Pour les articles homonymes, voiral-Mansour etSaadi (homonymie).
Ahmed al-Mansour Moulay ad-Dhahbî | ||
![]() « Cherif roi de Fez et de Maroc », identifié possiblement Ahmed al-Mansour, parAndré Thevet en1584 | ||
Titre | ||
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Sultan du Maroc | ||
– (25 ans) | ||
Couronnement | àFès | |
Prédécesseur | Abu Marwan Abd al-Malik | |
Successeur | Abou Faris | |
Biographie | ||
Dynastie | Saadiens | |
Nom de naissance | Abou Abbas Ahmed el-Mansour ed-Dahbi ben Mohammed ech-Cheikh | |
Date de naissance | ||
Lieu de naissance | Fès | |
Date de décès | ||
Lieu de décès | Près deFès | |
Nature du décès | Mort de la peste[1] | |
Sépulture | Tombeaux saadiens | |
Nationalité | Marocaine | |
Père | Mohammed ech-Cheikh | |
Mère | Lalla Messaouda | |
Fratrie | Banî Sa’d | |
Conjoint | Lalla Mahalla bint Omar al-Marin[2] Lalla Aïcha bint Abou Bakkar al-Shabani[3] | |
Enfants | Zaidan el-Nasir![]() Mohammed ech-Cheikh el-Mamoun ![]() Abdallah Abou Faris ![]() Abdelmalik[4] Lalla Safia[5] Seyyidat-Elmolouk[4] | |
Entourage | Abd el-Ouahed ben Messaoud | |
Profession | Souverain | |
Religion | Islam | |
Résidence | Palais El Badi | |
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Monarques du Maroc | ||
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Abou AbbasAhmed al-Mansour (أبو العباس أحمد المنصور),surnomméMoulay ad-Dhahbî (« le doré » enarabe), est le sixièmesultan de ladynastie saadienne, auMaroc, de1578 à sa mort en1603[6].
Ahmed al-Mansour est né en 1549 àFès, au Maroc. Il est le fils de Mohammed ash-Sheikh, le sultan saadien précédent. Il a reçu une éducation soignée, notamment en étudiant le Coran et les sciences islamiques et a également été formé aux arts militaires, ce qui lui a permis de développer des compétences de leadership et de stratégie militaire[7]. Il est éloigné du palais à l'âge de8 ans à cause de la lutte de pouvoir entre son pèreMohammed ech-Cheikh et son oncleAhmed al-Araj, pour se réfugier àSijilmassa, puis dans larégence d'Alger, jusqu'à son retour auprès de son frèreAbou Marwan Abd al-Malik en1574[7].
En 1578, il prend le pouvoir à la suite de la mort de son frèreAbou Marwan Abd al-Malik mort à labataille de l'Oued Makhazin (ditebataille des Trois Rois) contre lesPortugais et c'est après cette victoire qu'il est surnommé al-Mansour (« le Victorieux »)[8].
Sa fortune était telle qu'il fit construire lepalais El Badi, dans lequel étaient utilisés les matériaux les plus précieux, venus d'Europe, d'Asie et d'Afrique. Dans ce palais des réceptions fastueuses qui reprenait le plan classique des résidences royales de l'Andalousie musulmane, le sultan recevait les ambassades venues principalement d'Espagne, d'Angleterre, deFrance et de l'Empire ottoman[9].
Son règne correspond à une renaissance culturelle et artistique pour leMaroc, notammentMarrakech.
Sur le plan militaire, il est également connu pour avoir modernisé l'armée marocaine et avoir introduit les nouveautés de l'art militaireottoman, après son exil de jeunesse dans larégence d'Alger puis àIstanbul alors capitale de l'Empire ottoman.
Sur le plan économique, de grandes plantations decanne à sucre sont mises en valeur dans laplaine du Haouz. Le sucre marocain est exporté principalement vers l'Angleterre des derniersTudors qui établissent une société commerciale pour commercer avec le Maroc, laBarbary Company[10]. Cette dernière disparaîtra très vite du fait de la concurrence des plantations coloniales duBrésil portugais et desCaraïbes[11].
Sur le plan de l'organisation politique, le sultanat saadien n'institue pas de grand-vizir comme laSublime Porte ottomane, mais le « Wazir al Qalam » (ministre de la Plume), chargé de gérer la correspondance de l'État, possède cependant une fonction équivalente. Quant auhajib, le chambellan, son rôle s'accroît au sein du palais avec l'introduction d'un protocole sophistiqué d'origine turque inspiré parTopkapi[12].
Sur le plan administratif, le makhzen saadien nomme des pachas et des beys à la tête des provinces[13]. À Fès, deuxième ville du pays, le sultan est représenté par un vice-roi auquel il délègue d'importants pouvoirs, lekhalifa. Les garnisons, composées d'éléments étrangers (surtout renégats et andalous) et marocains ont la double mission de faire régner l'ordre et d'aider les gouverneurs à percevoir l'impôt.
Face à l'extension de l'Espagne et sa nouvelle richesse (l'or et l'argent d'Amérique affluent en Espagne), le sultan cherche une autre source d'or et se tourne vers leSoudan occidental nigérien, fameux pour ses richesses connues grâce au pèlerinage àLa Mecque de l'empereur du MaliMansaKanga Moussa auXIIIe siècle et celui de l'empereur deGao au début de ceXVIe siècle. Al-Mansour prépare soigneusement la conquête et en octobre1590, sous le commandement deDjouder, un eunuque espagnol converti, il lance 10 000 hommes, accompagnés de chevaux, de chameaux et surtout de canons à l'assaut de l'empire de Gao[14].
En organisant cette expédition contre leSonghaï, le sultan de Marrakech compte contrôler les salines deTeghazza, prendre possession des réserves d’or du Soudan, et peut-être éloigner de sa capitale les chefs trop influents de son armée de mercenaires, composée d’Andalous et de renégats européens. Les Andalous ouMorisques sont les descendants desArabes et desBerbères qui ont participé à la conquête de l’Espagne auVIIIe siècle, ou des Hispaniques islamisés à cette époque-là, et qui ont quitté lapéninsule Ibérique après la chute dusultanat nasride grenadin en1492. Lesrenégats, de diverses origines (Italiens, Grecs, Arméniens, Français, Anglais, Espagnols), sont des captifs vendus au sultan par les piratesbarbaresques ou encore des aventuriers attirés par la perspective de faire fortune; tous sont convertis à l’islam.
L'Empire songhaï est alors à son apogée et s'étend du Sénégal jusqu'à l'Aïr (lesTouaregs paient alorstribut) sous la dynastie desAskias (dusonghaï« A si ki ya » : littéralement « Il ne sera pas celui-là »).
Après deux mois de traversée du Sahara, l'armée marocaine atteint près de Tombouctou le fleuveNiger en avril1591. Les Marocains et les Songhaï se rencontrent donc en bord du fleuve entreTombouctou etGao dans labataille de Tondibi. Le vainqueurDjouder reçoit une proposition de paix refusée immédiatement par le sultan qui exige directement de l'or. L'armée marocaine pille tout ce qu'elle trouve et l'envoie au Maroc (on parle d'une à une tonne et demie d'or). D'innombrables gouverneurs règnent sur ce qui est devenu lepachalik du Soudan marocain et occupent toute la moyenne vallée du Niger (avec plusieurs assassinats) au nom de Marrakech pendant80 ans. L'autorité religieuse du califat saadien est reconnue alors jusqu'auTchad par leroyaume du Kanem-Bornou par son souverain le MaiIdrīs Alaoma[15]. La civilisation songhaï décline peu à peu et l'Afrique de l'Ouest en sera durement pénalisée. Au Maroc, certains oulémas s’insurgent de voir Al-Mansour organiser une expédition contre une région déjà islamisée quand d'autres y voient la renaissance du califat universel.
Plusieurs fils de l'Askia reprennent le flambeau, mais un seul, l'Askia Nouhou résiste en choisissant de s'exiler dans le Dendi plus au sud. Sa descendance maintiendra la résistance et un semblant d'État pendant un demi-siècle.
Le contrôle du Maroc sur la boucle du Niger se fera de plus en plus lâche voire inexistant jusqu'à la chute de la dynastie saadienne et son remplacement par ladynastie alaouite (voir le livre de Nabil Mouline sur le « califat imaginaire » du sultan Ahmed « le Victorieux » (« El-Mansour ») et « le Doré» (« Ed-Dahabi ») : contrairement à ce que l'on croit, Al-Mansour avait déjà le surnom de Ad-Dahabi (le Doré) en raison des rançons reçues pour la libération des nobles portugais capturés pendant labataille des Trois Rois et non de l’or qu’il reçoit de cette expédition.
Il a donné son nom au lac du barrage El Mansour Eddahbi construit en 1960 près deOuarzazate.
Dans les jeux vidéos, le sultan Ahmed al-Mansour est un des dirigeants jouables dans le jeu de stratégieCivilisation V : Brave New World[réf. nécessaire].
Princes de Tagmadert (1509 -1554) |
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Sultans du Maroc (1554 -1603) |
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Guerres de succession (1603 -1627) |
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Sultans du Maroc (1627 -1660) |
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