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Son nom vient dulatinalabaster, venant dugrec ancienἀλάϐαστρος /alábastros, qui désigne un vase sans anse, l'albâtre étant utilisé pour façonner de tels vases à parfum.
L’albâtre calcaire est également appelé marbre onyx des anciens, albâtre égyptien, albâtre de la Bible ou encore albâtre oriental, probablement parce que cette variété d'albâtre est utilisée de longue date[1].
Le minéral constituant est lacalcite, carbonate de calcium qui fait effervescence à l’acide. D'une dureté de 3 sur l'échelle de Mohs, il ne se raye pas à l’ongle.
Souvent veiné, cet albâtre présente à sa surface des espèces d’ondulations d’un jaune miel plus ou moins foncé, tirant parfois sur le rouge sombre. Il est extrêmement rare de trouver de l’albâtre calcaire d’un blanc parfait. C'est un calcaireconcrétionné, décrit géologiquement comme untravertin à bandes compactes ou un calcairestalagmitique marqué avec des motifs de bandes tourbillonnantes de crème et de brun[2].
Sa cassure est cristalline et striée, ce qui lui donne une semi-transparence, car la lumière a un accès beaucoup plus facile dans l’épaisseur du matériau que dans celle d’un marbre, par exemple, constitué d'une infinité de petites lamelles qui empêchent les rayons lumineux de pénétrer la roche. Bien poli, l'albâtre ressemble à dumarbre.
L’albâtre gypseux ou alabastrites des anciens, est une variété degypse, c’est-à-dire dusulfate de calcium hydraté. Il ne fait pas effervescence à l'acide et se raye à l’ongle (duretéMohs de 1,5 à 2).
Ordinairement d’un blanc laiteux, sa cassure est grenue et souvent terne. Sonsystème cristallin est de typemonoclinique. Cette variété de gypse à grain fin est extraite en particulier dans des carrières en Angleterre ou en Toscane.
L'albâtre gypseux est employé commepierre ornementale. Matériau tendre, il permet de sculpter des formes élaborées. Vu la solubilité du gypse dans l’eau, il doit être utilisé à l’intérieur. Il perd sa transparence, son brillant et sa solidité quand on l’expose au feu, car il se transforme enplâtre.
Illustration de l'article « Lucubratiunculae II de Alabastris… » publié dans lesActa Eruditorum (1733).
À la différence dumarbre,roche métamorphique se formant à des kilomètres ou dizaines de kilomètres de profondeur et dont l'affleurement à la surface requiert l'exhumation et l'érosion d'une épaisse pile de roches, l’albâtre se forme en surface ou très proche de la surface sur des échelles de temps se comptant en dizaines d'années ou quelques siècles.
L’albâtre calcaire tend à remplir lesgrottes ou les excavations, transporté par les eaux qui s’infiltrent dans la terre en traversant des couches calcaires et ferrugineuses, en se chargeant de tout ce qu’elles peuvent dissoudre depuis leur départ de la surface du sol jusqu’au plafond des cavernes[3]. Le gaz carbonique acidifie l'eau qui dissout la calcite, produisant du bicarbonate de calcium. Celui-ci peut se décomposer dans le sens inverse, en donnant du gaz carbonique et du carbonate de calcium insoluble qui cristallise en calcite et, au bout d’un certain temps, forme uneconcrétion. C'est ainsi que les gouttes d'eau venant du plafond donnent unestalactite qui croît, donc, de haut en bas. Le reste tombe au sol en formant de bas en haut unestalagmite. Ces deux concrétions peuvent finir par se rejoindre et former une colonne. La calcite couvre aussi les parois et le sol de ces grottes, que l'on trouve dans presque tous les pays riches en calcaire. Elles sont actuellement des lieux de visite, de par leur diversité de couleurs et de formes, alors qu’elles furent des lieux d’exploitation dans la plus lointaine Antiquité, sans compter les abris préhistoriques.
L'albâtre gypseux provient de la recristallisation du gypse, qui se forme au cours de processus d'évaporation de lagunes ou de mers peu profondes. Cette évaporation augmente la teneur en sels dissous. Quand elle atteint le point de saturation, ils précipitent dans l'ordre : carbonates (dolomie), sulfates (gypse), chlorures (sel de cuisine ou halite). De ce fait, le gypse est catalogué dans les roches sédimentaires (la précipitation est un dépôt) de type évaporite. Il est formé de petits cristaux de sulfate de calcium hydraté (CaSO4・2 H2O) nomméssélénite à cause de leur couleur blanche translucide rappelant celle de la lune. Le gypse est très soluble et, sous l'effet de circulations d'eau, de mouvements tectoniques et d'enfouissements, pourra se dissoudre et recristalliser plusieurs fois pour donner l'albâtre qui en est une forme dérivée. Gypse et albâtre ont la même composition chimique ; seuls ces processus de recristallisation les différencient rendant le second plus résistant et translucide, donc plus facile a sculpter d'où son utilisation ornementale.
EnÉgypte, l'albâtre de calcite était également employé pour lescanopes et d'autres types de vases sacrés ou funéraires contenant les organes du pharaon, des boîtes peintes, comme ceux trouvés dans latombe de Toutânkhamon. Un sarcophage sculpté d'un seul tenant dans de la calcite figure ainsi dans les collections dumusée Soane, àLondres. Il a été découvert parGiovanni Belzoni en 1817 dans la tombe dupharaonSéthiIer, non loin deThèbes. Il a été acheté parJohn Sloane après avoir été proposé, sans succès, auBritish Museum. La pierre était extraite près deThèbes, àAkhetaton, ville que les Grecs renommèrentPsinaula ouAlabastron.
Découpé en minces feuillets, l'albâtre est suffisamment transparent pour être utilisé comme vitre pour de petites fenêtres. Il était si transparent queNéron en fit construire un petit temple sans fenêtre, où le jour passait à travers le marbre même qui formait les murs (connu commeMarbre blanc cappadocien).Il a été employé pour sa transparence dans certaines églisesmédiévales, particulièrement enItalie, comme pour les fenêtres dumausolée de Galla Placidia àRavenne.
À leur suite lesAssyriens, lesÉtrusques et lesGrecs développèrent un important artisanat. Puis les Romains le reprirent sous la formeAlabastrum. Le nom évolua en français sous la formealbâtre, attestée dès leXIIe siècle. On exploita des gisements en Espagne, en Italie (Volterra), en France, en Allemagne, aux Pays-Bas et principalement en Angleterre où prospéra un artisanat très actif.
Depuis l'installation de lavice-royauté du Pérou, les artisans de la ville d'Ayacucho utilisent l'albâtre gypseux pour produire des figures délicates et des groupes religieux polychromespeints à l'huile. Les représentations les plus fréquentes étaient les vierges, les saints, lesnativités et les scènes de l'art chrétien.
Plus récemment, il y a été abondamment utilisé pour lacathédrale Notre-Dame-des-Anges deLos Angeles, consacrée en 2002. Un dispositif spécifique de refroidissement permet d'empêcher les panneaux de devenir opaques sous l'effet de la chaleur.
Dans lalittérature française, l'albâtre apparaît auXIXe siècle commemétonymie pour désigner une veilleuse ou un luminaire ; le « blanc d'albâtre » est une espèce de superlatif et uncliché quand il s'agit de décrire une peau de femme. Un nom moins commun queblanc, une référence à la translucidité, laissant voir le réseau des veines en dessous, une allusion à l'antiquité, et la mode des bibelots et lampes en albâtre à l'époque font tout le charme de cette comparaison[4].