La renommée d'Einstein, considéré comme l'un des plus grands scientifiques de l'histoire, dépasse largement le milieu scientifique. Son nom et sa personne sont, dans la culture populaire, directement associés aux notions d'intelligence, desavoir et degénie.
Son père, Hermann Einstein, né le à Buchau, est mort le à Milan. Il est entrepreneur (Elektrotechnische Fabrik J. Einstein & Cie)[1] et épouse Pauline Koch (1858-1920) le. Trois ans plus tard, le[N 3], Albert Einstein, leur premier enfant, naît dans leur appartement àUlm enAllemagne. L'année suivante, la famille s'installe à Munich.
Les Einstein sont desjuifsashkénazes non pratiquants, mais un parent enseigne à Albert les éléments dujudaïsme. Vers onze ans il a une phase très religieuse : il ne mangepas de porc et compose des chants religieux qu'il chante sur le chemin de l'école.« Mais je lus mes premiers livres de science, et j'en terminai avec la foi d'Abraham. »[2] Il ne fait pas sabar-mitsvah et n'apprend pas l'hébreu.
L'intérêt d'Albert pour la science est éveillé par uneboussole alors qu'il est âgé de cinq ans : l'existence d'une action à distance lui paraît « miraculeuse » et l'étonne très vivement. À douze ans, un petit livre sur lagéométrie euclidienne du plan[3], qu'il nommera plus tard le « livre sacré de la géométrie », le marque fortement (« la clarté et la certitude des démonstrations eurent sur moi un effet indescriptible »). Son oncle Jakob, ingénieur associé dans l'entreprise de matériel électrique de son père[1], lui pose des problèmes mathématiques.Max Talmey, un étudiant en médecine qui dîne souvent chez les Einstein, lui offre des livres de science et plus tard des œuvres deKant, et ils ont souvent de longues discussions.
Einstein présente un parcours scolaire relativement atypique par rapport aux éminents scientifiques qui furent plus tard ses contemporains. Très tôt, le jeune homme s'insurge contre le pouvoirarbitraire exercé par les enseignants, il est donc souvent dépeint par ces derniers comme un mauvais élément, très étourdi. Il éprouve jusque tard dans son enfance des difficultés pour s'exprimer[N 4].
Il commence sa scolarité au Luitpold Gymnasium deMunich mais il est renvoyé à l’âge de 15 ans, (son professeur degrec jugeant sa présence incompatible avec la stricte discipline y régnant à l’époque[N 5]). Il a d’excellents résultats enmathématiques.
Par répulsion dumilitarisme de sa patrie d'origine, il demande l'abandon de sa nationalité allemande, ce qui est accepté en janvier 1896 et le rendapatride[8]. Dans sa demande, il déclare n'adhérer à aucune confession religieuse, signant ainsi sa rupture officielle avec lareligion juive[8].
À 16 ans, il décide d'intégrer l'École polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ) — à laquelle on peut alors accéder sans avoir de baccalauréat en réussissant un examen d'entrée. Il rate l'examen d'entrée, mais le principal de l'EPFZ l'incite à finir ses études secondaires en passant leMatura afin d'être directement admis[9]. Il entre à l’École cantonale d'Aarau enSuisse, où il trouve une atmosphère plus ouverte et favorable à son apprentissage qu'à Munich, les étudiants étant davantage incités à penser par eux-mêmes qu'à réciter des leçons apprises[10]. En 1896, il réussit le Matura et intègre, à l'automne, l'EPFZ, où il se lie d’amitié avec le mathématicienMarcel Grossmann, qui l’aidera plus tard engéométrie non euclidienne. Il y rencontre aussiMileva Marić, sa première épouse, une des toutes premières étudiantes de l'école, qui travaillera également avec lui sur lathéorie de la relativité et mènera ses propres recherches. Il obtient de justesse son diplôme en 1900, s'avouant, dans son autobiographie,« incapable de suivre les cours, de prendre des notes et de les travailler de façon scolaire »[11].
Au cours de cette période, il approfondit ses connaissances enautodidacte par la lecture de livres de référence comme ceux deKirchhoff, deHertz, deHelmholtz et deMaxwell[12]. Son amiMichele Besso l’initie aux idées de laMécanique d'Ernst Mach. Ilobtient la nationalité suisse en 1901, qu'il gardera jusqu'à la fin de sa vie[13]. Selon plusieurs biographies, cette période de 1900 à 1902 est marquée par laprécarité de sa situation : il postule à de nombreux emplois sans être accepté. Sa misère préoccupe son père, qui tente en vain de lui trouver un poste. Albert se résigne alors à s’éloigner du milieu universitaire pour trouver un emploi dans l’administration.
En 1901, il publie son premier article scientifique dans lesAnnalen der Physik, article consacré à ses recherches sur lacapillarité.
À la fin de l’année 1902, naît le premier de sesenfants,Lieserl. Son existence a longtemps été ignorée des historiens, et il n’existe aucune information connue sur son devenir, bien qu'une biographe[14] conclut que l'enfant,handicapée mentale, est morte en bas âge[15]. Albert et Mileva se marient en 1903, son père lui ayant finalement donné sa permission sur son lit de mort[N 6]. En 1904, le couple donne naissance àHans-Albert, puis àEduard en 1910.
En juin 1902, Albert trouve, grâce àMarcel Grossmann[16], un emploi à l’Office des Brevets[N 7] deBerne[17], ce qui lui permet de vivre correctement tout en poursuivant ses travaux. Il emménage entre 1903 et 1905 dans l'actuellemaison d'Einstein, 49 Kramgasse. Durant cette période, il fonde l’Académie Olympia avecConrad Habicht etMaurice Solovine, qui traduira plus tard ses œuvres en français. Ce cercle de discussion se réunit à la maison d'Einstein, et organise des balades en montagne. Einstein partage le résultat de ses travaux avec Conrad Habicht et lui envoie les articles qu’il publie pendant l’année 1905 (souvent appelée sonannus mirabilis) concernant les fondements de larelativité restreinte, l’hypothèse des quanta de lumière et la théorie dumouvement brownien, qui ouvrent de nouvelles voies dans la recherche enphysique nucléaire,mécanique céleste, etc. L’article portant sur le mouvement brownien prend appui sur des travaux qu’Einstein développe plus tard, et qui aboutissent à sathèse, intituléeEine neue Bestimmung der Moleküldimensionen (« Une nouvelle détermination des dimensions moléculaires », enallemand), et à son diplôme dedoctorat le[11].
En 1914, il déménage en Allemagne et habite àBerlin de nombreuses années, il devient membre de l'Académie royale des sciences et des lettres de Berlin. Son poste à Berlin lui permet de se consacrer tout entier à ses travaux de recherche. Mileva et Albert se séparent et elle rentre en Suisse avec leurs enfants (leur divorce sera prononcé en 1919, année au cours de laquelle il épousera sa cousineElsa[13]). À l’ouverture du conflit de laPremière Guerre mondiale, il déclare ses opinionspacifistes. La ville de Berlin s’était engagée à lui fournir une maison, mais Albert Einstein obtient finalement un terrain sur lequel il fait construireune maison à ses frais. Situé àCaputh, près du lac deHavelsee, l’endroit est calme et lui permet de faire fréquemment de la voile.
Albert Einstein en 1925.
En 1916, il publie un livre présentant sa théorie de lagravitation, connue aujourd’hui sous le nom derelativité générale. En 1919,Arthur Eddington réalise la mesure de la déviation que la lumière d’uneétoile subit à proximité duSoleil, cette déviation étant une des prévisions découlant de cette théorie. Cet événement est médiatisé, et Einstein entreprend à partir de 1920 de nombreux voyages à travers le monde. En, et malgré les nombreuses réticences à lui accorder le prix Nobel les années passées pour des motifs ouvertementantisémites, il reçoit leprix Nobel de physique 1921[18],[19]« pour ses contributions à la physique théorique et, spécialement, pour sa découverte de la loi de l'effet photo-électrique ». Comme il est loin de laSuède en 1922, il reçoit son prix et prononce sa conférence Nobel àGöteborg le. En 1925, il est lauréat de lamédaille Copley, et en 1928 il est nommé président de laLigue allemande des droits de l'homme. Il participe en 1928 au premiercours universitaire de Davos, avec de nombreux autres intellectuels français et allemands. En 1935, il devient lauréat de lamédaille Franklin.
La situation s’assombrit enAllemagne dans lesannées 1920, et il subit des attaques visant ses originesjuives et ses opinionspacifistes. Sa sécurité est menacée par la montée des mouvementsnationalistes, dont celle duparti nazi. Peu après l’arrivée d’Hitler au pouvoir en 1933, tous les biens immobiliers et financiers de la famille Einstein sont confisqués, et Albert Einstein apprend que sa maison de Caputh a été pillée par les nazis en mars, et il décide de ne plus revenir en Allemagne[20],[21]. Le même mois, ses travaux sont brûlés au cours desautodafés. Le mois suivant, plusieurs journaux mettent sa tête à prix pour5 000 dollars. Peu après, l’État nazi publie unlivre illustration des« ennemis de l’État » comportant notamment une photographie d'Einstein avec l'inscription« Noch Ungehängt » (« Pas Encore Pendu »)[21],[22].
Son fils Eduard, atteint d’une possibleschizophrénie, passe la majeure partie de sa vie dans une clinique en Suisse, et son autre filsHans-Albert devient docteur ensciences techniques, ingénieur et professeur de génie hydraulique enCalifornie.
Mort
Einstein meurt le d’une rupture d'anévrisme de l'aorte abdominale[25]. Ses cendres sont éparpillées dans un lieu tenu secret, conformément à ses dernières volontés. Mais, en dépit de son testament, son cerveau et ses yeux ont été prélevés, le premier par lemédecin légiste ayant effectué l'autopsie, les seconds par sonophtalmologiste[26]. Une étude réalisée en 2013 sur son cerveau révèle tout au plus une hyperconnexion entre les deuxhémisphères, ce qui selon certains serait le signe d'une grandeintelligence[27].
Juste avant de mourir, le physicien prononça quelques mots enlangue allemande, mais l’infirmière de garde de l’hôpital de Princeton ne parlait pas cette langue et ne put donc ni les retranscrire, ni les répéter[28],[29],[30].
L'année 1905 est une année exceptionnellement fructueuse pour Einstein (elle est souvent désignée par l'expression latineannus mirabilis[N 8]), quatre de ses articles étant publiés dans la revueAnnalen der Physik :
le premier article, publié en mars, expose un point de vue révolutionnaire sur lanature corpusculaire de la lumière, par l’étude de l’effet photoélectrique. Einstein l’intitule :Sur un point de vue heuristique concernant la production et la transformation de la lumière. Il y relate ses recherches sur l’origine des émissions de particules, en se basant sur les travaux dePlanck qui avait, en 1900, établi une formule d’un rayonnement quantifié, c’est-à-dire discontinu. Planck avait été contraint d’aborder le rayonnement lumineux émis par un corps chaud d’une manière qui le déconcertait : pour mettre en adéquation sa formule et les résultats expérimentaux, il lui avait fallu supposer que le courant de particules se divisait en blocs d’énergie, qu’il appelaquanta. Bien qu’il pensât que ces quanta n’avaient pas de véritable existence, sa théorie semblait prometteuse et plusieurs physiciens y travaillèrent. Einstein réinvestit les résultats de Planck pour étudier l’effet photoélectrique, et il conclut en énonçant que lalumière se comportait à la fois comme uneonde et un flux departicules. L’effet photoélectrique a donc fourni une confirmation simple de l’hypothèse des quanta de Max Planck. Ce résultat sera récompensé par leprix Nobel de physique en 1921. En 1920, les quanta furent appelés lesphotons ;
deux mois plus tard, en mai, Einstein fait publier un deuxième article sur lemouvement brownien. Selon lui, lesmolécules tireraient leurénergie cinétique de lachaleur. Cet article fournit une preuve théorique (vérifiée expérimentalement parJean Perrin en 1912) de l’existence desatomes et des molécules.
le troisième article est encore plus important, car il représente la rupture intuitive d’Einstein avec laphysique newtonienne. Dans celui-ci,Sur l’électrodynamique des corps en mouvement, le physicien s’attaque aupostulat d’un espace et d’un temps absolus, tels que définis par la mécanique de Newton, et à l’existence de l’éther, milieu interstellaire inerte qui devait soutenir la lumière comme l’eau ou l’air soutiennent les ondes sonores dans leurs déplacements. Cet article, publié en juin, amène à deux conclusions : l’éther n’existe pas, et letemps et l’espace sont relatifs. Le nouvel absolu qu’Einstein édifie est détaché de la valeur quantitative de ces deux notions que sont l’espace et le temps. Elles restent cependant liées par la conservation, à travers différents référentiels d’étude, de l’intervalle d’espace-temps entre événements, notion similaire à la distance entre points de l’espace. Les conséquences de cette vision révolutionnaire de la physique, qui découle de l’idée qu’Einstein avait de la manière dont les lois physiques devaient contraindre l’univers, ont bousculé tant la physique théorique que ses applications pratiques. L’apport exact d’Einstein par rapport àHenri Poincaré et quelques autres physiciens est aujourd’hui assez disputé (voirControverse sur la paternité de la relativité) ;
le dernier article, publié en septembre, donne au titreL’inertie d’un corps dépend-elle de son contenu en énergie ? une réponse célèbre : la formule d’équivalence masse-énergie,E=mc2. C’est un résultat de la toute nouvellerelativité restreinte, dont découle un vaste champ d’études et d’applications : physique nucléaire, mécanique céleste eténergie nucléaire, par exemple[31].
Son ancien condiscipleMarcel Grossmann l’aide dans ses travaux en lui apportant ses connaissances en géométrie différentielle : ils publient un article sur lestenseurs de Ricci et deRiemann-Christoffel en 1913. En, Einstein publie un article sur la géométrie différentielle, et en juin 1915, il donne des conférences à l’universitéGöttingen devant Hilbert et Klein.
Les « équations du champ » sont la clé de voûte de cette théorie. Elles décrivent le comportement du champ de gravitation (la métrique de l’espace-temps) en fonction du contenu énergétique et matériel. La théorie de la relativité ainsi que ses ouvrages de 1905 et 1916 forment la base de la physique moderne.
La théorie de la relativité générale publiée, Einstein recommence à travailler sur la physique des quanta et introduit en 1916 la notion d'émission stimulée qui lui permet de retrouver laloi de Planck à partir d'hypothèses purement quantiques sur la façon dont les quanta de lumière (photons) sont absorbés et émis par les atomes[33]. Cette idée fructueuse est à la base du développement dumaser et dulaser. La même année, Einstein montre qu'il convient d'associer une quantité de mouvement au quantum de lumière ; cette hypothèse sera validée par l'expérience en 1923 grâce aux travaux d'Arthur Compton sur la diffusion des rayons X[33].
La relation d'Einstein avec la physique quantique alors naissante est remarquable : d’un côté, nombre de ses travaux sont à la base du développement de cette nouvelle physique, comme son explication de l’effet photoélectrique ; d’un autre côté, il critique beaucoup d’idées et d’interprétations de lamécanique quantique, son non-déterminisme en particulier. Le débat entre le groupe formé par Einstein etErwin Schrödinger et celui deNiels Bohr etWerner Heisenberg se situe à la frontière de la physique et de la philosophie.
En 1927, invité au cinquièmecongrès Solvay, il a de nombreuses conversations avec Niels Bohr à ce sujet. Il dit alors : « Gott würfelt nicht » (« Dieu ne joue pas aux dés ») pour marquer son opposition à l’interprétationprobabiliste de la physique quantique, ce à quoi Niels Bohr répondit :« Qui êtes-vous, Albert Einstein, pour dire à Dieu ce qu’il doit faire ? » Leparadoxe EPR qu’il précise en1935 avecBoris Podolsky etNathan Rosen à Princeton reste aujourd’hui un exemple important d'une tentative pour questionner les fondements de la mécanique quantique.
Vérifications
Albert Einstein à Vienne, 1921.
L'explication de l'avance du périhélie de Mercure fut donnée par Einstein en 1915, à l'aide des équations qu'il venait d'établir[34] ; bien que considérée comme la première confirmation expérimentale de la nouvelle théorie, elle ne correspondait pas à la prévision d'un effet nouveau, c'est pourquoi, pour vérifier la relativité générale, une mesure de la déviation des rayons lumineux aux alentours d’une masse lors d’une éclipse solaire fut envisagée.
La première expédition est prévue en 1915, mais est rendue impossible par laPremière Guerre mondiale. En 1919,Arthur Eddington réalise cette mesure et annonce que les résultats sont conformes à la théorie d’Einstein. Grâce à cette expérience, Einstein devient célèbre du jour au lendemain. Le fait qu'une théorie allemande ait été vérifiée par un Britannique un an après la Première Guerre mondiale, fait office de symbole en faveur de la paix[35].
Il apparaît bien plus tard qu’en raison du temps nuageux, la marge d’erreur était bien supérieure au phénomène à mesurer[36]. En 1980, les philosophes des sciences John Earman et Clark Glymour affirment qu'Eddington a biaisé la sélection des données qu'il a recueillies ; leur propos est repris en 1993 parHarry Collins etTrevor Pinch. En revanche, l'expérience est validée par le physicien Daniel Kennefick. Celui-ci souligne que l'analyse nuancée d'Earman et Glymour a été instrumentalisée pour répandre l'idée selon laquelle la théorie de la relativité n'a obtenu de succès que par la grâce de la diplomatie (Eddington souhaitant mettre fin à la mise au ban des scientifiques allemands), voire pour répandre la défiance à l'égard des scientifiques[37]. Le physicienStephen Hawking commente en 1988 dans son ouvrageUne brève histoire du temps que ce genre de faux bon résultat est courant quand on sait à quoi s’attendre. Comme d’autres mesures avaient entre-temps confirmé la déviation de la lumière, la validité de la relativité générale n’en fut pas ébranlée.
Personnalité
Einstein et la politique
Les positions politiques prises par Einstein sont marquées par ses opinionssocialistes etpacifistes. Il relativise parfois ces dernières, par exemple en déconseillant l’objection de conscience à un jeune Européen lui ayant écrit pendant lesannées 1930,« pour la sauvegarde de son pays et de la civilisation ». Toutefois, il prône régulièrement l'objection de conscience. Par exemple, à propos de la lutte contre les armements et les comportements belliqueux, il écrit :
« Je soutiens que le moyen violent du refus du service militaire reste le meilleur moyen. Il est préconisé par des organisations qui, dans divers pays, aident moralement et matériellement les courageux objecteurs de conscience[38]. »
En 1913, il est cosignataire d’une pétition pour la paix que trois autres savants allemands acceptent de signer. Einstein éprouve une forte antipathie vis-à-vis des institutions militaires, publiant dès 1934 :
« La pire des institutions grégaires se prénomme l’armée. Je la hais. Si un homme peut éprouver quelque plaisir à défiler en rang aux sons d’une musique, je méprise cet homme… Il ne mérite pas un cerveau humain puisqu’une moelle épinière le satisfait. Nous devrions faire disparaître le plus rapidement possible ce cancer de la civilisation[39]. »
Einstein est lié à de nombreuses causes pacifistes, car il se montre ouvert aux propositions multiples de soutien qu’il reçoit, et accepte souvent de s’engager pour les causes qu’il juge justes.Einstein apporte un soutien marqué aux mouvementssionistes. En 1920, il accompagne ainsi le chef de filesionisteChaim Weizmann auxÉtats-Unis au cours d’une campagne de récolte de fonds. Il se rend également enPalestine mandataire dans le cadre de l’inauguration de l’université hébraïque de Jérusalem à laquelle il lègue plus tard ses archives personnelles. Ses apparitions donnent un prestige politique à la cause sioniste. À la suite d'une invitation à s’établir à Jérusalem, il écrit dans son carnet de voyage que« le cœur dit oui […] mais la raison dit non ». SelonTom Segev, Einstein apprécie son voyage en Palestine et les honneurs qui lui sont faits. Il marque néanmoins sa désapprobation en voyant des Juifs prier devant lemur des Lamentations ; Einstein commente qu’il s’agit de personnes collées au passé et faisant abstraction du présent[40].Ben Gourion lui propose en1952 la présidence de l’État d’Israël, qu’il refuse :
« J'ai passé ma vie à étudier des problèmes objectifs et je manque à la fois de l'aptitude naturelle et de l'expérience nécessaires pour traiter des problèmes humains et exercer des fonctions officielles[41]. »
De même, il déclara à propos de la politique après cette offre de Ben Gourion :
« Les équations sont plus importantes pour moi que la politique, parce que la politique est lié au présent, mais une équation est quelque chose pour l'éternité[42]. »
Passeport suisse, 1923.
Il a une vision clairvoyante de sa situation entre les deux guerres. Il écrit dans une remarque à la fin d'un article écrit pour leTimes de Londres :
« Je passe actuellement en Allemagne pour un savant allemand et en Angleterre pour un juif suisse. Supposons que le sort fasse de moi une bête noire, je deviendrai au contraire un juif suisse en Allemagne, et un savant allemand en Angleterre[43]. »
Il reçoit des menaces de mort dès 1922. De violentes attaques ont lieu contre sathéorie de la relativité en Allemagne et enRussie.Philipp Lenard, « chef de la physique aryenne ou allemande » attribue àFriedrich Hasenöhrl la formuleE=mc2 pour en faire une créationaryenne[44],[45]. Einstein démissionne de l’académie dePrusse en 1933, et il est exclu de celle de Bavière. En, en tant que président d'honneur de la Ligue contre l'antisémitisme, il lance un appel aux peuples civilisés de l'univers, tâchant« d'éveiller la conscience de tous les pays qui restent fidèles à l'humanisme et aux libertés politiques » ; dans cet appel il s'élève contre« les actes de force brutale et d'oppression contre tous les gens d'esprit libre et contre les juifs, qui ont lieu en Allemagne »[46]. Cette année-là, Einstein est en voyage à l’étranger, et il choisit de ne pas revenir en Allemagne, oùHitler a pris le pouvoir en janvier. Après un séjour enBelgique, il décline une proposition de laFrance de l’accueillir comme professeur auCollège de France, et part pour lesÉtats-Unis, àPrinceton[47].
Le, il signe unelettre, rédigée par les physiciensLéo Szilard etEugène Wigner, destinée àRoosevelt, qui aurait pu contribuer à enclencher leprojet Manhattan[24], ceci étant à l'opposé de l'intention d'origine de la lettre, qui ne se voulait que préventive des risques potentiels que les récentes découvertes scientifiques pourraient causer (celles-ci permettraient en effet la réalisation de« bombes d'un nouveau type et extrêmement puissantes »).
Après la guerre, Einstein milite pour undésarmement atomique mondial, jusqu’au seuil de sa mort en 1955, où il confesse àLinus Pauling :« J’ai fait une grande erreur dans ma vie, quand j’ai signé cette lettre [de 1939]. »
« New Palestine Party. Visit of Menachen Begin and Aims of Political Movement Discussed », lettre publiée dans leNew York Times par Albert Einstein,Hannah Arendt,Sidney Hook,et. al., 4 décembre 1948.
Einstein s’est exprimé sur ses convictions socialistes en 1949, en pleine période dumaccarthysme, dans un essai intituléPourquoi leSocialisme, publié dans laMonthly Review[50],[51] :
« Je suis convaincu qu’il n’y a qu’un seul moyen d’éliminer ces maux graves, à savoir, l’établissement d’une économie socialiste, accompagnée d’un système d’éducation orienté vers des buts sociaux. Dans une telle économie, les moyens de production appartiendraient à la société elle-même et seraient utilisés d’une façon planifiée. Une économie planifiée, qui adapte la production aux besoins de la société, distribuerait le travail à faire entre tous ceux qui sont capables de travailler et garantirait les moyens d’existence à chaque homme, à chaque femme, à chaque enfant. L’éducation de l’individu devrait favoriser le développement de ses facultés innées et lui inculquer le sens de la responsabilité envers ses semblables, au lieu de la glorification du pouvoir et du succès, comme cela se fait dans la société actuelle. »
Il lui semble que le principe du gouvernement des peuples par eux-mêmes, le fait de travailler pour eux-mêmes, est plus propice à l’épanouissement individuel que celui de l’exploitation du grand nombre par une minorité. Mais il est déçu par ce qu’il peut apprendre de l’Union soviétique et il considère que les peuples doivent s’engager d’abord dans le pacifisme afin de mettre en place des conditions favorables à une évolution vers lesocialisme. Sa correspondance révèle qu’il voit un rapprochement entre le maccarthysme et les événements desannées 1930 en Allemagne. Il écrit au juge chargé de l’affaire Rosenberg pour demander leur grâce, et il aide de nombreuses personnes qui souhaitent immigrer aux États-Unis. Contacté par William Frauenglass, un professeur d’anglais de lycée suspecté de sympathies communistes, il rédige un texte dénonçant ouvertement le maccarthysme et encourageant les intellectuels à résister à ce qu’il qualifie de « mal ». LeFBI ouvre un dossier sur lui, disponible aujourd’hui sur son site internet[52].Joseph McCarthy attaque Einstein auCongrès en le traitant d’« ennemi de l’Amérique ». Sa secrétaire,Helen Dukas, est soupçonnée d’espionnage au service de l’URSS. Les médias américains se montrent virulents dans leur traitement de l’affaire et seules quelques personnalités, commeBertrand Russell, prennent sa défense. L’affaire est classée en 1954, aucune preuve concluante n’ayant été apportée pour étayer ces accusations.
Einstein et la lutte contre les discriminations raciales
ÀCassel (Allemagne), en 1923, se tient sous la présidence d'honneur[53] d'Albert Einstein leIIIecongrès de l'Association mondiale anationale (SAT), organisation à caractère socio-culturel et à vocation émancipatrice fondée àPrague en 1921 et dont la langue de travail neutre est l'espéranto. Quarante-deux savants de l'Académie des sciences émettent la même année un vœu en faveur de son enseignement en tant que« chef-d'œuvre de logique et de simplicité ».
Après avoir fui l'Allemagne nazie, Einstein découvre, pendant son exil américain, l'ampleur de ladiscrimination raciale aux États-Unis. Vivant au milieu de lacommunauté noire de Princeton, il observe de près laségrégation et s'investit au quotidien pour que les enfants noirs aient accès à la connaissance.
Ancienne école pour jeunes de couleur où notamment Einstein et Robeson furentenseignants,New Jersey.
Refusant d'intervenir dans les universités qui pratiquent laségrégation raciale, Einstein accepte pourtant de donner une conférence à l'université Lincoln en 1946 où il déclare :« Je suis de passage dans cet établissement au nom d’une cause qui en vaut la peine. En effet, les gens de couleur continuent d'être séparés des Blancs aux États-Unis. Cette séparation ne résulte pas d’une maladie des gens de couleur mais d’une maladie des Blancs. Il est impensable que je me taise à ce sujet. »
Il se lie d'amitié avec le chanteur noirPaul Robeson et devient, à ses côtés, unmilitant des droits civiques et de la lutte contre leracisme. Avec Robeson, Einstein milite aussi en faveur du soutien des États-Unis auxrépublicains espagnols qui combattent lefranquisme ; tous deux s'attirent rapidement les foudres et la haine du directeur du FBI,J. Edgar Hoover, qui les considère comme des « ennemis d'État ».
Alors qu'il est harcelé par leFBI pour ses positions politiques, l'intellectuel noir et fondateur de laNAACP (Association pour la défense et la promotion des Noirs),W. E. B. Du Bois, sollicite le soutien d'Einstein pour sa défense devant lacour fédérale qui s'apprête à le condamner pourhaute trahison. Einstein se porte aussitôt garant pour Du Bois, ce qui embarrasse les juges et empêche une condamnation arbitraire de ce dernier.
Cet aspect de sa vie est resté largement méconnu et ignoré par la plupart de ses biographes[54].
Bien qu'Einstein ait rencontré un grand nombre de personnalités majeures de son époque, dans les domaines scientifique, politique et artistique, laissant une correspondance très riche, il se décrivait lui-même comme un véritable solitaire :« Je me sens lié réellement à l'État, à la patrie, à mes amis, à ma famille au sens complet du terme ; mais mon cœur ressent face à ces liens un curieux sentiment d'étrangeté, d'éloignement, et l'âge accentue encore cette distance »[55].
Parmi ses relations célèbres, on compte une amitié avec la reineÉlisabeth de Belgique, avec qui il joua duviolon,Arnold Berliner dont il témoigne de l'affection lors de son70e anniversaire[56],George Bernard Shaw au sujet duquel il écrit« on trouve rarement des hommes assez indépendants pour s'apercevoir des faiblesses et des sottises de leurs contemporains, sans en être affectés eux-mêmes »[57] ou le mathématicien et philosopheBertrand Russell[58].
Modeste et pensant quant à lui que« Chacun doit être respecté dans sa personne et nul ne doit être idolâtré », il ironisait au sujet de sacélébrité et de ses effets :« Cela pourrait bien provenir du désir irréalisable pour beaucoup, de comprendre quelques idées que j’ai trouvées, dans une lutte sans relâche, avec mes faibles forces »[55].
Sa première épouse,Mileva Maric est atteinte decoccygodynie, ce qui la rend boiteuse. C’est aussi une jeune physicienne brillante, élève duPolytechnicum. Elle se trouve enceinte alors qu’ils ne sont pas encore mariés, et elle accouche en chez ses parents, enSerbie, d’une fille prénommée Lieserl (Élisabeth ?), qu'Albert l'oblige probablement à abandonner et dont on perd la trace[59], bien qu'une biographe[14] conclue que l'enfant,handicapée mentale, a été élevée par sa mère Mileva et les parents de cette dernière[60], et qu'elle est morte en bas âge de lascarlatine[15]. Einstein se montra très dur avec son épouse, ainsi qu'avec sa compagne suivante,Elsa Einstein, doublement sa cousine[61].
Elsa et Albert Einstein, 1923.
Elsa et Albert commencent leur relation à Pâques 1912[62].
Après l'abandon de sa première épouse, et un divorce en 1919, au cours duquel il la dénigre auprès de ses amis et de ses avocats, en regrettant d'avoir accepté de concevoir des enfants« avec une personne moralement et physiquement inférieure… »[63], Einstein épouse sa double cousine, le 2 juin 1919[61].
Il voit peu son filsHans-Albert, né en 1904, qui, à l’âge adulte, travaille en Californie.
La santé mentale d'Eduard, son autre fils, surdoué mais sensible, né en 1910, se détériore brutalement alors qu’il est âgé de vingt ans et diagnostiquéschizophrène, et il doit être interné une première fois en 1930 à laclinique psychiatrique universitaire de Zurich[64],[65]. Mileva supporte seule la maladie de son fils pendant presque trente ans jusqu’à sa mort en 1948, en donnant des cours de mathématiques et de piano. Avant de s'exiler, Albert rend une dernière visite à son fils en 1933 dans cette clinique où il meurt en 1965[66]. D’abord critique envers lapsychanalyse (« Il n'est peut-être pas toujours bon de fouiller dans l'inconscient. Croyez-vous que connaître le mouvement de tous les muscles qui composent nos jambes nous aiderait à marcher ? »[67]), il s'oppose au désir de son fils Eduard d'entreprendre des études pour devenirpsychiatre ou psychanalyste[68], puis refuse que celui-ci suive un nouveau traitement psychanalytique[réf. nécessaire]. En 1933, il choisit cependantSigmund Freud pour publier un échange de lettres intituléPourquoi la guerre ?.
Einstein écrit plusieurs textes traitant desrelations entre science et religion. Dans son article paru en 1930[69], Einstein distingue trois formes de religion :
la première est due à la crainte et à une incompréhension de lacausalité desphénomènes naturels, d’où l'invention d’êtres surnaturels ;
la deuxième est sociale et morale ;
la troisième, qu’Einstein appelle« religiosité cosmique », est une contemplation de la structure de l'Univers. Elle est compatible avec la science et n'est associée à aucun dogme ni croyance. Einstein déclare être religieux, mais seulement dans ce troisième sens qu’il voit dans le mot religion.
Lorsque, en 1929, le rabbin(en)Herbert S. Goldstein lui demande« Croyez-vous en Dieu ? », Einstein répond :« Je crois au Dieu deSpinoza qui se révèle lui-même dans l’ordre harmonieux de ce qui existe, et non en un Dieu qui se soucie du destin et des actions des êtres humains »[70].
Einstein se réclame également dupanthéisme de Spinoza dans son ouvrageComment je vois le monde. Il définit le sentiment religieux du scientifique comme la croyance en l'intelligibilité du monde, et en une« raison supérieure » qui se dévoile dans« le monde de l'expérience ». Selon lui, les religions traditionnelles relèvent de l'histoire et de lapsychologie[71].
Einstein a souvent utilisé le motDieu, comme dans ses célèbres formules« Dieu est subtil, mais pas malveillant »[72] ou« Dieu ne joue pas aux dés », cependant le sens qu’il donnait à ce mot fait l’objet de diverses interprétations. Une partie duclergé a considéré que les vues d’Einstein étaient compatibles avec la foi. À l’inverse, leVatican dénonce alors« un authentique athéisme même s'il est dissimulé derrière un panthéisme cosmique »[73]. Si Einstein rejette les croyances traditionnelles, il se distingue personnellement des athées et répète qu’il est« un non-croyant profondément religieux ».
Une lettre manuscrite écrite en allemand un an avant sa mort, et adressée auphilosopheEric Gutkind, a été vendue sureBay en pour la somme de 3 000 100 $US[74],[75]. Einstein y écrivait :
« Le motDieu n’est pour moi rien de plus que l’expression et le produit des faiblesses humaines, laBible un recueil de légendes, certes honorables mais primitives qui sont néanmoins assez puériles. Aucune interprétation, aussi subtile soit-elle, ne peut selon moi changer cela[76]. »
Einstein répondra d’ailleurs à un journaliste lui demandant s’il croit en Dieu :« Définissez-moi d’abord ce que vous entendez par Dieu, et je vous dirai si j’y crois »[77].
Un militant de l’athéisme commeRichard Dawkins considère également que la position d’Einstein était seulement de l’athéisme poétiquement embelli[78]. Lors de la campagne d’affichage de slogans en faveur de l’athéisme sur les bus de Londres en 2008 (soutenue par Dawkins), une citation d’Einstein fut utilisée. Cela provoqua des protestations, cette utilisation ayant tendance à assimiler Einstein à un athée[79].
Dans ses mémoires, le diplomateHarry Kessler mentionne le fait d'avoir assisté à un échange entre l'une de ses connaissances et Einstein. À la question :« Professeur, est-ce vrai que vous êtes profondément religieux ? », Albert Einstein aurait répondu :
« Certainement, ça dépend des points de vue. Quand j'essaie de pénétrer avec nos moyens limités les secrets de la nature, on découvre derrière tous les rapports qu'on peut connaître quelque chose de très subtil, d'insaisissable, d'inexplicable. Ma religion, c'est le profond respect de ce qu'il y a au-delà des domaines que nous pouvons explorer. C'est ainsi en effet que je suis croyant[80]. »
En 1929 leSaturday Evening Post publie une interview d'Einstein parGeorge Sylvester Viereck[N 9]. Interrogé sur la personne deJésus-Christ, Albert Einstein qualifie le Jésus de l'écrivainEmil Ludwig de peu profond, ajoutant que personne ne peut exprimer lechristianisme avec un bon mot. Il accepte en revanche sans hésitation l'existence duJésus historique. Il déclare d'ailleurs, concernant lesÉvangiles, que personne ne peut les lire« sans ressentir la présence réelle de Jésus. Sa personnalité résonne dans chaque mot. Aucun mythe n'est rempli d'une telle vie… ». Il déclare quelques lignes plus loin :« Aucun homme ne peut nier le fait que Jésus ait existé ou que ses paroles soient magnifiques. Bien que certaines aient été dites auparavant, personne ne les a exprimées si divinement »[67],[81],[82].
Plus tard, interrogé par Denis Brian pour sa biographieEinstein : a life sur l'authenticité de ces phrases, Einstein a répondu :« Oui, c'est ce que je crois »[83].
Einstein et la philosophie
Albert Einstein a lu les grandes œuvres dephilosophie, notamment celle d'Ernst Mach, qui eut une influence philosophique dans sa jeunesse, amenant le physicien à réfuter laconception mécaniste qui est à la base de l'acceptation de la mécanique classique[84]. Albert Einstein marque son intérêt pour la vision de l’humanité que proposeFriedrich Nietzsche[réf. nécessaire], et certaines idées présentes dans les réflexions deSpinoza[85]. Il propose une nouvellevision du monde moderne par ses travaux scientifiques comme par ses ouvrages non scientifiques. Ainsi, dans son ouvrageComment je vois le monde publié en 1934, un an après son installation auxÉtats-Unis, Albert Einstein présente sa vision de l’humanité, et pose la question de la place de la science vis-à-vis de l’humanité.
En tout état de cause, les travaux d'Einstein ont fait abandonner en philosophie l'idée d'un temps absolu dans lequel baignerait un espace qui en serait séparé. Cette position novatrice[86] avait en son temps amenéBergson à le rencontrer.
L'Institut de physique et de chimie avec à l'arrière, l'Institut Einstein de mathématiques sur le campus de l'Université hébraïque de Jérusalem, 1937.
Einstein et le judaïsme
Albert Einstein s'intéresse aux questions dusionisme et de l'antisémitisme durant l'entre-deux-guerres, surtout entre 1919 et 1930, période pendant laquelle Einstein a produit de nombreux écrits attestant de ses positions sur ces questions[87].
Durant l'entre-deux-guerres, il se rend enPalestine pour participer à la création de l'université hébraïque de Jérusalem ; il en sera gouverneur non-résident jusqu'à sa mort en 1955 et léguera tous ses écrits et son patrimoine intellectuel à cette université[88].
Einstein et les mathématiques
Albert Einstein étudia les mathématiques auprès de professeurs commeAdolf Hurwitz ouHermann Minkowski, mais reconnaît dans sesDocuments autobiographiques (Œuvres choisies) que son« intuition dans le domaine desmathématiques n'était pas assez forte pour distinguer avec sûreté ce qui est essentiel et fondamental du reste. (…) Mon intérêt pour la connaissance de la nature était réellement plus fort ; et du temps de mes études, il ne m'était pas évident que l'accès à une connaissance plus approfondie des principes de la physique passe obligatoirement par les méthodes mathématiques les plus raffinées ».
D'ailleurs, Albert Einstein, en 1921, lors de la conférence berlinoise intituléeLa géométrie et l'expérience (conférence considérée comme le texteépistémologique le plus important d'Einstein, selon l'étude de Michel Paty[89]), déclara des propos nuançant la place centrale accordée à la géométrieeuclidienne :
« Pour autant que les propositions de la mathématique se rapportent à la réalité, elles ne sont pas certaines, et pour autant qu'elles sont certaines, elles ne se rapportent pas à la réalité. »
Cette prise de distance très significative de Einstein par rapport aux mathématiques, trouve sa description dans un ouvrage de 1917,La Théorie de la relativité restreinte et généralisée mise à la portée de tous : la configuration géométrique/mathématique du monde devient elle-même quelque chose de relatif, dépendant de la distribution des masses et de leur vitesse.
Einstein et l'astrologie
Contrairement à la citation qui lui est attachée par de nombreuses publications, en particulier celle de l’astrologueÉlizabeth Teissier, Einstein ne croyait pas en l'astrologie.
Lacitation apocryphe qui lui est attribuée est :« L’astrologie est une science en soi, illuminatrice. J’ai beaucoup appris grâce à elle et je lui dois beaucoup. Les connaissances géophysiques mettent en relief le pouvoir des étoiles et des planètes sur le destin terrestre. À son tour, en un certain sens, l’astrologie le renforce. C’est pourquoi c’est une espèce d’élixir de vie pour l’humanité ». Ce faux a pour origine leHuters astrologischer Kalender de 1960, publié en 1959. La phrase a donc été forgée environ cinq ans après la mort d’Einstein[90].
Son opinion négative sur l’astrologie est exprimée dans une introduction écrite en 1951 pour l’ouvrage deCarola Baumgardt[91]. Einstein rappelle queKepler avait su accepter l’idée que l’expérience seule pouvait décider de la validité d’une théorie mathématique, aussi belle soit-elle. Il cite alors l’astrologie comme illustration, dans la pensée képlérienne, d’un reste de manière de penseranimiste ettéléologiquement orientée[92] omniprésente dans les recherches « scientifiques » de l’époque[N 10].
Einstein et le végétarisme
Deux végétariens réunis : A. Einstein etR. Tagore.
Albert Einstein soutient la causevégétarienne. Il considère levégétarisme comme un idéal sans pourtant le pratiquer lui-même malgré quelques problèmes de conscience[93]. Ses arguments se basent principalement sur des raisons de santé, mais il croit également à l’effet bénéfique du régime végétarien sur le tempérament des hommes[94]. Un an avant sa mort, il décide de mettre en pratique ses idées et entame un régime végétarien[95],[96].
On peut trouver les raisons philosophiques de ce choix dans son livreComment je vois le monde, concernant sajudaïté :
« Les points essentiels de laconception juive de la vie paraissent être les suivants : affirmation du droit à la vie pour toutes les créatures ; la vie de l'individu n'a de sens qu'au service de l'embellissement et de l'ennoblissement de l'existence de tous les êtres vivants ; la vie est sacrée, c'est-à-dire qu'elle est la valeur suprême d'où dépendent toutes les évaluations. »
Brevet clarifié et annoté du réfrigérateur à absorption de gaz d'Albert Einstein et Leó Szilard.
Einstein a aussi inventé des appareils et déposé de nombreux brevets en collaboration avec des amis :
voltmètre ultrasensible : en 1908, avec Paul Habicht, il met au point unvoltmètre capable de mesurer des tensions de l’ordre d’un dix-millième devolt. Ce « multiplicateur de potentiel Einstein-Habicht » est commercialisé à partir de 1912[98] ;
Réfrigérateurs : avec son ancien étudiant et amiLeó Szilárd, il crée plusieurs types de réfrigérateurs, qui n’ont pas été commercialisés[99] :
appareil de correction auditive : un des quarante brevets déposés avecLeó Szilárd[100].
Divers
De nombreuses citations célèbres sont erronément attribuées à Einstein de façon fréquente, par exemple, « Insanity is doing the same thing over and over again and expecting different results » (« La folie consiste à faire la même chose encore et encore et à en attendre des résultats différents »). Le véritable auteur de cette citation estRita Mae Brown, dansSudden Death[101].
La citation« Everyone is a genius. But if you judge a fish by its ability to climb a tree, it will live its whole life believing that it is stupid » (« Tout le monde est un génie. Mais si vous jugez un poisson à sa capacité de grimper à un arbre, il vivra toute sa vie en croyant qu'il est stupide »[102]) lui est aussi souvent attribuée[103].
Il est fréquemment allégué qu'Einstein étaitgaucher[104]. Cependant, d'après son biographe Hans-Josef Küpper, Einstein étaitdroitier[105]. Il écrivait de la main droite[106] et l'autopsie de son cerveau confirme une symétrie entre leshémisphères typique des droitiers[107].
Zur Elektrodynamik bewegter Körper, dansAnnalen der Physik 17/1905, pages 891-921 ; traduit en français (Gauthier-Villars 1925, réédition Gabay 2005) « Sur l’électrodynamique des corps en mouvement ».
Ist die Trägheit eines Körpers von seinem Energieinhalt abhängig?, dansAnnalen der Physik 18/1905, pages 639-641 ; traduit en français (Gauthier-Villars 1925) « L’inertie d’un corps dépend-elle de sa capacité d’énergie ? »
Über Gravitationswellen, Comptes-rendus de l’Académie des sciences de Prusse (Berlin), 1918, 154 ; trad. « Des ondes gravitationnelles ».
(avecBoris Podolsky etNathan Rosen)Can Quantum Mechanical Description of Physical Reality Be Considered Complete?, dansPhysical Review, ; trad. « La description de la réalité physique par la mécanique quantique peut-elle être considérée comme complète ? »
Par ailleurs, une sélection des œuvres d’Einstein, notamment ses articles scientifiques originaux, est disponible en traduction française commentée sous le titreŒuvres choisies aux éditions du Seuil/CNRS éditions, dans la collection Sources du savoir (6 volumes parus depuis 1989).
AlbertEinstein, MauriceSolovine (trad.) et RégisHanrion (trad.),Comment je vois le monde, Flammarion,coll. « Champs », (1reéd. 1934)(ISBN978-2-08-122904-4) — Essai politico-philosophique, où Einstein expose ses positions dans différents domaines : social, économique, politique, religieux, culturel et scientifique.
L’Institut technique de Californie (Caltech) publie, avec l’aide de l’université hébraïque de Jérusalem, l’intégrale des écrits d’Einstein,The Einstein Papers Project. C’est une édition plutôt destinée aux bibliothèques[110].
« À cette sorte d'intellectuel total qui fut également un héros populaire, on a consacré, de son vivant et après, plus de2 000 livres, des millions d'articles, des centaines de documentaires[111]. »
La première biographie qui lui est consacrée est écrite parCarl Seelig et est publiée en 1952. C'est un succès de librairie qui est rapidement traduit en de nombreuses langues.
Hommages scientifiques
Einstein, unité de mesure égale aunombre d’Avogadro multiplié par l’énergie d’un photon (lumière), c’est donc l'énergie d'unemole de photons.
En 1978, le journalisteSteven Levy apprend par son employeur, le journalNew Jersey Monthly, que lecerveau du savant aurait été conservé. Son employeur lui demande alors de le trouver[112].
DansMythologies,Roland Barthes écrivit un texte au sujet du cerveau d'Einstein, en restituant les fantasmes que celui-ci anime : comment donc est le cerveau d'un génie ? Il s'avère, et c'est là tout l'intérêt de la situation à en croire la plume de Barthes, que le cerveau dudit « génie » n'avait rien d'atypique[114].
Une étude approfondie de la structure du cerveau révèle également que lascissure de Sylvius présente une inclinaison particulière, augmentant la taille de la zone du raisonnement abstrait au détriment de la zone du langage, ce qui pourrait expliquer qu’Einstein ait supposément été unparleur tardif.
En 2014, le neurologue américain Terence Hines publie une étude qui remet en cause la méthodologie et les conclusions qui ont été tirées avec trop d'enthousiasme[115], faisant suite à d'autres controverses[116].
Photographie à la langue tirée
Einstein tirant la langue.
L'un des portraits les plus célèbres d'Einstein le représente lalangue largement tirée.
Le, Albert Einstein sort du club de l'université de Princeton où il enseigne et où il vient de célébrer son72e anniversaire. Ayant déjà souri à plusieurs reprises aux photographes tout au long de la journée, le physicien est fatigué et un ami lui propose de le raccompagner en voiture àson domicile. Alors qu'il est assis à l’arrière de la voiture,Arthur Sasse, photographe de l’agence de presse américaineUPI, interpelle Einstein de manière originale en empruntant un fort accent allemand et lui demande de sourire face à l’objectif. Le prix Nobel décide, de manière facétieuse, yeux grand ouverts et sourire sous sa moustache blanche, de tirer une langue très pointue. Le chef de Sasse ne veut pas publier la photo telle quelle mais décide finalement de le faire après l'avoir coupée car Einstein était assis entre le directeur de l'université,Frank Aydelotte(en), et sa femme Marie Jeanette. Devant le succès planétaire de la photo, Einstein demandera à Sasse neuf tirages du cliché, pour son usage personnel[117]. L’un d’eux, offert à un ami journaliste de télévision en 1953, sera vendu aux enchères en 2009 aux États-Unis pour un peu plus de 74 000 dollars.[réf. souhaitée]. Un cadrage large laissant apparaître les époux Aydelotte s'échange en 2017 pour 125 000 dollars[118].
↑La date de naissance d’Albert Einstein est également lajournée de π.
↑« Même à neuf ans […] « il continuait à manquer de facilité de parole et tout ce qu'il disait n'était exprimé qu'après mûre considération et réflexion[5]. »
↑…mon professeur de grec me convoqua pour exprimer son désir de me voir quitter l'école. Comme je lui faisais remarquer que je n’avais rien fait de mal, il se contenta de me répondre « vous altérez le respect de la classe à mon égard par votre seule présence »[6].
↑Selon le numéro spécial dePour la Science qui lui est consacré ;« L'année 1902 marque un tournant. Hermann Einstein meurt et, de ce fait, l'opposition de la famille Einstein s'estompe. Albert épouse Mileva. La même année, il obtient la nationalité suisse. Enfin, il trouve, grâce à Grossmann, un emploi fixe au Bureau des brevets de Berne, ville où le couple s'installe dans le courant de l'année[16] ».
↑DansIl était sept fois la révolution, Albert Einstein et les autres,Étienne Klein indique que cette traduction lui semble réductrice, et qu’il préfère « Bureau de la propriété intellectuelle ».
↑Viereck, écrivain germano-américain pro-nazi, a interviewé de nombreuses personnalités : Freud, Foch, Georges Clemenceau, George Bernard Shaw, Oswald Spengler, Benito Mussolini, la reine Élisabeth de Belgique, Henry Ford, Albert Moll, Magnus Hirschfeld, Freud, Hitler, Mussolini.
↑Kepler est cependant connu pour avoir accepté d'établir des thèmes astraux et financé par ce moyen une partie de ses recherches.
Références
↑a etbChristian BRACCO,L’environnement scientifique du jeune Albert Einstein à Pavie et à Milan : Jakob Einstein, membre du cercle d’ingénieurs polytechniciens de Münich, a créé en 1876 laFabrik für Wasserförderungen und Centralheizung et s'est associé en 1880 avec Hermann, le père d'Einstein. La compagnie vend des dynamos et des téléphones, et participe à l'éclairage public d'une dizaine de communes. Elle devient l’Elektrotechnische Fabrik J. Einstein und Co. de 1885 à 1894, puis est créée l’Officine Elettrotecniche Nazionali Einstein, Garrone e C. (1894-1896) à Pavie, avec des bureaux à Milan et à Turin. Les Einstein ont participé à l'exposition de Münich de 1882 et à celle de Frankfort de 1891. Il y avait dans le bureau de Jakob des revues techniques de bonne qualité.
↑Ilya Herenbourg, Vassili Grossman, Yves Gauthier (traducteur)et al.,Le Livre noir sur l'extermination scélérate des juifs par les envahisseurs fascistes allemands dans les régions provisoirement occupées de l'URSS et dans les camps d'extermination en Pologne pendant la guerre de 1941-1945 : textes et témoignages, Arles (France, Solin Actes Sud,coll. « Hébraica »,, 1130 p.(ISBN978-2-742-70623-5 et2-742-70623-2,OCLC878669455).
↑a etbGwendoline Dos Santos, FrédéricLewino, « 2 juin 1919. Après avoir abandonné son épouse, Einstein épouse sa double cousine. »,Le Point,(lire en ligne, consulté le).
↑« Subtle is the Lord, but malicious He is not », remarque faite durant la première visite d'Einstein àPrinceton, en avril 1921 ; citée dans R. W. Clark,Einstein (1973), Ch. 14.
« It was, of course, a lie what you read about my religious convictions, a lie which is being systematically repeated. I do not believe in a personal God and I have never denied this but have expressed it clearly. If something is in me which can be called religious then it is the unbounded admiration for the structure of the world so far as our science can reveal. »
↑AlfonsoSan Miguel et BernardPallandre, « Revisiting the Einstein-de Haas experiment: the Ampère Museum's hidden treasure »,Europhysics News,,p. 12-14(lire en ligne)
« Now my editor wanted to know where the brain was. And he wanted me to find it. »
↑« La clé du génie d'Einstein ? »,Science et Vie, novembre 2005, p. 71.
↑MichaelHagner,Des cerveaux de génie: Une histoire de la recherche sur les cerveaux d'élite, Les Éditions de la MSH,(ISBN9782735113460,lire en ligne),p. 297.
Barthes poursuit :« Paradoxalement, la plus grande intelligence forme l'image de la mécanique la mieux perfectionnée, l'homme trop puissant est séparé de la psychologie, introduit dans un monde de robot. » Le mythe d'Albert Einstein tient donc au fait qu'il n'y a pas de secrets.
Cette bibliographie contient quelques ouvrages pour aborder le personnage d’Einstein et son œuvre. Pour des ouvrages plus techniques, le lecteur se reportera aux bibliographies des articles spécialisés citées ci-dessous.
BaneshHoffmann,Albert Einstein : créateur et rebelle, Paris, Éditions du Seuil,coll. « Points-Sciences »,(ISBN9782020053471). Une biographie au format poche, par un ancien collaborateur d’Einstein à l’Institute for Advanced Studies de Princeton.
Philippe Frank,Einstein : sa vie et son temps. CollectionLes savants & le monde, Albin Michel (Paris 1950). Réédition en poche dans la collection Champs, Flammarion, 1993(ISBN978-2-08-081242-1). Une biographieautorisée de première main par celui qui fut le successeur d’Einstein à la chaire de physique théorique de l’université de Prague, nommé sur sa recommandation. Très documentée, elle décrit le contexte historique (scientifique et politique) de la genèse des travaux d’Einstein.
AbrahamPais,Albert Einstein : la vie et l'œuvre, Paris, Dunod, (1reéd. Intereditions (1993))(ISBN9782100493890). La biographie scientifique qui fait aujourd’hui autorité depuis sa parution en 1982, par un professeur de l’université Rockefeller qui a connu Einstein dans les dernières années de sa vie. Contenu très riche.Le niveau de certains passages techniques est celui d’un second cycle universitaire.
JacquesMerleau-Ponty,Einstein, Flammarion,coll. « Figures de la science »,(ISBN978-2082112024). Réédité en poche chez Flammarion, coll. « Champs »,(ISBN978-2-08-081338-1). Cet ouvrage se compose de trois parties : la première retrace la vie d'Albert Einstein, la seconde présente son œuvre scientifique d'une manière détaillée, la troisième constitue un essai sur sa philosophie.
Paul Langevin,L'œuvre d'Einstein et l'astronomie, Revue mensuelle d'astronomie, Paris, 1931.
Luce Langevin,Paul Langevin et Albert Einstein d'après une correspondance et des documents inédits, La Pensée, 1972.
Jean Langevin etMichel Paty,Note à propos du séjour d'Einstein en France en 1922, La Pensée, 1979.
Michel Paty,Einstein philosophe : la physique comme pratique philosophique, Paris, PUF, 1993.
Michel Paty,Albert Einstein ou La création scientifique du monde, Paris, Les Belles Lettres, 1997.
Albert Einstein,Journal de voyage (Extrême-Orient, Palestine, Espagne - 1922-1923), préface de William Marx, traduit par Stéphane Zékian, Payot,2019.
Ouvrages de vulgarisation
Banesh Hoffmann,Histoire d’une grande idée : la relativité. Éditions Pour La Science (1985), diffusion Belin(ISBN2-9029-1844-5). Un exposé remarquable pour sa clarté et sa simplicité de la relativité, par un ancien collaborateur d’Einstein à l’Institute for Advanced Studies de Princeton.
ThibaultDamour,Si Einstein m’était conté, Paris, Le Cherche midi,(lire en ligne). Un spécialiste français des théories de la relativité nous livre « son » Einstein sans équation.Thibault Damour est professeur permanent à l’Institut des hautes études scientifiques (IHÉS) de Bures-sur-Yvette ; il a longtemps enseigné la relativité générale auDEA de physique théorique de la rue d’Ulm.
Christian Bracco, « L’environnement scientifique du jeune Albert Einstein : La période milanaise (1899-1901) »,Revue d'histoire des sciences, vol. 68, no 3, 2015, p. 109-144 (lire en ligne).
Jean Le Tourneux, « Pourquoi Einstein inventa-t-il une théorie dont personne n'avait besoin ? »,Études françaises, vol. 26, no 3, hiver 1990, p. 91-99 (lire en ligne).
Le personnage d'Einstein devient le programme informatiqueholographique de Robinette Broadhead dans le cycle romancé descience-fictionLa Grande Porte (créé par l'épouse de ce dernier, Semnya Ya Lavorovna).