| Alejandro Giammattei | ||
Alejandro Giammattei en 2020. | ||
| Fonctions | ||
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| Président de la république du Guatemala | ||
| – (4 ans) | ||
| Élection | 11 août 2019 | |
| Vice-président | Guillermo Castillo Reyes | |
| Prédécesseur | Jimmy Morales | |
| Successeur | Bernardo Arévalo | |
| Biographie | ||
| Nom de naissance | Alejandro Eduardo Giammattei Falla | |
| Date de naissance | (69 ans) | |
| Lieu de naissance | Guatemala (Guatemala) | |
| Nationalité | Guatémaltèque Italienne[1] | |
| Parti politique | GANA, CASA, Fuerza puisVamos | |
| Religion | Catholicisme | |
| Présidents de la république du Guatemala | ||
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Alejandro Giammattei Falla, né le àGuatemala, est unhomme d'Étatguatémaltèque.
Directeur du système pénitentiaire du Guatemala de 2005 à 2007, il est candidat aux élections présidentielles de2007,2011,2015 et2019. À l'issue du second tour de cette dernière élection, à la tête du partiVamos, il est éluprésident de la république du Guatemala, fonction qu'il occupe du 14 janvier 2020 au 14 janvier 2024.
Sa présidence est marquée par un durcissementautoritaire. De nombreux journalistes, militants sociaux et magistrats enquêtant sur la corruption sont incarcérés. Des observateurs internationaux dénoncent une corruption généralisée au sein de son administration.
Après ses études à l'université de San Carlos (USAC), il devientmédecin en 1980[2]. De 1982 à 1986, il est consultant auprès de l'Organisation panaméricaine de la santé[2]. De 1986 à 1990, il est directeur des transports publics de la ville deGuatemala et membre du corps despompiers de la ville[2]. En 1991, il devient directeur général de l'entreprise des eaux de Guatemala, Empresa Municipal de Agua (Empagua)[3].
Alejandro Giammattei est le descendant d'émigrés italiens, ce qui lui permet d'être titulaire de lanationalité italienne en plus de sa nationalité guatémaltèque de naissance[1]. Il est marié à Rosana Cáceres depuis le et ils ont trois enfants, Marcela, Estéfano et Alejandro Giammattei[3].
Alejandro Giammattei participe aux élections de 1985, 1988 et 1990 en tant que coordinateur général des processus électoraux. À partir de 2000, il est également consultant auprès de plusieurs entreprises privées[3].
Après son échec à l'élection municipale de la capitale en 1999, il est nommé directeur du système pénitentiaire du Guatemala en novembre 2005. Il est à l'origine de plusieurs conflits et fait l'objet d'accusations dans cette fonction, qu'il quitte en janvier 2007. Il est lui-même incarcéré pendant dix mois en 2010, accusé par laCICIG d'avoir faitsommairement exécuter huit détenus puis maquiller les preuves[4] ; il est finalement relâché en raison du manque de preuves. Il est redouté pour ses colères réputées intempestives et incontrôlables. D'après le site d'investigation guatémaltèque Nomada : « Son entourage le décrit comme quelqu'un d'impulsif, irascible, incontrôlable, despotique, tyrannique, imprévisible, capricieux et revanchard »[5].
Giammattei se présente à trois reprises lors des élections générales à la présidence du Guatemala. Lapremière fois en 2007, il est candidat de laGrande Alliance nationale (GANA), le parti au pouvoir à l'époque, il termine en troisième position. Sadeuxième candidature a lieu en 2011 où, avec le Centre d'action sociale (CASA), il n'obtient que 1,05 % des voix. En2015, il rejoint le parti Fuerza et termine en quatrième position avec 6,45 % des voix[6]. S'il a changé de parti politique pour chaque candidature, il a toutefois gardé avec lui des financiers clés et des soutiens politiques importants, bien que souvent mêlés à la corruption. Il est notamment soutenu par le général Francisco Ortega Menaldo, considéré comme l’un des dirigeants des réseaux militaires qui ont permis, par le biais du contrôle douanier, des opérations de contrebande et de trafic de drogue[4].

Alejandro Giammattei est le candidat du partiVamos à l'élection présidentielle de 2019 avecGuillermo Castillo Reyes pour colistier et candidat au poste de vice-président. Il termine deuxième à l'issue du premier tour le avec 13,9 % des voix, mais remporte le second tour contreSandra Torres le avec 57,95 % des voix dans un contexte de forte abstention (57 % des inscrits)[7]. Il entre en fonction le pour un mandat de quatre ans[8].
Son taux de popularité est évalué à 19 % en août 2022 selon l’institut CID Gallup[9].
Le Guatemala connaît une crise politique en novembre 2020 à la suite de l’adoption d'un budget controversé. La plupart des fonds sont destinés à des infrastructures gérées par le secteur privé et négligent la lutte contre lapauvreté et lamalnutrition infantile, qui touche près de la moitié des enfants de moins de cinq ans, tout en générant une hausse de ladette publique. LeParlement est incendié à la suite de la répression d'une manifestation par la police, tandis que le vice-président,Guillermo Castillo Reyes, appelle Alejandro Giammattei à démissionner pour « le bien du pays »[10]. Cette crise intervient alors que le gouvernement faisait également face à des critiques pour sa gestion de lapandémie de Covid-19, les hôpitaux s'étant rapidement retrouvés saturés et le ministère de la Santé étant accusé d'avoir caché des informations sur la pandémie[11],[12].
En 2022, il augmente les peines de prison pouravortement (qui passent de trois ans à dix ans), interdit l'éducation sexuelle dans les écoles et déclare leshomosexuels « groupes minoritaires incompatibles avec la moralité chrétienne »[13].
Alejandro Giammattei démet de ses fonctions en juillet 2021 le chef du bureau du procureur spécial contre l'impunité, qui entendait enquêter sur des cas de corruption liés au président. Il quitte peu après le pays pour « protéger [s]a vie et [s]on intégrité »[14]. Cette décision controversée est suivie de manifestations appelant le président à démissionner[15]. Le gouvernement accentue par la suite la répression contre les juges, avocats et procureurs liés à la lutte contre la corruption ; plusieurs anciens enquêteurs du Parquet spécial contre l’impunité (FECI) et de laCommission internationale contre l'impunité au Guatemala (Cicig) sont arrêtés en 2022 et des dizaines d'autres contraints de s'exiler[16]. En 2022, l'ancienne cheffe du FECI dans le département deQuetzaltenango (ouest) est condamnée à quatre ans de prison. L'année suivante, c'est au tour de l'ancien chef du parquet anti-corruption d’être arrêté[17].
La police arrête fin juillet 2022 le journalisteJosé Rubén Zamora, fondateur du quotidienEl Periódico, et perquisitionne le siège du journal qui a accusé le président Alejandro Giammattei et la procureure généraleConsuelo Porras de corruption[18]. Il est condamné l'année suivante à six ans de prison pour « blanchiment d’argent » tandis que sa famille fuit le pays par crainte des représailles. Deux de ses avocats sont également incarcérés et les deux autres démissionnent en raison des menaces. La justice contraint par ailleurs El Periódico à stopper sa parution et entreprend des poursuites contre huit de ses journalistes[19].
Les attaques ont également redoublé contre les journalistes indigènes, souvent isolés dans des territoires ruraux (voirattaque de Huehuetenango de 2022). Plus de 35 magistrats et au moins une vingtaine de journalistes ont dû quitter le Guatemala depuis l’entrée en fonction d'Alejandro Giammattei[19].
L'absence de politique sociale du gouvernement conduit notamment à une hausse de lasous-nutrition chez les enfants. Le Guatemala détient en 2022 le sixième plus fort taux au monde de malnutrition infantile et le premier en Amérique latine[20].

Dans les campagnes, les communautés autochtones qui défendent leurs territoires et les mouvements paysans sont réprimés[21]. Les assassinats sélectifs de leaders sociaux (paysans, écologistes, syndicalistes) se poursuivent année après année, sans réaction de la justice[22]. Une nouvelle loi sur lesONG autorise le président à interdire toute association qu’il soupçonne de « troubler l’ordre public » et prévoit des mécanismes pour les étouffer financièrement[22].
LaFédération internationale pour les droits humains, l'Organisation mondiale contre la torture et d'autres ONG alertent en 2022 sur le « renforcement du régime autoritaire » au Guatemala et déclarent que le pays « est confronté à un phénomène inquiétant d’emprise et de contrôle des institutions publiques par les élites économiques et politiques »[21]. Selon l'ancien rapporteur de l'ONU pour la liberté d'expression, Frank La Rue, le Guatemala est soumis à la « dictature d'un groupe (soudé) par des intérêts économiques, de corruption et même de crime organisé » et dont le président Giammattei n'est qu'un représentant[23].
Les favoris de l'élection présidentielle de 2023 sont disqualifiés par les autorités électorales : d'abord la candidate de gaucheThelma Cabrera puis, à un mois du premier tour, le favori des sondages, Carlos Pineda (droite), etRoberto Arzú (droite), fils de l’ancien présidentÁlvaro Arzú. L'ONG Action citoyenne, déclinaison guatémaltèque deTransparency International, souligne qu'« il y a un schéma préconçu pour (désigner) les candidats, en écartant ceux qui sont gênants et en gardant ceux qui ont les faveurs du système »[24].
Alejandro Giammattei se rend àKiev le 25 juillet 2022, ce qui fait de lui le seul président d'un pays d'Amérique latine à avoir fait ce voyage en soutien àVolodymyr Zelensky face à laRussie. Il s'agissait avant tout d'envoyer un message de loyauté auxÉtats-Unis alors que son gouvernement est en délicatesse avec l'administration américaine sur plusieurs dossiers[25].
Une crise diplomatique se produit avec laColombie en 2023 à la suite de l'ouverture par les autorités guatémaltèques d'une enquête pour « actes illégaux » contre le ministre colombien de la Défense,Iván Velásquez, lorsqu’il était président de laCICIG au Guatemala. Les anciens membres de cette institution mise en place par lesNations unies font l'objet de persécutions systématiques dans le pays centraméricain. Le président colombienGustavo Petro déclare : « Iván Velasquez a tout notre soutien. Nous n’allons pas permettre qu’il soit attaqué et poursuivi parce qu’il a lutté contre le crime et la corruption. Si le Guatemala s’obstine à emprisonner des hommes justes, nous n’avons rien à faire ensemble. » Alejandro Giammattei accuse son homologue colombien de se conduire en « guérillero », en allusion à son passé au sein duM-19[26]. Les deux pays rappellent pour consultation leur ambassadeur respectif[27].
Alejandro Giammattei effectue une visite officielle àTaïwan en 2023 pour manifester son soutien à l’île. Le Guatemala est avec leBelize l'un des deux seuls pays d’Amérique centrale à entretenir encore avec Taipei des relations diplomatiques après la rupture le 26 mars 2023 avec leHonduras qui a décidé de nouer des relations officielles avec Pékin[28].
Le site d'investigationsalvadorienEl Faro révèle en février 2022 qu'Alejandro Giammattei est accusé « d'avoir financé sa campagne [de 2019] avec despots-de-vin versés par une entreprise de construction ». Le président guatémaltèque aurait négocié avec José Luis Benito, ministre au sein du gouvernement deJimmy Morales, « une contribution de 2,6 millions de dollars à sa campagne électorale (...) En échange de cet argent, Giammattei a promis au ministre (...) de le maintenir en poste pendant un an pour qu'il puisse continuer à mettre en œuvre un système de corruption de plusieurs millions de dollars dans le cadre de contrats de construction et d'entretien de routes »[29]. Le 17 janvier 2024, les États-Unis d'Amérique interdisent d'entrée sur leur territoire à Alejandro Giammattei après que ledépartement d'État des États-Unis l'a accusé de « corruption importante »[30].

Lors de sa campagne présidentielle de 2019, Alejandro Giammattei promet de rétablir lapeine de mort pour aider à « écraser les gangs violents, lutter contre la pauvreté pour mettre fin à la migration et à la corruption dégoûtante »[31],[32]. Il se prononce contre lemariage homosexuel et la légalisation de l'avortement[32].
Son programme économique est principalement axé sur la promotion d’uneéconomie de marché libre pour attirer les investissements étrangers et développer les exportations[4].
Toujours en 2019, il qualifie legouvernement vénézuélien de « dictature » et déclare vouloir maintenir la même ligne diplomatique que son prédécesseur Jimmy Morales à l'égard duVenezuela, pays avec lequel le Guatemala a rompu ses relations diplomatiques[33].
Lors d'un déplacement enIsraël en décembre 2019, il s'engage à faire déclarer leHezbollahlibanais « organisation terroriste », déclarant que « les amis d’Israël sont les amis du Guatemala, et les ennemis d’Israël sont nos ennemis[34]. »