En 1926, Dauzat publieLes noms de lieux, origine et évolution ; villes et villages, pays, cours d'eau, montagnes, lieuxdits[5]. Il y affirme que la plupart des noms des villages français remontent à l'époque gallo-romaine ou franque. Il y affirme aussi que les noms de lieux ont été formés par la langue parlée et se sont transformés suivant des lois phonétiques[réf. nécessaire].
En 1938, sonDictionnaire étymologique de la langue française privilégie une étymologie traditionnelle (« étymologie-origine ») et phonétique. Il s'oppose à l’étymologie moderne (« étymologie-histoire ») et sémantique[6] (les expressions « étymologie-origine » et « étymologie-histoire » sont à la page 239). Ce dictionnaire privilégie une étymologie latinisante et non une étymologie proto-romane[7].
En 1939, il publieLa Toponymie française[8], manuel de référence pour les chercheurs des décennies suivantes, selon l'universitaire Xavier Gouvert.
Leprix Albert-Dauzat est attribué par la Société française d'onomastique tous les deux ans pour récompenser un travail detoponymie ou d'anthroponymie relatif aux pays francophones[9].
Il fonde en 1933 la revue de linguistiqueLe Français moderne et en 1947Onomastica, remplacée de 1949 à 1977 par laRevue internationale d'onomastique[10].
Il dirige unechronique de toponymie, dans laRevue des études anciennes à partir de 1932. Il organise et préside les deux premiers congrès internationaux de toponymie et anthroponymie en 1938 et 1947. En 1939, il initie le chantier national duNouvel atlas linguistique de la France par régions[11].
En 1946, il est chargé de la chronique grammaticale bimensuelle du journalLe Monde, intituléeLa Défense de la Langue française[12].
En 1935, le linguisteAntoine Meillet critique l'ouvrage d'Albert Dauzat « Où en sont les études de français ? » ; il note des vues partielles, des analyses laborieuses, l'absence d’argumentations théoriques et un éclectisme sans cohésion[16].
En 1973, l'universitaire Max Pfister remarque que pour Dauzat. lesFrancs saliens seraient les ancêtres des Hollandais et des Flamands, installés en Gaule avecClovis, alors que lesFrancs rhénans se seraient installés enLorraine. Pour Pfister, ces différences entre fondations saliennes et ripuaires ne seraient prouvées ni par les historiens ni par les linguistes[17].
En 1981, l'universitaire William Robert Caljouw juge imprudente. sinon erronée[18], l'affirmation de Dauzat que « De tous les apports germaniques en toponymie, noms de personne à part, le contingent le plus important a été fourni par les Northmans..» dans son livre de 1926Les Noms de lieux : origine et évolution (page 127). Il est souvent difficile de distinguer un apport des Northmans parmi d'autres apports germaniques, et en plus, ils avaient le petit territoire concerné en comparaison aux Francs. Caljouw relève d'autre citations fautives, selon lui, visant à minimiser l'importance de l'apport germanique en toponymie française.
En 1998, l'universitaire Alain Ferdière pense que l'histoire et la carte de l'occupation du sol de la Gaule ne peut s'écrire à partir de la toponymie, que la toponymie ne peut pas guider les recherches des sites d'occupation rurale. Il adresse ainsi une critique à Dauzat entre autres. S'opposant à Dauzat, Ferdière donne au suffixe-acum le sens général de « lieu de » (non pas de « propriété de ») et pense que la première partie du mot est loin d'être toujours un anthroponyme. Il relève aussi des erreurs de datation ; les formations des toponymes seraient en réalité souvent plus récentes[19].
En 2000, l'universitaire Gilles Siouffi pense que le livreGénie de la langue française d'Albert Dauzat reconduit sans distance des présupposés, des stéréotypes, des discours tout faits sur le français[20] .
En 2001, Xavier Delamarre, étymologiste spécialiste de la langue gauloise, émet une sérieuse critique surErnest Nègre et Dauzat : « E. Nègre, toponymiste qui, comme Dauzat, ne connaît pas la grammaire comparée ». Dans ce passage, il reproche à E. Nègre d'avoir listé le nom de la rivièreDrôme (d'origine gauloise d'après Delamarre) dans le chapitre « préceltique »[11]. Il avait d'ailleurs prévenu dans l'introduction (page 10, note 4) : « Que A. Dauzat, dans sonDictionnaire étymologique des noms de lieux de France voie dansCondate,Brigantium (> Briançon),Arelate (> Arles),Arausio (> Orange), ou E. Nègre dansAbona (> Avon) des toponymes pré-celtiques jette un doute grave sur la capacité de ces deux auteurs à analyser les noms de lieux. Une tendance extrême est fournie par Rostaing dans sonEssai de toponymie de la Provence (pp 23-24). qui reconstruit en masse des bases pré-indo-européennes trilitères (*KaR-, *KaL-, KxR-, PeN-, etc.) à sens général. C'est là un recul grave de la linguistique pas moins dommageable que la pseudoscience des nostracistes ou d'auteurs commeMerritt Ruhlen ouJoseph Greenberg, qui apparentent sans difficulté toutes les langues de la planète grâce à leurs « étymologies-racines ». Il faut s'en tenir, pour la toponymie insulaire [îles britanniques] comme pour la continentale, à la règle de bon sens énoncée par Rivet et Smith : « we have no right to suppose derivation from a non-Celtic element until all else has failed (nous n'avons aucun droit de supposer une dérivation à partir d'un élément non celtique jusqu’à ce que tout le reste ait échoué) / (RS 317) ».
En 2001, l'universitaire Elisabeth Zadora-Rio voit un divorce de l'archéologie et de la toponymie et écrit : « Contrairement à ce que pensait Dauzat, les toponymes (...) ne peuvent être envisagés comme un ensemble de couches superposées ; ils constituent un système en évolution constante, dans lequel les éléments anciens sont en permanence réactualisés, recomposés et transformés. »[21].
En 2008, selon le linguisteJean-Pierre Chambon (cité par l'universitaire Xavier Gouvert), l'œuvre toponymique de Dauzat se caractérise par certains défauts récurrents qui se retrouvent également souvent dans la toponymie française contemporaine, parmi lesquels il distingue notamment une inversion du rapport analyse-synthèse (Dauzat effectuant souvent la synthèse avant l'analyse) ; une promptitude à passer outre à la discussion et l'argumentation (notamment en ce qui concerne l'étymologie) ; un désintérêt vis-à-vis du travailphilologique, en particulier la recherche d'occurrences anciennes des toponymes dans les sources historiques, qu'il voit comme une tâche documentaire ne relevant pas du travail linguistique et toponymique ; une primauté accordée à la recherche de l'origine des noms plutôt qu'au retracement de leur évolution ; et un« attrait des lointains » conduisant à analyser les toponymes préférentiellement à l'aune des racines anciennes (gallo-romaines, gauloises et, mieux encore, pré-indo-européennes) au détriment des éléments plus récents[2].
En 2008, selon l'universitaire Xavier Gouvert, les erreurs de Dauzat sont imputables à des présupposés non scientifiques qui relèvent de l’acte de foi. L’aventure « pré-indo-européenne » de Dauzat toucherait à l’ésotérisme et à la linguistique-fiction. Gouvert pense que la toponymie de Dauzat n'a pas atteint un stade scientifique fondé sur le rejet de la croyance et du dogmatisme et sur l’argumentation déductive et le rationalisme cartésien. Cependant, il n'adresse pas cette critique nommément à Dauzat mais collectivement[2].
En 2009, l'universitaire Agnès Graceffa pense que la démarche toponymiste de Dauzat aurait pu procéder d’une lecture ethnique qui tente d’affilier un substantif ou une terminaison à une souche de population[22].
En 2010, l'universitaire Éva Buchi note deux faiblesses lorsque Dauzat donne le latin comme origine étymologique d'un nom, les étapes successives depuis l'origine du nom ne sont pas fournies et « latin » manque de précision (classique, médiéval, vulgaire etc.). Dauzat ignorerait le concept deproto-roman (langue reconstituée à partir de l'ensemble des langues romanes), d'où l’arbitraire de ses formulations étymologiques[23].
En 2013, l'universitaire Jean-Claude Chevalier qualifie Dauzat de dialectologue et de vulgarisateur se disant linguiste et dont le travail de vulgarisation s'adresserait aux enseignants et aux sociétés savantes[16].
1897 :Études linguistiques sur la Basse-Auvergne : Phonétique historique du patois de Vinzelles (Puy-de-Dôme) (avec une préface du philologueAntoine Thomas), éditions F. Alcan, coll. « Université de Paris. Bibliothèque de la Faculté des lettres »no 4, Paris, 1897,XII-175 p.,(BNF30304045).
1899 :Du rôle des chambres en matière de traités internationaux. Thèse pour le doctorat présentée et soutenue le, F. Alcan, 1899.
1900 :Études linguistiques sur la Basse Auvergne. Morphologie du patois de Vinzelles, éditions E. Bouillon, coll. « Bibliothèque de l’École des hautes études. Sciences philologiques et historiques »no 126, Paris, 1900, 307 p.,(BNF30304044).
1900 :La Suisse illustrée.
1901 :Hors la loi, éditions de la Société anonyme des publications scientifiques et industrielles, Paris, 1901, 263 p.,(BNF30304046).
1906 :Études linguistiques sur la Basse-Auvergne. Géographie phonétique d’une région de la Basse-Auvergne, éditions H. Champion, Paris, 1906, 98 p. et 8 cartes,(BNF30304043).
1906 :Essai de méthodologie linguistique dans le domaine des langues et des patois romans : Thèse pour le doctorat ès-lettres présentée à la Faculté des lettres de l’Université de Paris, éditions H. Champion, Paris, 1906,VIII-295 p.,(BNF31997998).
1909 :L’Italie nouvelle : Nord et Midi, la religion, problèmes d’art, la société et la vie, la langue, l’instruction primaire, politique et socialisme,E. Fasquelle, 1909.
1910 :La Vie du langage, Librairie Armand Colin, Paris, 1910.
1911 :Pour qu’on voyage : essai sur l’art de bien voyager, éditions E. Privat, coll. « Bibliothèque des parents et des maîtres »no 7, Paris, 1911, 363 p.,(BNF31998038).
1912 :La Défense de la langue française : la crise de la culture française, l’argot, la politesse du langage, la langue internationale, Librairie Armand Colin, Paris, 1912,XII-311 p.,(BNF37480048).
1912 :L’Espagne telle qu’elle est, éditions F. Juven, Paris, 1912, 334 p.,(BNF31997995).
1914 :Essais de géographie linguistique, E. Champion, 1914.
1914 :L’Expansion italienne : l’émigration, la conquête de Tripoli, la régénération intérieure, politique orientale, France et Italie, éditions E. Fasquelle, Paris, 1914, 294 p.,(BNF31998011).
1915 :Études linguistiques sur la Basse-Auvergne. Glossaire étymologique du patois de Vinzelles, éditions de la Société des langues romanes, Montpellier, 1915, 289 p.,(BNF31998009).
1915 :Le Français et l’anglais langues internationales, éditions Larousse, Paris, 1915, 44 p.,(BNF31998012).
1946 :Voyage à travers les mots, Bourrelier, 1946.
1946 :La Vie rurale en France des origines à nos jours, Presses universitaires de France, 1946.
1947 :Grammaire raisonnée de la langue française. Première édition : éditions I.A.C., coll. « Les Langues du monde », série « grammaire, philologie, Littérature »vol. I, Lyon, 1947, 466 p.,(BNF31998017).
1949 :Précis d'histoire de la langue et du vocabulaire, Larousse.
1950 :Phonétique et grammaire historiques de la langue française, Larousse, 1950, 305 p.
1951-1984 :Dictionnaire étymologique des noms de famille et prénoms de France, Larousse, 1951 (réédition, revue et augmentée parMarie-Thérèse Morlet en 1984(ISBN2-03340-207-X)).
1954 :Le Guide du bon usage, les mots, les formes grammaticales, la syntaxe, éditions Delagrave, coll. « Bibliothèque des chercheurs et des curieux », Paris, 1954, 224 p.,(BNF31998020).
1998-2000 :Colloque Albert Dauzat et le patrimoine linguistique auvergnat, Thiers, 5-6- : actes (colloque organisé par leparc naturel régional Livradois-Forez), coédition Parc naturel régional Livradois-Forez (Saint-Gervais-sous-Meymont),CNRS (Montpellier) etCRDP d’Auvergne (Clermont-Ferrand), 2000, 255 p.,(ISBN2-86619-226-5),(BNF37213068). — Inclut une correspondance inédite d’Albert Dauzat àHenri Pourrat et à Karl Jaberg.
2000 : Anne-Marguerite Fryba-Reber,Dauzat etJaberg : deux héritiers deGilliéron, in Actes du Colloque Dauzat et le patrimoine linguistique auvergnat, Montpellier, 2000, 211-230
↑L'Écho républicain de la Beauce et du Perche, 6 octobre 1952.
↑abc etdXavier Gouvert,Problèmes et méthodes en toponymie française : Essai de linguistique historique sur les noms de lieux du Roannais (thèse de doctorat),université Paris-IV,(lire en ligne),p. 98-99.
↑Dans l'éloge funèbre qu'il lui rend (« Un toponymiste serviteur de l'histoire »,Annales. Économies, Sociétés, Civilisations,vol. 11,no 1,,p. 118(lire en ligne, consulté le)), Lucien Febvre rappelle le dédain des linguistes de l'entre-deux-guerres pour les travaux d'Albert Dauzat.
↑Albert Dauzat,Les Noms de lieux : origine et évolution: Villes et Villages — Pays — Cours d’eau — Montagnes — Lieux-dits, Editions des Régionalismes,, 227 p.(ISBN978-2-8240-5641-8,lire en ligne), page 8.
↑AlainFerdière, « Voyage à travers les campagnes de la Gaule romaine, VIII »,Revue archéologique du Centre de la France,vol. 37,no 1,,p. 227–234(lire en ligne, consulté le)