Al-An'am (arabe :سُورَةُ ٱلْأَنْعَامِ,français :Lebétail,Les troupeaux ouLes bestiaux) est le nom traditionnellement donné à la6esourate duCoran, lelivre sacré de l'islam. Elle comporte 165 versets. Rédigée en arabe comme l'ensemble de l'œuvre religieuse, elle fut proclamée, selon la tradition musulmane, durant lapériode mecquoise.
Bien que le titre ne fasse pas directement partie du texte coranique[1], la tradition musulmane a donné comme nom à cette sourateLe bétail, en référence aux diverses mentions effectuée (versets 136, 138, 139, 142, 143 et 144) dans la sourate tout autant que des coutumes des habitants de la Mecque[2].
Un style uniforme caractérise cette sourate malgré l’existence de thématiques variées. À l’inverse, Bell la considère comme « très confuse » et suggère un travail rédactionnel de reprise du texte[9]. Ce dernier point de vue est défendu par Reynolds qui défend l’assemblage d’unités originellement indépendantes. La répétition de certains thèmes illustrerait soit une sélection préalable d’éléments homogènes, soit une reprise substantielle du texte[9].
PourNeuwirth, elle respecte un plan tripartite, conforme au rôleliturgique qu’elle attribue aux sourates mecquoises intermédiaires et tardives[9]. Néanmoins, cette sourate montre deséléments associée à la Mecque, d’autres à Médine et d’autres encore, ne cadrant avec aucune des deux[Note 1]. Pour Reynolds, « il est simpliste, pour ne pas dire trompeur » de classer cette sourate uniquement parmi les mecquoises[9]. Ce plan tripartite ne fait donc pas consensus. « Il est dès lors préférable de considérer que la sourate 6 est une œuvre composite qui rassemble des matériaux littéraires variés lesquels ont été édités ensemble ». Cette rédaction est visible dans la constance de larime et de certaines tournures[9].
Azaiez souligne le parallélisme entre le discours attribué àAbraham et qu'aurait pu direMahomet« la condition que ces controverses aient bien eu lieu enArabie selon la perspective communément présentée en Islam »[10] Le nom du père d'Abraham ne correspondant pas au nom biblique,Dye y voit une erreur de lecture. Il cite Bellamy qui lit "avec mépris" à la place du nom "Azar", thèse "plausible" pour Dye[10]. Le nom Azar pourrait être une confusion avec le nom du serviteur d’Abraham, cité dans lestargoums, laSeptante et laPeshitta deGn 15.2[9].
Ce passage présente l'observation des astres comme un chemin vers lemonothéisme dans la tradition duLivre des Jubilés. Ce thème est bien connu dans la littérature judéo-chrétienne[10]. Le thème de la confrontation d'Abraham avec l’idolâtrie de son peuple est récurrent dans la littérature juive comme dans lesAntiquités judaïques deFlavius Josèphe. Pour Reynolds, ce récit se base sur le livre duDeutéronome (4.19)[10]. Le Coran s’inscrit ici dans une tradition liée à Abraham déjà présente dans des œuvres juives et chrétiennes[9].
↑Les islamologues ont utilisé plusieurs approches pour tenter de dater les différentes sourates duCoran. Paret etNeuwirth appartiennent à l’« école allemande » qui, à la suite deNöldeke, s’appuie sur la chronologie traditionnelle et sur un récit « laïcisé » des traditions musulmanes. Autrefois dominant dans lesétudes islamologiques, ce paradigme nöldekien n'est plus qu'« en partie présent ». Les auteurs duCoran des historiens appartiennent davantage à l’autre courant (dit sceptique ») qui prend davantage en compte une critique des sources traditionnelles. Voir :Historiographie de l'islam et du Coran
↑En 2019, seuls deux ouvrages peuvent être considérés comme des commentaires scientifiques et continus du texte coranique. Il s'agit duCommentary on the Qur'an de Richard Bell publié en 1991 (aujourd'hui daté) et duCoran des historiens publié en 2019. L'ouvrage de Paret s'inscrit, avec ceux deBlachère, Khoury et Reynolds, dans un ensemble de traduction avecapparat critique. Voir :Sourate
↑G. Dye « Le Coran et son contexte Remarques sur un ouvrage récent », Oriens Christianusno 95, 2011, p. 247-270.
↑E. Stefanidis, « The Qur'an Made Linear: A Study of the Geschichte des Qorâns' Chronological Reordering »,Journal of Qur'anic Studies, X, II, 2008, p.13.
↑abcdef etgReynolds G.S, "Sourate 6",Le Coran des historiens, t.2a, 2019,p. 237 et suiv.
↑abc etdM. Azaiez (Ed.), G.S. Reynolds (Ed.), T. Tesei (Ed.), et al. (2016).The Qur'an Seminar Commentary / Le Qur'an Seminar. A Collaborative Study of 50 Qur'anic Passages / Commentaire collaboratif de 50 passages coraniques. Berlin, Boston: De Gruyter. partie "QS 10 Q 6:74–83"