Al-Maarij (arabe :سُورَةُ ٱلْمَعَارِجِ,français :Les voies d'ascension) est le nom traditionnellement donné à la70esourate duCoran, lelivre sacré de l'islam. Elle comporte 44versets. Rédigée en arabe comme l'ensemble de l'œuvre religieuse, elle fut proclamée, selon la tradition musulmane, durant lapériode mecquoise.
Bien que le titre ne fasse pas directement partie du texte coranique[1], la tradition musulmane a donné comme nom à cette sourateLes voies d'ascension[2].
Les sourates de la fin du Coran sont généralement considérées comme appartenant aux plus anciennes. Elles se caractérisent par des particularités propres. Elles sont brèves, semblent issues de proclamations oraculaires (ce qui ne signifie pas, pour autant, qu’elles en sont des enregistrements), elles contiennent de nombreuxhapax[9]...
PourNöldeke et Schwally, la quasi-totalité des sourates 69 à 114 sont de lapremière période mecquoise.Neuwirth les classe en quatre groupes supposés être chronologiques. Bien que reconnaissant leur ancienneté, certains auteurs refusent de les qualifier de « mecquoise », car cela présuppose un contexte et une version de lagenèse du corpus coranique qui n’est pas tranchée. Cette approche est spéculative[9].
En effet, ces textes ne sont pas une simple transcription sténographique de proclamation mais sont des textes écrits, souvent opaques, possédant des strates de composition et des réécritures Cela n’empêche pas ces sourates de fournir des éléments contextuels (comme l’attente d’uneFin des Temps imminente chez les partisans deMahomet). Ces textes sont marqués par une forme de piété tributaire duchristianisme oriental[9].
Cette sourate a fait l’objet d’un travail rédactionnel, en particulier par l’intégration d’un texte originellement indépendant (v.22-35). Ce rajout dans la proto-sourate 70 permet de présenter lesmusallin comme des modèles à suivre. Dans un autre temps, les règles que suivent ces personnes ont été assouplies. Cela illustre les tensions au cours de lagenèse du Coran mais aussi despremiers temps de l’islam[10].
Les versets 4, 30-31... sont aussi un ajout postérieur. Le rajout du verset 4 montre qu’une expression originelle n’était plus comprise des responsables de la composition du Coran, ce qui atteste la pluralité des auteurs du Coran[10].
Même s'il y a une continuité de ce passage avec ce qui précéde, les ruptures de genre, de rimes montrent qu’il s’agit originellement de deux textes indépendants. Ce passage possède un parallèle dans la sourate 23[10].
Ce passage mentionne la prière constante, ce qui a été abusivement traduit par le fait d’être assidu à la prière. Le termekathiran doit être lu en relation avec la racinesyriaque. Cette injonction faite à Zacharie, Moïse et Aaron, rappelle le mondemonastique chrétien, lui-même décrit dans le Coran à la sourate 24 (36-38). Cela rejoint la devisepaulinienne : « priez sans cesse »[10].
L’arrière-plan de ce passage est clairement monastique. Les versets suivants, qui décrivent les pieux qui seront dans le jardin, qui dorment peu la nuit (car pratiquant les vigiles) semblent décrire desmoines chrétiens[10].
Ainsi, le verset 29 recommande l’abstinence (et non la pudeur), respectant ainsi l’éthique monastique. Les versets 30-31 doit être compris comme une interpolation tardive[10].
↑En 2019, seuls deux ouvrages peuvent être considérés comme des commentaires scientifiques et continus du texte coranique. Il s'agit duCommentary on the Qur'an de Richard Bell publié en 1991 (aujourd'hui daté) et duCoran des historiens publié en 2019. L'ouvrage de Paret s'inscrit, avec ceux deBlachère, Khoury et Reynolds, dans un ensemble de traduction avecapparat critique. Voir :Sourate
↑G. Dye « Le Coran et son contexte Remarques sur un ouvrage récent », Oriens Christianusno 95, 2011,p. 247-270.
↑E. Stefanidis, « The Qur'an Made Linear: A Study of the Geschichte des Qorâns' Chronological Reordering »,Journal of Qur'anic Studies, X, II, 2008,p. 13.
↑ab etcG. Dye, « Introduction aux sourates 69-99 »,Le Coran des historiens, 2019,p. 1789 et suiv.
↑abcde etfG. Dye, "Sourate 70",Le Coran des Historiens, 2019, p.1817 et suiv.