Abû Ishâq « al-Mu`tasim bi-llah » 'Abbas ben Hârûn ar-Rachîd[note 1]surnomméAl-Mu`tasim[note 2]est né en 796 et mort le 5 janvier 842 à Samarra[note 3]. C'est le troisième fils deHâroun ar-Rachîd à prendre le titre decalife le[note 4] et succède à son frèreAl-Ma’mūn. Son règne est marqué par la fondation d'une nouvelle capitale abbasside :Samarra.
Déjà sous le règne de Al-Mu`tasim, on avait commencé à enrôler dans l'armée des jeunes gens capturés aux franges de l'empire.Ces soldats, les « ghilman»[1] étaient des esclaves recrutés dans les régions nouvellement conquises. Ce procédé de recrutement a anticipé ledevchirmé et lesjanissaires qui eurent cours pendant l'Empire ottoman. Ces ghilmân qui n'avaient à répondre que devant le calife lui-même, se sont révoltés pendant le règne deAr-Radhî.
Al-Mu`tasim était àTarse quand il apprit la nouvelle de la mort de son frèreAl-Ma'mûn. Il y reçut le serment de ses troupes. Il est revenu àBagdad au commencement du mois deramadan 218 A.H[note 5].
Le dissidentBabak Khorramdin était devenu puissant dans l'Azerbaïdjan. Al-Mu`tasim envoya contre lui une armée qui attaqua lesKhurramites àHamadān et remporta une victoire complète : soixante mille ennemis furent tués[2].
Ces ghilmân ont provoqué la colère des troupes arabes régulières. Les ghilmân Arméniens et Turcs ont même été la cause d'émeutes dans la population de Bagdad en 836. C'est à la suite de ces événements que la capitale fut transférée àSamarra, une ville nouvelle conçue pour être une ville de garnison. Les califes ne sont revenus à Bagdad qu'en892 sous le règne d'Al-Mu'tamid.
À l'emplacement deSamarra, il y avait une ancienne ville fondée par lesSassanides qui était tombée en ruine. Al-Mu`tasim résolut de reconstruire cette ville.Hârûn ar-Rachîd avait déjà pensé quitter Bagdad dont l'air ne lui convenait pas. L'armée menaçait de se révolter et réclamait sans cesse des augmentations de solde. Sous prétexte de chasses, Hârûn ar-Rachîd visitait la région pour trouver l'emplacement de sa future capitale. Samarra lui sembla un bon emplacement et il y fit construire un palais. Hârûn ar-Rachîd abandonna ce palais et se rendit àRaqqa pour s'éloigner de laSyrie où se déroulaient des émeutes.
Al-Ma'mûn pour ne pas risquer ce genre de problème, laissait les armées dispersées pour qu'elles ne soient pas trop nombreuses en même temps à Bagdad.
Al-Mu`tasim a résidé à Bagdad deux mois et s'est résolu à changer de résidence. Il aimait les Turcs et en avait pris de nombreux à son service. Ces soldats parcouraient la ville en galopant pour aller s'entrainer au tir en dehors des murs. Al-Mu`tasim eut l'occasion d'entendre les plaintes des habitants. Il décida de quitter Bagdad avec la cour et ses esclaves. Il laissa son fils comme gouverneur de Bagdad et résida sous une tente à Samarra jusqu'à la fin de la construction du palais[3].
Babak Khorramdin était un des chefs du mouvement desKhurramites ayant vécu entre 795 (ou 798 selon les sources) et. Le mouvement des Khurramites était un mouvement anti-arabe et anti-musulman localisé sur le territoireazéri (partieiranienne et partieazerbaïdjanaise) qui se battait contre le califat desAbbasside.
Al-Mu`tasim désigna un général d'origine perse, nomméAfchin, pour aller combattre contre Babek. Afchîn avec difficulté finit par capturer Bâbek. Bâbek fut exécuté le[note 6] àSamarra.
LesTahirides qui ont pris le pouvoir dans leKhorassan pendant le règne d'Al-Ma`mûn continuèrent à asseoir leur domination sur la région. Ils reçurent le gouvernorat sur laTransoxiane,Samarcande, laFerghana etHérat.
EnIfriqiya lesAghlabides tout en restant théoriquement des vassaux du calife, prennent de plus en plus d'indépendance et partent à la conquête de laSicile.
Sous le règne d'Al-Mu`tasim, l'Empire abbasside continua à se diviser. L'Irak et la Syrie sont restés arabes, le Khorasan et tout le nord-est de l'empire ont repris une identité persane.
Al-Mu`tasim s'était fait faire une saignée le vendredi[note 7]. Il contracta une fièvre et il est mort le jeudi[note 8] des suites de cette maladie[4].
Al-Mu`tasim est un personnage de fiction dans une des histoires du recueilFictions[5] de l'auteur ArgentinJorge Luis Borges. Aux dires de Borges son personnage« a le même nom que le huitième calife Abbasside qui remporta huit batailles, qui eut huit enfants mâles et huit filles, qui laissa à sa mort huit mille esclaves et qui a régné huit années huit mois et huit jours[6] ».
↑arabe : ḡilmān,غلمان, pl. ḡulām,غلام,jeune homme, le mot est utilisé dans leCoran, pour désigner les éphèbes du paradis au service des élus (Le Coran,« Le Mont Sinaï », LII, 24,(ar)الطور)