après la mort de ce dernier. Elle sera au cœur de nombreuses polémiques sur la place des femmes dans la société soviétique.
Clara Zetkin (à gauche) et Alexandra Kollontaï (à droite) au congrès duKomintern de 1921.
Elle pose la question de ce que seront les relations amoureuses dans une société libérée de la morale bourgeoise. Appliquant à l'amour le conceptmarxiste d'idéologie, elle considère qu'à chaque type d'organisation sociale (féodalisme,capitalisme, etc.) correspond un idéal amoureux, dont les caractéristiques permettent l'efficacité et le maintien de cette organisation. Pour elle, l'association entre sentiment amoureux et sexualité et le principe de fidélité au sein du couplemarié sont des principes répondant aux besoins de labourgeoisie dans une sociétélibérale.
Elle estime que le mariage et la fidélité, qu'elle appelle la « captivité amoureuse », sont amenés à disparaître, et théorise une nouvelle morale sentimentale, l'amour-camaraderie, préfigurant le concept moderne depolyamour et basé sur trois principes :
l'égalité des rapports mutuels.
l'absence de possessivité et la reconnaissance des droits individuels de chacun des membres du couple.
l'empathie et le souci de l'autre réciproque (qui n'est exigé, précise-t-elle, que de la femme vers l'homme dans la "civilisation bourgeoise"). Elle-même vit des relations amoureuses libres et multiples.
Elle est critiquée parLénine comme parTrotski, plus prudes, qui estiment le couple fidèle comme la forme naturelle d'expression amoureuse. Au courant de ses nombreuses liaisons, Lénine qualifie la vision de Kollontaï de« décadente »[28]. En 1924,Clara Zetkin attribue à Lénine dans des entretiens posthumes « cette fameuse théorie, selon laquelle la satisfaction des besoins sexuels sera, dans la société communiste, aussi simple et sans plus d’importance que le fait de boire un verre d’eau »[29].
Alexandra Kollontaï milite pour l'abolition des lois réglementant ou interdisant la prostitution, dénonçant laréglementation comme laprohibition de la prostitution comme des « hypocrisies » qui frappent avant tout les prostituées les plus démunies. Le gouvernement dont elle fit partie mit fin aux réglementations de la prostitution qui existaient sous le régime tsariste.
« Le scandale de cette réglementation, c’est qu’elle retombe entièrement sur les femmes des classes pauvres ; devant les prostituées riches, la police comme les règlements ne font qu’ôter poliment leur chapeau[27]. »
Tout en s'opposant farouchement à la prostitution, elle met celle-ci sur un pied d'égalité avec lemariage tel qu'il existe à son époque, préfigurant la notion d'échange économico-sexuel de l'ethnologue contemporainePaola Tabet.
« Dans la société bourgeoise, une femme est persécutée non pas quand elle ne travaille pas utilement pour la collectivité[note 4], ou parce qu'elle se vend pour des raisons vénales (deux tiers des femmes de la société bourgeoises se vendent à leur époux légitime), mais lorsque leurs relations sexuelles sont informelles et de courte durée. Le mariage dans la société bourgeoise se caractérise par la durée et la nature formelle de son enregistrement. L'héritage de la propriété est ainsi préservé. Les relations temporaires sans validation officielle sont considérées par les bigots et les hypocrites tenants de la morale bourgeoise comme étant honteuses.
[...]
Pour nous, dans la république ouvrière, il n'est pas important qu'une femme se vende à un homme ou à plusieurs, qu'elle soit catégorisée comme une prostituée professionnelle vendant ses faveurs à une succession de clients ou comme une femme se vendant à son mari[30].
»
Tombe à Moscou.
Elle s'oppose également à la pénalisation des clients de la prostitution :
« Le problème suivant qu'il nous fallut résoudre fut de déterminer si la loi devait punir ou non les clients de prostituées. Certains membres de la commission furent pour, mais ils durent renoncer à l'idée, qui ne suit pas, logiquement, nos prémisses de base. Comment un client peut-il être défini ? Est-il quelqu'un qui achète les faveurs d'une femme ? Dans ce cas, les maris de nombreuses femmes légales seraient coupables. Qui décide qui est client et qui ne l'est pas[31] ? »
Pour elle, la fin de la prostitution (« qui est une violence que s'inflige une femme à elle-même pour des raisons financières ») doit venir par l'égale participation des femmes et hommes au travail collectif et à l'égale distribution des ressources produites, mettant fin à toute nécessité, pour les femmes, de se vendre à des hommes en échange d'argent — c'est-à-dire mettant fin à la fois au mariage bourgeois et à la prostitution.
L'Opposition ouvrière (trad. dePierre Pascal, introduction de Jean-Marie Gélinet, postface d’Astrid Valh), Paris,Éditions du Seuil, 1974.
Ma vie, ses buts et ses mérites (trad. du russe parChristine Fauré,Nicolas Lazarevitch), in Mémoires de femmes (sous la direction de Louis Constant), mémoire du peuple, Paris, François Maspéro, 1979 (réédition numérique chez La Découverte)
Marxisme et révolution sexuelle (textes choisis et présentés par Judith Stora-Sandor, traduits par Claude Ligny), Paris, F. Maspero, 1973 ; Paris, La Découverte, 2001.
↑Pour être précis, ni l'une ni l'autre ne menèrent une carrière diplomatique, ayant toutes deux occupé un seul poste et pendant très peu de temps.
↑Fille de l'ancien Premier ministre bulgareDimitar Stanchov, elle fut nommée en 1921 « première secrétaire » (et donc deuxième en rang) de la légation de son pays aux États-Unis, dans le cadre d'une véritable carrière diplomatique.
↑La désertion du travail était une infraction gravement punie par le régime communiste. Pour Kollontaï, les prostituées professionnelles sont passibles de sanctions, non pas pour leur activité, mais pour désertion du travail si elles n'ont pas d'activité principale.
↑Dan Giju,Neagu Djuvara - Curierul de la Stockholm (« Neagu Djuvara, le courrier de Stockholm »), interview de Djuvara sur le site du ministère roumain de la Défense, vu le 13 juin 2007. L'armistice sera signé à Moscou le 12 septembre 1944.
↑D'après Pavel Polian,Zhertvy dvukh diktatur (« Victimes de deux dictatures »), Moscou, Rosspen, 2002.
↑Nicolas Werth, « Le martyre des prisonniers de guerre soviétiques »,L'Histoire mensuel,no 480,(lire en ligne, consulté le).
↑Cité dans l'ouvrage de Christian Streit,Keine Kameraden. Die Wehrmacht und die sowjetischen Kriegsgefangenen, [1978], Bonn, J. H. W. Dietz Nachf, 1997, p. 236.
↑SophieCœuré, « Alexandra Kollontaï, révolutionnaire et féministe »,La Vie des idées,(lire en ligne, consulté le).
↑« In bourgeois society a woman is condemned to persecution not when she does no work that is useful to the collective or because she sells herself for material gain (two-thirds of women in bourgeois society sell themselves to their legal husbands), but when her sexual relationships are informal and of short duration. Marriage in bourgeois society is characterised by its duration and by the official nature of its registration. Property inheritance is preserved in this way. Relationships that are of a temporary nature and lack official sanction are considered by the bigots and hypocritical upholders of bourgeois morality to be shameful. [...] To us in the workers’ republic it is not important whether a woman sells herself to one man or to many, whether she is classed as a professional prostitute selling her favours to a succession of clients or as a wife selling herself to her husband. », dansProstitution and ways of fighting it, discours à laIIIe conférence Panrusse de chefs de Département régionaux des Femmes, 1921.
↑« The next problem that had to be tackled was whether or not the law should punish the prostitute’s clients. There were some on the commission who were in favour of this, but they had to give up the idea, which did not follow on logically from our basic premises. How is a client to be defined? Is he someone who buys a woman’s favours? In that case the husbands of many legal wives will be guilty. Who is to decide who is a client and who is not? », dansProstitution and ways of fighting it, discours à laIIIe conférence Panrusse de chefs de Département Régionaux des Femmes, 1921.
Arkadi Vaksberg,Alexandra Kollontaï, Paris, Fayard, 1996, 528 p.
Patricia Latour (textes choisis et présentés par),Alexandra Kollontaï, le féminisme, la révolution, l'amour et la liberté, Le Temps des cerises, 2017, 338 p.
Andreï Kozovoï,Égéries rouges. Douze femmes qui ont fait la révolution russe, Paris, Perrin, 2023, 288 p.
Jean-Jacques Marie,Les Femmes dans la révolution russe, Paris, Seuil, 2017, 384 p.