Al-Qasas (arabe :سُورَةُ ٱلْقَصَصِ,français :Les histoires) est le nom traditionnellement donné à la28esourate duCoran, lelivre sacré de l'islam. Elle comporte 88versets. Rédigée en arabe comme l'ensemble de l'œuvre religieuse, elle fut proclamée, selon la tradition musulmane, durant lapériode mecquoise.
Bien que le titre ne fasse pas directement partie du texte coranique[1], la tradition musulmane a donné comme nom à cette sourateLes histoires comme écrit dans le verset 29[2]. Le titre pourrait provenir soit du verset 25, soit être une forme abrégée de « Histoire deMoussa »[3].
Selon Bell, cette sourate daterait du début de la période médinoise, mais est basée sur des éléments plus anciens, excepté certains passages plus tardifs. En cela, cette sourate est composite, ce qui n’est pas en contradiction avec les additions médinoises acceptées par la tradition musulmane[3],[Note 1].
La seconde partie, particulièrement, semble un amalgame de textes provenant d’interventions rédactionnelles, insérés parMahomet ou par des rédacteurs ultérieurs. Plusieurs éléments, comme l’histoire deMoussa ou les juifs admonestés aux versets 50-70, montrent des contextes de rédaction postérieurs à lamort de Mahomet et allant, probablement, jusqu’au règne d’Abd al-Malik[3].
Cette sourate appartient au groupe des sourates 27 à 36 qui se trouvent presque au milieu duCoran. Hétérogène, en particulier en raison de leur style concis et allusif, cet ensemble se compose principalement d’histoire de prophètes et de prescription en lien avec les fins dernières. Elles ne sont pourtant qu’allusives, ce qui appuie l’hypothèse selon laquelle le Coran est construit comme uncommentaire midrashique de textes bibliques connus de la communauté recevant cet enseignement[10].
Une grande partie de la sourate est consacrée à l’histoire deMoussa. Celle-ci est caractérisée par le dépouillement du réalisme du récit biblique. Il ne précise pas qui est lepharaon, ne dit même pas que le récit prend place enÉgypte et le peuple de Moussa ne possède pas d’identité clairement identifiée. De plus, ce récit a intégré d’autres récits provenant duLivre de la Genèse, dulivre d’Esther et d’une légende juive originellement séparée de l’histoire de Moussa. Ces « confusions » semblent provenir d’une volonté rédactionnelle, méta-historique transformant l’histoire en mythe. Ainsi, cette sourate s’insère dans le genre deshomélies exégétiques[3].
Il est possible de retracer l’origine de certains éléments coraniques (chezFlavius Josèphe, par exemple). De cesintertextualités, il est possible de conclure que la source principale de cette sourate est syriaque et qu’elle a un rapport avec l’Éthiopie[3].
La reprise aux versets 29-32 d’éléments de la sourate précédente permet de supposer l’existence d’un brouillon commun ayant servi pour deux buts, politiques ou religieux, différents. Cette piste est appuyée par les références auxAlides dans cette sourate. Il n’est pas impossible que la sourate n’ait pas été mise au point sous le califat deAli, avant de subir d’autres altérations sousAbd al-Malik lors de la rédaction définitive du Coran[3].
↑Les islamologues ont utilisé plusieurs approches pour tenter de dater les différentes sourates duCoran. Paret etNeuwirth appartiennent à l’« école allemande » qui, à la suite deNöldeke, s’appuie sur la chronologie traditionnelle et sur un récit « laïcisé » des traditions musulmanes. Autrefois dominant dans lesétudes islamologiques, ce paradigme nöldekien n'est plus qu'« en partie présent ». Les auteurs duCoran des historiens appartiennent davantage à l’autre courant (dit « sceptique ») qui prend davantage en compte une critique des sources traditionnelles. Voir :Historiographie de l'islam et du Coran
↑En 2019, seuls deux ouvrages peuvent être considérés comme des commentaires scientifiques et continus du texte coranique. Il s'agit duCommentary on the Qur'an de Richard Bell publié en 1991 (aujourd'hui daté) et duCoran des historiens publié en 2019. L'ouvrage de Paret s'inscrit, avec ceux deBlachère, Khoury et Reynolds, dans un ensemble de traduction avecapparat critique. Voir :Sourate
↑G. Dye « Le Coran et son contexte Remarques sur un ouvrage récent », Oriens Christianusno 95, 2011,p. 247-270.
↑E. Stefanidis, « The Qur'an Made Linear: A Study of the Geschichte des Qorâns' Chronological Reordering »,Journal of Qur'anic Studies, X, II, 2008,p. 13.
↑J. Van Reeth, « Introduction aux sourates 27-36 »,Le Coran des historiens, 2019,p. 976.