Albert Lutuli[1],[2] est né à Solusi[3] à proximité deBulawayo, dans l'ancienneRhodésie du Sud, actuelZimbabwe, troisième fils d'unmissionnaire de l'Église adventiste du septième jour, John Bunyan Lutuli, et de Mtonya Gumede.
À la mort de son père, sa mère ramène sa famille en Afrique du Sud dont ils sont originaires, dans la province duNatal à Groutville[4] près de la ville deStanger. Ils vivent chez un oncle, Martin Lutuli[5], chef élu des zoulous chrétiens de la mission d'Umvoti.
Albert Lutuli fait ses études d'enseignants à Edendale, près dePietermaritzburg et devient pasteurméthodiste.
En1920, il reçoit unebourse du gouvernement pour poursuivre ses études dans l'enseignement supérieur auAdams College(en)[6] duquel il rejoint ensuite l'équipe pédagogique. C'est pour des raisons financières qu'il renonce à une autre bourse d'études qui lui aurait ouvert les portes de l'université de Fort Hare.
En1928, il devient le secrétaire de l'association des enseignants africains et en1933 en devient le président[7]. C'est durant cette année-là que les aînés de sa tribu lui demande de devenir leur chef tribal. Ce n'est qu'en1936 qu'il accepte la charge de leader de la chefferie[8] et il le restera jusqu'à son éviction par le gouvernement en1952.
En1936, il prend ses premières positions politiques après que le gouvernement deJames Barry Hertzog a retiré le droit de vote aux noirs de laprovince du Cap.
En1944, Lutuli s'engage au Congrès national africain et en1945[9] est élu à son comité exécutif de la division provinciale du Natal. En1951, il en devient le président[9] et l'année suivante participe avec d'autres leaders de l'ANC à la première campagne dedésobéissance civile etnon violente pour protester contre le durcissement des lois de ségrégation institutionnalisées par l'apartheid.
C'est alors que le gouvernement deDaniel François Malan lui demande de choisir entre son activité politique à l'ANC et la chefferie qu'il dirige (ce qui fait de lui un fonctionnaire rémunéré par l'État sud-africain). Lutuli ayant refusé de choisir, c'est le gouvernement qui le démet de sa fonction de chef de tribu. Un mois plus tard, Lutuli est élu président de l'ANC. Le gouvernement réagit par des mesures de bannissement de l'organisation d'abord pour deux ans, mesure reconduite à l'expiration de ce premier délai pour deux années supplémentaires.
En 1956, à la fin de l'expiration du second délai, Lutuli organise une conférence dans le but d'être arrêté et d'être inculpé de haute trahison à l'instar des 155 autres prévenus, déjà inculpés depuis 1955. Lutuli est arrêté et emprisonné pendant un an. Après les audiences préliminaires, la justice le libère en alors que les charges qui pesaient contre lui et 64 autres prévenus sont abandonnées.
Un autre bannissement de cinq ans est alors décrété par le gouvernement mais il sera suspendu par la justice pour que Lutuli puisse témoigner au procès des rédacteurs de laCharte de la liberté de 1955. Elle est de nouveau suspendue en1960 afin de permettre son arrestation pour avoir brûlé son passeport intérieur à la suite dumassacre de Sharpeville[10].
Après la mise en place de l'état d'urgence, il est arrêté, jugé coupable, condamné à une amende et à une peine de prison avec sursis et renvoyé à Groutville[11].
En1961, sa mesure de bannissement est encore levée[12] pour lui permettre de quitter le pays avec sa femme et de recevoir àOslo sonprix Nobel de la paix[13], caractérisé par le journalafrikanerDie Transvaler comme un« phénomène pathologique inexplicable ».
Son discours lors de sa remise du prix Nobel est une apologie de la non-violence et un appel à la fraternité humaine[14].
En mai 1964, une quatrième mesure de bannissement confine Lutuli dans sa région natale.
En juillet 1967, il meurt percuté par un train sur un pont[15] près de Stanger à l'âge de 69 ans[16].
Dorothy C. Woodson,Albert Luthuli and the African National Congress: A Bio-Bibliography, article publié dans la revueHistory in Africa, vol. 13, 1986, pp. 345–362[18],
Gerald Pillay,Voices of Liberation: Volume 1: Albert Luthuli, éd. HSRC Press, 1993
Scott Everett Couper,An Embarrassment to the Congresses?': The Silencing of Chief Albert Luthuli and the Production of ANC History, article publié dans la revueJournal of Southern African Studies, Vol. 35, No. 2, 2009[19],
(en)Biographie sur le site de lafondation Nobel (le bandeau sur la page comprend plusieurs liens relatifs à la remise du prix, dont un document rédigé par la personne lauréate — leNobel Lecture — qui détaille ses apports)