Élan, Orignal
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Ne doit pas être confondu avec l'Éland, espèce d'antilope africaine de la famille des Bovidés.
Règne | Animalia |
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Embranchement | Chordata |
Sous-embr. | Vertebrata |
Classe | Mammalia |
Sous-classe | Theria |
Infra-classe | Eutheria |
Ordre | Artiodactyla |
Famille | Cervidae |
Sous-famille | Capreolinae |
Répartition géographique
Alces est ungenre demammifèresruminants de lafamille descervidés, dont les représentants sont communément appelésélan (pour les individus deSibérie et deScandinavie) etorignal (pour les individus d'Amérique du Nord). Cesanimaux, dont lesbois sont aplatis en éventail, sont les plus grands des cervidés actuels.
Historiquement, le genreAlces était considéré commemonotypique, comprenant uniquement l'espèceAlces alces, elle-même divisée en plusieurssous-espèces, mais certains spécialistes proposent aujourd'hui de considérer les populations d'Amérique du Nord et d'Eurasie comme des espèces distinctes, dont les noms scientifiques respectifs seraientAlces americanus etAlces alces[1].
L'animal est appeléélan enEurope etorignal enAmérique du Nord.
Le termeorignal est issu du motbasqueoreinak, pluriel d’orein, qui se prononce/oɾejɲak/ et aurait signifié en général « les cervidés », « les rennes » ou « les caribous ».Samuel de Champlain le nommaitorignac[2] car aux premières années des colonies, les premierscolonsfrançais l’auraient appris desBasques qui venaient régulièrement pêcher lamorue et labaleine sur les côtes duLabrador et les abords dufleuve Saint-Laurent. La finale-ac a fait place à-al plus commune dans les noms d'animaux :cheval, chacal, etc.
Le motélan est connu par diverses attestations telles qu’hele à la fin duXIIIe siècle, qu’ellend,hellent auXVe siècle ouellan en 1606. Il s'agit sans doute d'un emprunt ancien à unelangue baltique comme en témoigne la forme la plus ancienne, alors que les formes avec la finale-end, -en(t) ont été réempruntées par l'intermédiaire dumoyen haut allemandelen, elend[3] (> allemandElen,Elentier, plus couramment appeléElch), lui-même issu dulituanienélni(a)s « élan, cerf »[4]. L'ancien français devait avoir un terme issu du latinalces ou du vieux bas francique*elk dont on n'a pas conservé la trace, car l'animal a disparu de la partie occidentale de l'Europe.
Il convient de ne pas le confondre avec lewapiti (Cervus canadensis), qui est un cerf, proche parent ducerf élaphe. Cette confusion est liée à une mauvaise traduction de l'anglais américain, car auxÉtats-Unis, on nommeelk le cerf wapiti, alors que le même mot signifie « élan » enanglais britannique, sens d'origine. Enfin, l’éland (Taurotragus oryx) est une grande antilope africaine.
Si l’élan est aujourd'hui le plus grand descervidés, il a longtemps été dépassé en taille par le cerfMegaloceros giganteus, qui l’a côtoyé durant laPréhistoire. Tous deux furent chassés et localement exterminés par l’homme ; après avoir survécu à troisglaciations, leMegaloceros a totalement disparu, tandis que l’orignal a peu à peu été confiné enzone circumpolaire.
Des preuvesarchéozoologiques montrent que l'élan a été présent dans pratiquement toute l'Europe de l'Ouest, après être arrivé de l'est, il y a environ 800 000 ans (au tout début de laglaciation de Mindel[5]), puis présent partout dont en France (en même temps que le renne, le cerf mégacéros et le cerf élaphe, comme le montrent les ossements trouvés[6] dans la grotteTournal àBize (Aude), ou encore dans les grottes Jean-Pierre 1 et 2[7] et jusqu'au-delà desPyrénées), enEspagne[8] et au-delà des Alpes, en Italie (comme l'ont montré les fouilles de la grotte de Broion,Vicence,Italie)[9].
Ladomestication d'élans semble ancienne. LesIakoutes deSibérie l’ont utilisé commeanimal de trait et comme monture. Ce dernier usage a plus tard été interdit enRussie, car des malfaiteurs montant des élans distançaient les chevaux de la police. L’élan a aussi servi à tirer de lourdes charges sur des terrains difficiles où le cheval s’enfonçait. Il a été domestiqué, mais non élevé en troupeau.
Comme pour l’aurochs, despopulations relictuelles d’élans ont survécu jusqu'auMoyen Âge, au moins dans les plaines humides enFrance, enBelgique, mais aussi enSuisse et enAllemagne avant que la chasse (pour la viande et les trophées) ne les élimine de ces contrées. Il est attesté par des textes ou des fossiles récents en France à l’époquegauloise jusqu'à l’an250. Il subsiste enAlsace au moins jusqu'auIXe siècle. Un texte mentionne un élan tué en764 par deux seigneurs de la suite dePépin le Bref à Nordlingen (Bavière). Il est signalé comme commun enSuisse jusque vers l’an mille. Dans leComté de Flandre où leszones humides étaient encore nombreuses avant les grandsdrainages médiévaux, les derniers élans auraient été tués vers l’an900, après une période d’invasion marine qui les a sans doute forcés à quitter le refuge desmarais,roselières etforêts de l’actuelleFlandre maritime. On pense qu'il a pu survivre enNormandie jusqu'auXe siècle dans leMarais-Vernier.
En Europe centrale, l’élan aurait survécu à la chasse jusqu'auXIVe siècle enBohême, jusqu'auXVIe siècle enMecklembourg, jusqu'en1760 enGalicie et jusqu'à la fin duXVIIIe siècle enHongrie[10]. Un projet deréintroduction en France est porté par leparc naturel régional des Boucles de la Seine normande[10].
L’ongle d’orignal entrait avec d’autres produits animaux (crâne humain, os, dents d’hippopotame) dans la composition de lapoudre de guttete, remède réputéantiépileptique compris dans lapharmacopée maritime occidentale auXVIIIe siècle[11].
AuCanada, en1904, des orignaux ont été introduits avec succès sur l’île deTerre-Neuve. D'autres tentatives moins fructueuses ont été effectuées sur l’île d’Anticosti dans legolfe du Saint-Laurent. En1910, dix élans furent introduits dans leFiordland enNouvelle-Zélande, mais ils se sont apparemment éteints. Cependant, on rapporte des contacts occasionnels, et il est possible que des orignaux demeurent en Nouvelle-Zélande.
En Europe, l’élan a failli disparaître alors qu’il était largement présent durant laPréhistoire[12],[13].
Depuis que sa chasse est mieux contrôlée, et que des programmes de réintroduction et de protection lui ont été consacrés, des populations se sont localement reconstituées dans certaines régionsrusses au cours duXXe siècle.
Des populations se sont récemment reconstituées enSibérie à l’est de laLéna. Il n’en restait presque plus en1974 ; on en compte 22 000 à 24 000 qui profitent des immenseszones humides.
Une population plus modeste se reconstitue enTchécoslovaquie, à la même latitude que laNormandie.
EnFrance, uneréintroduction est envisagée, pour la gestion des zones humides[10].
Le projet polonais de réintroduction d’élans date de1951. Il concerne laforêt de Kampinos où le dernier élan connu a été abattu auXVIIIe siècle. Les élans réintroduits proviennent deBiélorussie. Ils ont d’abord été élevés dans un enclos avant d’être libérés dans l’habitat forestier en1958. De ce noyau de recolonisation renforcé de quelques autres spécimens réintroduits dans le nord-est du district deRajgród, est née une population dispersée qui a réussi à essaimer dans d’autres secteurs de laPologne où cette réintroduction est considérée comme un succès. De1962 à1965, la croissance démographique du groupe d’élans de la forêt de Kampinos a en effet été de+ 20 %/an en moyenne. De1961 à1966, les gestionnaires duparc national de Kampinos ont noté que 30 % des naissances étaient desjumeaux. La population des élans dans Kampinos est aujourd'hui estimée à 100-120 individus (3 à 4 par1 000 hectares). Deslynx ont également été réintroduits dans cette région[14] pour contribuer à réguler la population d’élans (animaux malades ou atteint de problèmes congénitaux liés à une faible diversité génétique).
L’orignal nécessite un territoire assez vaste. Le maintien dans un enclos où il est nourri augmente le risque deparasitisme lié à lapromiscuité (cet animal est notamment parasité par un petit diptèreectoparasite spécialisé de la famille desHippoboscoideaLipoptena cervi)[15] et cause une croissance anormale des sabots qui s’usent moins quand l'animal se déplace peu. Il apprécie les forêts très humides et ouvertes, riches en végétationarbustive.
L’élan est un animal indépendant et solitaire en été, qui ne vit en couple qu’au moment du rut (mi-septembre à mi-octobre). Les mâles ne forment pas de harems. Il peut toutefois former des groupes en hiver. Timide dans les zones où il est souvent dérangé ou chassé, il peut être curieux dans les zones de calme, tout en restant éloigné de l’humain. Certains individus n’hésitent pas à visiter quelques zones rurales (pâtures, champs de céréales) ou urbaines, voire des aéroports ou jardins périurbains.
Comme presque tous les animaux, il peut être agressif au moment du rut pour les mâles, et durant l’élevage des petits pour les femelles, qui ne laissent personne approcher leur petit à moins de 25-30 m, ou encore s’il est blessé ou acculé sans possibilité de fuite.
L’orignal peut parcourir des distances importantes et traverser des bras de fleuves à la nage. Souvent en été, agressé par les mouches et les taons, il s’immerge dans l’eau afin de se débarrasser de ses hôtes encombrants.
Il vivait aussi autrefois dans des zones plus tempérées. Il ne survit aujourd'hui que sous des climats plus nordiques, à la saisonnalité très marquée ; il y adapte ses choix alimentaires et d'habitats en fonction des saisons et de son environnement proche, au gré de la disponibilité en ressources alimentaires[16].
Il se nourrit principalement de jeunes branches, pousses et de feuilles desaule ou debouleau qui composent 50 % de son alimentation en été et 80 % en hiver. Il apprécie aussi les plantes aquatiques (qu'il peut brouter sous l'eau), ainsi que d’écorces d’arbres et de cônes en hiver.
Il se nourrit essentiellement d’herbe, de plantes aquatiques qu’il peut brouter la tête entièrement immergée sous l’eau (il reste parfois une minute en plongée), de feuillage, de branches, d’écorce et d’autres végétaux. Il consomme accessoirement deschampignons, desmousses et deslichens.
Il se nourrit plus facilement sur les buissons et jeunes arbres qu’en forêt où les arbres sont trop hauts pour que les feuilles lui soient accessibles. La présence decastors qui recèpent les arbres sur les berges lui est favorable.
Les élans ou orignaux vivent dans les forêts boréales et les forêts mixtes de feuillus de l’hémisphère Nord, sous des climats tempérés à subarctiques. Leurs choix d'habitats sont guidés par leurs besoins en nourriture : la forêt mélangée et les forêts de feuillus ainsi que les sites perturbés par les épidémies d'insectes (acolytes, papillons défoliateurs) ou leschablis plus éclairés et donc plus riches enherbacées sont préférés ; inversement, il n'apprécie pas les peuplements résineux purs ni les milieux ouverts etcoupes à blanc[17].
L'été, leszones humides lui apportent fraîcheur et nourriture abondante, favorable à la lactation et à la croissance des bois. En début d'hiver des peuplements riches en brout qui offrent la nourriture adéquate. En fin d'hiver il recherche des lieux abrités lui permettant de limiter ses pertes énergétiques[17].
Selon R Courtois, l'un des spécialistes canadiens de cet animal, la conservation de« couverts de fuite adéquats » serait nécessaire pour réduire la vulnérabilité de l'Orignal à la chasse comme cause de mortalité[17].
Les femelles ont aussi besoin de lieux tranquilles et isolés pour vêler en sécurité, en limitant les risques de prédation[17].
Leréchauffement climatique et les hivers anormalement doux semblent aussi affecter l'orignal dans leMinnesota[18].
EnAmérique du Nord, leuraire de répartition comprend tout leCanada[19] et l’Alaska, une grande partie de laNouvelle-Angleterre, les états deWashington[20] et du nord duMinnesota[21], et le nord desMontagnes Rocheuses. Lors de l'arrivée des Européens auXVIe siècle, l'espèce était déjà largement réparti sur le Continent. Après leur introduction surTerre-Neuve, au début duXXe siècle, ils sont maintenant l’ongulé dominant du territoire.
EnEurope, ils vivent principalement dans lapéninsule Scandinave, qui compte aujourd'hui 200 000 têtes environ, et enRussie. Des populationsvestigiales demeurent dans plusieurs pays d’Europe où les élans étaient autrefois nombreux, dans lespays baltes, enTchécoslovaquie,Pologne etRoumanie. Des élans erratiques ont été signalés enAllemagne du Nord jusqu'à la frontière desPays-Bas, ainsi qu’enHongrie.
EnAsie, les élans se trouvent essentiellement enSibérie, avec quelques groupes enChine. De manière générale, l’aire de répartition des élans s’est rétrécie avec le temps.
Un projet de réintroduction est à l’étude en France, enNormandie, dans leMarais-Vernier[22].
Les mâles pèsent entre 500 kg et 700 kg pour 230 cm augarrot, et les femelles pèsent entre 350 kg et 580 kg pour 160 cm[23]. L’adulte perd 15 à 17 % de son poids vif chaque hiver, voire plus lors d’hivers difficiles. Les petits pèsent environ 15 kg à la naissance mais grandissent rapidement.
Seuls les mâles possèdent desbois, qui peuvent dépasser 1,60 m de largeur et 20 kg ; ils sont larges et plats avec de petites pointes. Au mois de novembre, le cervidé perd sa parure. Un élan découvert en Alaska en1897 détient le record du plus grand cervidé connu : ce mâle atteignait 2,34 m à l’épaule, pour 816 kg. L’envergure de sa ramure était de 2 m.
La longueur inhabituelle de ses pattes donne à l’élan une démarche particulière et lui permet de brouter les ligneux. Comme une chèvre, il peut se dresser sur ses pattes postérieures et en tendant le cou, brouter dans les branches jusqu'à près de 3 mètres de hauteur.
Ses sabots élargis et palmés lui permettent de nager dans le courant et de ne pas s’enfoncer dans les sols mous (vase, neige,tourbières àsphaignes) ainsi que de se déplacer facilement dans l’eau et dans lesmégaphorbiaies en enjambant troncs renversés et ronciers. On le rencontre souvent dans les zones humides et marécageuses près des rivières. L’allure habituelle de l’élan est un trot qui paraît mal assuré, mais il est capable de galoper et d’atteindre une vitesse de55 km/h.
Le museau est long et poilu hormis une petite zone triangulaire sous les narines. Le mâle possède une poche poilue sous le cou, appelée « cloche ». Ce ruminant a un cou assez trapu (chez le mâle surtout) qui, relativement à la longueur de ses pattes l’empêche de paître facilement. Sa denture ressemble à celle d’autres ruminants tels que leschevreuils, lesvaches, lesmoutons ou leschèvres. Des deux côtés de la mâchoire inférieure se trouvent trois molaires, trois prémolaires et quatre dents de devant, dont l’une est une canine transformée. La mâchoire supérieure ne contient pas de dents de devant, mais présente une plaque en corne contre laquelle l’élan mâche sa nourriture.
Comme d’autres cervidés, il apprécie et recherche les sels minéraux, peut-être pour compenser ses besoins lors de la croissance annuelle des bois (jusqu'à 15-20 kg pour les ramures les plus spectaculaires).
La période de reproduction va de mi-septembre à mi-octobre. La période de gestation dure environ 8 mois. La femelle fait une portée comprenant généralement un ou deux petits, rarement trois. Les faons pèsent de 11 à 15 kg à la naissance et sont capables de tenir debout quelques minutes après leur naissance. Les femelles se montrent très agressives durant la période d'élevage des petits et ne laissent personne s'en approcher à moins de 25 mètres.
L’élan est unmammifèreartiodactyle, de la famille desCervidés, et du groupe anatomique autrefois identifié parBrooks comme étant celui destélémétacarpiens (métacarpe éloigné ducarpe).
Traditionnellement, l’unique espèceAlces alces est subdivisée en 7 (ou 8 selon les auteurs) sous-espèces, dont quatre en Amérique du Nord :
et une seule sous-espèce européenne :
auxquelles sont ajoutées deux sous-espèces asiatiques :
Les recherches faites auXXIe siècle tendent à distinguer deux espèces à part entière,Alces americanus etAlces alces, dans lesquelles se répartissent les sous-espèces.
SelonMammal Species of the World (version 3, 2005)(9 oct. 2012)[24] :
SelonITIS(9 oct. 2012)[25] etCatalogue of Life(9 oct. 2012)[26] :
SelonPaleobiology Database(9 oct. 2012)[28] :
Cet animal, capable de traverser des lacs et fleuves importants à la nage en Amérique du Nord, est le seul mammifère cervidé capable de brouter des végétaux aquatiques, la tête sous l’eau. Il semble donc occuper une niche écologique particulière et il pourrait avoir joué pour cette raison un rôle important pour l’entretien de labiodiversité et de lavégétation naturelle potentielle deszones humides froides et tempérées. Il consomme quotidiennement environ 5 % de son poids (soit plus ou moins 20 kg de biomasse végétale fraîche par adulte de 400 kg).
Sa présence étant attestée jusqu’au Moyen Âge dans l’Europe moyenne (Allemagne,France), certains auteurs suggèrent de leréintroduire dans des zones humides protégées, en complément desovins,chevaux oubovins rustiques utilisés pour la gestion et la restauration de ces milieux[10]. En effet, comme celui des autres cervidés, son système digestif est mieux adapté à la digestion de matières ligneuses que ceux des animaux herbivores déjà présents dans les réserves et il est le seul qui pâture volontiers les ligneux parfois envahissants des écotones des zones humides, entretenant, comme le fait aussi lecastor, des abords dégagés et ensoleillés. À la saison froide, il mange de 20 à 25 kg de branches, écorces et rameaux généralement de saules, aulnes et bouleaux, essences pionnières participant à la fermeture des zones humides et aux apports massifs de feuilles mortes qui contribuent à l’atterrissement anormalement rapide des mares, tourbières et zones humides peu profondes. Son pied est composé de 4 sabots par patte, reliés pour partie par une membrane interdigitaire qui lui permet de moins s’enfoncer dans les sédiments et sols mous que d’autres espèces (charge de 420 à 440 g/cm2, contre 750 pour un bovin et 800 pour un cheval)[10].
L’orignal est chassé en Europe du Nord et en Amérique du Nord. Dans les pays nordiques, sa viande est réputée meilleure que celle ducerf élaphe (vendue dans lesannées 1990 quatre fois plus cher que la viande de bœuf). Dans les zones où le gibier d’eau est intensivement chassé, il semble pouvoir être victime desaturnisme en ingérant desgrenailles de plomb toxique, avec la nourriture qu’il broute sous l’eau.
Cette espèce contribue aussi (avec lecastor, quand et là où celui-ci fait des barrages) à entretenir desmilieux humides ouverts et ensoleillés ; sa capacité (unique chez les mammifères contemporains de l'hémisphère Nord) àfaucarder les plantes sous l'eau le rend favorable à la présence d'oiseaux d'eau (dontgibier d'eau pour les chasseurs, dit « sauvagine » au Canada). En exportant une grande quantité de végétaux, il contribue sans doute aussi àdéseutrophiser les étangs où il se nourrit, et à freiner leur « atterrissement » (phénomène de colmatage des zones humides par accumulation defeuilles mortes outourbe).
Des tentatives dedomestication de l'Alces ont été régulièrement tentées puis abandonnées. Des animaux élevés jeunes et pris individuellement ont été utilisés commebête de somme et detrait[29]. EnURSS, un élevage plus intensif dans des fermes a été tenté ; mais bien que l'animal soit docile, son caractère solitaire rend son élevage en groupe compliqué. La femelle peut produire en moyenne 150 à200 litres par lactation. Comme bête de bât, il est parfaitement adapté au déplacement en milieu marécageux et peut porter entre 80 et 130 kg. Attelé, il peut tirer jusqu'à 400 kg[30],[31].
Cette espèce n'est pas considérée comme menacée, mais elle a disparu d'une partie importante de sonaire naturelle de répartition. Hors des réserves naturelles non-chassables, la chasse est sa première cause de mortalité.
Une préoccupation croissante existe cependant, née en Amérique du Nord depuis qu'on a montré qu'elle pouvait être victime d'unemaladie émergente : laChronic Wasting Disease (CWD, une maladie débilitante chronique) qui touche aussi les autrescervidés. Cette maladie semble en extension rapide depuis lesannées 1960.
Jusqu'en 2015, la maladie n'était connue dans la faune sauvage qu'enAmérique du Nord (selon les données de surveillance disponibles pour ce qui concerne la faune sauvage).
Mais en2016 on a détecté enNorvège trois premiers cas demaladie débilitante chronique (ou CWD ou MDC) chez deux espèces différentes de cervidé sauvage. Le1er cas (qui est aussi le1er cas au monde) concernait un renne. Dans les mois qui ont suivi deux femelles de rennes ont aussi été trouvées malades, dans la municipalité de Selbu (à Sør-Trøndelag) près de la frontière suédoise, alors que le premier cas de maladie à prion avait été détecté peu avant chez un renne (Rangifer tarandus tarandus) bien plus au sud de la Norvège le[32].
La situation inquiète les spécialistes car ceprion s'est montré comparable à celui qui cause l’encéphalopathie spongiforme des cervidés dénommée « Chronic wasting disease » ou CWD en Amérique du Nord où la maladie s'est montrée depuis 20 ans très contagieuse, inéluctablement mortelle et très difficile à freiner[33],[34].
Il peut être perturbé par lescoupes rases[35], les milieux cultivés, agroforestiers ou dans les emprises delignes à haute-tension, plus encore si leurs emprises ont été traitées avec unphytocide[36]. Une étude (1984) a montré que dans un territoire traversé par une emprise de ligne électrique, il y est trois fois moins présent qu'en forêt adjacente. Les auteurs ont aussi noté que« les emprises de 90 m de large sont plus fréquemment traversées en hiver que celles de 140 m de large », ce qui montre qu'il est sensible à lafragmentation forestière[36]. En Amérique du Nord, l'influence des emprises de transmission électrique est jugée faible car la densité naturelle de la population d'orignaux est également faible dans ces régions[36].
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