Alan Moore a reçu neuf fois le prix du meilleur scénariste auxprix Eisner depuis 1988, trois fois unprix Jack-Kirby, et sept fois unprix Harvey bien qu'il avoue dans sa biographieIncantations ne pas forcément en tirer un quelconque intérêt. Cette liste de récompenses fait probablement de lui le scénariste le plus primé dans le domaine du comic.
Végétarien[3] et connu pour ses opinionsanarchistes[4], il se présente par ailleurs comme un « magicien »[5] et un adorateur deGlycon, une divinité-serpent romaine[6].
Alan Moore nait le à l'hôpital Saint-Edmond deNorthampton[7]. Ses parents, Ernest Moore et Sylvia Doreen, se sont mariés l'année précédente. Ils sont originaires d'un milieu modeste : lui travaille d'abord à labrasserie locale, puis creuse des tranchées pour le réseau électrique et elle occupe, une fois ses enfants assez grands, un poste dans une imprimerie de la ville[8].
Alan Moore grandit dans les Boroughs, le quartier historique deNorthampton et l'un des plus défavorisés d'Angleterre. Il vit avec ses parents, son frère Mike (de deux ans son cadet) et sa grand-mère maternelle, Clara Mallard, dans une maison de St. Andrew's Road, louée à la municipalité. Cette demeure, destyle victorien, est en mauvais état et offre peu de commodités : il n'y a pas de salle de bains, les toilettes sont situées à l'extérieur et ne possèdent pas de chasse d'eau[8].
Dans un quartier où une grande partie de la population estanalphabète, Ernest et Sylvia Moore souhaitent offrir à leurs deux enfants la meilleureéducation possible. C'est donc encouragé par ses parents qu'Alan développe très tôt un fort attrait pour la lecture. En effet, dès l'âge de cinq ans, il s'inscrit à labibliothèque et commence à lire tout ce qui lui tombe dans les mains selon un rythme effréné d'environ deux à trois livres tous les deux jours. Il découvre alors des styles très divers et s'intéresse plus particulièrement à lafantasy, auxcontes de fées, à lageste arthurienne, etc.[9].
Comme beaucoup d'enfants anglais de son époque, Alan Moore lit lescomics publiés par l'éditeur écossaisD. C. Thomson tels queThe Beano,The Beezer(en) ouThe Dandy(en). Ces comics, qui mettent souvent en scène des enfants de laclasse ouvrière auxquels Moore peut s'identifier, sont plutôt basiques et banals[10].
À l'âge de six ans, le jeune Moore découvre, sur l'étal d'un marché de Northampton, les comics desuper-héros américains. C'est pour lui une vraie révélation. En effet, ils attirent immédiatement l'œil du jeune garçon car, contrairement aux comics anglais, ils sont entièrement en couleurs et ils mettent en scène des personnages fascinants :Flash,Superman,Les Quatre Fantastiques, etc.[10]. Moore devient un véritable fan des comics américains (notamment ceux deMarvel et plus particulièrement ceux écrits parJack Kirby) et il en achète chaque semaine autant qu'il peut[11].
La scolarité du jeune Moore se déroule d'abord à l'école primaire de Spring Lane, située à quelques minutes du domicile familial[12]. Elle se passe sans heurt : le jeune garçon obtient de très bonnes notes et se hisse en tête de classe les deux ou trois dernières années. Dans la continuité de ces résultats, il obtient logiquement le11+ (examen de passage du primaire au secondaire) qui lui donne le droit de s'inscrire à lagrammar school deNorthampton.
Mais Alan Moore déclare à propos de l'école primaire :« j'étais persuadé d'être un génie. Je ne me rendais pas compte qu'en fait, j'étais juste le plus malin d'une bande de simplets ». En effet, l'arrivée au collège est difficile : outre des règles très strictes et le port obligatoire de l'uniforme, il s'avère que la quasi-totalité des élèves est issue de la classe moyenne et bénéficie d'une meilleure éducation du fait de son passage par des classes préparatoires. Le jeune garçon se retrouve alors isolé, et ce, pour deux raisons[13],[7] : son appartenance à la classe ouvrière (il prend conscience de l'existence d'unehiérarchie sociale, dans laquelle il se situe tout en bas) et son classement parmi les derniers de la classe (de premier à l'école primaire, il passe dix-neuvième, puis vingt-septième).
Dégoûté par ce nouvel environnement (il compare lagrammar school auxJeunesses hitlériennes) et par son classement parmi les plus mauvais élèves, persuadé qu'il n'y obtiendra aucun succès, Moore décide de tourner définitivement le dos à l'univers scolaire[13].
À l'adolescence, Moore se laisse pousser les cheveux ; il commence à sortir le soir, à aller à des fêtes. Il se met à fumer ducannabis, puis découvre leLSD lors d'un concert deCanned Heat àHyde Park. Cette découverte le marque durablement :« elle m'a permis de comprendre que la réalité n'était pas quelque chose de définitif. Que la réalité qui faisait notre quotidien était une réalité tout à fait valable, mais qu'il y en avait d'autres qui ne l'étaient pas moins »[14].
En, Alan Moore est surpris en plein trafic deLSD. Le directeur du lycée l'exclut immédiatement[15] et écrit à tous ses confrères de lycées, d'universités et d'autres écoles pour leur conseiller de ne pas accepter l'adolescent dans leurs établissements. Définitivement exclu du système éducatif, Moore doit chercher du travail. Tâche qui s'avère compliquée puisqu'il a besoin, pour postuler à un poste, des références de la dernière école fréquentée[16].
Alan Moore commence à dessiner et à réaliser ses propres bandes dessinées,Omega Comics, dès la fin du primaire. Il s'agit à cette époque de dessins esquissés sur des blocs-notes avec des stylos à bille de couleur[12].
À l'âge de 16 ans, il fonde le magazineEmbryo avec des filles d'une école religieuse de Northampton et certains élèves de la grammar school. Cinq ou six numéros, principalement dédiés à lapoésie, voient le jour[19],[7].
LeLaboratoire d'Arts de Northampton, une communauté artistique locale appartenant au mouvementArts Lab, met en place des espaces partagés et des ateliers pour les artistes[19]. Après avoir assisté à l'un de ces ateliers, Moore et ses collaborateurs décident de fusionnerEmbryo avec le Laboratoire d'Arts[20].
Tandis qu'il continue de superviserEmbryo, Moore participe à plusieurs numéros deRovel, le magazine du laboratoire. Par ailleurs, il s'essaie à différentes disciplines : écriture de chansons, de pièces et de spectacles, écriture et lecture de poésie.« Le Laboratoire d'Arts a joué un grand rôle dans mon développement. Il m'a encouragé à tenter beaucoup d'expériences. Il m'a donné une attitude vis-à-vis de l'art qui m'accompagnera pour le restant de mes jours. J'y ai appris bien davantage qu'à l'école »[20].
Après son exclusion du lycée, Alan Moore éprouve des difficultés à trouver un travail. Sans diplôme et sans référence, seuls les emplois non qualifiés sont à sa portée. Il occupe d'abord un poste dans unetannerie coopérative (il est licencié au bout de deux mois après avoir été surpris en train defumer un joint dans la salle de repos). Ensuite, il devient portier au Grand Hotel deNorthampton[21]. En 1975, il travaille comme assistant dans la papeterieW. H. Smith avant d'occuper différents postes administratifs[22],[23], notamment chez Pipeline Constructors, Ltd., un sous-traitant de la compagnie locale de gaz[24].
En 1972, le Laboratoire d'Arts est dissous et remplacé par leGroupe d'Arts de Northampton formé par une génération plus jeune. Moore s'implique au sein de ce groupe notamment en illustrant les couvertures de ses magazines[22]. Il y rencontre sa femme, Phyllis Dixon avec laquelle il se marie en 1975. La même année, Moore publie dans un journal alternatif de Northampton appeléANON[25]. Il tente également de monter unfanzinemultimédia appeléDodgem Logic(en) qui finalement n'aboutit pas[24].
Alors que sa femme est enceinte, Alan Moore démissionne du poste administratif qu'il occupe afin de tenter sa chance en tant quedessinateur. Ce choix, longuement mûri et pris en accord avec sa femme, s'avère risqué car si une carrière de dessinateur apparaît plus gratifiante, elle ne garantit pas la sécurité financière[24].
De 1978 à 1979, Alan réalise desstrips pour le journal local de contre-culture de la ville d'Oxford, leBack Street Buggle. Il publie ainsi des épisodes duPanda de St. Pancras,« une version cynique de l'Ours Paddington » dans laquelle il parodie des sujets d'actualité. Ce travail n'est pas rémunéré mais il permet à Moore d'acquérir de l'expérience[26]. Sa première vente professionnelle (deux dessins vendus 40 livres pièce) a lieu avec l'hebdomadaire britanniqueNew Musical Express. Ensuite, il publie dans lefanzine londonien derock west-coastDark Star un premier strip intituléThe Avenging Hunchback[26], puis un second, en collaboration avecSteve Moore. Enfin, il publie une double page de dessins consacrés auPère Noël pour leFrantic Winter Special deMarvel UK[27].
Au début de l'année 1978, alors que naît Léah, la situation financière du couple est compliquée. En effet, les Moore ne parviennent à subsister que grâce aux aides de lasécurité sociale. Alan Moore se rend alors compte que la vente de quelques dessins de temps en temps ne suffit pas à faire vivre sa famille et qu'un travail régulier et stable est plus que nécessaire[27].
En 1979, Alan Moore envoie une proposition destrip au magazine de musiqueSounds. Il s'agit de deux épisodes d'une série intituléeRoscoe Moscow. Quelques jours plus tard, l'éditeur du magazine le contacte et accepte de l'embaucher pour un salaire de 35 livres par semaine. Labande dessinée, publiée sous le pseudonyme de « Curt Vile » (référence au compositeur allemandKurt Weill), raconte les aventures d'unmalade mentalalcoolique se prenant pour undétective privé[28],[7].
Elle s'étale au total sur soixante épisodes avant de laisser sa place, en, à une nouvelle série intituléeThe Stars My Degradation (référence au romanTerminus les étoiles (en anglais :The Stars My Destination) d'Alfred Bester). Alan Moore y parodie des œuvres descience-fiction commeAlien deRidley Scott,E.T., l'extra-terrestre ou encoreX-Men. Cette bande-dessinée dure cent épisodes et s'achève en 1984. C'est une expérience enrichissante pour le jeune dessinateur :« ça m'a enseigné la construction des histoires, la continuité case à case, la narration graphique. Je choisissais mon éducation au fur et à mesure et avec ces strips, j'avais fait mon apprentissage dans les comics »[29].
Six mois après avoir été embauché par leSounds, leNorthants Post, un journal local, l'engage pour publier une bande dessinée intituléeMaxwell the Magic Cat(en), destinée à un jeune public[7]. Il utilise cette fois le pseudonyme de « Jill de Ray », homonyme deGilles de Rais, unnoble français duXVe siècle, compagnon deJeanne d'Arc, exécuté pour l'assassinat de plus d'une centaine d'enfants. Moore décide de stopper la publication de ce strip en 1986 à la suite de la parution dans le journal d'un éditohomophobe[30].
Une nouvelle fois, les problèmes financiers mettent Alan Moore au pied du mur. En effet, ses revenus obtenus grâce à ses différents travaux pourSounds et leNorthants Post ne parviennent pas à subvenir totalement aux besoins de sa famille. De plus, le dessin lui demande beaucoup trop de temps et il éprouve parfois des difficultés pour la représentation de certains objets. Plus confiant dans l'élaboration de scénario, Moore décide de délaisser le dessin[31].
À la fin des années 1970, Alan Moore écrit, avec l'aide de son amiSteve Moore, un script pourJudge Dredd qu'il envoie à2000 AD, unhebdomadaire britannique descience-fiction. Si le scénario, n'est pas retenu, le style de Moore retient l'attention du magazine.Alan Grant, le rédacteur, lui demande de continuer à envoyer des travaux. Ce qui finit par payer puisque l'une de ses histoires est retenue pourFuture Shocks.
En 1980, un script d'Alan intituléL'héritage noir est publié dansDoctor Who Weekly[32] et est suivi l'année suivante par toute une série d'épisodes courts. C'est à cette occasion qu'il est amené à collaborer avecDavid Lloyd, un dessinateur régulier deMarvel UK et qui a une grande importance dans sa carrière[33]. Il enchaîne ensuite par un travail d'adaptation deL'Empire contre-attaque dansStar Wars Weekly.
Tous les différentsstrips écrits notamment pour2000 AD prouvent la valeur de Moore en tant quescénariste, etMarvel décide alors de lui confier les rênes d'une série régulière avec le dessinateurAlan Davis :Captain Britain[36]. L'objectif donné à Moore est de démêler l'historique de la série et des intrigues rendu confus par la multiplicité des scénaristes depuis sa création en 1976. Moore opte pour une solution radicale : annihiler l'univers entier de la série au bout de quelques épisodes afin de repartir sur de nouvelles bases. Le travail avec Davis est très collaboratif et enrichissant faisant ainsi le succès de la série :« avecCaptain Britain, on a pris un super-héros Marvel de base plutôt plat et on s'est amusés autant qu'on pouvait »[37].
En 1984, Moore quitteCaptain Britain après en avoir écrit 21 épisodes et cesse, par la même occasion, toute collaboration avecMarvel. En effet, il entre en conflit avec la maison d'édition d'abord pour des retards de paiement, puis à cause de questions de droit d'auteur concernant la réédition d'épisodes deDoctor Who[39].
En 1982, alors que sa famille s'est agrandie avec la naissance de Amber, Alan Moore est contacté parDez Skinner, un ancien rédacteur de chez IPC etMarvel UK. Skinner lance sa propre anthologie de bande-dessinée,Warrior(en), et demande à Moore, à cette occasion, de créer de nouvelles séries dont certaines marquent durablement l'histoire des comics britanniques[40] :
Marvelman (renommé par la suiteMiracleman pour des raisons de droit). Moore, avec l'aide du dessinateurGary Leach (remplacé plus tard parAlan Davis, puis parJohn Totleben) revisite complètement le personnage. Innocent et plutôt kitsch dans les années 1950, celui-ci se retrouve transposé dans un univers moderne et réaliste. L'interaction du super-héros avec le reste de l'humanité (notamment sa femme) est l'angle de vue privilégié par les auteurs ;
Au bout de 26 numéros, en,Warrior s'arrête. Les séries de Moore ne sont pas terminées pour la plupart. Certaines, tel queV pour Vendetta, sont prolongées et achevées des années plus tard chez d'autres éditeurs.
Au début de l'année 1983,Len Wein, deDC Comics, qui a remarqué le travail de Moore en Grande-Bretagne, l'appelle et lui demande d'écrire des scénarios pour sa créationSwamp Thing, alors l'un des titres deDC qui se vend le moins[43]. Cette série raconte l'histoire d'Alec Holland, un chercheur qui, au cours de l'une de ses expériences, est victime d'une explosion. Tombé dans un marais, une réaction chimique le transforme enSwamp Thing, un être mi-homme, mi-plante. Il décide alors de partir en quête de son humanité perdue[44].
Moore, travaillant avec les dessinateursStephen Bissette,Rick Veitch etJohn Totleben, déconstruit puis reconstruit entièrement les personnages, en écrivant des histoires à la forme expérimentale qui délaissent parfois l'horreur et le fantastique pour un discours environnemental, politique ou social[45].On entend beaucoup parler des méthodes de travail de l'auteur qui, afin de mieux comprendre les personnages et de rendre parfaitement les atmosphères, se documente énormément sur la culture de laLouisiane et se met à écouter de lamusique cadienne.[réf. nécessaire]
Moore, dont les idées pour ce personnage sont épuisées, démissionne de la série en 1987, au numéro 64. En quatre années de travail, il a fait passer les ventes de 17 000 à 100 000 exemplaires et a remporté de nombreuses récompenses[46].
Alan Moore établit définitivement sa réputation avec la maxi-sérieWatchmen, publiée de à. Imaginant ce qu'aurait été le monde si lessuper-héros avaient réellement existé depuis lesannées 1940, Moore et le dessinateurDave Gibbons dépeignent uneAmérique craignant uneguerre nucléaire dans le contexte de laguerre froide. Les super-héros doivent alors travailler pour le gouvernement du pays ou se voir déclaréshors-la-loi. Névrosés, amoraux, sexuellement perturbés, mégalomanes, ils se montrent avant tout humains[47].
L'intrigue n'est pas développée de façon linéaire et la narration dépend de plusieurs points de vue. Moore insère une multitude de détails au cœur du récit et utilise la technique de lamise en abyme (notammentLes Contes du Vaisseau Noir, une bande-dessinée incluse dans la bande-dessinée) offrant ainsi à son œuvre une richesse et une texture rarement atteintes. Le scénario présente ainsi un entremêlement d'histoires, de vies et de destins et multiplie les connexions renvoyant fréquemment le lecteur à des événements du passé qui peu à peu éclairent la situation.Enfin, le scénariste inclut dans son histoire des élémentsphilosophiques (questions de la prédestination, de la morale, de libre arbitre, etc.), phénomène inédit dans l'univers des super-héros[48].
Moore est acclamé pour son travail. Il devient de plus en plus courtisé par les médias pour lesquels il enchaîne les interviews. Très sollicité, il se met à éviter les festivals de BD dans lesquels il déclenche des émeutes et où ses admirateurs le harcèlent jusqu'aux toilettes[51],[52].
Moore travaille pourDC Comics surTwilight of the Superheroes, uncross-over réunissant presque tous les super-héros DC. Mais cette œuvre ne voit jamais le jour car le scénariste cesse toute collaboration avec la maison d'édition[53].
Les causes de cette rupture sont multiples. D'abord, Moore est mécontent desroyalties sur les produits dérivés deWatchmen. Lui etGibbons, qui ne possèdent pas les personnages qu'ils ont créés, n'ont en effet rien reçu sur le produit de la vente de badges en édition limitée qui représentaient personnages et scènes de la série, car l'éditeur considère qu'il s'agit d'articles promotionnels.Ensuite, le scénariste juge insuffisants les revenus provenant de la réédition de certaines de ses œuvres.
En outre, la volonté de DC de mettre en place un système de classement des comics en fonction de l'âge du public tend encore plus les rapports.Enfin, DC menace de confier les personnages deWatchmen à d'autres auteurs si Moore et Gibbons quittent l'éditeur. Elle finit de convaincre Moore de partir[54].
L'année suivante, paraîtIn Pictopia ! dansAnything Goes !, l'anthologie caritative deFantagraphics. Cestrip, dessiné parDonald Simpson, décrit une ville où chaque habitant est un personnage de bande-dessinée[55].
À la fin des années 1980, Moore reçoit des propositions de toute part, que ce soit pour la bande-dessinée ou pour d'autres médias. Il choisit de se consacrer à la réalisation de nouveaux comics plus innovants et plus expérimentaux[58].
La même année, il crée sa propre maison d'édition,Mad Love, chez laquelle il publie l'anthologieAARGH! (Artists Against Rampant Government Homophobia) (Artistes opposés à l'homophobie gouvernementale rampante), dont le but est de lutter contre la politique anti-homosexuelle du gouvernement conservateur alors au pouvoir. À l'époque, Alan Moore et sa femme vivent avec une troisième partenaire, Deborah Delano. Tous les trois sont scandalisés par laclause 28 qui interdit aux autorités locales de promouvoir l'homosexualité[58],[59]. Pour cette anthologie, Moore écrit un poème intituléLe Miroir de l'amour qui décrit l'histoire de l'homosexualité depuis la nuit des temps jusqu'à la crise duSIDA. Cette œuvre est sublimée l'année suivante par l'artiste espagnolJosé Villarrubia qui réalise une série de photos illustrant chaque strophe[60].
Toujours en 1988, Alan Moore commence à travailler surFrom Hell, une bande-dessinée consacrée àJack l'Éventreur, appuyé par le dessinateurEddie Campbell. L'intrigue repose en partie sur la théorie deStephen Knight selon laquelle les assassinats faisaient partie d'uneconspiration maçonnique pour dissimuler la naissance d'un enfant illégitime de la famille royale. Elle s'attarde principalement sur les motivations du tueur et la dimension mythique des crimes. C'est également l'occasion de dépeindre la sociétévictorienne (tensions sociales etlutte des classes)[61] etde mener une réflexion sur laposition de la femme dans la société occidentale.[réf. nécessaire]
Les six premiers chapitres de la série sont publiés, entre 1989 et 1992, dans Taboono 2 à 7. Mais l'anthologie deBissette rencontrant d'importantes difficultés notamment économiques, elle est stoppée après le septième numéro. La publication deFrom Hell se poursuit en 1993 à partir du numéro 3 sous le label Kitchen Sink jusqu'au dernier numéro, en 1996. L'ensemble de l'œuvre fait l'objet d'une publication en 2000 sur le label Eddie Campbell Comics[62].
En 1990, il commence la publication deBig Numbers chezMad Love. Réalisée avecBill Sienkiewicz, cette bande-dessinée, prévue pour 12 épisodes, apparaît très ambitieuse et éloignée des standards du médium. Le récit, qui met en scène 40 personnages, prend place dans la Grande-Bretagne desannées 1990 et se base sur lathéorie du chaos et les découvertes mathématiques deBenoît Mandelbrot.Bill Sienkiewicz illustre les deux premiers épisodes dans un style peint intense mais, ne pouvant plus suivre le rythme de travail, il abandonne le projet et passe le relais à son assistantAl Columbia. Mais l'épisode dessiné par ce dernier n'a jamais été édité et, entre-temps,Mad Love fait faillite[64]. C'est également à cette période que le mariage de Moore avec Phyllis prend fin. Celle-ci déménage dans le nord du Royaume-Uni avec Deborah, leur troisième partenaire, et emmène leurs deux enfants, Leah et Amber[65].
En 1991, il publieA Small Killing chez l'éditeur britanniqueVictor Gollancz Ltd, unroman graphique dessiné parOscar Zárate. Cette bande-dessinée raconte l'histoire de Timothy Hole, un publicitaire idéaliste hanté par les erreurs de son passé. En quête de rédemption, il décide d'affronter son passé douloureux. Cette bande-dessinée, passée inaperçue, est considérée par Moore comme une œuvre« définitivement adulte » et figure, selon lui, parmi ces meilleurs travaux,« l'un des plus beaux livres » sur lequel il a travaillé[66].
Lost Girls, réalisé avecMelinda Gebbie (sa future femme), est une bande-dessinéepornographique mettant en scène trois personnages féminins issus de la littérature populaire enfantine : Alice desAventures d'Alice au pays des merveilles, Wendy dePeter Pan et Dorothy duMagicien d'Oz. L'histoire, qui se déroule avant lapremière Guerre mondiale, cherche à décoder les sous-entendus sexuels dans chacune de ces œuvres et extrapole le développement de la sexualité chez les trois héroïnes. Très osée et très provocante, notamment par la représentation d'actes sexuels explicites, la bande-dessinée n'en est pas moins placée sous le signe de l'émotion et de lapsychologie, attirant de ce fait un public relativement féminin[67].
À l'instar deFrom Hell, la publication deLost Girls est chaotique : cinq épisodes sont publiés dansTaboo avant l'effondrement de l'anthologie ;Kitchen Sink réédite ces épisodes deux ans plus tard, complétés par deux nouveaux épisodes avant sa chute ; en 2006,Top Shelf décide de publier toute la série en trois volumes, puis en un seul, en 2009[67].
Lost Girls reçoit un très bon accueil. 35 000 exemplaires sont vendus la première année[68].La série connaît quelques problèmes dans certains États américains où les populations conservatrices crient à lapédopornographie.[réf. nécessaire]
Au début des années 1990, pendant l'écriture deFrom Hell et deLost Girls, Alan Moore est un peu dans le creux de la vague et connait des difficultés éditoriales et financières. Il est alors contacté par Stephen Bissette qui l'invite à se joindre àImage Comics, une maison d'édition indépendante créée par des dessinateurs vedettes telles queTodd McFarlane,Jim Lee ouJim Valentino et qui rencontre alors un succès important. D'abord peu enthousiaste, Moore voit dans sa participation l'occasion d'une« vengeance puérile » à l'égard de Marvel et DC Comics et l'opportunité de défendre l'indépendance des auteurs (dont la rémunération est bien plus équitable que chez les gros éditeurs)[69].
Moore crée d'abord une série originale avec Bissette et Rick Veitch intitulée1963. Écrit en réaction contre la perte d'innocence des super-héros, cecomic book parodie les premières publications de Marvel, parues au début desannées 1960. Le scénariste écrit selon les caractéristiques de cette période : sexisme, anti-communisme outrancier, qui apparaissent très datées à l'époque. Ce comic comporte aussi une satire des éditoriaux auto-hagiographiques et pompeux qu'écrivait alorsStan Lee pour Marvel[70].
Après la fin d'Awesome Entertainment, Moore crée la collectionAmerica's Best Comics, un ensemble de nouveaux personnages publiés parWildstorm, la maison éditoriale de Jim Lee. Cependant, juste avant que les premiers titres ne paraissent, Lee vend Wildstorm à DC Comics. Moore, qui s'était juré de ne plus travailler pour DC envisage de tout arrêter. Cependant, Jim Lee et Scott Dunbier, responsable éditorial chez WildStorm parviennent à le convaincre de continuer. En partie parce que WildStorm sert d'intermédiaire entre la maison d'édition et le scénariste et que de cette façon, celui-ci est assuré qu'aucune entrave de la part de l'éditeur américain ne sera faite à son travail[75].
Tom Strong, histoire de héros d'aventure dessinée parChris Sprouse qui s'inspire de personnages issus des pulps (commeDoc Savage, leSolomon Kane etFlash Gordon)[76]et explore les ramifications politiques entre autres de leurabsolutisme moral[réf. nécessaire]. Deux titres dérivés deTom Strong sont publiés plus tard :Tom Strong's Terrific Tales (une anthologie réunissant des histoires autour de Tom Strong et Jonni Thunder) etTerra Obscura (une série écrite en collaboration avec Peter Hogan, reprenant des personnages de l'âge d'or réintroduits dansTom Strong)[76].
Top 10, série policière crayonnée parGene Ha et encrée parZander Cannon, prenant place dans Neopolis, une ville où tout le monde, des policiers aux criminels, des simples habitants aux animaux de compagnie, est doté de super-pouvoirs, de costumes et de pseudonymes. La série ne dure que douze volumes, mais conduit à plusieurs dérivés :Smax, une mini-série dessinée par Cannon,Top 10 : the forty-niners, album préliminaire dessiné par Ha etTop 10: Beyond the Farthest Precinct, une suite écrite parPaul Di Filippo et dessinée parJerry Ordway[77].
Promethea, super-héroïne issue des royaumes de l'imaginaire qui permet à Moore (assisté par le dessinateurJ. H. Williams III) d'explorer l'inconscient, lemysticisme, lamagie, laKabbale et l'« écriture féminine ». Découpée en 32 épisodes, cette série fait la part belle à l'expérimentation offrant ainsi au lecteur une large gamme d'innovations aussi bien visuelles que narratives. L'épisode 10,Sexe, serpents et soleil, est récompensé d'un Eisner Award[79].
Alan Moore est contrarié d'être de nouveau placé dans le giron de DC Comics après le rachat de Wildstorm. Wildstorm tente de le protéger de DC, par une sorte de « pare-feu éditorial ». Cependant, divers événements contribuent à l'irritation de Moore.La Ligue de Gentlemen Extraordinaires # 5 contenait une ancienne publicité authentique pour une poire à douche vaginale Marvel.Paul Levitz, le directeur éditorial de DC, fait détruire tout le stock puis le fait réimprimer sans la publicité[80].
Moore est encore plus irrité lorsque Paul Levitz décide de ne pas publier une histoire deCobweb à paraître dansTomorrow Stories # 8 car elle contenait des références àL. Ron Hubbard,Jack Parsons et au « Babalon Working ». DC craint en effet un procès de la part desScientologues, réputés pour leur caractère procédurier.
En 2002,Joe Quesada, rédacteur en chef deMarvel Comics réussit à persuader Moore de travailler de nouveau pour Marvel, lui jurant que l'éditeur avait changé et que les problèmes qu'il avait eus précédemment (Marvel US avait réédité des strips de Moore parus dansDoctor Who Weekly sans sa permission) ne se reproduiraient jamais. Moore accepte donc la parution d'une édition collector deCaptain Britain. Hélas, son nom ne figure pas dans les crédits à la suite d'une erreur de composition et il décide, malgré les plates excuses de Quesada, de ne plus jamais travailler pour Marvel.
En 2003, Alan Moore annonce se retirer du monde des comics grand public. Il souhaite diminuer sa cadence de travail et se consacrer pleinement à d'autres projets dans des domaines aussi variés que la magie, la musique, la peinture, etc. De plus, les différentes interventions de DC Comics dans son travail l'ont épuisé. Le32e épisode dePromethea, qui paraît en, conclut l'univers ABC et signe le retrait du scénariste[81].
En 2006,James McTeigue réalise l'adaptation deV pour Vendetta, sur un scénario dessœurs Wachowski. En 2009, c'est au tour deWatchmen d'être adapté sur grand écran parZack Snyder, un premier projet d'adaptation parTerry Gilliam ayant été abandonné par le producteurJoel Silver. Ces adaptations hollywoodiennes ont finalement peu à voir avec les œuvres originales de Moore à tel point que celui-ci refuse même de toucher des droits dessus. Il accorde peu de crédit au cinéma qui, en raison du nombre d'intervenants qu'il requiert, ne lui semble pas permettre la même liberté d'expression que l'écriture.
En 2010, il publieNeonomicon chez Avatar Press avec Jacen Burrows au dessin. Cette bande-dessinée est une suite deThe Courtyard, un texte de Moore publié en 1994 et qui est basé sur des poèmes de H.P. Lovecraft[82].
Nommé pour l'attribution dugrand prix de la ville d'Angoulême 2017, Alan Moore figurait, à l'issue du premier tour, parmi les trois auteurs plébiscités et bien qu'il soit « heureux et fier de cet honneur », il fit savoir aux organisateurs qu'il ne souhaitait plus participer à la vie publique de la bande dessinée ou recevoir de prix.
Moore a écritLa Voix du feu, recueil de nouvelles relatant l'histoire deNorthampton de l'âge du bronze à nos jours. Publié en 1996, le roman est un succès critique mais pas commercial. Le second roman de Moore,Jerusalem, se déroule lui aussi dans Northampton, mais en se limitant uniquement aux Boroughs, le quartier où il a grandi[86]. Alan Moore affirme en interview que ce roman est une célébration des valeurs de la classe ouvrière dont il se revendique[87].
Il s'est plusieurs fois essayé à la musique, formant avecDavid J (lebassiste deBauhaus) etMax Akropolis (sous le pseudonyme de Translucia Baboon) le groupeThe Sinister Ducks, qui a sorti un single,March of the Sinister Ducks (pochette réalisée par Kevin O'Neill). Moore et David J ont sorti un single incluant un enregistrement deVicious Cabaret, chanson présente dansV for Vendetta. Il s'est aussi produit avec le groupe de Northampton Emperors of Ice Cream[91].
Alan Moore rencontre sa première femme, Phyllis Dixon, à l'âge de 20 ans après une séance de lecture de poésie au sein du Groupe d'Arts de Northampton. Ils commencent à se fréquenter et emménagent rapidement dans un studio situé dans Queen's Park Parade[22]. Ils se marient en 1975 et déménagent dans un deux pièces sur Colwyn Road[24]. Phyllis tombe enceinte en 1977[24] et accouche en de Léah[27]. En 1982, le couple a une deuxième fille prénommée Amber[40].Dans la seconde moitié des années 1980, Alan et sa femme ont une troisième partenaire, Deborah Delano. En 1990, le mariage de Moore avec Phyllis prend fin. Celle-ci déménage dans le nord du Royaume-Uni avec Deborah et emmène leurs deux enfants, Leah et Amber[65].
Anarchiste attaché à laclasse ouvrière, il déplore aussi l'évolution duParti travailliste sousTony Blair :« J'ai haïmadame Thatcher, mais j'ai haï encore davantage Tony Blair, surtout parce qu'il a séparé le Parti travailliste de son engagement à respecter « laClause IV(en) », qui le liait ausocialisme. (…) il y a eu ce fameux discours où il déclarait benoîtement : « nous faisons tous partie de laclasse moyenne à présent, n'est-ce pas ? » Eh bien, non, Tony, ce n'est pas le cas[84]. »
L'intérêt de Moore pour la magie est réellement apparu lors de la création de la bande dessinéeFrom Hell. En effet, dans l'une des scènes de l'ouvrage, le Dr. Gull déclare :« L'unique endroit où les dieux existent sans aucun doute est dans nos esprits où ils sont incontestablement vrais dans toute leur grandeur et leur monstruosité »[96].
Pour Moore, la magie fait partie intégrante du processus de création. Elle se rapproche de l'art et l'art, sous toutes ses formes, se rapproche de la magie. Le langage et l'écriture et, de façon plus globale, toute forme de communication, permettant de développer des idées complexes, est un acte magique[97].
Alan Moore planifie à l'avance et de façon très précise ses scripts, découpant les intrigues page par page[98]. Ainsi, pourBig Numbers, il avait écrit le synopsis entier sur une feuille A1 sous la forme d'un tableau : 12 colonnes pour les épisodes et 48 lignes pour les personnages. Dans chacune des cases, il avait noté précisément ce que chaque personnage faisait dans chaque épisode[99].
De même, les scripts qu'il fournissait aux différents dessinateurs avec qui il a travaillé étaient généralement très fournis en détail. Moore explique que cela remonte certainement à l'époque où il écrivait pour2000 AD :« il arrivait souvent que j'ignore qui allait dessiner le strip. Je devais écrire un scénario à l'épreuve de toute incompréhension. Je mettais tous les détails qui me venaient à l'esprit et j'essayais de rendre ça aussi intéressant (...) que possible »[100]. Moore écrit ses scripts souvent sous forme de cases en dessinant des croquis avec des petits bonshommes bâtons et le tout annoté de façon très anarchique[101]..
Pour la rédaction des comics, Moore s'impose une limite de mots par vignette à ne pas dépasser. C'était un moyen pour lui d'avoir une écriture beaucoup plus précise, qui se concentre uniquement sur les éléments les plus importants[98].
Moore insiste aussi sur l'importance du processus collaboratif entre le scénariste et son dessinateur. L'œuvre résultant de cette collaboration doit apparaître comme le résultat d'un auteur unique. Moore reconnaît d'ailleurs que de toutes les capacités dont il se sert, c'est probablement son don pour la collaboration qui est le plus important et le plus utile[101].
Enfin, la consommation de drogues entre pleinement dans le processus créatif de Moore. Il reconnaît consommer une énorme quantité de hash quotidiennement, lui apportant ainsi un plus dans son travail. Toutefois, le scénariste demeure lucide sur le caractère dangereux des drogues et estime être sauvé car il n'en prend jamais dans un but purement récréatif[102].
Alan Moore's Twisted Times, Titan Books, 1987, réédition de strips deTime Twisters originellement publiés dans2000 AD entre 1980 et 1983, collectif.(ISBN0-907610-72-2)
The Complete Future Shocks,Rebellion, 2006, réunit les deux volumes précédents et du matériel supplémentaire,(ISBN1-904265-88-X)
Swamp Thing: Love and Death, 1990 (reprend 28-34 & Annual 2)
Swamp Thing: The Curse, 2000 (reprend 35-42)
Swamp Thing: A Murder of Crows, 2001 (reprend 43-50)
Swamp Thing: Earth to Earth, 2002 (reprend 51-56)
Swamp Thing: Reunion, 2003 (reprend 57-61, 63 et 64)
L'histoire du numéro 20 n'a été rééditée que dans l'édition reliée.
V pour Vendetta, avecDavid Lloyd (dessin), 1995. Deux premiers chapitres prépubliés dansWarrior 1-26 (1982-1985), puis le tout en dix fascicules de 1988 à 1989 par DC Comics.
This is Information,9/11: Artists Respond, avecMelinda Gebbie (dessin), 2002.
DC Universe: The Stories of Alan Moore, 2006. Reprend diverses histories parues dans des publications DC Comics. Contient :
Supreme: the Return, avec Chris Sprouse, Rick Veitch, etc. (dessin), numéros 1-6, 1999-2000. Repris en deux tomes par Checker Books (The Story of the Year etThe Return).
Violator 3 numéros.
Violator vs. Badrock 4 numéros.
Voodoo: Dancing in the Dark 4 numéros. Repris dansAlan Moore: Wild Worlds, DC Comics, 2007
WildCATS, avecTravis Charest (dessin), numéros 21-34 et 50, 1995-1998. Numéros 21-34 repris dans deux tomes :Gang War etHomecoming, numéro 50 repris dansAlan Moore: Wild Worlds, DC Comics, 2007.
From Hell, avecEddie Campbell (dessin), Eddie Campbell Comics, 1999. Publié en 11 fascicules en 1991-1998.
Filles perdues, avecMelinda Gebbie. Publié dansTaboo numéros 5-7, SpiderBaby Graphics, 1991-1992 et en tant que Comic Book chezKitchen Sink Press, 1995-1996, 2 fascicules. Publié intégralement chez Top Shelf aux États-Unis et chez Delcourt en France.
Publication d'une intégrale en deux volumes en 1992. Publication d'une intégrale en un volume en 1998, chezDelcourt puis en intégrale chez urban comics en 2013 et en 2019 il le réédite sous une forme de version rendant hommage a la première parution.
Souriez !, 1989. Réédité en 2000 par Delcourt sous le titreRire et mourir, puis en 2009 chez Panini sous le titre original, "The killing joke" et finallement chez urban comics en 2014.
Volume 3 : Century, Le Dossier Noir et le volume 3 sont repris dans une intégrale, 2004 puis le volume 3 seul, en trois tomes, 2010-2012, puis regroupés en une intégrale, 2021
L'univers des super-héros de Alan Moore,DC Comics, 2005. Cet album est une sélection d'histoires de super-héros publiées par Moore dans lesannées 1980[103].
The Birth Caul, Eddie Campbell Comics, 1999. Adaptation d'une représentation parEddie Campbell. Trad.La Coiffe de naissance, éditions Çà et là, 2013. Traduit par Jean-Paul Jennequin.
Snakes and Ladders, Eddie Campbell Comics, 2001. Adaptation d'une représentation parEddie Campbell. Trad.Serpents et échelles, éditions Çà et là, 2014. Traduit par Jean-Paul Jennequin.
Alan Moore's Magic Words,Avatar Press, 2002. Paroles de chansons, poèmes et autres écrits d'Alan Moore adaptés par divers artistes sous une couverture deJuan José Ryp.
Another Suburban Romance,Avatar Press, 2003. Pièce adaptée par Antony Johnston et Juan José Ryp.
Les adaptations cinématographiques des œuvres de Moore ont été sujettes à controverses. PourFrom Hell etLa Ligue des gentlemen extraordinaires, il avait décidé de ne pas intervenir du tout, afin qu'aucune confusion ne puisse être faite entre la bande dessinée et le produit cinématographique. Moore admet qu'un tel raisonnement était plutôt naïf[106].
Les ennuis commencent lorsque Martin Poll (le producteur) et Larry Cohen (lestoryboarder) engagent des poursuites contre la20th Century Fox, prétendant que le filmLa Ligue des gentlemen extraordinaires plagie leur script intituléA Cast of Characters qui met également en scène des personnages issus de la littérature victorienne. Malgré les similitudes entre les deux scripts, la plupart des éléments du film final, ajoutés pour lui, ne figuraient pas dans les planches de Moore. Selon ce dernier, les deux accusateurs« semblaient croire que les dirigeants de la 20th Century Fox l'avaient appelé et persuadé de voler leur story-board, puis d'en faire une bande dessinée qu'ils pourraient alors adapter en film, afin de dissimuler le vol initial »[107]. L'auteur vit très difficilement le procès, estimant qu'il aurait mieux été traité s'il avait « violé puis tué un car entier d'enfants handicapés mentaux après les avoir drogués à l'héroïne ».
Moore décide alors de se séparer totalement du monde du cinéma. Pour les œuvres dont il ne détient pas seul les droits, il décide de ne plus faire apparaître son nom au générique et de ne percevoir aucun paiement. Ce choix s'est appliqué àConstantine,V pour Vendetta etWatchmen[108].
« Ce sont des films idiots, sans la moindre qualité, une insulte à tous les réalisateurs qui ont fait du cinéma ce qu'il est, des magiciens qui n'avaient pas besoin d'effets spéciaux et d'images informatiques pour suggérer l'invisible. Je refuse que mon nom serve à cautionner d'une quelconque manière ces entreprises obscènes, où l'on dépense l'équivalent duPNB d'unpays en voie de développement pour permettre à des ados ayant du mal à lire de passer deux heures de leur vie blasée. La majorité de la production est minable, quel que soit le support. Il y a des films merdiques, des disques merdiques, et des BD merdiques. La seule différence, c'est que si je fais une BD merdique, cela ne coûte pas cent millions de dollars. »
En 2022 pourThe Guardian, Moore dénonce les films de super-héros et l'industrie des comics, les accusant d'êtreinfantilisants et de préfigurer lefascisme[109].
Impact des adaptations cinématographiques sur les mouvements sociaux
Bien qu'Alan Moore n'aime pas les adaptations cinématographiques de ses œuvres, celles-ci connaissent du succès auprès du public, et leur sous-texte politique et social fait qu'elles sont parfois reprises dans l'iconographie des mouvements sociaux. Ainsi, lemasque de Guy Fawkes, popularisé par le filmV pour Vendetta, est devenu le symbole du mouvement cyberactivisteAnonymous, et peut être régulièrement vu dans de nombreuses manifestations[110]. Tandis que de manière plus indirecte, durant la vague de manifestations dans de nombreux pays enoctobre 2019, le maquillage de la version « Joaquin Phoenix » duJoker tirée dufilm de 2019 deTodd Phillips, qui n'est pas une adaptation directe d'un comic en particulier, mais qui est fortement inspiré de l'aspect psychologique et social du Joker que Moore a dépeint dansThe Killing Joke, est devenu un symbole de contestation dans plusieurs de ces manifestations, notammentcelles au Chili etau Liban[110].
L'épisode « For the Man Who Has Everything » deLa Nouvelle Ligue des justiciers (Justice League Unlimited) est tiré de l'histoire du même nom de l'histoire de Moore parue dansSuperman Annual.
1986 : Prix Jack-Kirby de la meilleure série (avec Stephen Bissette et John Totleben) et du meilleur scénariste pourSwamp Thing ; de la meilleure nouvelle série pourMiracleman (avec divers auteurs)
1987 : Prix Jack-Kirby de la meilleure série pourSwamp Thing (avec Stephen Bissette et John Totleben) ; de la meilleure nouvelle série, de la meilleure mini-série, des meilleurs auteurs (avecDave Gibbons) et du meilleur scénariste pourWatchmen
Prix Eisner du meilleur album, des meilleurs auteurs, de la meilleure mini-série (avec Dave Gibbons) et du meilleur scénariste pourWatchmen
Prix Harvey de la meilleure série, du meilleur album, de l'excellence dans la production (tous trois avec Dave Gibbons) et du meilleur scénariste pourWatchmen ; du meilleur épisode pourWatchmenno 9 (avec Dave Gibbons)
Prix Harvey du meilleur scénariste pourLa Ligue des gentlemen extraordinaires ; du meilleur album reprenant des travaux auparavant publiés pourFrom Hell (avec Eddie Campbell)
Prix Ignatz du meilleur roman graphique ou recueil pourFrom Hell (avec Eddie Campbell)
2002 :Prix Micheluzzi de la meilleure bande dessinée pourFrom Hell (avec Eddie Cambpell)
2003 :
Prix Eisner de la meilleure mini-série pourLa Ligue des gentlemen extraordinaires vol. II (avecKevin O'Neill)
Prix Harvey du meilleur scénariste pourPromethea ; de la meilleure série pourLa Ligue des gentlemen extraordinaires (avec Kevin O'Neill) ; du meilleur épisode pourThe League of Extraordinary Gentlemen vol. 2,no 1 (avec Kevin O'Neill)
Prix Micheluzzi de la meilleure bande dessinée pourLa Ligue des gentlemen extraordinaires (avec Kevin O'Neill)
2004 :
Prix Eisner du meilleur scénariste pourLa Ligue des gentlemen extraordinaires,Promethea,Smax,Tom Strong etTom Strong's Terrific Tales
Prix Harvey de la meilleure série pourLa Ligue des gentlemen extraordinaires vol. 2 (avec Kevin O'Neill)
Prix Sproing de la meilleure bande dessinée étrangère pourLa Ligue des gentlemen extraordinaires vol. 2 (avec Kevin O'Neill)
2006 :
Prix Eisner du meilleur album pourTop 10 :The Forty-Niners (avec Gene Ha) ; du meilleur scénariste pourPromethea etTop 10 : THe Forty-Niners ; du meilleur projet patrimonial (comic book) pourAbsolute Watchmen (avec Dave Gibbons)
Prix Urhunden du meilleur album étranger pourV pour Vendetta (avec David Lloyd)
↑a etbThierry Groensteen et collectif,Primé à Angoulême : 30 ans de bande dessinée à travers le palmarès du festival, Éditions de l'An 2,(ISBN2-84856-003-7)