L’alchimie est uneprotoscience qui peut se définir comme « un ensemble de pratiques et de spéculations en rapport avec la transmutation desmétaux »[1]. L'un des objectifs de l'alchimie est legrand œuvre, c'est-à-dire la réalisation de lapierre philosophale permettant latransmutation desmétaux, principalement des métaux « vils », comme le plomb, enmétaux nobles comme l'argent ou l'or. Cet objectif se fonde sur la théorie selon laquelle les métaux sont des corps composés (souvent de soufre et de mercure).
Un autre objectif classique de l'alchimie est la recherche de lapanacée (médecine universelle) et la prolongation de la vie via unélixir de longue vie. La pratique de l'alchimie et les théories de la matière sur lesquelles elle se fonde sont parfois accompagnées, notamment à partir de la Renaissance, de spéculations philosophiques, mystiques ou spirituelles.
L'étymologie du terme « alchimie » est discutée (grammatici certant). Le mot « alchimie » viendrait de l'arabeالكيمياء (al-kīmiyāﺀ), venant lui-même dugrec ancienχημεία /khêmeía[2], désignant également la chimie dans son acception moderne, ou bien du grecχυμεία /khumeía, désignant un mélange, une mixture[3]. LephilologueHermann Diels, dans sonAntike Technik (1920), y voyait la « fusion » dugrec ancienkhumeia / khêmeia, signifiant « art de fondre et d'allier les métaux ».
Kimiya pourrait également venir du motcoptekēme (ou son équivalent en dialectebohaïrique,khēme), lui-même dérivant dudémotiquekmỉ, correspondant aumoyen égyptienḳm.t, désignant la terre noire, la terre alluvionnaire et par extension l'Égypte (Χημία /khêmía)[4].
« Il est maintenant généralement admis que l'alchimie [occidentale] est apparue dans l'Égypte gréco-romaine vers le début de notre ère, et qu'elle est le résultat de la conjonction de plusieurs facteurs, les plus remarquables étant (1) les pratiques des orfèvres et forgerons égyptiens qui travaillaient sur les alliages et savaient dorer les métaux ; (2) la théorie de l'unité fondamentale de la matière, selon laquelle toutes les substances sont composées d'une matière primitive et doivent leurs spécificités à la présence de différentes qualités imposées à cette matière ; (3) l'idée que le but de toute technique doit être lamimesis de la nature ; (4) la doctrine de la sympathie universelle, selon laquelle tous les éléments du cosmos sont reliées par des sympathies et antipathies cachées qui expliquent toutes leurs combinaisons et séparations. La rencontre de ces différentes tendances de pensées amena l'idée que la transmutation était possible, ainsi que des rêveries mystiques influencées par les courants gnostiques et hermétistes, et favorisées par le déclin du rationalisme grec[6],[7]. »
Henri-Dominique Saffrey sépare les textes d'alchimie grecque ancienne et byzantine en trois groupes successifs[8],[9] :
Les recettes : ce groupe se compose d'abord de deux recueils sur papyrus, conservés àLeyde et àStockholm, datés de 300 apr. J.-C.[10], ditspapyri de Leyde et de Stockholm. À l'exception du « papyrus magique de Londres et de Leyde »[11],[12], qui contient une recette de « rouille d'or »[13] ; ces deux recueils sont les seuls manuscrits d'alchimie grecque antique. À ce premier groupe s'ajoutent lesQuatre livres attribués à Démocrite, ouvrage maintenant fragmentaire, daté de la seconde moitié duIer siècle[14]. À l'exception des papyrus, tout le reste de la tradition alchimique grecque nous provient d'un ensemble relativement homogène de manuscrits byzantins datés au plus tôt de la fin duXe siècle appelé « corpus alchimique grec »[15] ;
Les auteurs alchimiques : ce groupe, daté du troisième à la fin duIVe siècleapr. J.-C., se compose principalement de l'œuvre de Zosime de Panopolis. À cette œuvre se rajoutent de courts traités attribués à Pélagios et Jamblique, un dialogue anonyme entre Cléopâtre et les « philosophes » (i.e. alchimistes) et plusieurs autres fragments généralement attribués à des personnages légendaires ou inconnus (Ostanes, Agathodaimon, Moïse) ;
SelonZosime de Panopolis (c. 300 ap. J.-C.), un des premiers commentateurs de textes alchimiques, l'alchimie telle qu'elle était pratiquée à son époque tirait son origine des cultes égyptiens. Dans un traité généralement appelé le « Compte Final », Zosime présente une courte histoire des techniquesminéralurgiques et de deux types de « teintures » (βαφαί /baphaí), les teintures « naturelles » (φυσικά /phusiká) et les teintures « non naturelles » (ἀφυσικά /aphusiká). L'alchimie y est décrite comme un art ayant été jadis caché et monopolisé par les prêtres égyptiens et leurs « démons terrestres » ([δαίμονες] περίγειοι /[daímones] perígeioi), que Zosime appelle aussi « gardiens des lieux » (οἱ κατά τόπον ἔφοροι /hoi katá tópon éphoroi). Il s'agit vraisemblablement des dieux égyptiens, qu'il présente comme des démons menteurs promettant le succès dans la pratique des teintures en échange de sacrifices. Zosime a manifesté un intérêt pour les pratiques des prêtres des temples égyptiens dans deux autres traités et semble les avoir considérés comme les derniers spécialistes de l'alchimie : dansSur les appareils et les fourneaux, il mentionne avoir visité « l'antique sanctuaire de Memphis » où il a vu un fourneau tombé en pièces[19] ; une traduction syriaque d'un traité de ZosimeSur le travail du cuivre montre aussi son intérêt pour des pratiques métallurgiques liées à la fabrication et la coloration des statues du culte égyptien[20],[21]. Bien que Zosime attribuât les pratiques alchimiques de son temps à celle des prêtres égyptiens, il n'attribuait pas leur origine à un peuple ou à un groupe de prêtres en particulier, mais plutôt à l'enseignement des anges déchus, qui aurait été consigné dans un traité perdu intitulé leChemeu[22]. Plutôt que de suivre les traditions égyptiennes, qu'il croyait avoir été corrompues par l'influence de « démons », Zosime cherchait à reconstituer l'authentique doctrine alchimique par une exégèse méticuleuse des textes, et plus particulièrement par l'interprétation des textes attribués à Démocrite, qu'il croyait être le seul à avoir fait allusion auChemeu[23],[24].
François Daumas voit un lien entre la pensée égyptienne et l'alchimie gréco-égyptienne, à travers la notion de pierre, pierre à bâtir oupierre philosophale[25]. Garth Fowden, cependant, juge l'interprétation de Daumas trop optimiste :« dans le cas de l'alchimie, les anciens Égyptiens sont connus pour s'être intéressés à l'origine et à la nature des pierres précieuses et des métaux, et les textes alchimiques grecs de l'Antiquité tardive contiennent diverses allusions à l'Égypte et à ses traditions, mais nous n'y trouvons rien d'analogue à l'évolution, sanssolution de continuité, de la magie pharaonique à la magie gréco-égyptienne. Le même discours vaut pour l'astrologie »[26]. Shannon Grimes a émis une thèse semblable à celle de Daumas, Festugière et Mertens. Selon Grimes, Zosime de Panopolis aurait été prêtre d'un culte égyptien et aurait adapté les traditions égyptiennes concernant la création et la consécration des statues de cultes, notamment lerite de l'ouverture de la bouche, aux traditions hébraïques et chrétiennes[27].
Liens avec les pratiques artisanales et la métallurgie
De nombreuses techniques artisanales sont connues dans l'Égypte hellénistique avant l'apparition de l'alchimie : la fonte des métaux (seulementsept métaux sont connus de l'Antiquité jusqu'à la Renaissance : or, cuivre, argent, plomb, étain, fer et mercure), la fabrication d'alliages (bronze etlaiton), différentes techniques de métallurgie et d'orfèvrerie, le travail du verre, la fabrication de gemmes artificielles, la fabrication de cosmétiques[28],[29],[30].
Les différentes techniques de raffinage des minerais aurifères et argentifères sont particulièrement pertinentes à ce qui allait être appelé « alchimie ». Les premières techniques consistent à extraire les métaux précieux des minerais. Comme le mentionnePline l'Ancien à la fin duIer siècle, le mercure était utilisé pour séparer l'or du minerai[31]. L'or et les argents se trouvant généralement mélangés l'un à l'autre ainsi qu'à d'autres métaux, la séparation de ces métaux était nécessaire à l'obtention d'or et d'argent de haut titre. Une première technique, lacoupellation, permettait de séparer l'or et l'argent d'autres métaux, mais non pas l'or de l'argent[32],[33]. Pour ce faire, on utilisait plutôt lacémentation, technique consistant à calciner l’alliage d'or et d'argent avec d'autres produits, dont le sel, dans des vases d'argile. Sous l'effet de la chaleur, l'argent du mélange réagit avec le sel et se colle aux parois du vase. Cette technique fut décrite parAgatharchide de Cnide dans un ouvrage cité par Diodore de Sicile et maintenant perdu[34],[35]. Des fouilles archéologiques à Sardes ont aussi démontré qu'une technique de cémentation similaire à celle décrite par Agarthacide y fut utilisée[36].
Un lien peut-être plus fort encore peut être fait entre l'utilisation de mercure pour la dorure (le mercure y servant à coller des feuilles d'or sur un objet)[37],[38], le rôle que cette technique jouait dans la coloration des statues et l'importance que le mercure revêt dans les commentaires alchimiques, notamment ceux de Zosime de Panopolis[39].
Les plus anciens textes grecs qu'on peut relier à l'alchimie sont lespapyrus de Leyde et de Stockholm, écrits en grec et découverts en Égypte, et qui datent duIIIe siècle. Ils contiennent250 recettes techniques qu'on peut répartir en quatre catégories visant à donner aux métaux l'aspect de l'or ou de l'argent et à imiter la coûteusepourpre et les pierres précieuses (émeraudes, perles…). Ces recettes sont claires dans la mesure où on parvient à en identifier aujourd'hui les ingrédients[40]. Les papyrus recettes contiennent des tests de la pureté des métaux précieux et communs, ce qui indique que leurs auteurs sont parfaitement conscients de la différence entre l'imitation et l'original[41]. Une de ces recettes, par exemple, porte sur l'« eau de soufre », constituée d'un mélange dechaux, desoufre et d'urine ou de vinaigre, que l'on chauffe. Elle permet de donner à l'argent l'aspect de l'or par l'action en surface depolysulfures de calcium[42]. Les premiers papyrologues ayant travaillé sur ces deux manuscrits s'accordent pour dire qu'ils sont l’œuvre du même copiste[10] (ce même copiste serait par ailleurs l'auteur de manuscrits maintenant mieux connus sous le nom de « papyrus grecs magiques »[43]). Considérés comme une seule œuvre, les manuscrits alchimiques de Leyde et de Stockholm portent sur l'imitation de quatre types de substances (l'or, l'argent, la teinture pourpre et les pierres précieuses). Cette même division se retrouve aussi dans la tradition desQuatre livres attribués à Démocrite, la plus ancienne tradition d'alchimie grecque que l'on connaisse[22],[44].
la fausse attribution à des auteurs célèbres ou mythiques ;
l'aspect initiatique : le Pseudo-Démocrite essaie sans succès d'invoquer du séjour des morts son maître décédé avant de lui avoir transmis ses secrets, mais finit par découvrir dans la colonne d'un Temple une formule résumant son art : « La nature se réjouit de la nature, la nature vainc la nature, la nature domine la nature ». Chaque recette est suivie d'une des trois propositions de la formule ;
l'ambiguïté du langage : le texte joue sur le double sens de l'expressiontheion hudor qui peut signifier en grec « eau de soufre » ou « eau divine »[50]. Il utilise l'expression « notre plomb » pour désigner autre chose, probablement lastibnite (minerai d'antimoine)[51].
Pour Didier Kahn, c'est le premier traité d'alchimie connu[52], mais pour Lawrence Principe, il appartient encore à la littérature technique des recettes[53]. Comme l'indiquaitRobert Halleux :« En fait, il est extrêmement difficile de distinguer une recette technique d'une recette alchimique. La différence essentielle, la chimérique prétention de transmuter, ne joue qu'au niveau de la conscience de l'opérateur, car sous l'angle strictement technique, […] les procédés des alchimistes grecs sont des procédés de bijoutiers : alliage à bastitre,dorure ouargenture de métaux vils, vernis imitant l'or et l'argent. Il conviendra donc de replacer les recettes dans leur contexte à la fois technique et intellectuel »[54].
Ces détails restent essentiellement limités aux écrits de Zosime. LaSouda, encylopédie datant de la fin duXe siècle, l'appelle un philosophe (appellation ordinaire pour un auteur de textes alchimiques grecs) d'Alexandrie[57]. LaSouda est la seule source identifiant Zosime comme un Alexandrin, et la plupart des chercheurs s'accordent maintenant pour dire que Zosime était originaire de Panopolis[39]. L'encyclopédie lui attribue aussi une œuvre en28 volumes « appelée par certainsCheirokmêta » et uneVie de Platon. AucuneVie de Platon ne nous est parvenue attribuée à Zosime et aucune collection de ses livres ne correspond exactement à la description faite desCheirokmêta.
Les alchimistes alexandrins utilisaient quatre types de techniques pour « produire » de l'or, techniques consignées dans des recettes[59] :
la fabrication d'alliages semblables à de l'or, composés de cuivre, d'étain et de zinc (comme lelaiton ou le moderne « or de Mannheim », alliage de cuivre et de zinc utilisé en bijouterie) ;
l'altération de l'or, en lui incorporant du cuivre et de l'argent dont les teintes rougeâtres et verdâtres des alliages avec l'or se compensent, ne modifiant pas la coloration initiale. Les alchimistes interprétaient cela comme la transformation de l'argent et du cuivre initial par l'or agissant comme une semence ;
la dorure superficielle des métaux (les recettes parlent alors de teinture plutôt que de fabrication). Cela se faisait par trois méthodes : l'utilisation d'unvernis laque teinté, le traitement par des solutions pour former une couche de sulfures, et la corrosion en surface d'or altéré, pour ne laisser à l'extérieur qu'une couche d'or pur (l'agent corrosif étant probablement une sorte d'anhydride sulfurique obtenu parcalcination de sulfates de fer et de cuivre) ;
l'utilisation de substances volatiles dans des processus de distillation et de sublimation, permettant d'extraire l'« esprit » d'un corps et de l'y réintroduire.
L’alchimiebyzantine, très active àAlexandrie, regroupe les écrits et les pratiques métallurgiques de la dernière période gréco-égyptienne de l’alchimie. Elle recoupe une série de théories, de méthodes et de recettes concernant la coloration des métaux et la fabrication d’alliages. Bien que l’alchimie byzantine cherche entre autres à faire passer les métaux de valeur moindre pour des métaux plus riches, elle ne se limite pas exclusivement à cette fin. Elle hérite d’un ensemble de théories concernant la matière provenant des philosophiesplatoniciennes,aristotéliciennes,néoplatoniciennes etgnostiques, et qui proposent des buts purement spirituels et régénératifs. Elle s’inscrit aussi dans le monde militaire byzantin via des recherches liées à la production d’armes à feu que l’on reconnaît dans la fabrication et l’utilisation dufeu grégeois.
Passage de l’alchimie gréco-égyptienne vers les Byzantins
Il est largement accepté que l’alchimie àByzance est une directe descendante de l’alchimie gréco-égyptienne qui semble prendre son origine dans plusieurs facteurs. D’abord, elle prend sa source dans les pratiques égyptiennes d'orfèvrerie qui, dans le but de s’arroger les moyens de fabriquer artificiellement de l’or, ou encore de tout simplement simuler le précieux métal, expérimentent déjà avec les différents alliages et les colorations métalliques[60]. Un autre facteur est la théorie ancienne qui postule l’unité de la matière et la nature composée desmétaux, où toute substance est ultimement composée à partir d’unemateria prima(en) qui prend ses spécificités par la présence de différentes qualités qui lui sont imposées. Les métaux, composés de ces qualités, pourraient être transmutés par la simple variation des proportions des éléments qui les constituent[61]. À ceci s’ajoute l’idée que pratique et technique doivent être opérées par l’imitation de la nature : la nature est l’athanor de la création divine, et l’alchimiste, par ses travaux, parachève la nature en imitant ses moyens. Cette concordance obligatoire entre les travaux de l’alchimiste et ce qu’il observe s’opérer dans le monde extérieur dérive de ladoctrine universelle des sympathies qui postule que tous les éléments du cosmos sont connectés par des liens occultes ; la qualité de ces liens qui relient une chose à une autre par force d’analogie est déterminée par la sympathie ou l’antipathie qu’elles éprouvent l’une pour l’autre[62].
Selon Jacques Sadoul, comme il est difficile de remonter plus loin que les manuscrits grecs, Byzance doit donc être considérée comme un des berceaux des pratiques métallurgiques[67].
Zosime est le premier alchimiste pour lequel nous avons quelques détails biographiques. C’est particulièrement à travers le corpus alchimique grec, collectionné par les Byzantins, qu’il est connu[68].
Penseur très éclectique, il transmet entre autres des techniques qu’il attribue au Pseudo-Démocrite et àMarie la Juive, comme l’usage dubain-marie, qui tire son nom de cette dernière. Il est le premier à élaborer une interprétation spirituelle et cosmologique des pratiques alchimiques. Pour Zosime, le but final de la science hermétique est de spiritualiser la matière, c’est-à-dire de transformer, à l’aide de diverses techniques, la matière physique en matière spirituelle. Il associe cette transformation à une régénération solaire au centre de laquelle se retrouve le symbolisme de l’or[69]. Cette vision du travail des métaux est au premier plan des croyances alchimiques tout au long du Moyen Âge et au-delà. Elle favorisera aussi sa rencontre avec la symbolique dusacrifice christique en établissant un parallèle entre la transmutation du physique vers le spirituel et le mystère de latranssubstantiationeucharistique[70]. En effet, les chrétiens ont imaginé laCène comme un acte decommunion où la substance du pain et du vin est radicalement modifiée par l’effet de l’action rituélique[71]. L’alchimie et l’Église chrétienne entretiennent toutes deux l’idée de la transmutation d’un élément en un autre, la première par leGrand œuvre et la seconde par la célébration de lamesse[72].
Malgré l’autorité que prêtent les Byzantins à Zosime, ses textes sont manifestement moins étudiés pour leurs perspectives transcendantales et mystiques que pour leurs aspects pratiques. La majorité des textes de la collection byzantine propose de nombreuses recettes concernant la coloration des métaux et la fabrication des alliages. Il faut donc en conclure qu’en dehors d’une certaine minorité, l’aspect spirituel de l’alchimie est beaucoup moins recherché que son aspect purement matérialiste. En effet, à Byzance, la production et le travail de l’or revêtent une importance à la fois politique et commerciale. La frappe des métaux pour la production des devises monétaires est une des spécialités de l’Empire et ce dernier n’hésite pas à employer des imitations sous forme d’alliage dans ce domaine[73]. Dès leIVe siècle, l’empereurConstantin Ier entreprend une réforme monétaire qui voit l’apparition d’une nouvelle pièce de monnaie en or quasiment pur, lenomisma. Cette dernière prime dès lors dans les échanges internationaux, et ce, jusqu’à ce qu’elle souffre d’une profonde dévaluation au cours duXIe siècle[74]. Il est probable que la position avantageuse d’être un régulateur des échanges commerciaux à travers l’Orient et l’Occident encouragea l’Empire byzantin à s’intéresser aux méthodes supposées de production artificielle de l’argent et de l’or.
On trouve dans les textes plusieurs recettes qui ne concernent pas directement le travail des métaux, mais qui ont une grande importance pour le monde byzantin. Ainsi sont conservées des recettes pour faire de lachaux[75], matériau essentiel dans le raffinement des métaux, mais aussi largement utilisé, entre autres, dans le domaine de la construction (fabrication dumortier), dans la fabrication desfresques et pour fertiliser les terres[76].
Une autre matière de premier plan pour les Byzantins, fabriquée par les alchimistes, ou à tout le moins dont le secret de la confection fut conservé par eux, est le pigment decinabre[77]. Celui-ci entrait dans la fabrication de l’encre de couleur pourpre, essentielle au système bureaucratique de l’Empire byzantin pour permettre d’authentifier les actes de la chancellerie. La signature impériale, toujours autographe, était réalisée à l’encre de cinabre dont seul l’Empereur pouvait faire usage[78]. La couleur rougeâtre du cinabre était associée à lapourpre impériale, d’où dérive un des titres que porte l’Empereur :Porphyrogénète, du grec ancienπορφύρα /porphúra, « pourpre ».
La fabrication des bières était aussi incluse dans le corpus de connaissance alchimique byzantine[79], et ceci probablement du fait que les alchimistes eux-mêmes voyaient l’œuvre alchimique comme le résultat d’une action en tout point similaire à la fermentation :
« Les Philosophes recommandent très souvent de fermenter la matière ; mais ils n’entendent pas toujours la même chose. Quelques fois ils parlent de la fermentation pour la confection de l’élixir, et quelques fois de la continuation du régime pour passer d’une couleur à une autre[80]. »
Outre les produits précédemment mentionnés, la collection alchimique contient : un traité sur la fabrication des verres, un autre sur la coloration des pierres précieuses telles que les émeraudes, les escarboucles et les améthystes[81]. Quelques recettes montrent comment créer des « perles » et comment les traiter[82]. On y trouve aussi une recette pour la confection de la lessive et du savon, de la colle et des teintures pour la laine[83].
Identifié à tort avec le philosophe et historienOlympiodore de Thèbes, Olympiodore d’Alexandrie, ou encoreOlympiodore l’Alchimiste, est un philosophe alexandrin et néoplatonicien. Il serait né aux alentours de 500 et décédé après 564[84]. On lui attribue un commentaire sur le livreSur l’action de Zosime, et, d’une manière plus générale, sur les textes attribués àHermès Trismégiste[85]. Cette attribution est néanmoins questionnée et reçue par certains comme peu probable[84].
On attribue le traité alchimiqueSur l’art divin et sacré à un certain Pelagios le Philosophe. Il est possible que Pelagios fasse référence àPélagius, moine breton hérétique ayant terminé sa vie en Égypte, mais il est peu probable que le texte soit de sa main.
Jean l’Archiprêtre en Évagie est un autre auteur présent dans la collection alchimique byzantine sur qui il est difficile de retrouver des informations. Il ne semble être que mentionné comme auteur du traitéSur l’art divin[86].
Stephanos d’Alexandrie était un professeur public et philosophe ayant vécu sous l’empereurHéraclius auVIIe siècle. Il enseignait les écrits dePlaton et d’Aristote et se spécialisait dans les sujets duquadrivium. On lui connaît des commentaires sur Platon et sur Aristote, ainsi que des travaux de nature astronomique, astrologique, médicale et alchimique[87]. Pour ses travaux alchimiques, il légua un important traité qui n’a pas été inclus dans la collection des alchimistes grecs deMarcellin Berthelot. Le texte se trouve imprimé dans sa version grecque dans lePhysici et Medici Graeci Minores deJulius Ludwig Ideler[88] et se nommeSur le grand art sacré de faire de l’or[89].
Un alchimiste du nom de Synésios (ou Synésius) est depuis longtemps associé àSynésios de Cyrène. Le rapprochement est déjà assumé chezLenglet du Fresnoy en 1744[91]. Le texte alchimique qui lui est attribué s'intituleSur l’œuvre des Philosophes et on en a la traduction française dans laBibliothèque des Philosophes Chymiques[92].
Synésios de Cyrène serait né vers 370 àCyrène et décédé àPtolémaïs aux alentours de 413. Il étudie la philosophie àAlexandrie et se situe dans le courantnéoplatonicien. Il visiteAthènes et se rend ensuite àConstantinople de 399 à 402. Il se convertit en épousant une chrétienne dont il a trois fils. Il retourne à Ptolémaïs, sur invitation, pour en devenir l’évêque en 411[93].
Deux commentateurs byzantins majeurs et tous deux anonymes se trouvent dans la collection alchimique grecque : le Chrétien (Philosophus Christianus), auquel est attribué un traité de douze chapitres nomméSur la constitution de l’or[94], et le Philosophe anonyme, auteur de trois courts textes :Sur l’eau divine du blanchiment,Sur la pratique de la Chrysopée etLa musique et la chimie[95].
Cosmas est un autre alchimiste byzantin sur lequel les informations manquent. Selon le titre de son ouvrage,Explication de la science de la Chrysopée par le saint moine Cosmas[96], il proviendrait du monde monastique, sans qu'on sache à quel monastère il se rattache. Selon F. Sherwood Taylor, la rédaction du texte doit être située aux alentours de l’an mil de par l’emploi de certains termes barbares[97].
Un autre texte du corpus alchimique grec est attribué au constantinopolitainNicéphore Blemmydès. Après laconquête de Constantinople, en 1204, il se réfugie enBithynie où il poursuit de longues études dans l’ensemble des domaines de connaissances prisées de son époque. En 1234, il est ordonné prêtre et fait son entrée dans la vie monastique. À sa mort, il laisse une œuvre imposante, à la mesure de la légende faisant de lui l’un des hommes les plus savants de son temps[98]. Son traité alchimique s'appelleLa Chrysopée[99].
D’autres auteurs et commentateurs alchimiques mineurs ont légué des textes à travers la Collection alchimique grecque. La plupart d’entre eux sont anonymes. Parmi ceux qui mentionnent leur nom, on trouve Héliodore, Theophrastos, Hierotheos, Archelaos.
L’alchimie intéressait les élites pour les perspectives de richesses qu’elle leur faisait miroiter certes, mais aussi pour des raisons de pouvoir militaire. En tout point les Byzantins sont les héritiers des techniques militaires propres à la civilisation gréco-romaine[100], mais ils n’hésitent pas à utiliser les recherches alchimiques pour mettre en place de nouvelles armes de guerre. Très peu est connu de ce que l’on appelle lefeu grégeois, mais son invention place sans aucun doute les Byzantins à l’avant-plan dans l’invention des armes à feu qu’on attribuait jusqu’alors aux Chinois[101]. L’appareil était particulièrement utilisé sur les bateaux[102], comme pour repousser les invasions arabes, à deux reprises, lorsqu’ils assiègent Constantinople.Jean Skylitzès en donne un exemple illustré dans saChronique dont le manuscrit est conservé àMadrid. Il était aussi utilisé lors des sièges et parfois manié à l’aide d’un appareil portable nommésiphon[103]. L’aspect moderne d’une telle arme, malgré l’époque reculée à laquelle elle appartient, rappelle sans nul doute certaines technologies contemporaines telles que lelance-flammes[104] ou lenapalm[105].
Il est possible que l’invention du feu grégeois, ainsi que son secret si bien gardé, soit en relation avec la situation précaire de la défense du territoire à laquelle l’Empire byzantin doit faire face. Celui-ci est constamment menacé, de sa création jusqu’à sa chute, par diverses forces militaires : lesPersans, suivis par les Arabes à l’est, lesAvares au sud menacent les territoires en Afrique, lesBulgares à l’ouest et plus tard les chrétiens d’Occident avec lescroisades. La possession d’une arme aussi impressionnante que le feu grégeois est un net avantage dans une situation aussi hostile.
Bien que la technique du feu grégeois ait été en partie perdue, il reste quelques bribes de recettes dans leLiber Ignium (Le livre des feux) de Marcus Graecus, conservé dans le manuscrit latinarii tractatus de alchimia[106]. Une version latine imprimée fut publiée en 1804[107] etFerdinand Hoefer en donne une traduction française dans sonHistoire de la chimie depuis les temps les plus reculés en 1842[108].
L’intérêt que les Byzantins portent à l’alchimie est évident et se démontre dans leur désir de collectionner les écrits grecs anciens, la rédaction de commentaires et la production d’écrits originaux[109]. Malgré les rapprochements éventuels entre les théories alchimiques et ledogme chrétien, l’alchimie qui fleurit àByzance est essentiellement de naturepaïenne par ses aspectsgnostiques etnéoplatoniciens[110].
Mais l’alchimie est officiellement une activité illégale à l’intérieur des frontières byzantines dès lors queDioclétien, en 297, publie un édit la condamnant et ordonne de brûler les livres des anciens Égyptiens qui traitent de la fabrication de l’argent et de l’or[111]. Ce statut d’illégalité explique peut-être que la quasi-totalité des alchimistes byzantins semblent cantonnés aux frontières de l’Empire et proviennent surtoutd’Alexandrie en Égypte. Cela pourrait aussi expliquer que la majorité des écrits alchimiques sont anonymes oupseudépigraphes.
Malgré cet interdit, la transmission de l'alchimie byzantine ne se limite pas à quelques cercles d’adeptes.Joseph Bidez montre qu’elle jouit d’une diffusion relative dans les élites en citant la lettre du moine et écrivain duXIe siècleMichel Psellos adressée au patriarcheMichel Cérulaire[112] : elle traite de points concernant l’alchimie, l’astrologie et la démonologie dont le patriarche est curieux. Cette épître est suffisante pour que, plus tard, on considère Michel Psellos comme étant lui-même un alchimiste d’autorité. On retrouve d’ailleurs un sceau contenant son nom dans la collection latine de textes alchimiquesBibliotheca Chemica Curiosa de Manget imprimée en 1702[113].
Mais malgré le fond résolument païen de l’alchimie à cette époque, l’ensemble des alchimistes byzantins sont essentiellement chrétiens, et l’art sacré semble jouir d’un certain essor dans le milieu monastique grâce à des auteurs comme Cosmas, Michel Psellos etNicéphore Blemmydès[114].
L'alchimie arabe naît en 685 quand, selon la légende, le princeKhâlid ibn al-Yazîd commande au moine Marianus (ou Morienus), élève de l'alchimisteÉtienne d'Alexandrie (vers 620), la traduction en arabe de textes alchimiques grecs ou coptes[115],[116].
Un certain nombre de traités arabes médiévaux de magie, d’astrologie ou d’alchimie sont attribués à Balînâs Tûwânî (Apollonios de Tyane). AuIXe siècle (vers 825)[120], en lien avec ce mage pythagoricien, leLivre du secret de la Création. Kitâb sirr al-Khaleqa donne en arabe le texte de laTable d’émeraude, qui joue un rôle essentiel dans la tradition hermético-alchimique.
« C'est ici le livre du sage Bélinous [Pseudo-Apollonius de Tyane], qui possède l'art des talismans : voici ce que dit Bélinous. […] Il y avait dans le lieu que j'habitais [Tyane] une statue de pierre, élevée sur une colonne de bois ; sur la colonne, on lisait ces mots : « Je suis Hermès, à qui la science a été donnée… » Tandis que je dormais d'un sommeil inquiet et agité, occupé du sujet de ma peine, un vieillard dont la figure ressemblait à la mienne se présenta devant moi et me dit : « Lève-toi, Bélinous, et entre dans cette route souterraine, elle te conduira à la science des secrets de la Création… » J'entrai dans ce souterrain. J'y vis un vieillard assis sur un trône d'or, et qui tenait d'une main une tablette d'émeraude… J'appris ce qui était écrit dans ce livre duSecret de la Création des êtres… [Table d'émeraude :] Vrai, vrai, indiscutable, certain, authentique ! Voici, le plus haut vient du plus bas, et le plus bas du plus haut ; une œuvre des miracles par une chose unique… »
Râzî (860-923), appelé Rhazès en Occident, a laissé unLivre des secrets. Kitâb al-asrâr de grande influence.
L'encyclopédie des Frères de la pureté (Ikhwân as-Safâ, 963) contient une section sur l'alchimie[121].
Le philosophe Algazel (Al-Ghazali 1058-1111) parle d'une alchimie de la félicité (kimiyâ es-saddah), mais il est plutôt opposé à la pratique alchimique.
Le passage duKitâb al-Shifâ’ (vers 1020) dans lequelAvicenne (Ibn Sīnā) s'oppose à l'alchimie est traduit en latin sous le titreDe congelatione et conglutinatione lapidum (« De la congélation et de la conglutination de la pierre »), parAlfred de Sareshel vers 1190. Mis en annexe du livre IV desMétéorologiques, dans lequelAristote discute de la nature et de la formation des métaux, il sera attribué à ce dernier et influencera tant les alchimistes que leurs opposants[127],[128]. L’or est fait de mercure et de soufre combinés sous l’influence du Soleil. Une phrase célèbre marque les esprits :« Que les alchimistes sachent qu’ils ne peuvent transmuter les espèces métalliques » (« Sciant artifices alchemiae species metallorum transmutari non posse »).
Avec ce corpus traduit de l'arabe, outre un certain nombre de termes techniques commealambic ouathanor, l'alchimie latine va hériter de ses principales thématiques et problématiques : l'idée que les métaux se forment sous la Terre sous l'influence des planètes à partir de soufre et de mercure, et que l'alchimie vise à reproduire, accélérer ou parfaire ce processus ; l'analogie entre alchimie et médecine, sous la forme de l'élixir ; la connotation religieuse, le dieu créateur étant vu comme le modèle de l'alchimiste ; la question de la diffusion ou du secret de la connaissance alchimique[122].
Plusieurs traditions sont représentées dans ces textes : des traités pratiques et clairs, parmi lesquels ceux issus de l'école deGeber et deRhazès, et leDe anima in arte alchemia attribué àAvicenne, qui reflètent une véritable recherche expérimentale ; des traités de recettes reprenant la forme duSecretum secretorum (attribué àRhazès et traduit par Philippe de Tripoli vers1243) ; et des textes allégoriques dont leMorienus, laTurba philosophorum et laTabula Chemica de Senior Zadith (Ibn Umail)[122]. LePseudo-Geber (Paul de Tarente, auteur deLa somme de perfection. Summa perfectionis, 1260)[130],[131],[132], le Pseudo-Arnaud de Villeneuve (Rosarius, av. 1332), Gérard Dorn (Clavis totius philosophiae chymisticae, 1566) reprendront l'idée de mêler pratique et allégorie.
Illustrations d'appareils d'alchimie,Ymage de Vie, anonyme,XVe siècle.
Vers 1210, le savantMichael Scot écrit plusieurs traités alchimiques :Ars alchemiae[133],Lumen luminum. Il est le premier à évoquer les vertus médicales de l’or potable ;Roger Bacon (Opus majus, 1266 ;Opus tertium, 1270), le Pseudo-Arnaud de Villeneuve (Tractatus parabolicus, vers 1330), le paracelsien Gérard Dorn (De Thesauro thesaurorum omnium, 1584) poursuivront dans ce sens.
Vers 1250,Albert le Grand admet la transmutation, il établit l’analogie entre la formation du fœtus et la génération des pierres et métaux[134]. Il défend la théorie du soufre et du mercure. Il est sans doute l'auteur d'Alkimia[135] ou d'Alkimia minor[136], mais pas des autres traités, tels queSemita recta, ouLe composé des composés (Compositum de compositis). Thomas d'Aquin n'est pas alchimiste, quoiqu'on lui attribueL'aurore à son lever (Aurora consurgens), qui présente l'alchimie comme une quête de régénération spirituelle, intérieure[137], en date de 1320[138].
« L'alchimie est la science qui enseigne à préparer une certaine Médecine ou élixir, laquelle étant projetée sur les métaux imparfaits, leur donne la perfection dans le moment même de la projection. »
Les deuxprincipes ou Substances étaient le soufre et le mercure, un troisième s'ajoute dès laSomme de la perfection (Summa perfectionis) (1260) : l'arsenic. L'ouvrage est attribué à l'Arabe Geber (Jâbir ibn Hayyân), mais il est duPseudo-Geber, ou Geber latin, Paul de Tarente.
L'année 1330 est la date deLa nouvelle perle précieuse (Pretiosa margarita novella), dePetrus Bonus, qui est un discours théologique. L'auteur distingue recherche scientifique et illumination divine. Il est le premier à faire une lecture alchimique des grands mythes antiques, comme la Toison d’or, Pan,les métamorphoses d'Ovide,Virgile, etc. ; il sera suivi parAugurelli,Pic de la Mirandole,Giovanni Bracesco (✝ 1555),Dom Pernéty. Petrus Bonus soutient la théorie du mercure seul. Le premier, il compare la pierre philosophale au Christ : si le processus du Grand Œuvre correspond à la vie humaine (conception, gestation, naissance, croissance, mort), il correspond aussi aux mystères de la religion chrétienne (incarnation et passion du Christ, Jugement dernier, mystère de la Sainte-Trinité, etc.)[145].
Vers 1350, Rupescissa (Jean de Roquetaillade) (De consideratione quintae essentiae) assimile élixir et alcool, comme un cinquième Élément, unequintessence donc, qui peut prolonger la vie. Il dit que l’on peut extraire cette quintessence de toutes choses, du sang, des fruits, du bois, des fleurs, des plantes, des métaux, d’où certains remèdes. Il fait une alchimie distillatoire, car, pour lui, la quintessence est un distillat extrêmement puissant qui peut s’extraire de l’alcool distillé mille et une fois. Cette théorie de la quintessence introduit l’idée du « principe actif » possédant au centuple les mêmes propriétés que les simples, dontGalien avait détaillé les effets bénéfiques sur le plan humain.
En 1273, 1287, 1289, 1323, 1356 et 1372, les chapitres généraux des Dominicains intiment aux frères de remettre à leurs supérieurs les écrits d'alchimie ou (en 1321) de les détruire[150],[151]. En 1295, la législation des franciscains leur interdit de détenir, lire, écrire des livres d'alchimie[152],[153].
LaTable d'émeraude (version latine). Extrait duDe Alchimia, Chrysogonus Polydorus (peut-être un pseudonyme du théologien luthérienAndreas Osiander),Nuremberg,1541.Trois traitez de la philosophie naturelle, contenant notamment Les figures hiérogliphiques, Nicolas Flamel,1612.
À la Renaissance est publié le poèmeL'ordinaire d'alchimie (1477) deThomas Norton.
Denis Zachaire déclare avoir réussi à transmuter du mercure en or le jour de Pâques 1550 :
« Il ne se passait jour que je ne regardasse d'une fort grande diligence la parition des trois Couleurs [noir, blanc, rouge] que les philosophes ont écrit devoir apparaître avant la perfection de notre divine œuvre, lesquels (grâce au Seigneur Dieu) je vis l'une après l'autre, si bien que le propre jour de Pâques [1550]. Après j'en vis la vraie et parfaite expérience sur l'argent vif [mercure] échauffé dedans un crisot [creuset], lequel se convertit en fin or devant mes yeux à moins d'une heure par le moyen d'un peu de cette divine poudre. Si j'en fus aise, Dieu le sait ; je ne m'en vantis pas pour cela. »
L'ouvrage régulièrement attribué àNicolas Flamel,Le livre des figures hiéroglyphiques, qui donne une interprétation alchimique de l'arche ducimetière des Innocents à Paris, n'a pas été écrit par Nicolas Flamel, qui ne fit jamais d'alchimie[160],[161]. Le livre est daté de 1399, mais il ne fut édité qu’en 1612 : il n'a pu être écrit que vers 1590, peut-être par l'écrivainFrançois Béroalde de Verville (1558-1612)[162]. Il développe la notion d'ars magna, une mutuelle délivrance de la matière et de l’esprit par la réalisation de l’œuvre, à la fois spirituelle et physique[163],[164],[165].
Paracelse, comme l'a montré un de ses éditeurs, Johann Huser, n'a rien écrit d'alchimique au sens courant du terme (transmutation des métaux, production d'or)[166], puisqu'il se concentre sur l'utilisation médicale et l'aspect philosophique. Dans sonOpus paragranum (1533), il substitue aux quatre Éléments les trois Substances (tria prima) que sont le soufre, le mercure et (c'est Paracelse qui l'ajoute) le sel ; il assimile le processus de digestion à l’alchimie, science des cuissons et des maturations. Cette approche spécifique qu'avait Paracelse de l'alchimie donnera naissance à laspagyrie.
« Parmi toutes les substances, il en est trois qui donnent à chaque chose leur corps, c'est-à-dire que tout corps consiste en trois choses. Les noms de celles-ci sont : Soufre, Mercure, Sel. Si ces trois choses sont réunies, alors elles forment un corps […]. La vision des choses intérieures, qui est le secret, appartient aux médecins. […] Prenez l'exemple du bois. Celui-ci est un corps par lui-même. Brûlez-le. Ce qui brûlera, c'est le Soufre ; ce qui s'exhale en fumée, c'est le Mercure ; ce qui reste en cendres, c'est le Sel. […] Ce qui brûle, c'est le Soufre ; celui-là [le Mercure] se sublime, parce qu'il est volatil ; la troisième Substance [le Sel] sert à constituer tout corps »
Saule pleureur ; Van Helmont comprend ce qu'est un gaz, mais il ne comprend pas que l'arbre est capable via laphotosynthèse de prélever du CO2 dans l'air ni que desbactériessymbiotes peuvent aussi prélever de l'azote dans l'air au profit de l'arbre. Il pense qu'un saule qu'il a mis en culture et qui est uniquement abreuvé d'eau de pluie est capable de transmuter de l’eau en bois, en écorces et en racines.
Jean-Baptiste Van Helmont (1579-1644), alchimiste précurseur de la chimie, voulait démontrer que la théorie des quatre éléments alchimiques n'était pas valable.
Van Helmont obtient d'abord un diplôme en philosophie avant de chercher une autre voie dans l'astronomie, puis dans la médecine. Se penchant sur les mystères de l'alchimie, il tente la transmutation des métaux et découvre l'existence des gaz, ce qui le situe à l'orée de la science moderne[168][réf. incomplète]. Il en décrit plusieurs, dont le gaz carbonique. Ses œuvres ont été publiées par son fils François-Mercure sous le titreOrtus medicinae, vel opera et opuscula omnia[169].
AvecGérard Dorn (Clavis totius philosophiae chymisticae, 1566),Jacques Gohory (Compendium, 1568), Cesare Della Riviera (Le monde magique des héros, 1603)naît une alchimie spéculative, sans pratique opératoire[réf. nécessaire]. Elle se prolonge par certaines œuvres deGiordano Bruno ou deJean d'Espagnet. Une correspondance s'établit entre les stades du Grand Œuvre et les étapes d’une transmutation spirituelle.
En 1616 paraissentLes noces chymiques de Christian Rosencreutz, de Jean Valentin Andreae. L'alchimie est ici spirituelle, allégorique, et surtout relève de laRose-Croix.Michael Maier, médecin de l'empereurRodolphe II du Saint-Empire, donne dans son livreThemis Aurea les règles d'or des médecins alchimistes de l'Ordre de la Rose-Croix.
En 1677 paraît à La Rochelle un livre singulier, dû à Jacob Saulat :Mutus liber. Livre muet[176] : « toute la philosophie hermétique est représentée en figures hiéroglyphiques », en fait quinze planches, sans texte, qu'Eugène Canseliet éditera et commentera[177]. Le livre semble tenir la rosée pour un élixir.
Robert Boyle, qui croit à la possibilité de la transmutation des métaux, met en doute, dansThe Sceptical Chymist (1661), la théorie desquatre éléments, ainsi que celle des trois principesparacelsiens (soufre, mercure et sel), et introduit l'idée d'élément chimique comme élément indécomposable, et non transformable en un autre élément.
Le 31 janvier 1712, l'alchimisteJean Trouin meurt embastillé sans avoir transformé le plomb en or comme il le prétendait.
En 1722, le médecin et naturaliste françaisÉtienne-François Geoffroy, inventeur du concept d'affinité chimique, ne croit pas à la transmutation, mais ne pense pas possible de démontrer son impossibilité :
« L'Art [alchimique] n'a jamais fait un grain [d'or] d'aucun des métaux imparfaits [plomb, étain, fer, cuivre, mercure], qui selon les alchimistes sont de l'or que la Nature a manqué. Il n'a seulement jamais fait un caillou. Selon toutes les apparences, la Nature se réserve toutes les productions. Cependant, on ne démontre pas qu'il soit impossible de faire de l'or, mais on ne démontrera pas non plus qu'il soit impossible qu'un homme ne meure pas[178]. »
En 1781,Sabine Stuart de Chevalier, une des rares femmes alchimistes, publie sonDiscours Philosophique sur les Trois Principes, Animal, Végétal et Minéral, ou la Clef du Sanctuaire Philosophique.
En 1783,Lavoisier décompose l'eau en oxygène et hydrogène.
Lecomte de Saint-Germain, célèbre en France entre 1750 et 1760, prétend être immortel et capable de produire ou de purifier des pierres précieuses.
AuXIXe siècle, les quelques alchimistes résiduels sont considérés comme des curiosités, vestiges d'une époque révolue[179].
Ceux qui pratiquent l'hyperchimie (Tiffereau, Lucas, Delobel,Jollivet-Castelot) veulent faire de l'alchimie de façon strictement chimique.Théodore Tiffereau fabrique de l'or à Mexico en 1847, etGustave Itasse, un chimiste, découvre que cet or possède« toutes les propriétés de l'or natif mais diffère de celui-ci par quelques propriétés chimiques n'appartenant pas en propre à un autre métal »[180].
En 1926 paraît l'ouvrageLe mystère des cathédrales, écrit par un inconnu usant du pseudonymeFulcanelli. Ce même auteur fait publier quelques années aprèsLes Demeures philosophales. Fulcanelli devient auXXe siècle une légende[181].Canseliet, qui aurait été son élève, souffle le chaud et le froid sur ce personnage, qui, selon la légende, aurait bénéficié du « don de Dieu » : l'immortalité (il aurait été vu enEspagne âgé de 113 ans) : « Eh bien, quand je l'ai revu, il avait 113 ans, c'est-à-dire en 1952. J'avais à cette époque 53 ans. J'ai vu un homme sensiblement de mon âge. Attention, je précise, Fulcanelli en 1922 et même avant, c'était un beau vieillard, mais c'était un vieillard ».
Sont également des auteurs contemporains : Roger Caro, fondateur de l'Église universelle de la nouvelle alliance, Kamala Jnana et Jean de Clairefontaine, qui ne sont peut-être qu'une seule personne[182]. Jean de Clairefontaine n'est pas Roger Caro, mais son ami et mécène Maurice Auberger. Richard Caron[183] fait état d'un regain d'intérêt notoire à partir du débutXXe siècle.« On voit s'intéresser à l'alchimie non seulement des occultistes de tous horizons, mais également des écrivains, une certaine partie de la bourgeoisie qui fréquentait les salons littéraires, et particulièrement le milieu médical qui depuis la fin du siècle précédent a fait soutenir, dans ses facultés, un grand nombre de thèses en médecine ».
Pour Fulcanelli[184], l'alchimie est« la science hermétique »,« une chimie spiritualiste » qui« tente de pénétrer le mystérieux dynamisme qui préside » à la« transformation » des« corps naturels ». L'archimie poursuit à peu près un des buts de l'alchimie (« la transmutation des métaux les uns dans les autres »), mais elle utilise« uniquement des matériaux et des moyens chimiques », elle se cantonne au« règne minéral ». La spagyrie est« l'aïeule réelle de notre chimie ».« Les souffleurs, eux, étaient de purs empiriques, qui essayaient de fabriquer de l'or en combinant ce qu'ils pouvaient connaître de l'alchimie (bien peu de choses !) et des secrets spagyriques »[185].
En 1953,René Alleau publie aux éditions de Minuit un ouvrage fondamental,Aspects de l'alchimie traditionnelle, avec une préface d'Eugène Canseliet. Alleau, en 1948, prononce une série de conférences sur l'alchimie auxquelles assisteAndré Breton, et qui eurent un profond retentissement sur le chef de file des surréalistes. On doit au même auteur la collection Bibliotheca Hermetica desÉditions Denoël.
En 1956 paraît pour la première fois en édition complète chez DenoëlLe Message Retrouvé, du peintreLouis Cattiaux dont le témoignage alchimique, comme celui de saPhysique et métaphysique de la peinture, est fort évident. L'ouvrage sera réédité de très nombreuses fois dans sa langue française originale de même qu'en castillan, catalan, allemand, italien, portugais, anglais (en tout, plus de vingt éditions). Il a donné lieu à bien des commentaires alchimiques[186].
DansCes Hommes qui ont fait l'alchimie auXXe siècle[187], Geneviève Dubois donne la parole à, ou dresse la liste de nombreux alchimistes contemporains :Louis Cattiaux,Emmanuel d'Hooghvorst, José Gifreda, Henri Coton-Alvart, Henri La Croix-Haute, Roger Caro, Alphonse Jobert, Pierre Dujols de Valois, Fulcanelli et Eugène Canseliet.
« Les alchimistes […] étaient des « philosophes » d'un genre particulier qui se disaient dépositaires de la Science par excellence, contenant les principes de toutes les autres, expliquant la nature, l'origine et la raison d'être de tout ce qui existe, relatant l'origine et la destinée de l'univers entier. »
« Il convient surtout de considérer l'alchimie comme une religion expérimentale, concrète, dont la fin était l'illumination de la conscience, la délivrance de l'esprit et du corps […]. Ainsi l'alchimie appartient-elle plutôt à l'histoire des religions qu'à l'histoire des sciences. »
La première synthèse artificielle de l'or date de1941 : elle consista à bombarder un à un des atomes demercure avec desneutrons. Cependant, lesisotopes d'or obtenus étaient tousradioactifs[190]. Le coût de production étant bien plus élevé que le prix de l'or, cette méthode de production n'est pas viable commercialement.
Développement de l’embryon cosmique, un des processus de l’alchimie interne taoïste
La recherche des remèdes d'immortalité fait partie de la culture chinoise antique depuis lapériode des Royaumes combattants. Les souverains font confiance à lavoie des magiciens et des immortels, et les pratiques de ces « magiciens » s'apparentent souvent à l'alchimie. Sur un plan strictement historique, un savoir de type alchimique est établi, pour la Chine, à partir duIIe siècle avant l’ère chrétienne[191]. On trouve la trace, dans lesMémoires historiques deSima Qian, d'un récit parlant de transmutation en or et d'allongement de la vie par des pratiques alchimiques lors du règne deWu Di de la dynastie Han en 133av. J.-C.[192]. On voit le magicien Li Shao-jun se rendre chez l'empereur et lui dire :« Si vous sacrifiez au fourneau, alors je vous enseignerai comment faire des vases en or jaune ; et dans ces vases vous pourrez boire et acquérir l'immortalité ». « C'est probablement, dit J. Needham, le plus ancien document sur l'alchimie dans l'histoire du monde »[193]. À la lumière de travaux les plus récents sur l'origine de l'alchimie chinoise (Pregadio[194] 2006, Campany[195] 2002), les opinions de certains spécialistes français duXXe siècle commeSerge Hutin paraissent dépassées[N 2].
Un texte fondateur, plus un traité de cosmologie que d'alchimie, est leCantongqi (Tcheou-yi san-t'ong-ki. Triple concordance dans le livre des mutations des Tcheou), attribué à Wei Boyang (Wei Po-yang), un Immortel légendaire situé en 142. Le premier traité alchimique chinois connu est leBaopuzi neipian écrit parGe Hong (283-343apr. J.-C.)[196]. Les alchimistes chinois font une distinction entre « alchimie extérieure » (waidan,wai tan) et « alchimie intérieure » (neidan,nei tan). L’alchimie extérieure, telle que pratiquée par Ge Hong par exemple[197], cède la place à l’alchimie intérieure qui domine dès la fin de laDynastie Tang en 907. Les premières traces écrites de cette alchimie intérieure qui s'inscrit dans le cadre dutaoïsme datent duVIIIe siècle[198].
L'alchimie dite « indienne » est hindouiste. Elle remonte à la période très ancienne desVeda (IIe millénaire av. J.-C.) et tire ses origines de l'Ayurveda. Cette connaissance alchimique est appeléeRasâyana, qui signifie littéralement « voie du mercure ». LeRasâyanaamène à la préparation d'un élixir de longue vie nomméAusadhi[199].
L'Ayurveda est divisée en huit branches[200] dont l'une est leRasâyana :
Kayachitsa,« médecine interne »,
Shalya Tantra, « chirurgie »,
Shalakya Tantra, « médecine O.R.L. »,
Agada Tantra, « toxicologie »,
Bhuta Vidya, « psychiatrie »,
Kaumarbhritya Tantra, « pédiatrie »,
Rasâyana, « gériatrie et thérapie du rajeunissement », « voie du mercure »,
Vajikarana, « science des aphrodisiaques ».
Des rapprochement entre l'alchimie et les pratiquesshivaïques ettantriques ont été effectués par plusieurs auteurs:Shiva, qui s'apparenterait au principe actif dusoufre, fécondeÇakti, qui s'apparenterait au principe passif dumercure. Dans la tradition tantrique, le corps devient unSiddha-rûpa, "corps de diamant-foudre"[201], se rapprochant du concept decorps de gloire de l’Ars Magna en occident[202].
Selon A.B. Ketith, Lüders, J. Ruska, Stapleton, R. Müller, E. Von Lippman[207], se basant sur l'arrivée tardive de l'alchimie dans la littérature indienne, ce sont les Arabes qui auraient introduit l'alchimie en Inde vers leXe siècle.
Le sujet a été étudié parAdolf Leo Oppenheim etMircea Eliade[208].« Robert. Eisler[209] a suggéré l'hypothèse d'une alchimie mésopotamienne. En réalité, les tablettes dont Eisler faisait état sont soit des recettes de verrier, soit des rituels accompagnant les opérations de métallurgie »[210]. Les Mésopotamiens utilisent, dans leurs recettes pour fabriquer de la pâte de verre coloré, un langage secret[211], mais cela relève davantage du secret de métier que de la discipline de l'arcane.
L'étape mésopotamienne est un moment capital dans l'histoire de l'alchimie, car les métaux sont mis en correspondance avec les planètes. Ainsi s'établit le fondement ésotérique de l'alchimie : la mise en place de corrélations entre des niveaux différents de réalité dans un monde conçu sur base d'analogies (a est à b ce que c est à d).
La Lune est liée à la couleur argentée, au métal argent, aux dieux Sîn (dieu Lune) et Anum ; le Soleil est lié à la couleur dorée, au métal or, aux dieux Shamash (dieu Soleil) et Ellil ; Jupiter : bleu lapis, étain, Mardouk et Nin-ani ; Vénus : blanc, cuivre, Ishtar déesse de la fécondité et des combats) et Éa ; Mercure jaune-vert, vif-argent (?), Nabou (dieu de l'écriture) ; Saturne : noir, plomb (?), Nirurta ; Mars : brun-rouge, fer (?), Erra (Nergal)[213].
influences moyenne-orientales: SelonBernard Gorceix, les traces de l'antique Iran sont nettement perceptibles dans l'élaboration des textes alchimiques. Il relève en particulier l'influence duZervanisme ou duZoroastrisme[214], notamment concernant la conception de l'hermétisme gnostique d'un deuxième dieu corrupteur et plus particulièrement la corruption de la matière par celui-ci.
L'alchimie s'est donné des buts distincts, qui parfois coexistent. Son but le plus emblématique est la fabrication de lapierre philosophale, ou « grand œuvre » (Magnum Opus), censée être capable de transmuter les métaux vils enor, ou enargent (petit œuvre). D'autres buts sont essentiellement thérapeutiques, la recherche de l'élixir d'immortalité et de laPanacée (médecine universelle), et expliquent l'importance de la médecine arabe dans le développement de l'alchimie. Derrière des texteshermétiques constitués de symboles cachant leur sens au profane, certains alchimistes s'intéressaient plutôt à latransmutation de l'âme, c'est-à-dire à l'éveil spirituel. On parle alors de « l'alchimiemystique ». Plus radical encore, l'Ars Magna, une autre branche de l'alchimie, a pour objet la transmutation de l'alchimiste lui-même en une sorte de surhomme au pouvoir quasi illimité. Un autre but de l'alchimie, est la création d'un homme artificiel de petite taille, l'homoncule[réf. souhaitée].
L'alchimiste oppose ou rend complémentaires alchimie pratique et alchimie spéculative.Roger Bacon, en 1270, dans sonOpus tertium, 12, distinguait ces deux types-ci :
« [Il y a] l'alchimie spéculative, qui traite de tout ce qui est inanimé et de toute génération à partir des Éléments. Il y a aussi l'alchimie opérative et pratique, qui enseigne à fabriquer les métaux nobles, les couleurs et beaucoup d'autres choses par l'Art, mieux ou plus abondamment que ne les produit la nature ». Une alchimie purement spéculative, sans manipulations, n'apparaît que vers 1565, avecGérard Dorn.
But métallique : le Grand Œuvre et la transmutation
Le Grand Œuvre avait pour but d'obtenir lapierre philosophale. L'alchimie était censée opérer sur uneMateria prima, "première Matière", pour obtenir la pierre philosophale capable de réaliser la « projection » : la transformation des métaux vils en or. Les alchimistes ont développé deux méthodes : lavoie sèche et lavoie humide[215]. De façon classique la recherche de la pierre philosophale se faisait par lavoie humide, que présente par exempleZosime de Panopolis dès 300. La voie sèche est beaucoup plus récente, peut-être été inventée parBasile Valentin, vers 1600. En 1718, Jean-Conrad Barchusen, professeur de chimie à Leyde, développe cette voie dans sonElementa chemicae. SelonJacques Sadoul la voie sèche est celle des hautes températures, difficile, tandis que la voie humide est la voie longue (durant trois ans), mais elle est moins dangereuse.Fulcanelli écrit :« À l’inverse de la voie humide, dont les ustensiles de verre permettent le contrôle facile et l’observation juste, la voie sèche ne peut éclairer l’opérateur »[216].
Les phases classiques du travail alchimique sont au nombre de trois, distinguées par la couleur que prend la matière au fur et à mesure. Elles correspondent aussi aux types de manipulation chimique : œuvre au noir = calcination, œuvre au blanc = lessivage et réduction, œuvre au rouge pour obtenir l'incandescence. On trouve ces phases dèsZosime de Panopolis. La phase blanche est parfois subdivisée en phase blanche = lessivage et phase jaune = réduction chez certains auteurs alchimistes, qui admettent ainsi quatre phases (noir, blanc, jaune, rouge) pour l'ensemble, au lieu de trois (noir, blanc, rouge).
But médical : la médecine universelle et l'élixir de longue vie
Les Arabes sont les premiers à donner à la pierre philosophale des vertus médicinales et c'est par leur intermédiaire que le concept d'élixir est arrivé en Occident[217].Roger Bacon veut « prolonger la vie humaine »[218]. La quête alchimique, de métallique aux origines, devient médicale au milieu duXIVe siècle, avec le Pseudo-Arnaud de Villeneuve etPetrus Bonus. La notion de « médecine universelle » pour les pierres comme pour la santé (???) vient duTestamentum du Pseudo-Lulle (1332). Johannes de Rupescissa (Jean de Roquetaillade) ajouta, vers 1352, la notion de quintessence, préparée à partir de l’aqua ardens (alcool), distillée des milliers de fois[219] ; il décrit l'extraction de la quintessence à partir du vin et explique que, conjointe à l'or, celle-ci conserve la vie et restaure la santé[220].Paracelse, en 1533, dans leLiber Paragranum, va encore plus loin, rejetant la transmutation comme but de l'alchimie, pour ne garder que les aspects thérapeutiques. Il résume ainsi sa pensée :« Beaucoup ont dit que l’objectif de l'alchimie était la fabrication de l’or et de l’argent. Pour moi, le but est tout autre, il consiste à rechercher la vertu et le pouvoir qui résident peut-être dans les médicaments ». En un sens Paracelse fait donc de l'iatrochimie (médecine hermétique), plutôt que de l'alchimie proprement dite. Dès lors apparaît une opposition entre deux usages de la pierre philosophale : la production de l’or (chrysopée), ou la guérison des maladies (panacée). La iatrochimie (ou médecine hermétique) a eu« pour principal représentantFrançois de Le Boë (Sylvius) et consistait à expliquer tous les actes vitaux, en santé ou en maladie, par des opérations chimiques : fermentation, distillation, volatilisation, alcalinités, effervescences ». L'alchimie médicale a été étudiée par Alexander von Bernus[221].
La légende veut que l'alchimisteNicolas Flamel ait découvert l'élixir de jeunesse et l'ait utilisé sur lui-même et son épouse Pernelle. De même, la légende ducomte de Saint-Germain marqua l'alchimie : il aurait eu le souvenir de ses vies antérieures et une sagesse correspondante, ou il aurait disposé d'un élixir de longue-vie lui ayant donné une vie longue de deux à quatre mille ans.
L'alchimiste se présente comme un philosophe. Il prétend connaître non seulement les métaux, mais aussi les principes de la matière, le lien entre matière et esprit, les lois de transformation… Sonontologie repose sur la notion d'énergie, une énergie contradictoire, dynamique, une, unique, en métamorphoses. Il tire aussi une morale de ses travaux, l'éloge du travail et de la prière : « Prie et travaille (Ora et labora) » (Khunrath)[222]. Il avance une grande méthode : l'analogie (« Tout ce qui est en bas est comme ce qui est en haut »). Sa notion-clef est celle d'origine, de retour, ou - comme le ditPierre A. Riffard - de « réversion »[223]. L'alchimiste veut retourner à la matière première, rétablir les vertus primitives des choses, rendre pure et saine toute créature : faire nature, pourrait-on dire.
L'interprétation des buts poursuivis par l'alchimie est rendue plus difficile par les textes volontairement cryptiques laissés par les alchimistes. Cette difficulté d'interprétation a engendré de nombreuses thèses à propos du sens de l'alchimie.
Les alchimistes se fondent sur une conception de la nature et de la matière première. Les théories s'opposent ou se combinent.
Théorie corpusculaire. Anaxagore et Empédocle avaient tous deux avancé l’idée que ce qui nous semble plein et compact est en fait constitué de parcelles, comme l'or est fait de paillettes d'or (Anaxagore). Pour Roger Bacon (Minima naturalia), pour le Pseudo-Geber (Summa perfectionis, 1260), pour Newton, la matière est constituée d'éléments, de particules, si minuscules qu'un artisan peut les infiltrer dans celles, plus grossières, d'un métal vil comme le plomb (Zosime de Panopolis) ou le mercure. En 1646, le Français Johannes Magnenus[224], pour prouver la palingénésie selon Paracelse, broya une rose, mit le mélange dans un vase de verre, scella, réchauffa avec une chandelle, et, dit-il, observa que les corpuscules s'étaient spontanément rassemblés pour recomposer une rose parfaite ! La théorie desminima naturalia, chezAlbert le Grand,Robert Boyle, soutient que la matière est faite de constituants élémentaires, invisibles, doués de qualités définies, intervenant dans les réactions chimiques.
Théorie mercurialiste. Un seul Élément, le Mercure[225]. La théorie, qui remonte aux commentateurs grecs et à Jâbir-Geber, s'impose avec le Pseudo-Geber (qui combine mercurialisme et théorie corpusculaire), Rhazès, Roger Bacon, Petrus Bonus, Eyrénée Philalèthe (Starkey), lequel déclare : « Tous les corps métalliques ont une origine mercurielle (…) hautement semblable à l’or ». Pour le Pseudo-Arnauld de Villeneuve duRosarius philosophorum, la pierre philosophale se constitue de mercure alchimique, composé des quatre Éléments ; la composante Soufre ne sert, en vapeur, qu'à cristalliser en or ou en argent, elle est inhérente au mercure, pas un principe.
Théorie des quatre Éléments et des deux Principes. L'Arabe Balînâs (le Pseudo-Apollonios de Tyane), Jâbir-Geber dans leLiber misericordiae, Avicenne,Albert le Grand affirment que tous les êtres, même les métaux, sont composés des deux Principes : le Soufre et le Mercure, composés à leur tour des quatre Éléments. Newton admet deux composants (qu'il combine avec la théorie corpusculaire) : d'une part « notre mercure », principe passif, froid et féminin, constitué de particules volatiles et ténues, d'autre part, « notre soufre », principe actif, chaud et masculin, constitué de particules fixes, plus épaisses que les particules du mercure.
Théorie des trois Substances. En 1531, Paracelse (Opus paramirum) pose trois Substances : le Soufre, le Mercure et le Sel. Ce qui brûle, c'est le Soufre ; ce qui fume, c'est le Mercure ; les cendres, c’est le Sel. Quand l’alchimiste décompose une chose en ses constituants, le principe sulfureux se sépare comme une huile combustible ou une résine, le principe mercuriel vole comme une fumée ou se manifeste comme un liquide volatil, enfin le principe salé demeure comme une matière cristalline ou amorphe indestructible.
Panpsychisme. Avec les stoïciens et les hermétistes, quelques alchimistes soutiennent que de l'esprit (pneûma) habite à l’intérieur des corps. Marsile Ficin[226], Jean-Baptiste van Helmont appartiennent à cette école. Pour Ficin, un Esprit cosmique (spiritus mundi), intermédiaire entre l'Âme du monde (Anima mundi) et le Corps du monde (Corpus mundi), de la nature de l'éther, qui « vivifie tout », qui est « la cause immédiate de toute génération et de tout mouvement », traverse le Tout ; l'alchimiste peut attirer cet Esprit capable de canaliser l'influence des astres et ainsi de transformer les choses. Newton - lui, encore - affirme l'existence d'« un esprit très subtil qui circule à travers les corps grossiers », esprit électrique grâce auquel les particules de matière s'attirent lorsqu'elles sont peu éloignées les unes des autres[227].
Depuis leXIXe siècle, lathéorie atomique a relégué l'alchimie au rang de pseudoscience. Paradoxalement, la physique nucléaire a montré que les transmutations de métaux sont possibles, reprenant d'ailleurs le terme, même si les théories alchimiques ont été réfutées.
L'interprétation positiviste : l'alchimie comme protochimie
Le laboratoire chimique doit énormément à l'alchimie, au point que certainspositivistes (dontMarcellin Berthelot) ont qualifié l'alchimie de proto-chimie.
Pourtant, l'objet de l'alchimie (la pierre philosophale et la transmutation des métaux) et celui de la chimie (l'étude de la composition, les réactions et les propriétés chimiques et physiques de la matière) sont réellement distincts. D'autre part le rapport entre l'alchimie et les mythes locaux, et les constantesarchétypiques universelles présentes dans la philosophie sous-jacente à l'alchimie la distinguent également de celle-ci[228]. Plusieurs auteurs duXXe qui ont étudié l'alchimie de manière approfondie la présentent comme une théologie, ou comme une philosophie de la Nature plutôt qu'une chimie naissante[229], à ce titre, certains anciens alchimistes se donnaient le titre de « seuls véritables philosophes ».
L'interprétation de l'alchimie comme relevant uniquement d'une proto-chimie proviendrait essentiellement d'une erreur d'interprétation deMarcellin Berthelot auXIXe[230].Françoise Bonardel retient également l'hypothèse d'une simplification excessive opérée par certains historiens duXIXe[231].
Herbert Silberer, un disciple de Freud, est un précurseur de l'interprétation psychologique de l'alchimie[232].
La mise en évidence d'unsymbole alchimique, similaire dans des civilisations éloignées dans le temps et dans l'espace, a conduitCarl Gustav Jung, très tôt, à valoriser l'alchimie comme processus psychologique[233]. Il a particulièrement insisté sur l'intérêt psychologique ou spirituel ou même initiatique de l'alchimie. Elle aurait pour fonction « l'individuation », c'est-à-direle perfectionnement de l'individu dans sa dimension profonde, mais à travers l'inconscient[Quoi ?]. Bernard Joly met en cause l'interprétation jungienne de l'alchimie qui la définit comme un ensemble d'aspirations spirituelles[234].
Mircea Eliade, mythologue et historien des religions, défend dansForgerons et alchimistes (1956) l'idée que l'alchimie, loin d'être l'ancêtre balbutiant de lachimie, représente un système de connaissances très complexe, dont l'origine se perd dans la nuit des temps, et commun à toutes les cultures (surtout asiatiques). Il développe l'idée, selon l'analogie du macrocosme et du microcosme, que les transformations physiques de lamatière seraient les représentations des modalités des rites ancestraux, dans leur trame universelle :Torture – Mort initiatique – Résurrection[C'est-à-dire ?][235].
Gaston Bachelard,philosophe ethistorien des sciences, s'inspire des concepts jungiens pour établir une« psychanalyse des conditions subjectives » de la formation de la pensée[236]. DansLa Psychanalyse du feu, il tient l'alchimie pour une rêverie préscientifique, qui relève davantage de lapoésie et de laphilosophie que de la connaissance objective. Ses arguments sont que certains alchimistes, comme Nicolas de Locques et d'autres anonymes auXVIIe siècle, utilisent un vocabulaire sexuel pour désigner les vases, lescornues et l'ensemble des outils techniques utilisés en alchimie. Ainsi, la vision en partieinconsciente qu'ont les alchimistes dufeu est une rêverieanimiste et sexualisée, ils considèrent le feu comme une entité vivante et génératrice. DansLa lumière sortant de soi-même des ténèbres (1693), il est même fait mention d'un feu masculin, qui est agent, et d'un feu féminin, qui est caché, or en psychanalyse« tout ce qui est caché est féminin » est un« principe fondamental de la sexualisation inconsciente ». Par conséquent, Bachelard peut écrire qu'« il ne faut pas oublier que l'alchimie est uniquement une science d'hommes, de célibataires, d'hommes sans femme, d'initiés retranchés de la communion humaine […] » et qu'elle est« fortement polarisée par des désirs inassouvis »[237].
Déjà dansLa Formation de l'esprit scientifique, Bachelard tenait l'alchimie pour une discipline qui fait obstacle au progrès scientifique plus qu'elle n'y participe. Sa théorie historique repose de façon générale sur l'idée que l'homme est travaillé par desintuitions primitives, qui sont d'ordre affectif et inconscient, et qui poussent l'homme à se faire une représentation illusoire de la réalité[238]. La connaissance scientifique se construirait alors en« antipathie » avec ces intuitions. En mathématisant le réel par exemple, nous passerions d'une rêverie vague et qualitative sur la matière à un savoir quantitatif et précis sur elle. L'alchimie serait plutôt une approche qualitative qui tend àsubstantialiser lamatière. Bachelard écrit que« L'Alchimie règne dans un temps où l'homme aime plus la nature qu'il ne l'utilise ». Ce rapport affectif à la nature est cependant inévitable en première approche selon l'auteur, qui ajoute que« la première connaissance objective [est] une première erreur »[239]. LesociologueÉmile Durkheim écrit de même que l'alchimie, tout comme l'astrologie, repose sur des« prénotions », c'est-à-dire des illusions subjectives qui répondent à des besoins pratiques de l'homme (la recherche de lapierre philosophale pour la richesse et la santé), et non sur des explications scientifiques qui auraient rompu avec ces illusions[240].
Barbara Obrist[241] et Bernard Joly contestent la lecture historique de Bachelard. Là où le philosophe cherche à établir unerupture entre l'esprit préscientifique et l'esprit scientifique, lorsque ce dernier surmonte la connaissance concrète et qualitative pour aller vers une connaissance abstraite et quantitative, Bernard Joly insiste plutôt sur la continuité voire l'indistinction entre l'alchimie ancienne et lachimie moderne. Il veut démontrer, en interprétant des textes d'Étienne-François Geoffroy et d'autres chimistes-alchimistes, que l'échec de latransmutation des métaux n'implique pas que ses pratiquants soient des rêveurs illusionnés. Au contraire, les alchimistes seraient des scientifiques au sens que prenait lascience à leur époque, s'efforçant de connaître le monde objectivement et de construire desprotocoles expérimentaux[242]. Ce serait laphysique cartésienne qui aurait tenté dès leXVIIe siècle de mettre un coup d'arrêt à la fois à l'alchimie et à la chimie nonmécanistes, en les accusant d'être de fausses sciences pratiquées par des imposteurs[243].
Pour Joly, l'alchimie est une démarche essentiellement rationnelle, ce qui n'exclut pas que çà et là des imposteurs et descharlatans se soient servis de cette discipline. L'enjeu est de ne pas cantonner l'alchimie dans une sorte d'ésotérisme irrationnel, ésotérisme qui serait la possession exclusive d'« adeptes » et d'« initiés » s'immunisant contre les critiques faites à leur propre interprétation de l'alchimie.
En tant queconnaissance ésotérique, les textes alchimiques possèdent la particularité d'être codés. Il s'agit d'unsavoir qui n'est transmis que sous certaines conditions. Les codes employés par les anciens alchimistes étaient destinés à empêcher les profanes d'accéder à leurs connaissances. L'utilisation d'un langage poétique volontairement obscur, chargé d'allégories, de figures rhétoriques, de symboles et depolyphonie (voirlangue des oiseaux) avait pour objet de réserver l'accès aux connaissances à ceux qui auraient les qualités intellectuelles pour déchiffrer les énigmes posées par les auteurs et lasagesse pour ne pas se laisser tromper par les pièges nombreux que ces textes recèlent.
Le même nom peut qualifier deux « objets » ou « sujets » totalement différents mais l'on peut aussi avoir plusieurs noms pour désigner le même objet. Ceci est particulièrement vrai pour le Mercure mais également pour d'autres termes.
Presque tous les traités d'alchimie commencent au début du second œuvre et « omettent » de préciser quelle matière première utiliser et cette énigme de la matière première est sciemment recouverte par l'énigme du Mercure selonRené Alleau[244].Fulcanelli, par exemple, s'emploie à multiplier les indications tout en restant cryptique[245]. Synésius semble plutôt décrire la matière dans son état avancé[246]. La matière aux mille noms, terme employé parFrançoise Bonardel[247], demeure une énigme à double fond. Cet auteur résume la problématique ainsi : « Car si la force de l’alchimie réside bien dans le seul mercure des philosophes, comme le proclama très tôtAlbert le Grand (1193-1280), c’est que la substance mercurielle, par excellence protéiforme, est alors envisagée soit comme unemateria prima en qui sont latentes toutes les virtualités (dont celle du soufre), soit, après préparation, comme mercure double (ou hermaphrodite) en qui a été consommé et fixé l’union des 2 principes »[248].
« Explication des plus communs caractères chymiques », dans laPharmacopée royale galénique et chymique, parMoyse Charas,1676.Symboles des éléments utilisés dans les manuscrits alchimiques d'aprèsKenelm Digby, dansA Choice Collection of Rare Secrets1682.
Le symbole allégorique ne se recoupe pas avec le symbole chimique et, par exemple, le mercure alchimique n'est pas le mercure chimique. Voici quelques exemples de symboles :
Soufre - Mercure - Sel - Arsenic
Pour l'alchimiste lesquatre éléments ne représentent pas des composantes de la matière, en effet l'unicité de la matière est un des principes philosophiques de l'alchimie, mais plutôt des états de cette matière unique se rapprochant plus du concept physique d'état de la matière[249]. Ces quatre éléments sont avec leurs symboles associés :
le Feu, Eau, la Terre, l'Air.
Pour l'alchimiste lessept métaux sont liés aux planètes et aux astres :
or dominé par le Soleil ☼ ( ☼ )
argent dominé par la Lune ☽ ( )
cuivre dominé par Vénus ♀ ( )
fer dominé par Mars ♂ ( )
étain dominé par Jupiter ♃ ( )
mercure (vif argent) dominé par Mercure ☿ ( )
plomb dominé par Saturne ♄ ( )
Une partie des symboles typographiques particuliers utilisés dans des ouvrages imprimés d'alchimistes se retrouvent dans latable des caractères Unicode/U1F700.
SelonMichel Butor[250] :« Le langage alchimique est un instrument d'une extrême souplesse, qui permet de décrire des opérations avec précision tout en les situant par rapport à une conception générale de la réalité. C'est ce qui fait sa difficulté et son intérêt. Le lecteur qui veut comprendre l'emploi d'un seul mot dans un passage précis ne peut y parvenir qu'en reconstituant peu à peu une architecture mentale ancienne. Il oblige ainsi au réveil des régions de conscience obscurcies »[251].
SelonRené Alleau :« Les alchimistes ont voilé […] non sans de pertinentes raisons dont l'une des plus importantes dut être que le néophyte se trouva dans l'obligation logique de réformer son entendement profane en se pliant à une série d'exercices mentaux dominés par la cohérence et sur-rationnelle des symboles […] À aucun moment, l'alchimie ne sépare-t-elle les transformations de la conscience de l'opérateur de celles de la matière »[252].
LeNouveau Testament est souvent cité par les alchimistes (exemple : l'étoile qui guide lesrois mages représente le signe qui va mener à l'enfant philosophal), ainsi que l'Ancien Testament (la séparation des eaux de la Genèse ou la traversée de laMer Rouge parMoïse sont le principe de la séparation initiale des éléments).
LeLivre de la Genèse ou plus exactement les jours de la Création sont fréquemment mis en rapport direct avec leGrand Œuvre. L'exemple le plus frappant est celui deGérard Dorn qui, d'aprèsParacelse, commente mot à mot les versets de la Genèse et les met en parallèle avec laTable d'Émeraude d'Hermès[254].
La lecture alchimique de la fable antique va se développer à la Renaissance.
Les contes du Graal : leroi Arthur, mourant, est transporté sur l'île d'Avalon où va s'effectuer sa résurrection représenterait le passage de l'œuvre au noir à l'œuvre au blanc[réf. nécessaire].
LeGraal est également utilisé dans la symbolique des ouvrages alchimiques et en particulier le récit de sa recherche[255], par exemple l'ouvrage de l'alchimiste FulcanelliLe Mystère des Cathédrales donne du Graal une interprétation initiatique[réf. souhaitée].
Certains initiés[257] auraient incrusté de grands secrets alchimiques dans des contes populaires. Par exemple, l'épopée dePinocchio (dont on trouve aussi le pendant dans l'Ancien Testament -Jonas et la baleine) retrace l'ensemble de l'œuvre, jusqu'à lapierre philosophale (le pantin qui devient garçon). Ou encore, dans « Blanche rose et rose rouge » des frèresJacob et Wilhelm Grimm. D'autres contes publiés par les mêmes auteurs, comme « L'Âne-salade » et, pour évoquer un exemple célèbre, « Blanche-Neige », ainsi que nombre de contes rassemblés par d'autres auteurs, comme « La Belle au bois dormant » de Charles Perrault, peuvent être lus de ce point de vue, sans que les auteurs sérieux n'excluent pour autant une multitude d'autres interprétations possibles[258].
Le philosophe belgeEmmanuel d'Hooghvorst, dans :Le Fil de Pénélope[259], prétend révéler le sens alchimique des écrits d'Homère, de Virgile, d'Ovide, des contes de Perrault, des tarots, de Cervantès, des Histoires juives, etc. Ses interprétations duRoi Midas, d'Ulysse, etc. tendent à montrer la concordance alchimique entre tous ces auteurs apparemment disparates. Cette « école » d'interprétation, d'abord considérée comme révolutionnaire, voire fantaisiste ou historiquement impossible, s'appuie en fait sur la lettre des textes originaux et fait des émules même dans les cercles universitaires qui y voient la continuation de Bracesco, d'Eustathe, deMichaël Maïer et de Pernety par exemple. On peut citer dans cette même ligne le Professeur Raimon Arola pour l'Espagne[260], et le Pr Mino Gabriele[261] pour l'Italie.
Selon R. Halleux[262], « l'idée que des monuments ou des œuvres d'art contiennent un symbolisme alchimique n'est pas très ancienne. En 1612 paraît leLivre des figures hiéroglyphiques deNicolas Flamel, qui se présente comme une explication alchimique des figures gravées par le célèbre adepte sur une arche du cimetière des Innocents à Paris. En 1636, un certain de Laborde interprète hermétiquement la statue de Saint Marcel au porche de Notre-Dame de Paris[263], et, en 1640, Esprit Gobineau de Montluisant écrit uneExplication très curieuse des énigmes et figures hiéroglyphiques physiques qui sont au grand porche de l'église cathédrale et métropolitaine de Notre-Dame de Paris[264]. Cette tradition inspire les travaux d'hermétistes comme Cambriel[265], Fulcanelli[266], Canseliet[267] qui prétendent reconnaître ainsi l'empreinte alchimique dans un certain nombre de monuments du Moyen Âge ou de la renaissance : Notre-Dame de Paris, chapelle Saint Thomas d'Aquin, Sainte Chapelle, cathédrale d'Amiens, palais de Jacques Cœur à Bourges, hôtel Lalemant à Bourges, croix de Hendaye, église Saint Trophime à Arles, château de Dampierre-sur-Boutonne, villa Palombara sur l'Esquilin à Rome, château du Plessis-Bourré, etc. Cette démarche aboutit à des résultats invraisemblables. »
Dessins, enluminures, gravures, miniatures. « Les manuscrits alchimiques grecs[268] n'offrent guère que la figure de l'ouroboros, serpent qui se mord la queue, symbolisant l'unité de la matière sous ses cycles de transformation. Les premiers traités illustrés sont, auXVe siècle, l'Aurora consurgens, leLivre de la Sainte Trinité, leDonum Dei de Georges Aurech de Strasbourg (1415). On y voit apparaître des motifs dont il serait particulièrement intéressant d'étudier la descendance et les modifications, dans leRosarium philosophorum, leSplendor Solis de Salomon Trismorin[269], les recueils deMichel Maier (Atalanta Fugiens, 1618)[270] et de Jean-Daniel Mylius (Opus medico-chymicum, 1618 ;Philosophia reformata, 1622) ». Merian a fait les gravures pourMichael Maier (son beau-père) et pourRobert Fludd (Utriusque historia…).
Peinture. Selon Robert Halleux, « les seuls exemples sûrs d'une inspiration alchimique en peinture ou en sculpture sont de la Renaissance, où il existe des motifs hermétiques chez Giorgone, chez Cranach, chez Dürer[271], pour ne pas parler des représentations mêmes d'adeptes au travail ». On trouve les représentations d'adeptes au travail chez Bruegel l'Ancien[272] et David Téniers le Jeune (1610-1690)[273].
Architecture et sculpture. Selon Robert Halleux, « en sculpture, les mystérieux reliefs qui couvrent le plafond d'une petite salle dans l'hôtel Lalemant à Bourges, construit en 1487, s'expliquent pour une bonne moitié dans un cadre alchimique[274], sans que cette interprétation soit tout à fait décisive. Mais il n'y a pas d'exemples certains pour le Moyen Âge. Le symbolisme des cathédrales ne paraît rien devoir à l'alchimie. L'interprétation hermétique est née à une époque où le sens religieux du symbole s'était, comme les pierres elles-mêmes, érodé ».
Des travaux historiques solides ont paru, dontJacques van Lennep,Art et Alchimie. Étude de l'iconographie hermétique et de ses influences (1966) et Alexander Roob,Alchimie et Mystique (Taschen, 2005).
Dans la ville d'Alexandrie, on trouve une importante corporation de parfumeurs, possédant des alambics (ambikos) pour distiller des élixirs, des essences florales ;Zosime de Panopolis, vers 300, présente une illustration d'un alambic pour métaux, raffiné[277].
Geber (Jâbir ibn Hâyyan), mort vers 800, découvre divers corps chimiques : l'acide citrique (à la base de l'acidité du citron), l'acide acétique (à partir de vinaigre) et l'acide tartrique (à partir de résidus de vinification).Albert le Grand réussit à préparer la potasse caustique, il est le premier à décrire la composition chimique du cinabre, de la céruse et du minium. Le Pseudo-Arnaud de Villeneuve, vers 1330, ou Arnaud lui-même, découvre les trois acides sulfurique, muriatique et nitrique ; il compose le premier de l'alcool, et s'aperçoit même que cet alcool peut retenir quelques-uns des principes odorants et sapides des végétaux qui y macèrent, d'où sont venues les diverses eaux spiritueuses employées en médecine et pour la cosmétique. Le Pseudo-Raymond Lulle (vers 1330) prépare le bicarbonate de potassium. En 1352,Jean de Roquetaillade (Jean de Rupescissa) introduit de la notion dequintessence, obtenue par distillations successives de l'aqua ardens (l'alcool) ; cette idée d'un principe actif sera essentielle dans l'histoire de la médecine, car il introduit un grand nombre de médicaments chimiques, tels que la teinture d'antimoine, le calomel, le sublimé corrosif[278].
Paracelse est un pionnier de l'utilisation en médecine des produits chimiques et des minéraux, dont le mercure contre la syphilis[279], l'arsenic contre le choléra. Il crée la médecine du travail, la toxicologie, la balnéothérapie[280]. Vers 1526 il crée le mot « zinc » pour désigner l'élément chimique zinc, en se référant à l’aspect en pointe aiguë des cristaux obtenus par fusion et d’après le mot de vieil allemandzinke signifiant « pointe ».
Basile Valentin décrit vers 1600 l'acide sulfurique et l'acide chlorhydrique.
Jan Baptiste Van Helmont, « précurseur de lachimie pneumatique » (Ferdinand Hoefer), révèle vers 1610, d’une façon scientifique, l’existence des « gaz », comme il les nomme[281], et en reconnaît plusieurs. Il identifie l’un d’eux, le « gaz sylvestre » (gaz carbonique), qui résulte de la combustion du charbon, ou de l’action du vinaigre sur certaines pierres, ou de la fermentation du jus de raisin. Pour Van Helmont, le gaz constitue l’ensemble des « exhalaisons » dont l’air est le réceptacle.
Alchimiste à Hambourg,Hennig Brand découvre le phosphore en1669 en cherchant l'alkaest dans l'urine.
Isaac Newton s'intéresse aux pratiques alchimiques. Dans sonOptique (1704), à la Question 31, il caractérise la chimie comme étant le lieu de forces attractives et de forces répulsives qui peuvent se manifester à courte distance. Cela lui permet d'expliquer le déplacement d'un métal dans un sel par un autre métal, et propose ce qui constitue la première échelle d'oxydoréduction des métaux. Il explique l'élasticité des gaz, la cohésion des liquides et des solides…
La création de la porcelaine en Occident revient, en 1708, à un alchimiste,Johann Friedrich Böttger, qui prétendait pouvoir fabriquer de l'or à partir de métaux non précieux. Böttger parvient à percer le secret de la pâte de porcelaine.
La notion detransmutation a semblé absurde aux positivistes. Pourtant,Ernest Rutherford, en 1919, réalise la première transmutation artificielle : en bombardant de l'azote avec les rayons alpha du radium, il obtient de l'oxygène.
L'écrivain et théoricien littéraireRoger Laporte explique que Stéphane Mallarmé compare la quête artistique du « Livre » à la recherche duGrand Œuvre alchimique. Pour Laporte, il ne s'agit pas ici de l'alchimie au sens de latransmutation des métaux enor, mais de la fabrication d'une œuvre d'art, quitte à« sacrifier toute vanité et toute satisfaction » (l'expression est de Mallarmé)[283]. Mallarmé a été initié à l'alchimie et à lakabbale[284].« Il est convaincu de la puissance de la lettre en tant que lettre », il se sert du symbolisme alchimique dans son écriture poétique. Cependant, Mallarmé critique l'alchimie comme pratique réelle et ne se sert du terme que de façon métaphorique :« la pierre philosophale annon[ce] le crédit »[285]. La réalisation matérielle de l'or ne l'intéresse pas, elle n'est pour lui qu'une question d'économie politique. C'est l'or poétique et littéraire qu'il faut chercher, selon le poète français.
Le poèteArthur Rimbaud reprend la comparaison de la poésie à l'alchimie. Un poème du recueilUne saison en enfer s'intitule « Alchimie du verbe ». Michel Arouimi, spécialiste de l'œuvre de Rimbaud, parle d'« alchimie sonore » et d'« alchimie sémantique », pour évoquer la façon dont Rimbaud marie les langues[286]. Le jeune écrivain construit une poétique à partir de mélanges, entre le rythme et la violence par exemple.
L'écrivainsurréalisteAndré Breton parle d'« alchimie mentale » dans lesManifestes du surréalisme. Il affirme qu'il faut prendre l'expression rimbaldienne « Alchimie du Verbe » au pied de la lettre. La poésie surréaliste se veut alors une transmutation spirituelle et intérieure, grâce à la faculté de l'imagination qui dépasse lerationalisme et s'élève au sens symbolique des choses. Selon Anna Balakian,« Breton marque ainsi le parallèle entre les occultistes et les poètes »[287].
La sérieLes Secrets de l'immortel Nicolas Flamel deMichael Scott parle de Josh et Sophie Newman, jumeaux qui rencontrent Nicolas Flamel et le docteur Dee, son ennemi qui souhaite ramener les aînés (des dieux comme Mars, Hécate, etc.) et faire disparaître les humains. Nicolas Flamel décide de les aider puisqu'une légende parle d'eux. Au cours de leur périple, ils vont rencontrer trolls, nécromanciens, vampires, etc.
Dans l'ensemble des tomes de la sérieVampire City de Rachel Caine, Myrnin (vampire) joue le rôle d'un alchimiste mais aussi patron de l'héroïne (Claire Danvers). Il lui transmet alors l'ensemble de son savoir sur la notion.
La Chimère des Fouquet. Roman de Jean Broutin. Éditions Sud Ouest, 2007.
Fullmetal Alchemist (FMA), manga d'Hiromu Arakawa : Dans le pays d'Amestris, pays où l'Alchimie est élevée au rang de science universelle, deux frères, Edward et Alphonse Elric parcourent le monde à la recherche de la légendaire pierre philosophale dans le but de retrouver leurs corps perdus. Il a été adapté enanime.
Dans lescomic books publiés par la maison d'éditionMarvel Comics, le super-vilainDiablo (Esteban Corazón de Ablo) est un alchimiste et transmutateur célèbre, ennemi récurrent desQuatre Fantastiques.
Le mangaFull Metal Alchemist est basé sur l'alchimie, la capacité de transformer la matière à volonté selon des principes rigoureux. Il se déroule dans le pays d'Amestris, où l'Alchimie est élevée au rang de science universelle ; dans ce pays, deux frères, Edward et Alphonse Elric parcourent le monde à la recherche de la légendaire pierre philosophale dans le but de retrouver leurs corps perdus. Il a été adapté enanime.
Busô Renkin, manga de Nobuhiro Watsuki : Kazuki Mutō, lycéen, meurt tué par un Homonculus pour être ensuite ramené à la vie par une guerrière alchimique: Tokiko Tsumura. Les deux décident alors de faire équipe pour démanteler un groupe d'Homonculus (mangeurs d'humains) dangereusement proches du lycée. Pour cela, ils utilisent le fruit de la recherche alchimique en armement : le Kakugane.
L'alchimie est un élément central ou annexe de nombreuxjeux vidéo, notamment ceuxde rôle dont la trame se déroule dans un mondemédiéval-fantastique. Ainsi, pour ne citer quelques séries et jeux ayant acquis une grande notoriété, l'alchimie apparaît notamment dans :
la sérieThe Witcher, dans laquelle elle est le facteur de création des sorcelleurs dont le héros de la saga,Geralt de Riv, ainsi qu'un de leurs moyens de préparation au combat ;
le studioGust est célèbre pour sa licenceAtelier, dont la mécanique centrale est l'alchimie ;
le jeu vidéoA Plague Tale: Innocence, dans lequel l'alchimie est utilisée par les deux protagonistes.
↑Michèle Mertens,« Graeco-Egyptian Alchemy in Byzantium », dans Paul Magdalino et Maria Mavroudi,The Occult Sciences in Byzantium (Colloquium - Byzantine Studies, Dumbarton Oaks), Genève, La Pomme d'or,(ISBN9789548446020,lire en ligne).
↑« En ce qui concerne la substance même de l'alchimie gréco-égyptienne,André-Jean Festugière [La révélation d'Hermès Trismégiste, t. I :L'astrologie et les sciences occultes, 1944, rééd. 1981, p. 218-219] a montré qu'elle était née de la rencontre d'un fait et d'une doctrine. Le fait est l'art du bijoutier et du teinturier fantaisie, c'est-à-dire l'art de reproduire à meilleur compte l'or, l'argent, les pierres précieuses et la pourpre. La doctrine est une spéculation mystique centrée sur l'idée de sympathie universelle. »Halleux 1979,p. 60-62.
↑Voir aussi le travail de datation effectué parJean Letrouit,« Chronologie des alchimistes grecs », dans Didier Kahn et Sylvain Matton,Alchimie: art, histoire et mythes. Actes du 1er Colloque international de la Société d'Étude de l'Histoire de l'Alchimie, Paris et Milan, S.É.H.A. / Arché,,p. 11-93.
↑Pour l'identification d'Olympiodore l'Alchimiste et d'Olympiodore le néoplatonicien, voirCristina Viano,« Olympiodore l’Alchimiste et les Présocratiques. Une doxographie de l’unité (De arte sacra, §18-27) », dans D. Kahn et S. Matton,Alchimie : Art, Histoire et Mythes, Paris, Arché,coll. « Textes et travaux de Chrysopoeia »,,p. 95–150 ;Cristina Viano,« Le commentaire d'Olympiodore au livre IV des Météorologiques d'Aristote », dansAristoteles chemicus. Il IV libro dei "Meteorologica" nella tradizione antica e medievale, Sankt Augustin, Academia Verlag,coll. « International Aristotle Studies » (no 1),, 206 p.,p. 59–79.
↑Olivier Dufault,Early Greek Alchemy, Patronage and Innovation in Late Antiquity, Berkeley, California Classical Studies,(lire en ligne),p. 118-141.
↑André-JeanFestugière, ConcettaLuna, Henri-DominiqueSaffrey et NicolasRoudet,La révélation d'Hermès Trismégiste, les Belles lettres,coll. « Études anciennes »,(ISBN978-2-251-32674-0), « La dernière abstinence ».
↑Fabienne Burkhalter,« La production des objets en métal (or, argent, bronze) en Égypte hellénistique et romaine à travers les sources papyrologiques », dans Jean-Yves Empereur,Commerce et artisanat dans l'Alexandrie hellénistique et romaine, EFA,(lire en ligne),p. 125-133.
↑GarthFowden,Hermès l'égyptien: une approche historique de l'esprit du paganisme tardif, Paris, Les belles lettres,, 236 p.(ISBN2251420134 et9782251420134),p. 37.
« Martelli démolit aussi bien l’identification précédemment soutenue, entre pseudo-Démocrite et l’Égyptien Bolos de Mendès qu’entre Synésius et son homonyme, le philosophe néoplatonicien et évêque de Cyrène. »
↑Arnaud Coutelas,Pétroarcheologie du mortier de chaux gallo-romain. Essai de reconstitution et d'interprétation des chaînes opératoires : du matériau au métier antique (thèse de doctorat en Archéologie), Paris, Université Panthéon-Sorbonne,(lire en ligne),p. 9.
↑Les entretiens du roi Calid et du philosophe Morien (De compositione alchemiae, quem edidit Morienus Romanus Calid regi Aegyptiorum).
↑Richard Lemay,« L'authenticité de la Préface de Robert de Chester à sa traduction du Morienus (1144) », dans Sylvain Matton,Chrysopoeia,t. IV, Arché, 1990-1991(ISBN8872522005).
↑Sylvain Matton,« Le traité Contra alchimistas (1396) de Nicolas Eymerich (1320-1399) », dans Sylvain Matton,Chrysopoeia,t. I, Arché,(ISBN9788872523650),p. 93-136.
↑Abbé Villain,Essai d'une histoire de la paroisse de Saint Jacques de la Boucherie,.
↑Robert Halleux, « Le mythe de Nicolas Flamel ou les mécanismes de la pseudépigraphie alchimique »,Archives internationales d'histoire des sciences,vol. 33,no 111,,p. 234-255.
↑Claude Gagnon, « Découverte de l'identité de l'auteur réel du 'Livre des figures hiéroglyphiques' »,Anagrom. Sorcellerie, alchimie, astrologie, Maisonneuve et Larose,nos 7–8,,p. 106.
↑Claude Gagnon,Description du Livre des figures hiéroglyphiques attribué à Nicolas Flamel, Montréal, L'aurore,.
↑Claude Gagnon,Nicolas Flamel sous investigation, Éditions du Loup de Gouttière,.
↑La voie des divins immortels parGe Hong, les chapitres discursifs du Baopuzi Neipian, traduit du chinois, présenté et annoté par Philippe Che, Gallimard, Connaissance de l'Orient, 1999, voir postface et introductionp. 7-8
↑Ge Hong (Ko Hong),Le Maître qui embrasse la simplicité. Baopu zi (Pao-p'ou-tseu) (317), trad. Kaltenmark.
↑Sur l'alchimie indienne : P. Rây,History of Chemistry in Ancient and Medieval India, Calcutta, Indian Chemical Society, 1956. Pierre A. Riffard,Ésotérismes d'ailleurs, Robert Laffont, coll. "Bouquins", 1997,p. 659-660, 667, 721.
↑R. G. Forbes,Studies in Ancient Technologie, I, Leyde, 1955.
↑Cuneiform Texts, cités par S. Langdom,Sumerian Liturgies and Psalms, Philadelphie, 1919.
↑Pierre A. Riffard,Ésotérismes d'ailleurs, Robert Laffont, "Bouquins", 1997,p. 367.
↑« La corruption de la matière ne serait pas aussi tragique chez Dorn ou F. Keiser sans les échos lointains - dans la mesure où l'on admet ou conteste que la Syrie et l'Iran sont le berceau de la spagyrie - d'unZervanisme et d'un mazdéisme diffus:Ahriman empoisonne et souille la végétation et les eaux bien autrement que lesÉlohim etLucifer ! Les théologies pessimistes et gnostiques n'ont pu, à Alexandrie comme à Byzance, que corroborer les articles du Pimandre sur les conséquences du péché de l'homme primordial. La revalorisation du rôle, de la mission, du ministère de l'homme rappellent plus les synthèses iraniennes que la Genèse: le labourant est plus proche parent de Gayômart que d'Adam »,Alchimie, Fayard, 1980,p. 62.
↑Roger Bacon,Opus tertium, inOpera quaedam hactenus inedita,p. 40.
↑Johannes de Rupescissa,La Vertu et propriété de la quinte essence de toutes choses (De consideratione quintae essentiae) (vers 1352), trad. 1549. Halleux Robert : "Les ouvrages alchimiques de Jean de Rupescissa",Histoire littéraire de la France, 41, Paris, Imprimerie Nationale, 1981,p. 241-284.
↑Johannes de Rupescissa,De consideratione quintae essentiae, Bâle, 1561,p. 29-30.
↑Alexander von Bernus,Médecine et Alchimie (Alchymie und Heilkunst) (1940), trad., Paris, Belfond, 1977, 217 p.
↑Heinrich Khunrath,Amphithéâtre de l'éternelle sapience (1609), trad., Milan, Archè, 1975.
↑Pierre A. Riffard,L'ésotérisme. Qu'est-ce que l'ésotérisme ?, Robert Laffont, coll.Bouquins, 1990,p. 208, 380-387.
↑Johannes Chrysostomus Magnenus,Democritus reviviscens, sive de atomis, 1646.
↑Marsile Ficin,Les trois livres de la vie (1489), livre III ("Comment organiser sa vie de façon céleste"De vita coelitus comparanda), trad. du latin, Paris, Fayard, "Corpus des œuvres de philosophie", 2000, 276 p. Matton Sylvain, "Marsile Ficin et l’alchimie", in Jean-Claude Margolin et Sylvain Matton (éd.),Alchimie et philosophie à la Renaissance, Paris, Vrin, 1993,p. 123-192.
↑Isaac Newton,Principes mathématiques de philosophie naturelle (1687), III,scholium generale. Pierre Thuillier,La revanche des sorcières. L'irrationnel et la pensée scientifique, Belin, 1997,p. 56-81 : "Newton alchimiste".
↑Mircea Eliade,Forgerons et alchimistes, Champ Flammarion[réf. incomplète]
↑« À notre époque, cette interprétation positiviste de l'alchimie est devenue elle-même illusoire, historiquement et scientifiquement. Les travaux considérables des orientalistes et, principalement, des sinologues ont révélé la haute antiquité et l'universalité des théories et pratiques alchimiques traditionnelles, en montrant leur caractèresotériologique fondamental »,René Alleau, Encyclopédia universalis, édition de 1985, T1p. 664
↑"La généralité des auteurs ne donnant aucune précision sur le 'sujet des sages', ni sur les premières opérations du grand œuvre, cette omission systématique a pour effet de provoquer une inextricable confusion dans l'esprit du profane qui confond la matière première et le premier mercure, ou mercure commun. Presque tous les traités commencent en effet au début du second œuvre, et semblent supposer achevée la première préparation. En ce sens, l'énigme de la matière première est sciemment recouverte par l'énigme du Mercure, si bien que, même si l'on devine celle-ci, l'on ne découvre que les termes du problème posé par celle-là", Aspects de l'alchimie traditionnelle, Éd de minuit 1986,p. 129
↑"Quant au sujet grossier de l'œuvre, les uns le nomment Magnesia lunarii; d'autres plus sincères l'appellent plomb des sages, saturnie végétable. Philalèthe, Basile Valentin, le Cosmopolite disent Fils ou Enfant de Saturne. Dans ces dénominations diverses, ils envisagent tantôt sa propriété aimantine et attractive du soufre, tantôt sa qualité fusible, sa liquéfaction aisée.Pour tous, c'est la Terre Sainte; enfin ce minéral a pour hiéroglyphe céleste le Bélier (Aries). Si donc vous faites attention à ce que nous avons dit de la galette des rois, et si vous savez pourquoi les égyptiens avaient divinisé la chat, vous n'aurez plus lieu de douter du sujet qu'il vous faut choisir. Son nom vulgaire vous sera nettement connu. Vous posséderez alors ce Chaos des sages, dans lequel tous les secrets cachés se trouvent en puissance" Fulcanelli, MCp. 196.
↑"Il faut, mon fils, que vous travailliez avec le Mercure, qui n'est pas le Mercure vulgaire, ni du vulgaire du tout, mais qui, selon ces philosophes, est la matière première, l'âme du monde, l'élément froid, l'eau bénite, l'eau des sages, l'eau venimeuse, le vinaigre très fort, l'eau céleste grasse, le lait virginal, notre mercure minéral et corporel" Le livre de Synésius, in Salmon, t II,p. 181
↑Emmanuel d'Hooghvorst,Le Fil de Pénélope, tome I, Grez-Doiceau, Beya Editions,, 458 p.(ISBN978-2-9600575-3-9)
↑Raimon Arola,La Cabala y la Alquimia en la tradicion espiritual de Occidente, Palma de Mallorca, 2002.(ISBN84-9716-178-5).
↑Voir, par exemple : Mino Gabriele, La Porta Magica di Roma Simbolo dell'alchimia occidentale, Leo Olschki Editore, Firenze 2015(ISBN978-88-222-6428-2).
↑De Laborde,Explications de l'énigme trouvée à un pilier de l'église Notre-Dame de Paris, Paris, 1636.
↑Reproduit dans Eugène Canseliet,Trois anciens traités d'alchimie, Jean-Jacques Pauvert, 1975.
↑L. F. Cambriel,Cours de philosophie hermétique ou d'alchimie en 19 leçons, Paris, 1843.
↑Fulcanelli,Le mystère des cathédrales et l'interprétation des symboles ésotériques du grand-œuvre, 1926 ;Les demeures philosophales et le symbolisme hermétique dans ses rapports avec l'art sacré et l'ésotérisme du grand œuvre, Paris, 1930.
↑Canseliet,Deux logis alchimiques en marge de la science et de l'histoire, Paris, Jean Schemit, 1945, 160 p. : porte alchimique de la villa Palombera à Rome (1680) et château du Plessis-Bourré (XVe s.).
↑Les alchimistes grecs, t. IV.1 :Zosime de Panopolis. Mémoires authentiques, Les Belles Lettres, 1995,p. 241.
↑Salomon Trismosin,Splendor Solis (1535), Milan, Archè, 1975, 22 figures en couleurs.
↑Michel Maïer,Atalante fugitive (1618), trad., Librairie de Médicis, 1969, 50 gravures sur cuivre, 384 p.
↑L'alchimie, science et sagesse, Encyclopédie Planète, s.d.,p. 219.
↑Raphael Patai,Maria the Jewess, Founding Mother of Alchemy, Ambix, 1982, vol. 29, no 3,p. 177-197.
↑Les alchimistes grecs, t. IV.1 : Zosime de Panopolis.Mémoires authentiques, Les Belles Lettres, 1995. R. J. Forbes,A Short History of the Art of Distillation,2e éd., Leyde, 1970.
↑R. P. Multhauf,The significance of distillation in Renaissance medical chemistry,Bulletin of the History of Medicine, 30 (1956),p. 329-346.
↑Paracelse,Le mal français. Von der Frantzösichen kranckheyt (1529).
↑Paracelse,De la vertu des bains de Pfäffers. Vonn dem Bad Pfäffers… Tugenden (1535).
↑Jan Baptist Van Helmont,Œuvre physique et médecine, traduites par Jean le Conte, Lyon, 1670,p. 93.
Un article bibliographique spécifique serait utile(avril 2023). Compte tenu du nombre d'ouvrages ou d'études relatives au sujet de l'article, il serait utile de créer unarticle bibliographique spécifique. On ne garderait alors dans l'article que les ouvrages biographiques ou de référence principaux, ainsi que ceux utilisés pour écrire l'article.
En 1906, le catalogue de Fergusson recensait 1 179 auteurs alchimistes et 4 678 ouvrages, sur la base de la seule liste du docteur James Young[RB 1].Serge Hutin précise (en 1951) qu'« il reste aussi un grand nombre de manuscrits inédits dans toutes les bibliothèques d'Europe ; un assez petit nombre seulement a été édité »[1]. On estime le nombre des auteurs connus à plusde 2 200 et le nombre des traités, écrits et études à plusde 100 000[RB 2].
Jack Lindsay,Les origines de l'alchimie dans l'Égypte gréco-romaine, trad., Le Rocher, 1986.
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LeTheatrum chemicum (« Théâtre chimique »), est le plus important et le plus célèbre recueil de traités alchimiques de la Renaissance. Écrit en latin, la langue savante européenne de l'époque, publié pour la première fois en trois volumes en 1602 par l'éditeur et imprimeur strasbourgeois Lazare Zetzner, il atteint six volumes et rassemble 209 traités dans la dernière édition de 1659-1661.
La Bibliothèque des philosophes chimiques, éditée en 1672-1673 (sans doute par William Salmon), est rééditée et complétée en 1740-1754 par Jean Maugin de Richenbourg sous ce titre :La Bibliothèque des philosophes chimiques. Nouvelle édition, revue, corrigée et augmentée de plusieurs philosophes, avec des Figures & des Notes pour faciliter l'intelligence de leur Doctrine. Par Monsieur J.M.D.R. 4 vol., 35 textes.Collections des traités alchimiques.
Bernard Husson,Anthologie de l'alchimie, Pierre Belfond, 1971, 326 p.
Françoise Bonardel,Philosopher par le feu – Anthologie de textes alchimiques, Almora, 2009.