Cet article concerne la chaîne de télévision en arabe. Pour son propriétaire, voirAl Jazeera Media Network. Pour la chaîne en anglais du même groupe, voirAl Jazeera English. Pour les autres significations, voirAl Jazira.
Al Jazeera (enarabe :الجزيرة, littéralement « L'Île » ; parfois transcrit enfrançaisal-Jazira[1]) est unechaîne de télévision satellitaire d’information en continu en langue arabe basée àDoha auQatar.
Elle est détenue parAl Jazeera Media Network[note 1], un groupe formellement privé mais étroitement lié à l'État duQatar[2]. Le même groupe possède aussi des chaînes en d'autres langues, commeAl Jazeera English, mais leur rédaction et leur contenu sont différents de la version arabe dont il est question ici[3],[4].
La chaîne a été fondée en 1996 par l'émirHamad ben Khalifa Al Thani. Depuis 2001, c'est la chaîne la plus regardée dans lemonde arabe[5], avec une forte influence sur l'opinion publique.
Généralement, Al Jazeera est critique envers les gouvernements arabes autres que le Qatar. La chaîne est souvent considérée comme un outil au service de la politique étrangère de cet État. Par ailleurs, Al Jazeera est réputée proche de mouvementsislamistes comme lesfrères musulmans ou leHamas. Selon d'autres, cependant, la chaîne serait plus modérée que cette réputation ne le laisse entendre.
Le terme Al Jazeera (enarabe :الجزيرة) signifie littéralement « l'île ». C'est une référence à la position géographique du Qatar.
La chaîne est lancée le par le cheikhHamad ben Khalifa Al Thani, émir du Qatar, qui vient d'arriver au pouvoir en renversant son pèreKhalifa ben Hamad Al Thani. Elle vise à rompre la mainmise desSaoudiens sur le paysage médiatique international arabe. À l'époque, les médias arabes les plus influents sont détenus en majorité par l'Arabie saoudite et emploient majoritairement des journalisteslibanais, le plus souvent de confession chrétienne. Pour représenter au mieux son public arabe, Al Jazeera prend au contraire des journalistes de tous les pays arabophones. Le noyau dur de l'équipe éditoriale d'Al Jazeera provient deBBC Arabic Television, un programme de laBBC et du groupe saoudienOrbit Communications supprimé un an et demi après sa création en 1994[1].
Depuis 1998, la chaîne émet 24 heures sur 24 et elle est diffusée dans 35 pays, principalement duProche-Orient, mais aussi enEurope. EnFrance, elle est diffusée dans les bouquetsNumericable,Canalsat et l'offre deFree et deNeuf. Néanmoins, on peut recevoir Al Jazeera gratuitement puisqu'elle diffuse en clair sur les satellitesHot Bird etAstra.
En 1998, elle montre ses propres images des bombardements américains sur l'Irak et s'oppose à l'interprétation minimisant les bombardements faite par les chaînes nationales arabes[1].
Lors de laseconde Intifada « al-Aqsa » en 2000, les journalistes locaux d'Al Jazeera interviewent régulièrement les responsables duHamas et duJihad islamique[6], la chaîne montre des images en direct. Les discours du Fatah ne sont plus les seuls reçus par les téléspectateurs[1]. Le présidentégyptienHosni Moubarak en visite en 2000 dans ses modestes locaux s'exclame : « C'est donc de cette boîte d'allumettes que vient tout ce vacarme »[7].
En, Al Jazeera lance son site web Aljazeera.net en arabe.
Le, Al Jazeera diffuse des images non datées d'Oussama ben Laden, qui auraient été tournées lors de la réunion de fusion entre les mouvements d'Al-Qaïda et duJihad islamique égyptien[réf. nécessaire]. Peu après, le, la chaîne diffuse un enregistrement vidéo d'Oussama ben Laden lors de l'intervention américaine contre les talibans en Afghanistan[6]. Ben Laden y annonce : « L'Amérique ne connaîtra plus jamais la sécurité avant que la Palestine ne la connaisse et avant que toutes les armées occidentales ne quittent les terres saintes »[8]. Al Jazeera s'affirme sur la scène internationale pendant toute la durée du conflit, car elle est la seule télévision internationale à disposer de correspondants enAfghanistan[6]. Ses positions et ses reportagessont accusés[Par qui ?] d'être protalibans etantiaméricains, et de focaliser, de par ses reportages, l'opinion publique des pays arabes contre les États-Unis. Les chaînes américaines avaient alors censuré ses images et même appelé les militaires à la considérer comme cible potentielle pour un bombardement[réf. nécessaire]. Le,Colin Powell, secrétaire d'État américain, s'adresse à Hamad ben Khalifa al-Thani, émir du Qatar et principal actionnaire de la chaîne, lui demandant d'intervenir auprès de la direction afin de modifier sa couverture des événements[9],[6]. Peu après, Al Jazeera intervieweDonald Rumsfeld, secrétaire d'État américain à la Défense, etCondoleezza Rice[10].
Les locaux de la chaîne sont bombardés par lesÉtats-Unis une première fois en Afghanistan en novembre 2001[11].Sami al-Haj, un journaliste-cameramansoudanais, est arrêté en en Afghanistan et emprisonné à partir du à laprison de Guantánamo[12]. Il est libéré en 2008 sans qu'aucune charge ne soit portée contre lui[13].
En 2002, Al Jazeera continue de diffuser des enregistrements et des interviews avec des groupes islamistes militants. Ainsi, le, elle diffuse un enregistrement sonore d'un porte-parole d'Al-Qaïda, Abou Ghaïth, qui affirme qu'Oussama Ben Laden est en bonne santé et que lesÉtats-Unis vont à nouveau être frappés[réf. nécessaire]. Les 5 et, elle diffuse un entretien en deux parties, réalisé en juin àKarachi auPakistan, avec deux dirigeants d’Al-Qaïda, leKoweïtien Khaled Cheikh Mohammed, et leyéméniteRamzi ben al-Chaib, dans lequel ils revendiquent l'organisation logistique desattentats du 11 septembre 2001[réf. nécessaire]. Le, elle diffuse un entretien radiophonique attribué à Oussama Ben Laden qui revendique les attentats du[14]. Le, elle diffuse un enregistrement sonore de l'islamiste Ayman al-Zawahiri, fondateur duJihad islamique égyptien, dans lequel il menace d'attentats les alliés desÉtats-Unis comme laFrance et l'Allemagne[15]. Le, elle diffuse un nouvel enregistrement sonore reconnu comme provenant d'Oussama Ben Laden dans lequel il salue les derniers attentats auYémen, auKoweït, àBali, àMoscou, et en annonce de nouveaux. Il met en garde et menace à nouveau plusieurs pays occidentaux d'être la cible de nouveaux attentats s'ils continuaient à soutenir « le gang des bouchers de laMaison-Blanche »[réf. nécessaire].
Le, Al Jazeera diffuse un nouveau message enregistré attribué à Oussama Ben Laden, appelant les musulmans audjihad contre les Occidentaux en cas d'attaque contre l'Irak[réf. nécessaire]. Le secrétaire d'État des États-UnisColin Powell y voit la preuve de la collaboration entreSaddam Hussein et Oussama Ben Laden[réf. nécessaire]. Le, Al Jazeera interviewe également Colin Powell[réf. nécessaire]. Les locaux de la chaîne sont bombardés par lesÉtats-Unis une seconde fois àBagdad enIrak le. Un journaliste,Tarik Ayyoub(en), est tué par le bombardement[16]. Le, elle diffuse un message deSaddam Hussein, daté du14 juin, dans lequel il déclare : « Nous avons sacrifié le pouvoir, mais nous refusons de sacrifier nos principes, notre foi et notre honneur ». Cinq autres messages seront diffusés jusqu'à la fin août[réf. nécessaire].
En, les fondateurs d'Al Jazeera sont classés parmi les 100 personnes les plus influentes de l'année selonTime Magazine[réf. nécessaire].
Le, le gouvernement intérimaire irakien ferme pour une durée indéfinie le bureau local de la chaîne, arguant qu'Al Jazeera présente une image négative de l'Irak et des troupes de la coalition[réf. nécessaire].
Le, la correspondante de la chaîne en Cisjordanie est agressée par un véhicule israélien qui essaye de la percuter par l'arrière alors qu'elle couvrait les événements en direct àNaplouse. Le technicien de la chaîne qui l'accompagnait est touché au pied par des balles en caoutchouc[réf. nécessaire].
Le, Al Jazeera achète un lot de 2 matchs de Ligue 1 (football français), un le vendredi à 21 h et un le dimanche à 14 h pour 120 millions d'euros[réf. nécessaire].
Le, un groupe inconnu jusque-là, « al-Rashedon »,modifie la page d'accueil des sites web d'Al Jazeera et Al Jazeera English, pour protester contre la couverture duconflit syrien, en reprenant la terminologie du gouvernement syrien pour qualifier la rébellion de « groupes terroristes armés »[17].
Le, Mohammed Hourani, journaliste de la chaîne, est tué par un sniper dans legouvernorat de Deraa, dans le sud de la Syrie. Le journaliste était connu pour son opposition au président syrienBachar el-Assad et Al Jazeera accuse le sniper d'être progouvernemental[18],[19].
En, Al Jazeera annonce la suppression de 500 postes sur près de4 500[réf. nécessaire] salariés, dont une majorité àDoha. Cette restructuration pourrait être liée à la chute des prix des hydrocarbures dont est dépendant l'État du Qatar, qui finance en grande partie la chaîne[20].
En Égypte, trois journalistes travaillant pour la chaîne Al Jazeera ont été arrêtés et condamnés à trois ans de prison ferme en 2015 par les autorités[21].
En, dans le cadre de lacrise diplomatique du Golfe, l'accès au site Internet de la chaîne est bloqué enÉgypte, enArabie saoudite et auxÉmirats arabes unis[22],[23]. Le, peu de temps après l'annonce de la rupture des liens entre l'Arabie saoudite, leBahreïn, leYémen et l’Égypte avec le Qatar, qui est accusé de « soutenir le terrorisme », le gouvernement saoudien annonce la fermeture des bureaux saoudiens de la chaîne[24]. La ligne éditoriale d'Al Jazeera, réputée proche de l'islamisme et critique envers d'autres gouvernements arabes, est mise en cause dans ce conflit[25],[26],[27],[28] dans lequel les pays opposés au Qatar ont imposé unblocus au pays pendant plusieurs mois[29].
Après le sommet d’Al-Ula de janvier 2020 qui marque la volonté du Qatar de résoudre lacrise diplomatique l’opposant à l'Arabie saoudite, auxÉmirats arabes unis et à plusieurs autres pays musulmans, la chaîne modifie sa couverture, évitant certains sujets qu’elle couvrait auparavant, comme la critique des droits de l’homme en Arabie saoudite ou la politique étrangère des Émirats arabes unis[30]. Al Jazeera qui avait auparavant assuré une couverture complète et accueilli dans ses programmes des invités, principalement desFrères musulmans et d’autres groupes d’opposition, pour applaudir l’ancien président égyptienMohamed Morsi et contester la légitimité du régime d’Abdel Fattah al-Sissi, supprime de ses sites Internet un certain nombre de vidéos critiques à l’égard du gouvernement égyptien[30]. Ces changements sont interprétés comme le probable résultat d’instructions officielles, visant soit à modifier la politique éditoriale d’Al Jazeera, soit au moins à atténuer son langage[30].
Durant laguerre à Gaza depuis 2023, Al Jazeera est l’un des seuls médias internationaux à informer en direct depuis labande de Gaza[34]. Le, leparlement israélien vote une loi pour interdire la diffusion de ce média dans son pays : fermeture des bureaux locaux, impossibilité d'utiliser leurs équipements et extinction du site internet[35].
Un journaliste est tué dans un bombardement israélien sur le camp de réfugiés deNousseirat, dans la bande de Gaza, le 15 décembre 2024. Il s'agit du cinquième journaliste d'Al Jazeera tué par l'armée israélienne en un an deguerre dans la bande de Gaza[36]. La famille du chef du bureau d’Al-Jazeera à Gaza,Wael al-Dahdouh, est tuée lors d'un bombardement aérien[37]. Le journalisteHossam Shabat est tué dans une frappe israélienne sur sa voiture le dans la bande de Gaza[38].
Depuis 2001, Al Jazeera est la chaîne la plus regardée dans le monde arabe[5]. Elle a une forte influence sur l'opinion publique[39],[40].
Durant laguerre à Gaza depuis 2023, « la rue arabe » manifeste spontanément sa colère dans les différentes villes de la région après avoir vu les images de frappes touchant le territoire palestinien. Ce fait confirme l’influence déterminante de la première chaîne satellitaire arabe[34].
Le groupe Al Jazeera dispose de six sites web : trois sites pour la chaîne Al Jazeera (enarabe, enanglais et enbosnien), un pourAl Jazeera Sport, un pourAl Jazeera Documentary Channel et enfin un pourAl Jazeera Training Center. Le site d'Al Jazeera Children appartient à une autre chaîne, pour enfants, qui n'a aucun lien juridique avec le groupe Al Jazeera, mais appartient à la Qatar Foundation. Le groupe a dû changer d'hébergeur à plusieurs reprises à cause de ses orientations et des pressions politiques. Fin, au cours de laguerre d'Irak, les moteurs de recherches ont reçu trois fois plus de requêtes relatives à Al Jazeera. SurGoogle, le nombre de requêtes avec le terme « Al Jazeera » avait connu la plus grande croissance lors de la dernière semaine de. Puis, durant la première semaine d'avril, cette requête est passée de la troisième place à la première. Al Jazeera lance alors un site web en anglais pour faire face à la demande croissante d'internautes occidentaux qui la voient comme une vision alternative aux informations fournies par les médias occidentaux et anglo-saxons pendant la guerre contre l'Irak[41].
Lors de laguerre d'Irak, un informaticien de Los Angeles, John William Racine, redirige les visiteurs du site vers une page affichant un drapeau américain ainsi que la devise patriotique :« Que la liberté triomphe ». Il est condamné, en, à 2 000 dollars d'amende et 1 000 heures de travaux d'intérêt public par un tribunal de Californie[42].
En 2008, le site d'Al Jazeera est le plus visité dans lemonde arabe et est classé 222 sur l'échelle internationale[43]. Chaque jour, le site est visité par plus de 3,3 millions de personnes. En,Webby Awards nomme le site comme un des cinq meilleurs sites web avec les sites deBBC News, deNational Geographic, de RocketNews et de The Smoking Gun[44].
Al Jazeera diffuse du contenu sous licenceCreative Commons depuis[45], lequel est accessible depuis un référentiel dédié. La chaîne de télévision qatarienne s'avère ainsi le premier grand média mondial à se positionner dans laculture libre.
Al Jazeera est généralement critique envers des gouvernements arabes autres que le Qatar[1],[25],[26],[27],[28].
La chaîne est souvent considérée comme un outil au service de la politique étrangère du Qatar[46],[47],[25],voire par certains comme une chaîne de propagande du gouvernement qatari[48],[49].
Al Jazeera est réputée proche de mouvementsislamistes, notamment desFrères musulmans[26].Ainsi, elle diffusait une émission avec le prédicateur fréristeYoussef Al Qaradaoui jusqu'à sa mort en 2022 ; cette émission comptait entre 40 et 60 millions de téléspectateurs[50].PourGilles Kepel, la version arabe de la chaine satellitaire est devenue le canal de propagande principal des Frères musulmans à travers le monde[51].
Al Jazeera est également réputée manifester un biais pro-palestinien et être proche duHamas.Selon le quotidien françaisLibération, « le parti pris d’Al-Jazeera pour les Gazaouis qui « tombent en martyrs » sous les frappes de « l’agresseur » ou de « l’occupant israélien » est manifeste et assumé. »[34] L’opération « Déluge d'Al-Aqsa » de la branche armée duHamas, le 7 octobre 2023, a été glorifiée par la chaîne. Dans les jours qui suivent l’attaque, la chaîne qatarienne « a complètement occulté les atrocités et massacres commis par les assaillants sur les familles à la frontière de Gaza » à l’exception d'Al-Jazeera English, la chaîne anglophone du groupe, qui a rapporté « les scènes d’horreur » dans lekibboutz de Kfar Aza. SelonLibération, Al-Jazeera n’exprime aucune réserve vis-à-vis du Hamas, de ses agissements et de la légitimité de son gouvernement à Gaza[34].Le Point souligne de son côté que la chaîne de télévision adapte son discours en fonction de ses antennes, en anglais ou en arabe[52].
Al Jazeera a également été accusée d'être proche de l'organisationÉtat islamique[53].
En 2012, néanmoins,The Atlantic considère qu'Al Jazeera présente un visage beaucoup plus modéré et occidentalisé que le djihadisme islamique ou l'orthodoxie sunnite rigide et bien que le réseau ait été critiqué comme « cheval de Troie "islamiste" », il présente en fait peu de contenu spécifiquement religieux dans ses émissions[54].
Censure d'un documentaire sur l'esclavage dans le monde musulman
En août 2018, il a été rapporté qu'Al Jazeera avait censuré la série documentaire Rotas da Escravatura (Routes de l'esclavage) , une série européenne conjointe de la chaîne française Arte, de la RTP portugaise et de LX Filmes. L'intégralité du premier épisode, qui traitait du "processus qui a conduit l'empire musulman à tisser durablement un immense réseau de traite négrière à travers l'Afrique, le Moyen-Orient et l'Asie", avait été supprimée. En retour, la chaîne de télévision a affirmé que l'esclavage en Afrique était une pratique fondée par les Portugais[55]. Cependant, l'implication généralisée des musulmans dans la traite des esclaves depuis ses débuts est un fait historiquement établi par les historiens ; parmi d'autres, comme Murray Gordon, Kishori Saran Lal, Tidiane N'Diaye, Safiur Rahman Mubarakpuri, Christopher Scott Rose et Ronald Segal, Bernard Lewis a abordé ce thème dans son livreRace and Slavery in the Middle Eastː an Historical Inquiry.[56]
SelonLes Échos, Al Jazeera est considérée par ses détracteurs comme « trop favorable aux islamistes »[57], voire, pourRue89, comme la « chaîne de Ben Laden » ou encore le porte-parole duHezbollah ou duHamas[58].
En France, selon le journalLe Ravi, la chaîne présentée comme « la chaîne des parents » (c'est-à-dire des immigrés de première génération, arabophones) commence à se diffuser, sans doute depuis 2009 et le conflit à Gaza, auprès des jeunes générations qui pourtant, pour la majorité, ne comprennent pas l'arabe littéraire[59].
En 2021, la chaîne consacre de nombreux reportages àÉric Zemmour, dont elle fait, selonGilles Kepel, « l’expression paroxystique de « l’islamophobie » française, dans une perspective proche des « décolonialistes » et fortement teintée d’idéologiefrériste »[51].
Le Premier ministre israélienBenyamin Netanyahou annonce le vouloir « expulser Al Jazeera d'Israël », cette chaîne étant accusée par les autorités israéliennes d'attiser les tensions aux alentours des lieux saints[60]. Le dimanche, le ministre israélien des Communications,Ayoub Kara, déclare que la chaîne serait devenue « le principal outil de Daesh, du Hamas, du Hezbollah et de l'Iran »[61].Avigdor Liberman compare en 2017 Al Jazeera à un appareil de propagande « dans le style de l'Allemagne nazie ou de la Russie soviétique »[62]. Après avoir annoncé, mi-août, vouloir retirer la carte de presse à un journaliste d'Al Jazeera, le Bureau de Presse du Gouvernement israélien décide, fin août, de suspendre la résiliation d'accréditation pendant six mois et de vérifier l'impartialité de ses travaux avant de prendre une décision définitive[63].
Le 5 mai 2024, le gouvernement israélien, en l'absence des membres duParti de l’unité nationale, vote l'expulsion d'Al Jazeera du pays et la saisie d'équipements[64].
Le 22 septembre 2024, l’armée israélienne réalise un raid dans les bureaux d'Al Jazeera àRamallah, enCisjordanie occupée, et ordonne une fermeture de 45 jours, l'accusant« d’inciter à la terreur ». Le média dénonce un« affront à la liberté de presse »[65].
Le, l'Autorité Palestinienne suspend l'ensemble des activités de la chaîne en Cisjordanie y compris la diffusion, l'accusant de« diffuser des contenus et reportages caractérisés par de la désinformation, de l'incitation à la sédition et de l'ingérence dans les affaires internes palestiniennes »[66].
Dans le monde arabe, Al Jazeera est diversement perçue : certains la considèrent comme proaméricaine et prosioniste[67], les gouvernements arabes lui reprochant de porter atteinte à leur contrôle total sur les médias, et les « néo-libéraux arabes » critiquent son populisme[1].
Pour Mohammed El Oifi, maître de conférences à l'Institut d'études politiques de Paris, Al Jazeera bénéficie dans le monde arabe d'« une légitimité populaire dont les autres chaînes d’information ne bénéficient pas ». Elle jouit ainsi dans la région d'« une véritable hégémonie médiatique »[58].
Depuis,Bahreïn interdit aux journalistes d'Al Jazeera de travailler — la chaîne d'information n'a ainsi pas pu relater les premières élections nationales de Bahreïn où les femmes avaient le droit de vote et le droit de se présenter. Le gouvernement bahreïni estime qu'Al Jazeera chercherait« délibérément à nuire à Bahreïn » lorsqu'elle retransmet, sans autorisation gouvernementale, des manifestations antiaméricaines. Le ministre de l'Information Nabil al-Hamr ajoute qu'Al Jazeera serait biaisée en faveur d'Israël et« infiltrée par les sionistes » — mais les autorités n'ont pas confirmé cette seconde accusation[68].
Le, à la suite desattentats du 11 décembre 2007 à Alger, la chaîne pose la question suivante sur son site web :« Soutenez-vous les attentats d'Al-Qaïda en Algérie ? ». La presse et le gouvernement algérien critiquent la couverture de la chaîne qatarie[69],[70].
Le, le journalisteMahmoud Hussein d'Al Jazeera est arrêté en Égypte, les autorités égyptiennes accusant la chaîne et le journaliste de soutenir l'opposition islamiste dans le pays à travers la production de documentaires[71],[72].
↑« Le Ministère des Affaires Etrangères du Qatar, c'est Al Jazeera » explique un ancien dirigeant de la chaîne. Source: MARTEL Frédéric, « Chapitre 14. Comment Al Jazeera est devenue la chaîne mainstream du monde arabe », dans : ,Mainstream. Enquête sur la guerre globale de la culture et des médias, Flammarion, « Champs - Actuel », 2020, p. 441-496.
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