Pendant laSeconde Guerre mondiale, il est professeur dedroit pénal. Il est élu député en, entre pour la première fois au gouvernement en et dirige la Démocratie chrétienne entre et. Il exerce deux fois les fonctions deprésident du Conseil des ministres d'Italie (1963-1968 puis 1974-1976) et dirige par deux fois la diplomatie italienne.
Partisan du« compromis historique » entre les chrétiens-démocrates et lescommunistes, il estenlevé en par lesBrigades rouges. Il est séquestré 55 jours et finalement assassiné par ses geôliers. Les conditions de sa mort et l'incapacité des autorités de l'époque à le sauver restent des sujets polémiques dans la classe politique et les médias italiens.
Moro participe à la rédaction de la nouvelle constitution. Il est ensuite réélu comme député à laChambre des députés en1948 pour y servir jusqu'à sa mort. Il estsous-secrétaire d'État aux Affaires étrangères (1948-1950), garde des sceaux, ministre de la Justice (1955-1957), de l'Éducation nationale (1957-1958) et des Affaires étrangères (1969-1972 et1973-1974).
Le centre gauche entre en crise à la fin des années 1960, affaiblissant le poids de Moro dans son parti[2].
Juriste renommé, il a été professeur de droit et de procédure pénale à la faculté de sciences politiques de l'université de Rome « La Sapienza » de1960 jusqu'à sa mort.
Moro fut chef de gouvernements de centre-gauche de novembre1974 à avril1976 mais jamais il ne put diriger une coalition issue du compromis historique. Alors qu'il présidait laDémocratie chrétienne en 1976, il fut l'un de ceux qui contribuèrent à former un gouvernement de « solidarité nationale » dirigé parGiulio Andreotti, avec le PCI dans la majorité, une année plus tard[2].
Moro impulsant une politique proarabe comme ministre des Affaires étrangères[2], l’Italie passa un accord dénommé « pacte Moro » avec les groupespalestiniens pour qu’ils puissent transiter et passer des armes sur le territoire italien sans être inquiétés, en échange de l’engagement à ne pas accomplir d’attentats sur son sol. Le pacte aurait tenu jusqu’à la mort d’Aldo Moro[3].
Le, Aldo Moro est enlevé en plein Rome, rue Mario-Fani, par lesBrigades rouges, un groupe terroriste d'extrême gauche dirigé parMario Moretti. Les assaillants assassinent les cinq gardes du corps de Moro afin de l’enlever[4]. Oreste Leonardi, 52 ans, chef de l'escorte, et Domenico Ricci, 42 ans, sont avec Aldo Moro à bord d'uneFiat 130. Dans le deuxième véhicule, uneAlfa Romeo Alfetta, se trouvent Giulio Rivera, 24 ans, Francesco Zizzi, 30 ans, et Raffaele Iozzino, 24 ans[5].
Moro était en route pour une session de la Chambre des députés lorsqu’il a été enlevé. Lors de cette session, les députés devaient discuter le vote de confiance au nouveau gouvernement deGiulio Andreotti qui, pour la première fois, recevait l’aval du Parti communiste. Ce devait être la première application de la vision stratégique que partageait Moro avecBerlinguer decompromis historique.
LesBrigades rouges proposèrent d’épargner la vie de Moro en échange de la libération de plusieurs de leurs compagnons emprisonnés, dont celle du poète et militant communisteSante Notarnicola[6].
Pendant cette période, Moro écrivit des lettres aux principaux dirigeants de laDémocratie chrétienne (DC) ainsi qu’aupapePaul VI (qui plus tard célébra personnellement la messe de funérailles de Moro). Dans ses lettres, Moro prônait comme objectif prioritaire pour l’État de sauver des vies, et affirmait que le gouvernement devait s’évertuer à satisfaire les revendications de ses geôliers. La plupart des dirigeants du parti de la DC soutenaient que les lettres ne reflétaient pas les aspirations sincères de Moro, et refusèrent toute tentative de négociation, rejetant ainsi les requêtes de la famille Moro. Dans son appel aux terroristes, le pape Paul VI demanda la libération « sans conditions » de Moro[6].
Après une détention de 55 jours, Moro est assassiné le àRome de douze balles tirées dans la poitrine[7],[6]. Suivant les indications des Brigades rouges, son corps est retrouvé le jour même dans le coffre d'uneRenault 4L[8], via Michelangelo Caetani, dans le centre de Rome, près du siège du parti communiste, via delle Botteghe Oscure 4, et du siège de la démocratie chrétienne, qui est situé au Palais Cenci-Bolognetti à laPiazza del Gesù[9].
Le suivant, lepape Paul VI a célébré une messe solennelle pour la mort d'Aldo Moro, ami et allié de longue date, à laquelle de nombreuses personnalités politiques italiennes ont participé. Cette cérémonie funéraire a été célébrée sans la dépouille de Moro à la demande explicite de la famille, qui n'y a pas participé, disant que l'État italien avait fait peu ou rien pour sauver sa vie, et refusant lesfunérailles d'État : elle choisit de procéder aux funérailles en forme privée à l'église desan Tommaso deTorrita Tiberina, une petite ville de la province romaine où l'homme d'État aimait se reposer, et où il a été aussi inhumé[10].
Le procès des ravisseurs d'Aldo Moro, impliquant 63 accusés, s'est tenu du au àRome. Il s'est soldé par 32 condamnations à perpétuité (dont plusieurs par contumace, comme celle d'Alessio Casimirri), une vingtaine de condamnations totalisant 316 ans de prison et quatre acquittements. Le, les brigadistes emprisonnés dans la prison de Palmi, dont des chefs « historiques » du mouvement commeRenato Curcio, font parvenir à la presse des documents dans lesquels ils reconnaissent l'échec de leur action et remettent en cause toute forme de terrorisme. Le, le jugement de la cour d'appel, confirmé par la Cour suprême, annule dix condamnations à perpétuité, conformément à la politique de modération envers les repentis mise en place avec succès au début des années 1980[11].
Certains[Qui ?] ont envisagé que les lettres de Moro comportaient des messages codés à l’intention de sa famille et de ses collègues.D'autres[Qui ?] ont douté de la validité de ces lettres et envisagé une éventuelle censure. Le chef descarabiniersCarlo Alberto Dalla Chiesa (qui sera plus tard assassiné par lamafia) trouva des copies des lettres de Moro dans une maisonmilanaise ayant appartenu à des terroristes. Mais ce ne fut que des années après cette découverte qu’elles furent rendues publiques.
Certains[Qui ?] ont suggéré que le mouvement d'extrême gauche avait été infiltré ou manipulé, pour discréditer la cause communiste, par les services secrets américains.Guy Debord, lui, met plutôt en cause desservices secrets italiens(it)[12][source insuffisante]. Cette théorie se fonde sur le fait que l'effort fourni par Moro pour intégrer des communistes au gouvernement n'avait pas reçu l'approbation desÉtats-Unis. Aucune preuve n'a pu être trouvée pour appuyer cette théorie.
Le journalisteIndro Montanelli, cependant, a toujours nié lesthéories du complot sur l'affaire Moro[13] : aucune conspiration internationale, Moro a été enlevé et assassiné par une poignée de « révolutionnaires » italiens[14]. Montanelli a rendu un jugement sévère sur les lettres écrites par Moro[15] et sa famille[16],[17].
Il est néanmoins établi que le gouvernement italien, conseillé par des fonctionnaires américains, a délibérément fait échouer les négociations. Dans un documentaire d'Emmanuel Amara réalisé pourFrance 5,Les Derniers Jours d'Aldo Moro (2006),Steve Pieczenik, un ancien négociateur en chef américain[18] ayant travaillé sous les ordres dessecrétaires d'ÉtatHenry Kissinger,Cyrus Vance etJames Baker, raconte comment il a participé au court-circuitage des négociations afin qu'elles n'aboutissent pas, avec comme recours éventuel de« sacrifier Aldo Moro pour maintenir la stabilité politique en Italie ».« J'ai instrumentalisé les Brigades rouges pour tuer Moro », ajoute-t-il. Un peu plus tard, dans le même documentaire,Francesco Cossiga,ministre de l'Intérieur de l'époque, confirme cette version des faits[19]. C'est aussi la conclusion à laquelle était arrivé le journaliste d'investigation américainWebster G. Tarpley en1978. Ces conclusions sont également corroborées par les témoignages du député et secrétaire d'État italienElio Rosati, très proche collaborateur et ami d'Aldo Moro[20],[21].
la mini-série en six épisodesEsterno notte, produite par laRai1, diffusée en France surArte les 15 et 16 mars2023[26] et en streaming, où ce rôle est interprété parFabrizio Gifuni.
L'écrivain et chansonnier italienMarco Ongaro a écrit le livret de l'opéra tragiqueMoro pour le compositeur Andrea Mannucci sur l'enlèvement et l'assassinat de Aldo Moro, dont la création mondiale a eu lieu sur Commande du Festival Opéra de PocheAppel d'airs à Paris,Église Réformée des Batignolles, le 10 février 2011[27].
Gladio :Licio Gelli a été accusé d'être impliqué dans l'assassinat d'Aldo Moro, dans la mesure où le chef des services secrets de l'époque, accusé de négligence lors de cette affaire, était membre dePropaganda Due (P2).