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| Président d'honneur(d) Conseil culturel de Bretagne | |
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| Activités | Chef d'orchestre(depuis),auteur-compositeur-interprète,compositeur,auteur-compositeur,arrangeur musical,réalisateur artistique,musicien,militant,multi-instrumentiste,harpiste,chanteur, artiste d'enregistrement |
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| Mère | Fanny Julienne Dobroushkess(d) |
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| Labels | Mouez Breiz(- |
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| Genres artistiques | Musique bretonne,musique celtique, Celtic fusion(en),crossover,new age,rock celtique,folk rock,musique électroacoustique, rock breton(d) |
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| Blog officiel | |
| Distinctions | Liste détaillée |
| Discographie | Discographie d'Alan Stivell(d) |
| Archives conservées par |
Alan Stivell, néAlain Cochevelou le àRiom (Puy-de-Dôme), est unauteur-compositeur-interprète etmusicienfrançais d'origine bretonne.
Multi-instrumentiste, il joue principalement de laharpe celtique, mais aussi dupiano, duclaviers, de laflûte irlandaise, de labombarde, de lacornemuse écossaise et des percussions. Il est également chanteur et auteur (en plusieurs langues)[n 1].
Il milite pour faireadmettre[Quoi ?] lepeuple breton avec salangue, saculture, sonterritoire.
À partir desannées 1950, Alan Stivell participe à la renaissance de la harpe celtique de Bretagne grâce au travail de son pèreGeorges Cochevelou de fabrication de l'instrument. À partir de 1966, Alan Stivell est le premier chanteur breton professionnel chantant principalement enlangue bretonne (brezhoneg). Héritier du premier renouveau musical breton (qui avait vu la création desbagadoù), inspiré par lerock et lefolk-song anglo-saxons, il contribue aux mouvementsfolk etfolk rock français et celtique desannées 1960 et1970.
Alan Stivell révolutionne lamusique bretonne en y incorporant principalement des influencesgaéliques etanglo-saxonnes, mais aussi celle de lamusique classique d'hier et aujourd'hui et celle des autres continents. Il y apporte aussi les innovations techniques de la fin duXXe siècle. À l'époque, d'autres interprètes bretons s'expriment déjà, mais à l'exception deGlenmor, ils n'entrent pas dans le professionnalisme et leur modernisme ne s’aventure pas au-delà de la guitare classique (à une exception près[réf. nécessaire]). Il est le premier à vraimentélectrifier la musique celtique. À la fois sur les plans technologiques, musicaux et formels, il montre un certain éclectisme : en plus des genres déjà cités, il ajoute à la musique bretonne des touchesélectro (dès 1979) ouhip-hop (en 1993) et il s'ouvre à laculture japonaise en interprétant (en 2015) deshaïkus duXVIIe auXIXe siècle. Il imagine, dessine et fait réaliser ses propres projets de harpes celtiquesélectroacoustiques et électriques.
Il popularise la Bretagne et sa musique, par son travail artistique et ses grandestournées internationales, par la communication mais aussi par l'effet boule de neige suscité par ses nombreux émules. À l'origine du sursaut que connaissent la langue bretonne et la fierté du peuple breton, il aura ouvert la voie à divers artistes et sera devenu un modèle à suivre dans d'autres pays pour d'autres cultures.
Son œuvre musicale est liée à un combat pour la reconnaissance des culturesbretonne etceltique. Il ne le conçoit pas sans la transmission, au-delà des frontières, de messages empreints d'humanisme et de fraternité. Cet esprit d'ouverture se traduit dès ses débuts par desmétissages culturels et desfusions musicales, ce qui en fait l'un des précurseurs de laworld music qu'il définit déjà clairement sur son premier albumReflets paru en 1970. C’est à la fois la quête d'une « musique globale » dans l'espace et le temps et l'affirmation d'unpanceltisme en même temps qu’une vision égalitariste de la personne humaine (Human~Kelt).
De son vrai nom Alan Cochevelou[2],[n 2], Alan Stivell naît le àRiom[g 1].
La famille de son père, — Georges Cochevelou — est originaire deGourin etPontivy dans leMorbihan enBretagne, sa mère Fanny-Julienne Dobroushkess est d'originefrançaise,lituanienne etashkénaze[3].
Alan Stivell est le benjamin de deux frères nés à Paris (1935) etÉpinal (1940). Avant ses deux ans, la famille revient à Paris. Il passe sa jeunesse à Belleville, puis à Vincennes[g 2], à l’exception de toutes ses vacances en Bretagne non loin de ses cousins. Il déménage enfin en Bretagne, d’abord à Langonnet, dans le pays d’origine paternelle[g 1].
Enfant, le futurisme le passionne, à travers la science-fiction, les avancées techniques et scientifiques. Il privilégie lesbandes dessinées d'anticipation[4]. Sa découverte du monde celtique quand il a9 ans l’amène, dès les grandes classes primaires, puis le lycée, à affirmer son identité et sa passion pour tous les aspects de laculture celtique, y compris revendicatifs. Un sentiment de solitude et d’injustice, une timidité, mais aussi une hargne de faire vivre ses idées en découlent[a 1]. Il est élève aulycée Voltaire (Paris)[5], étudiant enlicence d'anglais à la faculté des lettres deCensier (Paris-III)[6], en linguistique à laSorbonne et à l'université de Rennes où il passe un certificat de celtique[a 2]. Il étudie à l'École pratique des hautes études la littérature médiévale galloise et gaélique, avecLéon Fleuriot[a 2].
Son père a vécu une vingtaine d'années enPays vannetais, passe par le petit séminaire deSainte-Anne-d'Auray, puis quitte la Bretagne pour laguerre 14-18. Il reste militaire un moment, travaillant ensuite dans une banque et un laboratoire pharmaceutique à Paris[a 3]. Il rencontre Fanny Julienne Dobroushkess, la mère d'Alan, de père russe et de mère française (, Paris -,Limeil-Brévannes)[g 2]. En 1944, Georges Cochevelou retourne à Paris où il travaille auministère des Finances[7].

Georges Cochevelou est aussi artiste : il se passionne pour lapeinture, l'ébénisterie et la musique. Très éclectique, il est également inventeur (notamment un appareil de mesure optique). Les liens qu’il a toujours gardés avec le milieu culturel breton, notammentdruidique, l’amènent à l’idée de reconstruire l'ancienneharpe celtique. En effet, la déclinaison celtique de la harpe était (à partir desVIIIe – IXe siècles) un des aspects de la culture commune des pays celtes que ni la mer, ni les divers pouvoirs et territoires princiers ne purent vraiment diviser avant leXIIIe siècle. À ce moment, l’aristocratie bretonne commença progressivement à perdre ses caractères propres, et donc même chose pour la harpe, comme pour toute la culture des classes dirigeantes. Leromantisme fit de la harpe bretonne, harpe d’Arvor (autrement ditharpe celtique) un symbole mythique et mystique, qui perdura jusqu'après la guerre 14-18[b 1].
Dès la fin des années 1930 et dans les années 1940, Georges Cochevelou projette cette reconstruction. Peu après son retour à Paris, il rassemble divers documents. Il ne prend modèle sur aucune harpe, mais se sert de ces documents pour concevoir unprototype original et personnel. Du printemps 1952 au printemps 1953, tous les soirs et tous les week-ends pendant un an, Alan assiste, fasciné, à l’avancée des travaux[8]. Alan Stivell déclare plus tard à propos de ce qu’il appellera plus tard la « Telenn Gentañ » (la « première harpe » en breton) :« C'était d'emblée unStradivarius[9] ». La musique berce l'enfance d'Alan Stivell[10].

À l'âge de5 ans, Alan commence l’apprentissage dupiano, dont jouait sa mère[n 3]. C'est le prototype de harpe celtique créé par son père, au départ destiné à sa mère Fanny, qui l’incite à prendre des cours ; il bénéficie de l’enseignement de la célèbre concertisteDenise Mégevand (1917-2004). Les œuvres classiques, notamment dessonates deF.J. Naderman et, surtout, les arrangements de thèmes traditionnels celtiques, écrits par son professeur ou son père[b 2], montrent très vite le don évident de ce jeune enfant. Il va aussi, tout de suite, montrer une passion immodérée pour la Bretagne et tous lespays celtes[11]. Il est le premier, depuis quatre siècles environ, à faire résonner la harpe bretonne,telenn en breton[12]. Il joue notamment descantiques bretons commeLavaromp ar chapeled,Ar baradoz ouPe trouz zo 'ar an douar, des thèmesprofanes (Gwerzioù etsonioù), en particulier duBarzaz Breiz, aussi des thèmes s'inscrivant dans la mouvance romantique irlandaise (comme ceux du répertoire deMary O'Hara), comme d'Écosse et du Pays de Galles (notamment ceux qui avaient été adaptés en breton)[13].
Sa passion pour la harpe celtique entraîne une passion plus large pour toute la civilisation celtique. Il commence à s’initier, bien sûr au breton, mais aussi à la langue galloise, augaélique, à l’histoire, à lamythologie, à l'art. Héritier du mouvement artistique des Seiz Breur et fort d’un début de formation en musique classique, il jette les premières notes d’unecantate (annonçant pour bien plus tard saSymphonie celtique) après avoir découvert laKantadenn Penn ar Bed (Cantate du bout du monde) deJef Le Penven, en 1958. Il a le même enthousiasme pour la démarche parallèle de l'IrlandaisSeán Ó Riada[b 3].
Le, alors âgé de9 ans, il joue de la première harpe bretonne des temps modernes à la maison de la Bretagne, à Paris, où l'associationAr Pilhaouer avait demandé à son professeur une conférence sur la harpe celtique, qu’elle prépara avec l’assistance de George Cochevelou. La salle est enthousiaste et c’est le point de départ du réveil de laTelenn Arvor, la harpe d’Armor, amenant des commandes à son père[b 4]. Il se produit également, en, à l’Unesco, lors d'une exposition bretonne au « Noël des petits Bretons de Paris ». L'été, il accompagne deux jeunes membres des Petits chanteurs deSainte-Anne-d'Auray en lacathédrale deVannes, pour l'associationBleun-Brug, ou encore au meeting de l'Union féminine civique et sociale, dans le grand amphithéâtre de laSorbonne. En 1955, il se produit pour des associations bretonnes commeKendalc'h, Kêrvreizh ou laMission bretonne , pour lafête de la Saint-Yves auxarènes de Lutèce, la fête des œillets àParamé, la fête duLéon-Trégor àMorlaix[b 5], etc.
La démarche de Georges Cochevelou et son fils séduit les dirigeants des scouts deBleimor qui vont former chez les guides, à la suite d’Alan, un groupe de harpistes : la Telenn Bleimor[b 6]. Georges va, cette fois avec l’aide de différents artisans, produire plusieurs séries de ses harpes celtiques. Celles-ci, avec les prestations du jeune Alan, vont séduire et entraîner la vocation de nombreux futurs harpistes. Ce mouvement créé s’auto-reproduit, car les nouveaux, nouvelles harpistes vont eux-mêmes, elles-mêmes, en convaincre d’autres. Et si le binôme Cochevelou est le grand responsable de ce mouvement de renaissance, d’autres intervenants vont plus tard y participer à un certain degré, comme Gildas Jaffrennou.
Les titres des morceaux constituent pour lui une porte d’entrée dans la langue bretonne . Il entend aussi son père en dire quelques mots lui-même. Il se concoctera un petit lexique et il en révise le vocabulaire notamment à chaque voyage en métro ou en bus. Il est déjà obsédé par tous les points communs aux pays celtes qu’il découvre : les paysages et les maisons le fascinent jusqu'à l’obsession[14], mais aussi le vocabulaire commun[15].
C’est en avril 1954, après ses deux frères, qu’il adhère à l'Association de scoutsBleimor de Paris, d'abord en tant que louveteau, puis en octobre en tant que scout[b 6], dont le bagad Bleimor est l’antenne musicale. Il s’exerce à labombarde puis, autour de 1960, à la cornemuse écossaise (binioù bras en breton, ou parfoispib-veur). Avec le scoutisme, les camps et le bagad, il complète son vocabulaire breton[16], chante[c 1] et apprend aussi la danse[a 4].
En 1956, à 12 ans, il se produit à l'académie de musiqueRaymond-Duncan, au cabaret Le Pichet, au Festival des cornemuses à Brest et, à l'automne, il réalise son premier passage à latélévision nationale, avecSylvie Raynaud-Zurfluh, se qualifiant pour le grand concours national du « Royaume de la musique »[f 1].

Il continue à mettre en valeur laharpe celtique. Il déclare avoir voulu électrifier la harpe sous l'influence duRock'n'Roll[17].Même des Irlandais et Écossais s’intéressent au travail des Cochevelou. Dans ces pays, la harpe celtique n’était pas morte mais en demi-sommeil[réf. nécessaire].
Les études secondaires ne lui permettent pas encore un statut professionnel[Quoi ?]. Il trouve dans lesdanses des montagnes,plin etfisel (commeMetig) un air de famille avec le rock. Il éprouve d’autant plus une certaine aigreur de la dérision ou le mépris qui prévaut encore face à la musique bretonne[c 2].
La découverte durock 'n' roll en 1958 est pour lui un électrochoc, qui lui fait faire le parallèle entre le cousinage irlandais et son envie de modernisation de la Bretagne et de son riche patrimoine musical[13]. À l'époque, n'ayant pas l'âme ou le profil d'un « rocker », il rêvait d'autres artistes ou de groupes qui feraient le lien entre la Bretagne et la musique populaire moderne et urbaine, en utilisant principalement des instruments rock 'n' roll[b 3], et qui profiteraient de cette audience pour défendre la cause bretonne[c 3].
En 1959, à 17 ans, il enregistre, sur l'albumÉvocation de la Bretagne - Breiz ma bro, lecantiqueAr Baradoz (« Le Paradis »), avec Armand Haas, etHo mamm, avec Yvette Nicol. De à, après que son père eut pris contact avec le label quimperoisMouez Breiz, avec le soutien de la confédération Kendalc’h, quatremaxi45 tours de quatre titres sont réalisés avec la chanteuseAndrea Ar Gouilh, intitulésChansons et mélodies de Bretagne. Son père souhaite ainsi montrer les qualités d'accompagnement de la harpe celtique[b 6]. Dans deux d’entre eux sont intégrés également un morceau de harpe solo.
En 1961, il enregistre son premier45 tours de harpe celtique solo, intituléMusique gaélique. Les thèmes abordés,irlandais etécossais, sont harmonisés et arrangés par Georges Cochevelou, qui accompagne également son fils. Alan Stivell participe avec Andrea Ar Gouilh à une soirée àGraz (Autriche), en 1961[b 6], et au Congrès celtique international deTréguier, en 1962, où il croisePaddy Moloney etJef Le Penven[f 1].
quoique la direction était en grande partie collégiale. Il en profite pour écrire et expérimenter des arrangements totalement innovants auxquels s’ajoutent ses propres compositions. Il partage avec ses compères un goût prononcé pour une musique bretonne sous influence gaélique. Mais la venue deYouenn Sicard va infléchir l’évolution du bagad, en montrant que le côté moderniste pouvait très bien aller de pair avec une démarche d'authenticité et d’enracinement. Sous sa direction musicale, en collaboration avec ses amis Youenn Sicard et Yann-Fañch Le Merdy, le bagad Sonerion Bleimor est sacréchampion de Bretagne des bagadoù en 1966 (et à nouveau plus tard). Alan devra quitter le bagad en, àChâteaudun[18].
Parallèlement, il sonne en « couple » avec Youenn Sicard, pour animer fêtes etfestoù-noz[19]. Ils remportent ensemble des concours àGourin (tripleschampions de Bretagne en duo cornemuse-bombarde, en 1966, 1968 et 1969)[20], succédant notamment au coupleÉtienne Rivoallan /Georges Cadoudal qui le marqueront[21], et laPlume de Paon desFêtes de Cornouaille à deux reprises[g 2]. Lors desfestoù-noz (« fêtes de nuit »), il rencontre divers chanteurs dekan ha diskan, dont Lomig Donniou, lesfrères Morvan et lessœurs Goadec, dont il apprécie particulièrement l’interprétation. Il y complète sa connaissance de la musique et du chant traditionnel, en particulier de « la Montagne »[e 1]. Il se perfectionne aussi à la cornemuse et auwhistle.L'été 1964, il est diplômé en cornemuse lors d'un stage auCollege of Piping àDunvegan (île de Skye)[e 2],[22]. Il passe à la même époque, avec succès, un examen de cornemuse, jugé parHerri LeonAr Big, et aussi un examen en langue bretonne.
En 1957, à13 ans, il fait la première partie du concert deLine Renaud à l’Olympia[23],[24]. Entre 1958 et 1960 (de14 à 16 ans), il suit par correspondance les cours de breton deSkol ober[d 1] et effectue des stages des camps de bretonnants[c 4].

Il devientpenn-soner (« chef d'orchestre ») duBagad Bleimor en 1961[25].
En1964, il enregistre encore chezMouez Breiz, un premier 33 tours instrumental solo,Harpe celtique, composé de morceaux empruntés à tous les pays celtes, et arrangés par son père et son professeur de harpe[26]. La même année,Georges Cochevelou construit une première harpe bardique à cordes métalliques[27]. Cette harpe va permettre à Alan de faire un lien plus évident avec le folk « anglo-saxon », précisément « anglo-celtique ».

En 1965, avec des amis du bagad Bleimor, en attendant qu’une porte s’ouvre pour la suite qu’il espère, il fonde le groupe éphémèreAr Bleizi Mor (« Les loups de mer ») et il se sert de micros piezos et de pédales électroniques pour guitare électro-acoustique. Il accompagne à la harpe celtique le chanteur bretonGlenmor, sur scène àla Mutualité en 1965 et sur disques – en 1967 et 1969 – sous les pseudonymes Artus Avalon ou José Marion, car il est sous contrat d’exclusivité avecPhilips[a 5]. Il accompagne également la chanteuseAndrea Ar Gouilh. L'album de harpe solo est réédité en1966, sous le nomTelenn geltiek : Harpe celtique, dans une nouvelle pochette dessinée par Alan. C’est le point d’orgue de la première partie de la vie musicale d’Alan, car c’est l’année où toute sa carrière professionnelle va démarrer sur de nouvelles bases.
Bien que de nature timide, il commence pourtant à se produire au chant en solo, sur les scènes ouvertes desHootenannies deLionel Rocheman, en, organisées auAmerican Center For Students and Artists duboulevard Raspail, devant des jeunes, français comme américains, mais aussi d’un public plus large, notamment de milieux culturels et médiatiques[28]. À sa grande surprise, il séduit un public non préparé à sa musique et gagne en confiance[6]. Les Hootenannies lui permettent de faire des rencontres[n 4]. Il s’inspire, par exemple, du picking à la guitare deDon Burke qu’il adapte à sa harpe. Dès 1967, Lionel Rocheman met en place une équipe de quatre artistes (Alan, Lionel,Steve Waring etClaude Lemesle), sous le nomHoot-Club, qui tourne notamment dans lesmaisons de jeunes et de la culture, puis lors d'une tournée en 1969, avec le spectacle folkChansons pour Châteaubriand, s’adjoignentRoger Mason etJohn Wright[29].
En 1967, il prend le nom d'Alan Stivell Alan Stivell (« source » en breton, dérivé de son nom civil Cochevelou,kozh stivelloù en breton, « les vieilles sources »)[b 7],[30]. Il simplifit pour marquer une rupture[31]. La coïncidence fait qu’il habite, cet été-là, rue du Styvel àQuimper, hébergé chez le couturier Marc Le Berre, près de la source du Styvel[32]. Il se souvient aussi de ce nom rencontré« dans une association de handicapés de Bleimor ». Il lui évoque aussi une symbolique entre sa nouvelle harpe et la jeune musique celtique qui va en jaillir[b 7]. Il trouve intéressant que les gens puissent entendre (avec approximation) en ce nom une sonorité anglo-saxonne, puisque sa musique y emprunte une influence majeure. La même année, il enregistre, sous son nom patronymique, la partie harpe de la chansonLa Mer est immense interprétée parGraeme Allwright. En 1967, il signe chezPhilips-Phonogram (futurUniversal) un contrat d'exclusivité internationale[n 5]. En devenant professionnel, il est le deuxième chanteur breton à franchir le pas aprèsGlenmor (même si Alan a expérimenté la scène avant celui-ci) et le premier professionnel à s’exprimer principalement en breton[33]. Il tourne déjà beaucoup, surtout en solo, mais aussi en compagnie d’autres habitués de l'American Center de Paris (Steve Waring l'accompagne quelquefois). Il invite également le guitariste Daniel Le Bras (Dan Ar Braz), rencontré en jouant dans un restaurant àBénodet, à l'accompagner de temps en temps. En, après un concert auTi-Jos àMontparnasse,Bretagne Magazine titre dans sonno 20 : « Alan Stivell, une forme de génie »[34]. En 1967, le peintre bretonLouis-Roger (1928-2018), lui confie la réalisation de la musique pour son filmEau Vive, qui recevra plusieurs récompenses.
À l'occasion d'une séquence live à l'émission « Pop Club » deJosé Artur, il sympathise avec lesMoody Blues, qui l'invitent à faire leur première partie, auQueen Elizabeth Hall deLondres, en. Ceci, après avoir joué auArts Lab deDrury Lane (Londres), dans laSorbonne et à l'aéroport d'Orly en grève[35]. Auparavant, il s'était produit au Centre Élysée-Bretagne, dans le cadre des soirées defolk song celtique retransmises à la télévision, où il rencontre sa future épouse, et au cinéma Omnia deBrest accompagné par des musiciens dontDan Ar Braz. Son premier 45 tours sous le labelFontana estFlower Power, avec quatre chansons en français parlant de la société (la peine de mort), la nature, la « colonisation » de la Bretagne (l'injustice subie du fait des puissants) et de liberté à travers leshippies, sur une musique imprégnée de la pop-music de l'époque[36]. Un an après, en 1969,Crépuscule sur la rade est le second 45 tours arrangé parHervé Roy[n 6]. Invité par une autre maison de disques (AZ), la direction de Philips le rappelle et lui donne carte blanche. Lui était promis un premier album après un single, à condition d’un minimum de succès[37]. Fin 1969, il joue aussi à Rennes au Festival international des variétés[38],[39].

Juillet1970, il enregistre son 45 toursBrocéliande-Son ar chistr qui connaît le succès[n 7], avec cette inspiration du légendaire celtique qu’il jumelle à la chanson à boireSon ar Chistr (en breton : « La chanson du cidre »). La première a des couleurs à la croisée du folk anglo-saxon et d’influences classiques, voireRenaissance. L’arrangement du deuxième fait une incursion vers le folk et country américain. La maison de disques met donc en marche sa promesse, lui donnant alors toute liberté pour enregistrer les huit chansons (quatre en breton, trois en français, une en anglais) et instrumentaux de l'albumReflets sorti en décembre1970. Dix mille exemplaires se vendent en deux mois[c 5]. Le texte-préface, qu’il écrit sur la pochette, est comme un manifeste pour la futureWorld music. Avec sa musique « ethno-moderne »[40], il marque le coup d’envoi d’un phénomène qui va révolutionner la Bretagne et drainer les foules aux six coins de l'Hexagone, avant celles de l'étranger[41].
Dès 1971, il enregistre deux titres sur un 45 tours, toujours chez Fontana :The Wind of Keltia, écrit avec le folk-singerSteve Waring, etPop-Plinn, très rock avec les parties de guitare électrique qu’Alan a écrit pour être interprétées par Dan Ar Braz, comme l’ensemble de son arrangement joué par les autres musiciens invités. Si la notoriété d’Alan Stivell n’était déjà pas négligeable avant ses débuts professionnels en 1966, elle s’était déjà développée depuis lors, et avec ce nouveau 45 tours, la conquête du grand public est en marche. Pop Plinn est une surprise radiophonique : l’arrangement radicalement rock est une première, une révolution. Et autant les annonceurs radio que les auditeurs sont subjugués par l’audace, l’innovation et le retournement complet de l’image de la musique bretonne et même de la Bretagne, encore désuète et passéiste peu avant. Il est lauréat du concours de chantCeltavision àKillarney (Irlande) en mai[42] et reçoit le prixMorvan Lebesque attribué par le Congrès mondial desBretons dispersés, des mains deMarie Laforêt[43].
Fin 1971, sort son deuxième 33 tours au titre éloquent,Renaissance de la harpe celtique, qui est salué par la presse française et anglaise et par le prix de l’académie Charles-Cros[44]. L'album est présenté le, pour l'ouverture de la librairieCentre Élysée Bretagne à Paris[45], et est suivi d'une tournée internationale. Cet album instrumental devient une référence et culte pour la musique celtique et la harpe à travers le monde, notamment notamment chez les gens du cinéma et de la musique aux États-Unis[46] et dans les îles Britanniques mais aussi ailleurs. Il suscite la vocation de nombreux harpistes mondiaux, selon plusieurs harpistes renommés[n 8]. Cet album est aussi un complément instrumental deReflets, son aspect sérieux et presque classique donne ses lettres de noblesse à l’instrument qui devient respecté par l’intelligentsia culturelle. Mais Alan Stivell n’abandonne pas pour autant d’occuper le terrain, dominé auparavant par les Anglo-saxons, celui du folksong américain, ni de développer la démarche plus rock : il forme une structure basée sur le groupe de rock (claviers, guitares, basse, batterie). Il veut expérimenter tous les possibles à partir de l’idée de fusion musique traditionnelle celtique et toutes les formes de rock (qu’elles soientprogressive, plus proche du pop ou durock plus dur, plus tard de l’électro-rock)[47].
Le, il donne un concert à l’Olympia qui est retransmis en direct parEurope 1 dans son émission « Musicorama » suivie pour l'occasion par sept millions d'auditeurs[48],[49]. Dès lors, une prise de conscience s'opère chez les Bretons et les Français, et lamusique bretonne devient alors en vogue[50].Tri martolod devient un hymne fédérateur, laSuite Sudarmoricaine occupe les premières places du hit-parade d’Europe 1 et d'RTL durant des semaines[51],[13]. À l'automne, son nom est connu du grand public. Il se vend 1 500 000 disques de l'albumÀ l'Olympia, qui atteint ensuite plus de deux millions d'exemplaires[a 6],[52]. Stivell fait la « une » des magazines, sa musique bretonne électrique (la « pop celtique » ourock celtique) devient à la mode. Dès lors, lamusique celtique prend son envol et suscite un engouement planétaire[53].
En quelques semaines, la culture bretonne acquiert une image très positive aux yeux des Bretons, mais aussi dans tout l'hexagone et même en Europe. Tout est prétexte à l’organisation d’unfest-noz détrônant bals et discothèques. Une population qui y était rétive quelques mois plus tôt y accourt. Beaucoup de jeunes gens suivent sa tournée en Bretagne et cherchent à jouer d'un instrument traditionnel, ou d’autres instrument joués par Alan ou ses musiciens[n 9]. Beaucoup s’inaugurent musiciens directement sur scène à labombarde ou à laguitare folk. Cela conduit à démultiplication des enseignants, des luthiers, des sonneurs de bagad[54]. La reconnaissance internationale déjà en route devient acquise.
Il montre l'exemple aux cultures dites «minoritaires »[Cit. 1]. Son succès suscite des émules, non seulement en redynamisant la musique traditionnelle mais encore en favorisant l'émergence de nouveaux musiciens et auteurs-compositeurs-interprètes[n 10] : une nouvelle renaissance. Comme cet immense succès vient juste après la période « soixante-huitarde », il suscite obligatoirement quelques jalousies et incompréhensions ; quelques étudiants, notamment de tendancemaoïstes, trouvent en Stivell « statufié en vedette internationale » un parfait bouc émissaire pour mettre leur cause ou eux-mêmes en avant. On a parlé de critiques de la part de traditionalistes et de « puristes »[55], mais c’est oublier qu’il était lui-même issu de ce milieu relativement restreint où il connaissait tout le monde et où personne ne l’a jamais critiqué de manière virulente[56]. Alan Stivell tourne en France et à l'étranger : en août, au festival Line-up deReading en Angleterre, qui accueille 300 000 festivaliers, il partage l'affiche avecRod Stewart,Genesis ou encoreStatus Quo, au Canada, en octobre, il est àSherbrooke,Montréal etQuébec[a 7].
1973 confirme l’année précédente : après un passage de trois semaines àBobino[57] suivi d'une tournée au Canada, il sort un nouvel album,Chemins de Terre, salué par la critique (le magazine britanniqueMelody Maker le désigne « disque de l’année » et titre« the conquerer cometh ») dont le succès commercial en fait très vite undisque d'or[58]. L'activité scénique se poursuit, tant en France qu'à l’international : en Bretagne et dans l'Hexagone, les chapiteaux de 3 000 places ne peuvent contenir les spectateurs et,Outre-Atlantique, il s'exporte auxÉtats-Unis et auCanada, de septembre à novembre[e 3]. Le, Alan Stivell accepte de se produire, avec des réticences, aufestival de Kertalg (Moëlan-sur-Mer) parmi 200 musiciens bretons dont Glenmor et les sœurs Goadec[59],[60]. Alan est à ce moment-là à la croisée des chemins de terre« avant d'embarquer pour les îles »[n 11]. En décembre, il effectue une tournée au Royaume-Uni, partageant l’affiche avec le groupeSteeleye Span[61]. Le mensuelRock & Folk le classe7e des musiciens de l'année[62].
L'année suivante, pour se reposer, il s'installe dans une ferme àLangonnet, territoire dont sont originaires ses ancêtres paternels[g 1], et y produitE Langonned (À Langonnet)[63].
Il s'inscrit dans une évolution en spirale avec un côtébinaire : racines intériorisées contre extériorisation par l'électrification[Quoi ?].
Il fonde son propre labelKeltia III[64].
Il se produit les 26 et dans unNational Stadium deDublin[65]. L'enregistrement des deux concerts est publié au printemps 1975 sous la forme de l'album liveE Dulenn. Le titreDélivrance est ouvertement militant ; c’est la double affirmation d’une Bretagne, partie intégrante de la « Celtie » elle-même terre de croisement ouverte sur le monde dans le respect d’autrui. Le magazine anglaisNME lui consacre un article et le magazineBest le classe en quatrième position, dans la catégorie « Groupes-chanteurs-musiciens français » (après en avoir fait sa couverture la même année).
Pendant les mois qui suivent, Alan Stivell, accompagné de ses musiciens, fait une série de concerts en Europe : lePalais des sports de Paris, à guichet fermé[n 12] du 16 au avec le même succès public (50 000 personnes)[66]. Un mois auparavant, le àSaint-Mandé, Alan Stivell avait rendu un dernier hommage à son père Georges Cochevelou, inhumé àGourin. En, il joue pour laFête de l'Humanité et fait se lever et danser sous la pluie les 80 000 spectateurs sur la suiteMetig. En, il se sépare de ses musiciens, à l'exception de Dan Ar Braz. Alan Stivell se produit une semaine auRoyaume-Uni, dont le auRoyal Albert Hall deLondres (celui-ci fait suite avec ses concerts des années précédentes auQueen Elizabeth Hall et auRoyal Festival Hall). En 1976, il enregistreTrema'n Inis : Vers l'île, un hommage à son père récemment décédé (il y joue deux des compositions de son père sur la première harpe que ce dernier lui a construite). Consacré aux poètes bretons duXXe siècle, cet album intimiste paraît fin 1976, en pleine période de grève des médias (il s'en vend tout de même 30 000 exemplaires en un an) et continue à se vendre dans le monde.
En 1977, son huitième album professionnelBefore landing (« Avant d'accoster ») est unalbum-concept. Militant, rythmé par durock progressif, il lui permet d'aborder l'histoire de la Bretagne en dix chansons, pour une« libération nationale » et contre une histoire« falsifiée par la bourgeoisie » selon ce qu'il écrit sur la pochette. En 1977, Alan Stivell effectue une tournée d'une quinzaine de dates enAustralie, remplissant tous les palais des sports et grandes salles des principales villes ; une partie de la jeunesse, principalement étudiante, le plébiscite[a 8]. Alan Stivell joue ensuite auxHalles de la Villette (le dernier concert accompagné de Dan), àDublin avec lesChieftains, au Canada, à laFête de l'Humanité où sont présents entre-autresDeep Purple,Peter Gabriel,Joan Pau Verdier. Sorte d'écho au disqueE Langonned, le 33 toursUn dewezh 'barzh 'gêr (« Une journée à la maison ») marque en 1978 sa séparation définitive d'avec Dan Ar Braz (tout en y jouant sur un titre,Ar chas doñv...) et d'avec Philips, pour être distribué par CBS Records (Sony Music). Il effectue une tournée en Bretagne avec l'Union démocratique bretonne, puis en France (Printemps de Bourges), avec un passage à l'été 1978 par l'Irlande le temps d'un concert filmé donné au festival Siamsa Cois Laoi deCork, et enfin à l'étranger (Amérique du Nord,Scandinavie). À l'issue de son concert aufestival interceltique de Lorient, la chanteuse folk américaineJoan Baez danse pieds nus, avec Alan, lagavotte et l'an-dro, dans les rues de Lorient[67].

En1979, il publie l'album liveInternational Tour:Tro Ar Bed[Cit. 2]. La même année, il enregistre et publie saSymphonie celtique : Tír na nÓg (« Pays de l’éternelle jeunesse » en gaélique),œuvre concept qu'il rêve de composer depuis la révélation qu'il eut en entendant laKantadenn Penn ar Bed, « Cantate du Bout du Monde » deJef Le Penven en 1959 à l'âge de quinze ans[68]. Il y exprime trois tensions (ou « cercles de vie ») : une première individuelle qui conduit au dépassement de soi, une autre communautaire vers la société idéale vivant en harmonie, et une tension universelle vers l'absolu, le paradis, l'infini[69]. Cette œuvre marque le début d’un courant bien implanté par la suite, lecross-over. Il en était un des pionniers, mais encore aujourd’hui, sont très rares les compositeurs mêlant une multitude de cultures et de courants musicaux. En effet, il y mêle la musique celtique à la musique symphonique, au rock, au jazz-rock, avec des incursions électroniques et des influences ethniques les plus diverses :quena des Andes,sitar indien. Il fait traduire ses propres textes entibétain,algonquin,sanskrit,berbère,quechua,irlandais et les chante dans ces langues, lui-même ou par d’autres interprètes qu’il a choisis. Car, pour lui, cette symphonie celtique est une symphonie universelle. Stivell se déclare« citoyen du monde de nationalité bretonne ».
Le, laSymphonie celtique est exécutée par300 musiciens aufestival interceltique de Lorient devant 10 000 spectateurs réunis austade du Moustoir[n 13]. Cette fusion symphonique et celtique est une première au festival.
Durant lesannées 1980, la carrière d'Alan Stivell est un peu en retrait de la scène française. Mais, contrairement à d’autres artistes bretons, il continue à tourner régulièrement, notamment dans les grandes salles d’Allemagne, deGrande-Bretagne et desÉtats-Unis où il effectue plusieurs tournées, reconnu depuis l’albumRenaissance de la harpe celtique et assimilé à la tendancenew age de l’époque, ainsi qu'enItalie. Dans ce pays, ses concerts attirent un public de plus en plus important : 12 000 spectateurs àRome, 14 000 spectateurs àMilan (tournée des stades et des parcs en 1980)[a 9]. Pour sa promotion et communication, il complété depuis les années 1970 le service de presse des maisons distributrices en engageant une attachée de presse[Cit. 3].
Trois disques seulement vont être enregistrés pendant la décennie des années 1980. En1981,Terre des vivants : Bed an dud vew,contrepoint du paradisTir Na Nog de sa Symphonie, est un album aux sonorités pluspop-rock etelectro-rock, alors queLégende (Mojenn), sorti deux ans plus tard, marque une accentuation de tendancesélectronique etnew age. Fin 1981, il rencontre une nouvelle fois le succès enAmérique du Nord, comme au Beverly Theater àLos Angeles, auTown Hall au cœur deBroadway àNew York ou àOttawa. Il se rend jusqu'en Australie et se produit à nouveau àBobino[a 10]. Il chante en duo avecAngelo Branduardi à l'émission « Le Grand Échiquier » deJacques Chancel le, mêlant guitare, violon et harpe surThe Trees they grow High et laSuite des Montagnes. Il participe à la premièreFête de la musique en et se produit àBobino[a 10].
L'univers métaphysique celtique de l'albumLégende (Legend en anglais etMojenn en breton) apparaît en 1983. Les six premiers titres sont composés pour le filmSi j'avais mille ans, une légende bretonne éternelle, deMonique Enckell. Alan Stivell s'implique dans le tournage du film aux côtés de la réalisatrice, inspiré de la légendeléonarde d'Azenor et tourné en Bretagne. En 1983, il joue sur deux titres de l'album d'Angelo BranduardiCercando l'oro ; la même année, il reçoit le prestigieux prix italien « Premio Tenco » qui couronne l'ensemble de son œuvre discographique et le magazineRolling Stone classe leLive At The Olympia, sorti en 1972, parmi les trente meilleurs albums mondiaux de l'année 1972 (« five-star rated albums »)[70]. L'albumRenaissance de la harpe celtique, qui date lui aussi de 1972, est nommé auxGrammy Awards en 1984[71]. En1985, sortie de l’albumHarpes du Nouvel Âge, disque instrumental où il utilise uniquement ses harpes, dont ses nouveaux prototypes électro-acoustiques et électrique. L'album lui vaut ainsi unIndie Award en 1986, une récompense attribuée par l'association des producteurs et distributeurs de musique indépendants aux États-Unis. Il signe pour son label Keltia III en 1987 un contrat de distribution chezDreyfus Music qui réédite par la suite la plupart de ses disques. Même s'il ne sort pas d'album pendant six ans, il tourne énormément. Ceci pendant qu’il s'initie à lamusique assistée par ordinateur depuis le milieu des années 1980, en même temps qu’il élabore selon cette nouvelle technique l’albumThe Mist of Avalon. Si on entend moins parler d’Alan Stivell dans l’hexagone, le monde le découvre de plus en plus : leKurdeTara Jaff[Cit. 4], l'Australienne Louisa John-Krol[Cit. 5],Maartin Allcock deFairport Convention[Cit. 6] et les Britanniques Tony Dixon[72],Van Morrison[73], etKate Bush avouent être devenus fans du harpiste breton et s'inspirer de sa musique[g 3].

En, il entreprend une tournée nord-américaine sur la côte Ouest et il effectue en juillet sur la côté Est sa huitième tournée[74]. Courant 1986, il joue en Bretagne dans les églises deQuimper,Landerneau etPlabennec entre autres et se produit dans plusieurs festivals français (Printemps de Bourges,Lorient,Colmar) ainsi que dans le Sud de l'Europe (Galice,Porto).
En 1987, il réalise la tournéeDelirium en France principalement. La face A du 45 toursDelirium évoque ses démêlés avec leclergé quimpérois voulant l'interdire de cathédrale pourpaganisme[75] tandis que la face B,Waraok Brest-Armorique, rend compte du succès rencontré par leBrest Armorique FC dans l'élite du football français[n 14]. En 1989,Kate Bush l'invite sur son albumThe Sensual World[n 15], auquel participent aussiNigel Kennedy,David Gilmour (dePink Floyd),Davy Spillane, John Sheahan (The Dubliners) et letrio Bulgarka[76].
L'année 1989 annonce le retour d'Alan Stivell sur le devant de la scène. Participant cette année-là à l'album deKate Bush[n 16], il rencontre, durant l'enregistrement,Davy Spillane et Charlie Morgan, par ailleurs batteur d'Elton John. Il recrute ensuite Patrice Tison, guitariste deMagma. Certains de ces musiciens et Kate participent à son album 16 titres inspiré de lalégende arthurienne,The Mist of Avalon, une évocation des personnages principaux de la légende duroi Arthur. Ce travail,assisté par ordinateur, commencé en 1985 et finalisé en 1991 (retard de sortie en partie dû aux rapports avec la maison de disques de Kate Bush), fait entendre pour la première fois de nettes influenceselectro (electro beats celtic) ettechno dansGaelic Tribes Gathering. C’est à ce moment que le public commence à s'intéresser de nouveau à la musique celtique. La musique ditenew age (acoustique ou électronique ou les deux), planante, zen, méditative, onirique et souvent répétitive, appelée aussiAmbient est devenue à la mode dans certains milieux. La musique new-age n’est pas aux antipodes d’un aspect de la musique celtique (un titre commeYs, datant de 1972, peut y être associé). Et la décennie 80 intègre l’influence celtique dans de nouveaux domaines comme le cinéma, sans oublier - à l’opposé - l’arrivée dupunk-folk desPogues. Tout ceci pouvait préparer un climat favorable à une nouvelle vague celtique[77].
En1993, pour son dix-septième albumAgain, plutôt que d’éditer une compilation, il écrit de nouvelles déclinaisons de ses arrangements sur les titres plébiscités par le public. Parmi les interprètes invités, il invite plusieurs de ses amis. Parmi eux, deux musiciens tchèques qui l’avaient invité à Prague pour fêter la révolution de velours. Ils seront de la tournée qui suivra. Dix-sept titres qui ont touché les gens dans les années 1970 sont ré-enregistrés[n 17]. Plus rock etbinaire, cette « revisite » est un grand succès[78] : l'album se vend à 100 000 exemplaires en France en quelques semaines, avec jusqu'à 1 000 albums vendus par jour à l'hiver 1993-94, pour atteindre plus de 300 000 exemplaires au total[b 8]. Alan Stivell[79], sa maison d'édition Keltia III et la distribution Dreyfus-Sony font de gros efforts promotionnels, notamment pour la campagne publicitaire sur la chaîne de télévisionTF1[80]. Ces investissements permettent une relance de la musique celtique auprès du grand public breton et hexagonal. La même année,Dan Ar Braz etJakez Bernard fédèrent de nombreux artistes autour du projet de l’Héritage des Celtes, qui a pour ambition de présenter la richesse de la musique celtique dans toute sa diversité. À l'occasion duFestival de Cornouaille 93, Alan Stivell participe au baptême de l'aventure de l’Héritage des Celtes, qui confirme la deuxième vague de popularité de la musique celtique. L'albumAgain est nommé[81] auxVictoires de la musique dans la catégorie « Album de musiques traditionnelles de l'année ».
En, Stivell reçoit le titre de« Breton de l'année » décerné par le mensuelArmor Magazine et, en1994, le collier de l'ordre de l'Hermine àVannes, récompensant les personnalités qui œuvrent pour le rayonnement de la Bretagne. Il participe au concert de solidarité, aupalais omnisports deRennes, pour la reconstruction duparlement de Bretagne, incendié par une fusée de détresse le lors d’affrontements entre pêcheurs et forces de l’ordre[82]. Sa reconstruction symbolise celle d'une identité bretonne.

Un an plus tard, c'est la sortie deBrian Boru, du nom duroi d'IrlandeBrian Boru qui régna auXIe siècle, dans lequel il reprend et arrange desthèmes musicaux traditionnels, aidé par le producteurMartin Meissonnier, avec un ton résolument moderne. Pour la première fois, un titre s'inspire duhip-hop et du rap, sur la base d'une danse bretonne, nomméLet the Plinn. Sont inclus également des compositions et textes personnels, dontParlament Lament, consacré au parlement de Bretagne. Le, il est invité au concert en faveur de l'Algérie au Zénith de Paris, organisé par les chanteurs berbèreIdir et oranaisKhaled. En 1993, Idir l'avait invité sur son albumLes Chasseurs de lumière pour chanter en duoIsaltiyen, mélangeant breton etkabyle, et pour jouer de la harpe et de la cornemuse. Il effectue une grande tournée organisée par Diogène Productions – notamment un concert à Brest-Penfeld avec laKevrenn Brest Sant Mark devant 5 000 personnes dont beaucoup de jeunes, à Paris (Bataclan,Casino de Paris) et une prestation au festival rock desTrans Musicales de Rennes avecles Tambours du Bronx[83] (qui l'accompagnent également lors d'uneRave noz en 1997 à Rennes) –, conclue en 1996 devant 60 000 personnes pour laFête de l'Humanité à Paris. Il réalise une nouvelle tournée en Amérique du Nord en 1997 (Atlanta,Washington,New York,Boston,Québec,Montréal)[a 11].
En1998, toujours soucieux de placer des passerelles entre les cultures et les musiques, il sort1 Douar (« Une Terre », un village ou la planète), sur lequel il inviteYoussou N'Dour (langue wolof),Khaled (langue arabe),Jim Kerr (du groupeSimple Minds),John Cale,Paddy Moloney (desChieftains), et d’autres artistes. Résolument celte mais aussi métisse et futuriste (sample des sœurs Goadec), il est un aboutissement dans ses recherches sur le métissage musical. À la fin de l'année, il retrouve l'Olympia, où il inviteYoussou N'Dour pour un duo, et reçoit le « grand prix de la musique traditionnelle » décerné par laSACEM[n 18]. Yann Lukas, journaliste àOuest-France, pose la question de l'éloignement des registres breton et celtique par les métissages ou expérimentations[84]. Dans le même quotidien, Jean Romer note, à l'occasion du festival de Cornouaille :« Mais Stivell n'est pas qu'un mythe. Il est le futur en marche d'une musique bretonne qui rassemble toutes les influences celtes ». Ces contradictions révèlent la nécessité d'un temps d'adaptation pour le public confronté à l'évolution d'une musique, et en particulier de celle d'un artiste[a 12].1 Douar est unanimement salué à l'étranger, comme auLincoln Center de New York devant 4 000 personnes, enoutre-mer comme sur l'île deLa Réunion[e 4]. Il est également nommé auxVictoires de la musique 1999. Le, il est une des têtes d’affiche d’un grand spectacle aupalais omnisports de Paris-Bercy à l'occasion de lafête de la Saint-Patrick où prend part également l’Héritage des Celtes[85]. Devant 17 000 personnes, le concert est marqué par les retrouvailles avec Dan Ar Braz, l'hommage auxsœurs Goadec,An Alarc'h et leTri martolod final.Bretagnes à Bercy, le double-album de l’événement, réunit les plus grands musiciens bretons qui interprètent, entre autres, sept titres avec Alan Stivell.

AvecBack to Breizh, sorti en2000, au travers des compositions personnelles, Alan Stivell s'attache à rappeler ce que la Bretagne doit apporter avant tout au nouveau siècle, son identité et un retour à uneBretagne plus concrète (comme dansCeux qui sèment la mort). Stivell effectue une tournée à succès avec plus de80 dates dans dix pays, dont un passage en Bretagne sur la scène Glenmor dufestival des Vieilles Charrues[86].
En2002,Au-delà des mots est une œuvre instrumentale où les harpes sont au premier plan : il joue de six harpes différentes. C’est le Stivell harpeur[n 19] qui montre encore une nouvelle approche, où se marient des sonorités acoustiques très pures avec la création électronique assistée par ordinateur. C'est aussi, en quelque sorte, un retour aux sources, car cet album instrumental est centré sur la harpe comme sonRenaissance de la harpe celtique. Le, Alan Stivell clôt la secondeNuit Celtique devant les 68 000 spectateurs réunis auStade de France, avec unTri martolod et le final de laSymphonie celtique[87]. Il démarre en juin sa tournée internationale du50e anniversaire de la harpe celtique, qui passe par lespays frontaliers de la France, lespays celtiques, laRépublique tchèque, laTunisie et se termine en 2005[88].

En2004, pour fêter le cinquantenaire du renouveau de la harpe celtique en Bretagne, en collaboration avec Jean-Noël Verdier, Alan Stivell publieTelenn, la harpe bretonne, un livre relatant l’histoire de l’instrument. En2004 également, sort un coffret CD-DVD intituléParcours, recueil de rééditions et de nouveautés (quatre titres issus de la tournée précédente et des images inédites), qui est certifiéDVD d'or[89]. En 2006, l'astéroïde AL46, découvert en 2000, est baptiséStivell en son honneur par l'astronome tchèqueMiloš Tichý[90]. En mars2006 sort un22e album avant-gardiste, intituléExplore, où s'affirme une orientation plusélectronique et sur lequel il assure lui-même une part importante des programmations, mélangeant notamment la cornemuse électronique et son tout nouveau prototype de harpe électrique. Ce disque est accueilli avec enthousiasme par la pressehexagonale – notamment les « quatre clefs Télérama »[91], « disques de l'année » 2006 parLibération[92] – et étrangère.
Explore est suivi de trois années de tournée[93]. À l’occasion des rencontres poétiques internationales de Bretagne du, il reçoit le prix d'honneurImram pour l'ensemble de ses textes. En septembre2007, parrain de laBreizh Touch à Paris, Alan Stivell reçoit, le jour précédent, des mains deMichel Drucker, le neuvièmedisque d'or de sa carrière[94]. Pour la Saint-Patrick, en, il joue auZénith de Caen et aupalais omnisports de Paris-Bercy[95]. En juillet, il ouvre les festivités du départ duTour de France, à Brest[96], et termine sa tournée aufestival de Cornouaille à Quimper[97].

AuStade de France, le, lors de la finale de lacoupe de France de football qui oppose les deux équipes bretonnesRennes etGuingamp, Alan Stivell rejoint sur la pelouse lebagad Gwengamp pourTri martolod[98] et réussit à chanter a cappella l'hymne bretonBro gozh ma zadoù à la fin de la rencontre[99]. Le, il est élu président d'honneur duConseil culturel de Bretagne, créé à l'instigation du conseil régional et de son présidentJean-Yves Le Drian. Siégeant pour trois ans, son rôle est la communication autour de la culture bretonne[100].
Le, Alan Stivell publieEmerald, un album qui rappelle lesnoces d'émeraude (40 ans depuis son premier albumReflets) et la couleurGlaz (bleu-vert) mais également, de par les sonorités rock & folk, ses albums précédents commeBack to Breizh sorti dix ans plus tôt ouChemins de Terre paru en 1973[101]. La tournéeEmerald dure trois ans, avec la présence, sur des dates en Bretagne, de l'Ensemble choral du Bout du Monde qui interprèteMac Crimon[101].
Le, Alan Stivell reçoit le premier prix « Bro Gozh », pour sa contribution à la promotion duBro gozh ma zadoù et interprète l'hymne avec un chœur, ainsi que le poèmeBuhez ar Voraerion deYann-Ber Kalloc'h[102]. Sa prémonition de 2009 selon laquelle une troisième vague celtique arrive, incarnée par une nouvelle génération d'artistes[103], démarre de son point de vue avec le succès deNolwenn Leroy[104] qui souhaite réinterpréter, sur son albumBretonne, les chansons qui l'ont influencée en une sorte d'hommage et les faire découvrir à sa génération[105]. Il se passe un échange réciproque entre générations, elle qui a28 ans en 2011, le même âge qu'Alan Stivell en 1972. Il participe en « guest » en duo avec elle à plusieurs de ses concerts : àLa Carène (Brest), auxFrancofolies[106], auZénith de Paris, laFoire de Colmar 2012[107], au festivalMuzik'Elles.

En, deux événements marquent le40e anniversaire du concert historique d’Alan Stivell le dans la salle mythique de l'Olympia. Le,Mercury (Universal) publie un best-of,Ar Pep Gwellañ en breton, comprenant l’enregistrement remastérisé du concert de 1972. Le, Alan Stivell donne un concert exceptionnel à l'Olympia avec ses musiciens habituels auxquels s'ajoutent, en invités « spéciaux »,Dan Ar Braz etRené Werneer, tous deux déjà présents à ses côtés en 1972 (cela fait alors35 ans qu'Alan n'a pas rejoué avec René),Nolwenn Leroy et le bagadQuic-en-Groigne deSaint-Malo[108] mais aussi, en invités surprise, l'ÉcossaiseJoanne McIver,Pat O'May,Robert Le Gall (directeur musical d'Alan dans les années 1990) et Kévin Camus[109].
En paraît aussi une biographie, intituléeAlan Stivell, écrite par l'écrivain et historienLaurent Bourdelas, réactualisée en 2017[110]. Le, Alan Stivell reçoit les insignes de commandeur des Arts et des Lettres des mains de son amiClaude Lemesle, vice-président de laSacem[111]. Le sort chez Universal le CD/DVD40th Anniversary Olympia 2012[112]. Le, Alan Stivell publie chezArthaud le livreSur la route des plus belles légendes celtes coécrit avec Thierry Jolif autour de lamythologie celtique et agrémenté des photos d'Yvon Boëlle.
Divers événements musicaux, littéraires et politiques s'étant produits depuis 2012 font qu'Alan Stivell retarde la finalisation de son24e album. Le concept de l'albumAMzer (« temps ») est présenté en, avant la diffusion du clip deNEw' AMzer (« printemps ») et la sortie officielle le. Autour d'uneconception sonoreélectronique etonirique[Lequel ?], il navigue au gré des saisons et met en valeur la poésie, dont leshaïkus japonais. L'album obtient les 4 clésTélérama[113], un « coup de cœur » deL'Humanité[114] et une large diffusion malgré son caractère intimiste et expérimental. La tournée « 50+ AMzer Tour » comprend à la fois un nouveau spectacle avec les musiciens présents sur l'album et une partie anniversaire reprenant les grands titres des50 ans de carrière de l'artiste[115].

Le, au soir de laSaint-Patrick, Alan Stivell se produit à l'Olympia, avec un nouveau spectacle, après50 ans de scène[116]. Avec ce spectacle, Stivell pose les bases d'un nouveau projet – important pour lui – de mise en valeur de son large répertoire : une rétrospective qui prend la forme d'uneanthologie,Human~Kelt, comprenant des titres revisités et des titres inédits[117]. Ce25e album – auquel participe une douzaine d’invités internationaux – sort le chezWorld Village (PIAS)[118]. Latournée Human~Kelt démarre le même jour, près deLorient. Le, l'Académie Charles-Cros lui décerne le prixIn Honorem récompensant l'ensemble de son œuvre dans la catégorie « musiques du monde »[119]. Il interprète l'hymne breton sur la pelouse duRoazhon Park lors dederbys bretons en 2019 et 2020[120]. En août 2019, il est invité à jouer au festival de heavy-metalMotocultor à Saint-Nolff (Morbihan) et il y reçoit un accueil enthousiaste de la part du public métalleux.

En 2020 et 2021, Alan Stivell réarrange saSymphonie celtique afin d'en rejouer une partie avec l'Orchestre National de Bretagne, tout d'abord à l'occasion du cinquantièmefestival interceltique de Lorient 2021, puis sous le nom deCélébration 50 ans – une vie pour la Bretagne et la musique: Tournée Celtique Symphonique[121] le temps seulement de deux concerts en avril 2022 à Rennes et Paris (50 ans après l'enregistrement de l'albumÀ l'Olympia mais cette foissalle Pleyel)[122]. D'avril 2022 à mars 2023, il poursuit sa tournéeHuman~Kelt – rebaptisée pour l'occasion "Célébration" – avec son groupe dans une formule plus électrique. À l'été 2023, il effectue une mini tournée de 4 dates dans les églises et cathédrales intitulée "Kalon Hag Ene" ("Cœur & Âme")[123] et publie fin septembre son autobiographieStivell par Alan (Une vie, la Bretagne, la musique) auxéditions Ouest-France. Alan reprend les tournées en, alternant les concertsKalon Hag Ene, les concertsCélébration (avec son groupe) et les rencontres-dédicaces de son autobiographie jusqu'en octobre 2024.
D'abord prévue pour, pour puis pour le, la sortie deRoazhon - Liberté, le double album live du concert donné le auLiberté à Rennes ("Roazhon" en breton) est finalement annoncée (début septembre 2024) pour le[124]. L'album paraît chez Verycords en édition limitée sous la forme d'un digibook contenant un double CD de 20 titres, un DVD bonus d'un documentaire inédit de 30 min. et un livret de 48 pages. Il comprend une partie de la Symphonie celtique réarrangée et jouée par le groupe d'Alan Stivell, l'ONB, unbagad desonneurs, des choristes et la chanteuse Juliette Chevalier mais aussi certains de ses titres phares[125] tels queDélivrance,Brian Boru,Pop-Plinn,Tri martolod ouBro gozh.

De juin à août 2025, Alan Stivell reprend (àCarhaix) sa tournéeLiberté Tour de concerts à 10 musiciens (3 dates au total) puis, fin juin, il reprend (àRennes) sa tournée intimiste "Cœur & Âme" ("Kalon Hag Ene") de concerts en églises jusqu'en décembre 2025 (au total 5 dates principalement en Bretagne). Il annonce également (sans les dévoiler) avoir trois autres projets à offrir si le temps le lui permet[126].
Il lance pour 2026 une tournée intituléeLiberté Tour - 60 ans de carrière dont une date àL'Olympia en mai[127].
| No | Titre | Durée | |||||||
|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
| 1. | Airde Cuan | 2:22 | |||||||
| 2. | The wearing' of the green | 1:41 | |||||||
| 3. | The derry air | 1:41 | |||||||
| 4. | Eamonn an cnuic | 1:58 | |||||||
| 5. | Ye banks an' braes O'Bonnie Doon | 1:17 | |||||||
| 6. | Bonnie banks O'Loch Lomond | 1:38 | |||||||
| 7. | Areir is me go huagneach ? | 2:25 | |||||||
| 8. | A bhirlinn bharrach | 1:44 | |||||||
| 9. | Plijadur ha displijadur | 1:24 | |||||||
| 10. | Gwerz Maro Pontkalleg | 3:44 | |||||||
| 11. | Tir-nan-Og | 3:05 | |||||||
| 12. | Na reubairean | 3:00 | |||||||
| 13. | Kloareg tremelo | 2:13 | |||||||
| 14. | Una bihan | 1:06 | |||||||
| 15. | Kouskit buan ma bihan ! | 1:38 | |||||||
| 16. | Mona | 2:01 | |||||||
| 17. | Tir fo thuinn | 2:00 | |||||||
| 35 min. | |||||||||
| No | Titre | Durée | |||||||
|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
| 1. | Reflets | 4:22 | |||||||
| 2. | Suite des montagnes | 3:38 | |||||||
| 3. | Marig Ar Pollanton | 3:47 | |||||||
| 4. | Broceliande | 4:07 | |||||||
| 5. | Son Ar Chistr | 2:29 | |||||||
| 6. | Sally free and easy | 3:24 | |||||||
| 7. | Suite irlandaise | 3:07 | |||||||
| 8. | Silvestrig | 3:03 | |||||||
| 9. | Tenval an deiz | 1:40 | |||||||
| 10. | Je suis né au milieu de la mer | 3:59 | |||||||
| 33:53 | |||||||||
| No | Titre | Durée | |||||||
|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
| 1. | Ys | 3:43 | |||||||
| 2. | Marv Pontkalleg | 5:13 | |||||||
| 3. | Ap Huw / Penllyn | 6:39 | |||||||
| 4. | Eliz iza | 2:56 | |||||||
| 5. | "Gaeltacht" #01 Caitlin Triall | 0:57 | |||||||
| 6. | "Gaeltacht" #02 Port Ui Mhuirgheasa | 1:41 | |||||||
| 7. | "Gaeltacht" #03 Airde Cuan | 1:37 | |||||||
| 8. | "Gaeltacht" #04 Na reubairean | 0:39 | |||||||
| 9. | "Gaeltacht" #05 Mélodie manxoise | 0:34 | |||||||
| 10. | "Gaeltacht" #06 Heman dubh | 2:13 | |||||||
| 11. | "Gaeltacht" #07 Gaelic waltz | 2:43 | |||||||
| 12. | "Gaeltacht" #08 Struan Robertson | 0:52 | |||||||
| 13. | "Gaeltacht" #09 The little cascade | 1:14 | |||||||
| 14. | "Gaeltacht" #10 Braigh Loch Lall | 3:20 | |||||||
| 15. | "Gaeltacht" #11 Port an deorai (Suite de slips-jigs irlandaises) | 3:04 | |||||||
| 37 min. | |||||||||
| No | Titre | Durée | |||||||
|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
| 1. | Susy Mac Guire | 3:35 | |||||||
| 2. | Ian Morrisson Reel | 4:09 | |||||||
| 3. | She Moved Through The Fair | 4:24 | |||||||
| 4. | Cân y Melinydd | 1:59 | |||||||
| 5. | Oidhche Mhaith | 1:54 | |||||||
| 6. | An Dro Nevez | 3:49 | |||||||
| 7. | Marv eo ma mestrez | 3:08 | |||||||
| 8. | Brezhoneg 'Raok | 3:49 | |||||||
| 9. | An hini a garan | 4:10 | |||||||
| 10. | Metig | 4:07 | |||||||
| 11. | Kimiad | 3:34 | |||||||
| 39 min. | |||||||||

| No | Titre | Durée | |||||||
|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
| 1. | E parrez Langonned | 3:41 | |||||||
| 2. | Gavotenn Pourled | 1:52 | |||||||
| 3. | Planedenn | 3:02 | |||||||
| 4. | Ne bado ket atao | 1:53 | |||||||
| 5. | Bwthyn fy Nain | 1:27 | |||||||
| 6. | Ffarwel I Aberystwyth | 2:16 | |||||||
| 7. | Briste leathair pheadair, Mairseal a’ chearc | 1:56 | |||||||
| 8. | Dañs fisel, Gavotenn ar menez, An Sagart Cheolnhar | 2:27 | |||||||
| 9. | Bal Fisel | 1:17 | |||||||
| 10. | Deus ganin-me d’am bro | 2:46 | |||||||
| 11. | Jenovefa | 3:53 | |||||||
| 12. | Sagart O Donaill | 1:33 | |||||||
| 13. | Diougan Gwenc'hlan | 2:41 | |||||||
| 14. | Ar voraerion | 2:28 | |||||||
| 15. | Faili faili oro | 2:20 | |||||||
| 16. | Oye vie | 1:39 | |||||||
| 37 min. | |||||||||
| No | Titre | Durée | |||||||
|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
| 1. | Stock ouzh an enez | 4:08 | |||||||
| 2. | Hommes liges des talus en transe | ||||||||
| 3. | Rinnenn XX | 3:36 | |||||||
| 4. | An eur-se ken tost d'ar peurbad | 5:13 | |||||||
| 5. | Negro song | 4:14 | |||||||
| 6. | E-tal ar groaz | 5:37 | |||||||
| 7. | Ar chas doñv'yelo da ouez | 1:50 | |||||||
| 40 min. | |||||||||
| No | Titre | Durée | |||||||
|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
| 1. | Ar Gelted kozh | 4:29 | |||||||
| 2. | Ar Vritoned 'ba' Inis Breizh | 1:59 | |||||||
| 3. | Ar Vritoned d'an Arvorig | 1:26 | |||||||
| 4. | Rouantelezh Vreizh | 3:22 | |||||||
| 5. | Dugelezh Vreizh | 3:04 | |||||||
| 6. | An Aloubidigezh Gant Bro-C'Hall | 1:03 | |||||||
| 7. | Emsawadegoù | 2:11 | |||||||
| 8. | Dispac'h Bro-C'hall ag an 19vet kantwed | 2:26 | |||||||
| 9. | Lodenn gentañ an ugentwed kantwed | 2:36 | |||||||
| 10. | Eil lodenn an ugentwed kantwed | 2:33 | |||||||
| 11. | Da Ewan | 4:09 | |||||||
| 12. | Marw ewid e fobl | 3:18 | |||||||
| 13. | Gwriziad Difennet | 4:08 | |||||||
| 14. | Naw Breton 'ba' prizon | 5:01 | |||||||
| 15. | Tamm-kreiz new' | 1:34 | |||||||
| 16. | Plinn-slogan | 3:12 | |||||||
| 47 min. | |||||||||
| No | Titre | Durée | |||||||
|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
| 1. | Trinquons nos verres | 4:18 | |||||||
| 2. | Ar Wezenn awaloù | 4:31 | |||||||
| 3. | Henchoù kuzh | 2:45 | |||||||
| 4. | Tabud Kemper | 3:12 | |||||||
| 5. | Warlec'h koan | 2:35 | |||||||
| 6. | An try marrak | 5:48 | |||||||
| 7. | 'Tal an tan | 5:20 | |||||||
| 8. | An nighean dubh | 3:10 | |||||||
| 9. | Slán Chearbhallain | 1:13 | |||||||
| 10. | Inisi hanternos | 3:09 | |||||||
| 34 min. | |||||||||
| No | Titre | Durée | |||||||
|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
| Kelc' h Unan : Premier cercle | |||||||||
| 1. | Beaj | 4:38 | |||||||
| 2. | Hiraezh Gwerz 1 | 3:22 | |||||||
| 3. | Loc'h ar goulenn | 3:43 | |||||||
| 4. | Divodan | 10:16 | |||||||
| Kelc' h Daou : Deuxième cercle | |||||||||
| 1. | Emskiant | 3:46 | |||||||
| 2. | Kendaskren | 4:01 | |||||||
| 3. | Imram | 8:53 | |||||||
| 4. | Dilestran | 4:16 | |||||||
| Kelc' h Tri : Troisième cercle | |||||||||
| 1. | Ar c'hammoù kentan | 4:02 | |||||||
| 2. | Ar geoded skedus | 5:26 | |||||||
| 3. | Ar bale trema'r geoded | 6:41 | |||||||
| 4. | Ar geoded skedus (suite) | 1:03 | |||||||
| 5. | Gouel hollvedel I | 4:08 | |||||||
| 6. | Gouel hollvedel II | 4:41 | |||||||
| 7. | Gouel hollvedel III | 5:41 | |||||||
| 8. | Gouel hollvedel IV | 3:09 | |||||||
| 9. | An distro | 0:40 | |||||||
| 69 min. | |||||||||
| No | Titre | Durée | |||||||
|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
| 1. | Terre des vivants | 4:40 | |||||||
| 2. | Rentrer en Bretagne | 4:08 | |||||||
| 3. | Beg Ar Van | 8:51 | |||||||
| 4. | M.J. | 2:43 | |||||||
| 5. | 'Raog Mont D'Ar Skol | 3:33 | |||||||
| 6. | Androïdes | 2:24 | |||||||
| 7. | Ideas | 1:32 | |||||||
| 8. | Androïdes | 1:18 | |||||||
| 9. | Hidden Through The Hills | 1:52 | |||||||
| 10. | Cameronian Rant | 1:39 | |||||||
| 11. | Q Celts Fiesta | 3:36 | |||||||
| 12. | L'Ère du Verseau | 4:06 | |||||||
| 40 min. | |||||||||
| No | Titre | Durée | |||||||
|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
| Part I : « Si j'avais 1 000 ans », musique du film de Monique Enckell | |||||||||
| 1. | Tour an Arvor(A) | 2:16 | |||||||
| 2. | Marc'heien(Chevaliers) | 2:58 | |||||||
| 3. | Barn(Condamnation) | 3:44 | |||||||
| 4. | Azenor | 2:31 | |||||||
| 5. | Sawen(nom ancien pourGouel ar sent, laToussaint) | 2:06 | |||||||
| 6. | Tour an Arvor(B) | 1:09 | |||||||
| 8. | Part II | ||||||||
| 7. | Eireog Shineidin(Yarig Chanedig en breton) | 1:47 | |||||||
| 8. | Immram Brain(Le voyage de Bran) | 4:15 | |||||||
| 11. | Part III : La venue des peuples « dieux » : Teacht na dtuatha dé | ||||||||
| 9. | Les peuples "dieux" de Danu(Tuatha dé Danann) | 3:53 | |||||||
| 10. | Dagda & Morrigan | 3:33 | |||||||
| 11. | Eriù | 1:50 | |||||||
| 12. | Sa charn(Dans le tertre) | 2:56 | |||||||
| 13. | Aisling Aengusa(Le songe d'Angus) | 4:33 | |||||||
| 14. | Comflaithius(Le pacte) | 2:29 | |||||||
| 15. | Au-delà des 9 vagues : « Dar noi tonna »(Taobh thall de naoi dtonn) | 2:36 | |||||||
| 42 min. | |||||||||
| No | Titre | Durée | |||||||
|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
| 1. | Musique Sacrée | 6:17 | |||||||
| 2. | Dor I : Musique expérimentale (Traol-arnod) | 0:25 | |||||||
| 3. | Piberezh | 8:15 | |||||||
| 4. | Dor II : Improvisation (Taol-prim) | 3:01 | |||||||
| 5. | Rory Dall's Love Tune (ou Tabhair dom Do Lamh) | 3:13 | |||||||
| 6. | Kervalan | 0:46 | |||||||
| 7. | Luskellerezh (Berceuse, balancement) | 2:32 | |||||||
| 8. | Dihun'ta ! (Réveille-toi !) | 0:55 | |||||||
| 9. | En dro Inis-Arzh (Autour de l'Île d'Arz) | 2:06 | |||||||
| 10. | Dañs Fanch Mitt | 2:14 | |||||||
| 11. | Suite éossaise | 3:44 | |||||||
| 12. | Dor III : Harp'noun ! (Aide-moi !) | 1:55 | |||||||
| 35 min. | |||||||||
| No | Titre | Durée | |||||||
|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
| 1. | La Dame du Lac | 4:31 | |||||||
| 2. | Morgan | 2:27 | |||||||
| 3. | Camaalot (Hymn I) | 3:24 | |||||||
| 4. | Guenievre | 4:31 | |||||||
| 5. | Le chant de Taliesin | 3:01 | |||||||
| 6. | La blessure d'Arthur | 2:04 | |||||||
| 7. | Le Val Sans Retour | 3:48 | |||||||
| 8. | Belenton | 2:47 | |||||||
| 9. | Olwen | 4:01 | |||||||
| 10. | Quest | 4:10 | |||||||
| 11. | An advod | 2:34 | |||||||
| 12. | Horses on the hill | 5:22 | |||||||
| 13. | Strink ar Graal | 4:40 | |||||||
| 14. | From Avallac'h | 3:40 | |||||||
| 15. | Gaelic tribes gathering | 3:03 | |||||||
| 16. | The return (Hymn II) | 5:25 | |||||||
| 59 min. | |||||||||
| No | Titre | Durée | |||||||
|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
| 1. | Suite Sudarmoricaine | 3:24 | |||||||
| 2. | An Dro /Tha mi sgìth | 3:27 | |||||||
| 3. | Ar An Garraig / Telenn Wad | 2:10 | |||||||
| 4. | The Foggy Dew | 3:04 | |||||||
| 5. | Suzy Mc Guire | 4:31 | |||||||
| 6. | Suite Irlandaise | 4:07 | |||||||
| 7. | Spered Hollvedel | 4:25 | |||||||
| 8. | Son Ar Chistr | 3:12 | |||||||
| 9. | Marv Ma Mestrez | 4:03 | |||||||
| 10. | Kimiad | 4:31 | |||||||
| 11. | Suite Des Montagnes | 2:42 | |||||||
| 12. | Metig | 3:34 | |||||||
| 13. | Pop-Plinn | 3:13 | |||||||
| 14. | Bal-ha-Dans Plinn | 3:48 | |||||||
| 15. | O'Neil's March / The King Of The Fairies | 2:50 | |||||||
| 16. | Ian Morrisson Reel | 5:01 | |||||||
| 17. | Tri Martolod | 3:25 | |||||||
| 61 min. | |||||||||
| No | Titre | Durée | |||||||
|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
| 1. | Brian Boru | 5:31 | |||||||
| 2. | Let the Plinn | 4:26 | |||||||
| 3. | Mná na hÉireann | 3:48 | |||||||
| 4. | Ye Banks And Braes | 4:06 | |||||||
| 5. | Mairi's Wedding | 5:55 | |||||||
| 6. | Cease Fire | 3:33 | |||||||
| 7. | De' ha bla' | 2:46 | |||||||
| 8. | Sword Dance | 7:34 | |||||||
| 9. | Parlamant Lament | 4:05 | |||||||
| 10. | Lands of My Fathers | 3:48 | |||||||
| 45 min. | |||||||||
| No | Titre | Durée | |||||||
|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
| 1. | A United Earth I (March) | 5:33 | |||||||
| 2. | La mémoire de l'humain | 4:12 | |||||||
| 3. | Hope | 4:30 | |||||||
| 4. | Ensemble(Understand) | 4:28 | |||||||
| 5. | Crimes | 4:03 | |||||||
| 6. | A United Earth II | 4:35 | |||||||
| 7. | Scots are right | 4:52 | |||||||
| 8. | Ever | 4:22 | |||||||
| 9. | Kenavo Glenmor | 5:00 | |||||||
| 10. | Una's Love | 4:57 | |||||||
| 11. | Aet on | 7:16 | |||||||
| 12. | A United Earth III | 5:27 | |||||||
| 59 min. | |||||||||
| No | Titre | Durée | |||||||
|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
| 1. | Vers les îles et villes de verre | 3:46 | |||||||
| 2. | Rêves | 3:22 | |||||||
| 3. | Ceux qui sèment la mort | 3:42 | |||||||
| 4. | Arvor you | 4:47 | |||||||
| 5. | Rock harp | 2:56 | |||||||
| 6. | Skoit 'n treid | 3:25 | |||||||
| 7. | Iroise | 3:45 | |||||||
| 8. | E Kkeiz hag endro | 3:10 | |||||||
| 9. | Back to Breizh ! | 4:01 | |||||||
| 10. | Harpe de vies | 2:12 | |||||||
| 11. | Brian Boru | 4:41 | |||||||
| 12. | Armoricaine (Suite) | 4:35 | |||||||
| 45 min. | |||||||||
| No | Titre | Durée | |||||||
|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
| 1. | La harpe, l'eau, le vent (A) | 6:04 | |||||||
| 2. | La Celtie et l'infini (A) | 2:20 | |||||||
| 3. | La Celtie et l'infini (B) | 5:34 | |||||||
| 4. | Dihun Telenn vMarzhin | 2:06 | |||||||
| 5. | La harpe et l'enfant | 5:54 | |||||||
| 6. | Bleimor, le bagad | 6:32 | |||||||
| 7. | Gourin-Pontivy | 4:48 | |||||||
| 8. | Des hauts de Cornouaille | 6:10 | |||||||
| 9. | Les gammes de la tristesse | 6:12 | |||||||
| 10. | Et les feuilles repousseront... | 4:46 | |||||||
| 11. | Demain matin chez O'Carolan | 2:28 | |||||||
| 12. | Harpe Atlantique, La route de l’étain | 6:26 | |||||||
| 13. | La Celtie et l'infini (С) | 2:58 | |||||||
| 14. | La harpe, l'eau, le vent (B) | 5:27 | |||||||
| 68 min. | |||||||||
| No | Titre | Durée | |||||||
|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
| 1. | Miz Tu (Novembre) | 3:55 | |||||||
| 2. | Là-bas, Là-bas | 6:24 | |||||||
| 3. | You Know It (Anao'rit) | 4:35 | |||||||
| 4. | Té (Beyond Words) | 5:58 | |||||||
| 5. | They | 5:02 | |||||||
| 6. | Into | 1:19 | |||||||
| 7. | Druidic Lands | 5:44 | |||||||
| 8. | Menez | 5:43 | |||||||
| 9. | Explore | 2:38 | |||||||
| 10. | Un Parfait Paradis | 6:05 | |||||||
| 47 min. | |||||||||

| No | Titre | Durée | |||||||
|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
| 1. | Brittany's - Ar bleizi mor | 5:56 | |||||||
| 2. | Lusk (Skye Boat Song) | 4:08 | |||||||
| 3. | Marionig | 3:29 | |||||||
| 4. | Tamm ha tamm (Rennes, Nantes & Brest) | 3:16 | |||||||
| 5. | Gaels' Call (Glaoch na nGael) | 6:07 | |||||||
| 6. | Harplinn | 4:13 | |||||||
| 7. | Goadec Rock | 5:17 | |||||||
| 8. | Eibhlin (Eileen a Roon) | 6:52 | |||||||
| 9. | Aquarelle (Er penn all d'al lanne) | 3:44 | |||||||
| 10. | An hirañ noz - All Through The Night (Noël, espoir - Ar hyd y nos) | 4:41 | |||||||
| 11. | Mac Crimon 1 | 2:23 | |||||||
| 12. | Mac Crimon 2 | 4:51 | |||||||
| 13. | Mac Crimon 3 | 2:58 | |||||||
| 57 min. | |||||||||
| No | Titre | Durée | |||||||
|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
| 1. | NEw' AMzer(Spring) | 4:44 | |||||||
| 2. | Other Times – AmZErioù all(Haïku de printemps) | 3:16 | |||||||
| 3. | Matin de printemps – Kesa no haru(Haïku de printemps 2) | 6:41 | |||||||
| 4. | MINtin NEw' HAÑv(Haïku de printemps 3) | 2:31 | |||||||
| 5. | Au plus près des limites – Je marcherai(An tostañ d'an harzoù – Near By The Bounds) | 5:16 | |||||||
| 6. | Postscript | 5:39 | |||||||
| 7. | KAla GoAÑv - Calendes d'hiver(As A Tribute 1 - electroacoustic experimental) | 3:00 | |||||||
| 8. | What Could I Do ?(As A Tribute 2) | 4:32 | |||||||
| 9. | KErzu – December(As a tribute 3 - electro experimental) | 5:19 | |||||||
| 10. | Purple Moon | 7:46 | |||||||
| 11. | Halage | 2:52 | |||||||
| 12. | Echu ar GoAÑv ? - Till Spring ? | 3:13 | |||||||
| 55 min. | |||||||||
| No | Titre | Durée | |||||||
|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
| 74 min. | |||||||||
| No | Titre | Durée | |||||||
|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
| 1. | The wind of Keltia | 3:42 | |||||||
| 2. | An-dro | 3:07 | |||||||
| 3. | The trees they grow high | 3:04 | |||||||
| 4. | An Alarc'h(Le Cygne) | 2:25 | |||||||
| 5. | An durzhunnel | 3:23 | |||||||
| 6. | Telenn gwad / The foggy dew | 3:57 | |||||||
| 7. | Pop Plinn | 3:37 | |||||||
| 8. | Tha mi sgith | 4:22 | |||||||
| 9. | The king of the fairies | 3:20 | |||||||
| 10. | Tri martolod | 4:27 | |||||||
| 11. | Kost ar c'hoad | 3:54 | |||||||
| 12. | Suite Sudarmoricaine | 3:29 | |||||||
| 43 min. | |||||||||
| No | Titre | Durée | |||||||
|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
| 1. | Spered hollvedel (Esprit universel) | 3:58 | |||||||
| 2. | Délivrance | 2:00 | |||||||
| 3. | Ha kompren't 'vin erfin ? | 2:56 | |||||||
| 4. | Teñwal eo'r bed | 2:13 | |||||||
| 5. | Digor eo an hent | 2:36 | |||||||
| 6. | Debhair an rinceoir / Jig Gwengamp | 3:22 | |||||||
| 7. | Pachpi kozh / Pachpi new' | 3:41 | |||||||
| 8. | Laridenn ar frankiz / Mairseal òNeil | 3:14 | |||||||
| 9. | Ton-bale Pourled / Haou | 2:39 | |||||||
| 10. | Bal ha dañs Plinn | 5:13 | |||||||
| 11. | An droioù | 2:03 | |||||||
| 34 min. | |||||||||
| No | Titre | Durée | |||||||
|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
| 1. | Ar c'hoant dimezin (Vouloir se marier - I want to marry) | 3:51 | |||||||
| 2. | Rouantelezh Vreizh (Le royaume de Bretagne - The Breton Kingdom) | 3:36 | |||||||
| 3. | Dugelezh Vreizh (Le duché de Bretagne - The Breton Duchy) | 3:24 | |||||||
| 4. | Stok ouzh an enez (En vue de l'île - Close to the island) | 6:11 | |||||||
| 5. | Liegemen of the trembing slopes (Hommes liges des talus en transe) | 5:44 | |||||||
| 6. | We shall survive | 5:07 | |||||||
| 7. | Cailin og deas | 1:59 | |||||||
| 8. | O'Carolan's farewell - The musical priest | 3:24 | |||||||
| 9. | An nighean dubh (La fille aux cheveux noirs - The black haired girl) | 4:22 | |||||||
| 10. | Fest-hypnoz | 4:51 | |||||||
| 42 min. | |||||||||
| No | Titre | Durée |
|---|
| No | Titre | Durée |
|---|---|---|
| 1. | Symphonie celtique n°2 - Beaj | |
| 2. | Symphonie celtique n°2 - Extraits hiraezh & beaj (suite) | |
| 3. | Symphonie celtique n°2 - Loc'h | |
| 4. | Ys | |
| 5. | Eibhlin | |
| 6. | Rory dall (tabhair dom do lamh) | |
| 7. | A hed an nos | |
| 8. | Son ar chistr / cheers (symphonique) | |
| 9. | Spered hollvedel (symphonique) | |
| 10. | Délivrance (symphonique) | |
| 11. | Cease Fire (symphonique) | |
| 12. | Brian Boru (symphonique) | |
| 13. | Pop-Plinn (symphonique) | |
| 14. | Symphonie celtique n°2 - Gouel 1 (galv) | |
| 15. | Symphonie celtique n°2 - Gouel 2 (sonas) | |
| 16. | Symphonie celtique n°2 - Gouel 3 (dorn-ha-dorn) | |
| 17. | Symphonie celtique n°2 - Gouel 3 (an disoc'h) / Symphonie celtique n°2 - An chathair ghleagheal | |
| 18. | Kimiad (symphonique) | |
| 19. | Tri martolod (symphonique) | |
| 20. | Bro gozh (symphonique) |
Alan Stivell est, dès le départ, imprégné par son environnement musical : tout jeune, ce fut d’abord les compositeursclassiques et il entendait lejazz diffusé par la radio. Les musiques du monde étaient aussi présentes dès l’enfance : les musiques d’Afrique du Nord étaient diffusés dans les nombreux cafés maghrébins qu’il croisait ; il s’intéressait plus particulièrement aux musiques des Andes qui passaient lors de colonies de vacances et aussi à la radio ; un peu plus tard, des rapprochements entre musiques celtique et d’Extrême-Orient l’interpelait. Il fut ensuite nettement marqué par lefolk et lerock américain et plus généralement par la musique populaire de sa génération (après les Shadows, ce fut les Beatles, puis Dylan, Donovan, Joan Baez, moins attiré par la chanson française, il ne détestait pas Polnareff, Brel, Brassens, les chansons engagées, etc.). L’influence indienne dans la musique pop britannique du milieu des années 1960 finit de le convaincre de se lancer lui-même.
La presse de l'époque (La Croix,L'Humanité,Rock & Folk, etc.) a parlé d’Alan Stivell comme d'un nouveaubarde ayant propulsé une musique bretonne et celtique moderne en France. Pour lui, le contact des cultures est un enrichissement réciproque, chacune conservant néanmoins ses différences propres qui sont essentielles[128]. Dans la musique, il cherche à cerner ce qui fait vraiment la particularité de l'expression musicale d'un peuple. Même si des éléments proviennent parfois de l'extérieur, il regarde les similitudes et voit comment une culture se différencie d'une autre[129].« Depuis quarante ans je répète que ce qui est breton, c'est la manière dont les gens interprètent la musique, comment ils transforment les choses »[129]. Car il précise, dans son livreRacines interdites, que l'« on retrouve des rythmes, comme celui de l'An-dro, en Écosse, en Bretagne et au-delà des mers, en Afrique ou en Chine ».
Alan Stivell est donc porté sur les racines et montre qu’il n’y a pas contradiction à rechercher une musique universelle, sans frontières : sociales (musique populaire/musique savante), temporelles (musiques antiques, ethniques, traditionnelles/musiques actuelles, contemporaines), sociologiques (campagnes/villes), culturelles et techniques (oralité/compositions/improvisations), géographiques (terroirs/continents, Bretagne/Monde, Orient/Occident)[130]. C'est ainsi qu'il a cherché à populariser sur tous les continents une musique chantée principalement dans une langue « minoritaire », mettant en valeur les richesses particulières de son pays et de ses cousins celtes, en osant les imprégner des saveurs du monde entier[131]. Il réunit des dualismes comme les musiques d’héritage et improvisées, les courants folk acoustique et pop électrique, la musique classique et le rock, les musiques traditionnelles orales et les musiques contemporaines, du chant a cappella ou électronique : chercheur et inventeur, il réalise des fusions (Rock 'n World,ethno,Cross-over)[132]. Sa musique évolue ainsi, à chaque album et tournée[128]. Finalement, il a facilité l'émergence des autres cultures dites régionales (de la Corse à la Galice en passant par le Maghreb et l’Italie) et il a été acteur majeur dans l'ouverture vers les musiques du monde[Cit. 1].
Dès le début, il se consacre à la culture celtique : il interprète aussi bien des morceaux gallois, irlandais, écossais que bretons et s'intéresse à lamusique médiévale. Il fait redécouvrir la harpe celtique. À la harpe bardique, il s’exerce un peu à la technique ancienne aux ongles, mais créé et développe surtout un jeu très personnel (picking d'influence folk proche du jeu de lakora africaine,bends etbottleneck d'influences blues). L'adoption, chez certaines stars pop britanniques, dusitar indien au milieu des années 1960, est un des éléments qui aura probablement aidé Alan à imposer sa harpe bardique au grand public. Il cherche aussi à comprendre et étudier de façon rationnelle les peuples delangues celtiques et leur musique[f 2]. Au sens ethnomusicologique, il constate des caractéristiques communes et des critères propres à cette musique, même si ces différences sont en grande partie gommées par les fortes influences extérieures aux pays celtes[a 13]. On peut ainsi conserver ce qui est fort et commun dans laCeltie et avoir des échanges mutuels grâce aux relationsinterceltiques[128]. Sa maîtrise de la cornemuse écossaise aura aussi eu un rôle majeur dans son interprétation y compris vocale et sa création, renforçant son influence gaélique.

Adolescent, il apprend la langue bretonne, ses instruments et ses danses. Il joue dans lebagad Bleimor dont il devient le penn-soner (chef d'orchestre) bien que la direction reste collégiale : écriture de nombreux arrangements innovateurs et des compositions que, souvent, il réutilisera. Il fait la promotion du métissage musical et culturel dans les bagadoù, bien sûr avec l’influence des pays gaéliques, mais plus largement aussi. Depuis laPremière Guerre mondiale, le folklore et le tourisme[133] avaient peu à peu concurrencé une tradition plus authentique. Et, depuis le milieu duXXe siècle, une grande majorité de bretons s’était détourné de la musique et de la danse bretonnes. Selon Alan Stivell, pour retrouver une dignité et une identité, le retour aux sources d'une musique populaire était nécessaire, avec plus d'authenticité tout en étant vivante[134]. Comme chez les anglo-saxons, les paroles sont inféodées à la musique : les particularités de la langue bretonne, ses sonorités, accentuations des mots et des phrases, rythmiques, participent à son travail sur le chant[135].
Ainsi, il lance un nouveau mouvement musical, un mouvement historique et sociétal dépassant le domaine musical, à la fois par de nouveaux mélanges instrumentaux et par un travail de communication professionnel. Une partie de son travail a été de revisiter et d'adapter des airs, des chants, des traditionnels, comme l’arrangement du fameuxTri martolod :« En danse comme en musique, l'évolution devrait passer par un ressenti et une analyse de ce qu'est vraiment la pulsation et le swing propre, par opposition aux schémas, figures, structures, par lesquelles il faut bien passer, mais qui font oublier à tous ou presque l'essentiel. »[136] C'est-à-dire que les morceaux qui possèdent un poids ethnique, quelles que soient l'interprétation et l'instrumentation, possèdent une originalité identifiable[135]. Même si la musique instrumentale permet de se libérer et s'exprimer personnellement, les chansons lui permettent d'évoquer le contexte social, politique et culturel de la Bretagne[137].En inscrivant les grandes lignes de la musique traditionnelle dans le sillage de la contemporanéité anglo-saxonne, il a fait de sa différence un atout pour permettre de penser un futur musical (et politique) réapproprié[Cit. 7].
Dès son enfance, sa formation classique (piano et harpe) le dirige vers les compositeurs classiques dont la musique comportait des thèmes populaires traditionnels, commePaul Le Flem,Guy Ropartz,Jef Le Penven,Pierre-Yves Moign,Alexandre Borodine etBéla Bartók. Les arrangements que lui ont écrit son père etDenise Mégevand allaient dans cette démarche celto-classique (de même queSeán Ó Riada, annonçantThe Chieftains)[138]. Alan Stivell avait, alors, l'idée de créer une« grande » musique bretonne, fusionnant la musique traditionnelle à la musique classique et abaissant ainsi les frontières sociales. Il veut montrer aussi que la culture rurale et orale est aussi subtile que la culture dite savante. Dès l'âge de14 ans, il commence à réfléchir aux bases de saSymphonie celtique : Tír na nÓg et d'autres œuvres dans cette mouvance (Ys…). Il entreprend à l'époque unecantate, non achevée.

En 1957 ou 58, Alan Stivell entend pour la première fois des guitares électriques. Celles-ci utilisent beaucoup desgammes pentatoniques qui lui rappellent la musique celtique. Il avait, avec son père, déjà décelé dans la musique de western, et dans les negro-spirituals, une forte influence celtique[c 3]. D'unemusique de variétés latine fabriquée pour le peuple et aux antipodes de la musique celtique, il découvre, venant des États-Unis, un phénomène urbain qui est une évolution naturelle de la musique traditionnelle rurale (blues,country, etc.)[d 2]. Il projette alors de faire du rock breton, une musique populaire vraiment moderne. Avec la découverte du groupeThe Shadows, son projet se précise. Il dessine déjà des projets de harpes électriquessolid-body[139]. La périodeBeatles renforce son idée d’un groupe de Pop-rock breton. En 1964, la construction d’uneharpe bardique à cordes métalliques lui permet de mettre son idée en marche, amplifiant comme il peut l’instrument, utilisant quelques pédales d'effets électronique pour guitare, jusqu'à ce qu'il puisse faire réaliser ses premières véritables harpes électriques. Il a le plus souvent fait réaliser des harpes électro-acoustiques[140]. Les harpes qu'il a imaginées ont l'avantage d'un aussi beau son acoustique qu'électrique. Des luthiers et des entreprises lui emboîteront le pas. La tâche s'annonçait rude tant la Bretagne était aux antipodes de la musique bretonne et du folk américain, lequel séduisait déjà le milieu intellectuel et étudiant à Paris, baignant encore dans le« cha-cha-cha »[d 2].
Dès la deuxième moitié des années 1960 et son démarrage, il est reconnu par les artistes de la scène rock hexagonale et anglo-saxonne (Magma,Moody Blues, etc.) et joue sur les scènes et dans les festivals rock. Selon lui, le contexte du rock laisse plus de liberté d’interprétation[141] : il aime une certaine simplicité des bases rock auxquelles il superpose toute la fantaisie et subtilités de ses interprétations, chose qui lui paraît moins évidente à travers lejazz. Il est le premier, tout au moins en Europe continentale, à réaliser cette fusionrock celtique. Il le fera nécessairement avec des musiciens qui n'avaient pas la même culture musicale[141]. Il sera même le seul au monde à prôner aussi une fusion des musiques celtiques. Tout en continuant d'aimer les musiques plus calmes et les arrangements de thèmes traditionnels, il a ouvert la voie sans brûler les étapes[142]. Pour exemple, l'instrumentalRock Harp sur l'albumBack to Breizh joue sur la confusion de la guitare et de la harpe qui alterne avec un sonfolkacoustique ou dedistorsion propre à la guitare électrique.
Enfant, son premier contact avec lesmusiques du monde,maghrébines et duProche-Orient , se situe à Paris dans son quartier du20e arrondissement,sud-américaines lors de colonies de vacances et fortuitement chinoise, japonaise[b 3]. Il est, tout de suite, intrigué par des ressemblances entre la musique celtique et les différentes musiques extra-européennes. Il est, par ailleurs, le premier, voire le seul, à aller s'immerger dans la musique de toute la Celtie, sans frontières[f 2].
Dès ses premiers albums, il introduit des instruments et influences d’autres continents :tablas dansRenaissance de la harpe celtique,kena dansÀ l’Olympia,sitar etdjembé dansJournée à la maison, des influences de toute la planète dans saSymphonie Celtique ou1 Douar (rencontre avec de nombreux artistes : Khaled, Youssou N'Dour, Jim Kerr, Kate Bush, sans pour autant oublier les sœurs Goadec). Dans sa démarche, il mélange les musiques du monde entier, sans se soucier du temps et de l'espace. Les cultures qui l'ont influencées se marient qans qu'elles perdent complètement leurs spécificités[143]. Il est l'un des précurseurs de laWorld Music. Lui revient, en plus sa conceptualisation, avant que le terme existe (il décrit cette musique dans la présentation deReflets, en employant le terme « musique ethno-moderne », précisant qu'elle serait faite d'inter-influences)[144].
Dès l'utilisation de sa harpe à cordes métalliques, les résonances très longues, « envoûtantes » par leurphasing naturel, la richesse des harmoniques, la profondeur des graves et les très longues résonances, ont amené Alan à des improvisations, évoquant avant l'heure le stylenew age. Des morceaux commeYs,Inisi Hanternoz, une bonne partie de laSymphonie Celtique, deLégende, deHarpes du Nouvel Âge et deThe Mist of Avalon, le fait voisiner cette tendance ou ses variantesambient oulounge. Les albumsAu-delà des mots etAmzer baignent également dans cette atmosphère plutôt zen.
Depuis l'enfance, Alan a une attirance pour les innovations techniques : idées de harpe électrique, claviers (en attendant les cornemuses) électroniques,boîtes à rythmes,samplers (l'« auto-sampling », c'est-à-dire l'enregistrement par soi-même en couches successives), recherches de systèmeMIDI pour harpe,programmations, créations assistées par ordinateur (MAO). C’est un autre aspect de ses innovations dans le monde musical celte. Dès 1979, et sa Symphonie Celtique, il amène des apports « technoïdes », dont les boucles répétitives (loops) et le sample[145]. Il introduit les premières couleurship-hop,jungle etrap dès l'albumAgain et surtout dansBrian Boru, puis dans1 Douar. Toutefois, comme pour le rock, il utilise ces influences, parmi d’autres, sans s’y intégrer totalement, sans renier sa liberté totale. Il en est de même pour des expériences, comme lescratch dansBack to Breizh. Cet aspect « musiques actuelles » est peut-être déstabilisant pour certains de ses anciens fans, à qui il avait donné le goût de la musique traditionnelle. Pourtant, si on suit au plus près sa démarche, on comprend qu’elle est absolument cohérente et qu’il reste fidèle à une philosophie dont il n’a jamais dévié[146].
Alan Stivell chante dans la plupart deslangues celtiques (breton,irlandais,gaélique écossais,gallois,cornique), auxquelles s'ajoutent lefrançais et l'anglais.En effet, la langue impose ses accentuations à la musique. Selon lui, un inter-celtisme musical existe notamment grâce à cela. Par exemple, il y a une forte parenté entre lessyncopes écossaises, galloises et bretonnes, celles-ci directement liées auxaccents toniques, comme bien d'autres inter-influences entre langue et musique. Les accents toniques du breton (si on met à part leVannetais) sont très accentués et Alan Stivell y tient beaucoup, comme à des richesses phonétiques que l’environnement francophone tend à affaiblir :« Je chante surtout en breton. La langue bretonne s'harmonise mieux que n'importe quelle autre avec ma musique. Elle a une place majeure dans mon combat. [...] Le texte pousse plutôt à une communication cérébrale. Chanter breton à des non-bretonnants, c’est les obliger à passer par une autre forme de communication, intuitive, sensible. »[d 3]. Sur le plan littéraire, Alan Stivell procède par juxtaposition de touches colorées telle que lapeinture non figurative, car il affectionne le choc des mots, favorisé par la suppression de l'article, qui « impressionne » l'oreille : le sens est subordonné à l'effet, sans qu'il y ait pour autant incompréhension puisque l'idée générale subsiste. Robert Marot fait le lien avec lapoésie irlandaise primitive qui converge vers la commotion poétique[147]. Comme en musique, Alan aime non seulement jongler avec les langues (parfois se mélangeant dans une même chanson), mais aussi les styles d’écriture, allant de la plus grande simplicité à l’inverse, mélangeant parler quasi argotique et langue littéraire et passant par différents niveaux de lecture. Parfois il utilise quelques ressemblances phonétiques du breton et de l’anglais, même de faux-amis, pour allier plus naturellement musique « anglo-saxonne » et paroles bretonnes. Il lui est arrivé d’utiliser un vocabulaire choisi pour une intercompréhension gaélique-breton (Brian Boru) .
Plusieurs textes sont liés à sa famille. La chansonM.J. (Terre des vivants) est dédiée à sa compagne de toujours Marie-José (une vie commune depuis 1969),Da Ewan (Raok dilestra) est dédiée à son premier fils Ewan (né en 1976),Raok mont d'ar skol (Terre des vivants) à son deuxième fils Gwenvael (né en 1979)[a 14],Là-bas, là-bas (Explore) à sa mère Fanny. L'albumTreman'n Inis est un hommage à son père : Stivell y interprète deux poèmes écrits par celui-ci, avec laTelenn Gentañ, harpe celtique qui a suscité la renaissance.
« La musique est pour moi le meilleur moyen d'échange »[d 3]. Sa quête est inspirée par la mémoire des mondes dont la musique a gardé unegamme pentatonique universelle, un langage commun. Le mode pentatonique, en musique bretonne comme irlandaise, est présent dans d'autres cultures, qui partagent en commun une même culture du rythme et de la transe par la danse, notamment en Chine, en Afrique et en Europe de l'Est. La musique celtique se rapproche deséchelles défectives (moins de sept notes dans l'écart gammique), naviguant entre le pentatonique (cinqdegrés) et lediatonique (sept degrés). La musique celtique a des caractéristiques propres, qu'il tente de définir dans son livreTelenn, la harpe bretonne : intervallesnon-tempérés,rubato (accélérés, décélérés) qui donne l'impression de se jouer dutempo (présent dans les mélodies oumarches traditionnelles bretonnes avec desbagadoù par exemple, dans le chant irlandaissean-nós ou gaélique), importance du « tuilage » dans le chant (kan ha diskan notamment), structures de bases simples maiscycles rythmiques complexes et superposés[a 13]. Certainsmodes sont privilégiés, comme celui de sol qui est la base de la cornemuse écossaise. La musique bretonne tire ses caractéristiques de sa tradition orale populaire, et les répertoires de ses instruments sont issus du chant collectif (marches, danses)[148].
En phase avec l'avancée des nouvelles technologies, Alan Stivell commence à travailler sur ordinateur dès le milieu desannées 1980, ce qui lui permet d'explorer en autonomie ses enregistrements, avecCubase notamment. La technologie numérique lui offre plus de spontanéité ; en branchant directement sa harpe et sonsynthé, il peut improviser des futures compositions, comme sur les bandes qu'il avait créées pour le film d'Arte où il a l'idée de la chansonUna's Love avec Breda Mayok et celle avec lessœurs Goadec[129]. Il utilise des systèmesMIDI pour ses harpes, cornemuses, synthés... Mais il souhaite que la musique traditionnelle perdure, dans lesfestoù-noz notamment et qu'elle soit mise en valeur pour s'enraciner :« Ce n'est pas parce que l'on fait de la musique d'avant-garde qu'on n'a pas besoin de la musique vraiment traditionnelle, le chant a cappella, lagwerz, lekan ha diskan et le biniou/bombarde... »[129]. Au sujet des festoù-noz, il aurait souhaité que le terme « fest-noz » soit utilisé pour le modèle traditionnel dominé par lekan-ha-diskan et le couple de sonneurs (bombarde,binioù-kozh ou binioù-bras). Et que le terme « bal breton » soit attribué aux soirées avec innovations instrumentales (groupes, etc.). Il y a d’autres souhaits sémantiques qui n’ont pas été exaucés, comme celui d’adopter, comme lui, le nom irlandais et breton de la cornemuse irlandaise « pib-ilin ou pib-uilleann » et non le nom anglo-irlandais « uilleann pipe ». Il tient aussi à ce que le terme « binioù-kozh » ne soit pas remplacé par « binioù », de même que harpe celtique » par « harpe ».

En, la « Telenn Gentañ », harpe néo-bretonne conçue parJord Cochevelou, et ses 33 cordes font vibrer la corde sensible chez l'artiste et bouleversent sa vie ainsi que la musique en Bretagne[149]. Il raconte cette renaissance dans le livreTelenn, la Harpe Bretonne. Celle-ci sera suivie en 1954 par une harpe blanche « Telenn gwenn ». Dix ans plus tard, en 1964, son père construit une (puis deux autres) harpe bardique « Telenn varzhek » qui marque le retour des cordes métalliques[Cit. 8]. Sur l’une d’elles, il réalise les premiers essais d'amplification avec la pose de micros-contactpiézos[150] et expérimente les pédales d'effets électroniques pour guitare (chorus,flanger,delay)[b 2]. Cette harpe à cordes métalliques enlève à Alan ses dernières réticences à se lancer vraiment sur scène. En 1971,Claude Besson construit la « Barzhek 4 » sur les plans fournis par Jord Cochevelou.

Alan avait, dès la fin des années 1950, fait le croquis de plusieurs « harpes du futur ». En 1974, il dessine une première harpe celtique à cordes métalliques, plus grande que la bardique et destinée à être réalisée par quelqu’un d’autre que son père âgé (qui décèdera la même année). Il en élabore plans et cahiers des charges. La première harpe (électro-acoustique) Stivell est réalisée par Gilles Piriou et Youenn Le Fur. En 1981, il inaugure àBobino en 1981 un modèle intermédiaire entre harpe etcithare qu'Youenn Le Fur a réalisé[151]. En 1982, Alan fait construire par un ami gourinois le corps d’une toute première harpe totalement électrique (pour micros électromagnétiques). Elle ne sera pas totalement aboutie, mais sera, cette fois encore, la première au monde du genre. L'instrument en multi-plis (contreplaqué) de chêne ne possède plus decaisse de résonance (solid-body).
En, leluthier Michele Sangineto construit, selon les plans d’Alan, une quatrième harpe celtique cordée métal près deMilan[a 15]. C’est surtout Léo Goas, luthier (le terme est restrictif le concernant) d’origine néerlandaise, qui va réaliser les rêves les plus fous d’Alan en matière de lutherie. En 1986-87, c’est la « harpe de cristal » enplexiglas transparent. Cettesolid-body comprend, en plus de ses matériaux spécifiques, de nombreuses innovations (étouffoir avec pédale, cordes centrales et clés de guitare) et marque la première collaboration avecCamac (maison qui, de même qu’une maison japonaise, a pu construire des harpes celtiques grâce à la notoriété d’Alan) qui lui procure les micros piezos. De plus, deux octaves sont « MIDI » (c'est-à-dire pilotant des synthés)[152] ; mais, concernant ce système Midi, il aura fallu33 ans pour qu’Alan puisse l’utiliser de manière satisfaisante, sur une toute nouvelle harpe fin 2020. En 1990, une nouvelle harpe, cette fois revenant aux cordes métalliques, est issue de la collaboration de Léo Goas[b 2].

La Stivell-Camac, harpe du « 3e millénaire » (2003-2004), est construite en collaboration avec le principal facteur de harpes pour la Bretagne et la France, Jakez François, directeur de Camac. Son16e prototype possède, notamment, un nouveau système de demi-tons, spécialement conçu pour cet instrument unique[153]. Une déclinaison acoustique dérivée est fabriquée en 2005, enérable etépicéa. Pour l'Olympia 2012, Alan imagine un nouveau modèle, plus léger, commencée par un ami, Denis Brevet et finalisée avec Tom Marceau[154]. La harpe Stivell-Marceau, composée de bois d'érable et d'aluminium, voit le jour en[155]. Le pôle mécanique de l'université de Rennes I collabore, notamment par la fabrication de 34 leviers de demi-tons spécifiques[156]. Une « sœur » de cette harpe Stivell-Marceau (avec de nouvelles améliorations et innovations) est finalisée fin 2020, par la collaboration de Cédric Berthier. Pour cette harpe, il revient aux cordes nylon qu’il avait quasi abandonné depuis le début de sa carrière.
En2024, des étudiants de l'Université de Rennes organisent un travail de numérisation des harpes d'Alan Stivell[157].

En2022, il participe auTéléthon[158]. Il participe aussi à l'édition2024[159].
Alan Stivell porte des messages simples mais« essentiels »[160]. Cette envie de transmettre et ses engagements transparaissent légèrement dans sa musique et ses textes mais surtout dans ses discours, ses prises de position et ses concerts, bien que certains points demeurent pour lui des ressentis strictement personnels[161]. Il se situe degauche, position qui signifie pour lui« d'abord une quête intérieure » dans le respect de l'autre et la générosité[162]. En 1974, il était pour lesocialisme et lecommunisme dans les sociétés[64],[Cit. 9]. Il défend des valeurs humanistes (« une personne que j'admire beaucoup qui me vient à l'esprit, c'estGandhi » écrit-il le sur son forum). Dans une optique fraternelle, il est pour une plus grande solidarité entre les humains. Il n'a jamais adhéré à aucun parti politique, estimant que s'il peut avoir un rôle, celui-ci est ailleurs. Mais il soutient ponctuellement des personnalités et des mouvements politiques, notamment l'Union démocratique bretonne (UDB) dont il estime l'action malgré quelques divergences[a 16],[Cit. 10]. En, il rejoint la liste d'union Convergence bretonne dans le Morbihan pour lesélections législatives[163].
Depuis ses débuts professionnels, il n'a de cesse de proclamer, dans ses écrits comme dans ses dires, sa foi dans l'égalité humaine par le précepte de tolérance, sa haine pour toute injustice. À l’instar de la culture celtique, il a toujours été progressiste, social, écologiste, en même temps qu’il s’affirmespiritualiste, pour une plus grande égalité homme-femme, pour une solidarité Nord-Sud, contre toutes les frontières[164]. Pour lui, l'évolution universelle est caractérisée par la diminution progressive du déterminisme au profit de la liberté relative, en se détachant desdoctrines et par la tension vers l'absolu, mais qui, en dehors de la représentation habituelle du « Dieu », serait une quête spirituelle hors des églises, plus universelle, tenant compte des approches complémentaires de toutes les civilisations et même de ce qu’il nomme « spiritualités athées », à l'image de saSymphonie celtique : Tír na nÓg qui offre l'unité dans la diversité (bien peu d’œuvres traduisent à ce point cette exigence)[c 6].
Pour lui, la liberté est« le plus grand bien qu’on puisse avoir, indispensable à tout être humain »[165]. Ainsi, il participe au gala deLibération en faveur de laliberté de la presse le et il traduit en breton en 2007 la chansonDans la jungle, écrite parRenaud pourÍngrid Betancourt[165]. Il rêve d'un monde sans frontières, où chaque culture pourrait aller vers l'autre et échanger, permettant fécondation croisée et enrichissement mutuel[160]. Pour cela, il soutient la justice sociale, l'égalité des êtres humains et combat la xénophobie[166]. Il souhaite que toutes les cultures retrouvent leur dignité, pour qu'il n'y ait plus de complexe d'infériorité ni de « mezh » (honte en breton)[166]. Il compare en 2008 sur son blog la situation desTibétains aux« aliénations culturelles » qui auraient frappé les Bretons ou lesOccitans[167]. Une prise de conscience culturelle permettrait une« décolonisation »[168] (« Peuples rassemblés par une même administration nous devons nous libérer de l'Histoire falsifiée par la bourgeoisie. Chaque mouvement de décolonisation aidera la gauche française à combattre ses vieux démons nationalistes », Pochette de'Raok dilestra : Avant d'accoster, 1977).« Je crois avoir toujours été le mélange de deux extrémismes : des formes de radicalité et de modération, toutes les deux extrêmes et absolutistes. »[169]« Je crois que le moteur d'une évolution politique, c'est l'utopie totale », déclare-t-il en auPeuple breton[64]. Pacifiste, il a toujours condamné la violence, comme le lors d'unemanifestation contre l'extension du camp militaire du Larzac[170]. En, il se produit au théâtre deSaint-Brieuc en soutien aux ouvrières duJoint français en grève.
L'instrumentalSpered Hollvedel (« Esprit universel »), qui ouvre l'albumE Dulenn (1975), mène à une déclamation militante du chanteur intituléeDélivrance, véritable manifeste d'affirmation des cultures celtiques et en particulier de l'identité bretonne :« Voici venu le temps de délivrance, loin de nous toute idée de vengeance, nous garderons notre amitié avec le peuple de France mais nous abattrons les murailles honteuses qui nous empêchent de regarder la mer... »[d 4]. Sur l'albumTerre des vivants : Bed an dud vew, il rend hommage àBobby Sands dansHidden trough the Hills, fait prisonnier politique lors du conflit enIrlande du Nord. DansMiz tu (novembre) etUn paradis parfait (sur l'albumExplore), il fait référence aux violences urbaines de 2005 et au malaise des banlieues avec une jeunesse « désespérée », en manque de reconnaissance[171].
Comme il le chante en ouverture de l'albumEmerald dansBrittany's -Ar bleizi mor (« Les loups de mer »), il voit la mer comme uncentre de gravité, un trait d'union (« Pour nous la mer est la patrie »,« C'est la mer qui nous réunit »,« Océanais, on est »)[172].
Il utilise le tilde dans le titre de son albumHuman~Kelt et commente cette affaire en :« Le diable est dans le détail comme on dit. Tout le ressenti de la Bretagne contre Paris se résume à ce Tildé. Pourquoi Paris se prend pour Louis XIV, décide et commande au nom des bretons ? »[173].
Dans la chansonBrezhoneg 'Raok, il déclare« Hep brezhoneg, Breizh ebet », « Sans langue bretonne, pas de Bretagne »[174]. En 2004, il le répète dansLe Télégramme :« Dans notre pays, il faut faire l'aumône pour pouvoir apprendre la langue bretonne »[24]. Il soutient depuis le début lesécoles Diwan[50] et souhaite, pour la pérennité de l'identité transmise, lebilinguisme officiel[175]. Selon lui,« se considérer comme Breton […] alors même que l'on ne parle pas un traître mot de breton, relève de l'illusion la plus parfaite »[d 1]. Mais il précise aussi que« la survie du breton est un problème de qualité de vie. Y intéresser les Bretons suppose résolus leurs problèmes économiques. Sinon on sombre dans le ridicule. »[d 5]. Il aimerait que la France mette tout en œuvre pour garder en vie ses langues minoritaires :« Je veux bien que le français soit la langue de la République, c’est pratique puisque commun à tous, mais je veux aussi savoir si toutes les cultures sont égales indépendamment du nombre de personnes qu’elles concernent. Si au final, chaque être humain pèse le même poids ? »[172].
Il transmet sa langue lors de tous ses concerts, en Bretagne, dans l'hexagone et à l'étranger. Dans ses disques, Stivell vise par ailleurs à combler ce qu’il nomme« les lacunes de l'enseignement français », interprétant des poèmes bretons (Trema'n Inis en 1976) ou en retraçant en chansons l’histoire de la Bretagne (Raok dilestra en 1977, moitié breton moitié français). Il participe à la fête de la langue bretonne àCarhaix le. Il manifeste à Rennes le avec 15 000 manifestants[176] et au « Printemps des langues et des identités régionales » à Nantes le. Le, l'Assemblée nationale décide à la quasi-unanimité d'ajouter au premier article de la Constitution une phrase stipulant que« les langues régionales appartiennent au patrimoine de la France ». Sur demande de son retrait par l'Académie française, lessénateurs posent unamendement. En juin, Alan Stivell dénonce ce refus de reconnaissance constitutionnelle et y voit un« triple crime »[177]. Il apporte son parrainage à la signature de la charteYa d'ar brezhoneg par la commune deMoëlan-sur-Mer en 2009[160]. À l'Olympia 2012, il appelle à participer aux différentes manifestations pour soutenir les langues minoritaires et laCharte de 1992[178]. À la suite du rejet de la proposition de loi autorisant la ratification de la Charte en, Alan Stivell proteste surTwitter :« le Sénat s'est officiellement déclaré ennemi des Droits de l'Humain, de l'Unesco, ONU, Conseil de l'Europe, et des bretons, entre autres ».
En 2023, il déclare dans une interview :
Il y a par exemple tous ces panneaux bilingues dans les rues, des éléments comme celui-ci, qui font que ce qui commençait à l’époque à être normal et naturel, le devient réellement. Mais c’est vrai qu’il reste beaucoup à faire pour que cette culture ait une place et notamment la place qu’elle devrait avoir[179].
En2024, il lance un projet d'une "Cité de la musique bretonne" àBégard[180].
Alan Stivell considère l'écologie comme étant importante avec la défense de l'identité celte[181].
Dans une interview, à la question « Si vous étiez un cause humanitaire ou un engagement ? », il répond :
Je m'occuperais des problèmes d'eau. Je voudrais me battre pour la protéger. Faire en sorte que tout le monde ait de l'eau potable. C'est la première des choses à faire quand on sait que des milliers de gens dans le monde n'y ont pas accès[182].
Il joue avecRoland Becker devant 15 000 personnes lors d'un meeting anti-centrale nucléaire àErdeven en[183].
En1978, il s'investit dans la lutte contre lenucléaire et contre l'implantation de lacentrale à Plogoff[a 17].
Dans un article consacré à l'albumAu-delà des mots, il déclare voir faire un album« en connexion avec la nature »[184].
En, le naufrage dupétrolierErika lui inspire une révolte musicale, « Ceux qui sèment la mort » (surBack to Breizh) et il chante « Ye Banks and Braes » en 2000 sur l'albumL’Hiver des oiseaux dont les bénéfices étaient entièrement reversés pour réparer les dégâts de lamarée noire[185].
En, il soutient la liste « Europe Écologie Bretagne » (qui regroupeLes Verts, l'UDB et des personnalités diverses) auxélections régionales 2010[186].
En 2011, il signe la pétition du chefRaoni s'opposant auprojet de barrage de Belo Monte[187].
Dans une interview donnée en 2023, il déclare :« Le réveil breton et la sensibilité écologique sont arrivés en même temps, il y a une cinquantaine d’années. »[188].
Alan Stivell est passionné par lemonde celtique, que ce soit leslangues, l'histoire, lamythologie, lalittérature ou l'art graphique. Pendant une quarantaine d'années, il en a fait sa spécialité en étudiant tous les traits de la culture. Selon lui, la communauté celtique contemporaine est une réalité concrète et la Bretagne y appartient tout autant qu'à la France (« la Bretagne a un pied dans chacune de ces entités »)[189]. Il partage fièrement letriskell, symbole qu'il a popularisé comme une unité des peuples. Il a, en quelque sorte, réveillé chez les moins de trente ans duvieux continent leurs lointaines origines celtiques qu'ils portaient en eux sans le savoir, du fait d'un très ancienatavisme[c 7]. Pour lui, il y a beaucoup moins de choses en commun entre les Indiens d'Amérique qu'entre les nations celtes[129].Mais la Celtie n'en a pas conscience selon lui car, basée sur l'oralité, elle souffre d'un manque d'informations et d'études concrètes, ce qui conduit certains à des idées non fondées ou une utilisation trop abondante et farfelue, qui peut donner une mauvaise image. Or l'opinion, toujours selon lui, sans un minimum d'écrits, ne peut se faire qu'à partir de sentiments[réf. nécessaire].
Alan Stivell porte un message qui revendique un futur pour les cultures et nations celtiques (et avant tout son pays), qu’il ne conçoit qu’avec une grande ouverture au monde. Il voudrait que les peuples retrouvent leur propre culture sans qu'ils se ferment.« Vous l'avez choisi : AlanIer, duc en Bretonnie », titraitBretagne Hebdo en Une le. En véritable militant, il a consacré sa vie à la reconnaissance culturelle de sa région, qu'il considère comme ayant été trop longtemps bafouée. Dans le livreRacines interdites, il énonce, dans la conclusion « Vers de nouveaux matins », sa Bretagne idéale en harmonie avec la démocratie, la liberté, l'écologie, les traditions communautaires et ouvertes sur toute la Terre[160]. Les positions d'Alan Stivell sur la Bretagne et laCeltie ne sont qu'un aspect de sa pensée. Elles sous-entendent un humanisme plus large sur les plans sociaux, politiques et philosophiques. Politiquement, on peut le considérer commeinternationaliste degauche etécologiste.En lui, se marie toutefois une tendance consensuelle avec une tendance radicale[style trop lyrique ou dithyrambique]. Il n'hésite pas à soutenir ponctuellement des mouvements politiques bretons.
Ainsi, il a écritRacines interdites, un livre en partie consacré aux Celtes. Enfant, il recopiait des listes de mots qui se ressemblaient enbreton,gaélique etgallois, dont il donne un extraitp. 19. Il a étudié et théorisé le concept même de musique celtique, ce qui lui permet de tenir un discours revendicatif et une certaine idée celtique, qui s'est majoritairement imposée[f 3] :« En 2010, j’ai défendu la musique celtique pendant plus d’un demi-siècle. J’ai eu beaucoup de contradicteurs. Aucun, en cinquante ans, n’a tenté de s’attaquer à mes arguments »[a 13]. Il évoque les éléments qui lui font croire à la réalité d'une musique celte, comme les similitudes bretonnes, irlandaises et galloises dans les mélodies, lasyntaxe, lessyncopes, les interprétations, etc., et qui influent sur l’harmonisation moderne (lesbourdons, lesrésonances etharmoniques)[190]. Sa musique est en mouvement comme la conception celtique qui voyait le monde fait d'éléments en perpétuel mouvement et mettait le liquide au centre[d 6].

Pour renforcer l'unité, il intègre dans la musique bretonne des instruments utilisés dans les pays celtiques, ce qui donne une nouvelle réalité à cet interceltisme[f 4]. En Bretagne, il a également apporté des mélodies des autres pays. L'échange se fait aussi d'une manière réciproque, à différents niveaux.Erwan Chartier, dans sa thèse sur l'interceltisme, considère que« certaines de ses chansons sont de véritables hymnes à l’interceltisme »[f 3] et qu'en se produisant dans les autres pays celtiques,« il y demeure sans aucun doute le Breton le plus connu »[f 5]. Au Congrès celtique international qui se tient àTréguier en 1962, il fait entendre la harpe de son père au reste de la Celtie[f 1],[191]. En 1971, il est à l'affiche de la première édition lorientaise du festival interceltique[192].
Stivell nomme Keltia III la Celtie d'aujourd'hui avec les « nouvelles » nations celtisées, nom qu'il a donné à samaison de disques. Dans son œuvre majeure, laSymphonie celtique : Tír na nÓg, il allie les héritages musicaux des différents pays celtiques. Ce travail, débuté à partir de 1977, est enregistré par plus de 70 musiciens sur l'album sorti en 1979 et a donné lieu à un grand spectacle de plus de 300 musiciens aufestival interceltique de Lorient en 1980[f 3]. À l’occasion de la40e édition du festival en 2010, il participe le au colloque sur le celtisme et l'interceltisme aujourd'hui[190],[193].
En2022, il signe une tribune dans leTélégramme dans lequel il réagit aux déclarations deBernard Poignant sur l'identité celte[194].
Né d’un père breton, Alan se reconnaît comme Breton depuis le plus jeune âge et ne se définit pas, lui-même, comme d’identité française. Il défend la reconnaissance d’une nationalité bretonne, différenciée et conjointe à une citoyenneté française (tant qu’une majorité le désire)[réf. nécessaire].
En1974, il déclare :
Maintenant que je suis une « vedette », certains me traitent de « récupéré ». On ne s'en sort plus […] Car ce n'est pas en restant dans l'ombre, ignoré, qu'un artiste peut imposer ses idées. C'est en allant de l'avant. C'est en étant un personnage dont on parle. […] J'appartiens à une civilisation et à une époque. […] Ma musique est politique parce qu'elle est une réaction contre le colonialisme d'un gouvernement. […] Je n'appartiens à aucun parti. Je ne veux d'ailleurs pas faire de parisianisme. […] Je suis politique parce que je chante une musique qui est celle d'un peuple précis. Et avec cela je vais plus loin que celui qui lève le poing en chantant « contre » au moindre prétexte[195].
Avec la délégation du président de BretagneJean-Yves Le Drian, il se rend aupays de Galles - autonome depuis 1999 - du 11 au[196]. En, les Gallois votent pour une autonomie étendue aupouvoir législatif[197]. En, Stivell adresse un courrier àDanuta Hübner,Commissaire européenne chargée de la politique régionale, lors du débat sur la cohésion territoriale, en proposant l'autonomie pour une Bretagne dans sa dimension historique, c'est-à-dire non amputée du pays nantais (« Le peuple breton a besoin (...) d'être d'ailleurs reconnu en tant que peuple, et ne peut se contenter des pouvoirs et moyens régionaux actuels ») ainsi que le remplacement des départements actuels par les pays Bretons traditionnels, avec une réduction de leur nombre[198].
En breton, pour désigner les Français, il existe un mot qui définit uniquement « ceux d'au-delà duCouesnon », c'est-à-dire hors de Bretagne :Ar C'hallaoued (un autre mot peut, soit avoir ce même sens ou, au contraire, désigner les citoyens bretons compris :Ar Fransizien. Il y a aussi un terme pour désigner le territoire de la République française:Bro Frañs et un autre pour la France sans la Bretagne (et, par extension, sans les autres minorités nationales) :Bro C'Hall. Comme il n'y a pas de terme dans la langue française pour désigner un peuple vivant à l'intérieur des frontières de l'État (« minorité nationale », « nationalité », « Nation sans État »), il propose de qualifier la Bretagne de « Nation-région »[199]. Il distingue plusieurs formes de nationalité. Alan montre qu’elles sont aussi suggérées par la langue bretonne. D’abord la nationalité-citoyenneté : une forme de citoyenneté par le lieu de vie et de solidarités (Breizhad) ; la nationalité « généalogique » : origine familiale (Breton) ; la nationalitéobjective : l'influence culturelle dominante (Brezhon). S’ajoute une nationalitésubjective : le sentiment d'appartenance, découlant d’un ou de tous ces aspects (que certains appelleraientBreizhour)[d 7].« Personne ne peut décider qui fait partie de la communauté bretonne. C’est à chacun de savoir s’il veut ou non y appartenir. »[200].
Alan Stivell reconnaît qu’il est « citoyen français », mais il s’affirme (après « citoyen du monde »)Breton d’abord (puis celte et européen). Il appelle de ses vœux, depuis l’enfance, la Bretagne comme une entité autonome. Il pense qu’une Bretagne, bénéficiant d’un statut particulier dans le cadre de la République française, est une perspective réaliste, compte tenu à la fois d’un sentiment breton aujourd’hui bien affirmé et une résistance du pouvoir centralisateur tendant à (lentement) s’affaiblir. Il rêve, quand même, d’un futur plus lointain où la Bretagne serait une république directement fédérée à l’Europe. Il explique que la Bretagne a actuellement une double appartenance, la situant à cheval sur laCeltie et la France : un breton est de nationalité bretonne mais citoyen de la République française, de même qu'il appartient à la communauté des peuples celtes[189]. Sur le plan culturel, il est métissé de divers apports jusqu'à aujourd'hui,« une sorte de compromis, un intermédiaire entre l'Occident, l'Orient et l'Afrique »[182].« Si la France détruit la culture bretonne, rien ne pourra remplacer cette perte. […] Pour le bien commun du monde, les Bretons doivent conquérir un statut qui nous garantira la survie en tant qu'espèce culturelle (aussi indispensable que les espèces animales ou végétales). »[189],[201]. Il se désole que la population, dans son immense majorité, soit désinformée sur la Bretagne et, en particulier, son histoire[202]. Dans son analyse de l'histoire de Bretagne pour le livreRacines interdites, il explique que« les Français développent un complexe de Gaulois colonisés par les Romains » et, voulant s'élever socialement, abandonnèrent leur culture et leur langue celtique pour une culture gréco-latine,« mettant les non latins au niveau des « sauvages » primitifs »[d 8]. Pour lui, les Français n’ont jamais entièrement dépassé ce complexe. Il s’oppose au « roman national » et il estime que sa propre étude de l’histoire de Bretagne, parallèlement à l’histoire française imposée par l’école, lui a donné une vision obligatoirement plus objective[d 8].
Pour résumer, Alan Stivell n'est pas aujourd’hui pour une véritableindépendance, mais pour une Bretagneautonome (dévolution du pouvoir) au sein d'uneRépublique démocratiquefrançaisedécentralisée (comme lesLander allemands), reconnaissant ses minorités et uneEurope fédérale[203]. Il évoque la nécessité vitale pour la Bretagne d'obtenir de la République française à la fois reconnaissance et définition d'un statut différencié, avec l'aide des instances internationales, à l'instar de l'Écosse, dupays de Galles ou de laCatalogne en Espagne[204]. Néanmoins, contrairement à la majorité des gens, Alan rêverait, qu’un jour, elle puisse être directement reliée à l'Europe[205]. Alan Stivell,comme tout le monde[Quoi ?], ignore si le sentiment général est appelé à changer. Il pense que, si le pouvoir central accepte les demandes consensuelles de la population bretonne, celle-ci se contentera de l’autonomie interne.Si ce n’est le cas, les choses devraient évoluer vers la sortie du giron français[réf. nécessaire].
En 1974, les paroles deDélivrance militent pour la reconnaissance de la Bretagne et de la Celtie (« Et nous, dont le nom connu des goélands et des cormorans, fut banni de tous les langages humains, de toutes les bibliothèques, de toutes les cartes terrestres, nous ouvrirons nos cœurs... »). En 2005, dans la version française ironiqueArmoricaine (suite) sur l'albumBack to Breizh, il évoque avec humour les résistances vis-à-vis de la langue.
Après que Stivell ait notamment popularisé des symboles forts comme letriskell celtique, leGwenn ha du ou lesigle BZH, un activisme suit la vague bretonne des années 1970 de façon très militante, dans la mouvance dunationalisme breton, comme les actions clandestines duFront de libération de la Bretagne. Il soutient les prisonniers politiques dans l'adaptation deNine Breton in jail avec son titre bretonNav Breton zo ba' prizon. À la suite d'un attentat auMcDonald's deQuévert causant la mort d'une jeune employée, plus de mille personnes dont Alan Stivell se rassemblent à Rennes, le, à l'appel d'un collectif « La Bretagne, c'est la vie »[206]. Même si l'auteur et ses motivations n'ont jamais été découverts, et tout en condamnant la violence, Alan Stivell pose la question de la cause qui a pu conduire un militant breton à passer à l'acte (déni d'existence de la Bretagne ? Injures des ultranationalistes ?)[Cit. 11]. En 2008, à la suite d'un procès à l'encontre de militants, il prend parti dans un communiqué d'indignation[207]. Il intervient au colloque international à Rennes, en, sur les questions d'identité (« Identités et démocratie »)[208]. Il participe, par ailleurs, à l’Université de Bretagne-Sud, à un colloque sur la celtitude.

Alan Stivell défend les théories deMarc Le Fur, selon lesquelles la Loire-Atlantique aurait été rattachée à la région d’Angers via un décret dugouvernement de Vichy du[209],[210],[211].
Cependant, le décret du séparant la Loire-Inférieure du reste de la Bretagne devait rester provisoire[210]. Selon l'historienAlain Croix, « il est un peu vrai et surtout faux, de dire de Pétain qu’il a séparé la Loire-Atlantique de la Bretagne »[212]. Un autre découpage, celui de la France en provinces défini par leConseil national en établit une province de Bretagne en cinq départements, dont les limites auront suscité un arbitrage dumaréchal Pétain lui-même mais qui n'aura guère d'existence effective[213].
ÀLa Roche-Bernard, le, il déclare que« tous ceux qui s'opposent au sentiment de l'immense majorité des habitants du pays nantais, comme des autres bretons, [...] resteront dans l'histoire comme des barbares, comme des malfaiteurs, coupables de plusieurs crimes, contre les droits de l'homme, contre la démocratie, contre la liberté de pensée, contre l'héritage de l'humanité[214] ».
En 2011, il déclare :« Je considère la Bretagne intégrale comme la seule « officielle », celle qui n'a pas été annulée par le Peuple. Et je suis choqué par la paresse de gens qui, dans les médias, dans les écoles, ou ailleurs, utilisent le nom « Bretagne » quand ils veulent dire « Région-Bretagne ». Ils sont complices d'un vol, d'un crime. Ils ne s'en rendent pas compte, pour la plupart[215]. »
Le, il participe à la fête de l'unité de la Bretagne auchâteau des ducs de Bretagne avec environ 5 000 personnes et une pétition de 60 000 signatures. Le, il manifeste à Nantes au « Printemps des langues et des identités régionales »[216] et en à laFesti'Manif de Nantes[217]. En 1976, évoquant« des siècles de honte vécus timides et humbles », il chantait dansAr chas doñv'yelo da ouez (« Les chiens redeviendront sauvages ») :« Et si le peuple tout entier se réveille desmonts d'Arrée au Pays Nantais, les chiens domestiqués seront, à nouveau, sauvages ». Il évoque la « bretonnité » de Nantes dans ses chansons :Brezhoneg 'Raok,Tamm ha Tamm – Rennes, Nantes et Brest,Vers les îles et villes de verre enregistré enpays de Retz… Sur la pochette deBack to Breizh, il inscrit « BZH » à côté du nom de la ville dePréfailles.
Le, avecBretagne réunie, il se rend à l'Assemblée française et interpelle dans son discours les auto-déclarés « démocrates » qui souhaitent décider, « tels des monarques », de la dissolution d'un peuple dans unGrand Ouest, car pour l'artiste « c'est un crime : de rayer de la carte une des nations les plus anciennes, d’en changer les limites millénaires, de voler le bien des bretons, de refuser les conditions de la survie et du développement de notre culture, de frustrer l’humanité d’une part de son patrimoine, de sa pensée, de sa créativité, de sa sensibilité et de son futur. »[218]. Il adapte deux de ses chansons pour présenter l'enregistrement deHep 'Naoned, Breizh ebet le, chanson qu'il interprète lors de la grande manifestation du à Nantes. Il avait également chanté l'hymne breton lors de la précédente manifestation du avecJean-Louis Jossic, puis le. En, lors de la visite électorale du premier ministreManuel Valls àBetton, il lui adresse un mot en catalan, déçu de laréforme territoriale[219].
Concernant sa position face à la religion, il l'explique ainsi :« Je suis sorti duchristianisme, car il est pour moi l'angle spirituel d'une civilisation parmi les civilisations, et donc pour moi aucune raison d'imposer la culture d'un groupe d'humains à d'autres humains »[220]. Il se situe plus entre l'agnosticisme et lepanthéisme, unespiritualité hors des cadres imposés[221].

Alan Stivell a toujours eu l'envie profonde de réhabiliter la culture régionale auprès des Bretons et, par-là même, redorer l’identité bretonne[200]. Son objectif était de devenir professionnel, ce qu'il fait en signant chez Philips, et d'arriver à passer par lesmass media. Ainsi, il a lancé un nouveau mouvement musical par un travail de communication professionnel. Selon lui, pour convertir les Bretons il fallait d'abord être reconnu à Paris puis dans le monde[128], ce que concevaitXavier Grall :« Disons-le, puisque c'est vrai : c'est la Bretagne qui a pétri l'art d'Alan Stivell, mais c'est Paris qui l'a reconnu et qui l'a lancé. »[222] Il avait la conviction qu'en entendant sur les ondes des airs bretons de qualité comparable aux musiques anglo-saxonnes, le peuple de Bretagne prendrait conscience de la qualité de sa culture :« L’alternative est simple : ou l’on se donne les moyens de contribuer à une prise de conscience collective rapide, ou l’on va chanter de bistrot en bistrot, jusqu’au jour où il sera trop tard. J’ai donc en 1967, en signant dans une maison de disques parisienne, choisi d’utiliser, dans la mesure du possible, lesmass media. »[d 9] Dès 1973, il participe à la création de la revue d'informationEvid ar brezhoneg (Pour la langue bretonne) dont il sera directeur de publication[223]. Alan Stivell fait part d'une grande écoute des autres, en participant activement à son forum par exemple ; sur son blog, il partage ses idées, ses points de vue, son actualité[a 18].
À l'encontre du mouvement musical et culturel, il est confronté selon lui à la« ghettoïsation par les étiquettes »[224] et la minimisation de sa portée internationale[225]. À partir du succès du disqueÀ l'Olympia, Stivell sera montré du doigt pendant toute la période ; accusé de « récupération » médiatique par lestraditionalistes, il ne cesse de justifier son action[200]. Puis dès l'albumE Dulenn, lorsqu'il exprime ses idées en chansons, les médias prennent peur des messages qu'il pourrait diffuser à une conscience collective[135]. Dans un entretien en 1986,Glenmor déclare :« Stivell a été un phénomène, sans que sa valeur artistique soit mise en cause là-dedans. Un phénomène parisien, lancé par Paris sur la Bretagne mais Stivell a toujours dit qu’il le cherchait [...] On a dit des tas de choses sur Alan : Alan est aussi pauvre que moi. À ce moment-là, il touchait 2 % de royalties sur ses disques »[226]. En 2004, Alan Stivell déclare au congrès de l'Institut culturel de Bretagne :« J'ai ensuite réinvesti pratiquement tout ce que je gagnais pour compléter l'action très limitée de la maison de disques. »[227] Il explique ensuite les investissements qu'il réalise dans les années 1970 pour ses concerts et tournées : financement pour l'Olympia, bureau pour organiser les tournées, coût des voyages et de location des grandes salles ou des chapiteaux en Bretagne, 12 à 14 personnes en tournée et une sonorisation importée d'Angleterre[228].
Dès 1967, Alan Stivell multiplie ses interventions médiatiques, dans l'Hexagone comme à l'étranger, surtout dans lesîles Britanniques, pour faire en sorte que la musique bretonne soit, à terme, considérée comme parfaitement moderne. Il atteint, dans les années 1970, une portée nationale, obligeant, selon lui, les médias de masse à faire des « concessions », à accepter sa musique sans la dénaturer, à reconnaître l’existence de la culture bretonne, notamment en y chantant en breton. Après son 45 toursPop-Plinn, début1972, dans lequel il met la guitare électrique au premier plan, se passe un phénomène inédit : la radio diffuse des airs bretons dans la France entière.José Artur est le premier à passer du Stivell dans sonPop-Club, sur France Inter. Le, l'ORTF présente, au journal télévisé, un extrait de 3 min d'une émission, en breton avec sous-titres en français, où il raconte àCharles Le Gall son parcours et ce qui l'inspire dans sa musique[229].Sur les plateaux il interprète aussi ses morceaux :Son ar chistr àSamedi Pour Vous (Albert Raisner), laSuite Irlandaise àMidi Trente (Danièle Gilbert,), ainsi qu'un concert donné pour l'émissionTour de Chants le[230]. Trouvant le service de presse de Philips insuffisant, il engage à ses frais une attachée de presse, ce qui lui permet d'aller dans plusieurs émissions, comme chezJacques Chancel ouMichel Drucker[228]. En 1973, il quitte Paris et est donc moins présent pour relancer médias et organisateurs[13]. En 1975, invité à l'émissionDimanche Martin deJacques Martin, il interprèteMetig. La même année, il est aux côtés de Martine Gabarra surAntenne 2 pour « Un jour futur »[231].
Cette première réussite ne s'est pourtant pas poursuivie :« Avec mes ventes, je devrais pourtant avoir démocratiquement la place qui me revient. Cette sous-information fait que je ne peux pas lutter contre une image traditionnelle, ringarde. »[232] En effet, par la suite, les grands médias ne le diffusent presque plus, ne l'invite que ponctuellement, lors d’événements, même s'il représente d'importantes ventes d'albums en France[e 5]. Comme le ditCountry Joe McDonald, les auteurs-compositeurs marginaux qui ne rentrent pas dans le moule surfait sont écartés :« Si vous chantez de la vraie « protest-music », alors vous ne serez jamais star, parce que l'industrie est dirigée par des gens qui ne veulent pas entendre cette musique-là. Alan Stivell est un très grand musicien, l'un des plus grands au monde à mon avis, mais il ne sera jamais une grande star parce qu'il ne joue pas le jeu »[e 6],[135]. Dans son livreRacines interdites,p. 130, c'est à partir de 1979 qu'il voit, selon lui, le coup de frein dont il est victime :« Les gens qui disaient de mon répertoire : « C'est joli », commencent à comprendre qu'il s'inscrit dans un contexte de libération nationale, et leur attitude contribue à freiner l'avancée de la musique bretonne », ce qu'il confirme en 1983 :« à partir de ce moment, tous mes disques ont été quasiment censurés à la radio comme à la télévision. »[135]
En 1992, il est invité à l'émissionChamps-Élysées sur Antenne 2 avec Laurent Voulzy etAlain Souchon puis l'année suivante àStars 90[233]. Le, dans l'émissionTaratata présentée parNagui, il interprèteBelfast Child en duo avecSimple Minds. En 1996, il est présent aux Victoires de la Musique, diffusées sur France 2, dont le prix est décerné à Dan Ar Braz.

Sur la chaîneDirect 8 de laTNT, il est invité à l'émission88 minutes en direct le.Sur France 2,Michel Drucker convie le chanteur lors de récentes émissions : le àTenue de soirée, interprétantBrian Boru avec lesCorrs, le en ouverture de l'émission « spéciale Tour de France » en direct de Brest, ainsi que le pourVivement dimanche « spécial Bretagne » (record d'audience de la saison)[réf. nécessaire]. SurFrance 3 Bretagne, il communique plus facilement, à travers les émissions culturelles, le journal régional et les reportages[234]. PourFrance 3, il commente lagrande parade du festival Interceltique de Lorient, notamment en 2009, 2011 et 2012. Le, lors de l'émissionTaratata consacrée à la musique celtique, il présente son albumEmerald en interprétantBrittany's. Il tourne en 2011 pour la chaîne de télévision japonaise publique NHK un reportage, diffusé dans l'émissionAmazing voice, consacré également àCécile Corbel etYann-Fañch Kemener. SurRTL, il est invité en à l'émissionStop ou encore et le pourMa liste préférée[221].
En, le concert du40e anniversaire à l'Olympia suscite l'intérêt des médias : annonce par divers médias (« coup de cœur » dansL'Express[235],Le Figaro,L'Humanité[236],Paris Match[33], invité du19/20 de France 3[237],une duTélégramme), installation de caméras dans la salle (TF1,France Télévisions,BFM TV). Il apparaît également sur France 3 dans l'émissionChabada spéciale Saint-Patrick avec lesTri Yann le et sur France 2 pourLes Années bonheur le. Pour son albumAMzer, il réalise la promotion dans plusieurs émissions, dontVivement dimanche.
À27 ans, Alan Stivell met en musique le court-métrageVive-eau deLouis-Roger qui fera le tour du monde et sera récompensé (Proue d'or àMilan,Chevreuil d'or àNovi Sad)[238]. Sa musique sert à illustrer l'histoire deL'Enchanteur Merlin, Les chevaliers de la Table Ronde sur le 33 tours sorti en 1973 chez Philips. En 1974, sa musique, extraite des albumsReflets etRenaissance de la harpe celtique, accompagneLa Merveilleuse Visite deMarcel Carné (TF1 Vidéo)[239]. Le, le téléfilmL'Ancre de miséricorde est diffusé sur TF1 avec en bande son plusieurs albums d'Alan Stivell. Sa musique est utilisée dans le filmIn Search of Anna (1978) parEsben Storm (Australie), aux côtés deJohn Martyn,AC/DC etRose Tattoo (sorti en DVD en 1992)[240]. La musique qu'il compose pour le filmSi j'avais mille ans sorti en 1983 est la base de l'albumLégende (paru la même année).
Le, une statue à son effigie est inaugurée àCarhaix[242].
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